Cours d'équitation. [Terminé]

Claryse se lançait. Cela faisait un certain temps que l’Intendant lui rabâchait les oreilles pour qu’elle fasse son cours d’équitation. A vrai dire, depuis la reprise de l’Académie, elle entendait des demandes de cours en groupe alors elle se décida. Un matin, elle afficha les horaires et dates des cours qu’elle allait donner. Elle n’en revenait pas de faire ça. Elle qui avait toujours suivit allait enfin enseigner sa passion. Etre marchombre était sa Voie mais elle avait choisi de la superposer avec l’équitation. Elle ne savait pas du tout sur qui elle allait tomber mais elle tentait le coup. Elle était jeune, on lui pardonnerait si (elle frappait deux ou trois élèves) elle avait du mal au début. Elle ferait preuve de calme et de tact avec les autres, du moins elle essaierait.


Le jour J, un peu excitée, elle surveilla l’heure qui tournait pour ne pas avoir de retard sur son planning. Il était bien serré en effet : déjà qu’avant ça elle courait partout alors maintenant elle allait beaucoup galérer. Entre faire tous les boxes, panser les chevaux sans maître ou ceux avec un maître peu soigneux, les faire marcher, les sortir, les nourrir etc ce n’était pas de tout repos d’être Maître des Ecuries.  Surtout qu’elle n’avait qu’un assistant à mi-temps. Elle espéra donc ne pas avoir de contretemps. Un peu avant que les élèves n’arrivent, elle sortit les caisses de matériel nécessaires à cette journée. Le matériel de pansage essentiellement et des licols ou autres équipements.


Aujourd’hui, elle resterait dans les basiques pour que tout soit bien clair puis elle les emmènerait en promenade si elle avait le temps. Ou alors, elle irait leur apprendre les trois allures : pas, trot et galop. Enfin, chaque chose en son temps. Ne pas les presser. Rappeler les bases et leur faire comprendre les liens de respect et confiance qui doivent régner entre le cavalier et sa monture. Car le cheval n’est pas idiot, il ressent certaines choses très bien. Etre ouverte aux questions et aux remarques, même un peu bêtes.


-Alea jacta est, déclara-t-elle à sa jument qui lui lança un regard rempli d’intelligence.


Il fut enfin, l’heure, et elle attendit patiemment les premiers élèves en finissant de préparer le boxe d’une ponette alezane qui se trouvait dans le petit pré attenant à l’écurie. C’est-à-dire qu’elle retirait la paille sale, qu’elle mettait dans une grande brouette. Ensuite, elle devrait amener la brouette jusqu’au tas de fumier, la vider, la remplir avec de la paille fraîche et étaler cette dernière dans le boxe. C’était un travail un peu répétitif mais qui vidait bien la tête et apaisait son stress montant. Elle en était à vider sa brouette quand une première personne se présenta à la porte de ses chères écuries. Elle la salua d’un mouvement de tête et chargea en paille avec l’aide de sa fourche. Lorsqu’elle pénétra à nouveau dans la pièce, elle demanda à la personne qui attendait :


-Bonjour ! Tu permets quand attendant les autres je finisse ceci ?


Sans vraiment attendre une réponse, elle retourna vers le box et s’applique à mettre la paille en place.



[ Enfin, je le fais ce cours o/ N'ayant fait que très peu d'équitation, si vous avez des remarques/suggestions/corrections pendant tout ce rp, n'hésitez pas, envoyez moi un mp ! ]

Peut-être que si elle enlaçait le tronc, bien qu'il soit trop large pour que ses bras en fasse le tour, ça allait marcher. Ou alors, en s'allongeant sur une des branches les plus hautes... ou les plus basses, comment savoir? A moins de ne faire que s'assoir, dos au tronc. Peut-être en faisant le cochon pendu, puis en lâchant les mains. En mangeant les feuilles alors? Ou en goutant une branche. Mais pas sûr que ce soit bon. Désespérée, Lya tenta le tout pour le tout en prenant son élan et en courant vers le tronc façon Harry Potter à la gare. Un instant, elle cru que ça allait fonctionner, qu'elle allait enfin réussir, mais son espoir fut de courte durée, car la jeune femme se retrouva assise par terre avec un bosse sur le front.

Lya était avec son arbre. Enfin, son arbre... C'est très relatif. Disons plutôt qu'elle était assise face au grand frêne qui se trouvait juste à côté des serres. Et si tous ces exercices peuvent vous sembler vains et inutiles, sachez qu'ils sont d'une grande importance pour la jeune femme que vous voyez. Enfin, que vous voyez... c'est aussi considérablement relatif. Vous ne pouvez pas voir Lya, puisqu'elle n'existe même pas. Mais là n'est pas la question. Je disais donc que ces exercices, bien qu'un peu étranges, admettons-le, étaient d'une grande importance pour la Kaelem. Et là, normalement, vous devez me demander: "Pourquoi donc?". Sachez que la réponse et aussi simple que ces exercices sont tordus et bizarres. En effet, peu avant la reprise de l'académie, notre jeune marchombre a un jour fait une rencontre aussi étonnante que biscornue oui, j'admets que c'est un peu répétitif. Ce jour là, Lya était dans les serres, occupée à mettre un pied devant l'autre. On peut dire aussi qu'elle s'y baladait tranquillement, lorsqu'elle vit surgir du frêne, actuellement en cause de la bosse grandissante sur son crane, un drôle de petit être aux cheveux blanc et à grand chapeau. Et attention, lorsque je dis "surgir de l'arbre", ça ne veut pas dire que le p'tit bonhomme en est descendu ou quoi que se soit d'autre. Non, on aurait plutôt eu l'impression qu'il sortait du tronc du frêne. Littéralement.

Bref, de cette action s'ensuivit une conversation, mais celle-ci ne nous intéresse aucunement. De cette conversation s'ensuivit une obsession j'aime bien quand ça rime, et c'est plutôt sur cela que nous devons porter notre intérêt. En effet, et malheureusement pour vous, pauvre lecteur obligé de suivre toute cette narration, depuis ce jour, Lya veut à son tour entrer dans cette arbre. Flach Back, retour sur le personnage principal de cette histoire.

Donc, voila notre jeune Kaelem assise, devant son frêne, et si vous avez bien suivit tout le cours de l'histoire, vous devez comprendre pourquoi. Légèrement sonnée, Lya fini par se relever en se massant le front. Le contact de sa main fraîche sur la bosse brulante l'apaisa presque instantanément. La jeune femme décida qu'elle s'était fait assez de mal pour aujourd'hui, et comme de toutes façons, c'était l'heure du cours d'équitation, elle s'éloigna de SON frêne oui, c'est le sien, un point c'est tout, pour aller, lentement mais surement, aux écuries. Lya était presque certaine d'arriver en retard, aussi fut-elle étonnée lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était la deuxième à se rendre au cours. Coïncidence ou pas, le premier élève était Kirfdéin. Comme s'ils ne se voyaient déjà pas assez. La jeune femme lança d'une voix presque enthousiaste:

-Bonjour, moi c'est Lya.

