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 I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]

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Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeVen 20 Jan 2012 - 21:57

C’est ta faute, déclara la Mentaï, tout sourire.


*


A l’écoute des respirations, des consciences qui se tordaient, s’esquivaient à son approche ou feignaient l’indifférence, cette myriade d’étincelles vitales qu’elle croisait sur son chemin évanescent, l’esprit incarné de la Mentaï vagabondait dans les Spires, créait parfois avec un luxe de détails une babiole, une fumée, une lumière quelconque, qui s’évaporait quelques secondes après avoir pris contact avec la réalité matérielle. La jeune femme savourait cette sensation de vertige qui prenait la tête et lui enserrait les sens dans un carcan de virtualité, la perte de sensations, l’impression qu’elle s’éloignait de son corps et se disloquait de son être.

Ce soir, la Mentaï se permettait le luxe de s’ennuyer dans l’Imagination.

Que le monde devait sembler étroit à toute cette partie des alaviriens qui n’avaient pas accès à cette réalité imaginaire. Quoi de plus grisant que de pouvoir créer une forme depuis le néant de son esprit, de lui donner son intérêt, et la vie ? C’était être dieu parmi les dieux ! Une petite divinité de son monde Imaginaire personnel, aussi éphémère qu’un coucher de soleil.
Et la manipulation des consciences, cette petite addiction personnelle dont elle avait usé lorsqu’on lui avait livré des esprits affaiblis et terrorisés. Elle avait appréhendé comment les Spires pouvaient s’enrouler autour de l’esprit d’une personne et s’y immiscer, soit pour y déposer un message, soit…

Une suite abstraite de pierreries et d’arabesques roulèrent sur le sol dans un bruit de cassure et disparurent de la réalité dans un dernier reflet des chandelles. La jeune femme sauta à bas de la table sur laquelle elle s’était assise par désœuvrement  et alla caler ses membres longilignes dans un fauteuil de velours, où un dossier et les accoudoirs l’empêcheraient de tomber si jamais son esprit s’aventurait trop loin dans les Spires pour se souvenir des attaches de son corps.
Elle ferma les yeux et laissa sa conscience se couler dans son monde, comme on déverse un liquide dans la rivière. Elle cherchait une étincelle particulière, un accroc si fin dans le tissu des masses qu’il s’était peut-être dissous depuis le temps. Après tout, l’autre n’était pas dessinatrice, et les mois avaient érodé la liaison mentale qu’elle avait creusé de force dans son esprit fragile…


*
C’est ta faute, déclara la Mentaï, tout sourire.

S’observer d’un point de vue extérieur, et dans les torsions d’un cauchemar, avait quelque chose d’assez fascinant. Les névroses d’Halina Nilsan avaient déformé son visage au fil des mois et des appréhensions, sa peau avait un aspect fantomatique, et son œil luisait d’un telle cruauté, d’une telle inhumanité, et ses mains, comme des serres, et son sourire, comme une gueule…
Le cauchemar avait la régularité d’une musique, orchestrée si souvent au fil des mauvaises nuits qu’elle sentait la conscience d’Halina batailler sans cesse pour en repousser les angles et changer ce scénario mille fois vécu. Les pièces changeaient parfois de dimensions et de lumière, mais elle sentait les détails récurrents. Le corps brisé de Kirfdéin, sur un chevalet auprès duquel son homologue cauchemardesque exultait, et deux acolytes qui tenaient fermement la Teylus, et les corps sans vie de ses amis, parfois précis, parfois flous, parfois entremêlés…

Quelque part dans le lointain de sa conscience, la jeune femme avait conscience de l’effort fourni pour s’introduire dans les pensées de sa victime, le percevoir en ébullition, et plonger dans son cauchemar dans une curiosité toute malsaine. Et s’y trouver en première place, se savoir la Chimère première des terreurs d’une jeune fille à l’autre bout de l’Empire, des mois après, quoi de plus grisant ! Quelle sublime vengeance sur ses propres cauchemars, qui la suivaient encore et la réveillaient terrifiée, la nuit, quand Ivan Derkan, et Slynn Ar’Kriss et des centaines de Valen Til’ Lleldoryn venaient lui ôter petit à petit des bouts de son être…

L’esprit d’Halina luttait comme en cage et se tordait pour altérer les contours du cauchemar, Marlyn vit un instant son image se flouter,et l’œil bleu luire comme une abîme océanique.

Une pensée se distillait petit à petit, la petite Teylus reprenait contrôle de son esprit, et le rituel semblait connu, se répétait-elle ces phrases toutes les nuits avant de s’endormir, pour qu’elles interviennent en gardiennes de ses cauchemars ?
« Disparais, disparaissez ! Vous n’existez même pas ! Vous êtes mes cauchemars ! Vous êtes ma peur ! Je n’ai pas peur de vous… »

Les murs coulaient comme de l’eau, elle vit son visage commencer de fondre, et Kirdéin s’éloigner dans des distances sans proportion. Ses Spires à elles commencèrent de se tordre, et les images issues de son esprit malade.
La scène changea de point de vue ; elle remplaçait petit à petit son image chimérique par sa propre conscience.

Et son visage de se reconstituer dans un sourire dément, tandis que tout autour d’eux voulait se disloquer, et son sourire de s’accentuer en voyant le visage-cauchemar d’Halina s’allonger dans une expression de stupeur et d’horreur sans nom.
Apparemment, jamais la Mentaï-cauchemar n’avait réussi à résister à ces phrases qui résonnaient en écho
« Vous n’êtes que pur produit de mon Imagination ! Disparaissez, disparaissez, disparaissez, disparais, disparais, disparais… »

Marlyn leva la main, et la pièce se reconstitua, non pas cette pièce où se déroulait la torture, mais bien le petit cachot où la fillette avait passé des mois dans l’ombre, et transféré sa douleur affective vers le seul être vivant de la même pièce, Kirfdéin…
Sauf que la pièce était vide à l’exception de leurs deux entités immatérielle, et que les murs semblaient infiniment loins, et pourtant, pourtant, l’esprit d’Halina était pétri d’une terreur d’enfermement et d’une claustrophobie sans nom.

Le rire de Marlyn, que ses Spires matérialisèrent dans les songes cauchemardesques de la Teylus endormie à l’autre bout de l’Empire, se repercuta pendant des secondes, et des secondes, et des secondes, et se fracassa contre les murs lointains et revinrent, et s’élèvent et s’abaissèrent, et sa voix résonnait par derrière,  le réel n’avait aucune accroche dans les cauchemars, depuis quand avait-on besoin de remuer les lèvres pour parler, dans les esprits ?

-  Si nous étions dans un cauchemar, alors pourquoi suis-je encore là ?
fit-elle doucereusement, tandis que son Imagination, effervescente, recréait une sensation tactile de froid, et d’humidité, et la rugueur du sol sous les pieds nus de la jeune fille, et la répercussion de sa voix contre des parois de gros moellons…

- C’est ta faute
, déclara la Mentaï, tout sourire. Ta faute si tu n’arrives même plus à te convaincre que tout ça n’est qu’un cauchemar.


Halina Nilsan
Halina Nilsan

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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeMer 1 Fév 2012 - 23:30

Halina s’était une fois de plus couché tard. Non pas parce qu’elle avait peur de fermer les yeux, vous dirait-elle avec mauvaise foi, mais parce qu’elle avait des devoirs à finir, un cours à apprendre, un coup de balai à passer, une écharpe à tricoter… Arrow Elle fuyait le sommeil autant qu’il lui échappait depuis des jours, des semaines, ou peut-être même un mois. Elle n’était plus très sûre de la date de sa sortie. Et lorsqu’elle parvenait à tomber dans les bras de Morphée, elle en fut une nouvelle fois écartée. Cauchemar. Ils ne la laisseraient donc jamais tranquille ? Depuis, son passage au Labyrinthe, ils étaient revenus en force. Les voir se matérialiser en vrai devant soi n’était pas vraiment le meilleur moyen pour les surmonter. Même si elle avait réussi à les faire fuir après coup. Mais en vérité, ce jour-là, elle était pleinement consciente, éveillée. La nuit, le sommeil la rendait irraisonnée et rendait sa peur incontrôlable. Elle avait l’impression d’être sans défenses face à leurs assauts répétés et soutenu. C’est pourquoi la guerrière recherchait si peu le sommeil. Pourtant, elle se sentait mieux depuis sa bravade du cours de combat, elle parvenait à changer de plus en plus le cours de ses errances.


-Disparais, disparaissez ! Vous n’existez même pas ! Vous êtes mes cauchemars ! Vous êtes ma peur ! Je n’ai pas peur de vous !…


Elle se répétait ces mots qui, comme une formule magique contre les monstres, avaient fonctionné sur ses cauchemars personnifiés dans le Labyrinthe. Son mantra résonnait dans sa tête avec force, avec application. Ne pas se laisser dépasser par les évènements que son esprit inventait au fur et à mesure. Cette mission était ardue, voir même périlleuse car il fallait arrêter le cauchemar sans rompre la bulle du sommeil réparateur. Car, si elle se réveillait, elle ne se rendormirait pas. Soupir interne. Le rire et le regard sardonique de la Mentaï borgne la hantaient et elle ne parvenait pas à s’en défaire, malgré de puissants efforts. Elle assena un coup mental à l’image fictive qui se dressait devant elle par la force de ses convictions. C’était le même rituel tous les soirs maintenant et il fonctionnait à peu près tout le temps. Comme d’habitude, les contours devinrent flous, le monde se teinta de couleurs pâles et les silhouettes s’éloignèrent.


Mais ce soir-là, il se passa quelque chose d’improbable. Au lieu de perdre tout substance et de laisser place à un sommeil sans rêves comme il arrivait le plus souvent ou de se transformer en un nouveau songe moins puissant et surtout moins traumatisant, les éléments du cauchemar maintes et maintes fois revisité reprirent forment et netteté. Son elle interne aurait sursauté s’il avait pu. Elle ne s’attendait pas à ça. Ce n’était jamais arrivé avant. Et, étrangement, le monde dans sa tête avait gagné en clarté, en réalité. C’était à peu près la même impression que dans le Labyrinthe sauf qu’actuellement, elle ne contrôlait plus rien. Le propre du cauchemar c’était que tout se passait de manière indépendante de ta volonté, même si au fond de toi, tu te persuades que tout est faux et que tu vas te réveiller. Mais en réalité, tu ne peux pas arrêter un rêve quand tu le voudrais. Ce monde-là finit toujours par t’échapper alors que toi tu ne peux fuir. Son esprit se contracta, près à recevoir un assaut attendu. Elle savait ce qui se passerait. Le rire à la je-suis-un-vilain-tremblez-mortels-sans-défense était le même depuis longtemps et elle ne l’avait pas imaginé mais bien entendu de la bouche même de la femme. Il annonçait le début des hostilités, le cortège de morts et de culpabilité.


Mais à nouveau, rien ne se passa comme prévu. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle se trouvait bien dans le cachot habituel. Mais, il avait un petit quelque chose de différent. Il y avait bien cette présence, celle de K… Ah non, nouvelle surprise. Elle n’était pas seule mais il ne s’agissait pas du corps recroquevillé de Kirfdéin. Il.. Elle était immatérielle et pourtant tellement là. Qu’est-ce que ?... La Mentaï n’était jamais rentré dans le cachot, ni dans la réalité, ni dans les cauchemars. Quelque chose n’allait pas. Il y avait un truc différent. Son esprit analysait la situation pesant le pour et le contre pendant que son elle immatérielle tentait de ne pas se perdre à nouveau dans ses peurs. Il y avait quelqu’un d’autre. Dans sa tête ?... Non impossible et inimaginable, même dans un rêve. Elle ne comprenait plus. Sa projection d’elle-même réagit à sa place et comme tous les personnages oniriques elle y alla à l’instinct. Les rêves ne réfléchissent pas, c’est bien connu :za :


-Qui… Qui est là ? Balbutia-t-elle tant bien que mal.


La guerrière n’aurait pas voulu demander ça si elle avait été en pleine possession de ses moyens. Elle se serait tu, elle aurait essayé de se réveiller, de fuir un truc aussi improbable qu’un rêve qui parle longtemps et bien par-dessus le marché… Mais son autre elle, celui qui était innocent et un peu naïf, la retenait sur place. La maintenait dans la sphère d’influence du cauchemar bizarre. En même temps, caché et bien enfuis sous la peur et la culpabilité, il y avait aussi de la curiosité. Qu’est-ce qui se passait ? Comment se finirait ce rêve ? Qu’est ce qui l’avait déclenché ? Pourquoi était-elle attirée par ce puits bleu unique ? Pourquoi s’acharnait-il/elle à l’enfoncer dans la culpabilité alors qu’elle commençait à s’en sortir. Elle n’avait pas le souvenir qu’on lui ait un jour dit que les rêves avaient une conscience et qu’ils pouvaient être bénéfiques ou maléfiques. Tout se tordait dans sa tête : ce qu’elle pensait vraiment, ce que sa projection ressentait, voyait, touchait et disait. D’ailleurs sa projection était aussi perdue qu’elle. Elle errait dans sa tête. Etrange sensation que de s’imaginer soi-même. Cette pensée s’échappa aussi vite qu’elle était arrivée. Les rêves ne veulent pas que tu réfléchisses. Agis ou fais-toi bouffer par le monstre imaginaire qui te réveillera en sursaut.


Soudain, elle oublia qu’elle rêvait. Halina avait croisé de nouveau l’œil unique et elle replongea. Comme un toxicomane qui tente de se sevrer, elle retomba dans sa peur et faillit une nouvelle fois s’y noyer. Elle perdait pied trop vite. C’était pathétique à quel point ce visage, cette silhouette la paralysaient. La rendait inoffensive. Une poupée molle. Où disparaissait son esprit combattif à chaque fois que les deux brunes se rencontraient ? Comment pouvaient-on changer à se point face à des personnes différentes. Devant Ichel ou Lya, Halina s’était montrée plus que déterminée et là, face de nouveau à son… opposée ? Ennemie ? elle ne pouvait plus rien faire.


-Qu’est-ce que ?… Tenta-t-elle avant de réussir à articuler, pétrifiée de peur : Qu’est-ce que vous me veulez encore ?



[ Avec un peu de retard ! Hope you enjoy ! I love you ]

Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeSam 11 Fév 2012 - 19:39

Et nos chimères de danser –infernales
Une bataille, de conscience à conscience, de toi à moi, sauf que je suis autant toi que jamais, et parasite et éternelle. Un vertige d’épuisement et d’assouvissement, c’était ployer les Spires d’une manière étrange, les assujettir à créer des images et des sensations, à les limiter au seul esprit d’Halina, à confronter les barrières et éviter de se distiller l’une dans l’autre.
Elle sentait les émotions d’Halina lui empoisonner la raison comme s’ils étaient les siens. Cette peur qui la gouvernait et qui se confrontait à la rationalité humaine qui lui disait que rien de tout ceci n’existait en dehors de leurs esprits respectifs. Halina se perdait dans son cauchemar et sa peur la rendait erratique, irrationnelle, en un mot vulnérable à ce que Marlyn raccroche son emprise plus avant sur son esprit.
Cette peur qu’elle aurait dit sienne tant elle la ressentait fortement… mais c’était une épreuve des plus exquises que de parvenir à conserver sa propre identité et le contrôle des évènements alors que les propres chimères de la Mentaï menaçaient de déborder et de transformer le cauchemar en une horreur des plus sublimes.
Les mots de la petite élève trébuchaient dans sa conscience et sortaient hachés, teintés du désespoir infini que seuls savent procurer les songes oniriques. Pour un peu, Marlyn en aurait encore ri. Cette voix si promptement dominée et pétrie de terreur.. elle croirait presque s’entendre elle-même quelques années auparavant.

