Souvenirs des temps anciens... [Inachevé]

Messages : 86 Inscription le : 09/08/2009

Ereïne errait dans la bibliothèque. Les vieux ouvrages, leur parchemin craquant et jaunissant, attendaient sur les étagères qu'un lecteur vienne dévorer leur contenu. Leur seule présence emplissait la pièce d'une impression de sagesse. La meneuse de loups laissait courir ses doigts sur les tranches usées et survolait les titres du regard. L'un d'eux attira son regard.

Souvenir...

***
-Allez, Ereïne, lis-moi ce mot !
-L...l...
-Allez, tu peux le faire !
-Lo...
-C'est un mot que tu connais très bien.
-LOUP !
-Bravo Ereïne !

Après-midi ensoleillée d'été. Deux humains assis derrière une table sur laquelle est posé un livre d'images ouvert sur un dessin de loup. Le père embrasse sa fille âgée de 4 ans sur le front et lui ébouriffe les cheveux. La petite rit, elle est heureuse, fière d'elle. Le père referme le livre. Fin du souvenir.

***

Ereïne considéra l'ouvrage un instant et continua à déambuler parmi les rayonnages. Les souvenirs affluaient dans sa mémoire, témoignages d'un temps heureux depuis longtemps révolu pour Ereïne. Un passé aux idéaux désormais inaccessibles. Avant, son grand rêve était de partir avec son père et sa mère pour Al-Jeit, voir pour la première fois la société humaine. Mais maintenant, tout avait changé. Ereïne ne riait et ne souriait presque plus. Le bonheur, elle en avait presque oublié le sens. Sa famille n'était plus, il ne lui restait que Kael, et à force de se battre elle avait obtenue sa place parmi la Meute. Sa place d'Alpha, qui n'avait pas que des avantages : c'était à elle que revenait le devoir de veiller sur la meute, à elle de décider de ne pas venir en aide à un loup blessé si cela met la meute en danger. A elle de pourchasser ceux qui faisaient du mal à ses loups.

Et son plus grand rêve, c'était de venger la mort de sa famille. Mais elle était sûre qu'elle y parviendrait. Parce qu'elle l'avait promis à son frère alors que l'odeur de chair brûlée émanant de leur maison en flamme emplissait leur narines.

C'était l'avantage des livres comparés aux hommes et à leur pensées. Leur contenu ne changeait jamais. Peu importe le temps et les années, jusqu'à ce qu'ils se désintègrent les livres ne changeaient pas. Comme s'ils étaient déterminés à défendre leur idée, jusqu'à la fin.

La Lupus se figea soudain devant un livre. "Les Ailes des Loups". Le titre ne lui disait rien, mais les auteurs...

Hàmbor Louvil et Liewien Louvil.

Son père et sa mère, dont elle avait oublié les prénoms. La faute au temps. Ainsi, ils avaient écrit un livre ?

Ereïne sortit respectueusement le livre de l'étagère. Les larmes lui venaient aux yeux. Comment se faisait-il qu'elle n'ai jamais rien su de l'existence de ce livre ? Comment se faisait-il qu'après tant d'années, il se retrouve en face d'elle ?

Elle l'emmena dans la Salle des Lectures et l'ouvrit à la première page.

"Ce livre est dédié à notre fille, Ereïne. Nous espérons qu'un jour, elle pourra le lire. Nous savons depuis le jour où elle a appris à lire qu'elle aimera les loups de tout son coeur. Car le premier mot qu'elle a lu est "loup". Ce livre est pour toi, Ereïne, en preuve de notre amour pour toi."

Ereïne se mit à pleurer, redevenant cette enfant émotive qu'elle avait été autrefois, avant de construire ses projets de vengeance, avant qu'elle ne se retrouve dans une spirale de haine et de peur. Elle commença sa lecture, bouleversée. Le livre était un mélange de science et de poésie, prouvant à la fois la force du loup et sa beauté mystique. Page après page, elle découvrait sa vie sous un nouveau jour, lisant des mots que ses parents lui adressaient par-delà la mort.

Elle referma le livre sans l'avoir terminé. Elle voulait encore découvrir ses parents, entretenir l'illusion qu'elle communiquait avec eux au travers d'un livre. Elle sursauta lorsqu'un bruit lui parvint aux oreilles. La Lupus se tourna vers les ombres de la Salle de Lecture.

- Qui es là ?