Puis dans une tentative d'humour peu convaincante:

-Le cours est pas déjà fini?

Clarysse enfourchait la paille d’un geste expert, habituel et presque machinal puis elle faisait quelques pas, le tas en équilibre apparemment précaire et faisait tomber sa récolte à l’endroit désiré. Elle avait tant de fois réalisé ce geste qu’elle ne faisait même plus attention. Depuis qu’elle était devenue une marchombre, le tas n’était jamais tombé, l’équilibre ne s’était pas brisé. Dans ces moments si souvent répétés, elle pouvait penser à autre chose, réfléchir sur elle-même ou sur les autres. Elle ne s’attendait donc absolument pas à ce que l’élève en avance s’approche et lui propose son aide. Elle pensait qu’il allait rester dehors au soleil pour s’en griller une profiter du temps qui lui restait sans avoir à supporter une prof’. Eh bien non, elle l’entendit venir vers elle et demander quoi faire pour l’aider. Bien aimable à lui. Sauf qu’elle n’avait aucune idée d’un travail qu’elle pourrait lui demander de faire pour elle. En attendant une révélation elle dit :


-J’accepte ton aide avec grand plaisir. Je ne m’occupe pas d’un cheval qui t’appartient il me semble ?


Se redressant de sa tâche, elle observa quelques secondes le jeune homme. Remarqua sa taille élancée, sa tenue particulière, ses cernes creuses, ses cheveux blonds presque blancs et sa bague de couleur bleue. Elle en vint presque à le cataloguer dans élève-Aequor-sympathique-et-apprenti-marchombre mais c’était malpoli et ridicule de mettre une étiquette sur les gens donc elle ne fit que déduire ce qui pouvait être déduit. Ce qu’elle pouvait apprendre de lui en le voyant, en l’écoutant et en lui parlant. Elle ne l’avait jamais vu. Elle en était persuadée puisqu’elle arrivait plutôt bien à retenir les visages et, on pourrait dire, essences des gens puisqu’elle ne savait pas comment appeler ça autrement.


-En tous cas je ne t’avais encore jamais croisé ici… Si tu veux, tu peux remettre de l’eau dans l’abreuvoir. Il y a un puits dehors.


Heureuse d’avoir trouvé comment l’occuper utilement, elle se détourna à nouveau pour poser la dernière pelletée de paille. Une fois ceci terminé, elle saisit la brouette et se dirigea à l’extérieur sous la grange attenante pour y récupérer du fourrage pour la ponette qui attendait dehors. Elle ramenait le foin et le plaçait dans un coin quand un nouvelle élève arriva dans son dos. Elle termina et se redressa. Une jeune fille. Démarche assurée et cheveux de jais. Apprentie. La marchombre faillit pousser un soupir : Nan mais qu’est-ce qu’ils avaient à ce donner rendez-vous dans son cours ? Lya donc, il fallait donc qu’elle retienne les prénoms, elle pouvait les différencier sans les voir mais eux ne savait pas les auras différentes qu’ils dégageaient. Passons. Elle sourit aimablement à la Kaelem. Et répondit :


-Bonjour mademoiselle. Je te rassure, tu es en avance. Comme ce jeune homme.


Elle n’avait pas besoin de le désigner puisqu’ils n’étaient que trois. Elle attendit les autres en sortant les différents licols et en les pendant à des clous prévus à cet effet dans le mur en bois.

Li-bé-ré de l’emprise glaçante des cours de civilisation qu’il avait tentée, avec toute la bonne volonté dont il était capable, de suivre du début à la fin. Il avait du tenir une dizaine de minutes, guère davantage, avant de crayonner sur sa feuille, regardant par la fenêtre, sifflotant – Mais dans sa tête, c’est plus discret. Il sortit de la pièce en trompe, ne sachant que trop bien ce qui l’attendait ensuite : Les Ecuries. Le seul mot parvenait à lui glisser des sensations dans la mémoire. Fermant les yeux quand il fut certain qu’aucun obstacle ne lui barrait le passage, il accéléra sa course, ivre du vent sur son visage. Quand il ouvrit les yeux, le parc s’étendait devant lui. Il reprit une marche rapide pour atteindre sa destination sans danger, et soupira d’aise lorsque les écuries se dessinèrent devant lui. Il ralentit enfin la cadence, observa les alentours, jusqu’à atteindre les bâtiments. Il jeta un œil à l’intérieur : S’y trouvaient déjà quelques personnes. Il patienta un instant, et profita d’un petit silence pour faire son apparition, plein de délicatesse et de discrétion.

« Bien le bonjour, mesdemoiselles, messieurs ! Puis-je me joindre à vous ? Bien sûr, que je peux, c’est un cours ouvert à tous, ne soyons pas stupides … »

Il fit une pseudo-courbette suintante d’hypocrisie devant Clarysse, mais lui adressa un large sourire, avant de reprendre :

« Allez, c’est quoi vos p’tits noms ? »

Puis, devant leur mine plus ou moins interdites, il ajouta :

« Et bien quoi, il faut bien commencer par quelque part, non ? Âge, situation matrimoniale, nombre d’enfants, orientation professionnel … »

Et paf, filez-moi votre état-civil, mes petits ! En l’absence de réponse – A dire vrai, probablement n’avait-il pas attendu bien longtemps, ou, en tout cas, pas suffisamment pour laisser à ses interlocuteurs le loisir de répondre. Alors, haussant les épaules, comme déçu, il reprit :

« Bon, on peut commencer par autre chose : Combien de cheveux sur la périphérie du cuir chevelu ? … Je vous laisse compter, je reviens. »

Tournant les talons, il s’engagea dans le fond de l’écurie, à pas de plus en plus lents, jusqu’à s’arrêter devant une stalle occupée par un alezan de taille moyenne, au poil lisse, et à l’allure assez différente des chevaux de l’Académie : Plus élancé, port de tête haut, crins soignés, sabots limées avec soin, graissés, poil lustré. N’étant plus au haras, Gabriel n’avait d’autre choix que de prendre soin lui-même d’Ankaï, et contrairement à ce que toute sa famille avait imaginé – lui compris – il le faisait avec soin et application. Saisissant une corde sur un crocher, il la passa négligemment sur l’encolure de l’hongre, et le fit sortir de sa stalle, rejoignant le reste des élèves et le professeur.

« Alors ? »

Clarysse observa un instant Kirfdéin, puisqu’il s’appelait ainsi, tirer l’eau du puits et remplir l’auge. Il semblait plutôt musclé pour ramener autant d’eau à la fois. Elle-même devait faire plusieurs allées-retour pour que l’abreuvoir soit plein. Il n’eut besoin que d’en faire deux. Le fait d’être marchombre avait musclé un peu la petite brunette mais ce n’était pas exceptionnel. L’équitation quant à elle musclait ses fessiers et cuisses tandis que le travail de palefrenier occupait bien ses bras et son dos. Elle s’intéressa ensuite à Gwell qui était devenu son amie depuis qu’elle lui avait raconté son histoire. Celle-ci rentra dans l’écurie et s’occupa de son étalon Jingle. Elle le pansa, l’étrilla, le fit beau quoi. On sentait bien qu’entre eux deux, il y avait une bonne relation de confiance et d’amitié qui c’était installée. Ca changeait de tous ces jeunes qui prenaient les chevaux pour du bétail tout juste capable d’obéir.