Et la faiblesse de son interlocutrice, toute semblable à sa propre faiblesse alors qu’elle avait son âge, la faisait exulter ; que les autres subissent, et qu’ils s’y immolent également, qu’ils s’écroulent aussi bien que je me suis écroulée, et qu’ils souffrent, tous, qu’ils souffrent…

Les murs du cachot se brouillaient périodiquement quand l’attention de la Mentaï se relâchait. Quelque part dans l’horizon lointain de la réalité, elle sentait son corps commencer de se crisper et une perle de sueur dégouliner le long de sa tempe – elle en serait sûrement quitte pour une migraine monumentale et une faiblesse de quelques heures, mais qu’était-ce que comparé à toutes ces impressions nouvelles et à ce pouvoir infini de nuire à autrui ?
La voix d’Halina se répercutait à l’infini dans leurs esprits, et toujours en filigrane, de manière beaucoup plus faible et tout aussi inconsciente qu’auparavant, ce « Disparaissez ! Disparaissez, disparais, disparais… » continuel.

- Ce que tout être humain veut au fond chez les autres ; les détruire.

Détruire ta sanité et tes rêves de sainte-nitouche, ton espoir que le Chaos avait été vaincu fleur à l’épée et qu’il n’y avait plus dans le ciel que le soleil, et plus aucun nuage pour le teinter d’encre. Détruire tes illusions comme ton esprit cherche à me détruire, là, présentement, à détruire cette image de moi que je projette, comme un anticorps s’attaque au virus qui le paralyse.
Le cachot se modifiait légèrement, les moellons avaient une autre disposition et tout autant de poussière recouvrait le sol glacial, et des cris perçaient à travers des murs épais, des cris distendus et irréels, quasi éthérés et rendus à l’infini par l’écho.
Il y avait les cris de Kirfdéin, tirés de leurs souvenirs respectifs, quand Halina tremblotait dans sa cellule et que Marlyn assistait, stoïque, à la torture de cet élève dont les mercenaires cherchaient à tirer les informations. Il y avait les cris d’autres élèves qui aidaient à former la symphonie, des élèves sans nom dont elle ne se rappelait même plus le visage ; il y avait aussi les hurlements de Slynn Ar’Kriss, aussi grossiers qu’était sa personne et aussi faibles que sa volonté ; et enfin au fond, d’autres cris, plus lointains, moins précis ;

Mais Halina n’avait pas besoin de savoir à qui ils appartenaient.

- Etrange, que l’on n’entende pas les tiens.

D’autres sons remplirent l’espace, Marlyn prit conscience à ce moment là que ses Spires avaient reproduit le cachot de ses propres souvenirs, quand elle avait passé deux semaines dans le noir et le froid, et non plus la geôle d’Halina et Kirfdéin.

Intriguée autant qu’agacée par cette intrusion de ses propres souvenirs dans leurs têtes, elle fit un effort supplémentaire et les contours fondirent de nouveau, la moissisure suintant des murs coula, et les noir complet s’abattirent autour d’elles alors que plus aucun environnement n’apparaissait à leurs moi-cauchemars ; mais ça n’avait pas d’importance, puisque les sons restaient, et le vertige d’une chute infinie troublaient leur oreille interne.

- Oh, mais voici tes pleurs…

En effet, la peur d’Halina était telle que son esprit s’immolait en souvenirs et en chimères sans que Marlyn eut besoin de tracter ses Spires plus avant dans sa conscience. Si cette impression dura une seconde ou une heure, qui pouvait le dire, puisque dans les cauchemars, le temps n’existait pas ?
La compassion ne parviendrait jamais à atteindre Marlyn par delà cette carapace de haine et de mépris qu’elle avait forgé autour de tous les êtres qui n’avaient pas souffert autant qu’elle et qui pouvaient s’endormir le soir, la tête plein de fadaises, en croyant que le monde serait toujours aussi parfait le lendemain.

Le Chaos n’avait pas besoin d’hommes pour exister, ni d’organisation, et vaincre un groupement de fanatiques liés par une même cause ne soignerait pas l’injustice triomphante de la vie, qu’Halina et toutes ses amies qu’elle avait trahies par peur n’aillent pas s’imaginer que le bien régnerait car Merwyn leur avait octroyé la liberté…
il avait seulement donné la liberté aux hommes de s’entredévorer et de se combattre pour être le dernier à survivre, au final.

- Tu as tellement peur de moi et tu me détestes tellement que tu veux me tuer ; ça te rend aussi noire et cruelle que moi.

Ou ce que tu t’imagines que je suis : un être désincarné, englué de haine et de vengeance, si profondément inhumain que mes traits se distordent et prennent celui des monstres, incapables de clémence, de merci, ou de sentiments.
Quelle surprise ça lui ferait, à cette petite bien-pensante, de savoir qu’un Mentaï pouvait pu engendrer un enfant, et se couler dans un personnage de jeune noble, provoquer l’amour des hommes et la sympathie des femmes..

- En quoi sommes-nous différentes, dis-moi ? Regarde, même nos cauchemars sont les mêmes..

Et les visuels de se brouiller et leurs souvenirs d’éclabousser leur conscience, les cachots s’entremêlaient aux cachots, tortionnaires sans visage effectuaient la même danse macabre et les cris les uns aux autres se répondaient, cette sensation de froid et de claustration empoissait le cauchemar, la peur qui nouait les nerfs, et l’euphorie presque douloureuse de revoir la lumière du soleil, le ciel, et de goûter à nouveau le vent ;

Les Spires de la Mentaï s’étaient gondolées, abîmées dans la valse de visions cauchemardesques qui envahissaient leur esprit, et Marlyn de regarder ces chimères fuligineuses tourbillonner autour d’elle, un rictus rêveur peint sur ses lèvres cruelles..


Halina Nilsan
Halina Nilsan

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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeLun 13 Fév 2012 - 22:36

Son mantra faiblard n’était efficace mais elle ne cessait de se le répéter, encore et encore. Pourtant, elle n’y mettait pas la concentration et la volonté nécessaire et elle savait pertinemment que ce ne serait pas utile. Elle ne faisait que se persuader de l’inévitable. Halina se sentait dans le même état que des mois auparavant : sans vie, sans force, incapable et souillée. Elle n’arriverait donc jamais à lutter face à cette femme ? Par quels maléfices, parvenait-elle à la rendre aussi molle et malléable ? La guerrière ne se reconnaissait pas, et n’était pas sûre de vouloir se battre contre cette apparition. Elle aurait voulu pouvoir laisser filer, comme elle le faisait auparavant avec les cauchemars. Elle aurait voulu pouvoir se retirer dans une partie de sa tête et laisser le rêve se dérouler sans fin. Elle aimerait que tout ça ne l’atteigne plus. Elle rêvait qu’on la laisse tranquille, qu’il n’y ait plus qu’elle dans sa boîte crânienne et qu’elle n’ait plus besoin de parler d’elle pour que les gens sachent comment elle allait. Lutter contre les autres c’était déjà dur mais lutter contre un envahissement par l’intérieur, s’il s’agissait bien de ça et pas d’un tour de son esprit, c’était milles fois plus dur. Comment trouver les armes contre cette machination ?


Et, il y avait ce détail non anodin qui la rendait de plus en plus certaine que tout ceci n’était pas une création de son cerveau embrumé. La présence dans son cachot parlait trop, et trop distinctement. Les éléments du « décor » macabres semblaient trop réels. Il n’y avait pas cette espèce de flottement, de brouillage caractéristique de ses rêves. Et la Dame savait combien elle avait fait de cauchemars durant cette période... Mais de quoi parlait le rêve ? Il parlait exactement comme la Mentaï l’avait fait. Il se comportait exactement de la même façon. Dédain et rancœur dans la voix. Cette violence latente comme si elle prenait une revanche. Mais pourquoi s’en prenait-elle à elle ? A quoi cela lui servait-il de la détruire à petit feu puis par des flammes ardentes qui envahissaient de plus en plus son esprit ? Elle ne comprenait pas.


Puis, il y eut les cris et Halina perdit à nouveau pied. Trop de cris qu’elle n’arrivait plus à dissocier. Qu’elle ne voulait pas tenter d’identifier. Elle se recroquevilla en position fœtale, ferma fort les yeux et essaya de se boucher les oreilles. Mais, les cris étaient à la fois dans sa tête et dans celle de la Mentaï à l’œil unique et elle ne pouvait donc pas les effacer. La guerrière ne pouvait pas les empêcher de la toucher, de la heurter à pleine puissance. Puis elle perçut un très léger changement qui ne dura qu’un court instant. La pièce résonna différemment lorsqu’elle fit sa remarque acerbe. L’air était différent lorsqu’elle inspira pour ne pas craquer face à la femme qu’elle redoutait. La sensation disparut lorsque la voix s’éteignit. Elles sombrèrent dans l’obscurité totale. Le rêve perdait ses contours et ses repères habituels sans pour autant qu’elle eut l’impression de tomber. Une chute l’aurait immédiatement réveillée en sursaut. Il y eut ses propres pleurs chimériques qui se mêlèrent à ceux qu’elle versait. Encore et encore.


Elle ne comprenait pas ! A quoi est-ce que cela l’avançait de la hanter ? A la faire rire ? Mettait est-ce du bonheur dans sa vie ? Ou est-ce qu’elle faisait ça uniquement pour la voir souffrir ? Qu’est -e qui pouvait pousser quelqu’un à haïr autant l’Humanité ? Quel évènement dans une vie pouvait te rendre aussi haineux et violent ? Qu’est-ce qui peut pousser une femme à ne vouloir que le mal autour d’elle ? Et même loin d’elle ? Puis elle saisit une partie de l’énigme en sentant la chaleur d’une brûlure différente dans son torse. La colère. Cette envie qu’elle tentait de canaliser depuis des mois. La vengeance. Cette noirceur qu’elle refusait d’accepter, qu’elle refusait de laisser gagner. Elle la refoulait depuis sa sortie cette fureur latente. Elle ne voulait pas rentrer dans son jeu. La jeune femme en avait marre de ne pas savoir se défendre. Il y avait certainement d’autres moyens que d’utiliser cette volonté de tuer qui grondait en elle, comme un orage à l’horizon menace sans frapper. Mais elle ne pouvait nier en effet. Elle y pensait. Son esprit torturé et charcuté envisageait et désirait cette solution un peu trop.


Elle ne répondit pas. Il n’y avait rien à répondre. La Mentaï-qui-n’était-décidemment-pas-une-création-de-son-esprit ne faisait qu’affirmer des évidences. Il n’était pas difficile de comprendre l’état dans lequel se trouvait la guerrière. Surtout si, comme le disaient les cauchemars, elle était elle-même passée par là. Il y eut un instant de flottement où les deux femmes semblèrent contempler leurs propres abimes. Et la colère d’Halina faiblit. Il y eut cette espèce de sentiment qu’elle voulut rejeter aussi sec. La compassion. Comment pouvait-elle compatir à face à sa tortionnaire ? Comment pouvait-elle seulement l’envisager ? Elle ne voulait pas pardonner. Ne voulait pas se montrer faible. Il fallait qu’elle soit forte, qu’elle frappe dur et laisse sa personnalité princesse hors de cette histoire. Soupir inaudible. Argumenter. Encore et toujours. Avec des gens qui ne veulent rien entendre. Son avis ne compterait de toute façon. Mais tant pis, autant essayer.


-Je ne te ressemble pas. Je ne suis pas envahie par la colère comme tu l’es. Oui le monde est moche. Oui, les gens ne sont pas tous aussi géniaux qu’on pourrait le croire. Mais merde, la vie vaut la peine d’être vécue !


Son elle onirique était décidemment bien étrange. Un peu bavard, naïf et philosophe. Quand est-ce qu’elle serait assez combattive pour faire sortir l’intrus hors de sa propre tête ? La jeune femme n’en avait pas la réponse et n’en avait pas grand-chose à faire. Elle luttait contre l’afflux d’image et de sons dans son cerveau. Ne pas se laisser à nouveau emporter par la peur, la douleur, la rancune et la culpabilité. Elle devait apprendre à laisser tous ces noirs sentiments ailleurs, ne pas laisser la colère prendre le dessus et se concentrer sur l’avenir. Il y avait du boulot.


-Rien n’est tout blanc ou tout noir. Il faut saisir les nuances et encaisser les coups. J’vais pas me laisser dépérir à cause de toi… J’veux pas devenir aussi décrépie que tu l’étais dans mon souvenir…


C’était peut-être pas la meilleure solution que de lui rappeler les traces sur son corps mais Halina ne réalisait pas tout à fait ce qu’elle faisait. Les stigmates physiques avaient peut-être disparu mais les scènes défilantes étaient bien réelles et montraient sa propre douleur et ses névroses. Il y avait une explication à sa noirceur. Une explication douloureuse qui pouvait donner en effet envie de détester le monde entier et de ne plus croire personne. Ne pas accorder sa confiance. Pour toujours rester soi-même. Mais la guerrière n’était pas une solitaire, elle n’aimait pas le prix à payer pour assouvir une pseudo-vengeance et elle n’en voulait pas contre le monde entier. Mais il était vrai que tout cela l’avait changé au plus profond d’elle-même et elle se faisait peur.


Where is my mind ?



[Peut-être une édition demain, en attendant, je vais dormir. N'envahit pas mes rêves angel ]

Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeDim 19 Fév 2012 - 21:24

Il y avait quelque chose de terriblement attendu et de prévisible dans les propos d’Halina.
Et en son for intérieur, Marlyn aurait été déçue de ne pas les entendre. L’Académie de Merwyn avait toujours eu cette capacité de placer ses élève dans un cocon de cristal, un prisme magnifique au travers duquel ils voyaient le monde et qui en atténuait la couleur rouge sang, la remplaçait par le vert de son parc et le bleu lagune de l’horizon. On s’y croyait en sécurité, on y vainquait ses ennemis et personne ne manquait de rien, les nobles n’étaient pas mieux lotis que les pauvres. On apprenait à se battre pour se tuer de la même manière, et dans les champs célestes de la Dame, on disait que tous les hommes seraient des morts égaux.
Cette impression d’harmonie qui entourait les bâtiments de l’Académie de Merwyn, Marlyn l’avait ressentie, elle qui s’était crue invincible entre ses hautes murailles, elle avait cru que la monstruosité du monde ne pourrait plus jamais l’y atteindre et qu’il suffisait d’apprendre à se battre pour le rendre meilleur. Elle avait oublié la misère de la grande majorité de la population et la haine humaine qui habitait tous les cœurs devant l’inconnu. Elle en avait même oublié jusqu’à la haine que les mercenaires portaient au monde, jusqu’à en être infectée.

Oui, la vie valait peut-être la peine d’être vécue dans ce petit écrin hors du monde qu’avait réussi à créer Merwyn pour entretenir une poignée d’élus dans l’illusion des merveilles du monde. Mais Halina, une fois sortie de ces ornières dorées, quand elle se retrouverait sur les routes, et qu’elle verrait qu’un brigand n’a pas de cœur, et qu’un marchand n’a pas d’honneur, qu’une mère tuerait son petit pour avoir un peu d’argent et qu’un homme s’avilissait pour un quignon de pain….
Qu’elle s’imagine que la noblesse de Gwendalavir souriait paisiblement au monde en priant la Dame pour leur chance ! Marlyn était entrée depuis peu dans l’envers de ce décor plus pourri encore que les autres, y avait découvert les intrigues désincarnées et la morgue inhumaine, le génie qu’a l’être humain pour amener l’art de la rouerie et de la fourberie à sa perfection pour nuire aux autres.

Les rires d’Halina quand elle se trouvait avec ses amies ne durerait pas longtemps, une fois qu’elle grandirait et qu’elle sortirait de là. Marlyn lui souhaitait de souffrir et de perdre toutes ses illusions sur le monde. Sans violence, sans à coup, mais elle lui souhaitait de s’engluer dans ses sarcasmes en comprenant petit à petit que le monde n’avait jamais rien eu de beau, et de vieillir aigrie, de se ratatiner autour des quelques convictions qu’il lui restait, pour finir par implorer la Dame que la réincarnation dans les champs célestes à ses côtés soient meilleurs.

