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 Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]

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Varsgorn Ril'Enflazio
Varsgorn Ril'Enflazio

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MessageSujet: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeJeu 25 Aoû 2011 - 21:37

Varsgorn était retourné à son bureau après avoir quitté Miaelle. Quand il l'avait quitté, ce n'était que pour quelques instants normalement, donc il ne l'avait pas fermé à clé. Si Miaelle ne l'avait pas stoppé, il n'aurait quitté son bureau, et donc ses comptes, qu'une dizaine de minutes maximum. Mais il avait décidé de changer ses projets. Il n'était pas vraiment assidu à son travail de trésorier, il le savait très bien. Mais il s'en moquait bien, il souhaitait être libre. Si l'intendant était mécontent, Varsgorn partirait et il s'acheterait une demeure à Al-Poll pour rester non loin de l'académie afin de continuer de former Enelye et Miaelle.

Il poussa la porte de son bureau, rangea dans les dossiers important et il ressortit, en fermant à clé cette fois-ci. Puis, il partit en direction de l'entrée de l'académie, lieu où il avait donné rendez-vous à sa nouvelle apprentie. C'est bien évidemment là qu'il la trouva, avec ses habits trop grands et relativement usagés. Varsgorn devait remédier à cela, il était le propriétaire des boutiques les plus réputées du monde vestimentaire, il n'accepterait pas d'être suivie par une jeune fille mal vêtue.

- On va commencer par aller faire un tour dans ma boutique d'Al-Poll. C'est là qu'on trouvera le plus grand choix et la meilleur qualité de vêtement.

La boutique d'Al-Poll était l'une des plus récentes dans l'empire vestimentaire de Varsgorn. Quand c'était le père du trésorier qui s'occupait encore des magasins Ril'Enflazio, il n'avait pas trouvé utile d'ouvrir une boutique dans un tel endroit, si éloigné des autres grandes villes et qui nécessitait un trajet si dangereux. Varsgorn, lui, n'avait pas ses appréhensions. Le fait que c'était un endroit éloigné le tentait justement pour obtenir une nouvelle clienté. Le trajet dangereux ne l'embettait pas, il avait suffisamment d'argent pour engager des escortes de Thuls à chacun des voyages. Non, ce qui le gênait à l'époque, c'était l'académie de Merwyn. Il ne l'avouait à personne mais Al-Poll lui faisait peur. Il ne gardait pas de bons souvenirs de son époque passée dans cette ville et il repoussait le jour où il devrait y retourner. Mais il avait finit par se décider à reposer les pieds dans cette cité. Il y a un peu plus d'un an. Les mercenaires n'avaient pas encore décidé d'attaquer l'académie de Merwyn à l'époque, il ne savait donc pas qu'il reviendrait rapidement dans l'académie qu'il détestait à l'époque.

Il n'avait pas eu tord. La boutique d'Al-Poll s'était rapidement faite une réputation et une bonne clientèle. Al-Poll ne rattraperait pas Al-Chen et Al-Jeit, qui avait toute deux plusieurs boutiques Ril'Enflazio pour suivre la clientèle noble toujours plus exigeante, mais elle rivalisait désormais avec le tout premier magasin ouvert sous l'enseigne Ril'Enflazio: celui d'Al-Vor.

Varsgorn connaissait le chemin vers sa boutique par coeur. Elle était bien située, en plein centre la ville. Bâti sur deux étages, le magasin était richement décoré. On aurait pur croire à une résidence de prince voir même d'empereur. L'ancien mercenaire avait voulu que la boutique soit le centre de toutes les attentions, même de ceux qui n'ont pas les finances pour s'acheter l'article le moins cher de la boutique. Le magasin était donc devenu un endroit célèbre dans la cité. Le trésorier en était fier, c'était le seul magasin qu'il avait fait consrtuire depuis la mort de son père. Le seul pour le moment car il était certain que d'autres suivront dans les années futures.

L'ancien mercenaire poussa la porte de la boutique, une cloche tinta et presque instantanément un vendeur se présenta à eux. Il ne fallut pas longtemps à l'homme pour reconnaître l'adulte qui venait d'entrer.

- Sire Ril'Enflazio, quel plaisir de vous voir aujourd'hui. Vous venez pour les....

Varsgorn coupa la parole du vendeur.

- Non, ce n'est pas pour moi que je suis là. C'est pour la jeune fille qui m'accompagne. Trouvez lui des vêtements plus dignes que ceux qu'elle porte à l'heure actuelle.

Le vendeur posa ses yeux sur Miaelle et l'ancien mercenaire remarqua à son attitude qu'il n'avait pas remarqué la présence de la jeune fille aux côtés de son patron.

- Très bien, nous nous allons voir ce que nous pouvons lui proposer. Umiade, tu t'occupes de la demoiselle, je t'en prit.

Une vendeuse apparu aussi magiquement que le vendeur quand les deux personnes étaient entrées. Varsgorn prit place sur un fauteuil, désormais il n'avait plus qu'une chose à faire: attendre que Miaelle ait trouvé des vetements qui lui plaisait et qui serait à sa taille.



[Edition à volonté]



[J'ai édité la fin de mon post de cloture de l'autre rp, si jamais tu veux voir ce que Varsgorn dit, n'hésite pas XD]

Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeVen 26 Aoû 2011 - 0:38

L’après-midi avait défilé à toute vitesse. Dans un coin de sa tête, la petite Mia s’extasiait devant l’étrangeté de la chronologie qui déroulait ses aiguilles en une construction aussi anarchique. Elle avait suivi les ordres de Varsgorn, un peu hors du temps, alors que l’adrénaline désertait ses veines et la laissait pantelante et vulnérable. Ses grands yeux s’étaient voilés, alors qu’elle se dirigeait telle une somnambule vers le lieu de rendez-vous que lui avait fixé le garde.

Aucun détour. Elle n’avait de toute manière aucune possession outre sa sacoche de peau qui ne la quittait jamais et une chaine en argent qu’elle avait pris sur le cadavre de son Papa pour la garder avec elle. Les murs défilaient comme des fantômes, insolents de vapeurs et d’illusion : elle avait marché les yeux tournés vers l’intérieur. Le fantôme de son Papa dans ses pas, lui murmurant mille et une récriminations dans le creux de l’oreille, et cent fois plus de suppliques pour la faire renoncer à sa folie. Mais elle avait fait la sourde oreille, faisant fi de ses remords et de ses peurs, pour se concentrer sur le pas suivant celui qu’elle venait de faire.

Elle avait ensuite attendu. Oh, pas longtemps, mais juste ce qu’il fallait pour que l’inaction lui bleuisse les lèvres en cette journée venteuse d’automne. Elle avait ensuite emboité le pas de Varsgorn, silencieuse et haletante, tout en dévorant son profil des yeux, pour tenter de se convaincre de son bon choix, cherchant dans l’angle de la mâchoire quelque chose qui lui réchaufferait le cœur.
Elle ne trouva rien du tout.
Se contenta donc de le suivre, courant presque pour ne pas se laisser distancer. Et c’est pendant cette courte marche, et malgré le fait qu’elle soit en présence de quelqu’un, qu’elle se sentit, paradoxalement, plus seule que jamais.

Lorsqu’ils arrivèrent en ville, ses yeux papillonnèrent à droite et à gauche, tant les couleurs et l’agitation lui écorchait les sens. Elle était déjà venue, quelques fois, avec son Papa, mais la ville continuait de la fasciner, elle qui avait grandi dans les bois et sur les chemins. Plus d’une fois elle faillit perdre de vue le garde, tant ses yeux s’envolaient de leur cible, pour se poser sur une étale chatoyante ou un animal domestiqué. Elle ne tarda pas à se rendre compte que si elle ne voulait pas se faire écrabouillée, il lui fallait se tenir près de Varsgorn. C’était ainsi, elle passait inaperçue, même avec les loques qui lui servaient de vêtements. Contrairement à son maître qui faisait tourner les regards sur sa haute stature, avec pour certaine, jusque de la dévotion sur leurs traits.

