Mission de repérage... [Terminé]

Elera? Mais que venait faire la petite rousse voleuse de chocolat et joueuse d'Haman-Lô dans la conversation? La dernière fois qu'Halina lui avait parlé, c'était dans un couloir de l'Académie à se raconter des banalités presque navrantes. Qui était le prisonnier pour sa généreuse donatrice de chocolat? Et puis, cela ne la regardait pas... La curiosité devenait cependant trop forte et elle se promit de le lui demander la prochaine fois qu'elles se croiseraient. Halina se concentra sur la conversation entre Ichel et le jeune homme, Kirfdéin Starkhoz semblait-elle avoir entendu. Elle n'avait jamais entendu ce nom, peut-être parce qu'elle était arrivée depuis trop peu de temps.


Plus la conversation avançait, plus la jeune guerrière angoissait: le garde allait bientôt se reveiller ou quelqu'un les avait découvert. Ils n'étaient déjà pas en sécurité mais à présent, leurs chances de survie pouvaient rapidement diminuer. Plus ils tardaient, plus ils risquaient de se faire capturer. Elle écouta cependant ce que leur disait le prisonnier et y retint qu'il y avait d'autres prisonniers aux alentours et plusieurs gardes armés au nombre de trois minimum. Ces informations, quoique peu précises, combinées aux leurs seraient très importantes pour la résistance interne. Dès leur départ de ce lieu maudit, il faudra retransmettre ça aux autres.


-Merci beaucoup Kirfdéin ! Je te promet que qu'on vous sortira de cet enfer. Tu viens de participer à ta libération en nous livrant ces renseignements. Au revoir et à très bientôt, sous le soleil d'Al-Poll, j'espère !


Elle continua, à l'intention du groupe:


- Il faut que l'on ressorte le plus vite possible, avant que ce cher Kabim ne se réveille. Soyez sur vos gardes, on est peut-être repéré.


Elle s'éloigna du mur, déçue de ne pouvoir l'aider plus et passa le première porte, ses compagnons derrière elle. Elle fit quelques pas avant de réaliser que ce qu'elle prennait pour les battements de son coeur étaient en fait le martelement de bottes sur le sol dallé de l'autre côté de la porte. Leur conversation avait été entendue ! Dans un élan de courage, elle se plaça en queue de groupe et annonça:


- On est fait comme des rats si on fuit tous. Marchombres et Xzar, vous devriez partir le plus rapidement possible à l'extérieur et raconter tout ce que nous avons appris aux résistants, comme prévu. Je vais les retenir le plus longtemps possible, ne m'attendez pas. Si je suis capturée et torturée, je risque de parler, ne restez donc pas dans le coin de l'Académie ou trouvez vous un alibi géniel pour ce soir.


Elle se détourna d'eux et se campa face à la porte, position défensive et poignard en main. Elle aurait préféré utiliser son bâton mais un peu d'exercice ne lui ferait pas de mal et serait un bon test pour ce qu'elle avait récemment appris. Elle adressa un sourire carnassier au vide et se concentra. Elle entendit le bruit des pas de ses amis décroître alors que ceux des ennemis se rapprochaient. Ils étaient trop nombreux. Elle n'avait pas la moindre chance de tous les arrêter mais la capacité d'en abattre quelque uns pour les ralentir le temps que Lorek, Ichel et Xzar franchissent la distance les séparant de l'air libre.


Elle allait être capturée et peut-être torturée. Cette révélation ne lui faisait aucaun effet car l'adrénaline avait déjà fait son office. A ce moment précis, elle s'en fichait. Certes, elle aurait mal; certes, le soleil lui manquerait mais elle aurait accompli sa mission et la libération suivrait vite. Halina se ressaisit et sourit de plus belle.


Elle était prête à les accueillir.