Et là, alors, elle se laisserait dépérir, avec ses paroles toutes pleines du miel des gens déjà vieux.

Qu’elle profite du temps qu’il lui restait à être heureuse, oui, à croire que le malheur était incarné par des gens comme elle et son œil unique, et qu’elle croit qu’était noire la colère et les mensonges et les tortures, alors qu’en fait, ils n’étaient qu’une autre forme d’éclairage sur le monde.

La colère latente dans les veines de Marlyn l’empêchaient de se concentrer pleinement. Comment pouvait-elle, cette petite gourde qui avait pourtant vécu dans des cachots et vu ses amis se faire torturer, comment pouvait-elle croire encore à la bonté du monde ? Comment pouvait-elle croire que le mal ne persistait pas, alors que Marlyn était la preuve vivante qu’on ne pouvait pas l’éradiquer ? Infectée du mal qu’on lui avait fait et du mal qu’elle ressentait, elle avait tenu l’orgueil jusqu’à survivre à ceux qui croyaient en l’harmonie.
Jusqu’à recommencer encore sa vie, changer encore de corps alors que des plus « méritants » avaient péri sous ses lames et ses poisons.
En quoi le monde était juste, dis-moi…

- Et pourtant, regarde-moi, le monde n’a pas réussi à m’atteindre, puisque je suis encore là, et que c’est toi qui est décrépie. Tes cauchemars sont autant de cicatrices.

Le monde se brouillait. Loin au fond de sa tête, Marlyn sentait la fatigue poindre dans ses membres ankylosés et les Spires perdre de leurs forces. Elle devait faire de plus en plus d’efforts à chaque seconde qui passait pour maintenir ce contact onirique, alors même que la présence de la conscience d’Halina se renforçait dans son propre esprit. Leur lien de contact était plus fort, mais la capacité de Marlyn de l’isoler dans un monde de cauchemar diminuait de minute en minute.
En soi, sentir ses propres forces diminuer plaisait à Marlyn, cette sensation d’avoir de l’énergie sans fond à consumer pour le bien des illusions…

- Pourquoi refuser la haine et la colère ? On t’a toujours appris, à moi aussi, que c’était des sentiments négatifs et destructeurs et qu’il fallait à tout prix chercher à les détruire.

Les cris reprenaient en écho derrière eux, en filigrane, beaucoup moins forts qu’avant, beaucoup plus fantômatiques, presque symphoniques. On pouvait trouver de la beauté dans l’horreur, et plus d’harmonie à ce concert d’agonie que dans le son d’une flûte.

- Il n’y a pas de mal à me haïr. Ca te rendrait sûrement un peu moins niaise et un peu moins faible que maintenant.

Des souvenirs d’Halina vinrent buter contre leurs consciences, Marlyn n’aurait su dire s’ils étaient volontaires ou involontaires, d’où ils venaient exactement, mais les chimères s’étiolaient par moments et les ténèbres infinies qui les enveloppaient se striaient parfois de gris, parfois explosaient dans une teinte bleue. Les Spires de Marlyn se confrontèrent à cette nouvelle volonté, on aurait dit qu’Halina se murait dans ses souvenirs heureux pour tenter d’échapper aux paroles pleines de venin de sa tortionnaire.

Qu’à cela ne tienne, et qu’elles basculent donc dans ce petit paradis mental qu’elle s’était constitué. Des visages apparaissaient dans leur tête, étiolées et déformées par le sommeil et par les chimères contres lesquelles elles se battaient ; les cris se transformaient en éclats de joie et en rires, des silhouettes striaient l’univers de couleurs et de chaleur.

Marlyn contemplait tout cela pensivement. Alors l’esprit d’Halina répliquait en faisant étalage de son propre bonheur. Croyait-elle qu’on faisait fuir les vils Mentaïs comme on faisait fuir le Seigneur des Ténèbres dépourvu de nez dans un univers alternatif où la mort volait ?

- Que c’est mignon. Permets-tu que j’y rajoute ma touche personnelle ?

Un petit gloussement d’enfant à peine né emplit leurs oreilles.



Halina Nilsan
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeJeu 1 Mar 2012 - 0:04

Pourquoi la Mentaï semblait-elle si soudainement en colère ? Halina ne comprenait pas la réaction de son interlocutrice à ses paroles. Il y avait comme des éclairs dans son unique œil bleu. Il y avait cette tension dans l’air. Celle de la différence d’opinion. Celle du tes-arguments-neservent-à-rien-de-toutes-façons-je-ne-veux-pas-t’écouter-t’es-naze. Elles ne débattaient pas. Il n’y avait même pas débat puisque Marlyn, éprouvée par son existence était devenue imperméable à la nuance et puisque la guerrière ne voulait pas refuser de donner une chance à l’Humanité. Elle connaissait la méchanceté et les bassesses. Elle avait côtoyé l’égoïsme et la violence. Elle avait voyagé dans l’Empire. Elle avait vu le monde. Elle avait pris des coups aussi. Elle avait eu mal. Et pourtant, elle voyait des gens tous les jours qui ne manquaient pas de lui rappeler pourquoi elle pouvait croire en la vie. Elle était arrivée à l’Académie, les yeux voilés par un filtre rosâtre et aujourd’hui elle voyait très bien les nuances. Elle saisissait la bêtise humaine et des sentiments tels que l’amour ou l’amitié. Halina ne voulait pas perdre espoir. Sinon, quelle raison y aurait-il à vivre ?


La jeune femme écouta d’une oreille distraite le réquisitoire répétitif de la femme. Elle l’avait déjà maintes fois entendu. Il était toujours identique. Des mois c’étaient écoulés depuis sa capture et elle parlait toujours de colère et de haine. Peut-être un rêveur avait soigné ses cicatrices externes mais elle devrait se pencher sur les blessures internes de son cœur. Et certainement de sa raison. Qu’il était triste de s’enrouler ainsi dans son dédain et dans sa haine. Qu’il était vain de la croire assez stupide et niaise pour ne pas avoir conscience qu’elle allait mal et qu’elle était en colère. Il était facile de le deviner. Il était aisé de déduire que de sa prison de pierre et d’esprit, elle avait imaginé des centaines de manière de la faire souffrir comme la Teylus avait souffert. Il était beaucoup plus dur de ne pas tomber dans la morosité et dans la violence. Le défi était bien plus grand si on se battait pour s’en sortir plutôt que de courir derrière une chimère comme un détraqué.


-Crois ce que tu veux, osa son autre elle, tellement loin de ses propres réactions. Si ça peut t’abimer encore dans ta propre agonie.


Elle se sentait en effet moins faible et lâche depuis qu’elle avait compris la colère qui bouillonnait en elle. Cependant, elle était plutôt prompte à la colère de manière habituelle. Il y avait eu Lya, lors de leur première rencontre. Il y avait eu le Trésorier, les mercenaires, Kylian, Cérys et puis Elle. Mais Halina n’était pas idiote, elle avait bien remarqué un changement dans les braises de la colère. Elles étaient devenues flamme et brasier de haine. Elle ne voulait pas reconnaître que la Borgne avait raison. Elle ne voulait pas avouer qu’elle avait peur. Elle ne voulait pas lui monter que la Mentaï n’avait pas toujours eu tort et que parfois, elle craignait de devenir comme elle. Lassé et dégoûtée de la vie ou de l’Humanité. Elle qui voulait depuis toujours défendre la veuve et l’orphelin risquait bien de tomber du mauvais côté. Elle se faisait peur. Cette métamorphose l’angoissait. Elle n’était plus sûre de savoir où elle allait. La guerrière craignait savait qu’elle ne serait plus jamais la même mais elle ignorait où ça la mènerait. Elle ne voulait même pas y penser.


With your feet in the air and your head on the ground
Try this trick and spin it, yeah
Your head will collapse
But there's nothing in it
And you'll ask yourself

Where is my mind
Where is my mind
Where is my mind

Way out in the water
See it swimmin'



Elle fut ce qu’elle faisait le mieux. Elle fuit la question. Elle se réfugia dans ce qui lui semblait être le mieux pour elle. Dans tous ces souvenirs heureux qui la caractérisaient. Dans ses amis. Dans ses éclats de rires. Dans l’amour. Dans les joies simples du quotidien. Dans les grands évènements heureux de son existence. Dans la vie. Dans tous ces petits bonheurs qui, réunis, peuvent éclipser la douleur, les doutes et ses remords. C’était loin d’être la vraie vie. C’était loin d’être une réponse mature à l’attaque frontale de la femme. Elle tirait sur la bande de ses souvenirs. Elle avait du mal à lutter contre les autres sentiments qui tentaient de l’envahir. Elle se battait aussi contre le sommeil qui voulait la tirer hors de cet endroit sans nom. Elle luttait en plus contre la noire volonté de la femme aux cheveux de jais. Elle hésitait aussi à fuir pour de bon, mais quelque chose la retenait encore même s’il lui était impossible de mettre des noms dessus. Peut-être était-ce que l’envie lui en manquait et que la curiosité était toujours supérieure à la peur et à sa lâcheté.


Il y eut un nouveau souvenir de Marlyn. Une pierre jetée dans la mare calme de ses sentiments de bonheur. La surface de se carcasse de protection se fissura. Un bébé. Un nouveau-né. D’abord, elle crut qu’il s’agissait d’une nouvelle torture d’un genre bien glauque qu’elle allait lui offrir là. Elle n’était pas sûre de pouvoir supporter ça. Et puis, elle comprit. C’était le siens. C’était son enfant à elle. Halina n’en revenait pas. Comment quelqu’un qui déteste le monde entier peut-il avoir l’envie d’enfanter ? Parce qu’elle exposait son gamin, qui n’avait rien demandé à toute la bassesse du monde. Elle plaignait cet enfant qui n’était décidemment né à la meilleure place. La personne qui l’avait accouché savait-elle à qui elle avait affaire et qu’elle vie elle venait d’offrir au gosse. La femme allait-elle l’aimer ou se comporter en noble de base et le confier à une nourrice puis à un percepteur pour ne s’en occuper seulement quand il sera en âge d’avoir des discussions et de comprendre une consigne. Elle connaissait beaucoup de gens qui n’avaient pas été élevé par leurs géniteurs et qui avait plus d’amour pour la femme qui s’était occupée d’eux.


-Fais bien attention qu’il ne préfère pas sa nourrice à sa mère. Il pourrait bien devenir un de ces "niais" que tu détestes tant.


Sa voix avait été posée, calme d’apparence. Provoquante. Inutile. Mais en même temps, son elle onirique était tellement changeant qu’elle se découvrait de nouvelles facettes de sa propre personnalité. Cette spontanéité qu’elle avait perdue pour se protéger. Pour se forger une armure. Elle avait mis beaucoup de chose dans des petits coffres bien protégés. Elle devenait plus détachée. Parfois seulement. Parce que rien que le souvenir des cris la mettait dans cet état d'angoisse caractéristique. L'espace d'un instant, elle se crispa de nouveau et l'univers repris ses couleurs mornes et froide. Puis il se teinta de nouveau. D'étonnement. De curiosité. Une personne aussi pleine de ressentiment pouvait-elle vraiment ressentir de l’amour pour quelqu’un ? Cet enfant était-il né d’une union passionnée ou bien arrangée ? Etait-ce considéré comme non-assistance-à-personne-en-danger que de le laisser à la Mentaï ? Ne faudrait-il pas aller le lui voler pour son bien ? La guerrière, incrédule continuait d’observer le nouveau-né, elle n’arrivait plus à réfléchir rationnellement. Elle ne savait même pas s’il s’agissait d’un souvenir de la femme ou bien d’une création de son esprit embrumé. La jeune femme passa une mains dans ses cheveux, détendant un peu ses muscles recroquevillés.


Elle n'était pas bien sûre de vouloir continuer cette discussion qui ne rimait à rien. Et en même temps, face à cette femme si étrangère à toutes ses propres habitudes, Halina avait l'impression d'être face à un nouveau défis. Tout était si différent. Comme si elle s'éveillait d'un long rêve de couleurs chatoyantes. Peut-être que la mercenaire n'avait pas trop. Peut-être que tous les Hommes étaient condamnés à la violence et à la colère. Peut-être que l'innocence n'existait plus que pour de rares enfants. Peut-être qu'on les confrontait tous à une autre réalité. Une dimension noire et fanatique de l'être Humain. Comment continuer à croire en l'espoir, en la bonté et l'amour ? N'est-ce pas le monde magique des enfants heureux et des monstres gentils? La guerrière avait évidemment des doutes. Elle si prompte à se battre pour ses opinions, ne prouvait-elle pas justement qu'elle était comme les autres? A régler ses problèmes dans le sang? A chaque fois qu'elles se rencontraient, toutes les certitudes de la jeune femme finissaient par voler en éclat et ces brisures par la blesser. En fait, ce n'était pas vraiment la Mentaï qui la torturait... Elle l'avait tellement bien cernée que par quelques phrases bien placées, elle finissait par se torturait tout seule. Ses doutes la torturaient. Le monde avait de nouveau perdu ses couleurs et même ses sons ou ses odeurs. Un silence total. Une absence de sensation bien angoissant. Un tableau noir sur lequel peut venir crier la craie.


-T'es vraiment douée dans ton domaine hein?... Murmura-t-elle en brisant le silence qui s'était installé entre elles.



[ La fin est pas géniale géniale I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] 327215 J'verra demain si je peux arranger ça ! Ah, j'aime beaucoup ce rp I love you ]

Marlyn Til' Asnil
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeLun 5 Mar 2012 - 17:26

Agonie.
Agonie.
Agonie !

Elle était bien bonne.
Marlyn ne s’était jamais sentie aussi bien et aussi puissante depuis des années, depuis que ses souvenirs avaient cessé d’être des fragments éclatés, dispersés et imaginaires, éventés par les évènements et par la violence. Elle avait fini par remettre sa vie dans des ornières stables et stopper la tempête de sang et de cris qui la ballotait et la brisait depuis des années.
Sa colère avait été canalisée par le renouveau de son corps ; le risquer de nouveau était hors de question, et le goût de la mort était encore trop présent sur ses lèvres pour qu’elle boive une fois de trop à sa coupe. Elle avait construit une image derrière laquelle elle s’était coulée, comme le métal en fusion dans le creuset, elle avait amené à terme un enfant et retrouvé son amant, et elle était devenue puissante au point de pouvoir accrocher l’esprit de victimes pour y instiller des cauchemars, et contrôlée suffisamment pour assassiner des cibles qu’on lui assignait sans que le monde ne s’écroule en brasier autour d’elle.
Et cette petite gourgandine qui croyait qu’on était à l’agonie parce qu’on ne croyait plus en la beauté du monde ! Qu’on ne voyait pas la même beauté dans les êtres ! Comme tous les hommes, Marlyn avait le souffle coupée lorsqu’elle voyait l’arche ou qu’elle prenait la peine d’admirer les beautés d’Al-Jeit, comme tous les hommes elle savait apprécier un coucher de soleil rouge sanguin sur le Pollimage et le chant de la Dame dans les profondeurs. Mais elle n’en tirait pas d’espoir en l’humanité.