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[J'espère que tu aimeras mon post =D]

♫ La neige tombait tranquillement. Il faisait froid, très froid. Loeva ne se souvenait pourtant pas d’être en hiver. Ni qu’il neigeait autant... Et puis... Elle ne reconnaissait plus rien de ce qui l’entourait. La neige masquait tout. Y compris sa vision, au contraire sans doute des larges bâtiments qui auraient dû l’entourer si elle se trouvait à l’Académie. Oui, elle était à l’Académie. Elle devait être à l’Académie. Ou pourrait-elle se trouver autrement ? Elle vivait à l’Académie de Merwyn désormais. Son village, elle ne s’y trouvait plus. Elle n’y avait plus remis les pieds depuis un moment. Alors pourquoi ne reconnaissait-elle rien ? Sa vue ne pouvait pas être suffisamment masquée pour qu’elle n’arrive même pas à voir les bâtiments. C’était impossible. Elle ne se souvenait pourtant pas avoir quitté l’Académie. Elle était allée dans les dortoirs... Elle avait dû s’endormir. Oui ! C’était un rêve, un simple rêve. Rien d’autre, elle n’avait pas à s’en faire. Ce n’était qu’un rêve tout bête...

Elle rêvait... Mais pourquoi ainsi ? Pourquoi ce décor enneigé s’ouvrait-il à elle ? Pourquoi ses rêves lui montraient cette réalité intérieure ? La jeune Lotra avait beau chercher dans ses souvenirs les plus vieux, elle ne se rappelait pas d’un moment important de sa vie dans un paysage tel que celui-ci qu’elle aurait alors pu recréer. Le monde des rêves était décidément bien mystérieux... Elle se trouvait dans un véritable désert. Aucune élévation du terrain n’était visible. Comme un néant blanc. La neige était omniprésente. Et elle. Elle, Loeva, était là. Prise d’un doute soudain, elle baissa sa tête pour vérifier que son corps était toujours présent, tenta de toucher ses bras pour vérifier qu’elle était toujours matérielle. Rien. Elle avait eu raison en pensant au néant. Elle n’avait plus de bras. Plus rien. Ce n’était plus Loeva. Elle était devenue un simple flocon de neige comme tous ceux qui se trouvaient autour d’elle. Il n’y avait que ça, et elle faisait parti de ce « ça », sans rien changer par son originalité...

Ne pouvant rien faire d’autre, elle se mit à observer ses voisins. Ils lui étaient identiques en tout point et pourtant si différents... Peut-être que, eux aussi n’étaient pas des flocons de neige à la base ? Peut-être qu’Elben, Son Elben, son cher frère était également devenue un flocon de neige ? Cette idée l’horrifiait. Elle avait beau savoir que ce n’était qu’un rêve elle ne pouvait imaginer qu’Elben puisse devenir insignifiant. Elle, sa petite personne superficielle, elle s’en fichait. Mais Elben ! Non ! Elben ne pouvait pas être un flocon de neige ! C’était impossible ! Elle se faisait des idées ! Son rêve tournait au cauchemar. Imaginer, ne serait-ce qu’un instant que son grand frère, son cher grand frère, son adorable grand frère, sans qui elle ne serait plus. Sa cicatrice, témoin de cette vérité absolue n’était plus. Elle était flocon. Un flocon n’avait pas de cicatrice. ♪

Elle se réveilla sur un murmure. Un Elben prononcé entre ses lèvres tremblantes. Elle avait froid. Très froid, trop froid. Elle se leva avant de retomber dans le sommeil, engourdie par le froid. Elle titubait. Ne tenait pas debout. Elle s’habilla en hâte. La froid s’en allait peu à peu. Son rêve restait étrangement présent. Passant devant une fenêtre elle y vit son reflet, l’uniforme affreux de l’Académie. Leur projet n’était pas encore terminé. Elle n’avait guère revu Hestia depuis ce jour où elle s’était évanouie en tentant de dessiner un peut-être futur uniforme. Elle ne savait même pas si elle avait réussi étant donné qu’elle était partie - s’était enfuie serait plus exacte - dès qu’elle avait reprit ses esprits. Elle avait eu une soudaine envie de prendre l’air. Elle était partie.

