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| Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] | |
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Messages : 426 Inscription le : 09/05/2008 Age IRL : 32
| Sujet: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Mar 3 Jan 2012 - 19:02 | | | [Ah Anaïel n'a pas d'appartements.../sbaf je viens de finir mon post. J'ai pensé que comme Miaelle est ton double compte je pouvais poster ici jusqu'à ce qu'il soit déplacé ? Je t'en avais parler vaguement et j'espère qu'il ne te gène dans ta cadence de post -tu as tout le temps pour répondre hein . S'il y a un problème mp ?] La marchombre avait ses appartements dans un coin terne de l’académie et il y avait fort à parier qu’Anaïel n’y serait pas. Les marchombres avaient trop besoin de hauteurs, et de briser l’étau de ces quatre murs pour rester enfermer dans leur étroite chambre. Liberté, liberté, un seul mot dans leur bouche qu’ils semblaient tenter de définir en le répétant inlassablement sans pourtant que Ciléa leur découvre le succès.
Cette base manquait trop cruellement de solidité visible pour que Ciléa, puisse voir dans la Guilde autre chose qu’une bande d’habiles voleurs, dont l’obscurantisme excitant et l’ancrage traditionnel était la force. Elle méprisait ouvertement les aspirants, d’abord parce qu’ils étaient roturier-bien que cela soit le triste lot de la plupart des académiciens- mais surtout parce qu’en tentant de saisir ce qu’ils appelaient la philosophie marchombre, il la malmenait au point de donner aux observateurs extérieurs -représentés par elle-seule- une idée bien puéril de la chose. Cela se manifestait par les petites sorties nocturne dont elle entendait les élèves se vanter dans les couloir, par les gribouillis sur les murs de quelques mots dont elle ne sentait pas la teneur poétique , et par les discours emportés de certain malgré la discrétion imposée sur des notions vides comme cette belle Liberté qui restait sur toutes les lèvres de ces générations marchombresque . Elle s’interrogeait toujours sur les maitres ; ils avaient indéniablement acquis des capacités physiques exceptionnelle, mais que penser de cette philosophie tâtonnante, mêlés de rites ésotérique, trop obscure et discrète pour qu’elle en saisisse le moindre sens ? Les marchombres étaient avares d’explications quand on les interrogeaient sur leur voie, et le Tabou imposé sur le sujet ne permettait pas de poser de questions avec bienséance
Ce n’était pourtant pas pour dialoguer sur l’enseignement marchombre qu’elle se dirigeait vers les appartement de cette femmes, dont l’existence lui était presque inconnue.
Elle ne se souvenait pas d’avoir rencontrer Anaïel dans les couloirs de l’académie : Elle faisait bien peu attention aux marchombres, surtout au nouveaux professeurs qui défilaient dans le grand établissement. Cette classe semblait mépriser la table commune de la grande salle, mais à la différence d’elle, ils ne se contentaient pas de ruminer leurs hauteurs, ils n’apparaissait très peu aux heures de repas et elle était certaine que plusieurs n’avait jamais mis les pieds de la grande salle . Ses yeux avaient, au hasard d’un détour dans le Hall, sous la main d’un domestique qui clouait une des multiples annonces parcheminés , rencontrer le nom d’Anaïel. Marchombre, ajoutait simplement l‘annonce avec la sobriété dont se targuait cette classe de roturier. A gauche du parchemin, sur la même ligne, le nom d’Ewall Ewall lui avait sauté aux yeux, contrastant par la longueur de son titre. Un Ril’Morienval, coincé entre deux apprentis roturiers, à la même hauteur que cette sans nom, affiché là, dans le hall ! Comment Ewall avait-il pu accepter cette humiliation !Cette femme inconnue était sans doute une orpheline sans honneur, cupide, une voleuse acrobate qui allait retoucher à l’éducation de son frère ! Elle avait ressentit une vague de colère qui l’avait pousser à arracher le parchemin sèchement, doublée de cette réalité étrange: Elle n’était pas la seule Ril’Morienval dans l’établissement. Quelques rares professeurs l’avait interrogés sur cette parenté, mais jusque là , elle avait toujours réussi à éluder la question avec une adresse relative.
Elle s’avançait dans le couloir, avec une fébrilité peu retenue, sa nervosité lui laisser une impression de joie folle, comme elle en avait rarement sentit. Elle accorda un sourire froid à l‘élève qui eut la courtoisie de lui tenir la porte du couloir du première étage, partagée entre cette excitation de petite fille et la gravité qu‘elle se devait de tenir .Pourtant alors que le nom de la roturière s’affichait en lettre de métal devant ses yeux, cet état de légère joie la quitta brusquement. Elle s’arreta quelques instant, se laissant pénétrée de tout le tragique de sa situation chimérique et l’inquiétude de faire pénétrer une personne de plus dans son passé bien décanté lui revint en tête. Il y avait eut Varsgorn Ril'Elflazio qui avec fait éclater la frustration de sa vengeance non réalisée, cette roturière nommée finalement Ambre Naelios qui avait eut droit avec l’aimable participation de son frère de couvrir de salive empoisonné la douceur de ses souvenirs, il y a avait eut Enelye, qu’elle avait assez sottement impliquée dans son histoire. C’était toutes des personnes extérieures, méprisées qui avaient eut accès à ces éléments de sa vie. Elle n’avait évoquée le sujet, ni avec Eryn qu’elle avait retrouvée brièvement, ni même avec Maya qui restait son maitre et sans doute la personne qu’elle avait côtoyé au plus prêt, dans cette académie, et si peu avec Ewall, qui la fuyait, visiblement. Faudrait-il une nouvelle fois pour convaincre cette inconnue, avancer tout le tragique de son passé, refaire jaillir en souriant les souvenirs en lames gelés ? Elle se calma lentement devant cette porte de bois sobre, retrouva son calme affiché, repoussa une mèche qui limitait la netteté de son regard et frappa trois coups impérieux . Peut être la marchombre était-elle absente mais s’était le seul endroit ou elle pouvait trouvé celle qu’on lui avait décrite comme « un être aux yeux particuliers ». Elle attendrait s’il le fallait.
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Ven 27 Jan 2012 - 0:52 | | | Il eut pu s’agir d’un de ces nœuds de hasard, d’une destinée particulière dans sa trivialité, avec son inimportance extrême au regard de l’étendue de l’univers, ou alors, une intuition, quelque chose de tenu, qui se serait manifesté la nuit, alors que le sang bouillonnait de nouveauté, un ersatz de prémonition, un calcul inconscient. Peut-être était-ce la conjoncture des évènements, ce qui devait être fait sans étayage raisonnable, pour couturer les liens, les souder aux siens. Probablement était-ce, à la base, le fait d’être deux, plutôt qu’une, d’avoir, clouer au cœur, la certitude qu’Ewall était là et l’attendait. Mais aujourd’hui, pourquoi ?
Peut-être était-ce le hasard, tout simplement.
Lorsqu’elle poussa la porte de ses appartements, elle fut surprise par l’odeur de poussière qui froissait l’atmosphère, y imprégnant son parfum capiteux, le même que l’on pourrait ressentir lors d’une étreinte fantomatique. Sourdement, il y avait dans les recoins des murmures aériens qui, sans forcément être mauvais, tenaient plus de la présence que de l’absence. Son appartement n’avait été alloué à personne alors même qu’elle n’y avait pratiquement jamais mis les pieds. Cela l’attrista, après tout c’était du gâchis. Le nombre de fois où le bureau avait accueilli sa présence pouvait se compter sur les doigts d’une main. Alors pourquoi aujourd’hui ?
Il y avait fallu le bruit contre la porte, ce toc toc bref et sec, pour la sortir de la léthargie qui avait guidé ses pas jusqu’à ce lieu, pour lui faire remarquer sa présence, au moment même où quelqu’un faisait montre de l’envie de lui parler. L’identité de la personne ne la titilla pas outre mesure, le temps qu’elle ouvre les yeux, vraiment, et balaye d’une main aérienne les paperasses couchée de poussière sur le petit meuble près de l’entrée. Elle jeta un coup d’œil à la croisée de la fenêtre, et le soleil devait briller de l’autre côté du bâtiment, puisque les ombres s’étiraient depuis la fenêtre sans vraiment se dissoudre dans la clarté du jour.