Enfin, ils parvinrent au but que le garde leur avait fixé. Une somptueuse devanture étendait ses couleurs au coin de rue, attirant plus de regards que n’importe quel autre magasin devant lesquels ils avaient pu passer. Les tentures s’enroulaient autour des colonnades, les fresques bigarrées s’alourdissaient de bijoux de parade, des vendeuses chatoyaient à l’entrée, exhibant l’éclat de leurs dents comme autant de perles pour attirer le client. Et à deux pas de l’entrée principale, à l’angle de la rue d’en face, une clocharde, assise par terre, tendait les rameaux de ses mains décharner pour tenter de cueillir quelques pièces pour ne pas mourir de faim. Le fossé entre le magasin et les maisons voisines était frappant. Ces dernières croulaient sous les herbes, sans plus d’argent pour les entretenir en ces temps de guerres, que pour acheter la nourriture nécessaire à la survie. Que tout ce luxe soit exhibé ainsi, les nobles dépensant sans sourciller des sommes que les roturiers gagnaient en plusieurs années, retournait pour ainsi dire l’estomac de la petite fille. Elle jeta un regard en coin au garde qui semblait ravi de retrouver son palais, le dédain miroitant dans ses yeux. Elle se tut, cependant, trop petite, trop jeune, trop faible, pour protester contre quoi que ce soit.

Elle entra donc à la suite de Varsgorn dans le bâtiment imposant, se dévissant le coup pour tenter d’apercevoir le plafond patiné d’ornements dorés. Depuis toujours, Miaelle avait été habituée à la pauvreté, au strict minimum, sans pour autant trop souffrir de la fin malgré le misanthropisme de leur petit couple. Elle avait appris à se servir du peu que le fournissait le monde pour vivre, et avait découvert par ce biais l’aisance et la satisfaction que donne le sentiment de ne devoir rien à personne, et de se savoir en phase avec le monde qui l’avait bercé. Pas étonnant dans ce cas qu’être entourée d’une tel luxe la rende soucieuse, mal à l’aise, et presque dédaigneuse.

Varsgorn échangea donc quelques mots avec un vendeur, sans s’apercevoir de sa présence, comme d’habitude. Lorsqu’il posa les yeux sur elle, après invitation de son patron, un sourire condescendant teinté de dégout lui écorcha un coin de lèvre avant qu’il ne se reprenne face à Varsgorn. Pas besoin de lire dans les pensées pour se rendre compte qu’il n’était pas habitué à recevoir de tels souillons dans son établissement majestueux. Miaelle résista donc à l’envie de lui tirer la langue et se contenta d’hausser un sourcil hautain, avant de se tourner vers la dénommée Umiade qui s’était approchée, une boule piquée d’aiguille au bras, des lunettes sur le nez, un sourire aguicheur collé aux lèvres.

Mais lorsque Varsgorn s’assit dans un fauteuil, un peu plus loin, l’air totalement dénué d’intérêt, elle sentit la peur poindre en elle. Elle ne savait que faire dans cet espace patiné de luxe, où chaque objet lui renvoyait l’éclat doré de son visage osseux, où les vendeurs lui jetaient des coups-d’œil circonspects, où les vêtements semblaient danser sur un rythme qu’elle ne connaissait pas. Elle jeta un regard affolé à l’homme qui avait accepté de devenir son maître, papillonnant des paupières tant et si bien que ses yeux prirent l’éclat particulier des larmes. Un air gêné se peint sur le visage de la vendeuse, apparemment peu habituée au contact avec les enfants. Elle choisit de faire comme si de rien n’était, et de pousser la petite Mia terrorisée un peu plus loin, blablatant sur ce qu’elle allait lui faire porter :


- Elle a des beaux yeux la petite… Peut-être du blanc, avec du cyan… De la dentelle ? Pas assez soigneuse… Par contre… Oui, sans doute, une petite robe échancrée… Voilà, celle-là !

Après quelques minutes de farfouinage dans les rayons, elle brandit tel un trophée la chose abject, blanche et couverte de fanfreluches qu’elle avait dégoté. Son sourire victorieux empêcha la petite fille de protester dans les premiers instants, ce dont la vendeuse profita pour la déshabiller, devant le garde, exhibant ainsi à sa vue les multiples cicatrices qui marquaient déjà son corps, les quelques bleus qu’elle avait récolté récemment, et les angles aigus de sa silhouette frêle. Umiade eut sans doute un instant d’hésitation que Miaelle ne vit pas, alors qu’elle avait croisé les yeux de son maître et qu’elle s’y était accrochée, cherchant sans la moindre vergogne à décrypter ce qu’ils recelaient. La robe qui passa devant ses yeux coupa l’échange visuel.

Première impression : ça gratte. C’est moche. Ça pue. Et surtout, ce n’était pas, mais alors vraiment pas pratique. Même sans bouger, la petite sentait ses son corps entravé par la marée de tissu, bridé dans les mouvements qu’elle s’imaginait faire. Lorsqu’elle vit son reflet devant le grand miroir qu’une vendeuse innommée avait apportée, elle sursauta. Et le dédain monta en elle. Elle se tourna vers Varsgorn et lança :

- Ça va pas la tête ?

Le visage du garde eut un sursaut, sans doute dû au choc de voir ce ptit bout de fille lui parler sur ce ton. Sans se laisser décontenancer, Miaelle continua, presque horrifiée :

- Nan mais sérieusement ? J’vais pas porter ça quand même ? Pour voyager ça va vraiment être atroce...

Elle fit un tour sur elle-même, s’empêtra les pieds, faillit tomber, se rattrapa in extremis et tira sur le tissu hors de prix pour essayer d’avoir plus de place à l’intérieur. Après avoir bataillé quelques instants, elle trouva la fermeture éclair et se dégagea des fanfreluches blanchâtres qui tentaient de la retenir. Après un soupire d’aise, elle se retrouva en culotte, certes presque nue mais libre de ses mouvements. Elle se dirigea ensuite vers le plus proche rayon et tira le premier vêtement potable qu’elle dénicha, un pantalon féminin tout en poches.


Lorsqu’elle se retourna, Varsgorn s’était déplacé et se trouvait juste derrière elle. Le pantalon lui glissa des mains lorsqu’elle croisa son regard.


Varsgorn Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeVen 26 Aoû 2011 - 21:48

Varsgorn avait confiance en ses vendeurs. Le chiffre d'affaire de la boutique et le peu de réclamations prouvaient qu'ils n'étaient pas des amateurs. Il faut donc dire que le trésorier ne s'occupait pas vraiment de la vendeuse qui s'occupait de vêtir Miaelle. Il regardait dans leur direction mais sans vraiment les voir. Ses pensées étaient tournées vers son passé. Son passé de mercenaire pour être plus précis. Un mercenaire avait été chargé de sa formation pour être un véritable fils du Chaos. Formation qui n'avait pas été très longue étant donné que Varsgorn avait terminé un apprentissage de marchombre quelques années avant sa trahison. Le trésorier tentait de se rappeler le nom et le visage de son mentor mais il en était incapable. Cela remontait à 15 ans. Sa mémoire avait décidé d'effacer ce souvenir peu important. D'ailleurs, sa mémoire s'était chargée de supprimer bon nombre de souvenirs. Varsgorn n'arrivait pas à se rappeler le nom de sa première victime ni celui de celles qui ont suivit. Le trésorier se rappelait tout juste de ce qui s'était passé. Il s'en moquait de ses victimes, le remors, c'était pour les faibles. Il se rappelait évidemment que ses rêves avaient un moment été hanté par des yeux où la vie s'échappait mais désormais, c'était fini. Son âme était trop souillée à présent. Remplie de ténèbres et de noirceur. C'était le prix à payer. Il avait choisit une voie chaotique pour survivre et il n'avait pas eu tord de le faire. Car il ne regrettait aucun de ses choix. Pas le moindre.

L'ancien mercenaire fut tiré de ses rêveries par une intervention à haute voix de Miaelle. Il la regarda sans comprendre au départ. Il posa ensuite ses yeux sur la robe. Une robe de petite fille modèle et bien élèvée par des parents nobles. Varsgorn regarda Miaelle se dépêtrer dans la robe avant qu'elle ne la retire. Le trésorier se leva et il suivit la petite qui se dirigeait vers un présentoir remplie de pantalon.

- Un fort caractère dans un si petit corps.....

Il regarda Miaelle dans les yeux. Avant de poursuivre.

- Un caractère qui me plaît.

Un léger se dessina sur les lèvres de l'ancien mercenaire. Il se tourna ensuite vers la vendeuse.

- Je ne crois pas avoir demandé d'imposer vos choix à cette petite. Si vous faites la même chose aux clients qui entrent içi, je peux vous assurer que vous ne resterez pas longtemps dans mon établissement. Je suis parfaitement d'accord avec Miaelle. Elle a besoin d'être à l'aise. Alors, vous allez me faire le plaisir de lui demander son avis et de poursuivre la séance d'habillage.