Les images de son enfant éclaboussèrent un instant leur réalité, des images floues et rares, nourries de sons distendus, les quelques-uns qu’elle avait entendu, du peu de contact qu’elle avait eu avec cet enfant envers lequel elle n’éprouvait aucune espèce d’affection. Il n’avait pas de véritable nom, il n’avait pas encore été vu par son père, il n’avait pas d’avenir défini, seulement un cocon de confort dans lequel il était maintenu, à l’écart et sans ostentation, par sentiment de devoir, mais pas par amour. Détachée de ce lien que la société humaine voulait qu’elle forme avec le fruit de sa chair, Marlyn fit disparaitre ces images d’un geste nonchalant, car l’objectif était atteint en soi.
La mine ahurie et horrifiée d’Halina, bouleversée et confortée dans ses idées bien-pensantes, lui suffisait, suffisait à réveiller chez elle une hilarité morbide, cette même hilarité qu’elle avait éprouvé alors qu’Anaïel épargnait sa vie, lors de leur combat sauvage et primaire, par bonté d’âme, et pitié pour un être qui n’existait même pas encore. Quelle belle agonie qu’était-ce là.

- Né de pareil monstre ? Voyons, il ne peut devenir qu’un monstre aussi
, siffla-t-elle entre ses dents d’un ton ironique.

Son esprit était si bien collé à celui d’Halina que les sensations primaires de cette petite élève et ses pensées les plus brutes se répercutaient dans la tête-même de Marlyn, et les frontières qui empêchaient leurs deux esprits de se déverser l’un dans l’autre ne cessaient de s’estomper avec le temps et à mesure que Marlyn maintenait le contact de force. Le noir complet et la chute infinie dans lequelle elle les avait plongées ne relevait plus tout à fait du cauchemar et leurs corps-images s’étaient atomisées. Ne restait que leurs voix, et des sensations, des pensées en écho et des chimères en décor, des images projetées distordues dans leur inconscient.
Et Halina manifestement, dans sa haine primale, ne pourrait jamais envisager qu’une horreur qu’un enfant puisse être élevé sans amour. Avec ses pensées bien trop modernes pour son âge et la réalité dans laquelle ils vivaient, cette pensée bien trop utopique, alors même que l’amour dans les familles ne composait même pas l’équivalent à dé à coudre dans l’océan d’égoïsme et d’opportunisme qu’était Gwendalavir.

Penser à son enfant plongeait Marlyn dans une amertume gênante, une sensation de vide qu’elle savait devoir remplir mais dont elle était parfaitement incapable, et le silence régna dans le néant de leur esprit, dans cette chute vertigineuse de sensations étiolée seulement par les rires et les visages des amis d’Halina qui passaient parfois entre elles, comme autant de comètes mentales.

Marlyn sentit son esprit s’étioler brusquement, comme un main qui enserre un cœur pour l’extirper de sa cage thoracique. Mais ça ne pouvait être l’esprit d’Halina, perdu dans des doutes suintants qu’elle sentait en écho dans son propre esprit de Mentaï-agonie. Elle entendait la voix du doute très loin dans le coin d’inconscient commun qui commençait à se développer entre elles.

Je suis vraiment douée dans mon domaine, hein…

Son corps s’était effondré sur le sol.

faute d’énergie pour contenir les convulsions qui l’avaient saisi, elle en voyait les contours flous au travers du prisme infini et éternellement sombre de ses Spires, elle sentait le contact chaud des tapis mais pas celui de la fatigue, et pendant ce temps l’esprit d’Halina s’effondrait moralement aussi, et malgré tout Marlyn se mit à rire, rire, encore, d’ironie, de pitié, de tout et de rien, une bonde mentale qui lâchait subitement avec l’échec de son corps à se maintenir.
Qu’elle doute, qu’elle doute, on ne tuait pas une idée, jamais, elle restait rivée à votre esprit comme un boulon et projetait ses ronces, et elle vous faisait mal jusqu’à ce que vous y cédiez ! Le doute d’Halina nourrissait son rire, parce qu’elle y reconnaissait les siens, cet abîme intellectuel où tout repère disparaît, comme les attaches de ses propres Spires commençaient à se convulser et à s’étioler, comme un pont dont les attaches lâchent une à une.

- C’est ça ou mourir, ou verser dans la folie. Essaie de tuer ton doute, maintenant, vas-y, essaie. Tu arriverais plus facilement à me tuer, même moi, qui n’existe que dans ta tête, même moi que le monde a toujours voulu tuer, et pourtant rien n’est plus puissant que le doute, c’est la seule vérité qui existe !


Ses propos étaient délayés comme son attention alors qu’elle bataillait pour remonter le fil de ses propres Spires et de se dissocier de l’esprit d’Halina qu’elle sentait s’amalgamer au sien. Retrouver le chemin de son corps, ne pas le perdre dans l’infini tourbillonnant des Spires. Peut-être qu’un moment, sa présence diminua dans l’esprit d’Halina au point qu’elle dut se croire sauvée, peut-être qu’elle ne l’entendit plus pendant un moment et que le noir semblait moins infini et les chimères moins dévorantes ;
Au bord des Spires comme au bord d’un gouffre, à la limite de la rupture de contact, la Mentaï reconstruisit patiemment le réseau de sensations qui la liait à son corps, cligner des yeux, replier les jambes, redresser l’échine, rééquilibrer sa longue silhouette et retrouver Marlyn-le-corps et non pas l’Imagination comme seule réalité. Son corps craqua cahin-caha et elle put effectuer quelques pas pour se replacer dans le fauteuil qui lui servait de rivet, et n’y plus sortir.
Ne plus s’oublier. Ne pas se laisser engloutir par trop de pouvoir, trop d’envie, trop de folie. Ne plus verser dans l’excès. La Mentaï prit soin de garder toujours dans un coin de son esprit la conscience de son corps, loin ; et au moment de se déverser de nouveau complètement dans l’esprit d’Halina, elle crut un instant l’avoir perdue, avoir laissé le temps à la jeune fille de construire des défenses mentales capables de la repousser.

Elle dut forcer aux limites de son esprit pour s’y réinjecter comme une drogue, et tout l’esprit d’Halina s’arqua à cette nouvelle intrusion, plus fort qu’avant ; les deux ennemies commençaient à s’imprégner l’une de l’autre au point de pouvoir se combattre, se différencier.
Halina était-elle en train de se réveiller, à en croire les soubresauts mentaux que subissait Halina.

- T’aurais-je manquée ? Tu ne peux tuer ta peur, et je suis ta peur. Comment peux-tu seulement espérer m’échapper ? Le monde est-il toujours aussi beau que tu t’obstines à le croire ?

Une pause, un instant le monde faillit retourner dans le noir complet mais l’univers resta cantonné à celui de l’Imagination, plus construit, et plus clairement tentateur qu’auparavant. Halina perdait en force, la rupture momentanée avait définitivement empêché Marlyn de polluer complètement l’espace mental de l’académicienne. Et même si elle ne pourrait plus maintenir le contact très longtemps, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une félicité suprême à instiller le doute empoisonné dans un esprit aussi jeune et bien-pensant.


- Halina, où es-tu ? Halina, aide-moi, j’ai besoin d’aide, j’ai si peur dans le noir, Halina, Halina, sauve-moi, Halina sauve-moi Halina.. fit une petite voix enfantine dans leur esprit.

Et l’idée d’un corps enfantin, un peu trop grand pour son âge, un peu trop pâle, au visage mal défini, et qui avait malgré elle des inspirations sur la petite fille que Marlyn avait rencontrée dans la salle d’eaux de l’Académie, et qui pourtant n’était pas elle, mais une figure qui avait pris possession, avec la perte d’énergie et dont elle se régalait dans la complaisance de ses propres chimères.

- Halina s’il te plaît, les démons ils me poursuivent , je vais mourir si tu me sauves pas, Halina j’ai rien fait Halina j’ai froid Halina Halina.

L’esprit de Marlyn contemplait cette création spirituelle avec détachement et ironie, cette petite forme brisée qui se précipitait vers la forme-cauchemar d’Halina qui s’était reformée à mesure qu’elle reprenait le contrôle de son esprit.

- Et bien, sauve-la, voyons. Un enfant, c’est innocent. Mais si jamais tu la sauves, peut-être qu’elle tuera des gens, après ? Peut-être qu’elle torturera des jeunes académiciennes, après ? Peut-être qu’elle envahira tes cauchemars, après ? Ce n’est qu’une petite fille. Sauve-la. Elle n’a encore rien fait. Sauve-la. Regarde, elle a mal.

Et les Spires produisirent un petit gémissement de douleur, et le petit corps de s’effrondrer en sanglotant, et toujours en écho,

« Sauve-moi Halina Halina s’il te plait j’ai froid je t’en prie Halina sauve-moi Halina Halina… »


Halina Nilsan
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeLun 26 Mar 2012 - 22:24

La Mentaï répondit à Halina par le rire. Ce rire qu’elle avait déjà entendu auparavant. Ce rire qui lui glaçait le sang. Qui la ramenait paralysée dans les bras des mercenaires des mois plus tôt. Ce rire si spontané qui la faisait frissonner d’effroi. Elle se riait de ses doutes. Elle riait à sa victoire sur elle. Elle se riait de leur monde égoïste. Elle lui riait à la face. Elle l’enfonçait de son mépris, toujours plus profondément dans l’obscurité. Ce rire lui faisait si mal. Il la transperçait de part en part. La clouant sur place. La plongeant dans l’abime du doute et de la peur. Parviendrait-elle un jour à lui échapper? Parviendrait-elle un jour à lui faire face, le cœur vide de doute et de terreur? Rien n’était moins sûr. Halina était faible. Elle n’était vraiment que la chose fragile que décrivait Lian. Elle dépendait trop de ses émotions. Celles-ci l’étouffaient. L'empêchaient d'agir. Dès que la menace n'était plus concrète, elle perdait tout ses moyens. Sa tête retrouva une place entre ses bras, dans ce cocon à la protection factice que formait son corps. Elle tombait encore. Comme à chaque fois que la Borgne faisait s’effondrer ses certitudes.


Celle-ci finit par s'arrêter de rire et répondit vraiment au murmure de son interlocutrice. Elle la défiait de tuer son doute, elle la défiait de la tuer. Elle citait des vérités. Elle les lui jetait à la figure. Mais, la voix de la Mentaï s’étiolait. La silhouette se flouta un instant. Le monde sembla se désincarner, se déliter. Et Halina ne le voyait pas, recroquevillée comme elle l’était. Elle ne pouvait pas voir qu’elle aurait pu saisir cet instant pour s’échapper de l’emprise qui faiblissait. Elle ne vit pas qu’elle était seule durant cet instant. Elle n’entendit que le silence, qu’elle prit pour une nouvelle pratique de la femme. Elle n’était pas vraiment à l’écoute. Elle ne sentit pas non plus le monde créé par la femme commencer à disparaître. Elle luttait avec elle-même, elle luttait avec ses faiblesses, tentant de les empaqueter pour les rendre moins envahissantes. Elle ne voyait pas l’ouverture que lui laissait la Mentaï en cet instant, le moyen de l’empêcher de revenir. Il aurait été si aisé de prendre le large. Si simple de se rendormir. Mais non, comme à son habitude d'héroïne désespérée, elle préférait ruminer sur son sort. Se lamenter de ses malheurs. Faire comme si elle charchait une solution. Comme si elle tentait de tuer le doute. de tuer la femme.


Mais, il y eut un moment où un bout d’elle sentit que quelque chose avait changé. Sa fatigue avait trouvé un moment de la rendormir et soudainement, ses pensées furent moins claires et les couleurs changèrent. Et elle sut. Elle sut que l’esprit de la borgne luttait avec son esprit à elle pour revenir la hanter. Qu'elle était partie puis revenu. Qu'elle avait manqué LE moment intéressant. Alors Halina engagea un nouveau combat, mental cette fois. Elle tenta de mettre en place ses barrières mentales. Elle tenta de blinder son esprit, elle tenta de lui en interdire l’accès, elle tenta de le rendre impénétrable par qui que ce soit. Mais le défi était trop grand pour si peu de temps. Et, elle avait des traîtres dans son bastion. Il y avait un bout de la femme qui était resté, depuis sa capture. Insidieux, il s’était frayé un chemin et avait maintenant une bonne place dans sa tête. Il y avait aussi tous les doutes que la Borgne avait distillés en elle. Et, il y avait enfin sa haine qui menaçait de brûler les défenses. Halina n’était pas désarmée mais pourtant elle ne le savait pas. Si on filait encore un peu plus la métaphore, on pourrait dire que la guerrière ne se souvenait plus où elle avait caché ses armes.


Ainsi, la Femme revint en force. Elle balaya les défenses. Souffla les barrières. Renversa ses certitude. Toujours aussi puissante. Mais la guerrière savait maintenant qu’elle pouvait lui faire face, qu’elle n’était pas invincible. Du moins dans ce monde-là en tout cas. Il faudrait qu’elle trouve la force de la virer de sa tête. Parce que bon, il ne fallait pas non plus que ça devienne une habitude de squatter. La jeune femme réalisa alors, qu'elle revenait toujours avec les mêmes mots dans la bouche. Les mêmes répliques acerbes. Est-ce que cela ne lui écorchait pas la bouche de répéter les mêmes méchancetés? Son cerveau ne nécrosait-il pas, à force de ressasser les mêmes pensées pleines de bile ? Les mêmes questions qui n’attendaient pas de réponses. Les mêmes moqueries. Encore et encore. Une routine faite d'emmerdement pour les autres. La vie devait être morose pour une femme ainsi. Enfin, non, rectifia un coin de sa tête, elle ricanait tellement qu’elle devait certainement y trouver sa fantaisie. Il devait y avoir un homme aussi. Un homme qui réanimait cet passion et qui lui avait fait cet enfant? Était-ce lui qui l'avait convaincu de le garder? Ou bien était-ce un de ses tours à elle pour l'enchaîner à elle? Quel pathétisme. Halina saturait. Elle s’impatientait. Elle voulait qu’elle parte. Elle voulait que ça s’arrête.


Et la Mentaï utilisa le doute qu’elle avait instillé en elle. Cette stupéfaction face à l’enfant. Cette peur qu’il ne devienne comme elle. Cette angoisse qui lui serrait le cœur. Elle se crispa. Ah, nouvelle leçon de morale. Arrêter d’être sentimentale. Ne plus rien ressentir. Devenir comme elle. Une machine. La guerrière l’imaginait bien déclarer que de tout façons, l’amitié ça servait à rien. Qu’il fallait être plus forte. Tuer ses ennemis de sang-froid. Le doute c’est le mal, ça t’empêche d’avancer. Le monde est moche. Les gens sont hypocrites. Tout le monde il est méchant. Le ciel est noir et les oiseaux sont morts. Voilà. Alors, un gamin qui crie à l’aide qu’est-ce que c’est dans cet océan de noirceur ? Qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire, pour aider ce gosse qui l’appelait ? Il y avait-il seulement quoi que ce soit à faire ? Halina se raccrochait à la certitude que c’était un rêve pour chasser les supplications. Qu’elle ne pouvait rien y faire. Que c’était une scène que lui jouait la Mentaï. Et que surtout, il ne fallait plus qu’elle se laisse influencer. Il fallait que la Borgne n’ait plus d’emprise sur elle. Et ici, il serait plus facile de lui faire quitter sa tête. Elle serra les dents en tentant de fermer son esprit. En essayant de ne pas entendre les cris. Les mettre en arrière-plan. En fond sonore. Halina s’attela à mettre la voix nasillarde Marlyn en fond elle aussi. De la bloquer. Sa spontanéité spirituelle tenta:


-Oh et oui, et puis, je vais me précipiter pour la prendre dans mes bras ce pauvre choupinou d’amour. Nan, mais qui sait, ça se trouve c’est un méchant enfant, endoctriné par ses méchants parents pour tuer tous les Académiciens. Parce que tout le monde sait que le monde est noir et que les gens sont des hypocrites et des niais.


