Description générale
- Nom - Til'Ewin
- Prénom - Attalys
- Race - Humain
- Age - 18 ans
- Classe (primaire) - Apprentie Dessinatrice
Description physique et mentale
- Description physique - Attalys est une jeune fille de taille moyenne, ni trop grande ni trop petite, et possède un visage aux traits fins et réguliers encadré par une épaisse chevelure ondulée châtain clair striée de mèches blondes lui arrivant au milieu du dos. Elle l'attache parfois en chignon pour les circonstances spéciales mais préfère la laisser lâchée. Ses yeux, verts contenant chacun une paillette dorée, sont grands, très expressifs et rehaussés par des cils d'une longueur peu commune. Elle a un teint pâle légèrement tanné par le soleil. Sa peau, uniformément lisse, est troublée par un unique grain de beauté sur la tempe droite. Elle est également particulièrement fière de ses dents qui sont d'une blancheur éclatante et parfaitement alignées. Sinon, Attalys ne se préoccupe pas spécialement de son apparence ; elle met surtout d'amples tuniques et des robes agréables à porter, ainsi que des sandalettes décorées de perles multicolores (original, non ?). Elle aime aussi beaucoup les mitaines, et ne se prive pas de le montrer... Son seul signe distinctif est un lien de cuir au bout duquel pend un œil de tigre, cadeau de sa mère. Il s'agit, pour elle, d'une sorte de porte-bonheur, d'objet fétiche.
- Description du caractère - Pour commencer, Attalys est très charismatique. Elle a le rire facile et si communicatif qu'il est difficile ne pas être touché par sa bonne humeur et sa joie de vivre. Fondamentalement positive et optimiste, elle va toujours garder espoir... Un deuxième point qui me semble important est son imagination débordante, qualité très utile pour son talent lié au Dessin. Elle possède également une volonté de fer sans être spécialement butée, et sait reconnaître ses erreurs ou changer de direction si elle remarque qu'elle se trompe de "côté". Pleine de tact, d'une vive intelligence et d'une gentillesse irréprochable, on peut dire qu'elle est facile à vivre. Curieuse mais pas indiscrète, elle sait écouter les autres et se montre pleine de sollicitude à leur égard. Hum... ensuite... Ah, oui. Sa soif d'apprendre. Pour elle, le savoir est une inépuisable source de culture et de connaissance. Elle est très studieuse et possède un fort esprit critique. Elle est aussi prudente et préfère éviter les ennuis dans la mesure du possible, mais se montre pleine de ressources quand elle y est confrontée. Pour terminer, je dirai qu'elle est plutôt attentionnée, calme, douce, posée et sereine. Elle a toutefois trop tendance à emmagasiner les "petits tracas" et peut exploser lorsqu'elle est trop remplie de rage et de rancœur. Dans ces cas-là, il vaut mieux ne pas se trouver dans les parages... Heureusement, de pareilles crises sont plutôt rares.
- Principale(s) qualité(s) - Discrète - réfléchie - soigneuse - intelligente - créative - dévouée - attentive - volontaire – sociable – enjouée - patiente
- Principal(s) défaut(s) - À tendance à accorder trop facilement sa confiance aux autres - veut plaire et contenter tout le monde, ce qui peut parfois poser de légers problèmes - explosive (!) - masque quelquefois sa colère sous une gaieté factice, ce qui cause le souci précédent.
- Particularité(s) - Euh... Là, je vois pas trop ce que je pourrais dire... À part si le fait de se ronger excessivement les ongles est considéré comme un signe précurseur de folie et, par conséquent, une particularité digne de ce nom...
- Capacité(s) - Attalys possède tout d'abord une intense capacité de réflexion et de concentration. Ainsi, elle est plutôt douée dans toutes les matières un peu "scolaires" (potions, civilisation...). Grâce à l'éducation qu'elle a reçu, elle a de solides bases en lecture, écriture, calcul, histoire, géographie, etc. Elle a enfin une excellente mémoire et comprend vite.
Vécu et situation sociale
- Situation familiale - Père anonyme - mère morte - soeur fausse jumelle inconnue d'Armaële Assyndra
- Situation sociale - Issue d'une famille de petite noblesse ruinée par la branche maternelle.
- Histoire -
Souvenir... Elle a quatre ans. La fillette est assise en tailleur sur la berge d'un grand lac, le regard perdu dans ses eaux aux reflets d'améthyste. Elle y lance quelquefois un caillou pour contempler les cercles infinis qui en découlent, comme autant de rondes nacrées innombrables. Ronds transparents dans l'immensité bleue. Disques subtilement veloutés aux infimes nuances pastel. Elle attend. Il n'est pas rare d'en apercevoir une dans le lac Chen, c'est sa maman qui le lui a dit. Mais, a-t-elle rajouté avec un sourire mystérieux, elles n'apparaissent pas par hasard devant n'importe qui. Il faut qu'on le mérite. Et si on réussit à en remarquer une, même de loin, ça porte chance pour l'avenir. Un bruit, soudain. Une vibration profonde et mélodieuse, qui résonne dans sa tête, dans chaque parcelle de son corps. Elle a l'impression que son cœur va déborder tellement le chant est beau. Elle lève la tête et plisse les yeux. Elle ne voit rien, tout d'abord. Rien d'autre que l'horizon laminé de nuages vaporeux, que l'eau verte où s'agitent les écharpes blanches des multitudes paissant tranquillement dans la prairie du ciel céruléen. Et puis, une forme. Grande et gracieuse, elle s'enroule sur elle-même, saute, fend la surface turquoise du lac. Une pensée fugitive traverse son esprit. La Dame. Enfin. Elle aimerait bondir, rire, se lever et nager vers cette fine silhouette majestueuse qui semble l'appeler, l'inviter, même, à la rejoindre. Mais elle ne peut pas. Elle ne pense plus. Elle regarde. Elle écoute. La Dame ouvre alors un œil dont la pupille dorée miroite dans l'éclat du soleil se couchant sur la surface mouvante à présent rose et orangée. Et plonge son regard lumineux dans l'iris de braise de la petite fille. Son destin est tracé.
D'aussi loin qu'elle se souvienne, Attalys a passé toute sa petite enfance dans une maisonnette sur la rive du lac Chen. Elle vivait seule avec sa mère, Ulira Til'Ewin, qui subvenait à leurs besoins en puisant dans la maigre fortune dont elle avait hérité à la mort de ses propres parents. Entre femmes, comme elle se plaisait à répéter en caressant tendrement les boucles dorées de sa fille. Celle-ci, après plusieurs tentatives infructueuses, avait finalement cessé à l'aube de ses 5 ans de lui demander qui était son père. De toutes manières, était-ce vraiment si important ? Elle l'avait, elle, et cela lui suffisait amplement. On peut même dire qu'il existait une réelle complicité entre la fillette et sa mère, un amour ardent et réciproque. Attalys se souviendrait toujours de ces heures passées à contempler la surface du lac en silence, à commenter à haute voix la forme des nuages poussés par le vent, les contes qu'elle lui lisait d'une voix douce et câline, les chants qu'elle chuchotait accroupie près son lit lorsqu'elle n'arrivait pas à s'endormir. Tous ces moments d'affection qui avait fait de sa vie un rêve magique et unique. Et puis, quand elle sentait peser la nostalgique solitude que lui procurait parfois l'absence d'un père, elle essayait de s'imaginer ce qu'il pouvait faire à cet instant. Empereur, chevalier, voyageur, pirate, troubadour... Il changeait d'identité pratiquement chaque jour, et elle ne se lassait pas de lui inventer toutes sortes d'histoires et d'aventures fascinantes.
Ce fut à onze ans que sa vie bascula. Jusqu'à présent, c'était sa mère qui lui avait prodigué un enseignement indispensable mais basique. La lecture, l'écriture, le calcul, le dessin, un peu de géographie et de sciences. Mais elle avait grandi, et avait à présent de nouvelles exigences. Depuis toute petite, en effet, elle voulait déjà tout comprendre, tout savoir. Curieuse et vive d'esprit, elle posait des questions plutôt pertinentes pour son âge et n'avait de cesse d'apprendre de nouveaux mots, de nouvelles phrases. Et maintenant, enfin, elle était assez âgée pour aller à l'école qui lui fournirait une éducation plus complète. Ulira avait longuement hésité lorsque la jeune fille avait émis son souhait. Mais, à force de temps et de persuasion, elle avait fini par céder. Attalys était si heureuse quand elle avait finalement donné son accord ! Certes, elle était un peu mélancolique à l'idée de quitter sa petite maison si paisible, mais elle se réconfortait en se disant qu'elle pourrait encore observer le lac depuis Al-Chen. Car c'était là qu'elle voulait aller. La ville l'avait toujours fascinée et, bien qu'elle ne l'ai visitée qu'une ou deux fois, elle était émerveillée par son architecture grandiose et magnifique. La mère et la fille louèrent une petite chambre dans une auberge en périphérie et, pendant quelques mois, sillonnèrent la cité en quête d'une académie ou d'un institut susceptible d'accepter cette dernière. Hélas, les inscriptions était terminées depuis plusieurs semaines. Elles durent alors se rendre à l'évidence : aucune école ne pouvait accueillir Attalys.
Deux ans s'écoulèrent ainsi. Ulira et sa fille recevaient parfois des professeurs particuliers qui lui prodiguaient essentiellement des cours d'histoire, de langues et d'astronomie, en échange de quoi sa mère, qui avait une très belle voix, donnait quelques leçons de musique à leurs enfants. Tous chantaient les louanges de la jeune fille mais celle-ci les jugeait secrètement sots, bornés et imbus d'eux-même. Bref, elles vivotaient comme elles pouvaient sans être réellement satisfaites de leur sort. Et puis, enfin, elles trouvèrent un établissement qui, bien que guère estimé par ses confrères, avait la réputation de dispenser de solides bases à ses élèves. Attalys sauta aussitôt sur l'occasion. Le fait qu'il se trouve à Al-Far, une ville plutôt misérable célèbre pour ses pickpockets en tout genre, ne nuisit en rien à son enthousiasme. Curieusement, Ulira émit plus de réserve à ce projet mais, rapidement gagnée par l'excitation de sa fille, programma leur départ dans les jours qui suivirent. La cité, évidement, n'avait pas grand chose à voir avec la splendide Al-Chen. Cependant, un des avantages considérables qu'elle leur procurait fut qu'elle eurent beaucoup moins de mal à se trouver un logement. Elles achetèrent ainsi un appartement minuscule de trois pièces mal éclairées et commencèrent aussitôt leur travail respectif. En effet, Ulira avait dilapidé la plupart de son héritage dans leurs recherches inconsidérées et le trajet pour Al-Far, et dut faire des ménages à mi-temps pour nourrir convenablement Attalys. La jeune fille, elle, était aux anges. Enfin, elle pouvait étudier tout son soûl ! Studieuse et raisonnablement douée, elle devint très vite la coqueluche de ses professeurs qui voyaient déjà en elle un avenir des plus glorieux. Elle passait de moins en moins de temps avec sa mère, entièrement plongée dans ses devoirs et ses manuscrits. De son côté, Ulira était heureuse de l'épanouissement de sa fille, mais ne pouvait s'empêcher de regretter la vue sur le majestueux lac Chen et les reflets du soleil dans son eau claire alors qu'elle examinait les ruelles sordides d'Al-Far. Un jour, Attalys fit une curieuse rencontre. Il en effet était de vérité notoire que la ville était un repère idéal pour les voleurs et les vagabonds, et qu'elle était peuplée par toutes sortes de bandes peu recommandables. C'était un de ces soirs humides et sombres par lesquels il ne fait pas bon traîner dehors. La jeune fille s'était un peu attardée à la bibliothèque et marchait d'un pas pressé dans une rue obscure en serrant frileusement sa veste de laine autour de ses épaules secouées de frissons. Et là... Cela se déroula très rapidement, une sensation fugace et furtive. Comment eut-elle le réflexe de se retourner ainsi, si promptement qu'elle en fut elle-même ébahie, elle l'ignore toujours. Un bruit presque inaudible, un mouvement saisit du coin de l'œil. Elle fit aussitôt volte-face tout en se reprochant de ne pas avoir pris la précaution d'emmener une dague avec elle. La main sur sa bourse – on n'est jamais trop prudent – elle étouffa un cri en se mordant la joue et resta pétrifiée devant la femme qui se tenait devant elle. Enfin... la fille, plutôt. Une très jeune fille, même – elle lui donna une quinzaine d'années tout au plus -, maigrichonne, plutôt petite, de longs cheveux châtain-roux emmêlés, des yeux dont la lueur méfiante et haineuse la bouleversa. Elle était sur la défensive et, ainsi qu'une bête traquée, l'observait fixement, à l'affut de ses moindres mouvements. Attalys hésita une fraction de seconde. Si elle se détournait et reprenait son chemin, comment être sûre que cette inconnue n'en profiterait pas pour l'attaquer par derrière ? Il n'est jamais prudent de tourner le dos à un ennemi potentiel, elle le savait. Mais, d'un autre côté, cette jeune voleuse ne semblait pas très dangereuse. Tremblante de froid et de peur dans ses haillons, elle paraissait se retenir pour ne pas partir en courant, sans doute au prise des mêmes interrogations que son adversaire. Attalys fit alors un geste qu'elle n'aurait jamais cru possible, elle qui souffrait parfois de la faim lorsque les revenus de sa mère étaient insuffisants. Elle ouvrit lentement sa bourse et, sans lâcher la jeune fille du regard, en sortit deux pièces d'or qu'elle déposa lentement à ses pieds. Elle recula ensuite de quelques pas, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Au bout de quelques mètres, elle se retourna. La fille avait disparu – et l'or aussi. Mais elle avait la certitude qu'elle n'oublierait jamais ces prunelles hantées par le doute et l'angoisse, ni la plume d'un rouge éclatant fichée dans sa chevelure.
Attalys venait de fêter ses 17 ans et brillait auprès de ses professeurs avec une toute nouvelle ardeur. Aimée de tous les élèves, elle respirait le bonheur et la joie de vivre. Et puis, le drame. Un après-midi, elle rentra chez elle de bonne heure car elle avait fini ses cours plus tôt que de coutume. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle découvrit sa mère alitée, frémissante de fièvre ! Les jours qui suivirent, la jeune fille n'alla pas à l'école, restant à son chevet ou sillonnant la cité à la recherche d'un médecin susceptible de la guérir. Mais le verdict fut sans appel : la maladie dont elle était atteinte tenait plus d'une fatigue nerveuse que d'un vrai virus, et ne pouvait donc pas se faire soigner à proprement parler. Ulira Til'Ewin mourut trois semaines plus tard. Rongée par le remord et la culpabilité, terrassée par la douleur, elle se laissa peu à peu glisser dans le gouffre du désespoir. Elle se mit à survivre tant bien que mal, secourue par ses maigres économies et l'aide de quelques professeurs affligés par ce deuil prématuré. Que faire lorsque ta vie ne te semble plus qu'une longue suite de détresse et de désolations, lorsque ton monde te paraît vide de sens, vide d'amour, un monde où l'on ne peut même plus pleurer car les larmes ont perdu leur saveur ? Où aller quand tu as l'impression d'évoluer dans un tunnel sans fin où tout n'est que noir et silence ? Vers qui se tourner alors que ton cœur et ton âme ne sont plus qu'un champ de ruines immense et infini ? Et, finalement, une lueur. Une étincelle d'espoir. Une flammèche timide et diffuse comme une promesse. Une particule de rêve à laquelle se raccrocher. Elle avait découvert son Don.
Attalys avait entendu parler des Dessinateurs mais pensait à eux comme à des protagonistes de légendes, pas en tant que personnes en chair et en os. On peut alors aisément deviner ce que fut son étonnement lorsqu'elle comprit qu'elle en était un ! Incertitude, indécision, stupéfaction, crainte, peut-être. Et quand elle réussit à le maîtriser à peu près, ce furent de la fierté et et du bonheur. Bonheur. Depuis combien de temps n'avait-elle pas été heureuse ? Elle n'en parla à personne, gardant ce talent dissimulé au plus profond d'elle-même. Elle ne savait exactement pourquoi mais sentait que le Don devait rester caché. Peu à peu elle reprit goût à la vie, mais ne retourna pas à l'école de la ville. De toute manière, elle n'avait plus d'argent. Ses visites à la bibliothèque se firent de plus en plus fréquentes, et elle regardait à présent avec intérêt tous les hauts faits de Dessinateurs et Dessinatrices célèbres. Cependant, une question continuait de la tourmenter. Si elle était véritablement une Dessinatrice – et affirmer le contraire aurait été plus que compliqué -, il fallait qu'au moins un de ses parents soit également Dessinateur. Mais lequel ? Elle ne savait rien de son père, ce pouvait donc aisément être lui. Quant à sa mère, il aurait été étrange qu'elle cache à sa propre fille un Don qui leur aurait à toutes les deux simplifié la vie. Fidèle à elle-même, elle chercha. Et elle trouva.
C'était un volumineux manuscrit lié de cuir, si ancien que certaines de ses pages jaunies se détachaient presque de leur support. La jeune fille l'avait déniché dans la réserve, sous un amas de paperasses en tout genres. Le titre sur la couverture l'avait fait littéralement bondir de joie : « Registre des Dessinateurs les plus célèbres de Gwendalavir, de Merwyn Ril'Avalon à Erik Wil'Young, Maître-Dessinateur à l'Académie d'Al-Jeit ». Certes, il était un peu présomptueux d'émettre l'hypothèse que son père puisse appartenir à la perle du pays, mais elle préférait examiner chaque piste avec attention. Et là... En haut de page, après plus d'une heure et demie de lecture concentrée, un nom. Simple, majestueux et terriblement familier. ''Ulira Til'Ewin, Sentinelle''. Attalys dut le relire plusieurs fois avant de prendre conscience de sa véracité et de ses conséquences. Sa mère lui avait menti ou, plutôt, ne lui avait pas tout dit. Tant d'interrogations sans réponses se bousculaient dans sa tête ! Pourquoi ne lui en avait-elle jamais parlé ? Et, surtout, pourquoi, un beau jour, avait-elle disparu des rangs des Sentinelles sans laisser de traces ? Venait-elle de rencontrer son père ? Elle quitta la bibliothèque l'esprit torturé. En rentrant dans son minable appartement, elle avait pris sa décision. Le soir même, elle se rendit dans la chambre d'Ulira qu'elle n'avait plus visité depuis sa... eh bien, depuis sa mort. Les murs poussiéreux, une odeur âcre et récurrente de moisi malgré le léger parfum de sa mère flottant encore dans l'air. Elle sentit ses yeux s'emplir progressivement de larmes et serra les dents. Sois forte, Attalys. Sois forte. La jeune fille se baissa lentement près d'un coffre en bois beige, les poings crispés. Ce qu'elle s'apprêtait à faire la dégoûtait. Fouiller dans le passé d'un défunt la révoltait et, en même temps, elle savait qu'elle n'avait plus le choix. Elle ne pouvait plus reculer. Un souvenir la frappa alors de plein fouet. Elle a 6 ans. Debout près du lac, elle hésite, tergiverse. Devant elle, sa mère. Elle brasse tranquillement dans l'eau pure, gaie et souriante. Elle rit en voyant que la petite fille a peur. Et puis elle la rejoint, sort sur la rive en s'ébrouant comme un petit chien, la prend tendrement dans ses bras. « Ensemble ? » La fillette hoche doucement la tête, la gorge nouée. Ulira l'embrasse sur la joue puis lui serre fort la main. Elles sautent. Attalys inspira profondément. Et plongea.