Elle avait besoin de prendre l’air, cette fois encore. Pas le même air. Ses pas la menèrent vers la bibliothèque, où, jusqu’à présent elle n’avait fait que passer devant, remettant toujours à plus tard le moment où elle y entrerait. Elle y entra cette fois. Elle ressentait le besoin de respirer l’odeur des vieux livres. Une odeur nouvelle. Enfin... Pas tout à fait, mais tant de vieux livres, cela était nouveau. Sa mère avait beau être noble, elle avait renié son appartenance à la noblesse en se mariant avec son père. Elle avait pu emporter quelques livres, mais surement pas autant qu’en possédait la bibliothèque de l’Académie. En pénétrant dans ce lieu sacré, Loeva mesura enfin à quel point elle avait sous estimé cette pensée. Les quelques livres dont sa mère disposait, elle les avait lu et relus, au point de les connaître par cœur et de savoir lire parfaitement.

Les livres étaient omniprésents. Cela avait beau être une bibliothèque, et c’était donc un décor tout à fait normal pour un lieu tel que celui-là, la jeune dessinatrice n’avait jamais vu autant de livre dans sa vie. Elle regretta aussitôt de ne pas être allée à cet endroit plus tôt. Elle n’aurait jamais assez des années de son apprentissage pour lire tout cela. Alors plus tôt elle commençait, plus elle pourrait en lire. Elle se balada entre les rayonnages, caressant le dos des livres, retrouvant une sensation qu’elle n’avait pas éprouvée depuis longtemps. Qu’elle n’avait jamais tant éprouvée. Elle se sentait minuscule. Réellement petite. Insignifiante même... Elle était comme... Comme un flocon de neige parmi tant d’autre. La Lotra sourit à cette pensée. Elle comprit alors qu’elle avait eu tord. Elben ne pouvait pas être un flocon de neige. Il ne pouvait pas devenir insignifiant comme elle l’était à ce moment là. Pour la simple raison, qu’il compterait toujours pour elle.

Elle arriva à la salle de lecture. Du moins, cela ressemblait à une salle de lecture. Elle n’en avait encore jamais vu. Chez elle, dans son petit village elle lisait dehors, assise à même le sol ou sur un rocher. Elle n’avait jamais pensé à une possible salle de lecture. Elle lisait là où elle était, en marchant même parfois, quitte à tomber par inattention. S’assoir dans un lieu précis pour lire était pour elle une chose nouvelle. Elle retourna dans les rayonnages, histoire de prendre un livre - au hasard évidemment - pour pouvoir ainsi observer furtivement les autres, tout en donnant l’impression d’avoir quelque chose à faire dans cette salle. Elle avait prit un livre de taille moyenne. Une reliure ordinaire, elle lu le titre rapidement. Il ne lui disait rien, elle ne savait pas du tout de quoi il parlait. Elle aurait dû prendre plus de temps pour choisir un livre, mais savait qu’elle aurait mit trop de temps étant donné le nombre d’ouvrages présents.

Elle était loin d’être discrète en entrant pour la deuxième fois dans la salle de lecture. Elle avait failli tomber, trébuchant sur elle-ne-savait-quoi. Heureusement la plupart des élèves étaient tellement plongés dans leur lectures qu’ils ne levèrent même pas les yeux, elle s’était mise dans l’ombre que lui procurait un coin de la pièce par reflexe plus qu’autre chose. Cette fausse ruse ne fonctionna pas, du moins pas entièrement. Personne n’avait levé les yeux avait-elle cru. Personne sauf une jeune fille. Une jeune fille d’environ son âge, physiquement elle semblait être son contraire. Brune, cheveux courts, yeux vers. Loeva avait tord. Physiquement elle n’était pas totalement son contraire. Leurs cheveux respectifs contrastaient. Mais leurs yeux étaient verts. Pas le même verts, mais verts tout de même. Mentalement elle n’en savait rien. La jeune fille semblait taciturne mais curieuse. Elle lui posa une question, une seule. A laquelle Loeva répondit en un souffle, un murmure :

- Un flocon de neige.

A ces mots elle s’était avancée, sortant de l’ombre rassurante dans laquelle elle s’était réfugiée. Se dévoilant à la lumière, au regard des autres. Au mépris, la jalousie, l’admiration, le dégout, bref, les sentiments des autres. Dévoilant sa beauté fragile. La façade derrière laquelle elle se réfugiait chaque jour, et ce depuis des années. Son immense superficialité. Elle n’était que superficielle. Bien plus qu’Hestia. Sa réponse devait paraître étrange mais elle s’en fichait. D’une certaine manière, c’était la stricte vérité. Elle n’était qu’une jeune fille insignifiante. Un flocon de neige parmi tant d’autre. Le contraire de son frère. De son cher Elben. Ses boucles blondes, son corps fin et élancé, sa poitrine quasiment inexistante, ses yeux verts à en couper le souffle, son visage pâle. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine mais n’était qu’un flocon de neige. Identique aux autres. Unique. Blanc. Un simple flocon de neige. Insignifiant.