Elle mit ses mains dans ses poches, soudain, et sentit le papier froissé crissé sous ses doigts. Le dessin d’Ewall qu’elle conservait toujours. Avec précaution, elle le sortit et le déplia, pensive, et dans son esprit elle imaginait la main d’Ewall, son visage enfantin, prémices de l’homme qu’il deviendrait et qu’elle aimerait, oh oui, qu’elle aimerait.
Leur histoire se continuait d’elle-même, et avait pris un tournant flamboyant le soir du bal, le soir de la cascade. A cette idée, elle sentit poindre dans son cœur ce besoin omniprésent de le voir, de le toucher, de… l’embrasser. Par le ciel que ces sentiments lui étaient étranges ! Elle secoua la tête, un sourire tordu aux lèvres, et se résolu à se tourner vers la porte, alors que l’écho des coups marbraient encore l’atmosphère pesante du lieu.
Alors qu’elle posait la main sur la poignée de la porte, une reminescence. Un flash violent qui vint la secouer des pieds à la tête, et crisser ses dents. En un instant fulgurant, elle se perdit dans les limbes du temps, la main posée à plat dans une maison fantôme, craquelée de sang et de douleur, le meurtre qui tâchait les lambris, et le hurlement, stridents à en percer les tympans. Sa main fondait dans le bois, la treuillant dans l’histoire, dans le prisme écarlate d’un esprit encrouté de terreur, en haut d’un gouffre aux marches glissantes, noirâtres, et les crânes de l’enfer qui pavaient deux yeux émeraude, dilatés, tâchés. Souillés. Les visages étaient à nu, sous la peau il n’y avait que l’os, rongé, et les lambeaux de présents qui tordaient la raison, la douleur qui poussait, tirait aux côtés, et s’articulaient aux voix, aux foutus voix qui martelaient le tempo macabre de cette souffrance atroce.
Puis, aussi soudainement que cela avait commencé, elle se retrouva là, devant la porte de ses appartements, et s’apprêtait à ouvrir à un inconnu. Ses poumons se remplirent d’air en sifflant, et une goutte de sueur dégoulina de sa nuque pour finir sa course en bas de ses reins, incendiant sa colonne vertébrale d’un pressentiment tenace de danger imminent. Elle se reprit rapidement, incapable de comprendre d’où cette vision pouvait provenir, et pourquoi à cet instant précis. Mais elle n’avait pas peur des fantômes, et si elle fut surprise de découvrir le visage de Ciléa Ril’Morienval de l’autre côté de la porte, elle ne pouvait s’empêcher de se dire, à tort ou a raison, qu’elle aurait été davantage étonnée dans des conditions normales – ou autre.
En un coup d’œil, elle fut frappée l’évidente parenté qui unissait la professeur de dessin à l’apprenti qu’elle aimait. Le sang commun qui coulait dans leurs veines avait façonné sans férir la courbe de leurs pommettes à l’unisson, les sourcils arqués, jusqu’au lobe de leurs oreilles qui étaient de forme identique. Mais plus encore que la forme générale du visage, c’était l’éclat des yeux qui captiva ces de la marchombre. Autour de la pupille, deux émeraudes la fixaient, sans détourner le regard. Elle fut traversée d’un frisson, se rappelant un instant les images qui hantaient encore son esprit. Dans son esprit dansait un maelström d’émotions, et elle ne savait sur laquelle se fixer, par convention. Il y avait trop d’inconnues qui tournaient autour de Ciléa, Ewall ne lui avait que peu parler de sa sœur revenue d’entre les morts, et elle n’avait pas insistée, car elle avait vu que cela le bouleversait, et qu’il le ferait lorsqu’il serait près. Mais, aussi objective qu’elle puisse être devant la sœur de l’homme qu’elle aimait, elle devait bien dire que Ciléa ne lui paraissait pas avenante. D’ailleurs elle ne savait même pas pourquoi elle était là. Cela devait avoir un rapport avec Ewall, la coïncidence serait sinon un peu trop poussée.
Ne sachant que penser de la situation, elle prit son parti d’attendre des explications, et s’écarta du passage pour laisser entrer la noble au port altier. Elle ne la connaissait pas spécialement, en avait juste entendu parler, et n’avait remarqué son existence qu’une fois mise au courant que la sœur d’Ewall déambulais dans l’Académie et y dispensait des cours de dessin. On la disait hautaine, méprisante envers les roturiers, très douée en dessin, et d’une grande beauté. Sur ce point, elle pouvait juger directement de la véracité des rumeurs : elle avait un air angélique, quelque chose d’une grande pureté dans la courbe de sa nuque, quoiqu’avec un léger fragment d’artificialité. Avec un sourire, elle se dessina le visage d’Ewall, et le superposa à celui de la noble dessinatrice.
Elle croisa son regard, et ce qu’elle y lu fit disparaître toute trace de gaité de son visage. Instinctive, jusqu’aux tréfonds, à la manière des chats, elle savait si on lui voulait du mal ou non. C’était ce don de clairvoyance, allié à celui de la fuite, qui lui avait permis d’échapper aussi souvent à la mort. Aussi ne se permetait-elle pas d’écarter tout soupçon que lui envoyait son inconscient.
Ses épaules se tendirent, et ses appuis se déplacèrent, tandis que Ciléa faisait un pas en avant pour entrer. Elle s’effaça, rebutée à l’idée d’offrir son dos à une inconnue. Aussi, lorsque l’autre passa devant elle sans prononcer un mot, le nez hautain, elle poussa un soupir de soulagement intérieur, tandis qu’elle repoussait en elle l’idée d’une attaque physique : un véritable adversaire ne se serait jamais offert ainsi, dos découvert, au fauve qu’elle représentait. Il semblait que Ciléa ne souhaitât que parler. Ce qui n’était qu’à peine plus rassurant.
Après quelques pas, les deux femmes se retrouvèrent dans le salon saturé de poussière. Anaïel se cala dos au mur, une jambe tendue, l’autre légèrement repliée, les bras croisés sur la poitrine. L’espace luisait, pour elle, tandis qu’elle s’en imprégnait, se gorgeait des angles et des ombres, nouant à ses poignets les fibres spéciales de son bureau. D’une vois sifflotante, aux trilles racées, elle lança, avec autant de sérénité que possible :
- Bonjour Ciléa. Que me vaut ta présence ? Il ne me semble pas que nous nous connaissions.
Ce qui ne lui semblait pas une raison valable pour la vouvoyer, quoi qu’il en soit. Puis, avec sa franchise personnelle :
- Je suppose que ça a un rapport avec Ewall.
Aucune agressivité dans le ton, si ce n'est cette touche poignante qui lui tordit le ventre lorsqu'elle prononça son prénom. Quoi qu'il se passe. Quoi qu'il advienne.
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Sam 11 Fév 2012 - 13:31 | | | La porte dévoila un chat aux épaules frissonnantes et aux yeux étrange qui la dévisageait par-dessous avec l’envie palpable de bondir.
Elle croisa le regard rouge de la jeune femme et eut un haut de cœur qui se traduisit en un battement sec de ses longs cils. Plutôt vivre avec les paupières fermées plutôt que d’affliger au monde ces globes oculaires injectés de sangs. Elle se ressaisit vite, cependant, tant de chose dépendant cette femme et tenta un léger sourire de courtoisie que l’autre ne lui rendit pas-quelle incivilité-, puis promena ses yeux inquisiteurs à l’interieur de la salle, assez de temps pour lui faire comprendre qu’elle désirait entrer, trop brièvement pour tomber dans la grossierté. Plus réceptive qu’elle ne s’y attendait, l’autre s’effaça et elle put pénétrer dans la pièce promenant vaguement son regard sur le mobilier à la recherche d’indice qui pourrait lui permettre de cerner plus précisément son interlocutrice. Elle ressortit de cette brève exploration narquoise, tant la poussière s’accumulait sur les meubles, tant la pièce était éclatante de pauvrauté et de banalité .
Les choix de son frère étaient ils volontairement antithétique des siens ? Qu’avaient elle de rassurant cette femme introvertie et menaçante par le dessous ? Qu’avait-elle de captivant cette autre farouche aux courbes peu féminines et au regard étrange d’horreur ? Et qu’avait -il d’enviable, ce chemin qui avait taillé sa silhouette tout de nerfs et d’angoisse ? En se retournant pour faire face à son interlocutrice, elle observa une nouvelle fois Anaïel avec, à defaut de bienveillance, des yeux débarrassé du reproche d'exister.