Son elle onirique reprenait de l’ampleur. Il ne voulait plus qu’on le bride. Il avait envie que cela cesse. Pour qu’il puisse à nouveau visiter le pays de rêves tranquilles, croiser des poneys multicolores, des éléphants qui volent ou des paysages colorés. Ça commençait à le gaver le noir et le gris. LA tristesse n'avait jamais été son fort. Par soubresaut, il s’animait pour tenter désarçonné la Mentaï. Son esprit n’était pas un banc public ! On y entrait si on était invité non mais. Elle continua, sachant pertinemment que ça n'aurait aucun effet mais acerbe tout de même:


-Nan, mais t’en as pas marre de répéter éternellement la même chose ? C’est pas lassant à la longue de tenter de faire comprendre à des niais que la vie est moche ?


Puis, il y eut autre chose qui succéda au silence. Le lien entre elles deux s’étira, se contorsionna et accueillit une nouvelle branche. Plus grêle, moins assurée. Et qui luttait contre deux assauts. Ceux d’Halina et ceux de la Mentaï semblait-il. Quelqu’un ou quelque chose voulait interrompre leur échange. Cette chose luttait avec vigueur.… Nan mais oh ! Il y avait soudainement une nouvelle présence dans sa tête Pas que cette discussion l’enchantait au plus haut point mais c’était pour le principe. Décidemment, son esprit allait-il devenir un lieux public ?


Elle s’échina donc à les virer de là. Un peu distante. Elle cherchait une émotion, un mécanisme pour vider sa tête des envahisseurs.


[ Voilà ! Après un certain temps de retard ! I love you Et puis, Welcome Ciléa ! Edition possible, comme d'hab' ! ]

Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeSam 28 Avr 2012 - 16:58


Tout était étrangement soustrait à son contrôle. Elle savait pourtant qu'elle dormait.

Des silhouettes d'ombre et d’une texture flexible venaient se colorer et s’étendre dans les confins de son esprit, trop mouvantes pour qu’elle réussisse à les identifier avant qu‘elles ne changent , silhouette humaine, seule certitude . Puis quelques personnages apparurent plus reconnaissables, assez distincts quelquefois pour qu'elle puisse poser un nom. Ewall d’abord, deux chaines au bras, chaines qui s’entremelaient à sa droite aux mains d’Anaiel, et emprisonnaient à sa gauche les doigts d’une petite fille aux yeux violets qui la toisait de toute sa petite taille, puis de nouveau, extensibles, les couleurs s’étiolèrent pour former de nouveaux personnages; Gwell et Enelye discutant sur un banc avant qu’elles ne s’arretent brusquement, comme si elle cherchaient sa présence de leurs yeux vides . Gwell se leva, automatiquement, avant que la seconde ne lui pose une main sur l’épaule pour la retenir, l’empechant d’avancer. Tout à coup la pierre bleue de la main tendue de Gwell se mit à scintiller et envahie progressivement l’espace de sa couleur, tout devint bleu, bleu pâle d’abord, bleu scintillant comme le saphir, et l’uniformité annihila les distinctions entre silhouette, Gwell et Enelye furent chasser par le monochrome et disparurent instantanément. Puis le bleu se nuança, et Lev lui apparu, plus nettement que toutes les silhouettes, plus précisément peut être que la réalité, sans pourtant que les couleurs soit naturelle. Elle frissonna sans en trouver de raison, pénétrée de l' invraisemblance de sa vision et ses yeux s’ouvrirent sur le noir.

Elle sentait les Spires atteintes dans leurs essence, elle les sentait frémir dans ce demi-sommeil d’Imagination . Bel et bien réveillée cette fois, elle se redressa brusquement sur son lit, ramena ses draps sur ses genoux en les entourant de ses bras nus. Une fois encore elle frissonna, alors que la chaleur ambiante ne lui donnait pas l’excuse de la froid. Doucement elle regagna la conscience du réel, respira plus lentement et alluma d‘un geste doux la chandelle au chevet de son lit .Cette incursion brève lui permit de confirmer ses doutes, la Spirale bruissait, ondulait, déformée par une présence inconnue. Ses yeux fatigué encore couleurs de spires se posèrent sur la petite commode, que la bougie faisait entre apparaitre entre deux hauteurs de flammes, plissa les yeux comme pour chercher la ligne de démarcation entre ses visions et la réalité.

Elle se leva lentement, encore désorienté, sans savoir comment réagir, et s’arreta devant la commode, contemplant son visage à peine déformée par la texture du miroir, solide point de repaire. Instinctivement elle se saisie de la petite brosse, abandonnée la veille sur le meuble et se mit à peigner lentement ses longs cheveux d’or. Soignant ses gestes, elle repris son calme, regagna le cours sensé de ses idées, réfléchit à ce qui venait de se produire pour que les conséquences lui apparaisse avec limpidité . Les impressions pourtant avait un pouvoir plus envahissant que cette capacité de reflexion qu'elle s'imposait . Et ses sensation lui revenait , lancinantes. Elle sentait, diffuse, la teneur des Spires s’éclairer dans l’univers étriquée de son crâne. Elle posa sa brosse dans en prenant soin de ne pas la faire résonner sur la commode, enfila un manteau sombre au dessus de son vêtement de nuit, une robe bleue pale ciselée de dentelles qui lui tombait sur le corps, et boucla les mains légèrement tremblantes , la lanière de cuir qui refermait ses sandales. Quelqu’un dessinait. Et puisqu’elle sentait les Spires s’agiter avec force, ce quelqu’un agissait dans le château.

=======

Trouver la source s'était avéré plus difficile que ce qu'elle avait escompté. Diffus, tout résonnait à travers la Spirale, tout circulait, sans qu’elle puisse saisir une origine, un principe. Aussi, s’était-elle avancée à taton dans l’académie juqu’à son arrivée en un lieu qui lui semblait, plus qu’un autre, prêt à imploser du magma des spires.

La chaleur des corps , respiration de concert dans l’atmosphère bulle du dortoir des Teylus, et un souffle qui dominait les autres, paroles mécanique du somnambule attéré.

« Hinachutthalinachutthalina » Lohan grognait dans son sommeil, pestant contre les râles de sa voisine.

Et le froissement des draps sur un des lits, les marmonnements rauques de detresses, au fond, là où, maintenant qu’elle s’approchait, elle sentait, à mesure, que les Spires prenaient possession de l'espace . Qu’y aurait-il là bas, dans le fond du dortoir, que pourrait elle trouver ? Le monde des spires était trop vastes et étonnant pour qu’elle en ai fait le tour . Aurait-elle affaire à une espèce toute nouvelle de chuchoteur qui augmenterait considérablement sa puissance, aurait-elle le privilège d’apercevoir une entité qui lui confierait, à elle, une mission à engager en faveur de l'Imagination, ou existait-il un danger plus imposant, inconnu ?

Elle fut déçue.

Une silhouette de chaire dans une boule de draps, quoi de plus commun? Le monde des Spires était inabordables pour des simples yeux humains, il était vrai, tout son intérêt résidait dans une dimension accessible aux seuls dessinateur . Elle approcha doucement la chandelle du visage de la jeune fille, s’attendant à découvrir une de ces élèves .

La gamine lui était inconnu mais ses traits rigides et contracté lui donnèrent une idée de ce qu’était le phénomène et suffirent exciter sa curiosité, tant ils respiraient la souffrance et le déchirement. Elle posa la chandelle sur la table de nuit pour frôler de sa mains la peau de la jeune fille; pour entreprendre le contact, pour comprendre l’interdit et passer les limites imposée. Un peu hésitante, elle transgressa, et pénétra avec force dans les Spires.

Tout de suite, elle se sentit engluée sur un terrain qu’elle ne connaissait pas et qui tentait instinctivement de la repousser,lui manifestant toute son hostilité. Elle, malhabile d’abord, surprise par la nouveauté de l‘expérience ,opposa spontanément à cette force répulsive, sa propre volonté , progressant en brèves secousse . Elle réussit, après quelques secondes de visualisation mentale , à identifier les brèches qui s’ouvraient dans cette tentacule brulantes et fit glisser sa conscience entre les mailles de ce filet intellectuel, satisfaite de sa découverte, comprenant que sa progression serait plus difficilement entravée.

Elle se sentit arrivée au cœur, comme si la porte avait été ouverte et qu’on lui avait annoncé l’endroit. Tout déferlait ici, des centaines, des miliers d’images, de pensées de sons, d’odeur même, s’envolaient autour d’elle, venaient même se heurter à son esprit, si bien qu’elle du faire un effort de lucidité pour reconstituer sa propre forme et ne pas confondre sa présence avec celles qui l’assenaient. Un image sans importance lui échappa, s’envolant dans la masse, allant rejoindre l‘amas d‘information en chutes sans direction. La principale difficulté, ici, revenait à séparer les masses, pour ne pas entremêler; il y avait tant de risques à perdre un peu d’elle-même, à confier aux autres ces images qui n'appartenant qu'à sa conscience. Elle tria méthodiquement, les images qui lui était envoyer , sans pouvoir s’arreter sur aucune, pour distinguer enfin deux présence . L’une la porteuse, que les spires n’éclairait pas, vrombissant de gémissement sous les assauts de de la deuxième baignée d'Imagination. . Des fragments d’images de échanges lui parvinrent sans qu’elle pu reconstituer les échanges mais entreprit de ronger le lien entre les deux pour s'intégrer à l'échange

Par strates elle s’enfonça peu à peu dans ce lien, elle sentit qu’ici elle ne pourrait plus cachait sa présence, prendre la peine de cacher sa présence l’épuiserait, la rendant vulnérable au cahot des spires, elle se dévoila peu à peu au deux protagoniste . Elle aurait apprécier pouvoir simplement aborder le sourire hautain et détaché de l‘observateur et regarder l’orfèvre plonger dans les entrailles de la porteuse pour cueillir les peurs . L’idée était fascinante, Elle en avait trop vu cependant pour s’attarder à l’exploration, sous les yeux de ces témoins, elle avait un role à jouer . Elle était professeur au sein de l’académie de Merwyn.

Elle s’insinua dans le squelette du dessin volute de la dessinatrice, suivit les chemins complexes et tortueux de sa création, enfin elle pu mesurer toutes l’envergure de la vision, comprendre chaque articulation, saisir chaque tracé . Alors prenant possession du dessin, elle le brisa, brisa l’enfant grèle, et il ne restait plus que le rire fou. Le craquement irréel résonna à l’interieur de leurs cranes. Elle prit subitement conscience de l’énergie que lui avait demandé cette action.Sonnée, asphyxiée, elle réussit tout de même à maintenir une image structurée de sa personne, réduisant sa présence à une étincelle verte, prudemment économique. La vision démantelée n’avait pas chassé l’autre, toujours presénte, toujours là alors qu’elle-même sentait ses forces cruellement réduite, pestant contre son inconscience.

Une attaque vint soudainement ébranler sa volonté alors qu’elle suivait, suspicieuse, les mouvements de la deuxième présence, tentant de jaugeait ses intentions et sa puissance. La porteuse semblait avoir compris quelque uns des mécanismes, quelques un des levier et se débattait avec résignation face aux deux intruses . Ciléa sentit la volonté furieuse de la roturière remuer l'espace où elle évoluait. Les premiers mouvements lui semblèrent vain, l'autre s’engluait dans la toile de sa propre conscience sans réussir à l’atteindre, mais très vite, elle parvint à ses fins, lui portant un coup auquel elle ne s’attendait pas. Surprise, l’étincelle, déjà, clignota, et fit l’effort de se reconstituer, en tentant d’engager avec la porteuse une relation d’apaisement. Une effluve envahie l’espace mental, le parfum du Lys des montagne, doucereux vint se heurter aux narines d'Halina ,et une pensée divagua timidement vers la porteuse -Je t’accompagne, laisse moi te protéger-. Mais sans doute la sympathie ou la compassion résonnait de façon trop désaccordée dans les pensées de Ciléa Ril’Morienval pour paraitre convaincantes, aussi l’autre continua-t-elle à se débattre, repoussant tout ce qui pouvait venir à elle, exigeant des efforts pour échapper à ses coups martelés .


« Cette femme touche à ton esprit comme une araignée maitrise les vibrations de sa toile, n’as-tu pas assez souffert pour te passer de mon aide?" dit-elle, agacée de cette résistance.

L'autre dessinatrice tournoyait autour d’elle et ses mouvements dégageaient une puissance trop diffuse pour qu’elle puisse la suivre précisément dans ses déplacement. Endossant le rôle de protectrice, elle tenta, sur ses gardes, d'établir un lien .

« Que voulez vous ? » fit elle avec toute l'assurance dont elle était capable dans cette situation inhabituelle.

[ Ce fut long... Smile J'espère que ça vous plait . Edition toujours possible.. Rhaa que ça fait du bien de re-RP o/]


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeLun 7 Mai 2012 - 2:36

La conscience d’Halina se débattait comme une anguille prise entre les mains. Le vertige des Spires s’emparait de Marlyn, elle commençait à perdre le contrôle des flux d’images, de sons de l’écrin de dessins dans lequel elles tournaient.
Le pouvoir de la Mentaï pulsait tellement fort qu’il envoyait parfois sa conscience dériver plus loin de celui de la jeune fille, et il lui fallait fournir des efforts supplémentaires pour maintenir sa propre silhouette intacte, et l’ancrer de nouveau à la petite étincelle de conscience d’Halina Nilsan. Les images et les idées qui liaient sa conscience à la sienne comme des fils invisibles s’étiolaient petit à petit.
De fatigue, de vertige, de distance, de combat, d’elles-mêmes.

Le corps de la jeune femme était si loin derrière elle qu’il était plongé dans une léthargie profonde, la sensation de ses membres lourdement posés sur le velours du fauteuil paraissait très lointaine, comme si elle contemplait son propre réseau de nerfs depuis un prisme flou, un verre épais dont les bords commençaient à se fendiller. Le corps battait sourdement, un rythme lent, profond, un rythme repris en écho par sa respiration et par ses Spires.
Et même sa propre respiration réussissait à la déconcentrer.
Et l’Imagination l’appelait de plus en plus à se détacher de cette sphère dans laquelle elle faisait converger des sensations, des images et des sons ; à décrocher ses Spires de l’étincelle de conscience de l’Académicienne, pour les noyer de nouveau dans le flux hurlant et incontrôlable qui était la caractéristique de son pouvoir démesuré et si handicapant.
Les mots d’Halina résonnaient dans leurs deux têtes, mais sa silhouette se floutait, et se distendait comme si des mains l’agrippaient et la tordaient, comme si l’âme de la petite Teylus cherchait à briser sa représentation mentale ; parce que désintégrée par le sommeil, il serait impossible à Marlyn de trouver une attache sur laquelle se baser, une cible sur laquelle attirer les images que son cerveau malade créait avidement.

Son objectif du soir était, en tous les cas, atteint. Et les Spires écartelées lui révélaient de nouveaux secrets, de nouveaux possibles, une cascade d’infini qu’elle avait encore du mal à appréhender mais qui se matérialisait autour de la conscience d’Halina : la possibilité, avec les bonnes injonctions, les bonnes sensations, de manipuler l’esprit de quelqu’un.

Elle allait laisser ses Spires retourner au néant, et se décrocher de la conscience d’Halina sans mot dire ni crier gare, comme on se laisserait aller à la tempête, quand un phénomène étrange –irréel, apparut au bord de leur tourbillon spir-ituel. Ce n’était d’abord qu’une perturbation, un accroc où les images étaient aspirées, happées par une nouvelle proie sur laquelle se fixer quand Halina parvenait à les repousser.
Et Halina elle-même se braquait – parce que c’était à sa conscience que s’aggrippait l’inconnue – Marlyn soupçonnait un contact physique, et la sensation de strangulation envahissait petit à petit son propre esprit. Qu’était-ce ?
De la conscience de la petite, qui se débattait en secouant les Spires dans tous les sens, jaillissait cette nouvelle présence qui cherchait à s’accrocher à la Mentaï, à en saisir les contours. L’univers s’était ouvert à un tiers, avec la conscience d’Halina comme épicentre. Le flux d’images qu’envoyait Marlyn en permanence diminua d’autant, mais elle maintenait sur l’esprit d’Halina la pression d’une sensation nauséeuse d’enfermement et de vertige, même si cette petite commençait à percevoir comment se sortir des Spires.