Ce fut lorsque Lya revint avec un hongre en le tenant par le licol et qu’elle lui expliqua pourquoi elle n’avait pas pris sa jument, elle se souvint d’où elle avait déjà vu son visage. Evidemment. Elle était venue une première fois avec un jeune homme à l’allure mystérieuse mais aimable et une belle jument nommée Sheïna. Elle avait eu ce jour un nouveau pensionnaire à s’occuper. Ce n’était pas elle qui les avait accueilli mais son assistant. Elle devait être avec le maréchal ferrant sûrement. Le cheval que Lya avait choisi était des plus calmes, c’était donc un bon choix pour une débutante.


-Bartok sera parfait. Cependant, je te conseillerai de monter le plus souvent possible Sheïna ou elle va se sentir délaissée.


Elle se tut. La jeune fille semblait en avoir sur le cœur, ce n’était pas le moment d’insister. Elle la regarda harnacher le hongre au nom étrange. Elle n’était pas celui qui l’avait baptisé ainsi. On lui avait dit qu’il avait appartenu à un élève qui l’avait donné à l’Académie lorsqu’il avait fini son apprentissage. Elle trouvait ça étrange mais comme elle n’aimait pas poser des questions, elle avait laissé cette curiosité en suspens. La petite marchombre allait répondre à Gwëll et Lya quand un nouvel élève (?) entra dans les écuries. Il était différent. Extraverti, bavard et sûr de lui pourrait-on dire. Il leur posa pleins de questions enchaînées les unes autres sans attendre que l’un d’entre eux ne réponde. Il en était presque impertinent.


Elle n’avait pas encore entendu sa voix mais elle ne connaissait lui aussi. Il était déjà venu ici pour s’occuper d’un hongre nommé Ankaï. Ce cheval devait être issu d’une lignée de qualité. Il avait été dressé avec soin et adresse et on s’occupait très bien de lui contrairement à bon nombre de chevaux de propriétaires qu’elle devait soigner à leur place. Et puis, le jeune homme s’y connaissait très bien. Il n’avait pas appris sur le tas ou pendant un voyage comme certains élèves. Non, il y avait autre chose. Elle comprendrait peut-être en le voyant monter. Il revint de sa courte disparition avec l’hongre au bout d’une corde négligemment nouée.


-Je suis Claryse Vornang, Maître des Ecuries.


C’était amplement suffisant. Elle n’aimait pas parler pour ne rien dire et de toute façon cela ne le regardait pas. Elle continua sa tâche, s’occupant des stalles. Il y avait tant à faire avant de commencer le cours. Pendant un instant, elle eut un flash qu’elle aurait préféré pouvoir oublier. Son pari avec Kylian. Elle était dépitée mais en même temps c’était un défi qu’elle avait déjà commencé à relever. Pas question de laisser la Poney prendre de l’avance sur elle dans n’importe quel domaine. Rien qu’au souvenir de cette soirée mémorable, elle eut mal à la tête. Elle avait oublié certains passages de cette beuverie et parfois, au milieu d’une discussion ou de nulle part, ce qu’elle avait fait lui revenait. C’était déstabilisant. Elle inspira un bon coup pour se changer les idées. Elle revint à la conversation sans savoir si elle avait continué et parla au jeune homme qui s’était peut-être présenté.


-Bel hongre. De quel élevage vient-il ?


Elle reconnaîtrait le nom. Elle avait été élevée dans ce milieu assez fermé. Son père était lui aussi connu même s’il avait moins de moyens que les grands haras de l’Empire. Il était difficile pour un éleveur de se faire connaître. Il fallait que ses chevaux gagnent des courses et concours ou alors avoir des relations. Dumis Vornang avait beau être mort, il garderait toujours sa réputation. Elle espérait juste que son frère s’en sortait. Etait-il le digne héritier de son père ou dépensait-il de l’argent en vain ? Elle réalisa que c’était la première fois depuis longtemps qu’elle pensait à lui. Il faudrait qu’elle lui envoie une lettre et une à sa sœur qui attendait sûrement un enfant maintenant. Leurs destins s’étaient séparés et pourtant, elle ne devait pas laisser son ressentiment pour sa mère l’éloigner encore plus d’eux. Voyant que les élèves semblaient attendre quelque chose qui ne venait pas, elle se souvint de la question de Lya et déclara :


-Le cours va débuter immédiatement. Ceux qui ne se sont pas encore choisit de chevaux, je peux vous conseiller. Pour commencer, nous allons revoir les bases ensemble dans la carrière.


Elle alla chercher Poussière d'Etoile, ne lui passa qu'un simple licol et la conduisit jusqu'à la-dite carrière. Elle aimait pas trop faire de l'équitation en lieu clos comme celui -ci mais il avait le grand avantage d'éviter qu'un animal paniqué ne s'enfuit ou que les élèves débutants ne se blessent. Le lieux était propre, bien entretenu. M'enfin, c'était relatif hein, on engageait pas des domestiques pour balayer ou filtrer le sable pour y retirer les imperfections. C'était les moyens du bord quoi. Le palefrenier nettoyait régulièrement le gros des saletés et aplanissait la surface. Elle demanda, tout en caressant le chanfrein de sa jument:


-Trois questions de base avant que vous ne vous mettiez en selle: Tout le monde sait de quel côté un cheval doit-être monté et pourquoi? Et comment caractériseriez vous la relation monture à cavalier?

Clarysse posa sa main sur l’épaule de sa jument et joua pensivement avec ses crins pendant que celle-ci cherchait un brin d’herbe avec envie dans le sable. Puis, elle reçut sa première réponse en temps qu’enseignante, elle avait posé ses questions et quelqu’un lui répondait. C’était assez sympa comme sentiment. Elle sourit pour encourager Gwëll à continuer sur sa lancée. Elle aimait bien cette jeune fille un peu maladroite et tête en l’air. Même si elle avait été la cause d’un incendie dans ses écuries. La marchombre écouta attentivement la réponse à ses questions.


-Tu as raison, on monte communément un cheval à gauche. Mais tu as inversé, les guerriers portent leurs armes à gauche et on met le pied gauche en premier. De cette façon, l’épée, bien que protégée par un fourreau, reste presque immobile et, comme le dit bien Gwell, on n’a pas besoin de la détacher. C’est devenu une habitude et les chevaux sont dressés pour être monté à gauche. Pourtant, il est fortement conseillé d’apprendre à son cheval qu’il peut être monté par les deux côtés. Vous comprenez pourquoi, n'est ce pas ?