Elle ne doutait pas que sa façon de réagir à son arrivée, venait plus des paroles d’Ewall qu’à sa propre réputation à l’académie . Sans doute, avait-il parler d’elle à en croire cette réserve dans l’attitude, à en croire cette déduction facile dans la bouche d’Anaïel. Reconnaître dans les réactions de la marchombre, l’amertume des propos d’Ewall lui assena un coup auquel elle s’attendait. Persuader cette femme réservée, à la méfiance en eveil, plaquée contre le mur pour n'avoir personne derrière elle n'allait pas s'avérer facile.
Elle hocha doucement la tête et en pinçant un peut les lèvres, elle opta pour le tutoiment. Effacer la distance, à coup de mots martellés semblait un leurre séduisant . «Après ce que tu as entendu de moi, sans doute vas-tu douter de ma bonne foi, mais je n’en ai que faire. »Le simple fait de la déclarer enlever toute crédibilité à ses paroles . Mais n’était-elle pas élégante cette marque de faiblesse qu’avouaient les personnes dépendantes du jugement d’autrui? Elle avait ouvert cette brèche volontairement, pour que l’autre s’engouffre dans ce ton quasiment confident qu’elle s’éforçait d’adopter. Elle s’approcha de la fenètre, ménageant un silence, l’observation du paysage lui laissant l’avantage non négligeable de tourner partiellement le dos à son interlocutrice . Pas qu'il y est véritablement mensonges dans ses paroles, mais ses yeux risquer de trahir l'insincerité tragique dont elle faisait preuve et sa terrible fragilité sur le sujet familial. "Vois-tu, tout ce qui le touche à Ewall m‘est digne d‘intêret, tant il m’est important. Il y a quelques années, j’aurais sans doute entendu de sa bouche toute ta personne, tes mots, ton apparences, tes gestes. Mais aujourd’hui..Non, nous ne nous connaissons pas et j’gnorais ton nom avant de l’apprendre sous la plume d’un étranger . Cela me parait tellement étrange de ne plus partager, comprends-tu ? Elle se retourna à ses derniers mots pour capter le regard rougeâtre et réussit à la soutenir sans laisser traverser les marques de dégouts qui lui infilitrait la bouche. "Je ne te demanderais rien de plus qu’un voyage, Anaïel. Un voyage, seule avec lui, un retour vers ce qui l’a brisé et éloigné.- vers ce qui m’a brisé, sans doute, mais ces choses là ne s’affirment pas-. Donne m’en la possibilité et tu auras, outre ma reconnaissance, la certitude de ne plus me retrouver sur son chemin, à défaut d'approuver ses choix. " Je suppose que tu ne pourras le faire pour moi, mais j’ose espérer que ta perspicacité y voit d’autre intérêts. N'est-ce pas pour Ewall, une oportunité formidable de reconstruction . Et une bonne conscience facilement achetée pour l'harmonie dont tu te targues d'appartenir ?
[Bien court, et laborieux, j'avoue ... Je ferai mieux la prochaine fois ! ] |
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Sam 18 Fév 2012 - 19:32 | | | A vrai dire, Ewall ne lui avait jamais vraiment parlé de Ciléa. Lors de leur dispute, au bal, le sujet était venu sur le tapis plus qu’à aucun autre moment par le passé – et le future. Elle ne savait pas, ne connaissait des Ril’Morienval que l’image sanglante qui tâchait l’esprit de son apprenti. Elle aurait pu se perdre en vaines suppositions – était-ce à cause d’un amour trop important qu’il avait autant souffert de la situation ou n’était-il qu’une présence trop jeune pour affronter le sang, ce qui laissait à l’écart le moindre sentiment ? Et elle ne voulait pas spéculer inutilement, les préjugés et tous leurs synonymes, elle n’aimait pas ça. Aussi attendait-elle patiemment qu’il vienne à elle, avec ses mots, avec ses émotions. Mais sa sœur était venue à elle avant lui, ce qui compliquait la situation. Elle ne coupa pas la parole à Ciléa, mais profita d’un instant de silence pour le lui dire d’une voix franche :- Je n’ai aucune raison de présumer de ta bonne fois. Je ne te connais pas.Et c’était vrai, Ewall ne lui avait que très peu parlé de sa famille, et en particulier de Ciléa. Il savait qu’il l’avait rencontré, et qu’Ambre avait fait partie de la situation, mais tout ce qu’elle savait de la dessinatrice, c’était qu’elle était, justement, dessinatrice. Elle n’avait jamais cherché à connaitre une personne en en interrogeant une autre, et la sœur d’Ewall ne faisait pas exception à la règle. Anaïel était quelqu’un de fondamentalement réactionnelle, ancrée dans l’instant, dans les perspectives ébauchées d’une secondes à l’autre pour être redéfinies celle d’après. Elle s’articulait autour de chaque situation, se l’apropriant avec une facilité toute marchombre, mais elle avait toujours énormément de mal à se projeter dans l’avenir, à ébaucher des entreprises, des esquisses de stratégies. Ainsi était-elle, et cela pouvait devenir aussi handicapant qu’était hallucinante sa manière de se couler dans le présent, totalement et inconditionnellement. Elle ne connaissait que les personnes qu’elle rencontrait, le reste n’était qu’hypothèses, et n’avaient en elles-mêmes moins de réalités que ce qu’elle avait sous les yeux.
Mais elle savait tout de même plus de choses que ce qu’elle laissait suggérer, notamment le tragique dénouement de l’enfance d’Ewall, avec tout ce sang, partout, tous ces cris, toute cette souffrance. Elle n’avait que les images en tête, les sons, plutôt des ressentis en fait. Mais c’était amplement suffisant.
Sa main la picotait toujours, à cet endroit précis où elle avait été en contact avec le bois maudit. Elle cligna des yeux, à la phrase suivante de Ciléa.
Non. Non, je ne comprends pas.
Une vague étrange la fit frissonner. Les mots de Ciléa ne résonnaient pas dans l’atmosphère saturée de poussière, et pourtant la marchombre avait l’impression qu’ils venaient de très loin, bravant le temps et l’espace pour trouer la bulle de leur intimité à ce moment précis. Son échine se hérissa, mais c’est dans son cœur que s’ouvrit le gouffre étonnant de la solitude et de son passé avorté. Aucun souvenir, ou presque, auquel se raccrocher, la bise et le froid comme père et mère, la viande, sœur de sang, qui lui donnait l’énergie de vivre, de survivre, alors qu’elle n’avait que 6 ans. C’est dans un univers vierge de tout sentiment qu’elle avait grandi, vierge de tout partage, alors que le monde se divisait en deux castes : les prédateurs et les proies. Difficile de faire moins familial comme situation, difficile de s’attendre à ce qu’elle comprenne la notion même de famille, alors qu’elle n’avait jamais été entourée que de misère, de danger, de nouvelle journée à survivre.
Anaïel baissa les yeux, essayant, vraiment, de se mettre à la place de la dessinatrice, sans y parvenir. C’était trop différent, trop « autre » pour qu’elle y parvienne, malgré son étonnante ouverture d’esprit. Il est des choses qui naissent, qui demeurent, innées, et d’autres qui s’acquiert, petit à petit, et l’esprit de famille semblait en faire partie.
Pourtant, elle était capable d’éprouver de l’amour. Ewall le lui avait véritablement prouvé, mais avant ça il avait eu toutes ces présences rassurantes, ces piliers d’existence, ces flammes brûlantes qu’elle conservait jalousement dans son cœur, les alimentant par souvenirs, et par beaucoup d’amitié. Mais ces personnes n’étaient pas comme une famille. Elle ne pouvait pas le savoir, puisqu’elle ne savait pas ressentir la fraternité, l’amour d’une mère ou d’un père, mais elle se doutait qu’il y avait quelque chose de profondément différent entre ces deux formes d’affections. On choisit ses amis, mais on ne choisis pas sa famille. Jamais Anaïel n’avait été « obligée » d’aimer quelqu’un, sa vie était dictée par ses propres choix, invariablement et, sans attaches, elle avait jouie de cette liberté totale et presque mythique que les marchombres comptaient à leurs apprentis, sans en mesurer toute l’étendue, toute la redoutable solitude qu’elle occasionnait. Elle avait été dépossédée de son enfance. Son enfance qu’elle tentait de conserver, inconsciemment, en se raccrochant vaille que vaille à ces lambeaux d’innocence qui lui crevaient les yeux lorsqu’elle contemplait une fleur, lorsque la vérité suintait de sa bouche par morceaux entiers, vrais, brutaux, lorsque ses rêves prenaient la couleur du réel et qu’elle ne trouvait pas de repos avant d’en avoir apprivoisé toute les facettes.