Varsgorn se pencha pour ramasser le pantalon qui était tombé des mains de Miaelle. Il lui tendit.

- Très bon choix. Toutes ses poches pourront te servir.

La petite tendit une main tremblante pour récupérer le vêtement.

- N'aie pas peur. J'ai promis de t'aider, je ne vais pas manger quand même.

Une nouvelle esquisse de sourire se dessina sur le coin de sa lèvre. Il retourna vers le fauteuil qu'il venait de quitter. Cette fois-ci, il s'occuperait un peu plus des vêtements choisis par la vendeuse. Il remarqua des cicatrices sur le corps de sa nouvelle apprentie. S'était-elle récemment battue pour tester sa force? L'ancien mercenaire se promit de poser des questions à la petite dès qu'il le pourrait. La silhouette de Miaelle était encore frêle, Varsgorn ferait en sorte de dessiner des muscles sur ce petit corps. Il y avait du travail, c'était évident mais il avait le temps. Il n'était pas comme les marchombres qui s'accordaient uniquement trois ans afin de former leur jeune apprenti. Varsgorn prendrait le temps qu'il faudra. Il forcerait certainement un peu plus que pour Enelyë mais il irait tout de même en douceur. A l'âge de la petite, l'ancien mercenaire était encore couvé dans le cocon familial par ses parents, à l'abri du besoin et bien loin de la misère qui sévissait pourtant à quelques rues de sa luxueuse demeure.



[Comme d'hab: édition à volonté]

Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeLun 29 Aoû 2011 - 18:12

La surprise forma o entre ses lèvres lorsque, après l’avoir regardé un long moment d’un air grave, il lui lança que son caractère, au lieu de l’avoir énervé, lui avait plu. Le soulagement détendit ses épaules qu’elle avait voûtées dans l’attente des coups. Elle redressa le menton, et tendit une petite main encore un peu tremblante pour récupérer le pantalon.

Le fait que Varsgorn prenne son parti l’avait profondément étonnée. Elle l’imaginait plutôt comme un homme qu’un rien énervait, en particulier un rien qui se nommait insolence. Mais il avait apparemment un bon sens pratique, et si cela compensait pour l’instant les paroles de la petite, elle savait qu’elle ne devait pas relâcher sa garde pour autant. De ses yeux, elle voyait un monde où tout était danger, un monde où les coups pouvaient pleuvoir de n’importe qui, même de quelqu’un qui avait accepté de la former. Après tout elle n’était qu’une petite fille, une petite fille mal née, au passé aussi flou que ses yeux étaient bleus. Les coups avaient été son quotidien depuis que son Papa était mort, et même avant lorsqu’il n’était pas là pour la protéger, les autres enfants ne voyaient en elle qu’un moyen de s’amuser, et ce toujours à ses dépens. Oh, elle essayait toujours de se défendre, lorsque c’était des enfants, mais elle n’en récoltait que davantage de bleus et de plaies.

Elle vit Vargorn jeter un regard songeur sur son petit corps frêle. Miaelle détourna la tête, non gênée – la pudeur ne faisait pas partie de son vocabulaire – et se tourna vers la vendeuse qui affichait un air horrifié après sa remontrance. Miaelle s’approcha d’elle, doucement, étonnée que la femme ait ce regard apeuré lorsqu’elle la fixait : Miaelle n’avait jamais fait peur à qui que ce soit. Umiade lui lança alors, la voix très – trop – professionnelle après ce qu’il venait de se passer :


- Alors alors… Je vois que tu as des gouts particuliers…

Silence qui acheva de la mettre mal à l’aise alors que la petite la fixait intensément. Elle se détourna, raide, et s’en fut chercher d’autres vêtements. Miaelle décida donc d’essayer le pantalon : par un heureux hasard, il faisait exactement sa taille. Le tissu était doux malgré son aspect extérieur, et elle se sentit tout de suite à l’aise. Elle imaginait déjà ce qu’elle pourrait mettre dans les multiples poches qui le constellait. Elle était occupée à se regarder dans la grande glace cerclée d’or lorsque la vendeuse revint, les bras emplit de vêtements. Elle les déposa soigneusement sur les portes mentaux avoisinant, et s’approcha doucement de la petite, comme pour ne pas effrayer un animal dangereux :

- Heu… Heu je t’ai trouvé des vêtements qui devraient de plaire, c’est dans le même style que ce pantalon, du tout terrain qui manque certes de style - regard noir de MiaelleMais bon, ce n’est pas important, ce qui est important ce sont tes goùts !

Elle fit un sourire forcé et resta les mains croisées dans le dos pendant que Miaelle s’approchait du tas de vêtement et en sortait une chemise de toile de la même couleur que le pantalon : Marron. Elle fit passer la lanière de sa sacoche par-dessus sa tête et, sans la lâcher, parvint à enfiler la chemise. Elle retroussa les manches un peu longues sur ses poignets et repositionna sa sacoche. La vendeuse sembla vouloir dire quelque chose :

- Nous avons également d’autres sacoches…

Il était vrai que celle de Mia était d’une banalité confondante : d’un marron clair et un peu pisseux, suite à ses décolorations et tâches successives, mais c’était la sienne et elle ne la changerait pour rien au monde. Elle lança d’une voix qu’elle parvint à rendre très ferme :

- Non.

Un non qui n’était absolument pas négociable. Miaelle s’approcha alors de Varsgorn qui était retourné dans son fauteuil. Sous son regard scrutateur, elle eut de nouveau une boule dans l’estomac. Elle fit un demi-tour tremblant, attendant son verdict.


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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeLun 29 Aoû 2011 - 21:53

Varsgorn avait assisté à la fin de l'habillage. La tenue de Miaelle était désormais plus correcte que précédemment même s'il est restait loin du chic de la tenue du trésorier. C'était logique, l'ancien mercenaire avait demandé qu'on lui fabrique des tenues sur-mesure et dans le style qu'il voulait. Il était impossible, même dans ses propres boutiques, de trouver une tenue qui soit aussi chic et pratique que celle qu'il portait. Il avait de multiples poches dissimulées dans ses vêtements, toutes invisibles. La seule arme visible qu'il possédait était une longue épée mais une vingtaine de couteaux se cachaient dans les plis de ses vêtements. Et bien entendu, il avait les deux lames dissimulées dans ses poignets.

Varsgorn se leva.

- Pas mal. Bien mieux que tout à l'heure. Mais il manque une dernière chose.

Le trésorier s'empara d'une ceinture et il la ceignit à la taille de Miaelle. Ensuite, il attrapa l'un de ses poignards qu'il glissa ensuite dans la ceinture.

- Et voilà, la petite touche finale. Allez, viens, on a d'autres choses à faire.

Varsgorn adressa un signe de tête aux deux vendeurs puis ils sortirent dans la rue bondée.

- On va aller faire quelques emplettes. J'ai besoin de retourner chez moi à Al-Vor pour des affaires importantes et tu vas venir avec moi. Ton entrainement débutera pendant le trajet.

Il ne lui laissait pas le choix. Elle l'avait choisit comme maître, elle devrait donc se plier au moindre de ses désirs. Il avait toléré la contradiction dans le magasin car la petite avait eu raison. Cette robe n'aurait pas été pratique pour l'entrainement qu'il lui dédiait. Mais, si elle se décidait à contester les ordres qu'il donnerait, il l'enverrait balader au loin et elle devrait se débrouiller seule pour arriver à son but de devenir "plus forte". Il n'était pas attaché à elle comme il l'était avec Enelye. Si elle partait avant qu'il ait finit son éducation, il n'y verrait aucun problème. Si elle s'éloignait de lui après la fin de l'entrainement, il en serait un peu plus chagriné. Le fruit de son travail qui s'en allait voir ailleurs sans que le trésorier ne puisse en tirer profit, ça en serait frustrant.

- Notre destination, c'est la boutique que tu vois au bout de la rue là-bas. Miteuse, il est vrai mais elle a bonne réputation. J'ai entendu de nombreux...... collègues en parler.

Il avait hésité sur le mot collègues. C'était chez les mercenaires qu'il avait entendu parler de cette boutique. Il préférait éviter que la petite en sache trop sur lui.

- On y trouve tout ce qu'il faut pour les poisons et leurs antidotes. Tu m'as terrassé sans que je puisse faire grand chose tout à l'heure. J'aimerais que tu me protèges contre des attaques du même type que celle de tout à l'heure. Et que tu me permettes également de pouvoir empoisonner tes victimes. Alors, tu vas entrer avec moi dans cette boutique et tu vas me désigner tout ce dont tu as besoin. C'est d'accord?