Et puis il y eut ce qui résonna dans la tête de Marlyn comme un cri suraigu. A vrai dire, c’était un son désarticulé plus qu’un cri, comme des centaines de fenêtres que l’on brise en un seul coup. Occupée à maintenir son emprise sur Halina, elle n’avait pas perçu la présence insidieuse qui avait envahi ses dessins –

Les avait brisés. Rendue aveugle.

L’esprit de Marlyn sombra sur lui-même, aveuglé de blanc et de ce son suraigu, pendant ce qui lui semblait une éternité. Elle n’avait aucune idée de comment l’intruse avait réussi à infiltrer ses dessins et à les démanteler aussi bien, mais la Mentaï n’était plus reliée à Halina que par la seule volonté..

Quand elle parvint à reformer une image claire de sa propre conscience et à délimiter parfaitement les Spires qui lui appartenaient, et celles que projetait l’inconnue autour d’Halina, il était trop tard. Elle ne pourrait plus retrouver son emprise. Elle aurait pu en rester là, et laisser son âme retomber dans son corps, éteindre le torrent de son pouvoir et briser les dessins qui se formaient dans les coins de son esprit, mais la curiosité s’alliait à la sensation de défi. Aussi remonta-t-elle lentement jusqu’à l’étincelle palpitante d’Halina, qui..
Qui combattait l’intruse, d’un point de vue extérieur.

Des mots fleurirent dans l’Imagination, projetés par l’intruse, et que la Mentaï happa au passage. Son aide… Une telle maîtrise du dessin, et cette fragrance.. Elle ne connaissait pas son nom, mais elle avait déjà croisé ce pouvoir dans la constellation des Spires. Une des chiennes de garde de l’Académie, venue interférer pour protéger son élève de l’influence nuisible qui rôdait dans les Spires la nuit.
Etait-elle capable de remonter jusqu’à pouvoir la localiser ? Elle ne pensait pas. Malgré leur puissance à toutes les deux, le lien était ténu…
D’autres mots, posés dans le torrent, à son intention. La Mentaï ploya son Imagination, et la représentation mentale de sa réponse ne tarda pas à se former dans le maëlstrom des idées et des sensations qui fusaient entre les trois protagonistes.

- M’amuser.

Rire.

- Et je me suis bien amusée avec ...Halina, cette nuit, sinon elle ne te prendrait pas pour une ennemie.


En concentrant sa volonté, Marlyn put saisir exactement le lien mental qu’elle avait lié avec Halina, et entreprit de le remonter consciencieusement, d’en trouver chaque sensation, chaque image qui les liait encore. L’intruse était accrochée aussi à Halina, mais leurs liens étaient différents. Marlyn recentra son esprit, le recomposa, et le différencia intégralement des deux autres, en prenant garde de ne pas approcher de celui de l’intruse.
Et ses Spires de se décrocher de l’esprit de la pauvre petite chose.

*

Sareyn ouvrit brutalement les yeux et avala une goulée d’air violente, sonnée par le choc de la rupture du lien. Les Spires si tordues qu’elles avaient cédé, et s’étaient écroulées, la renvoyant dans les limites de son propre corps. Hors d’haleine, les tempes battant comme un angelus, la Mentaï prit quelques minutes pour laisser son réseau nerveux recouvrir le contrôle de ses membres.
Les Spires gémissaient d’avoir été tendues à l’extrême.
Mais la nuit n’était pas finie.

L’inconnue l’intriguait profondément, et la confronter serait autrement plus subtil que de ravager la tête d’une élève avec des rires et du sang.

Par étapes, la borgne reprit le contrôle de ses Spires. A l’imitation de l’intruse, elle prit son temps pour réduire sa présence dans les Spires à une étincelle, et réinvestit peu à peu le maëlstrom, lentement, pour laisser à ses chemins le temps de se redéplier devant elle, sans saccade ni secousses. Petit à petit, elle perçut les étincelles d’autres dessinateurs, et remonta le long de ses propres ruines de dessin pour saisir à nouveau l’endroit où la lutte avait eu lieu. Là, ses spires gémissaient. Et l’intruse s’y trouvait.
Le laps d’absence de la Mentaï dans l’Imagination avait renforcé l’image de l’intruse, et derrière elle, Marlyn ne percevait plus l’esprit malmené d’Halina. L’intruse avait-elle réussi à lui masquer, ou la petite élève avait-elle fini par se réveiller et protéger son esprit de manière à ce qu’elle ne puisse plus s’y agripper comme une main sur la roche ?

La conscience de Marlyn gravita lentement autour de celle de l’intruse, leurs Spires semblaient se frôler, se confronter. Puissance. Sensation intrigante de puissance, qui pulsait. Des mouvements précis, nets, méthodiques. Connaissance. Cette intruse maitrisait les Spires mieux qu’elle.
Mais allait-elle s’en servir contre elle ? Toutes deux réduites à deux suggestions d’existence…

Doucement, plus doucement qu’elle ne l’avait fait au cours de la soirée, la jeune femme à l’œil unique matérialisa dans ses Spires une idée, et la fit glisser vers la conscience de l’inconnue. Pas de mots formés, pas d’images, mais la suggestion de sa propre puissance.
Ne me cherche pas trop loin, tu risques de me trouver. Et à ton contrôle, j’opposerai ma tempête, et nous nous briserons sur les récifs anguleux et les vestiges de notre mental.

Elle se rapprocha. Un mouvement brusque.
Percussion.
Impact.
Recul, jaugeage, gravitation vertigineuse. L’autre s’était ramassée en une conscience d’elle-même si complète qu’il était impossible à la Mentaï d’y percer des failles et de l’envahir de cauchemars, comme elle avait procédé pour Halina.

Des mots enfin, imprimés dans les Spires par sa propre voix :

« Comment as-tu pu modifier et briser un dessin qui ne t’appartenait pas ? »

La perspective de pouvoir manipuler le dessin des autres était une notion complètement nouvelle pour la Mentaï à qui on n’avait jamais appris les mystères de l’Imagination, et même si manipuler le dessin d’un autre pouvait sembler évident pour la plupart des dessinateurs.. ça ne l’avait jamais été pour elle. Et si l’ennemie possédait vraiment cette capacité… alors elle était en infériorité tant qu’elle ne saisirait pas les mécanismes.

« Tant de pouvoir, et quel gâchis. Pourquoi gaspiller ton Don à protéger des gens aussi insignifiants que cette élève ? »

[C'est mon 1900ème message avec Marlyn I love you ]

Halina Nilsan
Halina Nilsan

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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeJeu 31 Mai 2012 - 1:33

Halina luttait. Elle luttait pour retrouver le sommeil ; combattait pour échapper à ce cauchemar éveillé ; bataillait pour que sa tête ne soit plus un lieu ouvert à tous vents ; s’échinait contre les deux présences et ferraillait contre l’idée qu’elle ne soit même plus capable de se protéger. Elle se battait avec la force du désespoir dans un combat perdu d’avance : elle n’avait pas les clefs pour se défendre ; ne connaissait aucune des techniques que les deux personnes utilisaient pour s’installer dans sa tête. C’était comme si elle tentait de défendre un lieu, armée d’une petite cuillère, contre un group supérieur en nombre et lourdement équipé. Elle n’avait aucune chance. Et pourtant elle continuait. A dire vrai, elle n’avait jamais subi un Dessin avant ; elle en avait déjà observés seulement. Elle n’arrivait même pas à concevoir comment c’était possible en pratique d’imposer sa présence à un esprit. Elle n’en comprenait pas les rouages. Pourtant, la Mentaï lui avait apporté la preuve que c’était possible. Elle lui avait même implanté dans l’esprit qu’elle pourrait recommencer ce petit jeu n’importe quand. L’idée que la guerrière ne serait plus jamais à l’abri et en sécurité en elle-même. Et quel sentiment déconcertant.


-Mais, par la Dame, qu’est-ce qu’elles ont toutes ce soir à squatter là ? murmura sa projection, certaine qu’on ne l’entendrait pas.


Il semblait qu’elle n’avait pas combattu assez fort la nouvelle squatteuse puisque celle-ci s’installa en force. Il émanait de sa projection une aura narquoise, voir même admirative. L’âme même d’Halina frissonna et continua de lutter, pour l’empêcher de s’installer confortablement, pour la faire tomber de la toile de son esprit. La présence féminine se disait vouloir l’aider mais ça sonnait creux et faux. Elle était bien trop impressionnée par ce que Marlyn avait fait de son esprit. Presque envieuse. Elle voulait savoir ce qu’elle voulait. Elle voulait prouver qu’elle aussi était forte. Montrer que son Don à elle était puissant lui aussi. Au moins, elles pourraient avoir la décence de le faire en dehors de sa tête. Alors, la guerrière ne voulait pas de son aide, elle avait compris quelques trucs de base. Il fallait réussir à briser les liens qui les unissaient. Il fallait les empêcher de revenir. Il lui fallait apprendre à fermer son esprit. Mais qui pourrait lui enseigner ça ? Comment s’isoler d’une attaque dont on ignorait tout ?


Alors qu’elle continuait de lutter, avec de plus en plus de force lui semblait-il, les deux femmes entamèrent une discussion comme si de rien était. Comme si elle, la pauvre petite chose sans défense, n’était même pas là. Comme si elles étaient tranquillement attablées dans une auberge à discuter du temps qu’il fait. Et Halina qui se détachait de ce qu’elles disaient ; qui s’était détachée depuis quelques instants déjà ; qui semblait attendre le bons moment pour disparaître ; qui semblait se replier sur elle-même. Pas sa projection d’elle-même, mais elle tout court. Sa conscience se rétractait. Rétrécissait sa surface de prise. Etait-ce consciemment ? Ou tout simplement une réaction non contrôlée mais logique de son esprit ? Un mécanisme de défense ? Une réaction immunologique à l’échelle spirituelle ? Cette action permettait de décrocher certaines des serres des deux présences. Ainsi, leur influence diminuait petit à petit. Mais persisterait sans quelques coups de pouce de la jeune femme. Halina n’en savait rien et ne s’en rendait pas vraiment compte. Elle sentait juste que son espèce de cachot mental de désagrégeait pas à pas et qu’au lieu de céder place au vertige habituel, elle restait là, bien campée sur ses pieds. Mais pouvait-on dire maintenant que c’étaient ses pieds ? Etait-elle vraiment elle à cet endroit précis ? Elle savait que ce qu’elle vivait n’était pas un rêve mais pourtant, à cet instant, il lui semblait qu’elle recommençait à voir comme dans un rêve. Elle continuait de lutter, encore et toujours. Elle se braquait contre ces tentacules étrangers qui glissaient contre sa conscience. Elle tentait de fermer ses failles pour éjecter les deux femmes.


Travail titanesque nécessitant des efforts continus. Si elle continuait ainsi, elle les aurait peut-être à la longue. Si tant est qu’elles ne réagissaient pas. Son esprit avait réussi à faire partir la plupart de leur connexion à elle. Halina n’en pouvait vraiment plus. Elle saturait. Elle étouffait. Leur présence la rendait de plus en plus mal à l’aise. Elle ne comprenait pas leurs intentions. Ni leurs motivations. Elle se demandait pourquoi le sort s’acharnait contre elle. Elle se demandait si elle arriverait à se sentir en sécurité suite à cette nuit. Elle se demandait si elle était à la hauteur de les chasser d’elle-même ou si elle allait attendre, impuissante, qu’elles s’en aillent. Où trouverait-elle la force de briser le lien ? Elle était déjà épuisée par cette soirée mouvementée… La guerrière pensa soudainement qu’elle devait faire du bruit depuis des heures dans la salle commune. Qu’il était impossible qu’elle n’ait pas dérangé quelqu’un. Qu’allait-elle bien pouvoir dire ? A qui le dirait-elle ? Que pouvait-elle faire ? Elle se dit qu’elle avait besoin d’aide.


Et il y avait cette nouvelle inconnue à l’équation : la femme Dessinatrice de ce soir à l’étincelle verte. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Comment avait-elle découverte dans quelle situation elle se trouvait ? Etait-elle vraiment ce qu’elle disait être ? Lui viendrait-elle en aide ? Son aura trahissait-elle un esprit fermé et narcissique ? Et puis, pourquoi cet attrait envers la Mentaï ? Qu’est-ce que squatter la tête des gens avait de jubilatoire. Incompréhensions. Peur. Une pointe de colère. Halina ne parvenait plus à faire le tri dans ses idées. Tout se bousculait trop vite. Ça tourbillonnait dans sa tête. Dès qu’elle formulait une hypothèse, celle-ci était renversée par une idée sur un tout autre sujet. Ses réflexions perdaient de leurs cohérences. Comme si le monde dans lequel elle était quelques instants plus tôt s’écroulait et que son environnement changeait encore. Il lui semblait qu’elle ne pouvait rien changer ; qu’elle ne voulait rien changer ! Toute les choses auxquelles elle devait penser, lui échappaient une par une, emportées par un flux qu’elle ne comprenait pas.


Le monde des rêves se rapprochait. Pas à pas.


La dernière barrière au sommeil d’Halina céda quand la Mentaï rompit le fin contact qui les liait encore. L’autre Dessinatrice fut ainsi éjectée par la force nouvellement apparue en Halina. Il n’y avait plus personne d’autre en train de farfouiller dans son esprit. Elle pouvait penser ce qu’elle voulait. Elle pouvait réfléchir tranquillement. Elle pouvait choisir de se rendormir ou de se réveiller. Elle pouvait recommencer à respirer. Elle pouvait tenter de trouver des solutions. Elle avait gagné cette bataille mais elle se doutait que la Borgne reviendrait un jour à l’assaut ; qu’il lui faudrait être prête à l’accueillir ; qu’elle n’avait pas fini d’entendre parler de cette femme et qu’elle n’allait pas l’oublier de sitôt. La femme à l’unique prunelle bleue c’était bien amusée ce soir, elle reviendrait un soir pour voir si les graines semées avaient germé. Les graines du doute deviendraient-elles paralysantes ? Les graines de la peur la tétaniseraient-elles ? Comment cette fille naïve allait-elle survivre ? Marlyn reviendrait un jour, c’était certain pour Halina. Mais pour l’instant, tout se délitait enfin.


La jeune femme était seule.


La guerrière épuisée s’endormit immédiatement.



[ Désolée pour le temps de réponse ! Edition possible Smile ]

Ciléa Ril'Morienval
Ciléa Ril'Morienval

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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeJeu 5 Juil 2012 - 11:50

On ne l’écouta pas.

L’autre continua à se débattre, déposant les filament de son énergie sur la présence menue de Ciléa que la fuite constante commençait à fatiguer. L’étincelle se réduisit encore, pour échapper aux coups martelés de la porteuse alors que l’espace tanguait dangereusement. La conscience du réel s’eveillant chez la fille de Teylus , les images se mettaient à tournoyer , heurtant avec beaucoup plus de force l’étincelle verte, manège imprévisible et incontrôlable . Le sol se déroba: de tangible, il ne restait que les deux présences. Le lieu devint acre, glissant, inconstructible : la conscience d’Halina se tortillait comme une anguille et ce milieu de glace exultait de n’être plus un repère pour les deux intruses.

