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| Zara Sil' Marÿann [Dessinatrice] | |
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| Sujet: Zara Sil' Marÿann [Dessinatrice] Jeu 9 Fév 2012 - 18:29 | | | Zara Sil’ Marÿann ~ Nom ~ S’il Marÿann~ Prénom ~ Zara~ Race ~ Demi-Faël~ Age ~ 26 ans~ Classe ~ Élève dessinatriceDescription physique et mentale ~ Description physique ~ Assise devant la psyché de la chambre que j’avais louée à Al-Poll je regardais le reflet de ce qui serait bientôt une nouvelle élève de l’académie de Merwyn. J’esquissais un sourire qui, comme tout ceux que j’avais à offrir, semblais un peu forcé mais égayait joliment l’ourlé bien défini de ma bouche aux lèvres pleines. L’administrateur Jehan y serait-il sensible ? Prêterait-il seulement attention aux traits classiques de mon visage, ces lignes pures et délicates qui me conféraient un air bien trop fragile ? Je ne le pensais pas, car tout cela n’était que poudre aux yeux, un masque certes fascinant mais qui n’avait rien à voir avec moi. Il était par contre inévitable qu’il remarque cette longue chevelure cascadant jusqu’au nadir de mon dos et constituée d’extraordinaires teintes de violine, d’ébène et d’argent qui me venait directement de ma mère faël. Si son bureau n’était pas complètement obscurci et que le soleil y jouait, alors mes mèches multicolores s’animeraient pour lui en un spectacle fascinant. Longtemps j’y associais l’espoir qu’une telle beauté ne pouvait être seule et perdue dans le noir. On pouvait probablement dire que les évènements m’avaient donnés raison, mais je n’y croyais pas tout à fait. Cependant il s’agissait là d’une autre histoire. Revenant au présent je plongeais dans les eaux argentées de mes prunelles qui semblaient presque calme de primes abords mais ou transparaissaient néanmoins un univers d’émotions violentes que je n’avais jamais appris à cacher. Cela n’aurait rien changé. Maintenant je constatais pourtant que l’intensité de mon regards engendrait un certains malaise, comme si une part de ceux qui le croisait y percevait mes douleurs et refusait d’y être confronté. Je n’étais pas devenue amère au point de leur en garder rancune mais ce n’étais guère plaisant. J’espérais que l’intendant Jehan ne se laisserait pas troubler. Sur cette pensée je me levais enfin, faisant bruisser doucement la longue robe satinée et légèrement translucide que je portais. Ainsi l’intendant verrait-il que si je me rapprochais par la taille de ses plus jeunes élèves je n’en étais pas moins une femme faîtes. La teinte janthine du tissue en révélait juste assez sur la plénitude de mes courbes pour ne pas laisser le moindres doutes. Glissant mes pieds nus dans de simples sandales de cuir je m’avançais vers la porte de cette démarche discrète et sinueuse qui ne faisait pas le moindre bruit. ~ Description du caractère ~J’aurais pu louer une voiture pour me rendre à l’académie, qui était après tout située à une certaine distance en dehors d’Al-Poll, mais il n’était guère dans mon caractère de faire étalage de cette richesse à laquelle je n’étais pas habituée. L’effort de cette marche me paraissait par ailleurs dérisoire si l’on considérait l’endurance dont j’étais capable. J’étais même plutôt satisfaite de ce moment de paisible quiétude ou j’avançais librement ; j’étais exactement là ou je le voulais et je me dirigeais selon ce que j’avais décidé. Une telle liberté n’avait pas de prix et j’en savourais le goût, jouissant de ce plaisir tout autant que de la beauté du paysage et de l’infinité azurée du ciel. Ma propre compagnie me suffisait. Du moins était-ce le cas la plupart du temps, lorsque ma solitude m’apparaissait comme le plus sure des refuges. Parfois néanmoins j’aurais aimé savoir comment se faire un ami et partager sa compagnie, j’aurais voulus connaître ces mots simples qui vous ouvrent à l’amitié et à la compréhension. Je ne sais pas si j’aurais aimé partager le poids écrasant de tout ce que j’avais vécu, mais la question ne se posait pas. J’étais littéralement paralysée d’angoisse à l’idée de me lier à quiconque, oh, je ne le montrais pas, j’avais très vite appris depuis mon retour à paraître distante et inaccessible, mais il en allait bien ainsi. Je ne supportais pas le moindre contact physique sans que cela me fasse perdre tout sens de la raison, comment aurais-je bien pu laisser une personne devenir proche de moi ? La vérité était simple, j’étais prisonnière de cette solitude qui m’avait trop longtemps été imposée et j’ignorais s’il me serait un jour possible de briser ces chaines. Néanmoins si cela était possible je trouverais. Je refusais de n’être qu’une pathétique âme en peine rendue presque infirme