Il n'avait jamais été un spécialiste des poisons. D'autres mercenaires l'étaient mais lui, il n'en avait pas trouvé l'utilité. Rare étaient les personnes qui avaient réussit à l'approcher suffisamment prêt pour l'empoisonner. Et celles qui avaient réussit n'avaient pas été assez rapide pour enfoncer la lame empoisonnée dans le corps de l'ancien mercenaire. Mais voilà, il vieillissait. Ses réflexes n'étaient plus les mêmes. Son ouïe n'était plus aussi fine. Et des gamines d'une dizaine d'années arrivaient à le clouer au sol avec un poison de leur préparation. Varsgorn devait désormais se faire à l'idée qu'il n'était plus aussi dangereux au combat qu'une dizaine d'années plus tôt. Désormais, il devait s'armer de différents artifices pour s'en sortir aussi bien qu'avant. Le premier de ses artifices serait donc le poison.

Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeMer 31 Aoû 2011 - 16:40

Le poignard avait vraiment l’air dangereux. Et il l’était d’autant plus qu’il avait surgit d’on ne savait où de la tunique du trésorier. Miaelle ouvrit de grands yeux, un peu perturbée d’avoir une arme mortelle accrochée à la ceinture, alors que son Papa le lui avait formellement interdit avant de… La petite serra les poings et la mâchoire. D’un geste empreint d’une assurance qu’elle n’avait pas, elle sortit le poignard de son fourreau pour le faire tourner entre ses doigts. Malheureusement elle était bien maladroite avec un tel objet dans les mains, et il ne s’en fallu que de très peu pour qu’il n’aille se planter dans le parquet luxueux du magasin. Elle ne récolta de la manœuvre qu’une légère coupure sur le doigt qu’elle suçota après avoir remis précautionneusement l’arme dans son fourreau de cuir.

En trottinant, elle suivit ensuite son maître dans la rue, prenant garde aux passants qui, s’ils s’éloignaient prudemment de l’homme, ne se gênaient pas pour ensuite lui marcher sur les pieds, comme si son existence n’avait jamais été digne d’être prouvée. Il ne lui était même pas venu à l’esprit de le contredire lorsqu’il lui avait ordonné de le suivre, pour elle c’était ainsi, elle lui devait obéissance tant qu’elle voudrait profiter de ce qu’il pourrait lui apporter. Et puis, toute son existence avait, depuis toujours, été placé sous le signe de la dévotion, ainsi non seulement elle n’éprouvait pas le besoin de s’affirmer pour revendiquer qui elle était, mais elle n’en avait même pas l’idée tant sa propre petite personne l’indifférait. Mais cela ne l’empêchait pas de scruter tout ce qui pouvait se présenter à elle, d’écouter, de déduire, d’élucubrer et de découvrir, même si ses raisonnements résultaient plus d’affabulations que de résultats concrets. Certes, Miaelle était étonnamment objective pour son jeune âge, mais elle restait une petite fille de 10 ans qui avaient grandis prématurément, et qui avait des rêves et une vision du monde qui différait encore de celle des adultes.

Ainsi, elle perçu nettement l’inflexion que donna Varsgorn à la fin de sa phrase, ce qui la plongea dans un abîme de réflexions, où aucune de ses questions n’avaient pour l’instant de réponse. Mais lorsque son regard se posa sur la devanture, une pièce du puzzle se mit en place. Une pièce qui s’ajusta encore plus avec les paroles du trésorier. Elle le fixa dans les yeux pendant qu’il lui parlait, et se rendit à l’évidence avec une absence de peur qui l’étonna : Varsgorn était dangereux. Et plus que ça, il était dangereux, mais pas comme les gentils chevaliers, plutôt comme un méchant. Qui voudrait sinon s’entourer de protection et parler d’empoisonner des gens avec une telle désinvolture ? Le doute s’empara de la petite fille : Serait-elle capable de survivre à un contact prolongé avec l’homme qu’elle avait choisi, alors même qu’elle sentait au plus profond d’elle qu’il n’était pas du côté des gentils ?

Mais lorsqu’ils passèrent l’entrée de la boutique, plus rien ne compta hormis la profusion de plantes qui s’offrait à elle. Une bouffée d’arôme entêtant vint chatouiller ses narines, dans lequel elle reconnut la fragrance de mauve, d’aubépine, de lavande, et bien d’autres encore. L’endroit était très petit malgré la multitude d’étals qui présentaient leurs bouquets de plantes. Un sourire éblouit vint flotter sur les lèvres de la gamine tandis que ses yeux pétillaient d’enthousiasme face à tel étalage. Elle était au beau milieu de sa caverne d’Ali baba personnelle.

Oubliant carrément la présence de Varsgorn, elle se mit à arpenter l’espace clos, reniflant de-ci de-là les effluves odorants, tripotant quelques fois les feuilles ou les tiges pour juger de leur état, imaginant pour la plupart toutes les propriétés qui s’y rattachaient. Lorsque son maître s’approcha et lui tendit plusieurs petits sacs en plastique, elle ne put s’empêcher de lui décerner un sourire éblouissant qui fit scintiller ses beaux yeux bleus. Elle se détourna, la démarche dansante, ne sachant pas vers quoi tendre ses petits doigts tant la multitude de plante était intéressante.

Mais soudain, elle se retrouva devant une étale qui la fit revenir sur terre aussi rapidement qu’elle en était partie. D’une écriture écaillée et noire, on pouvait très facilement lire l’inscription « plantes dangereuses » surplombant la planche de bois où étaient entassées les herbes. Les paroles de Varsgorn lui revinrent à l’esprit «J'aimerais que tu me protèges contre des attaques du même type que celle de tout à l'heure. Et que tu me permettes également de pouvoir empoisonner tes victimes. »

Le bout de ses doigts se mit à trembler. Le cœur au bord des lèvres, pourtant, elle serra les dents et refoula violemment tout ce qui n’était pas utile à son présent. Son esprit se claquemura avec un claquement sec derrière la lourde porte de sa volonté, emprisonnant ses doutes, ses peurs et sa conscience, ne laissant filtrer que son amour des plantes pour préserver la muraille de ses protections internes. Son regard se vida et devint gris. Ses mains cessèrent de trembler. Sa nuque se courba. Et c’est une marionnette qui s’avança, manipulée par les fils d’un savoir qui transpirait à travers le repli de son imagination en gouttes d’instants et de gestes automatiques. Elle n’agissait plus que par instinct. Imaginer ne serait-ce qu'un instant d'ôter la vie à un être vivant lui répugnait tant qu'elle préféra s'enfermer dans son propre esprit pour continuer à avancer, sans se rendre compte de ce qu'elle faisait, sans réfléchir aux conséquences de ses gestes.

Ses mains se tendaient, sure, au-dessus des feuilles, tandis qu’elle sélectionnait leurs propriétés par le filtre que Varsgorn lui avait imposé. Et pour chacune, elle avait en tête le contrepoison, la préparation qui permettait d’en combattre les effets. Elle fouillait parmi les tiges, dénichant celles qui, même aux yeux profanes du trésorier, devaient sembler de meilleure qualité. D’une pichenette, elle écartait la basse qualité, présentée par le dessus comme dans n’importe quelle boutique intelligente, pour trouver l’essence de ce qu’elle recherchait, la meilleure trempe qui se cachait parmi la multitude. Elle ramassa l’équivalent de plusieurs années de collecte laborieuse, préparant déjà dans sa tête des mélanges inventifs qui germaient au détour de ses connaissances et des ingrédients qui se présentaient à elle. Après quelques temps, elle retourna devant Varsgorn et lui tendis plusieurs sacs, chacun contenant des plantes qui ne perdraient pas leurs propriétés au contact des autres.