Non, elle ne comprenait pas. Et elle savait qu’elle avait raté quelque chose, et que cette chose serait à jamais absente de sa vie, qu’elle ne pourrait plus revenir en arrière pour retrouver ce sentiment de toute-puissance que l’on a lorsque l’on est entouré de ceux qu’on aime, et que ceux-ci partagent un même sang.- Non. Non, je ne comprends pas.Elle fut surprise d’avoir parlé à haute voix lorsque Ciléa se retourna vers elle, les yeux vides, voilés derrière la barrière qu’elle se forçait d’ériger, écœurée, probablement, par son aspect si atypique – qu’importe, elle avait l’habitude. Anaïel baissa les yeux, et fronçait les sourcils, pour tenter de contenir l’effroyable tristesse qui pointa dans son cœur. Celle qui aurait pu lui servir de famille, la seule qui s’en approchait véritablement, c’était Elhya. Elhya que Marlyn avait tué.
Une larme presque invisible coula sur sa joue, et elle s’en voulu. Elle s’en voulu énormément de laisser apparaître sa faiblesse devant une personne qu’elle ne connaissait, dont les intentions n’étaient même pas claires. Elle s’en voulu et se reprit aussitôt, jugulant ce mélange douteux qui recelait autant de colère que de tristesse, autant d’incompréhension que de fatalisme. Et le fatalisme, elle n’aimait pas, mais alors pas du tout ça.
Elle se redressa et fit un geste de la main, un geste vague qui aurait pu signifier n’importe quoi. Elle avait bien entendu la demande de la dessinatrice, mais elle laissa le silence s’installer, le regard soudain devennu pensif, la tête légèrement tournée vers la fenêtre – et vers son épaule. La réponse était simple, pourtant, mais Anaïel voulu être sure, sure d’elle, sure de ne pas parler sous l’emprise d’un dogme trop ancien pour être retrouvé par autre chose qu’une voix. C’est avec une voix douce qu’elle répondit :- Je ne crois pas que cela sera possible. Le silence les écrasa toute deux, alors qu’elle venait juste de finir sa phrase. Elle sentait le regard de Ciléa posé sur sa mâchoire, peut-être l’air furibond, au moins déçu, peut-être haineux, au moins tendu. Une pointe de culpabilité la tarauda, ce n’était pas dans ses habitudes de refuser ce qu’elle pouvait aisément offrir, mais elle le balaya bien vite. A nouveau, elle expliqua :- Je pourrais te dire que c’est ainsi, que l’enseignement marchombre ne permet pas de telles écarts. Je pourrais te dire que je ne veux tout simplement pas, parce que je n’ai pas confiance en toi. Je pourrais te dire que je ne veux pas me séparer d’Ewall ainsi alors que nous commençons tout juste à nous … comprendre.
Elle avait faillit dire « aimer ». Mais quelque chose dans l’attitude de la dessinatrice lui suggéra de passer ce détail sous silence. Une chape pourpre lui colora les pommettes alors que ses prunelles flamboyèrent d’une poussée vertigineuse d’amour et de tendresse. Elle détourna la tête, cachant le fard qu’Ewall faisait naître sur son visage à chaque fois qu’elle l’évoquait. Elle continua, la voix plus basse : - Ce seraient de très bons arguments, contre lesquels tu ne pourrais rien faire.Elle se tu à nouveau, laissant ses pensées remontées, pour tenter d’être la plus franche possible, face à Ciléa mais surtout face à elle-même.
- Mais la véritable raison, c’est que je ne veux pas briser sa confiance en prenant en main quelque chose qu’il doit décider seul.
Un temps.
- Et puis, les premières composantes de mon refus sont vraiment d’actualité. Je ne veux pas le laisser partir pour toutes ces raisons. Elle souffla sur une poutre à ses côtés, et fit valser un nuage de poussière qui colora sa respiration de gris. Elle réfléchit un instant, forçant son esprit à accepter une situation qu’elle ne connaissait pas, tentant de faire rentrer à l’intérieur de sa boite crânienne la conception d’une famille aux yeux verts, et l’hypothèse qu’Ewall aimait sa sœur et voulait la retrouver. Mais il y avait un hic dans cette hypothèse. Ce hic, c’était les cris d’Ewall, sa déception et sa détresse lorsqu’il l’avait accusé de savoir pour Ciléa. Sa colère dénotait franchement avec un amour fraternel intense, et une envie de « partager à nouveau ». Elle prit une décision. - Je voudrais d’abords avoir l’avis d’Ewall avant de te répondre définitivement. Lui as-tu proposé ton projet ?Il était peu probable que non, elle avait l’intime conviction qu’Ewall lui en aurait parlé. Mais savait-on jamais.
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Sam 10 Mar 2012 - 23:12 | | |
Pas de mesquinerie, ni même de sensation palpable d’ironie dans sa réponse, juste cette douceur, violente de refus et qui la laissait par ailleurs, assez démunie. Tu ne laisse spas couler de venin sur tes lèvres sifflantes, est-ce sous le miel épais que tu caches le poison ?
De dépit, les sourcils s’arquèrent légèrement et les émeraudes devinrent tranchantes, le sourire se força un peu avant de se radoucir sous le coup de la prudence et de l‘indécidé: « Je ne crois », trois mots tendu comme une main tremblante, sentence dont l’incertitude ne pouvait se réduire à une mesure de politesse; La franchise était de mise depuis les premiers mots, le scrupule ou la précaution n’avaient sans doute pas leur place dans les paroles de la marchombre. La brêche s’était ouverte avant même que la phrase ai abouti, avant même d’avoir prononcé le refus. Il restait à l’ouvrir, à tourner le tranchant longuement dans les indices qui lui étaient offert, et à convaincre, finalement.
Tout de même, n’y avait-il pas une once de hauteur dans ces quelques mots ? Tu sembles tellement sûre de toi, tellement sûre d et de ta position alors qu’incertaine, tu flanches sur tes mots . Quelle impudence de proclamer ta méfiance et de me laisser apprécier la juste émancipation d'Ewall vis à vis des influences divers. Je me targue d’être un danger pour lui, autant que tu l’est toi, pourtant,Crois moi, créature aux yeux rouges, je pourrais en faire beaucoup plus que ce que tu ne sembles croire. Un pas sur le côté brave la distance, quelques dessins pour lui lier les mains et son corps tout entier embrasse le voyage. Mais son esprit-oiseau risque fort de s’y opposer . Et son esprit, il te l’a offert, ton entier, en s’alienant à toi et à la prison qui te sert de guilde . C’est-ce que je viens récupérer, ici .
« Non. »
Un regard légèrement défaillant, tant il ne lui appartenait pas, soumis et prudent, ennuyé . Elle la regarda comme une enfant malade à qui on essaie de faire entendre raison. La déception flagrante, se mêlant à l"hypocrisie à peine dissimulée
« Je croyais, pardonne mon ignorance, que le maître avait durant trois ans, tous les droits sur l’apprenti. Mais je peux le convoquer ici, si tel est ton désir »
Quelques Spires, une voix à peine transformée : Il viendra, curieux de nature, il viendra, c’est certain . Tes désirs sont des ordres même si j‘aurais le plaisir de transmettre les ordres et de suggérer les désirs.
Elle ne pouvait sciemment avouer l’échec de communication qui sous tendait l' esquive. Soigneusement, Ewall l’évitait, soigneusement, elle l'imitait mais tremblait d‘impuissance en le voyant si proche sans pouvoir renouer avec cet embryon du passé doré .Elle ne pouvait se résignait à se trainer devant lui, devant ce déguisement bariolé, entouré d'un cercle de saltimbanque, et revenir sur l’ancien . Ce n’était pas le lieu. Elle n’était pas prète. Ses yeux reprirent contenance et elle tenta plutôt vainement étouffait le ton de provocation qui germait de sa colère. Le regard contenu, le sourire à peine courtois elle ne pu s'empécher de revenir en avant du discours.