sur le plan social. J’étais déterminée et si j’avais eus suffisamment de force pour me libérer de mes entraves physiques alors je ne devrais pas être totalement impuissante. Même si je ne serais plus jamais cette fille naïve et confiante dont je gardais le lointain souvenir, j’aspirais à une certaine normalité. Pour l’heure je ne pouvais ni être touchée, ni rester dans un lieu clos trop étroit ou dont je n’avais pas la possibilité de m’échapper. J’avais besoin…d’espaces…de beaucoup d’espaces. Et de lumière. ~ Principales qualités ~ Sensible, discrète, déterminée, intuitive, réfléchie, capable de profiter des plaisirs simples, attentive, élève studieuse (dés qu’elle sera acceptée à l’académie)~ Principaux défauts ~ Humeur changeante, solitaire, mélancolique, handicapée des relations sociales, rarement joyeuse, claustrophobe, ne supporte pas d’être touchée (réaction violente) ~ Particularités ~ Fin croissant de lune pourpre tatoué dans le cou. Sait toujours précisément l’instant ou le nuit tombe, même lorsqu’elle ne peut pas le voir. Eprouve un amour irraisonné envers la crème d’écorce de rougeoyeur… Phobique du contact et de l’enfermement. A le dos couvert de cicatrices qui se croisent et s’entrecroisent sans laisser voir de peau intacte.~ Capacités ~ Possède une endurance que ne laisse pas soupçonner son apparence. Est capable de se déplacer avec une discrétion surprenante et se laisse facilement oublier. Combattante exécrable. Piètre menteuse. Se débrouille parfaitement dans la nature au milieu de rien. Est capable de se glisser dans les spires de bas niveaux sans que l’on puisse déceler sa présence et en continuant d’agir normalement. Est angoissée à l’idée de s’aventurer dans les hautes spires, là ou elle sera repérable en plus d’être vulnérable dans le monde réel. Relativement agile, a d’excellant réflexes d’évitement mais pas de ripostes.Vécu et situation sociale ~ Situation familiale ~ Mon père aurait souhaité m’ accompagné mais je ne l’avais pas voulut. A vrai dire, même si j’étais heureuse de l’avoir enfin retrouvé, il m’était devenu étranger et je ne savais pas quoi lui dire. Je n’osais pas lui narrer ce que j’avais vécu…je ne pouvais pas lui dire pourquoi sa petite fille chérie était incapable de se laisser enlacer. Je lui avais certes appris que mère était morte, mais je ne lui avais rien expliqué. Il était la seule famille qui me restât, mais il était encore trop tôt. Peut-être plus tard avais-je essayé de lui faire comprendre. Mais pour l’instant j’avais besoin d’être seule et de tracer mon chemin.~ Situation sociale ~ Le fait que je sois une Sil’ Marÿann ne changeais rien. Ce nom prestigieux n’avait pu me protéger autrefois, j’avais appris durement à ne pas compter dessus. La seule chose qu’il m’apporte c’est de me laisser le loisir de me vêtir comme je le souhaite. Je n’ai aucun contact avec les nobles de mon milieu de naissance. Et si mon père à bien annoncée mon retour, tous ignorent à quoi je peux bien ressembler. Seuls ceux qui se rappellent encore de l’incroyable chevelure de ma mère, et dont j’ai hérité, pourrais me reconnaître. ~ Histoire ~
Vêtue de la tunique sale et déchirée que je portais, le corps frêle et amaigris, je fixais pour la première fois depuis de longues années, ce père dont il me restait de vagues souvenirs et la réminiscence fugace d’un amour d’enfant, immense et aveugle. Il me semblait plus vieux et tassé qu’auparavant, j’avais eus le temps de grandir et lui de laisser ses traits de granit s’éroder par un chagrin immense. Il ne dégageait plus cette force et cette assurance qui illuminait l’image que j’avais gardée de lui. Pourtant dans la force de l’âge, je ne voyais en lui qu’un homme vieillissant, las, et peiné d’une manière dont il ne se remettrait probablement jamais tout à fait. On ne l’aurait pas pris pour la sentinelle qu’il était encore. Il n’y avait plus rien en cet homme qui me faisais face de la fierté d’antans, plus rien du jeune noble à l’existence intense, palpitante et comblée. A mon image, les épreuves traversée l’avait réduit à l’état de ruines. Froides, brisées, hantées.
Je n’avais rien à lui dire. Rien à dire à ce père qui m’avait tant chéri, mais qui n’avait pas sut me sauver du cauchemar dans lequel avait basculé ma vie. Ni pardon ni reproches ne se pressaient sur mes lèvres tordues en une esquisse de grimace…je n’éprouvais qu’un grand vide intérieur. L’amour était mort, comme tant d’autres choses, et je n’étais pas certaine de croire qu’il reviendrait un jour. J’avais été détruites, était-ce ma faute si j’avais perdue en chemin des parts de moi qui peut-être ne seraient jamais retrouvées ? Plus d’amour, plus de confiance…plus d’espoir.