Mais lorsqu’elle n’eut plus rien dans les mains, plus rien qui ne la rattache à la réalité, elle sentit, en même temps que le dernier sac quittait ses doigts, une boule atroce commencer à lui dissoudre le ventre, en lieux et place de l’estomac. Elle vit la cicatrice à la lèvre de Varsgorn, et les portes qui verrouillaient ses souvenirs commencèrent à se fissurer. Un éclat de sang colora sa vision, filtrant ce qui l’entourait d’aniline et d’écarlate. Sa lèvre trembla. Deux yeux gris la fixèrent. Deux yeux terriblement familiers, terriblement douloureux à regarder. Le fantôme de son Papa se mit à flotter devant ses prunelles, alors qu’ils sortaient de la boutique, la fixant d’un regard pénétrant et infiniment triste. Miaelle s’arrêta soudainement sur le seuil, ses mains tremblant derechef. « Je suis tellement déçu » semblait hurler son Papa de ses lèvres closes, « déçu de voir que tu ne m’aime pas, que tu écoutes cet homme et pas moi, que tu salis ainsi ma mémoire… ». Miaelle se mit à trembler des pieds à la tête. Les yeux hallucinés, elle tendit une main prise de soubresauts vers la silhouette de son Papa qui se diluait devant elle, tout en murmurant de manière inaudible, comme si la source des paroles s’éloignait dans un endroit inaccessible. Comme si son corps eut été contrôlé par des fils – et que ces fils furent coupés, elle s’affaissa contre la jambe du trésorier, se cramponnant de toutes ses forces au tissu pour ne pas choir directement par terre. Des points noirs se mirent à danser devant ses yeux et, dans une dernière convulsion, elle bascula en avant, les lèvres bleuit, son ventre vide grondant une dernière fois comme pour supplier, encore une fois, un repas qui ne venait pas. Elle eut juste le temps de murmurer, avant de sombrer :


- J’ai faim…

Cela faisait maintenant presque 4 jours qu’elle n’avait rien mangé.

Varsgorn Ril'Enflazio
Varsgorn Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeMar 18 Oct 2011 - 7:03

Pendant que la petite faisait son choix dans les multiples plantes exposées dans la miteuse boutique, Varsgorn s'était dirigé vers le vendeur qui était sortit de l'arrière boutique quand les deux personnes étaient rentrées. Sans attendre, il attrapa une dizaine de pièce qu'il lança sur le comptoir.

- J'ai besoin d'en savoir plus sur les brigands, mercenaires et toutes autres personnes susceptibles d'attaquer des voyageurs. Ces pièces sont à toi si les infos que tu me donnes me semblent valables.

Le vendeur hésita un temps, ses yeux passant des pièces à Varsgorn puis de Varsgorn aux pièces. Finalement, il se décida à parler, donnant de précieuses informations sur des bandes de voleurs qui sévissaient dans la région. Le trésorier ne s'était pas trompé. La boutique était miteuse et très petite mais les brigands venaient s'approvisionner içi. Plus c'est discret et mieux c'est. La boutique était parfaite pour cela, sauf bien entendu quand un client était assez riche pour délier la langue du propriétaire des lieux.

- Les pièces sont à toi, tes renseignements me seront utiles.

Oh que oui, ils allaient être utiles. Varsgorn allait pouvoir éviter sans problèmes les bandes qui sévissaient dans la région. Ce n'était pas par peur qu'il voulait les éviter, mais il ne voulait pas risquer de blesser Miaelle. C'était donc pour elle qu'il était prudent. Et il ferait en sorte de trouver des renseignements dans chaque ville qu'ils traverseraient jusqu'à Al-Vor. Sa bourse était suffisamment pleine pour que les langues se délient, même pour les secrets de brigands les mieux conservés.

Miaelle se présenta rapidement avec ses trouvailles, qu'elle tendit à Varsgorn. Le trésorier paya la marchandise et ils sortirent tout deux. Mais dans la rue, l'ancien mercenaire se rendit compte que la petite ne lui suivait plus. Il se retourna et il vit Miaelle le regard perdu dans le néant. Varsgorn n'eut même pas le temps de lui demander ce qui n'allait pas. Il vit la petite basculer en avant. Mû par de puissants réflexes, le trésorier se précipita et il rattrapa Miaelle avant qu'elle ne touche terre. Il l'entendit prononcer ses derniers mots avant l'inconscience.

- J’ai faim…

Un souvenir remonta à l'esprit de Varsgorn. Un apprenti mercenaire avait connu le même évanouissement suite à un trop grand effort. Le trésorier avait vu ce qui avait été pratiqué par le guerisseur. Il savait donc quoi faire pour que Miaelle aille mieux. Il fit marche arrière et pénétra de nouveau dans la boutique qu'ils venaient de quitter.

- De l'eau sucrée, vite, hurla le trésorier.

Le vendeur ne prit même pas le temps de poser ses yeux sur la petite inanimée dans les bras de Varsgorn. Il quitta la pièce et revint rapidement avec une bouteille d'eau dans laquelle il avait plongé des morceaux de sucre. Le trésorier de l'académie secoua vivement la bouteille pour faire fondre le sucre. Quand ce fut fait, il pinça le nez de Miaelle et il versa de l'eau dans la gorge de la petite. Le corps de Miaelle déglutit naturellement. Après de nombreuses gorgées, la petite remua doucement et Varsgorn la lâcha. Elle ouvrit enfin les yeux.

- Bien, première chose à faire désormais: trouver une auberge pour que tu manges.

Varsgorn remercia le vendeur et il prit de nouveau Miaelle dans ses bras. Pas besoin de gaspiller les maigres forces qu'elle avait retrouvée. Il dénicha sans trop de difficulté une auberge et il commanda un repas pour la petite. Il l'installa sur une chaise. Pour sa part, il s'installa en face d'elle.

- Qui s'occupe de toi à l'académie? Où dors-tu?

Le trésorier était perplexe. Vu l'évanouissement de Miaelle, c'était presque évident qu'elle se débrouillait seule depuis la mort de son père. Elle n'était agée que d'une dizaine d'années. A son âge, Varsgorn était entouré d'une armée de domestiques veillant à ce qu'il ne manque de rien. Les repas qu'on lui servait à l'époque était gigantesque.

Un léger sourire tordit les lèvres du trésorier. Lui qui n'était jamais resté avec une femme suffisamment longtemps pour lui faire des enfants, le voilà qu'il se retrouvait avec deux jeunes à sa charge. Même s'il n'avait pas la même relation avec Miaelle qu'avec Enelyë, il ne laisserait pas la gamine se débrouiller seule.



[Si l'étudiante en medecine qui sommeille en toi trouve des erreurs dans mon post, envoie moi un MP Very Happy ]

Miaelle Campbelle
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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeMar 8 Nov 2011 - 21:06

Le noir avait finit par l'engloutir, et dans son étreinte tiède elle s'abandonnait. Devenue tourbillon corbeau, elle s'enterrait dans l'inconscience, un sourire fictif sur les lèvres qu'elle ne contrôlait plus. Que c'était bon. Ne plus penser. Ne plus ressasser. Ne plus culpabiliser. Ne plus se battre. Ne plus chanter. Ne plus chanter ?

Une étincelle pâle miroita doucement. Treuillant la conscience, elle prit de l'ampleur et finit par se forger elle-même en visage, celui de Shawna qui la regardait de ses yeux noisettes plus perçant que des bijoux, une expression sévère sur le visage. Ses sourcils froncés semblaient lui crier des paroles que sa bouche sans lèvre ne pouvait prononcer, et c'est dans la dentelle de ses cils qu'elle retrouva l'étincelle salée qui transformait sa torpeur en rêve psychédélique.

Mais le visage, d'austère, devint monstrueux alors que les cicatrices s'enroulaient autour des prunelles, et les yeux de marron se firent océan, leur bleu électrique chatoyant dans l'univers obscur au fond duquel la petite fille végétait. Et c'est dans l'ondine des iris qu'elle plongea, dans les yeux de Marlyn qu'elle s'effondra, la gorge grande ouverte devant la surface liquide qui ondoyait. Assoiffée tout à coup, elle tendit ses lèvres vers la source, la gorge brûlante contractée dans l’attente de cette eau promise qui rythmaient, par vague, le tempo de son cœur hérratique. Son cou se tendit une ultime fois, développant la mâchoire assêchée… Pour que sa conscience refasse surface dans une gerbe de liquide sucré et tiède, alors que le courant continu envahissait sa trachée plutôt que son œsophage.

En un sursaut elle se remit assise, toussant pour chasser l'eau de ses poumons, avant de tourner un regard ahuris sur le visage sévère penché au-dessus d'elle. Un instant elle afficha un air de totale perdition, ignorant jusqu’à son propre nom. Mais cet instant ne dura pas, et c’est une planète d’information qui lui écrasa les épaules lorsqu’elle se souvint de tout, de son prénom jusqu’au visage de son papa, immobile et froid dans l’agonie. La petite ferma les yeux, l’estomac tordu de spasmes nauséeux. Et ce ne fut pas sa brusque ascension dans les bras de Varsgorn, ni la marche houleuse qui s’en suivit qui arrangea les choses. Son teint, de blanc devint verdâtre, et c’est avec une absence de faim totale qu’elle envisagea les champignons grillés accompagnant le steak de siffleur fumant.