La jeune femme avait dressé sa jument dans ce sens, pas la peine de les mettre toutes les deux inutilement en danger juste pour une histoire de coutumes. On en avait déjà pas mal comme ça. C’était quand même assez marrant que des guerriers aient réussi à dicter une telle habitude. Et il y en avait d’autres, comme par exemple, dans une rue, faire marcher son cheval à gauche de la voie pour éviter que les épées ne se coincent. Si on ne le faisait pas, on était dévisagé et considéré comme le plouc de service qui débarque de sa campagne rurale. Les gens étaient durs avec les étrangers à leurs petites habitudes. Elle aimait bien l’idée de la Aequor. C’était beau et innocent peut-être un peu naif vu de l’extérieur. Elle-même aurait pu dire ça. En réalité, tout n’était pas qu’une question d’amitié. La relation du cavalier avec son destrier était un peu plus compliquée que ça et elle espérait qu'un autre élève puisse leur expliquer. Elle n'avait pas très envie de passer l'heure à leur parler comme si elle était un prof' magistral.


Soudainement, Poussière d’Etoile dressa les oreilles et Claryse entendit un bruit. Différents de ceux qu’elle entendait depuis le début du cours. Elle tenta d’en chercher l’origine des yeux mais assez discrètement, ses élèves ne devaient pas la prendre pour une paranoïaque à la recherche de ce qui était peut-être un simple oiseau. Elle avait du mal à croire que cela pouvait être un volatile mais bon. Puis, la brunette aux cheveux longs qui avait Bartok tenta de répondre à la question, de compléter la réponse de Gwëll mais sa phrase fut interrompue par un cri de douleur ou de surprise. Un gravillon venait de la frapper. D’autres frappèrent les élèves. L'un d'entre eux la toucha, elle l'avait pourtant presque évité puisqu'il ne toucha que son bras. Quel était le crétin qui balançait des cailloux sur ses élèves et ses chevaux?? Il n’y avait rien de tel pour les énerver. Elle sentit sursauter sa jument, touchée elle aussi. Clarysse leva les yeux au son du rire et le vit. Il ne pourrait plus lui échapper maintenant. Il se croyait à l’abri à glousser bêtement mais elle n’était pas n’importe qui. S’il pouvait les voir, elle pouvait le voir. Elle esquissa un pâle sourire.


Elle déchanta vite, l’idiot avait créé un éboulement. Claryse, grimpa en vitesse sur Poussière d’étoile et manoeuvra de telle sorte qu’elle obligea les autres chevaux apeurés à faire volte-face et à se réfugier sur les côtés. L’instinct, est souvent bon mais des fois il fallait lui filer un coup de pouce. Le nuage de poussière l’atteignit en lui piquant les yeux. Mais elle les garda ouverts avec difficulté, le temps de s’assurer que les élèves s’étaient bien réfugiés à l’abri du flot. Une pierre l’avait heurtée à l’épaule et elle ne serait sûrement pas la seule à être superficiellement blessée. Elle descendit rapidement de cheval, calma par quelques mots murmurés sa jument et tenta de distinguer les jeunes dans le brouillard dense qui les entourait.


-Tout le monde va bien ?


Claryse irait plus tard trouver le crétin responsable du désastre, elle savait maintenant que c’était le genre de gars qui reste regarder de plus loin la scène. Il paierait, qu’il soit élève ou même un adulte responsable. Personne ne s’en prenait impunément à ses chevaux et à ses élèves lors de son premier cours ! La jeune maître marchombre s’attela à récupérer chacun de ses élèves, à vérifier leurs états respectifs et calmer un par uns les chevaux angoissés. Elle espérait que tout le monde allait bien.

Darwin venait d'épargner l'espèce humaine. Et l'espèce de petite fille dépourvue de tout instinct, qui trônait, comme une rockstar sur la scène ne semblait avoir été atteinte par rien. Il chercha, scrutant le nuage de poussière s'il avait au moins fait des victimes, parmis les monture. Mais là encore; ô rage ô désespoir, ô RP ennemi... ! Nuls. A vous dégouter de lancer des attentats sur de pauvres âmes innocentes!
Surtout qu'à en croire les lois du karma, toutes les mauvaises actions qu'on pouvait faire nous retomberaient dessus un jour ou l'autre. Il espéra que ce ne serait pas pour cette incarnation-ci.
Embusqué derrière son triomphal buisson, il gardait un silence quasi supersticieux. Puis lui vint un soupçon, en entendant un petit bruit sec, pas loin de lui.
... Combien étaient-ils, en bas? Il y avait la miraculée, le bavard, l'autre, le professeur réactif...
Et la réponse lui apparut, en la personne d'une main qui atteingnait le sommet de la falaise.autre pierre, qui se détachait de la paroi suite à l'ascension de Lya.
GASP. Il avait oublié que les foutus-marchombres pouvaient aussi apprendre à monter, et que morbleu, ça allait vite, ces petites choses! A se demander, d'ailleurs, pourquoi ils voulaient apprendre l'art de grimper sur un dada quand ils pouvaient se montrer plus rapides que lui?

Heureusement pour lui, il était dessinateur. Et, certes foncièrement mauvais... mais pas trop en dessin. Il parvenait à faire des petits pas sur le côté, à condition de chahuter dans les Spires comme un groupe métaleux dans une salle de 10 000 personnes.
Seulement en cas de stress. Et pas à plus de 50 mètres, mais cela pouvait être suffisant.
Il visualisa l'autre côté de la carrière, et se concentra.
... crut rater.
Mais la papatte de Lya apparut, et c'eut sur lui l'effet d'une douche froide et glacée...
Ou bien, ça, c'était l'éternuement de Gwëll, dans les bras de laquelle il venait de littéralement apparaitre.
Suivant un réflexe parfaitement normal de type dans la merde, il s'accrocha à son cou, tel une parodie de mariée...

-Que...?

Il écarquilla des yeux, papillonna des cils. Bon. Peut-être échappait-il à la colère de celle qui avait voulu monter lui écrabouiller le nez... mais il n'était pas sûr que ça puisse le sauver.

- Et bé, t'as d'beaux zyeux! Mon sort est entre vos mains, belle demoiselle... je crois?

[... Allez-y, faites vous plaisir! ]

Le bazar. C’était le bazar. Carrément. Des pierres partout, de la poussière, des gémissements, des plaintes. Le bazar.
Et puis, pouf. Un autre éternuement.

Silence. Les yeux fermés, on n’entend plus rien. Du tout.
Silence radio. Puis une paupière. L’autre. Vacarme. Et... Boum. Paf, un poids dans les bras. Et pis, pas léger le poids. Un poids ? Un... homme. Grand. Enfin, pas trop petit quoi. Et puis, brun. Enfin, pas blond quoi. Ni roux. Donc... un homme. Tombé du ciel. It’s raining men. Étrange.
Et puis, aucune corde, rien, il avait plu. Comme ça, plouf. Y avait personne, puis il y avait quelqu’un. Dingue.