"Je présume, cependant que la confiance que tu as en moi ou même ton refus, n'aurait pas de raisons d'être s'il était seul à décider. Crois-moi, si je le savais unique maitre , je serais sans doute devant lui et non devant toi . Tes premières raisons me laisse penser que tu as un mot à dire dans ses préférences, et quand bien même ce fut à lui de choisir, finalement, un rejet influerais inévitablement sur sa décision. »
Ce que tu veux, tu l’auras certainement malgré le voile moqueur de son indépendance factice . Ces yeux sanglant oseraient ils m’affirmaient qu’ils ne comptent pas ? Quels sont ses liens qui vous accrochent l'un à l'autre, si ce n'est cette sorte de dévotions mutuelle, confiance écoeurante, qui adhère aux idées sans même se rendre compte que ce n'est pas les votre, mais celles d'un autre à qui vous vous êtes abandonnés
Elle fit quelques pas, sans doute en manque de lumière pour se couler dans les rayons que la la fenêtre, projetait , posa sa main, sans l'appuyer, sur le dossier d’un vieux fauteuil et fit passer son regard à travers la vitre pour reprendre plus lentement .
« Je comprends cependant que cette perspective puisse t' effrayer, fit elle , Il est vrai qu'il pourrait rentrer changer de ce simple voyage, qu'il pourrait ne plus te comprendre, qu'il pourrait même décider que ce que tu lui proposes ne lui convient plus . . Vraiment, je mesure quels sont les risques, et combien sont bonnes les raisons qui te poussent à refuser. Ce voyage pourtant, te donnerait la consistance de son dévouement. L’occasion d’abandonner s’il le veut la voie où il s’est engager, l’occasion de réaffirmer son choix. "
Les petits personnage s'animaient, en bas, dans les jardins, son frère était-il parmi eux, petite personne comme les autres, démesurément insouciant du regard qu'on pouvait porter sur lui ?
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Jeu 22 Mar 2012 - 22:34 | | | Ciléa n’était pas, ou peu s’en faut, quelqu’un à qui l’on disait sciemment non, sans attendre la bataille qui s’en suivrait. La marchombre le devina, par-dessous les cils, dans l’ombre flottée, dans l’arceau voilée d’un éclat, la pupille flouée. Et la bouche de se tordre, vibrion inquisiteur, calculateur, oh, bien entendu, il ne s’agissait pas de méchanceté, simplement d’une façon d’être, dont Anaïel n’avait pas l’habitude. Elle sentait, ressentait, la tension dans les épaules, et le triangle de celles-ci qui se resserre autour de la nuque, roide et fière dans sa gangue ourlée d’or blond. Les yeux de Ciléa se firent froids comme… comme elle ne put le définir. Le refus, elle n’aimait pas, cela semblait certain. Semblait certain. Piètre oxymore pour décrire le trouble de la marchombre, qui marchait sur les œufs de ses mots, cherchant désespérément à se couler dans une situation où elle n’avait guère sa place. Les histoires de famille, elle n’y connaissait strictement rien.
En revanche, elle savait ce qu’elle-même ressentait, elle savait qu’elle était la détentrice d’une chose que Ciléa recherchait. Cette chose c’était le pouvoir d’être proche d’Ewall, comme elle ne semblait pas capable de l’être. Cette chose, finalement, c’était l’ascendance sur un être acquis comme élève, pupille, c’était le pouvoir d’ordonner, et d’être obéit. Et la marchombre de réaliser cela avec un froncement de sourcils, scrutant intensément le visage de la sœur de son élève et ami, légèrement agacée à la simple idée que cela puisse être vraiment ainsi. Contrariée, elle prenait le rôle, pour la noble blonde, d’une intermédiaire qui pouvait faire pencher les choses en sa faveur, sans qu’à un seul instant n’intervienne la volonté du principal protagoniste : Ewall. Bafouée ainsi la liberté la plus simple de l’esprit, à fournir des alibis retors à seule fin de dissimuler une lâcheté sentimentale, lui crispait la nuque, et le dos de plier, contracter, contre le bois de la poutre rude. Elle répliqua, plutôt durement :- Et je croyais, pardonne mon ignorance, qu’enseignement ou non, il était préférable de discuter avec le principal intéressé plutôt que d’échafauder des plans sur la comète sans même son avis sur la question.Aussitôt, elle regretta la brusquerie de ses propos, attitude puérile et gratuitement tranchante qu’elle ne trouvait vraiment pas appropriée à la conversation. Elle ne bougea pas, mais adressa un sourire d’excuse à Ciléa en soupirant. Radoucie, sa voix se para de plus de douceur.
- Pardonne moi, ces mots n’ont pas leurs place ici. Simplement, toute moi et toute marchombre que je suis, je n’aime pas prendre la place primordiale d’une décision qui finalement n’est que d’une infime partie de mon ressort.Elle s’avança vers la noble, plantée, fière et droite, sans que celle-ci ne trésaille à son approche – ou très peu. La croisée se parait de tourbillons poussiéreux consécutifs à son déplacement, tourbillons qui s’affolèrent un instant avant de perdre leurs méandres dans l’ombre et l’apaisement. De même que la brève mise au jour de son énervement. Fixant les volutes, elle tenta de calmer le battement vif de son cœur, et sa colère née de son impuissance et de cette situation où elle n’avait pas l’impression d’avoir sa place. C’était cet embarras qui lui liait les mots, et les transformait en piques méchantes.
Mais il y avait autre chose, également, quelque mots, et l’attitude entière de la noble, cette manière qu’elle avait, hautaine, de suggérer sa capacité à « mander » avec l’exclusive certitude de se savoir maîtresse des sentiments, en plus du temps et de l’espace. Mais pas tant que ça, finalement, si elle en était rendue à mendier le bon vouloir d’une marchombre sans nom. Etait-ce pour cela qu’elle apparaissait comme si froide et si hautaine, malgré les sourires sans joies et les paroles que ne contaminaient pas les beaux yeux verts ? Anaïel secoua la tête.- Non, je ne crois pas que cela soit une bonne idée. D’une part parce que c’était contraire, fondamentalement et surtout confusément, à l’image qu’elle se faisait des interactions humaines – celles-ci ne devraient jamais être sous l’apanage de l’ordre, de la manipulation, de la séduction ou de l’exhortation – mais également parce que, trivialement, elle ne se sentait pas capable d’appréhender calmement un dessin aussi proche d’elle dans ce lieu clos ou fusionnait bois et poussière, silence et soupires. Mais déjà, la noble reprenait, fausse, enfin, cela lui apparaissait comme tel. Agacée, de nouveau, Anaïel retrouvait dans ces piètres arguments une faiblesse, une lâcheté qu’elle n’appréciait pas. Elle clarifia la situation d’une voix sans timbre, à défaut d’irritée.- Bien entendu que mon rejet influerait sur sa décision. Si je voulais, je pourrais lui interdire de s’éloigner de moi de plus d’un mètre, lui ordonner de me suivre, et de refouler la moindre de ses envie d’évasion ou de reconquête d’un passé abscons. C’est apparemment ce que tu penses être comme pratique marchombres, mais tu te trompes lourdement. Elle secoua la tête, à nouveau. - Une relation maître-élève, dans l’enseignement marchombre, est par essence quelque chose de profond, qui lie les aspirations de l’un à l’expérience de l’autre, et bien entendu, la philosophie marchombre aide beaucoup au rapprochement des deux personnes. Et même si le précepte de base est l’obéissance pour mieux accéder à la liberté, rien n’est jamais figé. Chaque relation est unique et je choisis de privilégier l’égalité. Ewall a autant de chose à m’apporter que moi à lui enseigner. Je conserve le statut de maître, mais je n’interdirais jamais rien à Ewall s’il le désire vraiment. J’essayerais toujours dans la mesure du possible d’allier ses envies à l’enseignement marchombre. Ce point a été mis au clair dès les premiers instants de notre rencontre. Il sait que je ne lui refuserais rien avec uniquement pour argument l'enseignement marchombre. C’est pour cela que je n’ai pas refusé de but en blanc et que je continue de discuter avec toi. Mais c’est aussi pour cela que je suis agacée de te voir le laisser à l’écart d’une décision qui, même si elle était validée à ce moment même, resterait caduque sans sa propre décision. Elle se tourna délibérément vers la noble, pour lui faire face, la fixant franchement sans aucune retenue. C’est dans l’éclat viride de ses yeux qu’elle retrouvait son Ewall, mais dans la hauteur de son teint, dans l’indifférence froide et factice de es lèvres fines, elle ne voyait que la nobliaude trop fière pour oser affronter son frère sans avoir l’aval de son maître. Comprenait-elle qu’elle ne pouvait rien obtenir de plus de sa part, alors qu’elle venait franchement de lui expliquer ne pas avoir à prendre autant part d’une querelle qui ne concernait qu’eux ? - Tu n’auras pas mon aval tant que tu n’auras pas le courage de l’en convaincre lui, de l’importance de ce voyage. Qu’importe le pincement de tes lèvres, ta robe se plisse bien plus que ton visage, certes, tu es maitresse de toi-même, et tu ne devrais pas nier ce droit à ton propre frère. Oh, bien sur, je suis terrifiée. Parce qu’au-delà de mes mots, je l’imagine accepter et ne pas me revenir. Et cette perspective m’effraie au-delà de tout. Et pourtant, comme tu l’affirme, s’i me revenait, j’aurais une preuve de plus de son allégeance, de son amour. Mais que me chaud une montagne de preuve lorsque je peux effleurer sa peau et lui montrer comment voler, là-haut ? J’essaye, je vais essayer, vraiment, de ne pas être égoïste. S’il le veut, je m’inclinerais. Mais cela, je ne peux pas te le dire carrément, parce que je n’ai pas beaucoup appris d’Ambre si ce n’est ceci : j’ai quelque chose que tu désires.