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- Un flocon de neige.

Ereïne resta un instant figée, n'affichant aucune expression particulière. Un flocon de neige. Une goutte d'eau cristallisée. Il en tombait tant, de la neige, du temps où elle vivait avec sa famille. Dans les temps heureux et anciens. Il en tombait toujours, certes, mais elle n'avait plus la même couleur, plus la même odeur, plus la même saveur. Elle était morte. La meneuse de loups sourit et croisa les bras. Elle regarda s'avancer dans la lumière une jeune fille d'environ 17 ans. La Lupus remarqua tout de suite qu'elle n'était pas une combattante. Elle était bien trop fine pour cela, ne se déplaçait pas comme une guerrière. La seconde chose qu'elle vit, ce fut son appartenance à la maison Lotra. Comme Hestia, une jeune fille qu'Ereïne avait rencontré il y a peu de temps, et qui lui avait appris à tenir une épée.

La Lotra était une jeune fille aux longues boucles dorées, avec des yeux d'un très beau vert, brillant. Les traits de son visage étaient tout en finesse. Un nez petit, droit, légèrement retroussé, surmontant une bouche aux lèvres fines. C'était une fille assez jolie, ce flocon de neige. Avec un esprit assez particulier, semblerait-il.

Ereïne posa une main affectueuse sur le livre et se leva. Elle caressa le livre un instant puis tourna le regard vert la Lotra.

- Je suis Ereïne Louvil, de la maison Lupus. Et si tu es un flocon de neige, moi je ne suis qu'un souffle de vent perdu au milieu de l'ouragan de cette vie. Mais trêve de poésie, même si elle est vraie. Tu es de la maison Lotra, n'est-ce pas ? Et tu n'es pas une combattante. Quel est ton nom ? Et qu'est-ce qui t'amènes ici ?

Lisant ce livre, elle avait retrouvé un peu de l'instinct grégaire du loup, ce comportement qui le poussait à se regrouper avec d'autres membres de son espèce. Ereïne avait pris une décision. Elle allait rallier d'autres êtres humains et apprendre. Apprendre quoi ?

Tout. Elle en apprenait déjà plus sur les nobles avec Lothan, plus sur les armes avec Hestia. Elle était persuadée que chacun de ceux qui évoluaient dans cette académie avaient quelque chose à lui apprendre. Ils avaient tous un passé, un présent, un futur différents, ils avaient des expériences et des aptitudes différentes des siennes. Et la meneuse de loups se disait que toute chose était bonne à savoir. C'est pour cela qu'elle fit face à Loeva avec tant de calme, en paix.

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[Post court, désolée, je me rattraperais]

La jeune fille qui lui faisait face avait l'air de bien vouloir croire que Loeva était un flocon de neige. C'était quelque chose qui aurait du paraitre étrange à n'importe qui, sauf à elle apparemment. Elle s'appelait Ereïne Louvil selon ses dires. C'était un joli nom... Son appartenance à Lupus, la jeune dessinatrice aurait pu le deviner seule, grâce à la bague et l'uniforme. Comme celle-ci avait compris qu'elle avait affaire à une Lotra. Loeva hocha la tête donc, et ouvrit la bouche pour murmurer :

- Tu as un joli nom...

Laissant retentir sa phrase elle détailla quelque peu la jeune femme avant de reprendre la parole :

- Je m'appelle Loeva Kaiga, sœur d'Elben.

"Soeur d'Elben", c'est ainsi qu'elle devrait se présenter tout le temps. Car à son frère, elle devait tout. A commencer par le fait d'être encore en vie à ce jour, allant jusqu'à sa façon de vivre en passant par sa motivation. Il semblait évident que la dessinatrice donnait trop de place à Elben, mais elle ne s'en rendait même pas compte... Et c'était sans doute cela le pire...

Elle se mit soudainement à observer toutes les personnes alentours. L'on en trouvait vraiment de toutes sortes. L'Académie était un mélange de culture et tradition il fallait croire... Lupus, Lotra, Corbac et Felixia étaient réunis en cette salle. Marchombres, combattants et dessinateurs aussi peut-être. Blond, brun, roux, châtain ou autre. L'on pouvait vraiment en voir de tous les genres. Deux choses étaient communes à tous : l'uniforme et leur appartenance à l'Académie. Elle ne connaissait personne. Il fallait dire qu'elle n'avait pas fait beaucoup de rencontres depuis qu'elle était arrivée à l'Académie... Enelyë, Lohan, Lorek, et peu d'autres personnes... Elle ne connaissait vraiment pas grand monde. Elle avait préféré se concentrer sur ses études. Elle n'était donc guère sortie de sa bulle.