Mais, c’était qu’il était lourd, le type. Et pis, il s’accrochait, comme un coquillage à son rocher. Mais elle était pas un rocher, bon dieu ! Et lui, il était loin d'être un coquillage. Très loin ! Ou alors, une palourde lourde [désolée, j’ai pas pu me retenir].

Et puis, voilà qu’il parlait, le coquillage. Parler. Un bien grand mot, peut être, quand même. Parce que ‘que’... c’était un mot. Oui, un mot, mais c’était peut être aller un peu loin de dire qu’il parlait. Oui, un peu poussé.
Ah, bah non, il parlait. Bizarre comme type.

Entre mes mains ? Votre sort ?

Elle ne comprenait pas. Rien du tout. Un sort ? Et puis, en être ses mains ? Entre ses mains, oui, il y avait quelque chose, entre ses mains. Mais pas un sort. Non, pas un sort. À moins que...

Vous êtes un sort ? Enfin, je veux dire, un sorcier...? C’est bien ça ?

Oui, c’était logique. Si son sort était entre ses mains, et que lui même était entre ses mains, c’était qu’il était son propre sort. Logique non ? Ou pas, en effet. Un peu compliqué même.
Et puis là. Lya. Volonté, dynamisme, décidée. Un pas rapide, souple, et... La mâchoire serrée. Aie ?

Il y a un problème Lya ? Quelque chose ne va pas ? Tu as l’air... contrariée ?

Ah, oui, ça, Lya, elle avait l’air contrariée. Le visage fermé et les yeux qui lançaient des éclairs. Et le poing serré. Serré dans la tête du sorcier. Aie.

Mais, Lya !... Qu’est ce qui t’arrive... Pourquoi...

Les fesses dans la poussière. Pouf, elle était tombée, comme ça, en arrière. Le coup l’avait déstabilisée. Dans les deux sens du terme.
Les larmes lui montaient aux yeux maintenant. Elle n’avait jamais comprit la violence. Et ça lui faisait toujours le même effet.
Les mains devant la bouche, choquée, les larmes aux yeux. Elle ne comprenait pas. Non, elle ne comprenait pas. Et elle ne voulait pas. Jamais. Comprendre, c’était cautionner. Et ça, jamais. Non, jamais. Elle ne voulait pas, non, elle refusait.

Lya... pourquoi tu as fait ça ? Il a rien fait, c’est un sorcier...

Elle pleurait complètement maintenant. Et les larmes brouillaient tellement son regard... mais c’était mieux. Elle ne voulait pas voir. Jamais. Non, ce serait cautionner.
Et puis, elle tremblait. Traumatisée, ramassée sur elle même. Sanglots et yeux rouges. Rouges comme la lame. Gwëll s’étrangla. Rouge comme... Non, elle ne voulait pas l’admettre. Jamais. Admettre, c’était déjà cautionner.

...Lya. Ne me dis pas...? Non ? Quand même pas... Lya ? Dis moi... promets moi ?...

Mais elle ne promettrait pas. Ses yeux n’y arrivaient pas.
Les yeux de la petite blonde hurlaient. Ils vomissaient sa terreur, un torrent de larmes.
Elle ne cautionnait pas la violence, non, jamais. Mais, y penser, n’était ce pas déjà la cautionner ?

[edit si besoin ]

Tout le monde se fichait de répondre à sa question, trop occupé à paniquer, rester hébété ou à chercher du regard le responsable du carnage. Clarysse dut donc faire le tour de la carrière elle-même pour vérifier que chacun allait bien. Pas mal de blessures superficielles, d’élèves un peu sonnés et de la poussière plein les yeux mais rien de très grave. Heureusement. Elle compta ses élèves. Il en manquait un, enfin, une : Lya. La marchombre eut un moment de panique, elle se demanda si l’élève pouvait se trouver sous les décombres de la pseudo-avalanche. Elle regarda autour d’elle, en quête d’un élément de réponse, comme si la poussière ambiante pouvait lui indiquer où se trouvait la jeune fille. C’est alors qu’elle vit son cheval, sans cavalière arrêté près de la paroi, vers l’endroit où s’était réfugié le responsable.


-Et merde, chuchota-t-elle alors qu’elle levait ses yeux larmoyants vers le haut de la carrière.


Lya avait beau être une marchombre, elle ne savait pas à qui elle avait affaire. L’homme qui avait fait ça pouvait être n’importe qui : de l’élève inoffensif au guerrier plein de testostérone. Elle risquait de se faire tuer à jouer les vengeresses au lieu de laisser des gens plus compétents s’en charger. Clarysse n’avait pas envie de voir une de ses élèves se faire tuer inutilement. Elle en avait bien assez vu pendant la reprise. Elle soupira, et se dirigea vers la paroi pour aller chercher la jeune femme et la ramener à la raison. Si elle allait vite, elle pourrait peut-être l’empêcher de commettre l’irréparable ou de mourir. Mais elle hésita un instant, un instant qui pourrait coûter une vie. Elle se demandait si Gwëll allait bien parce qu’elle restait là, immobile, en état de choc. Puis, un garçon apparut dans ses bras, comme par magie. Un dessin. On appelait ça un Pas-sur-le-côté. C’était donc un dessinateur. Et un lâche.


Il fallait absolument qu’elle arrête de tout rationnaliser dans les situations inattendues. Et pourtant, elle ne pouvait s’en empêcher. Elle vit Lya descendre un peu trop vite la pente qu’elle venait juste de grimper et se précipiter sur Gwëll et le garçon. Sa colère la poussa à balancer un coup de poing à ce dernier ce qui fit tomber la Dessinatrice par terre. Puis elle le maintint au sol et le menaça avec son poignard en proférant des menaces. Clarysse grimaça, tout ce déballage de violence n’était pas nécessaire voir même parfaitement inutile. Elle n’aimait pas ça. Elle ne trouvait pas ça bien se sauter sur les gens pour leur faire du mal, au risque de blesser une de ses amis. C’était parfaitement nul et même un peu lâche. Vouloir tout résoudre par la violence n’aidait pas sa cause. C’était contreproductif. C’était facile de vouloir taper celui qui venait de vous gifler. Ce qui était bien plus difficile et bien plus effrayant, c’était de trouver une autre alternative, c’était de faire à chaque instant cet effort. C’est le boulot du marchombre. C’est aussi celui du rêveur dans un sens.


Elle laissa Lya crier, elle avait vu dans ses yeux qu’elle ne le tuerait pas. Quelque chose l’en empêchait. L’en empêcherait. Elle avait connu cela. Elle connaissait encore ce sentiment qu’elle lut chez la jeune marchombre quand elle s’écarta soudainement de l’inconnu. Cette peur. Il était normal de ressentir cela. C’était humain. La colère et la peur l’étaient. Elle laissa Gwëll se mettre à pleurer. Elle laissa une de ses élèves paniquer. Elle laissa le sang couler sur le sable. Comme celui d’un gladiateur dans l’arène. Elle regarda le sable absorber le liquide. Elle regarda la jeune femme prostrée, regarda celle debout. Elle réfléchit. Elle ne voulait pas laisser la colère l’emporter. Elle en voulait au garçon mais il n’en valait pas la peine. Elle ne voulait pas montrer le mauvais exemple. Elle ne voulait pas se dévoiler devant ses élèves. Elle ne savait pas quoi faire.