Mon père pleurait de me revoir ; il pleurait sa joie de me savoir vivante autant que du désespoir d’être confronté à la caricature pathétique que j’étais. Ses yeux étaient des miroirs d’argent fondu craquelés de douleur d’où s’écoulaient des rivières de souffrance. Le spectacle d’un père à qui le destin avait rendu une enfant si fracassée qu’elle était encore, tout en ne l’étant plus, sa fille chérie. Il avait un regard débordant de remords amers. Tant de malheurs parce qu’il n’avait pas été là ; je mesurais dans ses prunelles meurtries ce qu’il lui en avait couté de me perdre. C’était écrit dans ses yeux métalliques. Des prunelles insolites pour un alavirien ; son frère avait eut les même. Lui…
Souvenirs…vague irrésistible…qui m’emporte.
Les jambes nues relevées contre elle, les cheveux emmêlés collés sur ses joues par les larmes, Zara contemplais d’un air hagard la petite boîte d’herbes apaisantes qui avait jusque-là trôné dans la petite armoire des toilettes. La douleur lancinante de son bas-ventre continuait de se faire sentir, pareil à un spectre grinçant. Elle résonnait sans s’éteindre, comme les échos d’un hurlement d’alarme. Même dans le silence, c’était encore là, à faire brûler la peur et à susurrer d’horribles destins. Elle savait qu’elle n’avait plus mal, seule l’angoisse la faisait s’en persuader. Raide et crispée elle sentait avec effroi l’horrible chaleur couler entre ses cuisses et se répandre en un sombre écoulement sur le carrelage. Son sang de femme.
Et ce silence que son souffle heurté ne faisait même pas trembler…et cette solitude qui lui tordait l’esprit. L’écrin de la peur. Le décor de la toile ou serait bientôt tracé à grands coups incisifs les ténèbres de la nuit qui l’attendaient .Un regard argentée faussement doux, atrocement défiguré par la convoitise, et des mains dilettantes devenues cruelle et avides. Zara en avait eut la vision, une heure plus tôt, il y a de cela une infinité d’instants. Elle revoyait parfaitement son sourire sur le pas de cette chambre ou il l’a retenait prisonnière, ses yeux plein d’une exultation affamée .Aux fond de ses pupilles dilatées avait luit férocement l’éclat de ses envies délétères. Tout les deux, avec terreur et jubilation, ils avaient sut. Il n’y aurait pas de salut, ni pour elle, ni pour son âme à lui.
Bravement elle essaya de repenser au sourire qu’avais eut sa mère adorée autrefois, mais ce n’était déjà plus qu’un souvenir encrassé. Il était terne et n’avait plus de saveur sur ses papilles engourdies, il lui sembla même le voir trembler et se déformer en un rictus malveillant. Une jouissance cruelle et froide s’inscrivit dans la courbe tranchante de cette pulpe sanglante qui s’affina jusqu'à prendre la forme de sa bouche à lui. Elle hurla pour détruire cette apparition, mais il n’y avait déjà plus qu’elle, pauvre femme-enfant, seule sur le carrelage salit. Terrorisée, perdue. Péniblement elle retint l’hystérie qui la guettait en recroquevillant sur lui-même son corps chétif. Elle n’essaya plus de songer à quelque chose de joyeux, elle ne pensa plus à rien, ne vis plus rien, étouffa ses sens. Le simple fait d’exister était éprouvant. Elle aurait voulus ne jamais s’avancer au-delà du seuil protégé de l’enfance. Ne pas avoir vécue.
Le temps qui s’écoula ensuite épuisa toute étincelles de résistances qui auraient put naître. A chaque respiration laborieuse elle se perdait un peu plus, chaque expiration la rapprochant de l’inévitable horreur dans laquelle il lui semblait déjà s’abimer. L’air immobile sur sa peau moite lui était insupportable, elle y sentait comme le souffle nauséabond de son tortionnaire. Ses vêtements en lambeaux n’étaient rien d’autre que des remparts de brumes évanescentes. Les murs impassibles lui chuchotaient comme il serait facile de déchirer la toile usée avant de la déchirer elle. Ils se penchaient sur son être tourmenté pour l’écraser car son sang honni les appelait d’une mélopée entêtante. Ils se chuchotaient entre eux que bientôt, un autre sang innocent viendrait s’épancher, pour leur plus grande délectation. Et d’elle ils se moquaient, riant de l’ignorance qu’elle avait, jouant à lui révéler toute l’inhumaine noirceur de ce qui l’attendait, de ce qu’on allait lui faire. Zara avait depuis longtemps plaquée ses mains frêles sur ses oreilles, mais elle les entendait toujours, dans ce silence qui n’en était pas un et qui était bien pire que cela.
Et puis il n’y eut plus rien et Zara releva sa tête endolorie pour le regarder. Elle vit qu’il était nu et se tétanisa. Le regard de pure angoisse qu’elle lui jeta ne fit qu’accroitre ses instincts lubriques. Et d’autres larmes coulèrent car ses jambes ne voulaient pas bouger et son cri s’étranglait dans sa gorge. Et lui, il souriait de la voir impuissante, il savait qu’elle ne ferait rien pour l’empêcher de faire ce qu’il était venu faire et prendre ce qui ne lui appartenait pas. Et elle se sentait sale sous le regard argenté qui la pénétrait et qui reflétait tant de douleurs à venir. Elle y voyait sa propre image tremblante et silencieuse.