Il était temps, donc de la sonder un peu plus, cette jeune femme aussi belle qu’altière, parce que malgré ses dires, malgré sa sensation d’inconfort, de gêne, à faire partie de ce maelstrom tortueux de sang familial, elle voulait creuser un peu, gratter la surface de ce visage, sous les yeux verts, quels miroirs ?
Et alors qu’elle regardait Ciléa, son regard fut attiré par le parchemin sur lequel figurait le dessin d’Ewall. Bien en évidence sur le meuble derrière la dessinatrice. Sans savoir vraiment pourquoi, elle sut en elle-même qu’elle ne voulait pas que la jeune femme s’en empare. Elle se détourna alors, faussement sereine.- En effet, cette idée me terrifie.Un silence.
- Mais qu’en dire autant de toi ? Il te suffirait d’attendre un peu plus de 2 ans, pour pouvoir effectuer ce voyage avec lui, avec un Ewall qui aurait continué sa Voie sans que tu ne t’interpose dans ses choix. As-tu peur qu’alors, plus mûr de quelques années à peine, il change tellement que tu ne puisses plus envisager ce voyage auquel tu tiens tant ? Et malgré son inquiétude, elle était curieuse de savoir ce que Ciléa allait répondre, car la question n’était pas rhétorique et démontrait un intérêt franc à ce que pensait la dessinatrice.
[Avec beaucoup de plaisir, comme toujours ] |
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Mer 30 Mai 2012 - 0:26 | | | Elle ne se manifesta pas alors qu’Anaïel affermissait sa position et réitérer son refus, se contentant de défroisser l‘étole qui, dans le creux de son cou, avait insensiblement bouger depuis le début de la conversation .L’absurdité de sa propre position lui revenait pourtant en bouche et fléchissait graduellement sa détermination tant les reproches de la marchombre étaient attendu et redoutés, puisque terriblement vrais et humiliants. Anaïel avait visé juste, avait pressentie sa principale faiblesse -les pores de sa peau respirait-ils à ce point sa pensée ? - Pourquoi était-elle ici, au juste, elle savait pourtant pertinemment , au fond que sa requête était irrecevable et qu'elle provoquerait inévitablement l'indignation : Si Ciléa ne pouvait avait la certitude que l’autre détiendrait la clé, qu’elle était sa seule issue vers son frère, elle avait eut au moins l’intuition qu’elle devait rencontrer cet être si proche, plus proche qu’elle ne semblait pouvoir l’être -il faudrait au moins se l’avouer-.
Charitable, Anaïel, pour lui éviter le mot lacheté en pleine figure ? Mais comme en revanche, elle prenait plaisir à détailler les liens établis du maitre et de l’apprenti. Tant de mots choisis pour déterminer enfin ce que tu ne ferais jamais . Jamais ? Je ne doute pas de ta bonne foi, il reste qu’un tel pouvoir t’es attribué par ces chaines tacites.
«Simplement deux ans ? » souffla-t-elle, le regard incisif.
Cela fait plus de quatre ans, quatre ans qu’elle espérait . Faudrait il figer cette histoire familiales des années encore, choisir l‘évitement continuel avant de demander à l'homme libre d'astreintes marchombre de l'accompagner ? Comment pourrait-elle envisager cette durée? . N’était-ce pas cruelle de la part d’une femme qu’une absence de quelques jours faisait hésiter, de lui demander avec désinvolture attendre, d’attendre encore, comme si cela ne coutait rien ?
«Ne m’attribuez pas vos propre peurs Anaïel. Comment pourrait-il changez plus qu’il ne l’a fait, jusqu’ici ? Petit rire amer, plus triste que moqueur . non vraiment de ce coté , je n’ai rien à redouter."
Le vouvoiement était revenu spontanément, lapsus de son impuissance, barrière contre la confession.
La franchise n’avait jamais été dans ses habitudes le ton d’aveu qu’Anaïel glissait dans ses phrases lui apparut hautement déplaisant, puisque désavantageux. La suivre dans le jeu du vrai était partie risquée, et la conversation lui échapperait délibérément, tant elle était peu coutumière du ton . Elle n’avait aucune envie de se confier à l’étrangère, céder un plus de sang, au risque de tout perdre, offrir un accès facile à son être unique. Non, vraiment. C’est à elle-même qu’elle devrait s’en prendre, cependant, elle avait ouvert un contexte propre aux aveux et aux confidences , prévenue de telles propositions .
Il y a tant de chose qu’il me répugne d’avouer tant l’évidence est dérangeante. Ce lieu est stérile de toute rencontre, tellement loin de notre décors d’enfance, de notre univers partagé. Ici étranger l’un de l’autre, jamais nous ne retrouverons -j’embrume mon crâne à la folie de nos divergences manifestes, comment pourraient-elle t’échapper?- Quand je choisis la voie des Spires, doux héritage de mon nom, il rit dans cette guilde où le rang n‘est plus. Séparation institutionnelle de l’élève et du professeur, Séparation mordante de nos attitude se défiant l’une l’autre, sans qu’il est joute, lache que nous sommes, je le concède. Ces murs poussent entre nos deux morceaux de ciel, achevant d’y soustraire le souvenir de l’autre. J’ai pensé -j’ai rêvé- que l’Arche dévoilerait les pas révolus de nos flâneries et que les tableaux poussiéreux du grand salon recomposerait nos liens. J’ai songé simplement -la guerison viendra plus tard, je n’en demande pas tant-, à un soleil d’Al-Jeit qui se teinterait pour nous, de la même couleur.
Elle était prête à l’emmener, enterrer les cendres de ces corps chéris, à recommencer, à faire le deuil. Et tu sens à demi mot que l’autre a déjà tenu le rôle convoité.
« J’ai biens des choses à lui dire. Des choses difficiles à entendre mais qu’il ne peut ignorer plus longtemps. » continua-t-elle.
Pour ça j’ai besoin de ce voyage Là bas….
Les détails de l’assassinat lui revenait en tête, mécanique froide du puzzle lentement recomposé et ressassé pendant plus de sept ans, longue enquête qui avait pris fin avec les révélations de Varsgorn . Elle avait soutirer les bribes de la tapisserie immense et sordide puis avait appris patiemment à tisser. Maya, Vargorn, l’eclipse ; minutieusement, elle avait confronter les sources, et aujourd'hui, elle savait très exactement ce qui s’était passé, qui avait tué, pourquoi on avait tué. Maintenant qu’elle le savait, la conduite à tenir auprès d’Ewall lui apparaissait étrangement incertaine.
Elle se sentait redevable de vérité à ce frère, à ce frère menteur, à ce frère insouciant, à ce frère qui reniait jusqu’à son nom. Qu'importe, au fond son attitude, qu'importe leurs liens inexistant. Elle avait la certitude ne devoir lui dire, sans qu'elle sache exactement pourquoi.
Courber son dos pour alléger le mien .
« Il y a d'autres raisons… plus pragmatiques. »
Il me faudra encore livrer un peu du pus de la noblesse, vous donner de quoi contenter une justification, combat perdu d’avance, contre vous qui ne semblez pas comprendre le mot " famille ".Elles sont jalouses de leur histoire et de leur généalogie, roturière, elle ne permette pas les écarts, elles savent reconnaitre leur sang et arbore leurs couleurs avec fierté .