Puis elle bougea : elle s’approcha de Lya et la regarda dans les yeux en lui prenant calmement le couteau des mains. Elle le posa un peu plus loin dans le sable. Clarysse se dirigea ensuite vers l’inconnu qui était resté stupéfait par terre tout proche de Gwëll. Tout en le surveillant d’un œil, elle prit la main de la Dessinatrice pour l’apaiser. Elle était en état de choc. Elle ne voyait que ce qu’elle voulait et il était de son devoir de tenter de l’aider. Essayer. Trouver les bons mots, encore et encore. La jeune fille la connaissait, elle avait confiance en elle et elle l’écouterait. Il fallait absolument qu’elle la calme avant de s’occuper du cas du perturbateur.


-Tout va bien Gwëll, déclara-t-elle posément, il va bien. Regarde-moi. Voilà, c’est bien. Lya s’est emportée parce que c’est ce garçon qui a provoqué l’éboulement. Tout va bien maintenant.


Voyant que la jeune fille revenait à elle et que ses yeux s’étaient ancrés dans les siens. Abimes de terreur, de peur et de surprise mêlés. Elle n’allait pas bien. Elle paniquait face à la violence et c’était bien normal, on n’était pas tous armés de la même façon contre cela. Clarysse savait ce qui marchait avec elle et elle le fit. Par son regard elle lui envoya une onde de paix et de réconfort comme elle l’avait déjà fait il y avait peu de temps auparavant. Puis elle continua avec le même ton de voix.


- Ce cours est sous ma responsabilité et je ne permettrai pas qu’on lui fasse du mal. Ni qu’il en fasse. D’accord ?


Elle regarda les élèves à la ronde, s’attardant sur une Lya choquée. Elle lui déclara, la regardant dans les yeux elle aussi. Elle aimait tant faire passer les choses par le regard, c’était tellement plus simple.


-Lya, il faudra qu’on discute. Parce que ce que tu viens de faire était parfaitement idiot et dangereux. Je ne te sanctionnerai pas pour cette violence inutile parce que n’importe qui aurait pu réagir comme ça. Mais tu n’es pas... Il y a d’autres moyens de régler ses comptes. On en reparlera plus tard.


Clarysse se tourna ensuite vers le fautif, se retint de le tirer par l’oreille comme on le faisait avec les enfants récalcitrants. Il lui inspirait la même chose que ce gamin de Kylian. Encore qu’elle ressentait une certaine forme de respect pour le guerrier et qu’elle n’en aurait jamais pour un crétin pareil.


-Toi, tu te crois malin ? Tu trouves ça drôle de lancer des pierres sur les gens ? Tu aurais pu tuer quelqu’un. T’es complètement irresponsable ou quoi ? Elle marqua une pause. ‘Fin, on a bien rit. C’était très drôle. Maintenant, t’assumes tes actes.


Elle regarda le désastre, le tas de sable et de pierres qui envahissait la carrière, il y aurait beaucoup de boulot pour tout nettoyer et il faudrait du temps avant que l’on puisse de nouveau avoir cours ici ou s’occuper des chevaux. Il lui faudrait de la main d’œuvre pour tout déblayer. En voilà une bonne idée.


-Je crois que je ne vais pas retirer des points à ta Maison, parce que j’ai l’impression que tu t’en contreficherais. De plus je ne vais pas punir tout un groupe pour les idioties d’un seul. Au lieu de cela, tu vas me ranger le bazar que tu as mis ici.


Elle le regarda dans les yeux lui aussi. Elle lui faisait un message : elle n’espérait ne pas avoir besoin de recourir à des menaces. Elle n’avait pas envie de rameuter trop de monde sur les lieux mais elle le ferai s’il le fallait. S’il s’enfuyait par un Dessin, elle le reviendrait le chercher avec un Dessinateur talentueux pour qu’il ne s’enfuit plus. S’il recourait à la violence, elle avait les capacités de le calmer. Il lui sembla qu’ils s’affrontèrent longuement du regard.


[ Edition possible. Of course. ]

Elle était adorable, cette demoiselle, avec son air de ne pas comprendre. Et costaude, avec ça!
Il allait lui répondre que oui, il s'appelait Ouble Fêtetr, grand sorcier tout droit arrivé de l'Autre monde, et qu'elle, elle devait le sauver.

Mais l'autre, la marchombre qui l'avait délogé du haut des falaises revint à la charge, avant qu'il ait eu le temps de dire « ouf » ! Et à cet instant, lui qui n'avait jamais rien compris à la philosophie marchombre, mettait de plus en plus en doute le concept d'Harmonie qui leur était lié.
Le poing de Lya s’abattit sur sa joue, et lui sur le plancher des vaches. Elle cognait infiniment plus fort qu'il aurait pu le faire- et maintenant, elle était sur lui, et armée, et ...

Il pensa à Gwëll, complètement terrorisé, persuadé qu'il allait mourir là, entre les cailloux et les crottins, et que ce serait triste, mais que personne ne le pleurerait.
Tout à sa trouille, en sentant le poignard sur sa gorge, il eut pourtant l'impression d'entendre quelque part quelqu'un qui sanglotait. Et il allait mourir en se faisant traiter de poussière.

Quelque chose dans le regard de son agresseur terrible muta tout à coup, et elle se releva, sans l'achever, comme face à un fantôme.
Il passa la main sur sa gorge, encore affolé à l'idée que son sang puisse se répandre, il n'avait jamais vécu la moindre bataille, et l'idée de mourir et d'être mortelle... Disons qu'il ne l'avait jamais réellement réalisée, avant cet instant.

La professeur d'équitation reprenait les choses en main, il sentait émaner d'elle quelque chose de profondément responsable et apaisant; même si ses yeux, lorsqu'ils se posaient sur lui n'exprimaient que la froideur. Il déglutit. Il sentait venir un sale quart d'heure d'un tout autre genre. Il ne parvenait pas à la regarder quand elle s'adressait directement à lui. Elle avait raison, bien sûr, il était irresponsable, et il avait fait ça pour rire.
Il était prêt à se repentir sincèrement, si ça pouvait apaiser à jamais les colères de Lya. D'ailleurs, il préparait mentalement l'ordre des mots pour s'excuser bien platement à tout le monde, la bouche en coeur, et tout et tout...

Clarysse, cependant, ne voyait pas les choses sous cet angle. Elle voulait qu'il fasse... le ménage! Lui ? Mais il était blessé ! Elle était aussi inconsidérée que ses élèves ou... ? Un simple regard le dissuada de tenter d'argumenter sur ce point, elle n'avait plus l'air apaisante du tout, en cette seconde.
Il avala sa salive, sans plus oser regarder dans la direction de la petite demoiselle dans les bras de laquelle il était tombé.