Mais Miaelle n’était pas assistante de guérisseur pour rien, et elle savait, ressentait au plus profond d’elle, que son corps ne supporterait pas une deuxième crise d’hypoglycémie. Elle n’avait plus assez de force pour continuer sans carburant. Fermant les yeux, elle piocha à main nue dans le plat et enfourna une poignée de légumes dans sa bouche, qu’elle entreprit de mastiquer avec application. Elle faillit bien vomir à nouveau lorsque son corps du faire face à cette abondance de nourriture, et ce fut tout ce qu’elle put avaler pour l’instant, son estomac étant devenu trop petit à force de jeunes plus ou moins longs. Mais déjà, quelques couleurs commençaient à colorer ses joues, et elle sentit revenir ses maigres forces.


- Qui s'occupe de toi à l'académie? Où dors-tu?

Plus que la question en elle-même, ce fut l’air perplexe du garde qui la désorienta. Il affichait une incompréhension flagrante face aux récents évènements et à ce qu’ils signifiaient – à savoir que Miaelle était seule depuis la mort de son Papa et que personne ne s’était occupé d’elle à part Shawna, une fois. En fait elle ne comprenait pas pourquoi le fait d’être seule à son âge était inhabituel. Pour elle, lorsqu’on perdait les personnes qu’on aimait et qui nous aimait, d’autres n’avaient pas forcément à prendre leur place, même si on était un petit enfant perdu. C’est sûr, ça faisait mal d’être l’origine des grimaces de dégout sur le visage des gens, ça faisait mal de voir des mains se tendre non pas pour caresser mais pour frapper, ça faisait mal d’être seule avec son chagrin et sa détresse, ça faisait mal mais c’était comme ça, on ne pouvait rien y faire. Et il n’y avait pas lieu de blâmer lesdites personnes qui ne prenaient pas garde à ce petit corps qui s’agitait au niveau de leurs rotules.

C’est donc avec prudence qu’elle répondit, le regardant par-dessous la frange de ses cil :


- Je ne crois pas… Que quelqu’un s’occupe de moi. Papa est mort pendant la bataille.

Elle ne put rien y faire et ses yeux débordèrent de larmes, et celles-ci s’écrasèrent dans son assiette avec de petits tintements presque inaudibles. Mais son visage ne bougea pas, n’afficha rien d’autre que son expression prudente, avec peut-être en plus cette flamme destructrice et terrifiante d’un désespoir trop grand pour son âge. Son souffle s’écourta, et il lui fallut quelques secondes pour reprendre la parole d’une voix qui ne chevrota pas. Elle faisait des progrès dans sa maitrise d’elle-même. Et cela lui donna du courage.

- J’ai pu manger, il y a … - elle réfléchit un instant – 3 jour, ou 4 je ne sais plus. Grâce à Shawna. Mais sinon je me débrouille toute seule.

Et, comme si cela était l'attitude la plus normale du monde, elle ajouta :

- Et je dors à côté d'un arbre, celui en dessous duquel mon Papa est enterré. Mais en ce moment il fait un peu froid alors j'essaye de trouver des endroits plus chaud dans l'Académie.

Ainsi, à part sa sacoche, elle avait en sa possession une couverture plus chaude que son aspect miteux pouvait le suggéré qu'elle avait caché sous une pierre dans le jardin de son Papa et qu'elle utilisait tous les soirs.

Elle fixa à nouveau son assiette, et réfléchit à comment manger le morceau de viande. Elle et son Papa, du temps où ils vivaient sur les routes, avaient prit l’habitude de manger sans couverts, à l’aide de leurs seuls doigts. Il lui avait tout de même apprit comment manier un couteau, au cas où, mais elle ne s’en était pratiquement jamais servi, et préférait de loin le contact de la nourriture sur sa peau, tout comme celui de la terre sur la plante de ses pieds. D’ailleurs, à la réflexion, c’était étrange que le trésorier ne lui ait pas acheté de chaussure, connaissant la maniaquerie des gens normaux à enfermer leurs orteils dans des gaines de cuir, de peau ou de métal. Grand bien lui fasse, elle ne supportait absolument pas le contact de chaussette ou de chaussure.


D’un geste assuré, elle s’empara à deux main du morceau de viande et entreprit d’en déchirer un tout petit bout avec ses incisives, veillant à ne pas trop en manger pour ne pas vomir le trop plein.


Varsgorn Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeMar 13 Déc 2011 - 22:54

- Trois jours sans manger et tu oses dire que tu te débrouilles? Tu devrais manger à ta faim chaque jour.

Varsgorn n'arrivait pas à croire que personne n'avait remarqué qu'une petite fille dormait chaque nuit dans le parc. Pareil pour les personnes qui avaient croisés son chemin dans l'académie: pourquoi personne n'avait remarqué cette petite fille chétive? Mais après tout, pouvait-il les blâmer? Lui non plus, il n'avait pas remarqué qu'une orpheline se baladait dans l'académie sans manger à sa faim en se faisant frapper par les autres élèves. Mais tout ça, c'était terminé. Maintenant, Miaelle était sous la protection du trésorier. Il n'allait plus la laisser faire. Désormais, elle était sous son aile et il ferait en sorte qu'elle ne manque plus de rien. Varsgorn avait de très nombreux défauts mais il n'était pas du genre à revenir sur ce qu'il disait. Miaelle lui avait demandé de l'aider à devenir quelqu'un de fort, il allait donc l'entraîner mais pas seulement. Il se rendait désormais compte qu'il allait aussi devoir l'éduquer. Comment pourrait-elle survivre si elle dormait dehors alors que les hivers étaient mordant dans la région d'Al-Poll? Comment pourrait-elle être agée si elle ne mangeait que si quelqu'un lui donnait de la nourriture?

- Je vais m'occuper de toi. Tu vas venir habiter dans mes appartements, ils sont suffisamment grand pour qu'on t'y installe un lit. Je veillerais également à ce que tu manges deux fois par jour minimum. Et si ça ne te plaît pas, tu pourras toujours aller voir ailleurs. Je ne veux pas d'une souillon qui s'évanouit au moindre effort. Je vais faire de toi une vraie petite noble sachant parfaitement se battre. Surtout si tu te présentes aux autres sous le nom de Miaelle Ril'Enflazio.

Avec un léger sourire, Varsgorn pensa que la petite allait rapidement regretter de l'avoir choisit s'il imposait les mêmes règles qu'il avait connu dans son enfance. Miaelle allait le détester, c'était évident. Mais le trésorier s'en moquait, il n'était pas là pour se faire aimer de la petite. Il n'attendait pas grand chose de la petite d'ailleurs, juste qu'elle lui soit redevable quand l'ancien mercenaire aurait finit de la former.

Silencieux, le trésorier laissa la petite se rassasiée et ainsi reprendre des forces. Quand elle eut termina, il se leva de sa chaise, laissant des pièces sur la table pour payer l'aubergiste.

- Je ne t'ai rien dit pour cette fois-ci car tu étais souffrante mais c'est la dernière fois que tu manges avec tes mains. Tu n'es pas un animal. Sois un peu civilisée si tu veux qu'on te respecte. Maintenant, on va aller t'acheter des chaussures, si je te fais grimper au sommet des falaises, tu rendras compte que ce n'est pas un accessoire inutile.

Ils sortirent de l'auberge et ils prirent la direction d'une autre boutique, vendant des chaussures cette fois-ci. Ils trouveront certainement ce qu'il faut pour le bonheur de la petite Miaelle. Le trésorier sentit bien le désaccord de la jeune fille, mais une nouvelle fois, il s'en moqua. Avec Enelye, il se montrait patient, préférant son bonheur à un apprentissage dur et rapide. Il se rendait même compte que petit à petit, les cours étaient moins nombreux, voir presque inexistant. Enelye n'était plus son apprentie. Elle était devenu sa fille. Il espérait que ça ne serait pas pareil avec Miaelle. S'il continuait à s'attendrir sur la moindre petite orpheline demandant son aide, il n'en finirait pas d'agrandir la famille Ril'Enflazio et ce n'était pas ce qu'il désirait. Où donc était rendu le terrible mercenaire? Où se cachait l'assassin silencieux? Fantôme était-il vraiment mort, enfouit dans le passé du nouveau trésorier de l'académie? Il se montrait toujours aussi intraitable envers de nombreux élèves mais, en y réfléchissant, il avait accepté un poste à l'académie, chose totalement impensable quelques années auparavant. Il avait changé, il en était bien conscient et, une fois de plus, l'académie était responsable de ce changement.