Les quelques mots résonnèrent, profonds, au milieu de la tempêtes silencieuse. La seconde présence, se posa en paroles belliqueuses, insouciantes, joueuses, sans la prétention de faire croire à un quiproquo, cependant . Les Spires, saisies en flagrant délit de sadisme étaient plus révélatrices que les excuses les mieux tournées elles le savait pertinemment, toutes deux...Toutes trois ? Restait que la conduite d’Halina était incompréhensible et incohérente au point d’en trahir ses propres intérêts. Avec l’aide de la porteuse, Ciléa aurait pu chasser d’un souffle de volonté cette présence oppressante et remonter jusaqu’au lieu ou se tenait cet ennemi de l‘académie. ,sans le précieux appuis d‘Halina, elle en était réduite à tenter de se maintenir sans pouvoir attaquer de quelconque manière .

Déjà, une ultime glissade et la seconde étincelle lâcha prise et s'éteignit, la laissant seule face l’espace écroulé. Bientôt, avalée dans le tourbillon en ruine de cet esprit mouvant, elle du à défaut d‘aspérité, abandonner son emprise, chassée par la volonté de l’élève.

Une inspiration en dehors des spires: elle sentit le bras tendu d’Halina s’apaiser , entraperçu le tissu blanchatre du drap qui se démarquait de la masse nocturne . Mais déjà , les Spires l’appelaient ; le contact tentait d’être recréé et sans l’ombre d’ une hésitation elle abandonna la sérénité du dortoir pour confronter une nouvelle fois son esprit à cette présence . Il lui sembla que l ‘Imagination encourageait leur altercation : elle sentait les spires s’applanir volontiers, ou du moins se construire un chemin avant meme qu’elle ne créer son propre sentier , n’opposant aucune difficulté à la fluidité de leur lien. Elle opposa sa retenu à cette voix trop tracée, se ramassant en elle en une signature propre et distincte, refusa le contact, un premier temps , jaugea ce don qu‘elle entrapercevait dans les mailles d‘énergie. A mesure qu’elle s’approchait elle perçut plus nettement, la façon dont l’autre se mouvait dans les Spires, sentait les tressautements de la Spirale qui vibrait, comme jamais, fébrile et dispéersée au contact de l’inconnu.

Elle ne vit pourtant pas d’où vint l’attaque tant l’autre s’éparpillait à travers l’Imagination, elle sentit le coup, extrêmement violent, défiant sa maitrise, se dispersa un moment pour reconstituer ensuite complétement sa présence.

L’autre résonnait, loin , ici . Elle était tout près.


« gaspillage, gaspillage… -sa voix chuchotait et elle sentait les spires l'emporter-.la protection est une chose complexe et prodigieusement intéressante glissa-t-elle ... les élèves que je protège, loins d’être insignifiants. Qui sait ce qu’ils deviendront, plus tard ? Une menace, pour leurs ennemis, une menace pour vous, une menace pour moi-même, peut être… »

Elle sentait maintenant l’esprit réagir, frémir, un rire, une peur, une colère ? L’amalgame des spires ne lui permettait pas encore de le discerner précisément les émotions mais elle en ressentait les grands mouvements. Elle aurait aimé aborder plus profondément ce magma dissolu, ressentir, comme elle l’avait brièvement fait pour Halina, toute l’intensité de ses tressaillements intellectuels. L’autre restait défiante, certes mais elle la sentait aussi intriguée qu'elle. Elle s'approcha encore, sans pouvoir la distinguer clairement ; son don éparpillait mais pas à la façon d'un vrai débutant puisque son esprit se liait au spires autour d’elle avec une aisance déconcertante .

Il y eut un long silence alors que leurs attaques, d’un cote comme de l’autres cessaient.

«
« De nous deux, je ne crois pas que etre celle qui gaspille son don ... lui souffla-t-elle.. Dites-moi, comment un dessinateur peut en même temps ignorer les bases et réussir à s'insinuer dans un esprit à distance...Je peine à comprendre...vraiment"

Elle sentait leur contact se raffermir et saisissait par fragments quelques éléments de l’état d’esprit de l’autre. La fatigue ambiante, d’abord, les frémissement passionnés de son esprit extrêmement, sensible, ensuite. Elle tenta de remonter le lien pour localiser sa presente échoua une nouvelle fois mais sentit sa proximité grandir . Le don était étrange, fabuleusement oppressant tant il crépitait et s’emparait instinctivement de la Spirale, lui rappelant un de ses élèves, le souffle des spires lui tapissait l’inconscient. Elle était près, tellement prêt, pourtant l’autre opposa une résistance qui l’empécher de la localiser.

Soudain, elle saisit l’Etincelle bleuté dans la masse difforme de la présence, point de concentration, elle s’engouffra jusqu’à elle, s’approchant de l’origine du dessin, sans toutefois tenter un contact plus tenu.

D'ici, elle pu véritablement observer.
Du dessinateur, elle ne pouvait admirer ni les finesse du trait, ni la précision, la maitrise semblait erratique, à moins que la façon de dessiner lui soit trop étrangère pour qu’elle en admire l’adresse. C’était comme si le trait guidait le pinceau, mu par une force intrinsèque et incontrolable . Le traits étaient brouillons, mais explosaient sous l’intensité de la couleur et sous la spontanéité d’un don. Du don, malgré cette retenu qui la caractérissait elle ne put qu' etre fascinée. Eblouie, elle ne pu contenir quelques mots
.

« J’ai vu beaucoup de choses dans les Spires...Vous avez un don magnifique."

Et dans la bouche de Ciléa Ril’Morienval, cela sonnait comme le plus doux des compliments
Magnifique à observer, mais qu’au grand jamais, je n’aimerai posséder. Car je vois comme elles vous échappe vos Spires, comme elle s’insinuent autour de votre volonté de pantin, comme elles vous transpersent de leur vélléité. Il vit votre don, en avait-je déjà vu de si vivant ? Tempête étrangement contenue sous des écailles de marbre que vous tenter de battir pour délimiter votre esprit des Spires. Mais l’Imagination ne vous appartient pas, vous lui appartenait, plus qu'aucun autre, sans doute...


« Vous me rappelez... les deux yeux crépitant de Lev vinrent s’imposer à elle, illuminant leur contact d'une clarté bleu saphyr …Vos dessins, ou les avait vous appris ? »

Et plus directement …Qui êtes vous pour dessiner ainsi ?


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeJeu 19 Juil 2012 - 23:52

Elle aurait pu emprunter mille chemins.
S’exploser hors du cocon d’inactivité qu’elle tissait progressivement autour de sa propre puissance, et arpenter des chemins infinis, créer des statues gigantesques, des myriades de couleurs qui n’existaient pas, abîmer l’univers dans le creux de sa main et le faire basculer dans une réalité sans autre pareil.
Elle pouvait s’envoler loin de cette étincelle si minutieusement ciselée et si académique, si retenue et scolaire, elle connaissait les chemins : il suffisait de tomber. Elle connaissait sa propre étendue dans les Spires, la manière dont les chemins ployaient à distance, vibrant de son énergie, traçant une éclatante voie grâce à son pouvoir. Les Spires et les possibles s’enroulaient autour de sa conscience et malgré tous ses efforts, il lui était impossible de se réduire à l’état d’étincelle spirituelle, de réduire sa signature d’énergie et de masquer le tourbillon –c’était le mot- de son pouvoir.
Elle était fatiguée, et perdait contrôle.

L’étincelle la narguait. La mentaï la faisait ployer, frémir en investissant des ondes de puissance concentrée sur cette essence, mais chaque fois, la conscience de sa nemesis reconstituait cette signature si particulière et dont le fonctionnement lui échappait.
Tant de choses sur les Spires qu’elle ignorait.

Des bases, l’autre les appelait. Les Spires de Marlyn voulurent répondre en prestance, en galaxies de possibles qu’elle savait inaccessibles à quelqu’un qui maitrisait le dessin même aussi bien que celle en face. Par un effort de volonté, ces chemins disparurent peu à peu et la jeune femme se reconcentra sur elle-même.
C’est à ce moment là qu’elle sentit l’attaque, l’accroche à son esprit d’une manière qu’elle ne put repousser, et que la présence à ses côtés s’amplifia, se rapprocha ; elles occupaient les mêmes chemins, les mêmes pensées interconnectées, et parfois, elle percevait le battement du cœur de l’inconnue en écho de son propre battement.
Etrangement, Marlyn ne rompit pas le lien précaire. Au contraire, par pur esprit de mimétisme, elle se mit à disséquer mentalement la forme qu’elle avait en face d’elle, tentait d’en comprendre les mécanismes, les chemins, les manières de voir les Spires, pour le reproduire. Apprendre de cette ennemie qui possédait ce qu’elle n’avait jamais possédé : la connaissance des mécanismes.
Apprends-moi, était-elle tentée de dire.
Le compliment finit de la dérouter. Et de lui donner envie de confronter cette présence inconnue. D’en faire peut-être, qui sait, une alliée ? L’attrait des Spires allait bien au-delà des alliances mortelles, des jeux d’harmonie et de chaos… Elles étaient liées par le même attrait des mystères auquel leur esprit avait accès. A l’une la maitrise, à l’autre le pouvoir.

Mais la prudence et la méfiance reprenaient le dessus. Le « Vous me rappelez » manqua de lui faire rompre le contact, de déconnecter tout ce qui pouvait permettre de remonter à elle.
Cette personne arpentait les Spires depuis l’Académie et en protégeait les élèves. Protégeait Halina… Elle devait forcément la connaître. Leur relation dans les Spires était terriblement instable même si elle se fortifiait de minute en minute, et aucune des deux ne pouvait identifier l’autre, à moins que l’autre ne choisisse de lui révéler consciemment. Ce qui, dans le cas de Marlyn, ne risquerait jamais d’arriver. Trop de choses étaient en jeu. Si l’inconnue pouvait remonter jusqu’à elle, si elle pouvait mettre un nom sur la signature qu’elle laissait dans les Spires, alors elle pourrait facilement la localiser géographiquement et lui causer de nouveaux ennuis.
Dire que la soirée avait démarré par pur ennui et par l’appel envoûtant des Spires, cette nouvelle possibilité qu’elle découvrait : la possibilité d’insinuer des images et des pensées dans un esprit qui ne s’y attend pas. La manipulation invisible. Le pouvoir de tout ravager, de réduire en cendres des années de souvenirs et de mémoires…

L’autre posait des questions. L’autre connaissait son don. Mais c’était impossible. La seule explication était qu’elle l’ait perçue quand elle avait participé à la prise de l’Académie. Mais dans ce cas, elle l’aurait reconnue instantanément. Ce mystère effrayait Marlyn autant qu’il l’intéressait.
Qui pouvait avoir un Don ne serait-ce que partiellement pareil au sien ? Elle savait posséder une configuration de Spires au-delà de toute mesures, rendu extrêmement particulier parce qu’elle n’en maitrisait aucune des infinités.

La proximité du contact, l’attrait de la connaissance, le fait qu’elle commençait à discerner la structure d’imagination que produisait l’autre pour concentrer son essence en un seul point…Tout cela lui faisait perdre sa prudence. Elles avaient mutuellement cessé de s’attaquer.
Elle sait que l’autre était intéressée par son Don. Elle se savait intéressée par le Don de l’autre. Les barrières mises en place par son cerveau paranoïaque s’abaissèrent progressivement, tout en la maintenant en dehors de portée de son essence réelle.

- Nulle part.
Un murmure, seulement. Personne ne… on ne m’a jamais appris à les arpenter.

Elle aurait voulu cracher qu’elle n’avait pas eu la chance de recevoir cette précieuse éducation qu’ont les jeunes gens dont on découvre le Don, et que l’on forme aux sciences académiques pour leur apprendre à le maitriser. Mais bientôt. Bientôt, si elle parvenait à construire sa vie, le nouveau masque, cette arrivée à la cour comme elle l’entendait, alors peut-être…

- Elles m’enseignent elles-mêmes leurs mystères. Je ne sais pas ce que sont vos bases.

Une attaque frontale contre l’étincelle, sans force, juste une bourrasque de prévention ; je ne maitrise pas mes chemins, mais ils me protègent et ils attaquent mes ennemis. Reste à distance.
Elles gravitaient l’une autour de l’autre, elle sentait l’autre intriguée, interrogative, tentant de percer sa configuration de Don comme Marlyn essayait de décortiquer la sienne.
D’Halina, plus question. Que sont-ils, ces êtres sans le Don, comparé à nous ? Nous nous comprenons, je le sens. Je sens nos consciences se mettre progressivement au diapason, et les sentiers autour de nous concorder.

Lentement, la conscience de Marlyn, entourée de force autour d’elle-même pour s’empêcher de se répandre trop loin dans leur relation, s’approcha. Ce qu’elle proposait n’était pas transmissible par mots. C’était cette sensation d’ivresse, à la connaissance de nouveaux chemins, au développement de nouvelles techniques pour faire ployer les Spires. Ce qu’elle proposait, elle n’aurait jamais pensé le faire une journée auparavant.

« Apprenons », semblait-elle dire.

Les pensées effleurèrent la conscience de l’autre à nouveau, moins en tempête, moins fauves.

« Apprends-moi tes bases, laisse-moi t’observer, laisse-moi apprendre les Spires, je te laisserai m’observer, à la limite de nos identités, et nous ne chercherons pas à apprendre le nom de l’autre »

L’étincelle bleu se reforma, crépitante, difficile à contenir ; essayez de retenir un torrent en cavale dans vos doigts ouverts.

« Nous sommes Dons. Qu’importent les noms, et les idéaux, les personnes qui nous séparent ? Nous sommes au-delà de ça. Et je laisserai tes élèves en paix »
, termina-t-elle de manière plus concrète, car même si l’ivresse du Don les gagnait toutes les deux, l’autre ne pouvait arrêter de la considérer comme une menace pour son environnement.

« As-tu enseigné au Don qui te rappelle le mien ? Sais-tu le maitriser, l’arpenter ? »

La fatigue gagnait, et mêmes les galaxies de chemins qu’elle faisait vibrer sur son passage scintillaient moins fort, moins longtemps. Quittons-nous sur une alliance, Autre, et revenons nous voir par intérêt, au-delà des montagnes, et des espaces, des empires, des loyautés,

car les Spires sont les chemins de la liberté.



Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeMer 15 Aoû 2012 - 1:05

Elle se sentait bien: ce petit manège imprégnait son esprit et elle s’installait dans l’Imagination, s’habituait à la présence de l’autre . La fatigue se faisait ressentir, mais comme en arrière plan, loin de la berceuse des Spires .Pourtant, malgré l’atmosphère apaisante qui avaient été installée à coup de mots engageants et de mouvements doux dans la dimension , les questions et les propositions de l’lautre ’alertèrent et lui firent prendre un recul méfiant . Le revirement était trop brusque :Ces quelques images qui avait fait la terreur d’une élève, l’investigation des spires, la confrontation et maintenant, la trêve, le rachat par la passion et la curiosité : ces pirouettes mentales, changement brusques de parti rimaient avec l’instabilité du don . Pouvait-elle accorder la moindre confiance à quelqu’un qui changeait d’alliance si rapidement ? Elle ne tiendrait parole pour rien au monde. Même si au fond, la confiance ici , avait une moindre importance .

« Gardez votre tutoiement pour vos proche ou vos domestiques fit-elle tranchante Je n’ai pas besoin de céder au chantage pour que la sécurité de mes élèves soit garantie.
Elle marqua un temps, avant de se souffler, sans secheresse … Quel étrange marché, vous me laisseriez donc apprendre de vos armes pendant que vous examinaient les miennes.."