Kirfdéin Starkhoz. Ce nom ne lui disait rien du tout. L'élève d'Elera ? Ichel avait entendu parler par une de ses fabuleuses oreilles indiscrètes de la disaprition de son élève. Il était donc vivant et derrière ce mur. Les information qu'il leur donna étaient minimes, mais c'était déjà ça. Les plus petites étaient déjà très utiles, mais à présent il fallait sortir au plus vite pour les transmettre aux autres. Le temps se faisait long, s'ils voulaient pouvoir dire aux autres se qu'ils avaient entendu, il fallait se dépécher, le garde n'était pas loin du réveil.
Halina remercia Kirfdéin et Ichel fit de même. Ensuite, ne se préoccupant plus de leur informateur, Halina parla à ses amis. Elle leur fit part de ses doutes et tous aquiescèrent. Rentrer au plus vite pour donner les informations qu'ils avaient. Ils commencèrent à marcher, Halina devant et les autres derrière elle. Ils passèrent la première porte et la guerrière s'arrêta net. Quelque chose avait attiré son attention qui ne tarda pas à mettre tous les sens de la jeune marchombre en alerte. Quelqu'un ou plusieurs personnes approchaient. Des pas assez rapide se rapprochaient d'eux, ils étaient sûrs et assurés. La troupe devait être repéré. Le gros balourd s'était réveillé et avait donné l'alerte. Ichel jura derrière ses dents. Soudain Halina se retourna et d'un regard grave leur ordonna de partir et qu'elle, elle restait là pour retarder les mercenaires. Ichel n'étant pas d'accord, voulu protester, mais se ravisa très vite. Il ne fallait pas que la résistance diminue à cause de leur inconscience. Une personne suffirait et la marchombre avait déjà combattue la guerrière et cette dernière se débrouillait pas mal. Même plus que ça.
Ichel s'approcha de son amie qui s'était déjà tournée poignards en mains, prête à affronter les mercenaires qui n'allaient pas tarder à lui tomber dessus. La jeune fille glissa quelques mots à l'oreille de son amie de façon que seule Halina puisse entendre.

- Je te promet que je ferait tout pour que votre liberation vienne le plus vite possible. Je mettrait tout en oeuvre, je te le promet.

Elle retint son souffle puis rajouta avec une touche de douceur et d'hilarité :

- Fais attention à toi, j'aimerais te récupérer en un seul morceau.

Sa plaisanterie n'avait rien d'une blague, elle était très sérieuse, même si elle l'avait dite pour détendre son amie.
Ichel se détourna, croisa le regard de ses deux autres compagnons et ils filèrent tous les trois dans le couloir. Ichel avait des remords, elle ne voulait pas la laisser toute seule, mais elle n'avait pas eu le choix. Elle jeta un dernier regard derrière elle avant de lancer discrétement à ses amis :

- Il faut que l'on avance rapidement, mais en silence complet. Ce sont les dernières paroles que l'ont prononce avant de revoir la lumière.

Voyant que personne ne s'y opposait, ils continuèrent leur course dans le labyrinthe de couloirs.

- Vous n'êtes qu'une bande d'incapables.

Varsgorn avait vu débarqué deux gardes affolés dans son bureau. Le mercenaire était plongé dans des livres de comptes. Si bien que quand la porte s'est ouverte à la volée, un réflexe de protection l'avait poussé à s'emparer de l'un de ses couteaux. Heureusement pour les deux gardes, il les avait reconnut avant de lancer son trait mortel. C'était deux mercenaires. Tout juste sortit de l'apprentissage. Quand Varsgorn était encore garde, les deux hommes venaient tout le temps le voir pour avoir de précieux conseils "d'un mercenaire d'expérience", comme ils disaient. En passant trésorier, le mercenaire avait imaginé qu'il en serait débarassé. Et bien, non. Voilà qu'ils débarquaient dans son bureau comme si le diable les poursuivait. Varsgorn avait rangé son arme et il s'était réinstallé sur son fauteuil. Il s'attendait à une longue discussion. Les deux gardes tentèrent de lui expliquer la raison de leur venue mais ils n'avaient plus assez de souffle. Quand Varsgorn comprit enfin ce qu'il s'était passé, il ne put s'empêcher de sourire un peu. Il avait donc raison. Il y avait bien quelque chose qui se tramait dans cette académie. Une rebellion. Le mercenaire allait se renseigner. Depuis la blessure d'Enelye, Varsgorn cherchait tous les moyens d'affaiblir le Chaos.

Le mercenaire fit prévenir Marlyn Til'Asnil, celle qui le dirigeait et qui lui donnait la plupart des ordres, puis il emboita le pas des deux gardes. Pour faire croire qu'il était toujours le terrible Fantôme, Varsgorn les sermona sur l'énorme bêtise qu'ils avaient faites.

- Une bande d'incapables! Boire une bouteille trouvée en plein milieu d'un couloir....... Même l'un de ses stupides élèves auraient sentit le piège. Mais vous, vous êtes suffisamment bête pour siffler l'intégralité de son contenu. Des imbéciles! Je ne sais pas ce que Marlyn vous fera subir mais elle aura entièrement raison.

Varsgorn suivit la direction que les gardes indiquaient. Le chemin des élèves. Du bruit. Des voix. Les mercenaires s'approchaient. Ils se trouvèrent nez à nez avec une jeune femme qui semblait vouloir les arrêter. Quelle plaisanterie! Elle ne faisait pas le poids face à Varsgorn. Il aurait pu la tuer en un rien de temps et rattraper ceux qui galopaient au loin. Pas très discret d'ailleurs. Et c'était ça qui avait réussit à infiltrer les cachots. Le Chaos subissait un important revers. Ce n'était pas si mal finalement que Varsgorn s'éloigne de ses fils.

- Essayez au moins de vous montrer utile en vous occupant de cette élève pendant que je rattrape les autres.

La jeune femme avait choisit son sort. Elle allait finir dans les prisons en compagnie des autres élèves. Varsgorn ne pouvait pas la laisser s'échapper sans se trahir. Les autres par contre, il allait leur permettre de fuir. Il connaissait quelques raccourcis vers l'air libre. Il fonça. Il s'arrêta quelques secondes devant la jeune femme qui voulait lui bloquer le passage. Une élève. Il allait passer sans trop se fatiguer. Premier coup porté, Varsgorn se glissa sur le côté. Deuxième coup. Deuxième esquive de la part du mercenaire. Il était derrière l'élève. Il n'avait pas cherché à la tuer ou à la kidnappé. C'était aisé finalement. Varsgorn reprit sa course et il passa par plusieurs raccourcis qu'il avait découvert dans les sous-sols de l'académie. Il se dissimula dans un recoin sombre et il attendit l'arrivée des autres fuyards. Ils arrivèrent rapidement. Deux jeunes hommes et une autre jeune fille. Quand ils passèrent devant lui, le mercenaire sortit de sa cachette et il bloqua la jeune femme.

- Je sais que quelqu'un vous dirige. Dis-lui que le fantôme vous soutient. Si cette personne souhaite me parler, qu'elle vienne dans le bureau du trésorier.

Il lui avait glissé ces quelques mots à l'oreille. Elle devait être la seule à entendre. Il la lâcha.

- Maintenant, déguerpissez. Ne revenez plus içi ou vous finirez dans les prisons de cette académie. Et ce jour-là, je ne serais pas là pour vous aider.

Sans attendre de réaction de leur part, Varsgorn rebroussa chemin. Il avait contacté Marlyn. Elle n'allait pas tarder à arriver. Il devait lui annoncer que les fuyards s'étaient échappés, sinon, elle ordonnerait une chasse. Il revint rapidement auprès des deux gardes. Ils maintenaient fermement la jeune femme qui avait eu le courage de se sacrifier pour protéger la fuite des trois autres. Marlyn était déjà là.

- Dame Til'Asnil, je n'ai pu rattraper les autres fuyards. Ils avaient pris trop d'avance. Je m'en excuse.

Bande d’incapables.
Pour une fois de la semaine qu’elle avait un peu de temps libre où elle pouvait se reposer dans les appartements qu’elle s’était alloués à la place du Dortoir Félixia, pour UNE fois qu’elle se posait sur un fauteuil et cessait d’avoir l’esprit partout, il fallait qu’on la dérange. Des coups frénétiques à la porte de son Imagination, un membre du Chaos qui cherchait à la contacter, une urgence qui se présentait alors qu’elle reposait ses membres crampés… L’envie était grande de fermer son esprit, ou d’envoyer les pires poisons mentaux à ce novice pour oser la déranger de manière si grossière…
Malgré ses défenses et son envie de repos, elle écouta le message ;

Et fut debout instantanément. Des élèves s’étaient introduits dans les cachots, la partie surveillée secrètement par les Mercenaires du Chaos, et avaient échappé à la surveillance des hommes de faction, qui étaient inconscients. C’était une situation grave, et si on l’avait prévenue que Varsgorn s’était déjà rendu sur place, il fallait absolument qu’elle y aille elle-même.
Si des élèves avaient réussi à passer leurs défenses, il faudrait d’abord qu’elle se change ; abandonnant la chemise de coton blanc qu’elle avait rapidement passé, elle enfila le plastron de cuir souple qui contenait diverses petites armes blanches, armes de jet et poisons, qu’elle dissimula sous une tunique sombre renforcée, qui lui laissait suffisamment de manœuvre et la dissimulait dans les ombres. Elle partit ensuite en coup de vent en direction des cachots , lançant des excuses d’élève affamé à tous ceux qu’elle bousculait dans sa course. A l’entrée de la partie des cachots surveillée par le Chaos, elle s’arrêta, entendit le rapport qu’on lui fit et en profita pour reprendre son souffle. Des gardes stupides avaient été endormis par une gourde qui avait été déposée par les espions, Varsgorn poursuivait les fuyards tandis qu’un autre groupe de Mercenaires maitrisait celle qui était restée derrière pour les défendre.

Le temps que le Mercenaire Ril’ Enflazio, la jeune femme donna des ordres pour que soient réparées les portes forcées, et renforcée la sécurité des lieux. D’après les traces de pas et les rapports des gardes, personne n’avait atteint la Salle des Secrets et encore moins la Salle de l’Oubli, et aucun contact avec les prisonniers n’avait eu lieu. Ils avaient du passer par des couloirs latéraux et se perdre dans le labyrinthe des cachots oubliés et inutilisés, c’était la seule solution. Alors qu’elle invectivait froidement les deux gardes qui s’étaient enfin remis de leur cuvée, une voix l’interrompit et la fit se retourner : Varsgorn était revenu. Seul. Avec des excuses dans la bouche.

L’envie de lui mettre une claque était forte chez Marlyn, entourée ainsi d’une bande d’incapables, mais le cœur n’y était pas. Avec de telles erreurs, l’Académie allait bientôt échapper à leur contrôle.

- Imbécile.

Elle avait craché ce mot à l’intention de Varsgorn, dans un accès sourd d’exaspération. Si cet incident était produit quelques semaines plus tôt, elle les aurait tous fait mettre au fer et torturer jusqu’au bout de la nuit, pour leur apprendre à aimer leur métier et même les tours de garde. Aujourd’hui, elle ne sentait qu’une exaspération grandissante devant cette œuvre vaine qu’ils tentaient de bâtir : l’Académie sous le joug du Chaos était une idéal, mais desservi par une telle bande d’empotés, d’opportunistes et de fous que la tâche devait impossible, pénible, détestable. Elle n’avait que du mépris pour ces mercenaires, au premier sens du terme, qui n’avaient d’ambition qu’une solde sans travail et des femmes sans transcendance.

- Et l’on s’étonne que des élèves novices s’introduisent à travers de la sécurité « haut de gamme » de nos cachots. Cours vérifier que les prisonniers sont toujours dans leurs cachots, des fois qu’un incapable ait oublié de retourner à son poste après être allé se soulager. Et s’ils sont en trop bon état, amoche-les un peu. Quand tu auras fini, reviens me voir, il est temps de réformer cette bande d’empotés.

Le pseudo-trésorier sortit enfin de son champ de vision, avant qu’elle ait décidé de changer d’avis et de le punir de son incompétence par autre chose que son mépris le plus profond. La Mentaï se tourna vers la jeune guerrière qui se démenait dans les bras de ses deux geoliers, telle un moucheron dans la toile de la veuve noire. Pour cette écervelée, la gifle partit, que Marlyn avait retenue contre ses Mercenaires. Elle n’était qu’une élève qui allait croupir dans les cachots, après tout. Elle aussi aurait la chance d’échapper à la case torture, que Sareyn reniait et détestait à présent autant que dans ses jeunes années. Toute proche de la jeune Halina qui s’évertuait à garder un air insolent en la fixant, elle soupira ironiquement l’observa dans la pénombre : des cheveux noirs, la silhouette élancée, les yeux gris, l’air bravache… Il semblait à Marlyn qu’elle était devant une réincarnation de sa propre personne une dizaine d’années auparavant. Ironique, d’autant qu’Halina était à Félixia.

- On joue les rebelles, petite Félixia ? Quelle importance que vous soyiez venus ici, pour n’avoir rien vu, quelle importance même que tu puisses associer désormais mon visage au Chaos ? Tu croupiras avec tes congénères dans les geôles que vous vouliez fouiller, et tu n’en sortiras qu’à ta mort, ou la mienne.

Bien sûr que Marlyn ne songeait pas mourir bientôt, mais cette périphrase désignait la chute plus ou moins tardive du Chaos ; elle ne se faisait pas d’illusions. Mais son personnage mourrait en même temps que la guilde stagnante, et une nouvelle facette serait créée pour servir son Maître, cela n’avait plus d’importance.

- C’est ironique comme tu me rappelles moi quand j’avais ton âge… en dehors du fait que tu ne possèdes pas le Don et que tu te sois fait capturer aussi facilement. Halina, ma proposition va être simple : tu coopères, ou tu souffres jusqu’à me supplier de t’achever. Tu n’es pas irrécupérable, mais attention. Si ton esprit se fait aussi insolent et rebelle que le mien l’a été à ton âge, je compléterai notre miroir en t’arrachant à toi aussi l’œil gauche. Me comprends-tu ?

Concentration. Elle les attendait arriver en courant, la main crispée sur son poignard et les pieds bien campés dans sol. La phrase d’Ichel résonnait dans son esprit et elle voulait la garder dans un coin de sa tête. Pour ne pas oublier que quelqu’un l’attendrait quand elle sortirait de ce qui s’annonçait déjà comme un enfer. Trois hommes franchirent la porte, dont Kabim. L’air concentré de l’encapuchonné et penaud des deux autres lui apprit qui commandait. Cette révélation fut confirmée par l’ordre sec de l’homme. Il s’avança et elle attaqua la première.

Déception. Il esquiva deux fois avec facilité pour se retrouver derrière elle et courir à la suite d’Ichel, Lorek et Xzar. Elle ne faisait décidemment pas le poids. Les deux mercenaires la regardaient fixement et elle savait qu’elle ne pourrait pas les tuer, ni même les blesser gravement alors qu’eux alors qu’eux avait le talent pour la mettre hors d’état de nuire. Elle les ralentirait, essaierait de les faire passer pour des imbéciles devant leur supérieur. Elle attendit qu’ils attaquent.

Combativité (ou énergie du désespoir ? ). Elle esquiva le premier coup et répliqua de plus belle. L’homme para et tenta de la faire tomber. Halina évita, sauta, feinta, attaque pendant quelques minutes en recevant plusieurs blessures et en en donnant peu. Elle traça un sillon sanglant sur la joue de Kabim avec un sourire carnassier. Il se souviendrait longtemps de la nuit où il s’était endormi en service. En se réceptionnant de ce cette attaque, un craquement se fit entendre et elle s’effondra sur le sol.

Douleur. Ce genou qui, malgré une ancienne blessure, la supportait venait de proteste contre le traitement qu’il subissait. Elle sentit la douleur remonter dans sa cuisse puis son dos et pesta silencieusement. Pourquoi maintenant ? Elle roula sur le côté pour échapper au coup mortel qui s’abattait sur elle et tenta de se redresser. Il la désarma et, malgré tout les efforts qu’elle entreprit, ils l’attrapèrent. Juste à temps pour la présenter à leur supérieur qui revenait sur ces entrefaits.

Mépris. Il fut rejoint par une femme à l’air patibulaire. Soulagée que ses amis aient pu s’enfuir, elle écouta. La femme se défoula sur son subordonné et se tourna avec dédain vers elle. Il lui manquait un œil mais l’autre brillait. Elle ne lui inspirait aucune pitié ou sympathie, comment pouvait-on choisir volontairement une Voie aussi croupissante et sombre ? Prendre plaisir à enfermer ou blesser des innocents ? Elle n’avait que du mépris pour Kabim et sa clique dont elle ignorait les noms.

Résolution. Quand la femme ouvrit la bouche et parla, Halina n’eut aucune surprise. Des menaces en sous-entendus et de la moquerie. La panoplie parfaite du méchant. Elle fut tentée de sourire. Elle n’avait pas l’intention de mourir et si elle en était contrainte, ce serait en sachant qu’Ichel transmettait les informations à la résistance. Nous avons vu des choses intéressantes, pensa-t-elle avant de se raviser et de ne pas sourire ironiquement. Ne pas trahir ses sentiments, ne pas dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas, ne pas se mattre dans une position délicate.

Frissons. La réplique suivanta de la mercenaire la surprit. Comment ça elles se ressemblaient ? Et se sentait-elle si supérieure qu’elle se savait capable de battre deux mercenaires armés d’épées avec un unique poignard ? L’allusion au Don lui apprit que la fille du Chaos qui se tenait là était Mentaï. Menaces non voilées, claires et violentes. Halina était consciente de son infériorité mais elle pouvait au moins mentir un peu ou omettre quelques détails. Mais que répondre à de telles paroles ? Elle sentait monter l’envie de lui cracher au nez mais s’était terriblement imprudent. Elle ne voulait pas perdre un œil ou ressembler de près ou de loin à cette… femme. Halina, malgré son air bravache était incapable de répondre de manière insolente à quelqu’un. Elle cessa de la fixer et baissa les yeux au sol, se concentrant sut la demande d’Ichel. " Reviens-nous en un seul morceau. ".


- Je comprend parfaitement. Je ne tiens pas à perdre un œil. Qu’attendez–vous de moi ?

L’œil bleu sombre resta fixé de longues minutes sur la captive, cillant à peine. Elle l’aurait à l’usure, si elle ne pouvait l’avoir à la peur. Dans les yeux d’Halina passèrent beaucoup d’émotions dans les minutes de silence qu’elle prit avant de lui répondre.

D’abord, insolence et témérité : les deux défauts de son âge, ou de cette Académie. Elle croyait pouvoir s’en sortir en mentant, en faisant preuve d’un courage inutile ou d’une insolence toute aussi inutile. Les prunelles luisantes d’Halina soutenaient l’unique de Marlyn dans l’espoir d’augmenter dans son estime par un air bravache. Quand elle vit que ça ne marchait pas et que Sareyn restait immobile, raide comme un piquet, les bras enroulés autour de la poitrine et les lèvres pincées, l’éclat de ses yeux changea subtilement, presque assez pour que la Mentaï ne le remarque pas, d’autant que la luminosité n’était pas optimale.

Elle avait peur de devenir comme elle. Un sourire amer apparut sur les lèvres blanchâtres de la jeune femme à cette pensée. C’était logique qu’elle la craignît, surtout dans cette position de supériorité et ses avec ses menaces lourdes de sens. Elle était loin d’être laide ou de ressembler à ces mercenaires crasseux et hargneux. Mais ses allégeances étaient repoussantes aux yeux d’une petite élève éduquée dans le sens de l’harmonie et du bien d’autrui. Elle ne pouvait comprendre la beauté d’une joue émaciée ou l’atroce élégance de son propre masque de cuir, qui lui recouvrait la moitié du visage et masquait son argument le plus percutant : la trace des tortures de Valen et Slynn.
Mais plus tard. Marlyn n’avait aucun scrupule à montrer sa lèvre fendue, le sillon blanchâtre et crevassé qui en partait pour aller tuer une paupière désormais vide avant d’expirer à la base de ses cheveux jai. C’était une arme comme un autre, peut-être sa plus originale.

Halina avait tout intérêt à conserver un semblant de dignité et de crainte. En cela, elle se différenciait de la Mentaï qui lui faisait face et qui n’avait pas su, à l’époque, ravaler la fierté qui lui avait coûté une partie de son visage.

- J’attends beaucoup de toi, