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 Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]

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Lohan Gayana
Lohan Gayana

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MessageSujet: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeVen 16 Avr 2010 - 19:10

Le vent soufflait dehors. Les rameaux d’un arbre griffait l’unique fenêtre du dortoir des Lotra et l’air froid de cette fin d’hiver glaçait la pièce. Redressée sur son lit, Lohan était éveilée. Elle se demandait, une fois encore, comment les autres pouvaient dormir. Les souffles paisibles ou un peu enroués par l’hiver respiraient à l’unisson comme s’il s’était concertés. Curieux. Est-était ce le vent qui leur faisait cet effet là? D’habitude chacune avait sa longueur, son intensité, se souciant peu de celles des autres. Mélé à la puissance du vent, ces souffles étranges formaient un orchestre insolite. L’élève écouta un peu, puis le froid l’arracha à ses délires symphoniques, elle avait rejeté ses couvertures et son maigre vetement de nuit ne suffisait pas à la protéger. Tout la poussait à sortir de son lit pour sa quotidienne escapade nocturne.

Lohan, depuis quelques semaines avait prit l’habitude de sortir la nuit. Pas qu’elle ai une joie particulière à défier les lois imposées, mais c’était devenue une sorte d’habitude poussée par un relant d’énergie qui se profilait aux alentours de 2h du matin. Un désir de sortir, de marcher, Simplement. Dans des moments comme ceux-ci, elle se levait et aller se promener dans l’académie, ne quittant jamais l‘enceinte. La méfiance des premiers jours s’était éstompée. Les gardes avaient leur ronde précises, les primats étaient las, les enseignants éreinté. Rien d’insurmontable, en somme pour qui savait observer. La lourde menace de l’effraction du couvre feu semblait illusoire quand elle marchait dans les couloirs déserts de la batisse. Elle avait bien eut quelques peurs primaires aux débuts. Un rongeur passait, et son cœur faisait un bon de plusieurs metres, Un bruits sec et elle imaginait une porte s’ouvrir. Une fois, elle avait rencontrée Eréïne. Une autre, un garde était passé et l’avait frolé à quelques centimètres. C’était le début. Maintenant elle se sentait assez puissante pour en oublier toute prudence. Assez maitre de ce château aux âmes endormies pour oser respirer bruyamment ou marcher sans calculs.

Aussi s’habilla-t-elle chaudement et sortit pour la unième fois du dortoir, laissant là ses camarades endormies. Dans la salle commune, le bois ne craquait plus et la température chuta d’une pièce à l’autre. Le feu s’était éteint. Le couloir resonnait à la plainte sourde du vent, la pierre froide contribuait à l’atmosphère sinistre. La Lotra avança rapidement dans le couloir, l’aile est était l’un des passages préféres de la garde à cette heure-ci. Aussi traversa-t-elle tout le batiment , négligent de faire des pauses pour écouter des éventuels pas et se retrouva dans l’aile ouest, relativement tranquille. Les bourrasques venaient de ce coté ci et le bruit du vent en était encore plus impressionnant. Lohan frola le mur en avançant. S’arreta, indécise. Replaça sa main. Le mur vibrait. Les dalles semblaient trembler sous le froid, ou peut-etre, sous la peur de s’éffondrer. Elle n’était qu’au troisieme étage. La Vigie, au cinquièmeme devait osciller de droite à gauche, sous la puissance des rafales. La Lotra sourit à l’image de l’antre des dessinateurs menaçant de s’écrouler. Par dépit, parce qu’elle n’y avait pas accès, pour contrer l’inquiétude naissante de la clameur exterieure, aussi. Pour se rassurer, elle souriait. La Lotra descendit mécaniquement les escalier, laissant sa main sur le mur, les vibrations s’éstompaient à mesure qu’elle se rapprochait des fondations. La musique devint apaisante.

La curiosité la piqua alors qu’elle arrivait au premier étage. La salle d’arme disposait d’immenses baies vitrés qui donnait sur les jardins. Quel était le son la bas? Quelle était la musique? Avide de savoir, frémissant devant une telle perspective de découverte, l’aveugle posa sa main sur la poignée, ouvrit la porte doucement.

Elle fut déçue.

Elle s’attendait à un concert explosif de rafales s’écrasants sur les vitres et de murs frileux, ancré dans leur fondation, tremblant d’amertume devant la force de l’élément naturel. Le bruit était à peine plus sonore que dans le couloir, moins fort qu’au troisième ou elle avait sentit les vibrations. La Lotra allait ressortir, laissant là ce piètre affrontement ou la nature semblait perdante. Un bruit la retint.

Tchac

Elle susauta, revint subitement à la réalité, trembla, tourna la tête, à gauche à droite, cherchant l’origine du bruit à travers le vent. Désorientée.

Tchac.

Enfin, son ouïe vaccillante réussi à saisir l’origine, à identifier la nature du son. Son qu’elle avait entendu maintes et maintes fois lors de ses entrainements. Son ,synonyme d’échec. Un poignard. Un couteau qui s’enfonçait dans une cible de bois. Acrobaties encore extraordinaire pour se rendre compte que si arme il y avait, personne il y avait. Pourquoi ne l’avait-t-elle pas entendu avant? Meme dans le vacarme du vent, son ouïe détectait les pas, son ouïe détectait les repirations. Qu’était-t-il cet être? Un fantôme pour que rien ne l’ai trahit. Le spectre du magister qui revenait hantait l’académie? Son imagination nourri pendant quelques secondes son esprit affamé de possibilités avec ses hypothèses superstitieuses tirée de son enfance . Son ouïe exercée coupa à son ardeur en décelant enfin, un pas. A quelques metres de là seulement .

Impossible de prétendre qu’elle n’avait pas été vu à cette distance. Impossible que l’autre ne l’ai pas remarqué. Cette indifférence restait un bon présage, elle n’était surement pas garde, ni primat. Alors qui était-elle? Une élève qui comme elle se baladait dans la nuit, probable…Un peu déçue de ne plus être l’exeption, lohan chercha d’autre possibilités…Si elle était élève, pourquoi ce détachement, cette indifférence? Si elle était élève comment pouvait-elle avoir échapper à sa vigilence? Elle entendait tout, bien heureusement, comprensation de sa cécité. Ce pas. Ce pas n’était pas celui d’une élève, il était formé, il était sûr. Peut-être jouait-il même avec elle, peut être avait-elle fait exprès de faire résonner CE pas pour qu’elle l’entende. Lohan était d’un naturel calme, pourtant cette ombre qui affolait ces sens, la faisait douter de son oreille , l’inquiétait . Destabilisée devant une chose inconnue. L’ignorance des sons . Il lui restait l’odeur, mais elle était encore trop loin pour sentir le corps de la femme, une éffluve, traversant la salle vide, la renseigna enfin d’une présence humaine. Pale emmanation qui disparut aussitôt..

« Qu’est-ce qu’tu fais là.» demanda-t-elle un peu naïvement

Elle voulait savoir, l’autre l’intriguait. Trop pour qu'elle sorte de cette pièce. Fascinée, par le bruit, par le "tchac" du poignard sur la cible.

Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeSam 17 Avr 2010 - 21:40

[ voila, posté, bon si la fin ne te conviens pas, bien sur, j'édite ^^ j'avais as trop d'idées donc j'ai du m'y prendre plusieurs fois, j'écrivais vraiment de la mouise ^^ j'espère que ça te plaira =) ]


Elle était le vent, elle était la tempête. Adossée à un arbre, les genoux remontés contre la poitrine, la jeune femme ouvrait grand les yeux face à la furie des éléments déchainés. La brise hurlante jouait avec ses cheveux tandis que la flamme de son regard vacillait devant tant de brutalité, l'insolence poussée à rendre la scène d'une beauté à couper le souffle malgré la furie qui explosait en une myriade de sifflements, d'obscurité et de bruissement de feuilles malmenées. Le monde était beau, et sa fureur ne pouvait que lui rendre plus de grâce encore. Oubliées les intrigues sinueuses de l'Académie, ou plutôt de son pâle reflet, oubliée la confrontation avec ce traitre de renégat, oubliée la souffrance du torrent chaotique qui sans cesse effleurait son esprit tourmenté, oubliée l'irraisonné, oubliées les blessures, oubliée l'illusion. Oublié le monde tel qu'elle voulait le changer. Ne restait dans son esprit que la furieuse valse du ciel, le vent qui mordait l'atmosphère, les arbres qui hurlaient de concerts sous l'assaut d'une antique symphonie aérienne, le temps s'envolait, les secondes s'étiolaient. Anaïel contemplait.

Comme de fragiles papillons, ses mains voletaient doucement, suivant les courants, l'onde du vent qui sinuait la trame du paysage comme on défile un rêve pour n'en respirer que l'essence éthérée, la musique de l'air résonnait contre son cœur, enveloppait son âme, se lovait dans ses prunelles. Qui flamboyaient comme un océan de flammes, la nuit trouée par la chaleur qui s'en dégageait, ça troublait le vent qui hésitait, perplexe, n'allait-il pas se brûler à leur contact ? Curieux, il jouait autour des oreilles effilées de la marchombre, s'enfuyait dans ses cheveux emmêlés, revenait un instant le long d'une clavicule pour y déposer comme un léger baiser... La tempête s'étiolait et le hurlement du vent se faisait doucement murmure vibrant. Si la puissance de ses assauts se firent moins brutaux, la lamentation du ciel continua à raisonner dans la nuit tourmentée, apaisant l'âme d'Anaïel comme un baume chaleureux et vivifiant. Dans la tourmente et la beauté, elle avait sa place attitrée, fondue dans un moule taillé à la perfection pour son corps et son esprit, elle était fille du vent, elle était l'ange de feu.

L'esprit plus serein qu'il ne l'avait jamais été, les membres dénichés de toute la tension qui pouvait les abriter, elle se leva en un mouvement souple et félin, heureuse d'être dehors alors que la nuit couvait de son regard glacial les paupières crispées par la peur ancestrale des consciences encore endormies. La Nature n'était dangereuse que pour ceux qui ont peur d'elle. Aucun animal n'était sorti cette nuit, les bourrasques affolantes gémissant de sombres mélopées, tandis que le froid mordait plus ardemment les esprit que la peur de se perdre dans la tourmente. Anaïel jouait avec le vent comme elle jouait avec la peur, c'était une main au creux des reins et la nuques doucement courbée qu'elle dansait une valse acidulée au flottement incertain, le ciel était son ami. Mais malgré le bonheur qu'elle ressentait à l'écouter, le froid commençait sérieusement à entacher ses mouvements d'une empreinte polaire et poisseuse. Ses vêtements confectionnés de plusieurs petits bouts d'autres n'étaient qu'un assemblage hétéroclite qu'elle avait pu glaner de ci de là lorsque le mercenaire lui avait déchiré les anciens. Au moins n'attirait-elle plus l'attention comme peu après lorsque pour recouvrir son corps nu elle avait du emprunter quelques attributs végétaux à la forêt, l'aspect final étant plus effrayant que comique, il fallait bien l'avouer.

Après s'être ébrouer, donc, la jeune femme se mit à courir doucement, ses pieds foulant en silence l'épais tapis herbeux du parc, puis les dalles disjointes de la cours intérieur. Aucun des quelques gardes endormis ne la remarquèrent, même si le frisson de l'un deux lorsqu'elle se faufila à quelques cm de son corps n'était pas du au froid mordant. Dictée par l'instinct d'une chaleur toute proche, elle s'engouffra comme une énième bourrasque silencieuse dans le gigantesque hall de l'Académie. Était-ce l'obscurité, ou bien le froid qui paraît de si étranges reflets les angles pierreux des voutes l'entourant ? Ou autre chose ? Avec un léger frisson, Anaïel haussa les épaules, le chaos était une certitude, le nier, ridicule. Elle n'avait plus froid, à présent, et s'offrait à elle l'élégante perspective d'un gigantesque bâtiment endormis. La curiosité mise à part, il était vrai que reconnaître les lieux où elle pourrait être amenée à se battre ou à protéger était une aubaine qu'il serait déraisonnable de manquer. Les souvenirs acheminaient pourtant lentement, un à un, les visages, les lieux, les salles, les angles et les courbe du premier bâtiment qui l'avait accueillit entièrement.

Le souffle profond et les gestes fluides, une main effleurant doucement un mur qu'elle suivait, elle s'enfonça tel un fantôme dans l'antre de ses souvenirs, et de son avenir.


* * *

La salle d'arme. Appuyée contre le chambranle, les bras croisés contre la poitrine, Anaïel regardait les courbes, l'ossature de la pièce qui avait accueillit ses premières confrontation, dont celle avec Marlyn, l'ancienne, l'élève que tout promettait à l'avenir d'une grande sentinelle. Vouée au chaos, Son œil unique en portait plus de stigmates que si son regard avait conservé ses deux oculaires. Troublée par ses souvenirs, la jeune marchombre s'avança au centre de la pièce. Leva un regard étincelant. Patinée par le temps, mais encore bien visible, une profonde entaille déchirait la poutre en une courte mais profonde estafilade. Dont elle était l'auteur. Un mince sourire tordit ses lèvres, et, comme en transe, le besoin de bouger entraina ses membres pour l'amener tout près des grandes vitres courant le long de la pièce. Les paumes et le front plaqués contre le verre, Anaïel sentait le vent buter contre la paroi, louvoyer, plus furieux encore d'entrer alors que cela lui était interdit. Fermant les yeux, elle laissa ses sens s'ouvrir, la guider à travers le dédale des ondes parcourant le château, se répercutant entre les murs, glissant le long des rampes et des poutres. Le château était silencieux, imposant, la musique de ses murs entachant l'esprit de la marchombre qui, étant habituée, ne faisait presque plus attention à la torture de la Nature que tout ce dessin impliquait. Les yeux toujours fermés, elle se détourna pour longer le mur, se repérant grâce à sa main, son ancrage à la réalité. Ses doigts rencontrèrent le métal froid des armes et, courant sur le fil aiguisé, son index laissa le tranchant mordre doucement la pulpe de l'extrémité. Comme si la douleur qui en résultait était un déclic, elle ouvrit des paupières abritant ses prunelles flamboyantes et, ne sachant pas vraiment ce qu'elle-même faisait, elle dénicha un mannequin qui servait aux lancés d'armes en tout genre.

Penchant la tête sur le côté, Anaïel resta un bon moment fixer la tête sans visage de la silhouette, perdue dans de sombres pensées. L'ovale semblait tendu vers elle en une supplique violente, l'absence de forme était une histoire qu'elle savait avortée, comme si, emprisonnée dans la paille et le bois qui constituait son corps, l'âme de la cible ne pouvait que recevoir les lames, peut-être avait-elle mal. Étrangement, la silhouette lui évoquait ce qu'elle imaginait des humains. Aveugles, ancrés, dans leurs certitudes, leur peur ou leur souffrance, l'ignorance ou l'ignominie des autres servant de lance à leurs cœur ciblés par l'infortune. Reculant de quelques pas pour se placer à distance adéquat, elle dégaina son couteau en silence, puis le lança d'un geste brusque sur la cible, dans laquelle il se planta avec un « tchac » sourd. Elle s'avança pour le récupérer, et recommença. Encore et encore. La tête, les membres, le torse, encore et encore. Jusqu'à ce que la silhouette sans visage cesse de lui renvoyer cette image qu'elle avait d'elle même, incapable de supporter l'idée d'un simple humain de base. Jusqu'à ce qu'au détour d'un nouveau lancé, l'onde d'un pas furtif résonne dans ses longues oreilles effilées.

Un temps elle s'arrêta, incertaine sur la conduite à suivre. Fermant les yeux, elle rencontra les vibrations du vent qui jouait encore à cache-cache avec les fenêtres, et le son l'apaisa assez pour qu'elle envisage avec sérénité la rencontre qui se profilait. Ou pas, elle n'avait qu'à partir. Après un instant d'hésitation, finalement, elle retourna chercher son poignard qu'elle garda dans une main. Et attendis. Juste curieuse de savoir qui, à cette heure tardive, sinuait dans les couloirs à la recherche d'aventure alors qu'un couvre feux avait été installé. Ce n'était pas un garde, le pas était trop léger, ce n'était pas un adulte, pour la même raison, et un marchombre aurait fait moins de bruit. Alors elle attendis, l'esprit déserté par la peur et l'amertume, tout à l'instant présent, vibrant d'une énergie nouvelle, le poignard dans sa main étincela.

Une jeune fille se profila alors dans l'encadrement de la porte qu'elle venait d'ouvrir. En un instant, Anaïel se sentit happée par un sentiment dont elle n'arriva pas à définir l'origine. Étrangement, l'autre s'avança, le pied sur, pour finalement s'arrêter, un air de déception incongru peint sur le visage. Un geste plus tard, le poignard d'Anaïel trouva le cœur de la cible. Sans qu'elle ai quitté la jeune fille des yeux, pourquoi ne la regardait-elle pas ? Au bruit, sa tête se tourna avec une vivacité étonnante. Après un instant d'observation, la marchombre nota avec stupéfaction que si l'autre avait l'ouïe si affuté et qu'elle ne se tournait pas vers elle, c'était pour la bonne raison qu'elle semblait aveugle, ou notoirement visuellement déficiente. Incertaine, Anaïel ne savait pas quelle conduite avoir, et puis elle décida que ce n'était pas important. Les sens sont les fenêtre du monde, et l'ouïe de l'autre semblait assez puissante pour combler le manque visuel. Il y avait certes de superbes choses à voir, mais il y en avait une infinité d'autre à entendre, gouter, sentir et ressentir. Cependant, dans la situation actuelle, le silence de son pas ne pouvait qu'être désorientant pour la jeune fille, aussi récupéra t-elle son couteau en faisant un minimum de bruit, cela lui semblait plus charitable. Alors qu'Anaïel pensait qu'elle s'en irait en constatant que les lieux étaient occupés, elle eu la surprise d'entendre la voix de l'autre éveiller les échos de la salle d'arme. Anaïel s'immobilisa complètement.


- Qu’est-ce qu’tu fais là ?

Une phrase qui fut suivit pas un long silence. Anaïel réfléchissait. La nuit voilait ses perception, en accentuait certaines pour en affaiblir d'autre, ses facultés de raisonnement s'étaient estompées alors que l'instinct prenait le dessus. S'ébrouant doucement, elle entreprit de remettre de l'ordre dans ses pensées, et la situation lui apparu alors clairement. Alors qu'elle était professeur dans l'Académie, même si elle avait refusée les appartement qu'on lui proposait, préférant dormir à la belle étoile, elle violait les lois établies pour les élèves ce qui était nettement préjudiciable pour son poste. Si la jeune fille était amenée à parler à une entité chaotique, si elle en faisait partie elle même, Anaïel n'aurait que très peu de champs d'action. L'autre ne la connaissait pas, pouvait-elle se faire passer pour une élève ? Mentir la rebutait, cependant, trop ancrée qu'elle était dans ses principes qui lui permettaient de forger son self contrôle. Aussi opta t-elle pour une semi vérité qui, elle espérait, satisferait la curiosité de l'intruse. Alors qu'elle faisait volte face pour récupérer son poignard, elle sifflota de son timbre si particulier à la jeune fille, le son se propageant d'une bien étrange manière dans la salle pour en combler le moindre espace.

- J'écoute, je bouge, je lance et j'atteins. La cible comme mes envies. J'aime la nuit. Et je croyais les environs déserts.

Jugeant qu'elle en avait assez dit et comme le silence ne la gênait pas le moins du monde, elle lança à nouveau son couteau. Chaque fois au même endroit, projetant son esprit dans la poupée de chiffon qui lui avait ravi sa sérénité quelques minutes plus tôt. Sérénité qu'elle avait retrouvé, à présent, ce qui était plutôt étonnant au vue de la situation. Les effluves humaines de l'autre s'écrasaient contre sa peau, contre son esprit, et pourtant elle n'en était que très peu accommodée. Alors qu'elle se faisait la réflexion, étonnée, elle se tourna vers l'autre, puis sifflota dans sa direction, une pointe de perplexité pointant sous ses arpèges sifflotés.

- Et toi, jeune fille, que fais-tu debout à cette heure ci ?

Difficile de faire plus conciliant dans une telle situation, mais le ton ne s'accordait pas, c'était bel et bien un test qu'elle camouflait sous l'injonction, ou plutôt une piètre tentative de comprendre pourquoi l'autre ne l'incommodait si peu. Avec un sourire que la jeune fille ne pourrait jamais voir, elle se retourna vers la cible, le poignard se fichant dans le coeur de la silhouette sans visage.


Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeSam 24 Avr 2010 - 8:56

Cette voix. Quelle était cette voix? Était-elle seulement humaine celle qui sifflait ces arpèges? L’hypothèse du spectre revint se heurter sur le mur vacillant de son sens logique. Lohan n’en avait jamais entendu de pareil. Chaque mot ressemblait à un souffle d’air sur un morceau de verre, pour les plus aigus, sur de la pierre, pour les plus graves. La voix de vent ne semblait pas amicale. Ou peut-être était-ce le contenu qui lui apparaissait comme assez hostile à sa présente… " Je croyais les environs déserts » était une claire invitation à son départ, contradictoire à la question qui lui demandait de rester pour répondre. Je vise la cible, je l’atteinds comme mes envies. Était-ce de l’ironie? La phrase la mit en face de la brusque réalité à laquelle on essayait de la confronter depuis toujours. Tu es aveugle. Tu ne vois pas la cible, tu la rate à chaque fois.Comme dans beaucoup d’exercices. Jamais tu ne pourras devenir ce dont tu as envie. Ça paraissait si simple à entendre la fille aux paroles-brise d’atteindre ses envies.

Et la nuit. L’allusion à la nuit . L‘avait-elle devinée? Qu'elle était aveugle? Qu'elle était plongée dans la nuit depuis un certain temps, maintenant? Que même les quelques touches de couleurs qu’elle réussissait à distinguer avait fini par s'évanouir dans l’encre de ses yeux? Que même ses piètres dessins gardaient éternellement la teinte noir, tellement il lui était difficile de se se souvenir de la moindre couleur? Peut-être une coincidence tout simplement, certains voyants aimaient la nuit. Certains voyants aimaient ne plus voir. Le silence se fit sur cette réflexion. Lohan s’adossa contre le mur. Elle aurait pu quitter la salle. Elle aurait du quitter la salle, partir à la découverte d’autres lieus nocturnes, chacun de son côté, laisser en paix la fille avec ses poignard et gouter encore une fois à la solitude . Mais l’autre l’intriguait. Non, pas l’intriguait , le mot était trop faible. L’autre la facinait. Elle n’aurait su dire pourquoi. Il y avait la voix, bien sûr. Qui s’accordait avec le vent comme si les deux s’étaient entendus ce soir, pour le prochain concert. Il y avait les pas. En tendant l’oreille, elle réussissait à saisir l’infime frotement du pied sur la dalle, détecter ce bruit lui paru un honneur, elle touchait de l’oreille le début de cet être, de sa puissance qu’elle imaginait comme supérieure à tout ce qu’elle avait entendu jusqu’ici. Son aura. Invisible. Lohan sentait les auras quand ils étaient forts. Elle sentait l’attitude d’une personne timide, en colère, agressive, compatissante…La elle ne sentait rien… Comme si l’humeur restait indecelable, intraçable sur le corps, trop mélé à l’environement pour qu’elle puisse faire une distinction .

Le silence, le tchac régulier du poignard fut couper par une deuxième phrase. Plus menaçante. Synonyme de problèmes. Jeune fille. L’appélation en révélait trop et la fit tressaillir, la sortant brusquement de la contemplation de cette puissance à forme humaine. On appelait pas une camarade ainsi, « jeune fille » venait typiquement d’un adulte, d’un professeur. Hésitation tout de même, sa logique lui rétorquait que certains élèves avaient l’âge d’être instructeurs mais fini par avouer que quelqu’un qui se déplaçait si aisément ne pouvait qu’être une personne ayant finit sa formation. Marchombre. Le titre sortit de son esprit et vint border ses lêvres. Impossible de se tromper dans ce cas, elle en avait la certitude. Lohan commençait à comprendre la signification de ce mot. Marchombre. Le mot résonnait étrangement dans sa tête et la rammena à des souvenirs indistinct d’une démarche incompréhensible et un peu utopique. Lohan s’en voulu de penser cela, le terme prenait une autre saveur à travers les pas et les mot de ce…Professeur? Elle ne semblait pas être une fervente adepte du couvre feu, en tout les cas puisqu’elle ne lui repprochait rien. Elle n’allait pas s’en plaindre.

«J’ai besoin de silence pour dormir ou je ne dors pas.  Les bruits du vent m’ont réveillé. C’est…rare un tel ouragan dehors. Même dans mon village, avant , j’en avais jamais vu de tels »

L’excuse était pitoyable si c’était vraiment un professeur, elle allait l’envoyer immédiatement chez son primat en lui enlevant quelques points au passage. Quoique, elle ne lui ordonnerait peut-être pas d’éffectuer la distance Académie-Eoliane sous ce vent, et de nuit pour aller trouver la dame Amarilys. Tant pis. Lohan avait accepté de prendre ces risques au premier orteil posé en dehors de son dortoir, elle n’avait qu’à assumer, maintenant. Ah pourquoi était-elle rentrer dans cette salle. Maudite fenêtre. Maudit vent. Mais en optimisant elle pouvait trouver quelques bons côté à la rencontre.D’abord, la femme ne semblait pas hostile à sa présence, ensuite, vivre sans n’avoir jamais entendu la fille-brise lui semblait passer à côté de quelque chose…d’important. Le prix de quelques points lui semblait moindre.

« Je n’aime pas la nuit, c’est le temps des vols des complots et des meurtres. C’est l’heure des raïs bien souvent…Et des autres. »

Elle faisait références bien sur, aux dernières batailles…Les rais avaient attaqués pendant la nuit, par deux fois. Préférant cette heure à toute autres de la journée. Dans les autre, elle pensait au chaos. Mais étant donné le nombre de morts pendant les dernières batailles et les ravages qu’ils avaient causés elle préférés, par respect ne pas mentionner le nom. Par peur aussi. Ceux qui vivent la nuit avait toujours quelque chose à cacher, à se repprocher. La Lotra risquait pas de dire cela à la fille, elle ne voulait pas vexer, étant en situation d’infériorité d’autant plus que son hypothèse n’avait jamais été entirerement vérifiée. Elle-meme vivait de plus en plus pendant la nuit, ses derniers,temps …Qu’avait-elle à cacher, à se repprocher? Elle c’était différent…Elle se levait la nuit parce qu’il y avait trop de bruit. Parce qu’elle redoutait une attaque, aussi. Si les guerriers cochons arrivaient pendant la nuit elle serait prête, quoique on n’était jamais pret à affronter ces monstre. Mais c’était sans doute mieux que d’être tiré de son lit avec l’angoisse d’avoir déjà perdu un de ses amis. Mieux que d’arriver à l’aveuglette, sans aucun contrôle sur la situation.

« Je ne t’ai…vous ai, jamais vu avant. Etes vous, un professeur? »

Secondes de vérité, les baguettes roulent sur le tambour de son esprit, font monter le suspens. Lohan est toujours adossé au mur. Ses mains, derrière son dos, commencent à prendre les marque de la pierre, le froid de cette fin d'hiver se fait sentir. Les poignards claquent toujours .

[toujours un peu cours, mais c'est dur de tenir ta longueur^^ Dsl pour cette attente et edition à volonté, bie sûr]

Anaïel
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 19:12

Elle avait vu juste, l'ouïe semblait son sens le plus développé. Pourquoi sinon marquerait-il ainsi ses phrases, par deux fois pour la première ? La deuxième partie de sa phrase lui appris que si elle était aveugle maintenant, par le passé elle ne l'était pas. Le temps s'était-il assez écoulé pour que les couleurs ne se parent plus que des atouts du bruit ? Anaïel n'aimait pas le terme de bruit. Celui de son convenait mieux, plus harmonieux, de la beauté en plus, peut-être. Un bruit était un choc, une confrontation, une percutions, de la violence dans les oreilles. Un son était une trame complexe, une stridulation aiguisée ou grave, dans laquelle on pouvait s'immerger, pour en comprendre l'origine. Un bruit était une muraille, un son une piste d'envol. Anaïel ferma les yeux. Un instant désorientée par l'obscurité, elle apaisa son souffle, et ouvrit une à une chacune de ses fenêtres corporelles, tout en remarquant que l'ouïe était le premier sens à se manifester, comme si l'urgence de la peur en aiguisait les capacités. Elle comprenait mieux pourquoi c'était le sens primordial de l'autre. Ainsi debout et immobile, elle sentait le poignard au creux de ses doigts, vibrant d'une énergie farouche et sauvage, ainsi que le doux frottement des vêtements de cuir sur sa peau, elle sentait ses cheveux tomber sur ses épaules, leur douce pointe balayant son front et ses joues, elle entendait le vent, dehors, qui rugissait, mordait, volait, l'harmonie qui s'en dégageait malgré tout, et enfin, la respiration légèrement saccadée de l'autre, sa voix douce et clair, ses intonation si différentes les unes des autres, surprise, déception, envie, peur, attente. Comme si son corps suivait une musique prédéfinie, son odorat s'ouvrit à la suite de son toucher et de son ouïe, et elle pu sentir son odeur d'humaine, la sueur emperlée de poussière qui maculait les coins de la pièce comme de vives taches de lumières, elle sentait les effluves de l'espace confiné, constatant qu'elle pouvait apprécier approximativement la taille de la pièce avec son simple odorat. Ainsi, c'était cela le monde de la jeune fille. Intrigant. Très intrigant. Contre ses paumes aux empreintes brûlantes, l'extérieur se confondait en un kaléidoscope des plus étonnant. Chaque objet semblait trouver sa place dans son immobilité fantomatique, elle ne pouvait voir mais ressentait bien au delà les fibres déliée du monde, comme si le simple fait de le voir vraiment pouvait rendre aveugle. Bien sur, elle avait toujours eu cette faculté de ressentir, et y recourait souvent, d'ailleurs, fermer les yeux pour mieux voir... Mais se contraindre à penser, à se persuader qu'elle ne pourrait plus voir, qu'elle devait se fier à ses autres sens, sentir seulement, n'était pas rassurant. Mais extrêmement enivrant, elle devait bien se l'avouer. L'autre n'avait toujours pas bougé. Les yeux toujours étroitement fermés, elle se laissa aller au son de la voix et s'immergea dans l'harmonie de ses intonations.

Elle avait peur. Mais elle disait la vérité.

Ainsi donc, élève et aveugle, elle ne pouvait pas dormir à cause du bruit. Bruit. Anaïel n'aimait pas le mot bruit, il était trop percutant, trop violent, un choc plutôt qu'une sensation, un uppercut aux oreilles qui se tendaient vers lui. Non, le terme de bruit était vraiment trop agressif, elle lui préférait nettement son synonyme de son. Un son c'était une musique, une intonation, une trame que l'on pouvait suivre, remonter, pour percer les défenses de la source qui l'avait laissé jaillir. Un son c'était l'éther des vivants, leur respiration, leurs pulsation, une mélodie qui possédait la même origine que le souffle du vent, que la caresse de l'aube, c'était une histoire à rêver. Un son, c'était ce qui l'avait attiré chez la jeune fille face à elle. Lui lançant un regard appuyé que l'autre ne pourrait jamais voir, elle scruta un à un ses traits délicats, comme pour chercher avec sa vue ce que l'autre ne saurait cacher. Par un phénomène physique, si le reste de son visage possédait les mêmes caractéristiques que celles des autres, ses yeux et leur pourtour avaient ce petit quelque chose qui aurait informé Anaïel de sa cécité même si l'autre ne le lui avait pas dit, rapport à ces muscles et ces rides qui marquaient le tour des yeux des autres personnes, et que la jeune fille ne possédaient pas. Cela lui conférait un regard doux, qui fascina la marchombre. Un instant étonnée, Anaïel s'ébroua et s'approcha doucement de la silhouette immobile, tendue. Elle ne voulait pas qu'elle soit tendue, l'instinct prenait le pas, et malgré l'animosité que cela lui aurait valu si elle lui avait montré, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir ce besoin de lui faciliter la vie, en faisant claquer son pas, oh, pas fort, juste ce qu'il fallait pour la rassurer et lui montrer qu'elle était toujours là. Elle n'avait jamais rencontré d'aveugle auparavant.

Hésitante, elle s'avança, s'arrêta, testa son contrôle en ouvrant ses sens, et constatant qu'elle ne lui ferait pas de mal, s'approcha près d'elle, un petit mettre séparant ces deux consciences si différentes. Tout en penchant la tête sur le côté et en scrutant le moindre de ses traits, elle sifflota doucement, se voulant rassurante :


Pourtant, tu es venue ici pour écouter.

Elle se tu, un instant, songeuse aux mots qu'elle employait. La nuit était belle, c'étaient les humains qui la diabolisaient en se servant de son manteau d'obscurité. La nuit était belle, comme était beau le jour, chacun dans un style différent, chaud, rougeoyant ou triste, glacial, mélancolique et subtil. Les étoiles s'allumaient, et les rêveurs s'émancipaient, tandis que les violences s'épanchaient.


La nuit, c'est le paradoxe de voir l'horreur, tout en rêvant sous les étoiles.

Les mots chuchotés s'envolèrent dans le souffle de l'autre, s'y fixant comme pour le ralentir, ce qu'il fit, un instant. Se détournant pour se replacer face à la poupée de chiffons, Anaïel laissa un sourire tracer ses lèvres tout en continuant d'une voix douce :


J'aime la nuit. Sans elle, on ne pourrait rêver qu'au soleil.

Que lui répondre ensuite ? Sa question étonna la marchombre. Elle était professeur, certes, depuis peu qui plus est, ce qui participait à son point de vue sur sa situation : elle ne se considérait absolument pas comme une adulte responsable de l'esprit comme du physique de quelque élève que se soit. Mais il serait mieux de se faire valoir ainsi, c'était ce qu'elle était devenue en acceptant la proposition insensée d'Elera. Mais ce serait, d'une certaine manière, comme de se mentir à elle même, à l'autre également. Ainsi, elle choisit une réponse intermédiaire, veillant toutefois à ne pas en dévoiler trop. Qui sait...


Je... oui, je suis professeur, depuis peu, c'est sans doute pour cela que tu ne m'as jamais vu. Je ne me suis pas encore consacrée à un cours.Je suis à l'essai, on peut dire, ajouta t-elle, un sourire dur aux lèvres.

Revenir sur les lieux de son enfance, découvrir que Elhya était morte, sentir le chaos suinter des pavés du grand hall de l'Académie, la douloureuse promesse qu'elle avait faite, qu'elle s'était faite, sauver Elera et lui rendre ses ailes, Varsgorn qu'elle avait tenté de remettre sur la voix de l'harmonie, Sa rencontre chaotique avec Ambre qu'elle ne pouvait oublier, et la douleur de côtoyer à nouveau des humains à une telle proximité... Cela faisait tout de même beaucoup pour elle, et ses sentiments, bien qu'amoindris d'agressivité, tambourinaient sauvagement dans sa tête des qu'elle se laissait penser. Et cette nouvelle personne lui divertissait l'esprit, avec toute une curiosité brute qu'elle avait eu envie de retrouver en prenant la décision de visiter en douce ce lieu qui avait tant changé.

Tchac. Toc.


Le poignard rebondit contre la cible, s'y planta une seconde pour retomber avec un bruit mat sur les planches de la salle d'arme. Furtive, elle alla le ramasser, le silence s'épaississant autour des deux protagonistes. A quoi l'autre pouvait-elle bien songer ? Après un instant de reflexion, elle ferma à nouveau les yeux, se laissant envahir par tous ses autres sens. Fulgurance. La beauté sinuait, enflait, alors que l'harmonie s'élançait à l'assaut de ses 4 fenêtres, grandes ouvertes pour en accueillir la moindre goutte. Sereine et heureuse, même à l'intérieur d'un bâtiment en pierre, même en présence d'une humaine, même chavirée par ses émotions, elle souriait. Mélodieux, la musique de sa voix envouta l'espace pour s'y glisser dans chaque recoins.

- C'est un beau monde que le tien.



[ Aucune excuse pour le retard si ce n'est que j'ai du recommencer ce post 3 fois, pour plantages divers, et que ça m'a grave soulé ^^ j'espère que ça te plaira, et encore une fois désolée... Mais je devrait avoir internet beaucoup plus souvent à présent !! bonne lecture =) ]



Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeJeu 1 Juil 2010 - 17:18

Lohan entendit ses pas et la soupsonna un instant d’exès de bienveillance, avant de se rappeller que l’autre ne savait rien de sa cécité. Quelques pas. Elle était tout près. Lohan aurait reculé un peu plus si elle avait pu mais le mur empêchait toute fuite. Elle n’avait pas vraiment peur. Était impressionnée plutôt.Elle ne trembla pas quand elle sentit l’odeur de cet être étrange éfleurer ses narines, lui donnant une contenance plus humaine. Elle ne trembla pas non plus de la savoir si près. Au contraire son odeur même était enivrante, prenante. Mélange de tout et de rien. Infime et très légère. Mais quand on réussissait à capter un peu de cette émanation, on pouvait en dégager une multitude de parfums concentrés. Les paupière fragiles de la Lotra battaient par petits coups craintif -non par peur de la personne en elle-même, mais plutôt de perdre cette effluve- et son nez s’avança imperspectiblement vers l’odeur, quasiment happée par la senteur du corps presque inhumaine. La voix sifflante de l’étrangère la sortie de cet état. Elle se reprit, un peu honteuse de cette gloutonnerie animale et ses pensées rejoignirent celle des mots de la marchombre. Oui elle était là pour écouter, certes. Au lieu de dormir. Mais à choisir elle aurait préferé être dans le silence de son lit plutôt qu’être réveillé avec la certitude que le lendemain serait fait de baillement et de lassitude. Ou peut-être que non . Il y avait des odeurs, des mots et des être à ne pas manquer. Des instants magiques comme celui-ci ou elle venait de percevoir cette odeur merveilleuse, ou elle sentait tout son corp tourné vers le parfum de cette autre. Infime et multiple, délice de qa paroi nasale qu’elle ressentait même jusque dans sa bouche, en se concentrant un peu.
 
Paradoxe?Que voulait dire ce mot? Il semblait à Lohan que c’était quelque chose de négatif sans qu’elle su la définition exacte. Elle réfléchit un peu à la phrase pour finalement découvrir que le paradoxe incluait le beau et le laid. Les étoiles et l’horreur semblait s‘associer à ces deux idées à supposer .Sauf qu’elle n’avait jamais vu les étoiles. Nuit comme jour la beauté visuelle se résumait à un écran opaque devant ses yeux. Alors à quoi bon rêver sous les étoiles?

«Je ne peux plus voir les étoiles. Mais le plus beau de la nuit c'est peut-être, ce désert humain. »

Oui l‘absence de bruit et de foule, de cancan mielleux, de ragots frétillants, de chuchotements grinçants, de rires obsequieux, de soupirs desespérés, de murmures inquisiteurs, de corps en masse, de frotemment de tissus, de claquement de semelles et de paroles en fouillis. Oui l’absence d’odeur humaine. De transpiration, de parfums étouffants, de sang, de larmes salés, de nourriture, de chair.Il n’y avait rien de tout cela la nuit. On avait l’impression d’être seul face à soit même et au monde. Sentiment de domination d’être la seule intelligence subsistant à travers la nature sauvage. Intense satisfaction. Ou plaisir plus simple de se trouve confrontée à sa condition première de nature. Se fondre dans les rafales du vent, marcher dans le bruissement des feuiles mortes, prendre toute la mesure de la grandeur de ce monde sans homme

L’odeur s‘éloigna, s‘estompa. Le petit nez furieux tenta de garder jusqu’à la moindre parcelle du parfum corporel tendit que la marchombre lui livrait les prochaines paroles. Marchombre? La déduction lui était venue spontanément, comme si elle l’avait tout le temps su . Elle connaissait des apprentis marchombre, qui tendaient vers cet idéal de liberté. Il lui semblait que la femme était l’accomplissement suprème de leurs espoirs. Il lui sembla que la voie des marchombre était plus belle que ce qu’elle s’était imaginé jusqu’ici. A entendre les élèves débiter des phrases soit disant d’une profonde sagesse ou à les sentir grimper dans les arbres imitant les primates dans leur milieu naturel, elle était passé à coté de quelque chose. Du moins , il lui semblait. Elle s’était trompé sur leur compte.

« Pourquoi réver au soleil vous dérange t-il? Lui demanda-t-elle timidement. Fermez les yeux. Et de jour comme de nuit, vous verrez le même paysage »

L’important n’était-il pas le reve en lui-même. Et non l’astre sous lequel en rêvait? La lune, le soleil. Trop réel . N’en faisait pas parti. La dernière phrase la sortie de ses reverie contemplative, la remennant brusquement à la réalité. Professeur alors. Rédissement, souffle d’inquiétude. Silence. Les poignards resonnent toujours en se plantant dans le corps de tissus. Pourquoi a-t-elle hésité dans sa réponse? Lui ment elle pour tenter d’obtenir son respect, sa crainte.?Elle n’a pas besoin de ça l’inconnu. Le respect, Lohan l’avait. Mais c’était beaucoup plus que du repect. La Lotra se savait pour le moins, influençable, il y avait dans cette femme quelque chose d’autre. Lui aurait-elle dit de sauter par la fenêtre pour sentir la pesenteur de l’air. Elle l’aurait fait. Servile. Le pire était qu’elle se rendait compte du pouvoir que la marchombre pouvait exercer sur elle. Elle ne faisait rien pour s’en départir. Préserver sa liberté avant qu’il ne soit trop tard. Il était trop tard, de toute façon. Bref , professeur ou pas? Était-elle, l’autre, incertaine de son statut à ce point là pour hésiter dans sa déclaration?

Son monde? L’autre avait saisit sa cécité, alors…

«Mon monde est abordable à tous, je crois. Seulement certains se limitent à leur premier sens pour oublier les autres. Votre monde à vous, à quelque chose de plus, quelque chose de plus beau que le mien, simplement le commun des mortels ne sont pas parti l’explorer. »

Autre chose alors que le poignard était retombé par terre..

« Depuis peu. Vous êtes professeur. Vous étiez surement élève avant. Ici. »

Elle leva ses yeux vides vers la femme, une question maquillant le contour de ses lèvres. Comment se fait-il que je ne vous ai jamais vu, ou entendu, ou senti? Elle semblait encore jeune et les maitres marchombre qu’elle connaissait comme Arro ou Elera sortait de leur apprentissage. Il devait en être de même pour la fille brise. Et deuxième question, sous jascente. Pourquoi êtes vous parti? Meme cette question là n’avait pas grand interet finalement. Il y avait tant de possibles, d’hypothèses. De la plus banale à la plus tortueuse.

Elle n’attendit pas de réponse. Le claquement du poignard semblait l’appeler. Elle savait qu’il y avait dans un recoind de la salle d’arme quelques lames prevue pour le cour du lendemain. Elle se déplaça un peu à gauche, et tatonna brièvement pour trouver ce qu’elle cherchait. Un poignard. Elle savait précisément ce qu’elle voulait faire, avec. Elle ne savait pas exactement pourquoi. Pour tenter d’imiter,tel un pantin, la fille brise? Pour se prouver un courage du desespoir? Pour parvenir, une fois encore à la frontière de son monde. Elle s’approcha de la poupée, à la même distance qu’Anaïel. L’autre était un peu en retrait, derrière elle. Le nez alla cueillir l’odeur, malgré lui. Le poignet de la Lotra se tordit en arrière, sèchement, pour aller envoyer l’arme dans le pantin. La lame alla s’abimer sur le mur de pierre, sonnant encore une de ses nombreuses défaites.

« Regardez. La s’arrête mon monde. Il lui manque quelque chose. Sa beauté a été amputé d’un membre. »

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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeJeu 22 Juil 2010 - 20:09

Elle n'avait pas été très fine sur ce coup là, c'était évident. Aussi évident que l'amertume qui traçait la voix de la jeune fille aux yeux d'encre, aussi évident que la piètre estime qu'elle avait de sa situation. Anaïel ne pouvait pas savoir ce que cela faisait d'être aveugle, cela allait de soi, pourtant, est-ce que, malgré le fait que l'on ne puisse rien changer, l'on devait tout abandonner ? Une autre constatation lui sauta aux yeux. Elle aimait la solitude. Conséquence de son isolement visuel, ou préférence innée qu'elle avait toujours ressentit ? La question lui brûla les lèvres mais elle préféra se taire et la laisser continuer. Ses paroles l'étonnèrent, elle ne pensait pas qu'elle se livrerait ainsi, qu'elle ne s'en irait pas tout de suite. Décidant d'en profiter, elle réfléchit, puis réagit à l'une des réponses de la jeune fille.

- Le jour et la nuit se ressemblent, les yeux fermé, mais les autres sens restent ouverts eux, enfin je parle pour moi, je ne comprends pas toujours bien les émotions des autres.

Soudain elle se figea. En avait-elle trop dévoilé ? L'autre avait tourné la tête, semblait-il, guidée par son nez frétillant. Elle se rendit compte qu'elle se sentait bien en compagnie de la jeune fille, peut-être que la sécurité de son regard vide lui facilitait la tâche, au moins ne se retrouvait-elle pas face à ses prunelles ignées, ou à ses oreilles effilées. Paraître normale lui était plus facile, et paradoxalement elle se laissait aller à sa véritable nature, ce qui pouvait se révéler dangereux. Même avec une jeune élève aveugle. Laissant néanmoins ses émotions divaguer, elle continua, envieuse de susciter l'envie de ressentir le jour et la nuit.

- Tu ne voit pas les étoiles, ni le soleil, c'est vrai. Pourtant nierais-tu les sensations différentes qu'ils te procurent en leur présence ? Le soleil réchauffe, les étoiles picotent, et le silence lui-même est différent. La nuit est froide, le jour est chaud, l'un est l'aboutissement d'une survie, l'autre le début de la chasse, nous portons tous ça en nous, plus ou moins profond. Et je sais que toi plus que tout autre tu t'en rends compte. Pourquoi sinon ne dormirais-tu pas se soir ?

Lorsqu'elle se tu, ses joues étaient coloré d'une légère rougeur, due à l'excitation, mais aussi aux émotions que faisaient ressortir en elle les souvenirs qui parsemaient sa vie. Elle n'avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil, et avait ainsi pu profiter du soleil comme des étoiles, de ressentir pleinement la différence fondamental qu'il y avait entre les deux. La nuit était une absence de soleil, mais peut-être que le jour était tout simplement une absence d'obscurité.

Le vent soufflait toujours aussi fort, dehors, et les musiques qu'il faisait résonner se répercutaient dans la pierre, dans le verre, un peu, mais surtout dans son coeur. Elle avait toujours été fascinée par le vent, par l'air, par cette masse informe et mouvante, parfumée d'une saveur de liberté intense, c'était dans le ciel que les oiseaux volaient. Et ça, même avec des prunelles mortes, on pouvait le sentir.

-
C'est les yeux fermé que j'ai appris à rêver.

Les quelques mots chuchotés s'envolèrent, comme doués d'une vie propre. La marchombre les avait pensé très fort, mais il semblait que se soit la barrière de son esprit était percé d'innombrables trous laissant filtré les spéculation hasardeuses de son esprit labyrinthique. La jeune fille face à elle faisait preuve d'un esprit sagace et précis, les paroles de la jeune femme ne passaient pas inaperçues. Enchainant sur une question, Anaïel ne su que répondre et demeura silencieuse. Tout en voulant lui démontrer - c'était plus fort qu'elle- que son monde était aussi merveilleux que le sien, elle cherchait une réponse à lui offrir quant à son passé, une réponse qui ne serait pas fausse mais qui n'en dévoilerait pas trop. Le temps que ses synapses opèrent une bonne transaction d'information pour les transformer en paroles convenables, l'autre s'était déplacée. Avec une grâce, une allure qui stupéfia la marchombre. Non pas la légerté et la grâce des marchombre, non, sa silhouette sembla délicatement se fondre dans ses sens pour qu'elle puisse trouver sa place dans l'après. Les gestes, bien qu'hésitant, étaient doués comme d'une vie propre, un élan qui semblait rentré à l'intérieur, comme pour puiser dans les pouvoirs qu'il contenait, une manière de réagir avec ce qui l'entourait. Et cela la fascinait de bien des manières. En outre, il était peu probable que beaucoup de monde se rendit compte de l'allure de la jeune aveugle, mais cela ne lui vint pas à l'esprit, tout à la voracité de son regard devant cette autre qui présageait encore bien des choses à lui faire découvrir. Elle était fascinante.

Le brusque retour à la réalité qui l'arracha à sa contemplation se fit sous l'impact d'un poignard contre le sol. Clignant des yeux, elle vit le doux visage se transormer en une grimace amère, comme l'aboutissement d'une argumentation qu'elle aurait aimé par dessus tout contredire. La pointe de résignation qui animait ses gestes, son regard vide mais qui parvenait à être morne, et la solitude du couteau rejeté sur les dalles, fit grincer le sang de la marchombre. Tout en faisant attention de doter à son ton la douceur qu'elle ressentait, elle répondit d'une petite voix, peu sure encore de son devoir à donner un avis que l'autre ne partageait absolument pas.

- Le membre dont tu parles, est-ce celui de la délicatesse de ton pas, de l'ouverture de tes oreilles, ou de l'adresse de ton nez à percevoir les odeurs ? Tu me fascines, je n'avais encore jamais rencontré quelqu'un dont un sens était absent, et je crois que toi, mieux que quiconque, peut comprendre une harmonie que les autres ne font qu'effleurer. Ce n'est qu'en perdant quelque chose que les gens apprennent à agir autrement, à découvrir de nouvelles perspectives. Et je crois que toi, tu peux comprendre toute la complexité de ce qui est entier. Et puis, je ne trouve pas que ne pas atteindre une cible soit un bien grand mal. Tant de personnes sont poussées à la violence que rencontrer quelqu'un comme toi qui ne peux en faire usage qu'avec un discernement particulier, ben ça me fait du bien.

De quelques pas, elle marcha à reculons vers la fenêtre sans quitter l'autre des yeux. Elle réfléchissait, mais Anaïel ne savait pas si elle avait eu raison. Tant pis, ce soir c'était fête, et elle faisait confiance à son instinct. Saisit d'une impulsion, elle ajouta avec une pointe violente de tristesse.

- J'étais élève avant ici, oui. Puis je suis partie pour m'envoler, c'était mon rêve lorsque j'ai franchis ces portes. Et le fait d'être plutôt différente ne m'a pas empêché de satisfaire mon envie. Personnellement c'est de ma faiblesse, de ma différence que j'ai tiré la plus grande force.

Elle retourna tout près de la jeune fille. Et tout doucement, pour ne pas se brusquer ni la brusquer, lui laissant le temps de comprendre et de réagir, elle posa ses mains sur ses joues puis fit courir ses doigts sur ses paupières fragiles, le temps d'un trésaillement elle s'était reculé. Il fut un temps, jamais un tel geste n'aurait été envisageable, il fut un temps, se retrouver dans la même pièce que quelqu'un aurait menacé la vie de l'autre. Mais grâce à la jeune fille, elle se rendait compte que ses origines pouvaient être surmontées, comme sa cécité pouvait l'être. Avec un sourire, elle ramassa le couteau et le lui rendit, incertaine de la tournure qu'allait prendre les évènements.




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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeMar 17 Aoû 2010 - 19:06

La voix resonna sur ces muscles, caressa son épiderme sensible et se jeta contre le verre des fenêtre de la salle d’arme. La Lotra avait entendu l’autre se déplacer. Elle savait ou elle se tenait. Elle commençait à comprendre toute la mécanique de ses pas , la fréquence de ses coups de pied sur les dalle. Sa mémoire enregistrait instantanément tout ces indices qui permettait de reconnaitre Anaïel dans n’importe quel endroit étranger. Malgrè le nombre d’odeur , de sons,contenu dans la boite craniènne de la jeune aveugle. Jamais elle ne se trompait en identifiant une personne. Sa mémoire. Elle réalisa enfn qu’elle avait gagné quelques chose de cet handicap. Cette…Différence? Sa mémoire lui servait aussi à retenir une parade ou un coup difficile après seulement une démonstration du maitre d’arme. Sa mémoire lui permettait de ne jamais oublier une parole prononcer, un mot de trop, qui trahissait certaine fois un caractère hypocrite, déloyable, mesquin ou au contraire généreux et franc. Elle arrivait rapidement à savoir à qui se fier, de qui se méfier. Un avantage. Peut être bien.

Elle sentit doucement l’autre s’approcher d’elle, distingua encore une fois la musique de ses pas. Anticipa ses mouvements. Quand elle lui attrapa le bras, Lohan se sentit trembler de l’intérieur. Quand ses doigts frôlèrent le visage d’Anaïel, elle pu sentir ses joues creuses, rapés par le vent, sa peau burinée par le soleil, ses os recouvers d’une mince couche de chairs, ne connaissant pas la douceur de la graisse. Elle découvrit encore cet être quand ses doigts refermèrent les paupières fragiles de la marchombre. A quoi correspondait ce geste? Un signe de compassion ou de pitié? Elle n’en voulait pas. Un défi? Qu’essayait elle de pouver? Que la cécité pouvait être facilement surmontée Pourquoi? Ou alors. Une tentative de compréhension? Lohan ne dit rien à ce sujet, et se contenta de répondre aux premieres affirmations.


« Je sais faire la différence entre le jour et la nuit…La température, le silence, ce vent qui m’a reveillé ce soir . Aident. Le soleil brule, le soleil chauffe comme le feu. Mais je n’ai jamais sentit les étoiles picoter . Elles font parties du monde des légendes comme les nuages ou la lune . Ces choses qui existent seulement pour les voyants. Je sais qu’elles impressionnent. Parce qu’elles sont loins peut être ,ou qu’elles ont toujours exister. Ou encore parce que certains disent que les morts regardent de la haut. On dit que c’est le royaume de la Dame et du Dragon. On dit que les marchombre y trouvent ce qu’ils cherchent. On dit qu’elles guident les voyageurs perdu dans le désert des murmures. On dit qu‘elles entendent les prières du peuple fael. On dit…qu’elles font réver? Je ne pourrais jamais rien en dire.

Il n’y avait pas de tristesse dans la voix de Lohan . Aucune mélancolie . Un ton neutre seulement, l’énnonciation d’une vérité destinée à prouver à l’autre qu’il ne servait d’enrobée la réalitée avec des qualité illusoire. C’était ainsi. Elle sentait que peu à peu son esprit ce fermer, laissant une seule voix à ce qu’elle avait toujours cru. Su. La réalité . La vérité.

Y avait t-il des hommes qui revait les yeux ouverts? Peut-être. Ou non. Tout les voyants revaient les yeux fermés. La réalité visuelle n’était peut-être pas propice à l’idylique. La cécité si elle empêchait de voir la beauté, évitait aussi la laideur . Elle vivait dans un rêve, elle? Lohan savait que beaucoup de chose dépendait de son imagination. L’espace dans lequel elle se déplaçait, la forme des choses qu’elle ne pouvait pas toucher, leurs couleurs dont elle se souvenait à peine. Sa réalité avait des allures de rêves éveillé, elle ne pouvait nier cela . Elle-même dormait-elle les paupière fermée? A vrai dire elle n’était jamais resté assez longtemps éveillée pour en avoir la réponse. Laquelle réponse n’avait pas de reelle importance puisque ces rêves n’étaient jamais peuplé d’images. Mais de sons. Mais de bruits. D’odeurs ou de gout. De couleurs certaines fois, vestiges de sa vision particulière d’enfants. Alors qu’elle réussissait à distinguer des taches colorés qui symbolisait les objets.


« Croyez vous vraiment que si je pouvais atteindre ma cible je ne lancerais pas ce couteau. Ce n’est pas de dicernement dont je fais preuve. De faiblesse seulement. Ne me prenez pas pour un être différents des autres. Quand j’ai peur et que ma lame se trouve à porté de la source de cette peur, je réagis comme tous. Et mon arme trouve le cœur de ma victime sans que je me pose de questions. Des remords…Oh ils viennent après. Comme toute personne un peu morale. Mais tout fini par s’oublier et j’assassine à chaque attaque de l’académie. Je suis destinée à tuer comme tout ceux qui suivent mon enseignement. A être violente. Car oter une vie, avec ou sans discernement n’Est-ce pas la plus extrème des violences? Même vous marchombres. N’êtes vous pas des combattants? »

Pourquoi parlait-elle? Posait elle autant de questions? Il fallait qu’elle s’arrete. Sa dernière phrase relevait quasiment de l’accusation et elle ne voulait pas de ça. Elle ne voulait pas perdre L’être différent.

« Faites pas attention à ce que je dis…Je m'embrouille un peu…La fatigue sans doute »

Ce n’était pas totalement faux. Elle n’avait pas les mêmes habitudes qu’Anaïel et la nuit lui semblait faite pour le repos. Elle se souvint du métal du poignard sous ses mains, des yeux fermé, du geste.Elle tourna son regard vide vers l’arme, la fit tourner dans ses doigts pour enfin déclarer

« Invitez vous dans mon rêve, alors. Mais j’ai déjà tenté un lancé sans trouver ma cible. »
Elle prit l’objet par la lame pour offrir le manche à Anaïel, releva ses yeux innexpressif vers la marchombre.

« C’est à vous »

Puis comme si elle oubliait un détail, elle s’arreta pour ouvrir une nouvelle fois la bouche.

Vous vous êtes envolés mais pourtant vous êtes revenu, ensuite. Vous faites quoi, ici? Manquait-il des plumes à vos ailes ? Ou Est-ce que le ciel de là bas vous à déçu? [/color]Murmura-t-elle lentement

Et d’autres questions encore qu’elle n’osa pas poser. Quelle sont vos différence ? Ou plutôt vos faiblesse? Je sens votre odeur mais elle est presque invisible . J’entend votre pas et vos mouvement mais je dois tendre l’oreille.Votre voix est étrange mais vous parlez assez distinctement pour que je vous comprenne. Votre peau n’a rien de disgracieuse au toucher. Votre odeur est magnifique et unique. Mais ou est la faiblesse là dedans? Encore quelque chose que je ne peux pas voir? Ah moins que vous ayez réussi à la masquer, à la cacher.



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MessageSujet: vait   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeMar 31 Aoû 2010 - 22:23

La violence... L'amertume emplit la bouche d'Anaïel alors que les mots de la jeune fille écorchaient sa cuirasse d'inconscience, pourtant édifiée avec soin. La mort, les blessures, le sang et les tripes lui revinrent en mémoire, étalés, éclatés sur le sol en magmas d'horreur sanguinolentes. Y avait-elle vraiment cru, que cette élève aux yeux éteint pouvait être différente des autres ? Oui, un instant, l'illusion avait été assez parfaite pour dénouer son envie de la voir disparaitre, pour crever les murailles et laisser percer le soleil dans son cœur tailladé. Mais la nature humaine était ainsi faite, et une nouvelle parcelle d'illusion s'envola dans les paroles atones de l'autre, comme on tranche les fils raccrochant à quelques souvenirs à moitié effacés. Sa voix s'éleva, chantante, sifflante, si différente, douée d'une pointe de défi qui la fit virevolter un temps, celui de se rendre compte de l'absurdité de sa note défensive :

- Si les marchombres sont des combattants, alors je ne fais pas partie des leurs.

Elle se détourna, soudain, surprise par la douleur dans son ventre qui lui rappelait les morts qu'elle avait aperçu, comme si chaque parcelle de leur vie attachée à elle lui avait été violemment arrachés. La douleur était partout, dans ce monde, comme la beauté pour en parfaire l'éclat sanguin, les couchers de soleil ressemblaient à de tortueuses routes parsemées de chairs sanguinolente sous l'éclat d'or des épées. Elle était triste seulement que seule cette comparaison lui vienne à l'esprit. Se retournant d'un bloc, la boule dans sa gorge se gonflant anormalement pour quelques paroles de trop, elle chuchota, amère :

- Excuse-moi. J'ai mal interprété... espéré plutôt... enfin bref. Je croyais que, peut-être, tu étais différente de ce que je croyais. Mais en effet, la cécité n'implique pas forcément le discernement, ce qui, littéralement, serait même plutôt paradoxal.

Elle se plaqua contre la baie vitrée. Les bras en croix, la buée formant de douces arabesques sur son visage figé, elle sentait le verre s'imprimer sur sa peau, la glaçant par endroit, là où il n'y avait pas même les vêtement pour la protéger. Les sons lui parvenaient résonnant, lorsque la vitre vibrait à son oreille, mais, compréhensibles, elle cherchait toujours à en dénouer le sens, c'était instinctif. La douceur qui marqua ses paroles, ensuite, éveillèrent une nouvelle étincelle de curiosité, noyée encore par la désillusion violente dont elle faisait les frais. Lunatique, hypersensible et sévère, le comportement de la marchombre était déroutant, elle chérissait ou haïssait, et ses critères excluaient la moindre parcimonie dans ce qu'elle considérait comme moral ou nom. Mais pas un instant elle n'imaginait intriguer l'autre, comme si, insignifiante, elle ne vivait que pour découvrir, à l'ombre de ce qui existait autour d'elle. Elle ferma les yeux et se laissa bercer par la résonance du vent qui balayait le dehors, à quelques centimètres d'elle. D'une voix douce elle évacua les émotions qui la taraudaient.

- J'aimerais tellement que tout cela soit plus facile, ne plus avoir à lutter pour ne pas tuer, le monde souffre et je sers d'exutoire, c'est pas toujours facile, mais j'en retir beaucoup d'avantages qui me rendent plus heureuses que les maux dont je souffre. J'écoute, je vois, je sens, je ressens, je goute le monde à travers un prisme que vous avez oubliés. Tu sembles avoir redécouvers une parcelle de ce que d'autres ont perdu par flegme, par aveuglement, justement. C'est pour ça que je te pensais différente, tu l'es, assurément, mais je me trompais sur la suite de la ligne. Ne m'en veux pas.

Elle laissa s'installer un court silence avant de continuer, un frisson parcourant sa peau, la présence de l'autre qui s'était un tantinet rapproché, le nez en avant.

- Je ne connaitrais jamais ton monde. Bien sur, je pourrais l'entrevoir, quelques instants, ceux que je choisirais pour fermer les yeux et devenir physiquement comme toi. Mais je ne connais pas la vie d'ombre qui doit être la tienne, ni ce qui peux naître en toi de ton état. C'est ça que j'aimerais que tu me raconte. Tu es aveugle, c'est tout ce que je sais.

La question de la jeune fille la laissa un instant songeuse. Que répondre à cela ? Elle-même ne le savait pas vraiment. Elle s'était appuyée sur l'excuse de retrouver son maître, et ce qu'elle avait trouvé à l'Académie l'avait détruite. Elle aurait pu repartir alors, mais elle avait rencontré Elera en chemin et une promesse la liait à elle, à présent. A l'avenir. Et pourtant... Soudain, l'image que l'aveugle avait utilisé la percuta. Se retournant d'un bloc, elle scruta les traits féminins à la recherche d'un indice, avait-elle deviné ? Savait-elle quelque chose sur ses ailes, au sens littéral ? Mais le masque qui composait son visage ne libérait pas d'émotions ni d'indices, et la laissa incertaine des paroles à tenir. Puis, considérant qu'elle pouvait dévoiler sans trop briser les apparences, elle répondit, y mettant du coeur néanmoins.

- A vrai dire je ne sais pas trop pourquoi je suis revenu ici. Mais ça devrait être logique, pourtant, j'ai grandit ici. Je ne sais pas si tu peux imaginé à quel point ce lieu fut important pour moi. J'étais perdue, seule, au delà de la solitude que vous évoquer. La première fois que j'ai parlé à quelqu'un, c'était ici, dans l'Académie. Je suis... différente. Plus encore que par le manque d'un membre ou d'un sens, plus encore qu'une race ou qu'une idée, et ici j'ai été accepté. Peut-être voulais-je juste retourner sur les traces de mon passé...

Mais ce n'étais pas vrai, même sa voix le trahissait. Elle secoua la tête.

- Non. Je suis liée à ce lieu, et je savais, je sentais qu'il se passait quelque chose. Et puis je cherchait mon maître, alors je suis revenue ici.

Considérant l'ampleur de ce qu'elle avait dévoilé à la jeune fille, Anaïel sentit un certain malaise l'envahir, provoquant de douloureux sursauts à l'intérieur de sa poitrine. D'un air qu'elle voulu négligent, elle ajouta, sur le même ton d'excuse que l'autre, un peu plus tôt :

- Ne fais pas trop attention non plus à ce que je dis, si le manque de sommeil bride tes barrières, moi c'est le manque de contact avec les autres, je ne sais pas me retenir. Quant au ciel, sache que partout il est mien, l'ailleurs comme ici-même. Je connais ses forces et ses faiblesses, je suis à lui, il est à moi. Mais je ne pouvais me satisfaire d'une telle harmonie, il ne me fournissait pas les réponses que j'attendaient. Et mes questions concernent ceux que je hais, ceux qui me fascines. Il n'y a pas d'autres humains dans le ciel.

En brisant l'identité, elle venait de s'offrir, bien inconsidérément, à une inconnue aux yeux de pierre.

Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeVen 8 Oct 2010 - 21:40

L’enfant aux yeux de pierre sentit le changement . Et bien que ses pupilles ne puissent voir les lêvres désabusées de la marchombre, elle baissa le regard vers le sol. Honteuse . Elle n’aurait pas du l’être. La décision avait été prise depuis trop longtemps pour qu’elle ferme les paupières sur ce qu’elle souhaitait devenir. Quelqu’un qui tue. Pour vivre. A six ans, la première fois qu’elle avait enserré un morceau de bois dans le ferme intension de porter un coup à son frère. Elle s’était senti revivre. Parce qu’elle s’était prouvée être autre chose qu’une pauvre créature désemparée incapable de porter de la vaisselle sans la faire tomber, de courrir sans trébucher sur les souches d’arbres. Autre chose qu’un fardeau qu’il faudrait entretenir toute une vie. Qui vivrait au dépend des autres. La volonté faisant tout , ou presque, et parce que le combat semblait constituer un impossible objectif pour des yeux éteints. Lohan s’était entrainé. Elle avait couru longtemps dans la terre meuble des champs labourés, essayant d’endurcir son faible corps. Elle avait appris à répartir son poids pendant les attaques , à portr des coups précis et à se battre à la façon de maitre Pol, soldat de métier. Enfin quelque chose s’était déssinné devant elle. Une esquisse d’avenir . Ou du moins, sinon un projet précis l’espérance d’être libre. Le rêveur avait boulversée tout ce qu’elle avait pu imaginé. Elle était fière d’avoir pu quitter son village. Fière d’avoir fait de preuves. Avec une formation comme celle qu’elle suivrait elle était certaine de gagner son pain. Mieux que n’importe qui dans ce village. Elle, l’aveugle.

Mais maintenant, reggretter? Se détourner du but avant d’atteindre l’objectif? Tuer . Quoi de plus prosaïquement envisageable en cas de défense légitime. Tuer les méchants pour que les gentils vivent. La conception, aujourd’hui, lui paraissait assez enfantine et elle en sourit. Pourtant c’était bien sur quoi reposait toute sa vie, en quoi elle avait mit ces espoirs. Justifier le meurtre qu’elle reconnaissait bien aujourd’hui..comme un meurtre.

« Vous me haïssez? » demanda Lohan d’une voix blanche.

L’avait-elle bien entendu? Les êtres humains semblaient se diviser en deux parties. Le charme semblait s’être rompu, et la Lotra ne semblait plus la fasciné. Elle la haïssait donc, comme le commun des mortels. Mais pourquoi être troublée ainsi par la déclaration d’Anaïel? Cette inconnue au parfum envoutant n’aurait pas du lui faire perdre ses certitudes en quelques mots seulement. Des phrases qui lui rappelait sa faiblesse de caractère. Mais décevoir ainsi cet être extraordinaire, sentir l’amertume planer sur son language musicale était au dessus de ses forces. Briser les attentes d’une personne insignifiante, qui ne plaçait aucune véritable confiance était déjà désagréable, mais décevoir ainsi l’être adulée, alors que quelques secondes auparavant elle sentait un soupson de bienveillance , une lumière de compréhension tacite, une ébauche de lien, la mettait dans tes ses états. C’était quelques mots pourtants, venant d’une femme qui mentait peut-être. Non elle ne pouvait pas mentir l’essence de son corps l’harmonie de ses geste et sa voix sincère sentaient la vérité. Et elle était marchombre, elle avait un maitre..alors…La Dame Nel’Etan? Elle en avait formé, la froide primat, des élèves à n’en plus finir… Combien de personne se sentaient-elles redevable aujourd’hui? Bref trèves de pensées parasites, la femme face à elle était déjà sources d’assez de questionnement pour qu’elle face le tour du personnel de l’académie. Les mystérieuses paroles de son interloctrice avait agité sa curiosité et déjà les pensées et les questionnement frémissaient, germaient dans son esprit . Pensées qui ne parvenait pas à briser la barrière de ses yeux désespérément vide . Phrases et exclamations d’ici et de là qui coagulait ou se débatait dans le court espace de son esprit. Les premières concernaient spontanément le passé de la marchombre. Les souvenirs. Quoi de plus cher à l’être humain, quoi de plus haïs que ce zeste de mélancolie ou d‘horreur? La vague impression d’éprouver une joie immense ou retrouverun fond d’amertume dans une pensée ancienne. Décoder son passé pour décoder un futur ou un présent. Comprendre. C’était par leur souvenirs qu’on connaissait les gens. Leur mémoire selective gardait seulement ceux qui étaient montés à leur esprits et qui avaint erré dans la poussière avant de ressortir brusquement . Ou ceux , au contraires qui était restés là, latants, toujours présent à torturer ou à réjouillir. A torturer le plus souvent. Malheureusement. Et avec ce passé de la marchombre il y avait une expérience similaire à la sienne et pourtant, tellement différente. Cette découverte de ce milieu académique, cette adaptation plus ou moins difficile. Et l’apprentissage tellement riche, emplissant de doutes ou de convictions. Des personnes différentes à cottoyer, des êtres humains dont l’orgeuil emplissait un espace inconsidéré ; les nobles, les citadins, les filsde pecheurs, les des descendants de marchombres qui venaient accomplir leur héritage, des enfants au regard plein d’énergie, dont la volonté réchauffait et découragait. Roturiers brulants de se faire une place en ce monde. Et puis les autres, en retrait, ceux qui étaient né avec les loups ou dans les forets, les orphelins livré à eux même qui venait cherchait refuge ici , à l’académie. En quète de pain et d’avenir. En quète d’autre humains? D’après ses paroles la femme semblait faire parti de ce dernier groupe.

« Vous étiez à Corbac? Hésita-t-elle..à Lupus? »

Tout dans le corps de l’inconnu clamait l’indépendance, une vie en parrallèle loin des autres hommes . Mais si près. Ou plutôt, longeant bien en dessus la destinée humaine. en même temps, l’harmonie de ses gestes, de son parfum charnel s’apparentait de près à la nature . Son désir de rencontrer d’autre êtres, aussi…Mais en mêmee temps petite Lohan, quelle importance accordait-elle au mot maison la femme qui volait au dessus du monde? Quelle importance…

Et comment était-ce, avant? Avez-vous retrouvé vos souvenirs d‘adolescence? Et votre maitre? …Ou bient tout à changer…

Il y avait encore ce poids lourd. Ce qui avait provoqué la deception de l’inconnu. Qu’elle gardait tout au fond de sa gorge pour et qui devait inévitablement rejaillir maintenant. Elle ressentait l’intense besoin de se justifier, de se faire comprendre. Elle doutait que l’être immense apprécie son besoin de compassion, de compréhension -de toute façon elle n’avait aucun besoin de cette sorte n’est-ce-pas?- mais elle devait parler. Qu’on en finisse que le jugement sec vienne lui cogner cette réalité en pleine face s’il le fallait.

« J’ai fait le choix de venir ici, je dois m’y tenir jusqu’au bout. C’est ma seule force que j’exploite ici. Si j’échoue, si je décide d’y renoncer, que deviendrais-je? J’ai conscience de ma faiblesse, j’ai conscience que cette école est ma seule sortie vers un avenir pometteur. Grace à laquelle je pourrais vivre sans la crainte d’avoir faim, vivre en sachant me défendre, vivre en ayant le sentiment d’avoir fait de mon mieux, d’avoir défendu la cause des aveugles , de protéger le pays qui ma donné naissance, les gens que j’aime et qui m’ont guidé jusqu’ici. Je dois les remercier…Je dois… »

Sa voix se brisa contre le silence. Elle n’osa pas en dire plus, ou plutôt les mots lui sortait trop mal de la bouche pour qu’elle continu, il lui restait cependant la question à poser.

Vous avez connu tant de lames et vous pleurez encore les morts…Comment faites vous pour restez humaine ici? Comment faites vous?

La boule dans la gorge croissait et elle sentit au plus profond d’elle-même qu’elle avait perdu cette tendre et naïve conviction de l’avenir.





Anaïel
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeVen 12 Nov 2010 - 18:18

L’obscurité brumeuse laissa tout d’un coup la place à unelumière. Oh, toute petite la lumière, une sorte d’esquisse arythmique quipulsait au gré des idées, émotions plutôt. La glace fondit, légèrement, et un certain poids s’envola des épaules dela marchombre. Etonnée, elle regarda, écouta, tendit ses sens vers l’imageondoyante des sentiments que l’autre exudait par ses paroles. Son corps avaitréagis avant ses pensées, se rendait-elle compte, comme bien souvent. Une idéegerma, étrange, particulièrement douce sous la langue, effrayante, aussi, à sonniveau. Elle avait touché la jeune fille en plein cœur, sans même un motéquivoque. Anaïel pâlit, trembla, légèrement, et sentit ses entraillescaracoler, à droite, à gauche, dans le vent et la lumière des yeux obscurs quisemblaient la fixer. L’autre avait – mal ? peur ? – vis à vis de leurbulle fracturée par l’esprit sélectif de la marchombre. La lumière qui venaitde germer, avant qu’elle ne l’eu reconnu, semblait s’apparenter à une sorte detendresse, quelque chose d’impalpable et de doux. De la douleur aussi, unesouffrance diffuse syntaxée de honte, ou peut-être d’incertitude.

Elle lui avait fait mal. Ses mots comptaient, mais plusencore, le sens qu’elle leur donnait. C’était grisant.

Anaïel s’éloigna, presque inconsciemment, cherchant dans ladistance des corps celle qui lui manquait tant dans ses mots. Elle aurait voulului dire, lui balancer comme ça, tout à trac, l’ensemble des faits qui laconstituaient, sans le sens, sans l’expérience, sans cette trame qui s’appelaitAnaïel. Elle aurait voulu tenter, voir ce que cela donnerait, regarder lesémotions qu’elle savait maintenant pouvoir susciter sur le visage mangé par lespupilles éteintes. Mais c’était égoïste, infiniment, et l’humanité qu’elle cherchaitchaque jour à acquérir lui fit enfin voir clairement quelles barrièress’étaient tissées, les gouffres qu’elle s’étaient créer. C’était un choix,certes, mais même si sa liberté s’en trouvait légèrement entravée, elle nepouvait que se féliciter d’avoir eu l’idée et l’envie de ne pas faire souffrir.Un premier pas, grisant, de se voir vainqueur de soi même. La victoire luidélia les lèvres avec tact, et la vérité, toujours au cœur des mots, elle lançadoucement :

- Non, je ne te hais pas. Je hais la main qui porte le poignard,je hais le bras qui devient le mouvement de mort, mais par dessus tout je haisla conscience qui l’anime. Je… Tu n’es pas comme j’avais imaginé quelqu’un auregard éteint, c’est de ma faute, entièrement.

Elle n’arrivait plus à continuer. Comment lui fairecomprendre sans le sens, le dilemme qui la déchirait face à chaquehumain ? L’aimant, mais le détestant de toute ses fibres, même Elera, mêmeElhya étaient des sources de souffrances. Lui dire ? Lui dire que son âme étaientun abîme de haine qu’elle était parvenue à survoler, même si le gouffrel’appelait sans cesse ? La chute était tellement plus facile que l’envol…Elle ne voulait, ne pouvait pas faire jaillir les mots de sa gorge obstruée, etl’autre semblait dans le même état avec, cependant, le courage, elle, decontinuer. Anaïel écouta, alors.

Les questions s’enchaînèrent, vives, lourdes et légères, desens et de bouts d’elle, et la marchombre s’émerveillait, comme lointaine,d’être une entité à part entière qui semblait rien de moins que la fasciner.Comme elle l’était par la complexité des sentiments qu’elle voyait, sentaitpasser dans les paroles, dans les questions, dans les silences. Les motsmoururent, enfin, et les questions, soigneusement entreposées dans l’esprit d’Anaïel,se teintèrent d’une touche rare et magique : celle de la vérité, celle dela perfection et de la curiosité.

La marchombre avança. Les gestes s’enchaînaient, bien loindes divagations et autres spéculations portant sur le hasard de leur rencontreou le danger de l’inconnue. Elle lui pris la main et l’enjoignit à la suivre,poussée par un instinct qui faisait vibrer son âme. L’instinct de groupe, celuidu lien, l’envie d’être pour quelqu’un autre chose que ce que l’on était poursoi-même. Un masque fracturé pendait au bout de ses gestes encore incertains,mais l’autre la suivit, souple et silencieuse.

D’une confiance absurde et magnifique.

Elle l’emmena, reliées qu’elles étaient par la nuit et parleurs doigts, qui brûlaient d’autre chose. Anaïel avait l’estomac révulsé parle touché, un rejet épidermique qui hérissait ses avant bras de crainte et demalaise, mais elle persistait. Finit par renoncer, néanmoins, avec un soupird’excuse, laissant Lohan la suivre au bruit, au furtif courrant d’air de sespas et de sa respirations déliée. Les marches vibraient sous leurs pas, àmesure qu’elles s’élevaient, et le vent butait contre les murs, enflait le longdes couloirs, puissant, majestueux, colérique. Tout se jouait maintenant, lacuriosité de l’aveugle aurait-elle plus d’importance que l’irritation née desnon-réponses d’Anaïel ? Partirait-elle, sinon, seule, retourner dans sonlit, le sommeil à nouveau retrouvé, l’évanescence des fantômes évaporée sous lefroid sinuant et bien plus physique que des sentiments partagés ? Mais cen’était plus important, à présent, parce que, même si Lohan était brute,envieuse de force, de violence, d’être acceptée au prix de son âme et desautres, elle restait une aveugle sensible aux sons, à la musique, à l’écoute etaux effluves, comme en témoignait son nez retroussé, frémissant dans la nuqued’Anaïel qui ne la perdait jamais réellement de vue. Elle prenait conscienceque cela ne couterait rien, de faire plaisir, pour peu qu’elle sache secontrôler. Elle lui montrerait les étoiles, et la musique du vent pour que,peut-être, elle n’ai plus envie d’en reproduire le souffle meurtrier lorsqu’ilsouffle contre une lame vive d’acier assoiffé.

La porte était verrouillée.

Anaïel posa ses paumes sur le bois brut, et le chêne répondità sa demande, ses fibres parcourues d’infimes stridulations uniquementperceptibles par les doigts de la marchombre. Peut-être aussi par les oreillesextrêmement affûtée de l’inconnue, qui sait ? La porte s’ouvrit, et levent clouta leur appuis sur le sol pierreux, raidissant leurs nuques desurprise et d’un peu de peur, quand même, alors que la fureur de la tempêtes’engouffrait en rugissant le long de la spirale de marches qu’elles avaientmonté. Afin que le bruit ne les fasses pas repérer, Anaïel fit un pas dansl’onde glacée, puis invita d’un effleurement Lohan à la rejoindre. L’épidermehérissé, l’autre avança, après une infime hésitation, sans un mot. Une fois laporte refermée, Anaïel scruta la nuit pour retrouver un tout petit bâtiment deréserve fermé. Elles se mirent à l’abris du vent et, étrangement, le froid neles fit plus frissonner. Alors, entourées par les flux et reflux, le sifflementenrubanant leurs oreilles ouverte à l’avalement, Anaïel réponditconsciencieusement à chacune des questions de Lohan, le regard perdu dans lelointain. La tour n’était pas la plus haute, mais le vent y était, ici, plusmajestueux qu’à n’importe quel sommet de l’Académie.

- Oui, j’étais à corbac, à l’époque. Je ne sais pas trop à quelpoint les changements se sont fait, juste qu’il y en a eu des tas. Notregénération semblait bien plus sereine que la votre, des soucis en moins, toutça, mais c’est peut-être une illusion comme celle de l’espace, où un lieusemble beaucoup plus petit que ce qu’il était dans un souvenir. Qu’il y ai eudes changements m’importe peu, en fait, du moment que les portes restentouvertes pour les âmes. Quant à mon maître… (Une douleur atroce lui vrilla leventre, comme on saupoudre de sel une plaie à vif de tessons de souvenirs tranchants)elle n’est plus là.

Elle ne pouvait se résoudre à l’évidence des mots, malgrél’acceptation et le sourire d’Ena dans le souvenir de cette nuit monstrueuse.La grimace qui avait déformé ses traits s’estompa. Continuer ? Tordre lesroutes ? Elle ne lui devait rien, et pourtant… Elle était ouverte,l’inconnue, et même si ses yeux restaient de pierre, son visage était tellementexpressif qu’Anaïel se sentait flattée de susciter autant d’émotion. Ambreétait un miroir torturé, Lohan restait la surface d’une eau limpide où elleencourageait Anaïel à plonger. Ce qu’elle fit, les pensées à fleur de peau,l’émotion des belles paroles de l’inconnue noyant son esprit d’une brumedouceâtre :

- J’ai connu les lames, la souffrance, la haine, le rejet, labêtise, la vengeance. Tu veux savoir comment je reste humaine ici ? Maiscomprend, comment aimer faire souffrir, comment apprécier l’horreur sur lestraits d’une âme, les cicatrices barbouillées de sang sur la lame, commentjouir de cruauté et de destruction ? Ce seraient eux les humains ?Ces personnes gentilles en apparence, de nobles desseins mais dont le cœurcomporte ce défaut, cette obscurité vicelarde qui rejaillirait une fois le dostourné pour trancher l’architecture ou la carotide ? Je ne pleure pas lesmorts, ou si, peut-être un peu, mais j’exécré surtout cette action stupide,cette pulsion sauvage et primaire qui leur a ôté la vie. Pourquoi ?L’argent, la vengeance ? La soif de tuer ? Je hais les humains, pource qu’ils sont, pour ce qu’ils font, mais la perfection n’existe pas. Je ne lasouhaite pas exister, seulement j’aimerais voir plus d’âme tendre vers labeauté et le respect d’une vie que chacun devrait avoir le droit de vivre.C’est cette espoir qui, à chaque fois, me remmène ici, me pousse à vous rencontrer,vous, les humains.

Et à ce moment là, elle su qu’elle était allé trop loin.L’autre était d’une immobilité que seule peut rendre la surprise ou la peur,les deux, et le souffle du vent lui même semblait s’être suspendu. Sa tiradeavait échauffé ses joues, fait brûler ses prunelles ignées, et la sauvagerie del’instant fit tournoyer son âme dans le feu de ses convictions. De véridiques,ses paroles devinrent profondes, dévoilant une âme qu’elle tentait chaque jourde cacher, de peur de la voir abîmée. Jalouse, elle sentit l’instinct primairede protection de ce qu’elle était se lever, pour faire disparaître l’intruse.D’une main mentale, Anaïel étrangla le serpent de feu vengeur qui s’étaitdressé dans son corps. Elle trembla, de peur, de soulagement, aussi, de haine,un peu et de froid sous l’onde cinglante. Le vent se faisait rivière liquide,et elle leva la tête vers lui, assoiffée de sa liberté qui coulait comme l’eaufraîche au milieu du désert. Qu’il était difficile de rester la à essayer, à selivrer, à ne plus avoir peur ! Une minute peut-être passa, le tempsqu’elle calme les battements saccadés de son cœur et que son cœur ne pulse quedu sang libéré de sa colère. Elle avait fait un choix, il lui fallaitmaintenant l’assumer.

Anaïel se leva, aérienne, brisée. Elle planta ses prunellesardentes au cœur des gouffres sans vie de Lohan. Elle lui pris les mains, justele temps de l’aider à se lever, et la mit face au bord, face au vide, le ventjouant sous sa tunique l’obligeant à serrer les dents pour qu’elle ne claquentpas. Elle tendit les bras de Lohan à l’horizontal, puis la lâcha tout à fait.Le vent buttait contre ce sorps étranger, part le dos, menaçant de la fairetomber dans le vide. Anaïel sentait le courrant, l’onde tournoyant autour d’ellesen une chevauchée folle et glaciale. Ce n’était pas de l’eau, mais un liquideinfiniment plus vif, plus libre, plus beau aussi. Le vent était son meilleurami. Elle avait conscience de chaque mouvement, de chaque obstructions àl’écoulement, de chaque flux et reflux. Aussi s’était-elle placée de manière àce que la tempête ne s’écrase plus contre l’autre, mais plutôt à e qu’elle lacontourne, l’enveloppe, glisse autour de sa cage thoracique, de ses hanches etde ses jambes, comme la caresse de quelque maman. Anaïel était la pointe de lagoutte sur laquelle le vent se scindait, Lohan était sa courbe, derrièrelaquelle il se reformait.

La marchombre ferma les yeux et se mit à danser. Joueur, levent pirouetta autour d’elle, sans pour autant agresser Lohan qui se tenaittoujours immobile, comme prête à l’envol. Chaque geste d’Anaïel modifiait lesfluctuation, faisant couler le vent de manière différente sur le corps del’inconnue, comme si la valse de la marchombre, traduite en zéphyr, sereproduisait sur le corps de l’aveugle en une empreinte froide, douce, unique.

Anaïel se retourna enfin, à un moment, puis se précipita, lepoignet de l’autre entre les doigts, contre leur précédent abris. Le soufflerapide, les yeux brillants d’excitation, elle se tourna vers Lohan, comme pour quémanderson approbation. Redevenue gamine, les prunelles émerveillées, elle avait le cœuremplit d’une joie authentique. Elle lança alors, les papillons valsant dans sesparoles :

- Tu ne leur doit rien, et surtout pas ta vie. S’ils t’on pousséjusque là, c’est qu’ils t’aiment, et veulent te voir réussir. S’ils ne veulentque la gloire de ta réussite, alors ils ne méritent pas que tu sacrifie tes rêvespour eux. Tu as tellement de possibilité… Autant que ce vent qui bougeait surnous. Nous étions un croisement pour lui, pourtant il a continué sa route commebon lui semblait. Tu n’es pas obligée de tuer pour te défendre, glisser juste,leur faucher les chevilles, leur montrer la beauté. C’est bête, hein, parce queça ils en ont rien à foutre. Que faire alors ?

Un sourire vint trancher son visage, à nouveau, tandis qu’unequestion beaucoup plus terre à terre venait titiller son esprit.

- Et sinon, tu t’appelle comment ? tu trouves comment ladanse du vent ?

Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeLun 27 Déc 2010 - 0:19

Inspiration. Expiration. Les pas d’Anaïel se calquaient sur son souffle, naturellement, sous l’habitude et Lohan se prit au jeu de la musique pour ne pas dérégler la gestuelle harmonique. Un pas, un soufle. Donne moi ta main, elle est remplie de feu. Elle frémit sous mes doigts de peur ou de colère. Pourquoi n’aimes tu pas ma peau Anaïel? Pourquoi la tienne resiste ainsi, n’ai pas peur. C’est moi qui devrait avoir peur, je ne sais même pas ou tu m’emmenes, encore moins ce que tu veux faire de moi. Nos mains pourraient se fondre l’une dans l’autre, je toucherais le sublime, et toi qui semble envier mes yeux clos , tu les comprendrais peut-être. Les dalles sont toutes glacés et se confondent. Je ne reconnais plus rien du monde. Je suis perdue dans mon académie, je suis perdue en territoire connue, je réapprend peut-être les lieux. Et simplement à respirer, à naitre donc, à vivre donc. J’ai confiance en toi, tu ne me précipiteras pas dans les bras des gardes, n’est-ce pas? Ils ont bien bu ce soir, le jeudi est le jour de fête ils relâchent légèrement leur vigilence, nous ne seront pas prises,. Nous ne serons pas prises je le sens, tu es trop au dessus d’eux pour qu’ils t’arretent dans ta course.

Anaïel lacha sa main et son soupir chargea la musique de mélancolie, le feu brulait trop dans sa main pour qu’elle continue à la guider. Il restait la danse des respirations et des pas, à écouter pour suivre, ce qu’elle fit. Le vent résonnait déjà dans les couloirs, se mélant au souffle d’Anaïel, l’amplifiant, indiquant la route vers la sortie. Devant la porte, elle s’arretèrent.

Je ne peux pas sortir. Tu entends le vent qui claque sur les lintaux, s’écrase sur les planches. La porte même, l’imposant et robuste porche frémit de crainte, à se voir ainsi confronté à la tempète. Il va faire froid, je risque de finir en statue de glace, de tomber malade. Il y aura des vagues de vents, je risque de finir noyer comme dans la salle d’eau l’année dernière. Et les gardes, ou sont-ils? Ils risquent d’arriver d’un moment à l’autre. Pourquoi m’emmènes tu là bas moi qui suis trop humaine pour supporter le froid?

Ce type de questions, même s‘il frola un instant l‘esprit de la jeune aveugle, fondit vite derrière la confiance qu‘elle avait en cet entité d‘effluves. Et de toute façon à quoi aurait-ce servit de les poser? Anaïel était loin au délà de toute préocupation humaine, elle le sentait depuis le début, et c’est peut-être ce qui la fascinait le plus chez la marchombre. Elle semblait coincée entre les dieux et les hommes. Sa parole n’était pas perfection, elle semblait avoir des difficultés à s’exprimer, elle disposait d’un corps et d’attributs humains. Pourtant, il y avait chez cet être une telle perfection à commencer par son parfum corporel et le rythme de ses pas, que la releguer au rang de ses semblables semblait impossible à Lohan. La main sur la porte et le doux cliquetis du verrou inclinait à Anaïel vers les dieux. Peut-être les dessinateurs avaient-ils la possibilité d’ouvrir les lieux ainsi, mais l’obscurité des Spires n’avait rien de comparable au royaume divin du souffle d’Anaïel et du chant de sa main sur les planches de bois. Un chant? Douce exagération d’un esprit embrumé par les merveilles qu’il croit apercevoir? Non, le bois produisait des sons doux qui se confondaient avec le vent et formaient une espèce de mélodie. L’incroyable chant du bois. Cette main musicale se tue soudain sous les vagissement des courants d’air, puis de la tempète qui hantaient les lieux. Elles étaient arrivés au sommet.

Au sommet de quoi? Ces yeux d’aveugle ne pouvait pas le dire. Seulement il n’y avait plus rien plus loin, et les bourasques qui la glaçait lui indiquait violamment qu’elle s’était retrouvée dehors. Il faisait froid, un froid électrifiant qui glaçait ces petites veines, transperçait ses vetement, la mettant completement à nue au vue de la tempète. Elle ne sentait même plus qu’elle avait des cheveux tellement le vent pénétrait sur son épiderme crannien. Elle avait terriblement froid, mais étrangement, elle ne tremblait pas. Était-ce les étranges pouvoirs marchombres d’Anaiel qui empêchait son corps de manifester sa tendance naturelle, était-ce simplement que le vent, l’avait gelée sur place, ne laissant pas le temps à ses dents de claquer. L’odeur exquise d’Anaïel la conduisit à un angle, qui la protégeait du vent. Elle se blotit contre la pierre, peut-être un peu plus chaude que l’air. Et l’étrange voixd’Anaiel commença à striduler des mots . Est-ce que les paroles trouveraient leur chemins jusqu’à ses oreilles dans l’immense masse d’air? Lohan tenta de ne pas perdre une miette des mots d’Anaïel, sentit la douleur qui emmanait du mot maitre malgré l’accent étranger d’Anaiel. Et resta figée . Vous, les humains. Avait-elle visé juste? L’être était-il divin? Vous, les humains. L’autre n’était-elle pas humaine ? Dans le silence de son interlocutrice, Lohan sentit que la question ne devait pas être posée. Du moins, pas maintenant.

Les mains de l’autre prirent soudain les siennes. Elle se laissa entièrement faire, confiante. Elle se releva, suivit Anaiel prêt du gouffre, la laissa placer ses bras. Ses pieds sentaient qu’il n’y avait plus rien devant, savaient le vide. Quand Anaïel lacha, elle faillit crier. Elle ne connaissait pas l’espace, n’avait pas pris assez de repère pour le visualiser correctement, et le vent qui flottait dans son dos, mennaçant à tout moment de la renverser. Au moment ou Anaïel lacha, elle faillit changer sa position, revenir sur ses pas, dans son dortoir au lieu de restait là sans bouger, sur les conseil d‘une inconnue. Ne me laisse pas seule. Elle comprit vite qu’elle n’était pas seule. L’être était derrière elle. La femme bougeait. La femme se mouvait. La femme dansait. Et le vent s’était adoucit sous ses geste, comme une caresse qui la portait Lohan ferma les yeux, bercée à l’odeur unique de la musique du vent domptée par Anaïel. Elle savait qu’elle ne revivrait pas ce moment deux fois. Elle savait aussi qu’Anaïel lui faisait un immense cadeau. Lohan savait nager dans l’eau. Un peu. Elle crut pendant les quelques seconde de la danse d’Anaïel qu’elle apprenait la nage du vent. Nage plus innée, moins fatiguante. Une nage qui procurait la magique sensation…De voler?

Puis soudainement, Anaïel lui attrapa le poignet, et l’emmena dans l’angle, rompant la magie. Elle se mit à parler. Il y avait dans sa voix une pointe d’excitation et Lohan prit reelement conscience du cadeau qu’ Anaïel lui faisait. Ce yeux vident se mirent à sourire sereinement .


« C’est votre danse du vent, que j’ai touché. Le vent ne danse pas tout seul, il est violent, il peut être une brute qui déracine les arbres ou même parfois les maisons. Mais la façon dont vous me l’avez offert était tout simplement..magique.»

Elle réfléchit un moment avant de demander.

« Est-ce que vous croyiez que chacun à une différente danse du vent? Ou le vent, quelqueçoit la personne qui le dompte procure toujours la même sensation? »

« Je m’appelle Lohan…En fait. »


Puis perdue dans ses reveries et dans les réponses d’Anaïel elle continua dans sa lancée.

« Ils veulent me voir réussir chuchota Lohan. Mais pour mon bien, je crois. Enfin, au moins pour ce qui est de mon frère et de ma mère…Ils n’attendent rien en retour… Si ils voulaient tirer profit de moi, il ne m’auraient pas laisser partir ici, dans cette grande ville froide, j‘aurait été une aide en plus à l‘auberge. Ils veulent mon bien. Ils ont expérimenté que l’argent qui fait le confort est aussi souvent le bonheur ou à defaut, la puissance. Ils ne veulent pas que je me fasse écraser, ils veulent que je vive, ils me veulent une belle vie… Je crois… Et l’armée de l’empire n’a-t-elle pas pour but de défendre? D’arreter les Ts’liches ou les raïs qui tuent des innocents? Les meurtriers d’enfants, de ceux qui n’ont rien fait et qui sont les victimes. L’armée est aussi obligée tuer aussi, parfois. Pour que d’autres vivent. Et faucher, emprisonner, tenter de convaincre de la beauté ne suffit pas. Ce sont des ..techniques qui ne sont pas dépourvus du risques de voir un homme se libérer, recommencer. Tuer et plus cruel. Tellement plus court et plus sécurisant. Je me deteste de dire ça, mais j’y croit pourtant. Si je te promet de ne plus tuer, je perd tout ce que j’ai essayer d’apprendre jusqu’à maintenant . Je ne peux pas. »

Elle baissa les yeux, encore, le sourire de la danse du vent s'était estompé. Puis une autre question lui vint à l’esprit.

« Etes-vous la Dame ?» chuchota Lohan. Et cette question rimait avec « suis-je obligée de vous croire? Puis-je vous dire qu’il y a des choses avec lesquels je ne suis pas d’accord ou Est-ce que même votre parôle est divine. Est-ce la vérité pure. Car si vous êtes une Entité, vous connaissez mieux que moi la vérité. Vous connaissez tout mieux que moi. Et je n’ai pas à vous contredire.

Anaïel
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeLun 17 Jan 2011 - 12:46

" Tu sais, Lohan, le vent ce n'est que la quintessence des la vivacité de ce monde, le vif qui court et prend, tourne et dépend, ce monde, le tien, le mien, tellement de possibles et de lignes de fuites qui se croisent et se mêlent... Et le vent qui les parcours comme d'improbables veines de devenirs et de créations, mariant les sentiments et le hasard, l'envie, le sarcasme et l'essence de ces choses que bien peu ne voient, l'illusion de cette facilité d'écoute et de renouveau. Car c'est dur, mine de rien, de recréer, d'être dans l'instant, le vif qui transporte, transmute les histoires, l'arborescence de la chance qui lie la vie à l'existence et les rêves à l'avenir, c'est dur, bien moins que de ce dire que l'on peut, et donc de ne pas le faire puisque on s'en sait capable. Mais tu es de ces personnes, de ces consciences, je pense, qui ont cette faculté de remise en question, brute, la remise en question, affinée par l'émotion de ta voix lorsque tu te raccroches à tes convictions, comme si tu n'attendais que de les briser, comme si tu n'attendais que quelqu'un te les brise. Mais ai confiance, tu peux l'avoir, cette qualité qu'on les gens d'être et de dire la vérité. N'attend pas, n'attend pas qu'on te la prouve, cette vérité, tu as peux le faire par toi même, mais tu n'as pas assez confiance en toi. "

- Pourquoi tu crois que le vent ne danse pas tout seul ? Est ce vraiment parce qu'il est impalpable, charrié par des éléments qui nous dépassent, brutal, comme tu dis, dans ses envols, issu d'une source improbable à l'intention insaisissable, que l'on peut dire qu'il ne danse pas ? Il évolue, il bruisse, les masses d'airs s'entrechoquent et glissent, c'est de la physique, c'est du calculable, mais les danses humaines ne le sont-elles pas toute autant ? Pour moi, le vent danse, il valse, mais simplement pas de la même manière que les humains. Ce que je t'ai fait ressentir, en bougeant, n'était que le reflet de ce que je sentais moi, sans bouger. Mais je ne m'avancerais pas à dire qu'il a une conscience artistique ou même une quelconque motivation. Il bouge, et donc il vit. ça me suffit.

Anaïel sentait doucement la pression retomber, la tension délier ses articulations, alors que le sérieux de la discussion la ramenait peu à peu sur terre, avec l'aveugle, Lohan, avec l'aventure de cette nuit troublante. Elle se sentait bien, là et maintenant, quelque chose qui lui arrivait si peu souvent qu'elle en savourait chaque instant, comme une saveur acidulée, très peu, enrobée de douceur. Parler ne lui demandait plus autant d'effort, et à force de chercher, elle trouvait. Tout doucement, cette vérité ne se faisait jour dans son coeur que très lentement, au fur et à mesure d'éclats, quelques bouts de verres tranchant les fils de la violence latente qui la caractérisait, taillant les certitudes à coup de serpe avant d'en essuyer les copeaux au chiffon de soie. Au chiffon de soi. Il y avait des gens beaux. Méritant l'amour. Et, surtout, dont les défauts pouvaient êtres apprivoisées à force de patience, et de douceur. La voie coulait en elle, stimulait ses veines, parcourait ses cellules, irradiant ses principes, sa sagesse toute subjective, mais dont elle pensait et créait la sincérité à chaque détour de mot. Rien n'était véritablement vrai, seules les intentions méritaient qu'on accorde tel ou tel jugement à des affirmations qui ne seraient jamais objectives. Toujours remettre en question, toujours.

- Je ne dompte pas le vent, je ne fais que le sentir. On ne peut pas dompter quelque chose d'aussi insaisissable, mais on peu l'écouter, le caresser. Mais de toute manière, je ne sais pas si quoi que se soit dans ce monde puisse être perçu de même manière par deux individus. C'est bizarre comme question, tu en penses quoi toi ?

Lohan. Lohan, aveugle et clairvoyante, incertaine, tellement humaine, tellement tellement... Y avait-il toujours cette braise ardente qui bruissait dans chacune des âmes, les rendant aimables, ne serait-ce qu'un peu ? Anaïel découvrait chaque jour un peu plus, avançait, croyait-elle, de quelques longueurs sur le chemin de la compréhension du bien et du mal, des humains en général. Mais il y avait des contraintes, à absorber, à digérer, des contraintes qui hérissaient sa nuque et lui faisait montrer les dents, mais c'était ainsi. L'équilibre. L'équilibre d'être et de paraître, de sourire et de tordre les routes pour les lier, intimement ou non, à la sienne, aux autres, au ciel. Tutoyer la beauté, et amener d'autres à le faire, c'était là un de ses rêves le plus fou, chaque jour elle le voyait s'éloigner, à mesure qu'elle avançait, mais désormais il y avait ces présences rassurantes et précieuses, au bord de la route, parallèle à la sienne, s'y mêlant parfois, lui souriant, tout le temps. Il y avait toujours l'espoir d'être et de devenir, cette vérité essentielle était pourtant la plus dure à accepter, à l'évidence.

- Aucun destin n'est inéluctable. L'arborescence des possibles nous tisse le sang aux poignets.

Elle avait parlé sans réfléchir. Les mots s'enchainant cette fois avec cette vérité ancrée dans ses tripes, le regard brûlant elle tendit une main et toucha du bout des doigts la main crispée de Lohan sur la pierre froide de la tour. Elle avait froid. ses lèvres bleues ne bougeaient pas, mais sa peau devenait de plus en plus blanche à mesure que le temps coulait sur elle, semblait-il sans les atteindre. Mais le froid crevait la bulle et ramenait la marchombre à la réalité de ce monde. Elle se releva avec une grâce que l'autre ne pourrait jamais voir, et lui tendit une main qu'elle saisit sans hésitation afin de la suivre. Le vent percuta leurs corps avec une violence presque doublée, et les deux femme vacillèrent un instant, tandis qu'Anaïel se mouvait pour se placer de manière à couper le vent à l'aveugle. Elle n'en avait pas fini avec elle, voulait répondre à ses phrases pleines de sens, trop terre à terre cependant pour son esprit rêveur et utopique. Mais il faisait vraiment froid là haut, et elle lui avait montré tout ce qu'elle voulait.

- On va se mettre au chaud ?

Après un acquiescement, elle sortirent de l'abri et mirent entre elles et le froid le lourd battant de la porte du toit. Instantanément la chaleur remonta ses membres et lui insuffla une vitalité qui lui était propre. Elles descendirent quelques marches, incertaines, Anaïel ne savait où aller. Elle réfléchissait aux mots de Lohan qui tourbillonnaient dans sa tête, martelant et acérés, à sa question étrange sur la Dame dont on lui avait parlé si peu de temps auparavant, à sa signification. Elle n'était pas une légende, ni une entité divine, au coeur d'eau et de sel. Son univers était d'air et de vent, et le cétacé et son dragon étaient bien loin d'une individualité terrestre, n'est ce pas ? N'y tenant plus, elle s'arrêta au milieu de l'escalier, sur la marche en dessous de la jeune femme et sifflota, rapidement, comme si les mots sortaient d'eux-même et qu'elle ne pouvait pas les retenir. Trop souvent ressassés, ils étaient râpeux, piqués de vérité, cependant, cette vérité qui brûlait dans son ventre et qui la poussait en avant. Chaque jour. Un peu plus.

- J'y croirais, chaque jour, que c'est possible. La mort entraine l'abus, la haine et la tristesse, il y en a tellement qui la mérite... Mais essayer, un peu plus, chaque jour, est-ce si utopique ? J'ai chanté pour un garde, une fois, il voulait détruire le visage d'un personne que j'aime à coup de poing. J'ai chanté et tu sais ce qu'il a fait ? Il a cueillit une fleur et a souris. Comme un enfant. C'était si beau... Comment ensuite vouloir tuer quelqu'un, même une brute, même une voleur ou un tueur, alors que la possibilité de son sourire existe ainsi ? J'ai déjà tué, c'est vrai, j'essaye mais des fois je n'y arrive pas. Alors je tranche, je coupe les tendons, les fils du mouvements, j'essaye des fois de restructurer, mais c'est rarement effectif. Alors quoi ? Renoncer ? Dire aux humains que j'aime tuer ? Que c'est la meilleure solution ? C'est faux. La meilleure solution c'est d'être fort, d'avoir au cœur et au corps ce pouvoir de révéler la beauté, et de parvenir, par ce biais à changer l'architecture du mauvais. C'est utopique. Mais j'ai l'essence de ce pouvoir, enfin je crois, ça a déjà marché. Et je crois que tout le monde l'a un petit peu. Mais comme ce sourire, il est enfermé quelque part, avec les souvenirs d'enfance, d'émerveillement crevé à force de vérité crue et de rêves éparpillés. Je ne te demande rien, Lohan, si ce n'est de m'écouter comme je t'écoute. Je ne te demande pas de ne pas tuer. Je ne fais qu'inciter, sans cesse. Parce que lorsque le monde sera une grimace, je lui sourirais à la face.

Elle se sentait vidée. Voila longtemps que ses convictions ne s'étaient pas exprimées avec autant de clarté, mais la fougue avec laquelle les mots s'étaient épanchés la laissait hérissée, le coeur lourd face à la réalité. C'était inéluctable, cette confrontation, la frustration de se rendre compte, de se mettre à nu au devant des convictions et de la douleur du monde réel. Elle tourna les talons et fit trois pas, avant de s'immobiliser à nouveau. Que pouvait donc penser Lohan ? Avait-elle réussit à la toucher avec ses mots ? Et par le ciel, pourquoi cette question sur la Dame qui tournoyait dans sa tête comme une abeille folle ? Elle secoua ses cheveux, et se retourna d'un bloc. La tension qui nichait ses épaules depuis sa tirade se dissipa un peu, et d'une voix douce elle répondit :

- Non, je ne suis pas la Dame. C'est étonnant que tu me parle d'elle alors que cela fait très peu de temps que l'on m'a expliqué ce que c'était. Pourquoi cette question, Lohan ? Et d'ailleurs pourquoi me vouvoies-tu ?

Tant d'incompréhensions, de mystères à élucider, d'intrication à décortiquer, même si cela imposait beaucoup de remise en question, de souvenirs déterrer et de paroles acides, Anaïel était heureuse. Heureuse d'être ici et maintenant, ce soir, avec une inconnue qu'elle apprenait petit à petit à connaître, envers et contre le temps et l'espace, le hasard qui les avait fait se croiser dans la salle d'arme.


[ J'ai un peu joué ton perso pour avancer un petit peu, si quoi que se soit te gène, éditage !
I love you ]

Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeLun 7 Mar 2011 - 21:47

Il faisait un peu meilleur dans cette cage d’escalier. La pierre bise était froide, mais au moins,le souffle glacé ne se jouait plus de sa nuque tremblante. Elle dessera ses dents lentement pour ne plus trembler et tendit sa chemise de nuit sur ses genou pour recouvrir ses mollets hérrisés par le froid. Son pied droit dansait sur la marche du dessous, elle appuyait la pointe, décalait le talon, appuyait le talon, décalait la pointe, sur le rythme d’une berceuse qui enivrait son crâne. La chanson était apparu avec le vent, accaparant son esprit comme les relents de vieux souvenirs de douceur. Les paroles d’Anaïel avait relégué la chanson en arrière plan mais le fond s’accordait avec les phrases de la marchombre. Lohan ne comprenait par tout, des mots comme« quintessence » ou « arborescence » ne passait pas la barrière de son ignorance mais a travers les modulations enthousiastes d’Anaïel, le sens des phrases lui apparaissait comme claire et limpide, comme jaillissant à travers les quelques fragments de termes connus et l’intonnation d’Anaïel. C’était vivant ce langage . C’était vivant et pourtant beau. Elle n’aimait pas parler. Produire des mots lui demandait les efforts laborieux de l’humain qui vomi ses mots à contracoeur. Elle n’osait plus jeter un regard sur eux tellement elle en avait honte. Elle se délecta des mots trop grand pour elle, avec la délicieuse et frustrante impression de gouter à un met trop fin pour pouvoir l’apprécier dans sa plénitude.

« Je vous vouvoie, parce qu’on dit ici. que c’est une marque de respect due à un maitre. Il y a des maitres que l’on vouvoie par crainte ou par convention, c’est pas votre cas, je choisis vraiment de vous vouvoyer. »

J’ai choisi le respect pour vous, depuis le premier pas. Et même si les mots sont idiots pour vous, transcendeuse de language, que le tu ou le vous semble conventions, les traditions sont trop ancrées en moi pour qu’elles perdent leur signification. Pardonnez moi pour ce ridicule humain.

Elle haussa les épaules et se concentra sur les pli du tissus qu’elle sentait sous sa main, un peu géné d’avoir confondu la divinité avec l’humain, d‘avoir cru un seul instant que la Dame allait se préocuper de son sort. Mais ne disait-on pas que l’immense entité marine avait pour habitude de prendre de multiples apparences. Quel cultivateur de Yon-Poe, après une bonne récolte, ne s’était il pas vanter d’avoir apperçu la dame le jour de la semaison? Elle eclipsa volontairement la question, ne sachant pas quel perspective adopter pour ne pas parraitre ridicule.

Les dires de la marchombres à propos de sa voie la mettait mal à l’aise. Elle aurait préféré qu’elle approuve, ou change de sujet. Lohan sentait bien les accents de vérité dans ce langage élevé. Pourtant, changer completement, boulverser radicalement le court assez reposant, ou du moins bien huiler de son existence lui semblait folie. Tout le monde serait de cet avis, si elle déclarait soudainement arreter tout ce qu’elle avait entrepris. On la traiterait d’enfant gâtée, de petite fille méprisable qui n’avait pas su saisir sa chance. Et que faire d’elle, ensuite? Les armes, le combat était le seul domaine ou elle avait entretenu l’illusion de la maitrise? Et pourtant, l’autre avait raison! La vérité giclait de ses lèvres. A quoi d’autre pouvait-on s’attendre de la part d’une femme qui vous dévoilait le vent sans rien demander en échange? Tous les beaux humains qu’elle aimait aurait beau aller dans son sens, la vérité se trouvait dans le chuintement des lèvres de la marchombre. Elle sentit sous la pression de la berceuse, sa gorge s’enfler du dilemme. Elle devait choisir, maintenant, réagir. Se positionner en victime éternellement, n’assumant rien. Ou bien vivre sous la dure responsabilité de la liberté. Elle se mordilla la lèvre inferieure , ses pieds se firent plus pressents, la mélodie s’empara du dilemme pour lui donner un ton tragique et ses mains l’une dans l’autre, se crispèrent sous la tension.

Et quand ses lèvres se mirent à trembler, un sanglot rauque sortit de sa gorge.

Elle baissa la tête dans un élan de pudeur, pour cacher sa faiblesse mais ne réussit pas à reprendre contenance. Les larmes roulèrent sur ses joues, déposant le sel. Bientôt il ne fut plus possible de cacher. La faiblesse se diffusa partout, plus vite que le froid. Peut-être était ce le prix à payer pour conquérir la définition de soit. Elle tenta d’accrocher quelques mots mais le résultat fut assez lamentable, elle réitéra pourtant le gargouillit et réussit à articuler une suite.


« Je peux pas…Choisir seule…Pourquoi m’avoir dis ça? Suis ridicule je sais mais…je..je »

Non elle ne pouvait pas ce mettre à pleurer ainsi, devant l’être divin. Sans raison. Ou si peu. La danse du vent l’avait boulversée. Completement. Et le choix qui s’offrait à elle lui semblait le plus important de sa vie.

Elle se calma cependant. Son visage, premier surpris par cet afflux d’émotions se relacha doucement. Il restait les larmes qui coulait encore un peu et la boule, bien présente. Mais elle pouvait parler sans trop de honte, sans avoir l’impression d’être une petite fille à laquelle on dévoile que le joyau Ilfasidel n’était qu’une légende. Responsable, le mot lui faisait peur, elle l’avait ignoré longtemps, il semblait plus accessible de se complaire dans la délégation, et d’être un simple soldat au service d’une armée. Elle était née sujet mais pas comme dans une phrase en temps qu’acteur principale, plutôt en pale figurante au service du décor. Elle avait maintenant à sa porté de changer sa condition de valet de la pièce, de petite esclave de l’humain. A quel prix cependant, à quel prix…le prix n’était pas compris dans le décompte de la liberté.


« Je fais quoi sinon ? Je fais quoi sans tuer. Un soldat tue forcement, et je suis bien partie pour devenir que’qchose dans ce genre. T’façon j’avais pas le choix, c’est tout c’que je sais faire. J‘ai été bête peut-être de cultiver ça, j‘aurai du changer, arreter quand il était temps . Je sais frapper, frapper précisément, quel don,Vous m‘direz, quel don! Mais là je suis coincée, j’ai pas de sortie. J’peux pas… »

Ses pieds avaient arreté de danser. Elle retourna ses main, posés sur ses genoux, la paume vers un ciel qu’elle imaginait , un plafond qu’elle ne voyait pas, désemparée. Avait tourné sa tête un peu trop lourde vers le souffle d’Anaïel. Les yeux en quète de murmures rassurants, d’un mot lâche, labile. « Tu as raison, tu n’as pas le choix ». Sachant en même temps qu’elle n’obtiendrait jamais un mensonge de la perfection.

« Je ne te demande pas de ne pas tuer »

Elle avait oublié ces paroles du refrain, mais la vérité ne dépendait pas de la demande de la marchombre. Anaïel avait raison, qu’y avait-il de plus cruel que de couper une vie en plein cours alors que cette vie pouvait sourire comme le soldat à la fleur?

Pourquoi cette reflexion, Lohan, ne t-est t’elle pas venu au moment du massacre de la bataille? Ou bien, la première fois que tu as brandis un couteau? Mille fois, mille fois, tu aurais pu penser, tu devais bien les savoir, au fond, les véritables conséquences de tuer. Les parôles ont juste ouvert la blessure infectéee. Quelqu’un t’a découvert, le monde n’est pas dupe, tu ne pourras pas demeurer éternellement cachée derrière les autres, Lohan Gayana.

Mais arrête, arrête de penser, tais-toi. Il fallait se taire et laisser la porte fermée, les doutes ne sont pas bons. Ils t’égarent longtemps, te font flotter sans forcemment t’aider à trouver une porte de sortie. Jusqu’à elle tu étais sure, Lohan. Ou du moins assez sure pour continuer malgré tout à suivre la route tracée par avance dans ta tête. Pourquoi faudrait-il bifurquer cette fois ? Louper les objectifs que tu t’étais fixé? Il est trop tard pour comprendre maintenant.

Elle attendit que sa respiration se soit apaisée completement, que la boule dans sa gorge ai un peu diminuer pour continuer sereinement.


« Vous avez raison, mille fois raison et mon passé grince à vous entendre. Je ne voulais pas… »

Elle se tu soudain, un bruit de pas venait de raisonner en bas de l’escalier. Un garde qui patrouillait, un élève en vadrouille, un primat qui veillait ? Brusquement toutes ses pensées se mobilisèrent vers le son étranger, considéré hostile. Lohan se plaqua contre le mur, le centre de l’escalier, les bras autour des genous. Son regard vide, encore mouillé, se tourna vers Anaïel .

« Y-a quelqu’un, en dessous » souffla-t-elle.

Anaïel devait avoir anticiper le bruit, sa remarque ne servait sans doute à rien. La marchombre, professeur, parfaitement en droit avec quelque mobile valable de se balader dans l’établissement ne devait pas craindre grand-chose.

[gros retard Rolling Eyes m'enfin j'espère que ça te plaira Smile]

Anaïel
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MessageSujet: Re: Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]   Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas.  [Terminé] Icon_minitimeLun 10 Oct 2011 - 12:08

Une oreille enregistrait le doux déplacement du pied, qui s’égarait comme un souffle heurté, recouvert de velours. Le pas de Lohan avait ce quelque chose de respiré, comme on inspire, comme on bloque, pour dévoiler l’architecture des autres sens. Et dans le lent ballet de ses orteils, elle percevait la respiration qui écoutait, plus qu’elle ne voyait l’émotion sur son visage presque figé.

D’une autre oreille, c’était le doux murmure du vent qui s’effilait jusqu’à son tympan, y déversant ses méandres mélodiques, encore très vifs après s’en être tant approchée. En fait, tous ces stimuli n’avaient pour but que d’apaiser son esprit, en ébullition lente par ailleurs. Quelque chose du réveil, alors que le sommeil alourdit encore les paupières, ou de la fatigue qui poisse, après un effort constant et très long. Se dévoiler était-ce toujours aussi dur ? La force des sentiments était-elle toujours telle qu’elle en fatiguait le corps plus qu’une course de plusieurs km ?

Sous le coup d’une impulsion, Anaïel ferma les yeux et prit appui sur la pointe de ses pieds, copiant les mouvements de Lohan, avec sans doute moins de grâce, celle-ci ne s’acquérant qu’à force d’une habitude qu’elle ne pouvait qu’à peine concevoir. La réponse de Lohan l’étonna, tout simplement parce qu’elle ne parvenait pas à comprendre en quoi elle l’avait impressionné en premier lieu. Mais elle hocha la tête, par automatisme, néanmoins intriguée, profondément. Percevoir les fruits du respect alors qu’elle ne les recherchait pas ne la comblait pas, lui donnait au contraire un sentiment de gêne, comme un travail accompli trop facilement : elle avait l’impression de tricher. Mais la question n’était pas là, et elle faisait confiance à la jeune femme pour avoir ses propres raisons.

Et soudain, ce fut le gouffre. La chute. L’abandon. Les affres s’ouvrirent sous ses doigts.

Lohan pleurait.

Anaïel n’avait pas anticipé la réaction de la jeune femme, n’avait aucunement mesuré la portée de ses paroles, mais dans les gargouillements violents de sa gorge qui tressautait, elle ressentit trop de violence pour ne pas se mettre à trembler à son tours. La plante de ses pieds claqua contre la pierre alors que son corps se guindait, et quand elle ouvrit les yeux se fut pour voir le visage de Lohan qui se tordait d’une tristesse infinie.

Un instant elle resta décontenancée par la physionomie anormale de l’aveugle, sans mettre le doigt sur ce qui était différent ? Mais en voyant les larmes, des larmes de crocodiles, aussi grosses que la pointe d’un doigt, elle comprit. Il y avait quelque chose de profondément troublant dans le fait de voir ces yeux aveugles, plissés et fermés, devenir un torrent de larme. Comme si les étoiles transparaissaient à travers les nuages, comme si elles s’y trouvaient initialement, au lieu d’être plus loin que le ciel. Et les traits de son visage de se tordre, de ne savoir comment bouger pour partager le trouble qui les animait, les larmes chutaient des cil comme les perles d’un fil invisible.

Et dans son cœur se réveilla soudain le reflexe le plus primaire qui soit, celui de protéger. Se protéger soi, protéger la meute, protéger sa vie, protéger son compagnon, sa progéniture. Sa main vint effleurer, sans aucune hésitation, la clavicule mouillée de Lohan. Le contact électrisa sa paume, lui renvoya en écho les douleurs contenues dans l’épiderme, projetant à travers ses doigts les éclairs des frissons, les désillusions poignant la peau.

Elle s’écarta ensuite, en sursautant, ouvrant grand les yeux face à ce qu’elle venait de se permettre. Les mots, hachés, percutèrent ses tympans, s’y gravant, comme la faute qu’elle pensait avoir commise, reflexe d’une vie d’ermite, où seule sa propre incompétence pouvait avoir des effets aussi néfastes. Mais Lohan n’était pas elle, Lohan ne faisait pas partie de son processus de survie. Cette vérité fit son chemin, lentement, jusqu’à ce qu’elle parvienne à saisir entièrement l’idée qu’elle n’était pas responsable des larmes de la jeune guerrière autrement qu’en une profonde remise en question. Elle se rapprocha doucement, sans pour autant aller jusqu’à effleurer la jeune femme, mais finit par lui saisir le bras à travers le tissu pour la faire assoir sur la marche en pierre derrière elle. Elle avait vu des mamans agir ainsi avec leurs enfants tristes ou en détresse.

Finalement les larmes se tarirent, alors qu’Anaïel gardait le silence pour ne pas la brusquer davantage. Elle avait conscience que ses mots avaient eut beaucoup d’importance pour Lohan, et en cela elle lui prouvait qu’elle était réceptive à ses idées mais surtout qu’elle avait déjà entreprit ce cheminement de pensée, mais qu’elle ne l’avait pas achevé, par une lâcheté toute humaine. Et dans ces larmes, Anaïel voyait l’âme brute de Lohan, une âme troublée par des non-dits, par des remises en questions constantes et par une faiblesse qui se muait en force muraille et tours de garde : la marchombre sentit poindre dans son esprit à elle, conséquence à ce qu’elle apprenait de Lohan, une tendresse teintée d’un respect immense. C’est aussi pourquoi elle garda le silence, soucieuse de ne pas la faire trop souffrir.

Enfin, elle put parler sans que les larmes ne noient sa voix. Derechef, Anaïel garda le silence sur ces questions rhétoriques, et se contenta de s’assoir à son côté, barrant de son dos le cours du souffle froid qui venait des toits. Lohan devait faire le reste du chemin seule.

Soudain, un raclement disgracieux vint chatouiller ses oreilles. En un instant elle fut debout, les sens à l’affut. Un garde montait les marches jusqu’à la tour. Cela ne posait en soit aucun soucis, elle était professeur et ne souffrait d’aucun couvre-feu. Mais elle ne voulait pas causer d’ennuis à Lohan. Lohan qui semblait elle aussi avoir perçu la présence de l’intrus. Le temps pressait pur ce qu’elle voulait dire, pour ce qu’elle voulait partager. Sa rencontre avec la jeune aveugle ne lui semblait pas achevée. Elle resta immobile, face à l’autre, gravant intensément son visage dans sa tête, notant chaque détail qu’elle pouvait y trouver. Durant quelques secondes, elle se sentit plus humaine que jamais. Mais le temps pressait. Dans un souffle elle fit volteface et lança d’une voix pressante par-dessus son épaule :


- Je vais éloigner le garde. Dans 10 minutes tu pourras descendre et te mettre en sureté.

Elle s’arrêta alors, le corps figé dans un élan pour descendre les marches de pierre. D’une voix devenue soudain très douce, elle chuchota presque, certaine que l’ouïe hyper développée de Lohan parviendrait à saisir ses mots :

- Merci pour ce que tu m’as apporté ce soir, Lohan. Ne t’y trompe pas, j’avais besoin de ça. Peut-être autant que toi. Tu m’as donné le courage de partager. Le courage d’espérer rencontrer des gens comme toi. Qu’importe si tu n’y arrive pas. Le chemin à parcourir est presque plus important que l’atteinte de la destination.

Et sur ces quelques mots, vibrant de tous les sentiments qu’elle avait voulu y ancrer, elle s’élança dans les escaliers pour détourner le garde de sa ronde de nuit. Un sourire vint fleurir sur ses lèvres.


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Ne reste pas cachée, à l'ombre de tes pas. [Terminé]
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