Naissance d'une amitié devant un feu de cheminée [Terminé]

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Les deux jeunes femmes rentrèrent. La foule estudiantine les entourait, telle une masse opressante qui les auraient volontiers écrasés. Enelyë n'arrivait pas à être à l'aise parmi eux. Différente, et elle ne savait pas si un jour elle trouverait sa place. Elle se contenta alors de suivre la respiration de Lya, respirant elle aussi à fond, pour se calmer.

Elles arrivèrent à la Grande Salle, et prirent place à une table devant le feu. Lya posa sa cape, et Enelyë déposa délicatement son chaton sur le banc, à côté d'elle. Il était désormais plus ou moins libre. Mais il se mit en boule et commença à dormir. Elle lui jeta un regard attendri avant de répondre aux questions de la Felixia.

- Mes cheveux, je les tiens de ma mère, je suppose... Et le chat m'a rencontré lorsque je suis arrivé à l'Académie, et depuis, il ne me quitte plus !

Un rire ponctua sa phrase. Lya continua de parler, et la Corbac l'écoutait attentivement, tout en gardant un oeil sur le félin momentanément endormi. Toutefois, au moment où Lya semblait retenir ses larmes, la dessinatrice tourna son regard noisette vers elle. Etait-ce ce mouvement qui avait empêcher la Felixia de les retenir ou non ? Toujours est-il que cette image lui rappelait singulièrement la sienne...

- Ne pleure pas, s'il te plaît...

Enelyë avait simplement murmuré ces quelques mots. La dessinatrice avait elle aussi pleuré quelques jours plus tôt, en repensant à sa plume... Cette caresse si douce, si pure...

- Tu sais, la dernière chose que j'ai dite à mon père avant de venir ici, c'était "Je te déteste." Ca ne voulait pas dire que je le détestais réellement. Si tes parents t'aiment, ils ne t'en voudront pas.

Enelyë hésitait à parler de l'absence de sa mère. D'ailleurs, elle n'avait pas à le faire. Elle choisit de garder le silence. Un petit miaulement s'éleva dans la Grande Salle.

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Les mots d'Enelyë consolèrent Lya, aussi s'efforça-t-elle de ne plus pleurer. En vain. Les larmes coulaient toujours sur ses joues et elle renifla pitoyablement, comme pour ponctuer l'effort qu'elle venait de faire pour les arrêter. Finalement, après avoir essuyer ses joues de sa manche une bonne dizaine de fois et s'être mouchée, elle ferma les yeux un bon coup, et quand elle les rouvrit, ils étaient secs. Ou presque, car quand la jeune Félixia voulut remercier Enelyë, sa voie était encore un peu tremblante à cause des larmes:

-Je suis désolé, je ne sais pas pourquoi je me suis mise à pleurer comme ça. Enfin si... je le sais, mais je ne m'y attendais pas. Et... merci.

Ce n'était pas la peine de préciser de quoi elle la remerciait. La Corbac comprendrait. Et puis, remercier les gens n'était pas la spécialité de Lya. Même si elle n'en avait pas l'air à première vue, elle avait beaucoup de mal à remercier ou à s'excuser. Elle considérait que cela empiétait sur sa fièrté et son indépendance. Puis Lya repensa aux première paroles de la Dessinatrice. Le chat était déjà à l'académie lorsqu'Enelyë y était arrivé. Sa mère ne devait donc pas être très loin. La jeune femme savait désormais où chercher le jour où elle voudrait un animal de compagnie.
Le feu la réchauffait petit à petit. Quelqu'un vint y remettre une buche.
Un silence s'installa entre les deux jeunes femmes.
Un silence coupé par les éclats de voix et les rires des autres élèves qui étaient dans la salle.
Un silence que Lya décida de couper. Elle n'aimait pas le silence, sauf excéptions et pour couper un silence, elle était habituée à dire n'importe quoi. Aussi se lança-t-elle:

-La nuit dernière, j'ai rêver que j'était à cheval et que je galopais à la suite d'une autre personne à cheval. Je crois que j'essayais de le rattraper, mais je n'arrivais pas à savoir qui c'était. Pour finir, il m'a échappé.

Elle fit une petite pause avant de continuer, avec un petit sourire:

-Le plus bizarre, c'est que je ne suis jamais montée à cheval de ma vie.

STOP... Sujet de conversation trouvé:

-Et toi? tu es déjà monté à cheval?

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Pour briser un silence qui s'installait, Lya finit par raconter un de ses rêves. Elle essayait de rattraper quelqu'un à cheval. La Felixia dit qu'elle n'était jamais à cheval, et demanda à Enelyë si elle était déjà monté, elle. Ce à quoi la dessinatrice répondit gentiment.