« Il existe encore des Ril’Morienval au sud et autant de personnes qui rappelleront sans cesse à Ewall qui il est. Pendant un temps, j‘ai cru, morte dans les mémoires, pouvoir vivre à l'insu de ma famille. Mais les rumeurs vont vite, et déjà nos parents d’Al-Jeit s’inquiètent de voire leurs héritiers perdus dans les glaces frontalières. Depuis que mon nom apparait sur le registre officiel du corps enseignant de l’académie, j’ai reçu plusieurs missives interrogatrices. Certains de mes parents étaient dubitatifs, d’autre me conviaient à les rejoindre à Al-Jeit, d’autre encore, avaient des allures d’accusateurs. Imposteur, j’aurais usurper mon propre nom . -elle eut un rire- . Je ne pourrais par garder cet anonymat bien longtemps encore, il me faudra revenir vers ceux de mon sang. Cette affaire familiale semble pour l'instant ne concerner que moi, mais Ewall ne pourra indéfiniment l’ignorer ou la fuir. "
Ou que vous vous cachiez , les choses comme celle-ci vous retrouvent toujours, elles sont trop ancrée en vous pour vous abandonnez-je l'ai entendue crier aux fantomes, dans les clair-obscur des colonnades. Et la fuite n'est pas un choix, vous le savez peut être mieux que moi.
« Je comptais lui en parler, bien sur et j’aurais préférer garder ces informations à sa seule destination."
Ewall est trop oiseau pour se laisser encager, je crois .
[de même =) ]
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Mar 24 Juil 2012 - 23:08 | | | Le ton mordant de Ciléa lui hérissa l’échine. Non pas qu’elle ne se sente agressée, réellement, elle sentait la détresse, une certaine fureur couvée qui bruissait sous les émeraudes pincées, et elle savait, au fond, que cette colère était moins viscérale que relative au refus d’Anaïel. Cette dernière ne s’était pas trompée : le ton de Ciléa, c’était le dernier soubresaut du siffleur qui s’apprête à sauter à la gorge du tigre, aculé à la montagne, une patte blessée. Mais Anaïel était trop prédatrice, trop instinctive, trop émotive pour ne pas réagir, même absurdement, à n’importe quelle type d’agressivité. Ses poings se serrèrent, et ses ongles, blancs, de s’enfoncer dans ses paumes. Brillant par son immobilité, son échine ancra ses appuis, au-devant, cloués à l’avant. Mais la tristesse de Ciléa avait quelque chose de trop profondément douloureux pour qu’elle ne le remarque pas. Ce qui suffit, un temps, à ce qu’elle ne lui saute tout simplement pas à la gorge.
Deux ans n’étaient rien. Deux ans étaient tout. Combien de temps durerait ce voyage que tu souhaites partager avec lui ? Si, comme j’imagine le deviner, votre destination est Al’Jeit, ou moins précisément le sud, combien de temps pour un tel voyage ? Il changera à tes côtés, j’en ai la certitude, parce qu’Ewall, son passé le ronge malgré tout ce qu’il puisse en dire. Et je me demande s’il est assez solide pour s’y confronter et me revenir entier. Quelle pagaye…
Le vouvoiement était revenu. En elle-même, Anaïel ne pouvait s’empêcher d’admirer la manière dont la noble minait l’échange, semant aux coins les graines de la défiance, d’une tristesse communicative, et de retourner les situations comme autant de gants tachés de sang. Mais l’écarlate teintait toujours, tâche ingrate, de telle manière que la marchombre puisse même sentir la difficulté de Ciléa à continuer, malgré tout. Sans avoir aucune idée du fait que sa franchise puisse jouer ce jeu de manipulation, elle voyait, ressentait le trouble de Ciléa, jusque dans ses os. Et ce n’était pas pour alléger la charge de son esprit confus. Que pouvait-elle donc répondre à cela ?
Et voilà que tu tentes, sournoise, de retourner à ton avantage ces déclaration pseudo arrachées de force. Un sourire froid suspendit les lèvres de la marchombre, pont de chair qui découvrit, un temps, ses deux canines. D’une démarche languide, féline, elle s’approcha de la dessinatrice, la contourna par le côté, et s’accouda au meuble sur lequel reposait le dessin, le soustrayant à la possible vision de Ciléa. Sans paraitre troublée outre mesure, elle siffla, peut-être un brin plus venimeux :- N’essaye même pas, Ciléa, n’essaye même pas de me faire culpabiliser. Tu aurais pu lui en parler, de nombreuses fois. Si tu n’en as pas eu le courage, c’est entièrement ta faute. Elle souffla, un brin, et lui jeta un regard comme on jette un pavé dans la tronche.- Tu… Tu sembles ne pas comprendre ce que j’essaye de t’expliquer. Bien sûr que je suis terrifiée, même à l’idée qu’il me quitte dans deux ans. Mais ce n’est pas le problème et tu le sais bien. Le problème c’est que tu souhaites juste le propulser au-devant de ces problèmes que pour l’instant tu es seule à affronter. Anaïel fit doucement jouer ses doigts sur le papier, tenta, réussit, à le mettre dans la poche arrière de sa tunique. Puis elle avança. De deux pas. Pour se retrouver face à Ciléa, leurs cils se touchant presque, sans qu’à un seul moment la noble n’esquisse un geste de retrait. Elle avait donc un brin de bravoure, caché sous le sel de ses paroles amères. Leurs quatre prunelles s’unirent, crépitantes.- Tu veux salir ce que le temps a lavé chez lui et pas chez toi. Elle vit la main de Ciléa partir vers son visage. Le geste partit des épaules, un léger retrait, puis la fuit au coude, qui se balance vers l’avant comme un pendule hargneux. Enfin, le poignet, gainé, rigide, plus dur encore que le vert bouillant de tes yeux étrécit. Enfin, l’impact. Quelque chose d’étrangement acide, qui dévala l’œsophage de la marchombre comme un poison. Il y eut un temps, elle aurait tué pour un geste pareil. Ses dents seraient devenues rouges, rouges comme ses ongles et ses paumes qu’elle aurait trempées dans les entrailles du fautif, fourrageant jusqu’à découvrir le cœur dans la cage thoracique, et le déchirer, le déchiqueter, le broyer. Il fut un temps, Ciléa n’aurait eu le temps que de respirer encore une fois, une seule et unique fois. Avant de vomir son sang souillé de haine, à plein bouillons. Mais pas aujourd’hui aujourd’hui c’est piscine .
Aujourd’hui, elle était la sœur d’Ewall. Et aujourd’hui, Anaïel avait grandi. Grandit au point de voir venir la gifle, humiliante et vicieuse, de la voir et de la laisser atteindre son but, en l’occurrence sa joue, pour y imprimer l’écarlate propre à ceux qui n’ont plus d’arguments que les gestes pour s’exprimer. Grandit au point de ne pas, ensuite, déchirer la gorge de Ciléa par ses dents déjà découvertes. Elle resta immobile, très roide dans sa gangue de contrôle d’elle-même, furieusement concentrée sur les pulsations sereines de son cœur brûlant. Sa nuque craqua lorsque la tête, percutée, tourna vers la gauche, plus fragile sous la poussée. Ensuite, tout doucement, elle fit face, à nouveau, à la dessinatrice aux yeux verts.