«Tu ne dis rien ? Ne t’inquiète pas ma petite nièce chérie, tu crieras ; et personne ne t’entendra, ton père ne viendra t’aider. Parce que tu le mérite ma petite Zara, tu n’a fait que renforcer mon désir de toi alors que tu aurais pu tout arrêter-tu le sais, n’est-ce-pas ma chérie ?- c’est ta faute alors tu ne peux rien dire. Tu ne peux rien dire…mais tu peux crier. »
Alors elle ne dit rien, ne répondit pas, ne détourna pas le regard. Il avait peut-être raison, elle n’aurait pas hésité une seconde à le lui dire si elle avait pensé que cela l’arrêterai. Parce que bien plus profond que le mépris d’elle-même, au-delà de la souillure et de la culpabilité il n’y avait rien que la terreur. Cette peur qui lui tailladait tout le corps, qui la figeait dans une prison hagarde d’horreur. Il n’y avait pas assez de place dans tout son être pour contenir cette angoisse dévorante, peut-être qu’elle allait s’évanouir ? Elle aurait tellement voulut fuir dans les ténèbres, mais elle y était déjà. La dernière lumière s’éteignit lorsqu’il se saisit d’elle et que ses mains commencèrent à la faire hurler en silence. Elle ne pouvait rien dire…alors elle hurla.Sang rouge, sang noir Éclat d’argent dans les ténèbres Violence. Le monde bascule à nouveau et je redevins moi, au présent. Je ne me souvenais pas d’être tombée, pas plus que de m’être mise à pleurer, pourtant j’étais à terre, les joues maculées de pleurs, et tremblant de tout mon corps. Il n’était plus là, il ne me toucherait plus. Plus jamais. C’était fini me répétais-je en boucle…et pourtant, cela ne le serait jamais vraiment. Il me guetterait, dans mes cauchemars, dans mes songes éveillés, son souvenir ne me quitterait plus. Je n’avais pas besoin de regarder mon père pour retrouver son regard, je n’avais qu’à me plonger dans mon propre reflet pour être face à lui. Il était en moi, il était mon sang. Ma famille, mon horreur. Je reprenais péniblement ma respiration lorsque je vis que mon père était accourus à mon côté et qu’il me tendait la main.« Non ! » hurlais-je, de toute ma voix, de toute mon âme.
Je reculais précipitamment, m’étalant à nouveau par terre et m’écorchant les coudes tandis que je fuyais le contact de mon père. Je ne supporterais pas qu’il me touche ; je ne voulais plus jamais sentir la marque d’un autre corps sur le miens. Un effleurement n’était pas différent d’un coup car tout ce que je craignais c’était la proximité. L’effrayante proximité qui s’était chargée dans mon enfer personnel du poids de mes souffrances. Je vis que je l’avais blessé par mon refus véhément et j’essayais de lui dire. D’expliquer à mon père qu’il ne pourrait serrer dans ses bras sa fille revenue.« Je ne peux pas…ce n’est pas…c’est juste moi…il ne faut pas qu’on me touche…ne m’approche pas…papa. »Colère, indignation et douleur dans ces yeux argentés qui me torturent simplement parce qu’ils sont comme les siens à lui. Sa bouche se tord dans un pli amer et il passe une main crispée dans sa chevelure parcourus de longues mèches nuageuses. L’impuissance l’accable soudainement et un soupir semblable à un sanglot lui échappe.« Très bien Zara. Je ne te toucherais pas. Est-ce-que…tu vas rester avec moi ? »Tant d’incertitudes dans cette voix emplie d’accablement. Tant d’espoir. Je ne sais pas ce que je devrais éprouver, j’oscille entre une abjecte terreur et l’envie dévorante de le réconforter. Longtemps je n’avais rêvée que de pouvoir le retrouver, vivre avec lui, heureuse et insouciante, comme avant. Mais cela n’avait plus aucuns sens, n’en avait même probablement jamais eus. Rien ne pouvait être oublié. Néanmoins, bien que j’en brûle d’envie, je ne pouvais pas déjà le quitter. Je n’étais pas prête à supporter le monde. J’étais si fragile, bien trop vulnérable.« Oui, le temps que…que je puisse faire bonne figure. Mais après je partirais. A Al-Poll. Je veux apprendre le dessin. »Un éclair de surprise traversa son visage prématurément ridé.« Tu peux dessiner ?! »Lui aussi, il avait voulut savoir.
Souvenirs…vague irrésistible…qui m’emporte.