- Une fois... Avec mon père. J'étais petite, mais je m'en souviens très bien.

Le beau cheval gris, aux crins noirs... Quel était son nom, déjà ? Il semblait à la dessinatrice que ça avait un rapport avec la vitesse. Elle avait le nom sur le bout de la langue, mais, non, décidément, elle ne s'en rappellait pas.

Enelyë était donc monté à cheval pour la première et seule fois avec son père, lorsqu'ils s'étaient installés à Al-Jeit. Le vent qui soufflait sur son visage, ses mèches qui n'obscurcissaient pas son visage, car le vent les faisaient voler derrière elle. Les cheveux châtains de son père, ses yeux verts qui la dévisagaient. Et là, collée à son père qui fuyait la mort de sa femme, elle se sentait bien.

- Ma mère est morte... Quand je suis née.

Perdre la vie en la donnant. Quel paradoxe. Les larmes de la dessinatrice coulaient en un flot incontrôlé... à l'intérieur d'elle-même. Elle n'aimait pas pleurer, et elle n'allait sûrement pas se mettre à le faire.

Un long silence s'installa, toujours brisé par les paroles et les rires des autres élèves. Et aussi par le crépitement des flammes. Enelyë soupira. Elle regarda la Felixia.

- Il fait meilleur ici que dehors.

Un sourire s'inscrit sur son visage. Elle regarda son chaton se blottir entre elles deux, et elle rit. Un rire qui n'avait rien à faire là. Mais un rire quand même. Et tant pis si Lya la prenait pour une folle !

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Enelyë avait donc perdue sa mère. Cela expliquait peut-être qu'elle était assez renfermée sur elle-même et que...

*Mais je vais quand même pas me mettre à faire de la psychologie!

Donc Enelyë avait perdue sa mère. Lya se rendit soudain compte qu'elle avait de la chance. Ses parents étaient peut-être mort tous les deux, mais elle ne les avait jamais vraiment connus. Et elle avait eu deux autres personnes pour les remplacer.
La Félixia s'imagina ce que devait être la vie sans la tendresse et l'amour d'une mère. Sans la douceur de ses mains qui se promenaient sur une joue pour un "bonne nuit ma chérie". Sans les câlins délicats de quand on rentre à la maison après une journée d'aventures et d'explorations. Une vie avec seulement les embrassades bourrus d'un père qui vous aime du fond du cœur et ses petits baisers piquants qu'il vous dépose sur la joue. C'était déjà beaucoup, mais ce n'était pas suffisant.
Puis la Corbac changea de sujet, parlant de la chaleur ambiante, comme pour faire oublier à Lya ses précédentes paroles. Et effectivement, il faisait chaud. Peut-être même trop chaud. Lya se décala, s'éloignant ainsi de la chaleur du feu, mais la ressentant toujours, elle dit:

-Tu as raison. Il fait meilleur ici. Il fait même un peu trop chaud. Je crois que je vais y aller. J'ai deux trois trucs à faire. Mais si ça te dérange, je reste encore un peu. Je pourrais faire ce que j'ai à faire plus tard.

En disant cela, Lya pensait notamment à chercher ou pouvait bien être la mère du chaton. Celle-ci devait bien avoir d'autres bébés et la jeune femme adorait la compagnie des animaux. Si elle les trouvait, elle resterait un peu avec avant d'aller en cuisine pour manger quelque chose et de retourner aux dortoirs de sa maison pour la nuit. A moins qu'elle ne décide de faire une petite exploration de nuit. En plus, avec la neige qui était tombée, elle bénéficierait d'une lumière particulièrement belle. Oui...Lya irait surement explorer de nouveaux endroits de l'académie.

[édition à volonté XD]

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Enelyë sentit Lya se décaler un peu. Son chaton se retrouva en équilibre instable et se réveilla. Il vint s'installer sur les genoux de sa propriété -non, pas propriétaire - et se rendormit. La Corbac écoutait la Felixia. Ainsi, elle avait des trucs à faire.

- Moi aussi, je dois m'occuper de certaines choses...

Enelyë ne savait pas trop quelles étaient ces choses dont elle avait à s'occuper, mais tant pis... C'est pas si grave, hein ? De toutes façons, vu ses facilités à mentir, Lya ne l'avait certainement pas perçu, toute Marchombre qu'elle soit. La Corbac passerait certainement faire un tour à la bibliothèque.

- A plus tard, alors... Il faudra qu'on visite l'intérieur de l'Académie, une prochaine fois.

Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme aux cheveux noirs qui se leva, prit sa boule de poil grise sur l'épaule et s'en alla. Direction la bibliothèque. Elle partit en adressant un signe de la main à la Felixia.

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