D’une voix aussi sereine que la nuit. Les yeux chargés de fièvre.- Tu n’auras jamais mon consentement sans le sien. Jamais.[Bon, alors pour la gifle c'est un gros tripe qui m'est venu sous le coup, donc je poste tout de même, mais n'hésite pas, si ça ne te convient pas je change toute la fin ^^ ] |
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| Sujet: Re: Prenez pitié de ma hauteur [Terminé] Ven 24 Aoû 2012 - 17:57 | | | Anaïel se déplaçait lentement, les membres souples, et si sa formation propre ne l’avait en aucun cas formé aux techniques guerrière, Ciléa croyait pourtant percevoir l’arc que décrivait autour d‘elle la marchombre aux yeux rougeoyant Elle sentait l’étaut se refermer autour d’elle et l’enserrait entre les pierres glacées de cette tour pétrie par le froid sec hivernal. Les murs ne respiraient pas le marbre mais le ciment séché et les briques à moitié décelés. les lambris de la fenêtres lui parurent soudainement branlantes. L’ouverture vers la lumière était étroite et la mousse d’un nuage avait fait pâlir les seuls rayons qui filtraient par un carreau nimbé d‘une légère couche poussiéreuse. La marchombre passa dans ce lambeau clair et il lui sembla à Ciléa que l’œil rouge , éclairé par la lumière tamisé , se mettait à luire, alors que la pupille se rétractait, laissant place à la braise . Anaïel franchit la clarté et rétracta sa lèvre supérieur, pour emméêtre un souffle, découvrant des dents blanches, plus pointues que la moyenne -ça me plaisait d’imaginer Anaïele en E. Cullen, mais au pire c’est du subjectifCiléen- : Pour la première fois depuis qu’elle était entrée dans la pièce vétuste , Ciléa se sentit proie . Tout ici était enfumé d’ombres, tout ici respirait le sauvage, tout ici dans l’antre d’Anaïel é tait soustrait aux yeux des silhouettes humaines dont le regard dépassaient rarement leur propre hauteur . Les indices soigneusement selectionnés dans l’atmosphère par l’aura de sa paranoïa venait compléter un tableau macabre ou cette presque humaine avait le premier rôle . Un geste ici, poignard en main, net et tranchant, sans même avoir le temps d’appeler la dimension chérie, et ton cadavre qui rebondit sur le bossage pour tomber dans les douves boueuse, au bas de l'aile-ouest . Oserait-elle cette vermine , oserait elle ? Elle eut la vision- miroir du blond rougis et des émeraudes éteintes, comme ces globes autres, dans le grand Hall, quand sonnait le glapissement d’un groin ou la mécanique froide d’un pas recouvert de cuir lisse. Elle tenta de chasser ces horribles pensées, bien puérile et et insignifiante, en véritué alors que l’autre lui répondait . Mais elle ne put s‘empecher de note, malgré la désinvolture feinte, que les iris de braise ne la quittait pas : le vautour semblait la surveiller du coin de l’œil, dans l’ombre comme dans la lumière, continuellement.
Anaïel continuait de parler, et le sifflement dilua la crainte fantasmée dans le reste de son corps, la nuque roide , la tête haute, elle maintenu pourtant tout ce qu’il y avait d'assuré dans sa silhouette et dans sa posture alors que son inconscient affolé imprimait les moindre geste de la jeune femme qui dirigeait son pas vers elle. Le contenu de ses paroles pourtant, destiné sans doute, et non en vain, à la faire réagir, finit par faire fit glisser en second plan ses chimères pour construire l’indignation et la phrase rationnellement .
Elle repoussa l’égoisme dont on l’accuser d’un regard noir, Ewall était plus qu’une simple protection contre ce qui l‘attendait, il était même tout le contraire . Le futur lui faisait peur évidement et l’idée de retourner la bas pour retrouver les traces de ses origines était une pensée aussi agréable que terrifiante . Mais sans la présence de cet Ewall-Arlequin, qui s’escrimait continuellement à échapper à ce qu’il se devait d’être tout aurait été sans doute nettement plus simple . Il n’était pas difficile d’affirmer qu’en cas de visite à Al-Jeit, intégrer Ewall au jeu de la cour et de la famille serait un pari risqué quoi qu’une dise la Marchombre. Elle-même doutait fortement de sa capacité d’adaption à ce monde qu’elle n’avait pas réintégrer depuis longtemps, mais Ewall, Ewall ne pouvait être un appuis dans ce genre de situation .
J’aurais aimé partager tant d’autres choses que des problèmes, Anaïel, et ce n‘est pas dans des problèmes que je projette la destinée de mon frère, mais bien dans une reconstruction . Je l’ai épargnée jusqu’à maintenant de ce qu’il se devait de voir , comme tu tentes de le protéger, aujourd’hui . Tu affirmes que je ne comprends, mais que peux tu comprendre à l'egoïsme , toi qui n’a aimé rien d’autre que ton indépendance masquée sous le mot de liberté ? .
Et ses pas, qui s’avançaient vers elle, de plus en plus proche. L’image de la femme au couteau, dans le parc, et de la lame, l’assaillirent, une fois de plus .
Ne t’approches pas de moi, vermine, n’ose jamais le pas de plus car il te menerait dans des chemins que tu n’aimerait pas prendre. Elle sentit son esprit frollait l’imagination, alors qu’Anaïel s’approchait . Ses Emeraudes étaient pretes à se teninter de miel, mais elle ne bougea pas pourtant. Elle savait qu’elle ne pourrait reculer, donner un peu d’élan à l’adversaire, c’aurait été perdre la partie. Elles restèrent là, un moment , Elle pincée, les yeux lourds de mépris : elle sentait le souffle de l’autre si pres, en défi au civisme qu’elle tentait d’afficher, à toute épreuve. Garde ton haleine fétide, la distance qu‘il y a entre toi et moi ne sera pas anéantie par tes menaces. Les yeux rouges étaient certes un peu étrange et troublant, tout en pulsion et en sauvage comme ce visage, cisaillé par le soleil, le vent et le manque mais pour rien au mondre, Ciléa ne l’aurait laisser transparaitre.
Et crache ton venin, crache le sous mes oreilles délicates
Il n’y a rien de sale entre nous, n’est-ce pas ? Souvenir de cette rencontre, avec Ewall ..
Ça avait été instinctif, ça avait frapper la peau , ça avait claquer dans le calme de la pièce sans qu’elle parvienne à le comprendre, ou à le maitriser, repousser l’autre loin, la faire taire, lui arracher un assentiment d’esclave.
Sans doute parce qu’elle ne pouvait supporter une phrase de plus de la marchombre, alorrs qu’elle voyait devant elle la seule issue facile se refermer, ses plans bouleversaient par les velleités de cette petite sans-nom, un désir profond anéanti . Par un refus. Et son impuissance , qui se profilait derrière l’impudance .
Elle regretta le geste . La marchombre n’était qu’un jeton, un pion dans ses plans même si un pion capable de les perturber . On ne perdait pas contenance devant un pion, même dans cette pièce vide de témoin et d‘infamies, , même dans cette piece vide de rêpère et de politesses guidées.
Elle detesta le geste Il avait rompu le rythme instaurée n ges e, il tranchait avec cette demi cordialité qu’elle tentait de maintenir depuis le début de l’entretien, geste trop clair pour être emprunt du moindre doute à propos de ses intentions, geste brutal, craquant , loin de l’image policée qu’elle se voumait afficher .
Elle se souvint d’Evaine Derkan, , et le claquement sur sa joue pale, il y avait des années de cela, à l’époque ou une comparaison avec l’ivrogne n’aurait pas été possible .
L’autre se redressa, près d’elle, trop près d’elle, cette proximité l’étouffait, pour avoir vécue trop longtemps sous le poids de la méfiance . Elle recula , lentement, sans que la crainte n’impregne son visage, sans défaite, avec le regard du fauve, qui prends quelques pas avant de s’élancer vers la gorge de sa proie ou celui du chasseur qui l’abat du bout de sa lance, car mon arme, n’a jamais été le corps à corps.
«Dans ce cas.. » fit elle lentement .
Son regard fut attiré par un feuille de parchemin , à terre , qui avait vraisemblablement volé de sa tunique sous l’impact de la gifle . Les émeraudes se détournèrent un instant des iris rouges, furent trahis par un haussement de sourcil très bref, avant de revenir se confronter à la braise, blessés, plus déterminés et venimeux que jamais .
Ciléa sourit sans joie, alors que sa tête dodelinait, pour s’incliner légèrement. « Je vous souhaite le bonsoir...»
Sans attendre de réponse, elle se dirigea vers la porte puis appuyant sur la poignée, elle lacha un mot, doucereusement ironique.
«...Maitre »
La porte se referma , sans violence sur la piece sombre et la femme sans nom, douceur-contraste avec la colère enfouie. Ewall serait-il en train de t’enchainer, pour t’offrir un souvenir qu’il m’a dit oublié ? A moins que tes filets, vipères soient plus solides que tu ne le laisses voir ?
« Dame Ril’Morienval… » Ses yeux encore brulants, perdus dans le ciel d’hiver , quittèrent les fenêtres du couloir pour reconnaitre, à sa droite une élève de son cour.
«Vous auriez une seconde à me consacrez ? »
Et le sourire courtois, qui germa sur son propre visage, loin de toute trace d’agressivité, la combla d’une joie réelle. « Oui, bien sur. "
Elle retournerait à Al-Jeit, bientôt, avec Ewall sans doute et réintégrerez le monde qui l’avait vu naître. Elle se sentait prête et ce n'était pas de flamèches rougeoyantes qui iraientt brisait ses plans, elles iraient s'échouer plus loin, dans leurs mondes de médiocrité, ou les roturiers devenait maitre des nobles, mais sans son frère.
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