Seule dans la pièce étroite qui lui sert de chambre, vêtue d’un haillon trop de fois déchiré et jamais rapiécé qui la couvre à peine et la dénude de manière indécente, Zara s’efforçait de cirer une paire de botte. Elle savait que si son travail n’était pas absolument irréprochable, il la toucherait, lui ferais mal…et ne s’ arrêterais peut-être pas. Même si elle commençait à être trop vielle pour lui plaire elle n’aurait jamais vraiment l’air d’une adulte. Pas avec son corps hideusement amaigri et sa taille de faël. C’était cela lui disait-il qui la rendait si merveilleusement désirable, cette faiblesse qu’il prenait un plaisir pervers à soumettre et à torturer. Parce qu’il en avait le pouvoir et que cela lui apportait une obscène jouissance. Mais elle n’était plus exactement une enfant, il avait cessé de l’appeler « ma petite nièce chérie » et il l’accablait de corvées harassantes. Si elle ne lui donnait pas satisfaction, il l’a punissait, et parfois, par pure cruauté il s’abattait sur elle alors qu’elle ne l’avait pas mérité. C’était plus drôle lui jetait-il, lorsqu’elle ne s’y attendait pas. Elle n’était jamais en sécurité. Ne cessais pas de trembler. Par moment, elle essayait de se dire que c’était parce qu’il ne la laissait pas se chauffer, mais de telles vanités ne résistaient que le temps d’un souffle.
Il y avait pourtant du bois dans la cheminée, Zara aurait put l’allumer, se baigner dans une divine chaleur. Mais il n’y avait pas de briquet, jamais. Elle savait ce qu’il attendait, il voulait qu’elle dessine. Et dés la première esquisse pathétique il la tuerait, parce qu’il ne serait pas certains, alors, qu’elle ne puisse être un jour capable de lui échapper. Zara endurait donc la froidure de sa petite prison aux murs nus et sans âme sans y faire quoi que ce soit. Ses mains bleuit par l’air ambiant frottaient avec un désespoir aussi pitoyable qu’effréné le cuir précieux, s’acharnant en gestes rendus malhabile par l’engourdissement qui la tenait entre ses griffes. Elle avait encore une dizaine de paire à faire et, après celle qui se consumait il ne lui restait qu’une seule chandelle. Zara avait parfaitement conscience qu’il lui avait délibérément rendu la tâche impossible, mais une espèce de folie misérable la forçait à se jeter de toutes ses maigres forces dans cette bataille perdue d’avance. Un souffle, une éternité, la dernière chandelle s’éteignit. Il lui restait quatre paires. Si elle allumait un feu…non, elle mourrait. Se recroquevillant dans un angle inconfortable elle attendit. Dans sa tête elle percevait parfaitement l’imagination, discernant ce monde irréelle sans réel effort, simplement en y pensant. L’image qu’elle en avait était barrée d’une lourde porte qui l’empêchait d’y basculer. Tant qu’elle ne poussait pas la porte, tant qu’elle ne le voulait pas, elle restait à l’extérieur. Vivante.
Soudain la porte de sa chambre s’ouvrit, sa silhouette se découpant sombrement dans l’encadrement, ses yeux malsains brillant des reflets qu’y déposait sa lanterne oscillante. Son regard passa sur la cheminée éteinte, étincela un bref instant, et une imposante flambée bascula subitement dans la réalité, arrachant à la jeune fille prostrée un cri que l’arrivée de son tortionnaire n’avait sut provoquer. Son sourire s’accentua alors que ses yeux argentés étaient glacés; s’étaient littéralement pétrifiés en constatant le travail inachevé de Zara. Oh, cet air vicieux qui s’inscrivit à ce moment sur ses traits…l’effroi la saisit…un peu plus encore.
« Tss, tss, qu’est-ce-que je vois là Zara ? Tu n’as pas fais ce que je t’avais demandé. Tu avais pourtant promis, j’avais ta parole. Pourquoi n’as-tu pas terminé ? Si tu n’avais plus de lumière il fallait en dessiner ma chère ! Je suis certains que tu le peux. N’oublions pas l’extraordinaire dessinateur qu’est ton père, ce fou qui perd la raison à te chercher là où tu n’es pas.»
Souffle tremblant qui se bloque, frémissement perdue au cœur d’une marée de tremblements.
« Je…je ne sais pas…je ne peux pas…je suis désolée mon…mon…mon oncle. J’ai fais…ce que j’ai pus. »
Dans les tréfonds des prunelles argentines une lueur de cruelle jouissance palpitait ; les faëls ne dessinaient pas, la mère de la petite lui avait transmis sa tare. Soudain il extirpa de sa poche une longue lanière de cuir couronnée d’une pointe acérée. Les yeux de Zara s’écarquillèrent face à l’objet aux murmures d’une sinistre violence ; elle l’entendait clairement lui promettre la souffrance pure et atroce de son baiser. Un halètement terrorisé s’échappa de ses lèvres devenue sèches, résonnant délicieusement à ses oreilles à lui.
« Nous allons essayer un nouveau genre de punition… »
Folie, détresse, chaos.
Elle souffre, hurle, n’as plus de voix…
Elle saigne.