Etudier... Oui elle étudiait. Seule. Elle s'était améliorée. Et assez rapidement il fallait dire. Mais ce n'était que le fruit du travail effectué non ? Elle n'était pas plus douée que la moyenne. Elle s'entrainait juste énormément. Trop peut-être. Un vertige la prit soudainement. A force de trop s'entrainer elle perdait de son énergie. Elle gagnait en résistance également. Mais cela n'empêchait pas qu'elle travaillait trop et ne dormait pas assez.

Elle s'adossa à un mur. Le temps que le vertige passe. Son don s'améliorait, sa santé se détériorait. Elle se redressa, le vertige n'était plus qu'un souvenir... Elle devrait peut-être réduire quelque peu le temps passé à s'entrainer. Mais cela, elle n'y pensait pas...

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- Tu as un joli nom...

Ereïne laissa ses yeux dériver vers la couverture du livre. C’étaient à ses parents qu’elle devait ce nom. Elle se perdit un instant dans un souvenir. Encore un. Elle voyait une femme tenant un bébé dans ses bras. Ils riaient, assis au milieu d’un champ de fleurs. La femme était belle ; ses longs cheveux bruns ondulaient autour de son beau visage fin, comme de l’eau. Ses yeux étaient sombres, mais joyeux. Le bébé avait un grand sourire. Ses cheveux étaient comme l’or et ses yeux verts. Tous deux regardaient Ereïne. Derrière, on apercevait un homme qui souriait aussi.

*Maman… Eran… Où que vous soyez, j’espère que vous êtes heureux. Avec Papa.*

L’esprit d’Ereïne revint au moment présent. La Lotra continuait.

- Je m'appelle Loeva Kaïga, sœur d'Elben.

Loeva Kaïga, « le flocon de neige ». La sœur d’Elben. Elle devait beaucoup aimer son frère si elle se présentait ainsi. Il devait énormément compter pour elle. Comme Kael comptait pour Ereïne, comme Eran avait compté pour elle. Comme ses frères lui manquaient. Elle s’inquiétait beaucoup pour son jeune frère de douze ans, peut-être même un peu trop. Il était en sécurité avec Elys, à Al-Far. Mais Ereïne vivait dans la crainte qu’un jour les Mercenaires du Chaos découvrent que deux des Louvil avaient échappé au massacre et qu’ils veulent terminer le travail. Elle faisait de temps à autre des cauchemars où Kael était tué par un homme, ou une femme, caché dans l’ombre. Elle avait peur de perdre son frère.

Les liens étaient parmi les plus grandes forces d’un être. Mais aussi parmi ses plus grandes faiblesses.

Ce n’est pas un homme qui rend sa vie unique, mais les personnes qu’il rencontre et avec qui il se lie.

Ereïne avait l’impression d’être perdue dans un torrent de feu, perdue dans les vies des autres. Il y avait trop de gens à l’Académie pour son goût. Elle se perdait dans ses souvenirs et pleurait à l’intérieur d’elle-même.

La Lupus s’inquiéta en voyant Loeva s’adosser au mur, visiblement prise d’un vertige. Il y avait un problème chez elle. Ereïne ferma les yeux et les rouvrit brutalement. Son regard était étrange, ses pupilles davantage dilatées. Elle s’attachait à la vision de l’aura de la jeune fille. Il y avait un problème au niveau de son énergie. Tandis que la Lotra se redressait, Ereïne ferma à nouveau les yeux. Ses pupilles retrouvèrent une taille normale, sans que Loeva ait pu les voir. Du moins, c’est ce qu’espérais la meneuse de loups…

Celle-ci se décida. Enfin. Planta ses yeux d’émeraude dans ceux de la Lotra.

-Je suis la sœur de Kael et Eran, et fille d’Hàmbor Louvil et Liewien Louvil. Fille de ceux qui ont écrit ce livre, continua-t-elle en caressant la couverture dudit ouvrage. Et tu es au courant que bien dormir c’est assez utile pour reconstituer son énergie ? Parce que ne compte pas sur moi pour te porter jusque chez les Lotra si tu t’évanouis !

Ereïne laissa un sourire malicieux se dessiner sur son visage.

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