Le ton de l’intruse lui avait déplu au plus haut point, tant il mettait en doute ses capacités et blessait son orgueil . Mais plus qu’une simple question d’ego son role la contraignait de martellait à l’étrangère combien l’institution était puissante, combien ils étaient nombreux, combien l’académie était un endroit sûr, combien, malgré les attaques successives ils étaient ressortis victorieux. En réalité elle avaient frollés de trop près les dérives du système pendant la dernière intrusion du chaos et depuis qu’elle était à la tête de l’Eclipse pour être convaincue de invulnérabilité de l’établissement . Mais elle ne pouvait se permettre d’emmetre le moindre doute à ce sujet, sans doute parce que la bague en bronze qui lui servait de couverture l’exigeait.
Couverture ou premier rôle : malgré sa répugnance pour ce séjour de roturier, elle était attachée à ses responsabilités et au serment qu’elle avait prononcé devant l’intentant, mettant son honneur en jeu . Il y avait l’éclipse certes qui la déchirait lentement, à mesure qu’elle en découvrait les ressorts, mais pour le moment, jamais sa double allégeance ne l’avait acculée à un choix. Plus important que sa loyauté, en acceptant cette proposition, sa réputation, qu‘elle avait réussi, à sa connaissance, à maintenir vierge de toute suspicion, serait en jeu. Si un autre dessinateur découvrait qu’elle conversait avec une ennemie de l’académie, la nuit, elle aurait bien du mal à obtenir son crédit. Et même si elle réussissait à le convaincre de ne pas la dénoncer, il aurait en sa possession un moyen de pression fort peu appréciable.

Mais après tout, nous ne connaissons pas nos noms, n’est-ce pas ? je ne sais pas qui tu es et les circonstances de notre rencontre peuvent être facilement dissimulées : j’admire seulement ce don sans tête ni drapeau et de mes vices, ma candeur passionnée reste le plus excusable.

Cette proposition alléchante faisait renaitre en elle, les rêves les plus noirs , conçus à propos des Spires mais que l’académique avait réduit à l’état de chimère éternelle tant il était dangereux dd’expérimenter ou de s’interresser aux interdits liés aux spires sous les yeux d’autres dessinateurs Mais grâce à cette invitation qui n’engageait en rien sa personne, et garantissait une couverture partielle elle sentait revivre les quelques fantasmes de pouvoirs qui hantaient ses recherches. Ou sont les limites de la domination par les spires? A quel point peut on se faufiler à l’interieur d’autres, cueillir leur esprit à leur insu ? Quels sont ses chemins dont je me suis interdit l’acces, en choisissant la prudence de ne décortiquer que les connus ? Jusqu'à ou peut on conjuguer un don, créer l'illusion, écrire l'ascendant par l'imagination ?

Elle se garda bien d’exprimer le moindre enthousiasme, pourtant.


« Aucun élève d’ici ne pourrait dessiner comme vous fit elle lentement La plupart des apprentis arrivent ici vierges de tout contact avec l’imagination, ils sont guidés ensuite des prémisses de la découverte de leur don, jusqu’ à ce qu’on les décrete aptes à trouver leur chemin . Un don forgé au contact des spires seules peut habituellement créer de petit dessin, souvent involontaires, comme le font les dessinateur débutant…mais L’Imagination est rétive, et refuse son accès à des dessins complexes mais trop peu..académique.


Hésitation, puis.

« Du moins je le croyais»

Admettre en silence combien ton don m’interesse, combien il est inhabituel et combien..combien il reste à apprendre.

« Il y a bien un élève qui... hésitation, elle en a trop dit, il serait tellement facile de la mener en bateau pour obtenir des informations …mais après tout, cela ne vous…"


Un insecte nocturne passa au vol au dessus des lits des étudiants. De ses mille bouche, il savoura cette odeur de chaire crue qu'exalait des épidermes humains . Ses pattes filiformes vinrent accrocher un draps blanc, au hasard de l’immensité claire de la litterie et sa longue trompe minuscule s’allongea soudain pour happer une particule microscopique sur la corne d'un ongle . L’insecte, soudain sentit une odeur dilatait son labre, odeur qui s’avérait particulièrement appetissante. Savon cru et, propre, , odeur chaude d’une chevelure fémine, chaire à vif. D’ici, il ressentait le sang palpiterau rythme d’un poul. Hagard, le cœur guider par son estomac tendu, il démarra son vol en exécutant quelques démonstratifs tonneaux. Cet instinct fut saliutaire. Une main immense passa juste dessous de lui et alla s’écraser à l’endroit meme ou il s’était poser, lui abimant une aile au passage. Si il avait su crier, il l’aurait sans doute fait.
La main d’Halina alla reposer sur son lit, calme .
L’odeur était toujours là .
L’insecte s’approcha , le désir enflé par la douleur, ils n’avait plus conscience de son poids, ni de son anatomie , ni de la place qu’il occupait dans l’espace, ni meme de la façon dont-il se déplaçait. Indistinctement, il se dirigeait vers l’odeur, et c’était là le principal, voletant tant bien que mal, sans conscience réel de sa pesanteur. Mais sur de sa destination .
Plus il s’approcha, plus l’espace lui emplissait les « narines, » s’introduisait dans sa cuticule et venait tapisser l’interieure de sa chitine tordu. Rendu fou, il franchit le dernier espace et atteint l’épiderme.

Le dard fin pénétra comme du beurre, la couche de peau. Le venin vin s’empétrer du sang Ciléen.

La douleur résonna en écho dans les spires, vint détruire ce qu’elle c’est efforcer d’être. Le réel gagna un instant et sa vision réapparut, sous la douleur, inatendue. elle chassa l’insecte qui l’avait piqué à l‘avant-bras . Les levres crispée, elle tenta de réinvestir les spires, pour trouver cette autre, dont les bras chimériques commençaient à s’écrouler de lambeaux. Et au contact, une sensation vive, , vint réinvestir sa mémoire.


« Je vous connais… Déjà , nos esprit se sont rencontrés dans les Spires… déclara-t-elle lentement Oh n’ayez, crainte, je ne m’en soucis pas, et j’apprécie le masque tout autant que vous... après tout , si vous vouliez remonter jusqu’à moi, vous auriez sans doute moins de mal que moi à vous . "


Les professeurs de dessins n'étaient qu'une poignée, à l'académie.


"Vos Spires sont glissantes, elles vous portent plus que vous ne guidiez et vous vous êtes acoutumé à cette danse instable. Accepteriez de reprendre les fondements ? Accepteriez vous qu’on vous explique comment créer une flamme ou un peu d’eau ? Vraiment… Apprendre si rigoureusement vous serez sans doute aussi ennuyeux qu’inutile…Vous ne dessinerez jamais d’une façon académique . "

Dernier silence, pour répondre.


J’observe les dons et je réagis..... Cest bien là ma seule maitrise, c‘est bien là ou ce trouve là le seul pouvoir, Autre.
-et j‘entrevois le mot connaissance sur le reflet de vos spires …. -Alors oui, confrontons-nous, confrontons nous, qui que vous soyez...

Car votre don, je ne l'ai jamais encore observé

Le poids de la fatigue devint plus pesant alors qu’elle ressentait des impressions de réels à travers sa conscience des spires,le drap froissé, la brulure vivace et la présence de son propre corps


Marlyn Til' Asnil
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MessageSujet: Re: I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé]   I am the "who" when you call "who's there ?" [Terminé] Icon_minitimeJeu 13 Sep 2012 - 16:04

Marlyn faillit rire à la pusillanimité de l’autre. Allons, les Spires étaient bien trop vastes et bien trop universelles pour s’attarder sur des tournures de langage, ne va pas considérer que tu es ma supérieure dans ces chemins où nos deux présences se côtoient sur un pied d’égalité. Où je pourrais t’engloutir d’une rage nouvelle et t’envoyer te dissoudre dans des chemins que tu n’as probablement jamais vus. Les lèvres de Marlyn s’étirèrent d’un sourire narquois ; la seule personne qu’elle vouvoyait réellement était ce fameux « proche » dont parlait l’inconnue, mais comment pouvait-elle le deviner ? Mais par cette sécheresse, elle venait de trahir au moins sa haute naissance. Quel roturier s’arrêterait sur les domestiques ?

C’était comme si elle n’avait atteint l’esprit de l’Académie Merwyn ce soir quand dans cet unique but, confronter cette présence qui n’était plus tout à fait ennemie, pas tout à f ait alliée, et qui la fascinait tout autant qu’elle la dégoûtait. Oubliés les jeux stériles dans les cervelles si plates des non-dessinateurs à portée de sa cruauté. La Mentaï pensa fugacement que cette inconnue avait été là pour lui enseigner le dessin lors de son bref et tempêtueux passage à l’Académie de Merwyn, à la place de la chienne Ar’Kriss, elle n’en serait peut-être pas là aujourd’hui ; elle ne dériverait pas en cercles elliptiques dans un océan de chemins qui tiraillaient sa concentration de toutes parts et l’entouraient comme autant de faisceaux défensifs – d’attaches à l’irréalité.

Elle sentait, sporadiquement, certaines sensations, des bribes de pensées perdues de l’autre effleurer sa conscience, est-ce la fatigue ou bien l’innattention qui nous délite mutuellement dans un marasme de sensations floues ? La jeune femme éborgnée pouvait percevoir, fugacement, que l’autre ne refusait pas sa proposition, était-ce de la curiosité, de l’envie, de la jalousie, du vice ? C’était diffus et comme incarcéré dans une ligature de bons principes. Pourrait-elle l’entrainer par cette petite amorce, la déchirer en deux grâce à cette accroche grosse comme une tête d’épingle ? Il fallait essayer. Jouer. Jouons.

L’orgueil de Marlyn se flattait, inconsciemment, des paroles de la présence. Vierges de tout contact avec l’Imagination… c’était presque impensable. De ses souvenirs brûlés et blanchis, par amalgames troués, elle ne conservait pas l’instinct d’avant les Spires. Elles avaient toujours été là, tempêtueuses et inachevées, à tordre sa conscience ou lui murmurer des merveilles à l’oreille. Marlyn savait son Don particulier, peut-être unique, tordu en tous les cas.
Trop peu académique à ton goût, peut-être ? L’autre l’enviait. L’étincelle se rapprochait, comme pour l’observer, tournoyait un peu, et reculait, pour reprendre le contrôle. Observe-moi, j’ai l’habitude que l’on m’observe. J’aime ça, peut-être, scrute-moi sans comprendre, vas-y.

Un élève.
L’attention de Marlyn redoubla. Qu’un autre, un élève ! puisse posséder un don similaire au sien… Elle l’aurait presque cru impossible. L’autre mentait-elle ? Les hésitations, les coupures en milieu de phrase, que cachait-elle ? La tentation était grande de poser d’autres questions à cet endroit, d’être fascinée à son tour par ce que possédait l’autre.
Tout comme elle enviait cette maîtrise de l’autre, cette évolution si calculée, si précise dans des chemins définis, comme tracés à la corde, et dont les possibles s’offraient à elle sans concessions.

Et la sentence, qu’elle attendait, enfin. Elle ne pourrait jamais apprendre. En un sens, son orgueil en souffrait et s’en nourrissait, contradictoire comme l’était son âme.
Créer une flamme… Elle n’avait jamais réussi à contenir cette énergie, jamais créé que des brasiers ou illuminé des flambeaux, jamais dans sa main quelques flammèches sans que celles-ci ne croissent et ne deviennent incendies, bûchers impalpables.

-
Je pourrais construire des cités et les plonger aussitôt dans un incendie dévorant, je connais ces chemins, et tu veux m’apprendre la flamme ? Le cube, ou bien la sphère ? C’en était presque risible, et pourtant, Dolohov Zil’ Urain aussi avait essayé d’œuvrer en ce sens, de lui apprendre les détournements des basses Spires, les dessins minimalistes qui causaient autant de ravages que les inondations, et qui n’étaient qu’un murmure dans les Voies.

- Si tu m’apprends les brises qui font tourner les feuilles dans le ciel, songe que je peux te montrer comment accéder aux plus grandes tempêtes…
fit-elle d’un ton tentateur.

Ce n’était certainement pas entre les murs de l’Académie de Merwyn, à veiller sur la conscience de jeunes héros en devenir, qu’elle pouvait l’apprendre, déchainer les éléments, renverser des tours.

- Il parait aussi que le Pas sur le Côté est un des exercices les plus difficiles et les plus fastidieux pour les Spires comme les tiennes
- elle sentait l’autre se raidir à chaque tutoiement supplémentaire, mais Marlyn ne céderait pas, pas dans SON univers. Je ris de ces limites. Je pourrais te montrer les raccourcis.

Et c’était vrai. Le pas sur le côté était réputé pour n’être accessible qu’après des années de tentatives et d’exercices rigoureux, parce qu’il requérait une discipline mentale alliée à la patience que seul l’âge donnait. Pour elle, dont les Spires transcendaient les possibles, il semblait aussi naturel que de tomber et de se laisser porter par le vent. L’image se créait dans son esprit sans qu’elle n’y ait part.
Le facteur du risque la grisait là où elle bloquait d’autres dessinateurs. Atterrir dans un endroit imprévu, combien de fois lui était-ce arrivé ? Elle en avait oublié de compter. Mais la sensation vertigineuse de disparaître, de se dématérialiser l’espace d’une seconde pour s’enfuir, disparaître réellement aux yeux des gens… Elle en usait plus que de raison.
Ses spires étaient formées à fuir.

Une porte qui claque fit sursauter Marlyn.

- Qui va là ?
fit-elle avec sa voix terrestre, l’oeil envahi de Spires discernant dans la réalité une silhouette à la porte. Une silhouette petite et voutée, ronde, qu’elle connaissait presque par cœur. Que voulait-elle ? La servante tenait dans son bras un panier d’osier plein de draps blancs froissés ; elle pinçait les lèvres, constatant le lit défait, et les meubles déplacés par Marlyn.
Elle n’allait pas abuser de mots pour cela. Dans cette vieille tête pleine de morale, les poches sous les orbites de Marlyn, son regard vague, la sueur de ses tempes et les membres en vrac… Sans doute la pensait-elle droguée..

- Allez-vous en
, fit-elle sombrement.

L’autre n’y fit pas attention. Elle ne la considérait pas comme sa véritable maîtresse et faisait souvent fi de ses ordres, quand elle s’empressait de répondre ceux de son maître. La voyant opérer au rangement de la pièce, la Mentaï grogna, et reposa la tête contre le fauteuil.

* Oui, confrontons-nous, académicienne. Quand nous serons toutes les deux sûres de notre puissance, tes flammes et tes petits cubes contre mes ouragans et mes illusions. *

Elle se concentra une dernière fois, sur l’étincelle qui palpitait faiblement, pour en absorber la signature, retrouver cette combinaison unique, cette trace vitale au cours des chemins. L’autre faisait pareil, bien que la signature de Marlyn était dissolue, glissante et beaucoup moins définie, mais c’était ce qui faisait sa particularité, après tout.

* Je voudrais te montrer des chemins qui accèdent aux esprits des autres, les chemins cauchemars, je voudrais que tu les arpentes avec moi, et que tu écoutes, que tu entendes comme les Spires chantent comme elles chantent à mon oreille, que tu vois les Spires comme je les vois, et comme je les aime, que nous nous comprenons. Peut-être tu sentiras comme moi à quoi tient la sanité de l’homme. *

Que cette personne puisse décortiquer des Spires que Marlyn ne sentait que dans leur globalité, et profiter de ce savoir…

*Partez, maintenant. Partez.*

- Partez
, répéta-t-elle à la servante, et désormais nourrice.

Imperturbable, la vieille pliait les draps et secouaient les édredons. La Mentaï déplia ses membres et se leva. Pourtant, il lui semblait tomber, tomber encore, infiniment, quand toutes les attaches à l’autre conscience se rompirent d’un seul coup ; elle vacilla, ses spires stériles s’agitant dans le vide jusqu’à ce qu’elle les dompte et les rabaissent à leur inaction originelle.
Elle vacilla.

Marlyn sortit dans le couloir, passa devant la porte qui menait à la chambre de l’enfant sans l’ouvrir ou lui concéder un coup d’œil, descendit avec humeur les escaliers de bois, sortit dans le monde réel, le monde bruyant d’Al-Vor qu’elle percevait dans l’air de la nuit, et la bruine maritime qui lui frôlait les joues.


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