Zara revint à elle dans un silence hanté par les échos de ses cris éperdus. Son corps n’est plus qu’une immense plaie à vif, le moindre mouvement la replonge de longs instants d’inconscience en arrière. De sa bouche entrouverte elle aspire péniblement l’air à nouveau glacé, sa gorge la brûle comme rongée par de l’acide d’avoir été déchirée par ses clameurs. Son dos est une telle charpie sanglante que sa simple respiration la mets à l’agonie. Son esprit est embrumé par la fatigue et le désespoir, la douleur fendant ces flots agités avec une perverse obstination. Lorsqu’elle aperçoit des éclaboussures de sang sur les bottes abandonnées là, un rire d’écorché franchit ses lèvres ; ironie déplorablement tordue. Mais sa bouche était un désert, et elle cessa vite. La soif était insupportable, si elle avait osé bouger elle aurait peut-être lapée les gouttes écarlates qui maculaient les environs, mais cet avilissement était au-dessus de ses forces physiques. La porte de l’imagination se dressait dans son esprit. Immense et inamovible. Sans perdre contact un instant avec la réalité, Zara visualisa un interstice minuscule sous le pas de la porte. Le franchit. Sa présence indécelable se déplaça dans les spires pendant moins que le temps d’un souffle, puis elle trouva ce qu’elle cherchait. Un gorgée d’eau éphémère se matérialisa dans sa bouche et coula dans sa gorge. Baume sur la douleur ardente Instant précieux Soulagement Cette fois je ne me suis pas effondrée, pourtant je grimace en faisant courir une main prudente sur mon dos ; un bosselage rassurant de croûte refermée me fait doucement soupirer. Je peine pourtant à m’extraire de cette réminiscence trop réelle à mon goût et je vois dans l’effort visible de retenue de mon père que mon air en dis long sur mon égarement. Ses yeux flamboient et je recule, apeurée par cet échos déformé, mais il se domine dés qu’il s’aperçoit de ma réaction. La tristesse succédant sur ses traits à la fureur. J’aime cette tristesse car je ne l’ai jamais vue sur lui, l’autre. J’esquisse une grimace reconnaissante, et, repensant à sa question je décide avec une pointe de défi salutaire d’y répondre. Sans le quitter des yeux je visualise cette porte que je n’ouvre pas, me faufile le temps d’un soupir et reparait le souffle suivant, un simple coquelicot se matérialisant dans la main de mon père. D’un rouge intense et passionné il tranche nettement sur la pâleur de ses mains. Un hoquet surpris lui échappe tandis qu’une stupéfaction plus grande encore que précédemment le saisit.« Mais, tu…je ne t’ai pas sentis.… Etincelle de compréhension. Oh…mon enfant chéri… »« Je ne monte pas très haut comme ça…mais c’est…c’est déjà…j’aimerais vraiment apprendre…voir ce qu’il y a plus loin. »« Nous verrons cela quand….quand ça ira mieux pour toi. Viens…je…ta chambre est toujours là, enfin, sauf si tu préfère dormir ailleurs ? » Mon cœur se serre lorsque je le vois si incertain, si différent d’avant. Je ne peux le laisser s’approcher, je le lui ai montré. Je suis comme une statue de verre, mes sentiments et ma fragilité sont trop librement exposés et l’on ne peut me toucher sans courir le risque de me briser. Il le sait, mais comment un père peut-il réagir à cela ? Comment peut-il renoncer à cette enfant qui lui adjoint de se tenir loin d’elle ? Alors je lui offre le peu que j’ai à donner.« Non, c’est…bien. »Il se détourne pour m’indiquer le chemin et s’apprête à quitter la pièce lorsqu’il s’arrête le temps de s’affaisser un peu plus et de reprendre une dernière fois la parole. Un univers de résignation endeuillé s’entend dans sa voix rocailleuse.« Ta mère… ? » « Morte. » le coupais-je d’une voix dure, refusant au souvenir le droit de revenir. Me battant de toute ma volonté d’écorchée pour restée accroché au présent. Les images se pressent à mes temps mais je les repousse autant que je m’enfuis devant elles. Je les abandonne hors de portée et je m’éloigne avec un empressement farouche. Pourtant la suite s’échappe de mes lèvres, malgré moi je ne peux m’arrêter là.« Souffle mortel sous la lune Lame tranchante Marchombre » « Elle a essayé…mais il n’était pas seul… » Finis-je dans un murmure.Harassée, je titube maladroitement sur le tapis trop doux ; vacille. Tombe. Le sol n’est pas assez cruel ais-je le temps de songer de manière tout à fait déplacée. Cette fois je ne me relève pas et les ténèbres se referment une fois de plus sur moi ; il m’y attend. Toujours, car cela n’as jamais été un endroit où fuir. Il n’y avait pas de fuite possible, car il faut de l’espoir pour cela et il ne s’était que trop réjouis de m’en démunir. Inconsciente, je ne sens pas les bras paternel qui se referment enfin sur ma frêle silhouette pour m’emporter dans ma chambre. Je ne perçois pas cet étau aimant qui enfin célèbre mon retour. J’en serais incapable sans devenir folle, mais pour lui, c’est à cet instant seulement qu’il peut croire que je suis rentrée à la maison. L’autre est mort…je ne le suis pas. Pas vraiment.RPG