-... Oui, je... Tout de suite, rajouta-t-il précipitament, en voyant la main de Lya bouger légèrement.

Il se releva aussi vite que possible, les genoux encore tremblants, et observant d'en bas l'étendue du désastre éprouva l'envie d'être effectivement un grand sorcier, capable de tout arranger en un claquement de doigt.

Il s'approcha du premier caillou portable, avec l'impression que tous les yeux accusateurs du monde étaient posés sur lui, et le souleva, en se redirigeant vers les hauteurs de la carrière. Vu ses tremblements, et sa ridicule musculature, il risquait d'en avoir pour une bonne semaine, à condition d'y travailler tous les jours. Et il ne doutait pas que Clarysse y veillerait personnellement.
Et puisqu'on ne lui donnait pas l'occasion de s'excuser, et que ça n'avait pas d'importance, il irait poser les cailloux... si Gwëll montait voir, quand tout serait fini, elle y verrait un grand sourire de pierre, et peut-être un tas d'autre choses, au grès de ses fantaisies.
Clarysse, sans se démonter, continuait dans son dos à reprendre choses et chevaux en main, bien décidée à ce que son cours ait lieu en bonne et due forme.



[Je suis disponible par MP si besoin d'édition ou si quelqu'un a une idée à me transmettre pour la suite Sinon... merci d'avoir joué le jeu ]

Rouge. Tout était rouge.
Ni carmin, ni écarlate, ni pourpre, ni brique, ni grenat, ni vermillon, ni vermeil, ni incarnat, ni rubicond, ni bordeaux. Non, rouge.
Rouge sang.
Du sang qui avait coulé. Cette goutte qui avait été répandue sur la blancheur immaculée du sable. Cette petite goutte qui avait souillé tout un monde de couleur, uniformisé les teintes, peint l’université en un camaïeu rouge.

Rouge, tout était rouge.
Rouge d’un sang couleur d’injustice. D’un sang innocent.
Mais l’innocence était partout au même titre que la violence. Est il condamnable, celui qui frappe innocemment ? Peut on le juger, nous qui ne sommes pas blancs, éclaboussés par toute cette violence déchainée ? Non, on ne peut juger, personne n’est parfaitement blanc, mais l’innocence ne reste ce qu’elle semble pas assez longtemps pour être connue des Hommes. N’est innocent que celui qui n’est pas.
Même les innocents sont coupables.

Rouge, tout était rouge.
Seulement, en cette trame unie aux couleurs d’une vie souillée, subsistait un pâle espoir. Une étrange teinte qui dénotait. Dénotait, certes, mais pourtant, qui attirait à elle tout. Tout, exactement tout. Cette petite tache chromatique parvenait, à elle seule à épancher l’horreur rouge du monde.
Et cette petite lueur, cet aura éclatant de douceur et d’apaisement, lac aux eaux calmes et claires, filtrait paisiblement des yeux sereins de Claryse.

Bleu. Décadence parmi la décadence.
Doucement. Calmement.
Le bleu s’étendait. Gagnait du terrain.
Claryse s’approcha. Se baissa.
Sa main vint vers Gwëll. Messagère de la patience et de la sérénité.
Puis ses lèvres parlèrent. Mais Gwëll avait déjà oublié. Les mots ne restaient jamais assez longtemps en l’air pour qu’elle ne les attrape. Alors elle les laissait glisser. C’était doux et frais. Comme de l’eau claire. Apaisant. Elle les laissait glisser sur elle, passer les uns après les autres, laver terreur et panique.
Gwëll avait oublié, le langage des mots. Bien avant même de le connaître. Mais jamais elle ne pourrait mécomprendre celui du regard.

Paix et délicatesse. C’était une plume qui lui parvenait. Et qui se posait, en voletant, dans son esprit.
Et déjà, le rouge s’estompait. Se taisait. C’était comme une peinture qu’on lavait. L’eau retirait le faux, démêlait la vérité, effaçait la confusion.
Et enfin, le monde revenait.

Le sorcier ne bougeait plus. Prostré, sur le sol. Il semblait désespéré. Comme... si il regrettait. Mais il n’avait rien à regretter, il n’avait rien fait. Puis il se leva. D’un seul bloc. Comme pressé. Et compressé aussi. Immédiatement, il courba l’échine. Le regard des autres élèves pesait sur ses épaules.
Il se saisit d’une pierre, comme un condamné se serait saisi de ses chaines et commença à la soulever.

Gwëll détourna le regard. Il semblait souffrir. C’était trop insupportable pour être regardé.
À cet instant, Lya s’approcha. Un air contrit sur le visage. Instinctivement, le jeune dessinatrice eut un mouvement de recul. Instinct de la proie. Elle savait que c’était ridicule, mais elle n’avait pu s’empêcher. Elle avait eu si peur, il fallait dire. Voir ce sang... Même une fois la tempête passée, elle continuait à se méfier. C’était normal, après tout, mais tout de même, pas très gentil.
Lya s’agenouilla. Proche. Très proche. Elle n’avait plus sa lame, certes, mais elle... elle restait potentiellement dangereuse. Non, c’était vraiment ridicule. La petite Aequor s’en voulait de penser ainsi, mais elle n’arrivait pas à faire autrement. Lya avait beau être son amie, en l’instant présent, elle ne lui inspirait que de la crainte.

Puis elle se pencha et la prit dans ses bras.
À la réflexion, le contact n’était pas désagréable, mais ça n’empêcha pas la jeune fille de frissonner. Ni de tomber. Sous le poids de sa camarade, elle ne pu se retenir et partit en arrière. Couchée dans la poussière, plaquée au sol par le poids d’une amitié et d’une confiance retrouvées. Nettement plus heureuse.
Quand Lya rit, Gwëll la suivit de bon cœur, et quand elle se releva, elle accepta joyeusement la main tendue.

Elle souriait. Enfin.
Le sourire revenait toujours vite sur le visage de Gwëll, c’était dans sa nature, en quelque sorte, c’était un élastique. Plus on le tirait loin d’elle, plus il revenait fort. Sauf qu’il ne faisait pas mal -à part aux zygomatiques, bien sûr... .

Elle épousseta ses vêtements sans parvenir cependant à enlever la moindre poussière -il fallait aussi dire qu’elle n’époussetait pas au bon endroit, mais on lui en veut pas, elle est gentille, Gwëll. Lya était déjà repartie plus loin, sortie de son champ de vision.
La jeune Aequor se retourna alors vers son petit cheval qui la regardait d’un air inquiet. Lui aussi était habitué à ne voir que le sourire peint sur le visage de sa maitresse et la voir ainsi, prostrée sur le sol avait dû l’inquiéter.
Alors elle se rapprocha et lui flatta l’encolure. Il avait -heureusement- pu profiter de la chance de sa propriétaire et avait échappé aux éboulis dévastateurs.