Une histoire. Une vie. Ulira Til'Ewin a 20 ans. Admirée et choyée, elle sait ce qu'elle veut faire. Devenir Sentinelle, pour protéger son peuple. Une Dessinatrice aussi douée qu'elle ne peut que réussir. Un an passe. Aventure et amitié. Ulira est comblée. Et puis un jour, l'amour. Elle a 21 ans, lui 25. Sentinelle également, c'est le coup de foudre. Mais aucun bonheur ne peut durer éternellement... Pris dans un guet-apens, il meurt sous les coups de pas moins de cinq Ts'liches. Écrasée par le chagrin, Ulira abandonne sa carrière pourtant prometteuse. Et disparaît pour beaucoup de la surface de Gwendalavir.
Attalys refit difficilement surface, trop choquée pour réfléchir. Ainsi donc, c'est de cela que sa mère voulait la protéger en ne lui révélant pas ce Don mortel... Elle resta un long moment perdue dans ses pensées, tiraillée par une multitude d'idée contradictoires. Tout d'abord, cet amant de jeunesse ne pouvait pas être son père, les dates ne concordant pas. Bon. Premier point. Et ensuite... Elle se leva avec des mouvements d'automate et se dirigea à pas lourds vers la fenêtre. La ville lui parut encore plus sale, encore plus immonde que de coutume. Allait-elle vraiment passer le reste de sa vie à pourrir ici sous le prétexte qu'elle était devenue orpheline ? Sa mère était peut-être partie à jamais, mais elle lui avait laissé un héritage. Ce Don du Dessin qui l'avait déjà sauvée une fois, pourquoi ne pouvait-elle pas s'en servir pour remonter cet abîme ? Oui, c'était cela : elle prendrait le chemin qu'avait emprunté Ulira et, contrairement à elle, ne s'y brulerait pas les ailes. Elle deviendrait Sentinelle, elle s'en fit le serment. Mais il fallait d'abord qu'elle aille dans une Académie où elle apprendrait à apprivoiser le Dessin. Où ? Un sourire se forma lentement sur ses lèvres. La prestigieuse Académie de Merwyn qui avait justement accueilli sa mère comme élève n'était-elle pas un lieu idéal pour approfondir ses connaissances ? Elle partit le lendemain dans une caravane qui se dirigeait vers la mystérieuse citée, le cœur gonflé à bloc de courage et d'espoir. Les miracles existent-ils ? Les rêves peuvent-ils, à force d'amour et de bonheur, se frayer un chemin jusqu'à la terre ? Le regard bienveillant de la Dame l'accompagna tout le long de sa route. RPG Citation:
Attalys contemplait fixement la lourde porte de bois brun. Un mince filet de transpiration coulait le long de son omoplate, ce qui était loin d'être agréable. Cela devait faire au moins un quart d'heure qu'elle faisait le pied de grue dans ce couloir, sans oser avancer ni reculer et, pourtant, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à pousser le battant sombre dont le panneau où il était inscrit d'une écriture légèrement penchée : "Bureau de Jehan Hil'Jildwin, Intendant - prière de ne pas déranger sans raison valable - refermer la porte une fois entré" semblait la narguer avec une insupportable ironie. Elle ferma brièvement les yeux, autant pour se calmer que pour se remémorer son périple dans les rues d'Al-Poll. Car, pour un périple, ç'avait été un périple, et un vrai. Elle avait dû demander son chemin une demi-douzaine de fois, s'était perdue autant sinon plus. Et, comble de malchance, le petite échoppe dans laquelle elle s'était arrêtée pour se sustenter lui avait servi un ragoût épouvantablement épicé. Bref, on ne