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La porte que l’on m’avait indiquée et devant laquelle je m’arrêtais était close. Signe que l’occupant de la pièce ne souhaitait pas être dérangé ou invitation à toquer avant d’entrer par soi-même ? J’y songeais un instant, mais ne pouvant tout à fais me prononcer en faveur d’une solution ou d’une autre je finis par ouvrir simplement la porte et pénétrais dans la pièce jusqu'à son centre. Il s’agissait autant d’une preuve de retenue que d’une impossibilité physique d’avancer plus avant sans réfléchir au préalable à un itinéraire précis. Le bureau de l’Intendant était un modèle d’anarchisme complet à l’encombrement passablement effrayant si l’on considérait sa fonction. Néanmoins, il ne me semblait pas que ce désordre ne fut pas le bienvenu, et je n’aurais pas misé beaucoup sur le fait que l’intendant ne soit pas tout à fait au courant de la place précise de chacune de ses possessions négligemment étalées. Il n’empêche que cela devait bien par moment l’entraver quelque peu dans son organisation ; au vue de l’aspect plus ou moins permanent du chaos ambiant j’avais dans l’idée que cet état de fait ne devait guère peser sur sa conscience professionnelle. Pas plus qu’il ne devait être soucieux de l’exercice périlleux et acrobatique que constituais le fait de se rendre à la chaise faisant face à son bureau (ou trônait pour l’heure une pile d’ouvrages en danger d’effondrement imminent). N’ayant jamais eus l’intention de m’approcher aussi près j’étais soulagée de mettre ce qui serait passée pour une impolitesse sur le compte de l’état des lieux.-Bonjours messire Hil’ Jildwin, je suis Zara (je ne pris pas la peine de mentionner mon nom), je pense que malgré ce que j’ai pu lui en dire mon père a dû vous écrire pour vous prévenir de mon arrivée et de mon désir de suivre des cours à l’Académie en tant qu’élève dessinatrice. Il se trouve donc que j’ai été acceptée et que l’on m’a enjointe de venir vous consulter au sujet de ma répartition dans l’une des maisons.Je fis une pose tandis que l’attention de l’intendant se portait clairement sur ma personne et sur ce que je venais d’annoncer. Je n’étais pas certaine jusqu’alors qu’avec la discrétion dont j’avais fais preuve il ait eut conscience de ma présence. Cela dit, si je l’avais surpris, ses yeux verts à l’éclat curieusement malicieux n’en montrèrent rien. Moi-même je ne montrais pas que son apparence efféminée au milieu de ce désordre des plus masculins me semblait d’une incongruité presque…amusante. On pouvait dire de l’intendant avec ses cheveux souplement ondulés et son bouc à la ligne impertinente qu’il était tout à fais séduisant et présentait bien mieux que son environnement. D’ailleurs quelque chose me disait que cet homme avait parfaitement conscience de son charme; de là à juger qu’il ne lui rebutait pas d’en jouer pour servir ses intérêts il n’y avait qu’un pas. Sa jeunesse était également un point sur lequel je ne m’étais pas attendue et qui traduisait probablement une certaine ambition. Un bref instant je m’interrogeais sur les moyens qu’il avait du employer pour se retrouver ici, je ne m’attardais néanmoins pas sur cette pensée, et, constatant la dérive de mes réflexions, me reprit. Cela ne me paraissait pas étrange à moi de laisser de grands silence émailler ma conversation, mais j’avais pu observer que ce n’était pas tout à fais la norme. -Je ne sais ce qu’il a pu vous dire des raisons de mon âge sensiblement plus élevé qu’habituellement mais je ferais mon possible pour ne pas causer de dérangements.Je ne précisais pas qu’a mon avis j’allais probablement être une source certaine de problèmes dans un environnement ou l’on se côtoyait sans cette distance qui m’était nécessaire pour agir à peu près normalement. Après tout je n’étais pas là pour lui exposer ces cicatrices invisibles qu’arborait en tout sens ma psyché, et je lui avais signifié le plus important, à savoir que ma volonté tendrait à me maintenir dans une voie le plus paisible possible, pour moi comme pour l’Académie. Je m’étais déjà montrée particulièrement loquace, aussi décidais-je d’en rester là et d’attendre sa réponse. J’en ignorais encore tellement au sujet des différentes maisons que je n’éprouvais pas de réelle curiosité à ce sujet, pas plus que je n’entretenais d’attentes. Je me satisfaisais du peu que j’avais et j’attendais d’être confrontée au reste. Je notais que ce précepte s’appliquait autant à cela qu’a la conception général que j’avais actuellement de ma vie. Une étincelle de regret fugace flotta dans mes prunelles argentées à ce constat si triste et vide de tout.Autres
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| Sujet: Re: Zara Sil' Marÿann [Dessinatrice] Ven 10 Fév 2012 - 23:32 | | | [ Quelle présentation Un vrai petit bonheur à lire. Je n’ai absolument rien à en redire] La lettre était d’une terrifiante longueur. Voire d’une longueur terrifiante.