Il était arrivé à l'académie à l'âge de 17 ans. Jeune noble désireux de découvrir la vie. Son père l'avait inscrit à l'académie de Merwyn car elle était la plus prestigieuse, la plus côtée, celle où tout grand de ce monde désirait allait. Varsgorn n'avait su ce qu'il voulait y faire en y entrant mais, quand il découvrit la Voie des Marchombres, le jeune homme sut ce qu'il allait faire. C'était ça qu'il voulait devenir. Un Marchombre. Pendant trois ans, il avait suivit son maître. Pestant contre les exercices compliqués. Rageant de voir son maître qui se moquait de ses désirs. Pourtant, il avait été étonné, voir chagriné, quand elle lui avait dit qu'il pouvait partir, voler de ses propres ailes, continuer son chemin sans elle.

Il avait en effet bel et bien continué sans elle, sans guide. Il s'était éloigné de l'académie de Merwyn et il avait finit par s'éloigner complètement de l'Harmonie en sombrant dans le Chaos. Il n'avait pas été malheureux. Encore aujourd'hui, alors qu'il avait renié le Chaos, il ne regrettait pas ses choix. Les Mercenaires l'avaient rendu plus fort, plus indépendant. Presque vingt ans de sa vie à servir le Chaos. Il n'était plus le jeune noble insouciant de sa jeunesse. Il avait murit en tuant. Il avait d'ailleurs regagner l'académie de Merwyn pour tuer une nouvelle fois. Se venger. Tirer un trait définitif sur le marchombre qu'il avait été. Supprimer tout ceux qui avaient connus Varsgorn Ril'Enflazio en gentil marchombre. Mais il était arrivé trop tard. Sa maître marchombre était déjà morte. Il ne pouvait plus rien y faire. Il était donc resté pour servir les objectifs du Chaos..... avant de rencontrer Enelye. La petite Corbac de l'époque avait été son guide pour sortir des ténèbres.

Depuis qu'il avait posé son premier pied dans l'académie, il avait eu trois vies. Trois vies bien différentes. Une première composée d'Harmonie et de lumière. Suivi d'un plongeon dans les ténèbres et le Chaos. Pour arriver à ce qu'il était aujourd'hui. Une vie entre Ombre et Lumière. Il n'était plus Mercenaire mais il ne serait plus jamais un Marchombre.

Pendant ses divagations mentales, Varsgorn et Miaelle étaient arrivés à la boutique. Le trésorier poussa la porte pour laisser entrer la petite.



(Edition faite, c'est beaucoup mieux désormais angel)

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MessageSujet: Re: Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]   Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé] Icon_minitimeJeu 15 Déc 2011 - 17:29

D’une oreille distraite, la petite écoutait les propos du trésorier. Son air de réprobation ne lui échappa pas, mais elle n’en prit pas ombrage, sachant qu’il ne lui était pas directement destiné. Et puis elle n’avait que faire de son accord, elle vivait, c’était l’essentiel. Pas une fois il ne lui était venu à l’esprit de se plaindre de quoi que ce soit. Si elle ne parvenait pas à manger à sa faim, c’était tout bonnement sa faute, puisqu’il y avait des repas communs et gratuits tous les jours auxquels elle ne voulait pas participer, de peur de la foule d’élève qui s’y pressait. Et puis à la fin, elle passait un œil par la porte, mais constatait presque invariablement que les plats étaient vides ou déjà débarrassés.

Elle n’avait donc pas à se plaindre puisque c’était ses propres névroses qui provoquaient sa faim. Ses propres peurs qu’elle ne parvenait pas à surmonter.

Les mains pleines de jus de viande, elle croquait de petites bouchées, attentive à ne pas surcharger son estomac par un afflux trop important de nourriture. La sensation de plénitude qu’elle sentait poindre au creux de son ventre lui tira un sourire de contentement, tandis qu’une rougeur bienvenu venait moucheter ses joues d’albâtre. Elle sentait, visualisait presque, l’énergie couler dans son œsophage, et trouer ses veines pour y déverser, diluée, une substance bienfaisante qui éloignait la fatigue jusqu’au fond de son esprit. Alors qu’elle reprenait un peu du poil de la bête, ses sensations s’agitaient, se réveillaient, grognaient en tentant d’attirer son attention. Ses nouveaux vêtement lui revêtaient la peau d’une douce chaleur, même si elle leur trouvait encore un aspect piquant, celui qu’on toujours les habits neufs. La taverne résonnait des bruits de conversations, marchandes pour la plupart, et c’est avec un air curieux qu’elle dévisagea le tavernier dont les yeux gris luisaient derrière ses lunettes à la monture d’or. Son visage tanné semblait retenir dans les rides de ses yeux une inflexibilité douce et austère, des histoires à fleur de peau et sans doute autant de conversations qu’il y a d’oiseaux dans le ciel. Son nez s’enorgueillit des odeurs savoureuses qui ondulaient à la commissure de ses narines, y déversant des rêveries bariolées de rêves orientaux, rythmés de voyages étranges et de paysages étonnants.

Enfin, elle reporta son attention sur Varsgorn, juste avant qu’il ne propose, d’un air résolut, la solution qu’il semblait avoir pris.

Miaelle ouvrit légèrement la bouche, tant l’idée lui semblait saugrenue. Cependant, à mesure qu’elle reprenait de l’énergie, ce n’étaient pas seulement ses sens qui s’éveillaient, mais aussi la pointe aiguisée de son intelligence. Après un instant de réflexion, elle convint que ce serait une bonne idée, d’autant qu’elle pourrait dormir à l’abri du froid et qu’avec de la nourriture régulière elle prendrait plus de forces. Elle ne protesta donc pas, se contentant d’observer les lèvres de Varsgorn s’agiter, l’une d’elle barrée d’une cicatrice qui en écorchait l’intégrité.

La torpeur postprandiale aidant, elle en vint à s’enliser dans ses rêveries spéculatives quant à l’origine de cette cicatrice, sur l’identité de la personne qui la lui avait infligé, ou à la forme de la ronce qui aurait pu s’y accrocher. Etait-elle le fruit de la fureur destructrice d’un fauve dont le garde se serait débarrassé d’un coup de dague ? Etait-ce l’amour d’une rose qui aurait tendu les tentacules de ses épines à l’assaut de la bouche de son prince inaccessible ? Ou bien la vengeance d’une femme bafouée dont les ongles auraient, pointes aiguisées, tranché par le biais la source de paroles éhontées ?

Dans un petit sursaut, elle reprit pied avec la réalité et cligna des paupières deux fois. Varsgorn la regardait, attendant son assentiment pour les nouvelles conditions qu’il voulait imposer. Elle acquiesça sans un mot, d’un air un peu ahuri, non pas parce qu’elle n’avait pas entendu sa phrase, mais parce qu’elle trouvait incongru qu’il lui demande son avis. Son engagement était total, et rien ne viendrait troubler ses ordres. Sauf si leur incohérence lui apparaissait entacher le but qu’ils avaient fixés, si l’aiguille se détournait de l’axe septentrional qui maintenant guidait son existence. Pour cela elle se considérait comme seule maître à juger, puisqu’après tout il s’agissait de sa vie.

En revanche, même si elle se tenait prête à suivre le moindre de ses ordres, elle ne pouvait pas ne pas frémir à la penser de ces cages de cuirs enserrant la plante de ses pieds. Elle avait essayé, déjà, une fois, mais la sensation était si désagréable qu’elle n’avait pas réitérer l’expérience. Elle se sentait tellement mieux les orteils à l’air, la terre giclant de sa voute plantaire, elle était en directe résonnance avec le sol qu’elle foulait, et cela lui était toujours apparut comme une vérité d’existence, un principe impérissable de vie.

Pourrait-elle réussir à mettre de côté son dégout afin de satisfaire l’envie du trésorier ? Elle en doutait mais préféra mettre cette désagréable pensée de côté. Surtout qu’elle doutait profondément du fait que l’escalade serait plus pratique avec des chaussures. Comment pouvait-on bien caller son pied si les orteils n’étaient pas libres de s’agripper ? Elle se garda bien, cependant, de formuler ouvertement ses doutes.