Gwëll se hissa donc en douceur sur son dos et le dirigea vers le centre de la carrière.

- On... Le cours aura lieu quand même ? Ou... sinon, on peut quand même... sortir les chevaux entre nous ?

Oui, parce que là, avec tout ces cailloux et juste le sorcier pour tout nettoyer, la carrière risquait pas d'être disponible avant un certain temps...

[J'édite si besoin (moi aussi, j'veux savoir qui est le sorcier !) ]



[Edit Personne: Ce n'est pas important. Peut-être dans un prochain RP ouvert à tous? ]

Le fautif s’exécuta, mais il sembla qu’il y allait à regrets, comme s’il aurait voulu dire quelque chose de plus. Elle ne s’en occupa guère, préférant s’occuper d’observer la scène de réconciliation entre les deux jeunes femmes tout en guidant les chevaux et les élèves. Il valait mieux qu’elles puissent compter l’une sur l’autre. Lya semblait en avoir gros sur le cœur. Elles se tombèrent dessus dans une grande accolade puis, en se relevant, éclatèrent de rire. Un rire franc et apaisé. C’était impressionnant à quel point Gwëll pouvait être inconstante : elle passait des larmes au rire en seulement quelques minutes. Comme si elle avait effacé tout ce qui venait de se passer d’un grand coup d’éponge. C’était un comportement étrange. Elle ne faisait aucunement preuve de rancune à l’égard des actions de son amie. Et elle semblait ne plus prêter aucune attention au jeune homme pour qui elle paniquait un instant plus tôt. Clarysse se reconcentrait sur sa tâche lorsque lya s’approcha d’elle et s’excusa un peu penaude. Cette dernière lui répondit après une seconde de réflexion.


-Ce n’est pas grave Lya, mais tu devrais à l’avenir apprendre à ne pas te laisser aller à la colère trop promptement. Il n’en ressortira rien de bon… Et sache que si tu veux un jour parler de ce qui t’as empêcher d’aller plus loin, je serai une oreille attentive…


Elle lui tendait une perche. A elle maintenant de la saisir ou pas. Elle n’était pas obligée de lui répondre de suite, il n’y avait aucune urgence. Lorsque le temps aurait fait son office, elles pourraient s’assoir autour d’un thé et en discuter. Il n’y avait aucune urgence. C’est pourquoi la marchombre finit par cesser de regarder Lya dans les yeux et se relança dans la récupération des élèves et chevaux éparpillés et effrayés. Elle s’attela à calmer chacun d’entre eux, elle ne voulait pas qu’il y ait de nouveaux accidents dramatiques parce qu’elle n’avait pas été assez attentive aux besoins de ses compagnons. Elle avait bien assez eu peur comme ça. Puis, Lya et Gwëll, étrangement les seules participatives de son pseudo-cours, posèrent une nouvelle question que Clarysse se posait depuis quelques instants. Elle esquissa un court sourire tout en déclarant :


-Non, on va arrêter le cours là, ça ne servirait à rien. Si vous voulez aller vous promener seules allez-y mais faites attention, vos chevaux semblent encore un peu paniqués par l’éboulement, soyez attentif.


Elle s’adressait surtout aux deux filles mais certains pourraient se joindre certainement à elles s’ils osaient braver leur peur. Elle aurait du boulot pour les faire monter à cheval lors du prochain cours. Si prochain cours il y avait… Il y eu un instant de flottement puis elle reprit les choses en main, comme elle était sensée le faire. Elle n’aimait pas les frontières que lui imposait un cours. Elle n’aimait pas dépendre du bon vouloir d’élèves trop idiots pour savoir qu’ils y avait des limi… Et merde, elle se méprenait une nouvelle fois, jugeant trop vite et jugeant mal. Il fallait vraiment qu’elle arrête ça. Passant une main dans ses cheveux pour se donner une contenance, elle soupira avant d’ajouter :


-Ramenez-vos chevaux à l’écurie, on remettra ce cours à plus tard. Puis, à destination de la Kaelem et de l’Aequor : L’une d’entre vous pourrait-elle me ramener les deux pelles et la brouette qui se trouvent au même endroit que les selles ?


Elle les remercia d’un mouvement de tête devant leurs acquiescements. Puis elle s’approcha du garçon, qui peinait avec le tas de pierre. Il y allait à un par un, comme un forcené dans un bagne. Elle n’aimait pas cette scène, elle avait l’impression de lui avoir donné la tâche la plus ingrate du monde alors qu’elle n’avait pas été très sévère aux vues de la gravité de son acte. Il pourrait être renvoyé pour avoir manqué de tué des élèves. Elle soupira discrètement. Elle n’était décidemment pas faite pour enseigner. Elle ne savait pas s’y prendre. Sa jeunesse ne jouait pas en sa faveur. Ces idées toutes prêtes de marchombre ne jouaient pas en sa faveur. Elle qui voulait dépasser toutes les limites physiques ne parvenait même pas à dépasser ses propres œillères. Elle allait devoir faire preuve d’ouverture d’esprit et ça commençait par cesser de mépriser ce garçon. Qui, comme tous les gamins, cherchait à s’amuser. Clarysse se plaça à côté de lui, l’interrompant dans sa tâche pour lui demander, poliment et sans sècheresse :


-Montre-moi ta plaie, s’il te plait.


Ce qu’il fit, de bonne ou de mauvaise grâce, elle observa la profondeur et la poussière dedans puis elle alla à la selle de sa jument et en sortit un kit de soin. Elle versa de l’alcool dans la plaie et une pâte qui la protègera des impuretés pendant une ou deux heures au maximum car elle ne pouvait pas lui faire un bandage au cou qui tiendrait. Faudrait-il se contente de ceci ou qu’il aille voir un rêveur si aveit peur de perdre son charme à cause d’une cicatrice. Il tilla au contact de l’alcool mais ne dit rien, il serra les dents, comme s’il ne voulait plus se faire remarquer. Elle lui sourit, puis elle s’écarta pour remettre le matériel dans la selle de Poussière d’Etoile. Enfin, Gwëll et Lya revinrent avec ce qu’elle leur avait demandé. La marchombre les remercia, saisit une pelle, donna l’autre au garçon et rapprocha la solide brouette qu’elle utilisait tout le temps. Elle l’aiderait à dégager ce bordel. Il pouvait considérer ça comme une punition s’il voulait mais elle considérait que c’était une opportunité. So, let’s go.


-Voilà. On va pouvoir arranger ça tranquillement maintenant.



[ Edition possible Je pense que je vais arrêter là, à moins que Personne veuille que nos perso' papotent etc... Ou alors, je vous laisse clôturer le rp ]

[=> J'vais faire un autre post, comme ça c'est plus clair =)
https://ewilan.jeun.fr/t3405-et-si-on-laissait-le-vent-qui-court-sur-nos-peaux-effacer-les-doutes-les-peurs-et-les-souffrances-lya#33598