Les caractères illisibles s’étalaient dans une encre d’un noir bien trop sombre sur ce parchemin d’une facture si riche et lisse que c’en devenait ostentatoire. L’écriture était alambiquée et exagérément agrémentée d’arabesques et de paraphes, ce qui n’inclinait pas l’Intendant à la lire plus que nécessaire. Il parcourut rapidement des yeux les habituelles circonvolutions de politesse employés par ces pédants qui envoyaient des lettres d’une longueur terrifiante, rien de bien intéressant… blabla, l’Académie.. blabla, le grand Merwyn… l’excellence de l’école, la qualité de l’enseignement..
Ah, donc, sa fille. Ca ne faisait guère que vingt lignes. L’envie prit l’Intendant de déchirer toute la partie inutile de la lettre pour en faire une cocotte, mais il se retint juste parce que les caractères étaient jolis, si illisibles. Or donc, la minette. Ah, oui, il lui envoyait sa fille à l’Académie. Rien de bien surprenant, ma foi, c’est pas la première fois que des familles envoyaient leur progéniture poudrée se faire mousser dans l’établissement de Merwyn, même si la plupart préféraient se rendre dans une Académie à la réputation moins secouée. Ce qui l’étonna en revanche, ce fut l’autre partie ennuyeuse et interminable de la lettre. Il n’y jeta qu’un œil distrait, il avait mieux à faire –comme construire un château avec ses piles de dossiers- mais ce qu’il retint, ce fut la longue excuse pour.. Pour quoi d’ailleurs ? Il jeta un coup d’œil un peu plus approfondi. Ah, juste l’âge. Lui qui pensais qu’il devrait encore accommoder avec une dégénérée de troisième zone, un labrador fluorescent qui ne mangeait que des panses de brebies farcies… Mais rien de tout cela, la Dame en gambade joyeusement dans ses prairies célestes. 26 ans, un petit brin de femme ma foi. Mais après tout, ce n’était pas un apaxe en ces lieux, certains élèves étaient plus vieux que la moyenne, et puis ça posait moins de problèmes éthiques que d’accepter un mercenaire rustaud d’une trentaine d’années parmi les élvèves… Une jeune femme de vingt-six ans serait sans doute moins dangereuse pour l’innocence et la pureté de ses camarades de dortoir.
Bref bref. En gros, pour résumer, une richarde gourgandine se pointerait chez lui quelque part dans le futur, pour venir apprendre le dessin, et il aurait plus qu’à lui mettre la bague au doigt… Littéralement. Rien de bien transcendant dans son planning de la journée.
Il avait toujours le temps de faire un château-fort avec ses dossiers.
* Plusieurs heures après avoir édifié avec fierté une construction digne des plus grands batisseurs de cathédrales dans un coin de son bureau, Jehan s’était à nouveau retrouvé oisif. Sa jambe le lançait, car il avait pas mal bougé le long de son bureau, et elle n’était pas encore complètement soignée, aussi se remit-il à son bureau et se plongea-t-il enfin dans la pile de travail et de listes de comptes. Quand il releva les yeux d’un feuillet presque aussi rébarbatif que la lettre de tout à l’heure –qui avait fini comme mortier supplémentaire pour la tour sud de son château-fort-, quelqu’un avait envahi l’espace vital de son bureau. S’il n’avait pas possédé les nerfs d’acier du dieu qu’il était ,Jehan aurait sursauté, mais étant le digne dieu professionnel qu’il était, il ne le montra pas. Parce que voilà, quoi, il avait une réputation à tenir. Et puis ça l’arrangeait que l’autre se soit téléportée directement sur sa chaise : il n’avait pas à ne pas pouvoir se lever pour aller lui ouvrir la porte, et de toute manière sa béquille était restée à l’autre bout de la pièce.
- J’ai effectivement reçu la lettre de votre père, fit-il de son ton affable en évitant soigneusement de donner une direction générale de l’endroit où avait atterri la lettre- et vous êtes effectivement la bienvenue à l’Académie de Merwyn.
Il fit une petite pause le temps de trouver une contenance en saisissant sa plume et un morceau de parchemin, et continua :
- N’ayez crainte, nous acceptons les élèves de tous les âges, certains sont même plus vieux que vous, je doute que ça soit un problème, nous avons quelques phénomènes gratinés. Bien, pour passer aux choses sérieuses, je ne vous connais certes pas, mais je me permets de juger que la maison des Teylus vous conviendra le mieux. Vous n’aurez à craindre d’élèves turbulents et indiscrets, et ils vous intégreront très facilement.
Jehan fournit à la jeune femme sa bague et lui donna les conseils habituels, puis la congédia selon les convenances, sans prendre la peine de se lever. Elle l’intriguait, tout de même. Peut-être à l’éclat de son regard ? Ou sa manière de se tenir ? Ou son pouvoir de téléportation ? Une chose était sûre, il faudrait peut-être qu’il garde un œil sur elle, au cas où.
Mais d’abord, faire une pyramide avec ses encriers vides.
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