Enfin, ils se levèrent de table et son maître lança quelques pièces qui tintèrent en tournoyant sur la table. Elle les suivit des yeux pendant quelques secondes, imaginant son essence liée à celle du métal précieux, tel un éclat doré qui virevolterait éternellement dans d’imprévisibles circonvolutions lumineuses, à l’égal des fragments de sa vie qui ne s’agençait, en apparence, qu’après la valse inconsidérée d’un hasard somme toute assez… Hasardeux. Sa vie avait pris un tournant au moment même où elle s’était jetée sur le garde, son poison en main. Elle avait tournoyé en l’air comme une pièce d’argent, comme un petit fauve aux yeux métalliques, avant d’être plaquée au sol, entre la poigne de Varsgorn, à l’égale de l’argent qui se retrouvait à présent entre les phalanges du tavernier aux yeux gris. Ca y était. Elle avait changé d’allégeance. Son existence s’était dissoute dans d’autres mains. Et les cloches carillonnèrent, sonnant le glas d’une enfance tourmentée, pour un début d’adolescence, non moins torturé.

La fatigue pesait sur ses prunelle, les illuminant d’une chaude couleur d’azur de la même couleur que celle de la tenue de mariage de Varsgorn Cool , mais elle garda une allure droite, ne s’offusquant pas de l’homme qui entra dans la taverne pendant qu’elle sortait, en lui marchant sur les pieds sans même avoir l’élégance de remarquer sa présence. Elle s’arrêta sur le seuil, clignant des yeux sous le coucher de soleil qui nimbait les toits d’Al Poll, crépissant les murs de tâches sanguines, diluées d’or et de pourpre. Elle se décala sur le côté pour laisser passer son maître et lui emboiter le pas, s’amusant de mettre ses petits pieds nus et éminemment crades dans les empreintes de ses grosses bottes luxueuses et resplendissantes.

Varsgorn resta silencieux durant tout le trajet, ce qui convenait parfaitement à la petite, même si elle en vint à se demander à quoi il pouvait bien penser avec tant d’intensité. Réfléchissait-il à la meilleure manière de l’entrainer ? Aux tortures physiques qu’il avait promis de lui faire subir ? A une femme dont il serait amoureux, à des enfants qui peut-être l’attendaient quelque part ? Après un instant de réflexion elle rejeta cette idée, s’imaginant en Varsgorn, et à juste titre, un homme taciturne et secret, à l’égal de la force tranquille qu’il dégageait, à cette puissance effrayante qu’il recelait dans l’éclat de ses prunelles, sourcils éternellement froncés.

Enfin, ils arrivèrent devant la devanture d’une belle boutique de chaussure. Miaelle eut un frisson d’expectative qu’elle tentât de camoufler comme elle put. Sauter sur un ancien mercenaire pour l’empoisonner lui était faisable, mais tout à coup elle doutait de sa capacité d’acceptation sur une partie aussi intrinsèque de sa personnalité. Serait-elle capable de se fondre dans le moule, de forcer ses pieds à accepter le contact – contrat- de la soumission ?

Ils entrèrent dans la boutique, Miaelle devant, comme si le trésorier voulait la tenir à l’œil. Il avait bien du voir sa réticence à l’idée des chausses, et semblait vouloir afficher l’inflexibilité la plus totale.

Dans l’ensemble, la séance se passa de la même manière que pour les vêtements : une jeune femme s’occupa d’elle, lui dénichant des souliers roses absolument affreux, qu’elle repoussa pour l’apparence pratique et inélégante d’espèces de sandales à semelle large, à l’intérieur desquelles ses pieds criaient un peu moins que dans des bottes hautes à talon ou autres fanfreluches tout à fait inutiles. De plus les sandales avaient l’avantage de laisser respirer ses pieds. En revanche, fait marquant, elle n’oublierait jamais l’expression de profond dégout qui se peignit sur les traits de la vendeuse lorsqu’elle vit l’état pitoyable des pieds de la petite fille. La couche de crasse en était telle que la peau avait décoloré par le dessous, et la corne plantaire formait une véritable semelle, tant en texture qu’en épaisseur. D’ordinaire elle se lavait toujours soigneusement, mais la mort de son Papa avait chamboulé sa vie, comme de bien entendu, et l’inconstance de la vie avait éveillé en elle des inclinations morbides inconscientes, qui lui avaient ôté l’envie de prendre soin d’elle, la dotant de cette tendance à vivre au jour le jour qui avait donné lieux à sa déchéance physique. Il avait donc fallut récurer les pieds avec des brosses dures, les ensevelir sous une couche de mousse nettoyante, et en poncer la corne avec une difficulté étonnante. Cette partie ci avait été pour elle un vrai supplice, et finalement la jeune femme déclara forfait une fois que la peau fut redevenu à peu près clair, même si la dureté de la voute plantaire empêchait toujours la moindre sensibilité chez la petite fille.

Et pendant tout ce temps, elle serra les dents, disciplina au mieux son esprit, sans pouvoir toutefois se retenir de laisser échapper une exclamation de dépit, d’horreur ou d’inconfort, un inconfort bien plus profond que ce que sa simple condition physique laissait supposé, avec en écho les sévices qui avaient forgés son âme, de même que ses particularités lui avait permis d’être ce qu’elle était. Il avait dans ses petites exclamations une terreur sous-jacente, celle de se perdre dans des faits tout à fait banals d’apparences, mais aux conséquences bien trop lourdes pour l’armature grêle de ses épaules. Le cuir des sandales semblait lui dissoudre la raison, alors que l’éclat du cuir rampait jusque dans son âme, déterrant des souvenirs incohérents et poignants, avec son Papa le plus souvent.

Mais elle tint bon, ne tenant pas compte des regards des Varsgorn, s’échinant à supporter les doigts de la femme sur ses chevilles, à examiner avec une intensité psychotique l’entrelacs bleuté des veines de son pied qu’elle découvrait pour la première fois avec autant d’acuité. Comme dans la boutique de plante, elle commença par trembler tant son esprit forçait contre la cloison de son corps, puis elle parvint à fermer son esprit, son regard se vida de sa fougue enfantine, et même de cette détresse permanente qui tendait en permanence ses sourcils. Ne restait plus qu’une tristesse sourde et poignante qui réduisait l’éclat de ses yeux à celui d’un miroir terne et sans teint. Elle devenait coquille vide, consumant les flammes pour ne devenir qu’une braise recouverte de cendre. Une braise vivante, mais sans volonté propre autre que le souffle d’un être extérieur qui parviendrait à rallumer l’énergie de son existence.

Enfin, la séance prit fin, et c’est un fantôme qui sortit sur les pas du trésorier de l’Académie. Miaelle restait étonnamment déconnectée, malgré la nuit vivifiante qui maculait ses joues et son front de tâches pourpres, tout en peignant sur ses lèvres un voile myosotis. Elle vit bien Varsgorn se retourner quelque fois vers elle, mais elle n’en conçut aucune curiosité. L’intérêt semblait avoir déserté sa vie, les couleurs ses prunelles. Elle avançait mécaniquement, bousculée par les passant, sans même détournée le regard des traces de son maître. Des bruits sourds courraient contre ses tympans sans les traverser, de même que les images d’enseignes lumineuses qui semblaient s’enliser en traversant son chiasma ouaté d’un voile cotonneux.

Lorsqu’il la regarda à nouveau, elle lui rendit un regard vide, au fond duquel ondulait ce qui restait des souvenirs de son Papa. Ses yeux se remplirent de larmes, mais ne débordèrent pas. Un instant ils restèrent comme ça à se regarder, les yeux de Miaelle complètement noyés, l’iris comme une brindille aux milieux de l’océan. Elle rompit le contact, finalement, en baissant le regard sur ses chaussures.

Une flaque devant la pointe de ses pieds lui renvoya son reflet floué. Elle ne se reconnut pas. Son visage déformé s’étalait sous une frange bien nette de cheveux qu’une employée bienveillante lui avait coupé. Sur son corps il y avait des vêtements plus luxueux qu’elle n’avait jamais porté. Et à ses pieds, ces sandales, comme un dernier blasphème à tout ce qui avait rythmé sa vie.

Pourquoi m’as-tu abandonné ?

C’est une unique larme qui vint brouiller définitivement la surface du reflet. Avant qu'elle n'emboite à nouveau le pas du trésorier.



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Petites emplettes avant de s'enfuir dans le sud [Terminé]
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