pouvait pas dire que la journée avait véritablement bien commencé... La jeune fille sursauta en entendant un coup sourd ébranler le mur dans son dos. Elle en sentit la vibration jusque dans sa colonne vertébrale et se mordilla les lèvres, un peu inquiète. À quels principes barbares se livrait-on dans cette Académie ? Elle se rappela alors qu'il s'agissait de l'endroit où avait étudié sa mère et, un peu plus rassurée, esquissa un pas vers le seuil du bureau. Tout le monde disait qu'elles se ressemblaient. Même yeux verts, même crinière châtain clair, même mèches couleur miel... Peut-être l'Intendant s'en souviendrait-il, qui sait ? Oui, et, dans ce cas, il pourrait même lui raconter des choses sur elle, de petites anecdotes sur sa vie à l'Académie de Merwyn... Attalys fronça les sourcils et secoua la tête, un peu troublée. Arrête de rêver, ma vieille, se sermonna-t-elle tout bas. Comment pouvait-elle espérer que cet homme se souvienne de chaque élève qu'avait accueilli l'établissement ? Et d'abord, qui lui disait que Jehan était déjà de faction lorsque Ulira y avait fait ses premiers pas ? Oui, elle était vraiment folle d'envisager ne serait-ce que cette possibilité. Jusqu'à ce qu'elle réalise qu'entre ébaucher des scénarios imaginaires et parler toute seule, la folie ne résidait par forcément là où on le croyait... Elle soupira en détaillant pour la dernière fois la pancarte à l'écriture serrée. Frappa deux petits coups secs contre le bois brut, puis un troisième en estimant que les autres n'étaient pas assez forts. Poussa doucement la porte qui s'ouvrit dans un grincement sonore. Et, repensant à l'écriteau, la referma consciencieusement derrière elle. La pièce était plutôt spacieuse mais paraissait diminuer de moitié tant le désordre qui y régnait était indescriptible. Attalys repéra pèle-mêle une assiette à la propreté douteuse, une paire de chaussettes dissimulée par un vieux manteau de voyage, une pile de volumineux dictionnaires et un trognon de pomme coincé entre un tabouret bancal et une boîte savamment ouvragée. L'Intendant était penché sur la table et rédigeait quelque chose - une lettre ? - à une vitesse qui stupéfia la jeune fille. Comme il n'avait pas l'air de l'avoir remarquée elle toussota discrètement, gênée, et attendit patiemment que la plume se stabilise juste au-dessus de la feuille. Enfin, il releva un visage qui, sans être mécontent, ne respirait pas un entrain extraordinaire non plus. Attalys sourit et se lança sans tarder dans un monologue qu'elle avait déjà répété une vingtaine de fois :
- Bonsoir, seigneur Hil'Jildwin, je me nomme Attalys Til'Ewin et je suis ici pour solliciter l'honneur d'entrer dans votre prestigieuse Académie. J'ai 18 ans et n'ai rien pour payer les frais de ma scolarité, mais je vous promets de travailler dur.
Elle s'interrompit un instant avant de conclure d'une voix nette :
- En tant qu'Apprentie Dessinatrice. Bien entendu, je n'ai pour tout bagage que ce je porte sur moi et ne possède pas de logement à proximité.
Elle hésita ensuite quelques secondes - avait-elle tout dit ? n'avait-elle rien oublié ? - avant de sourire à nouveau - on allait la prendre pour une demeurée si elle continuait comme ça ! - et de s'appuyer poliment contre le mur en essayant de ne pas emporter de toile d'araignée au passage.
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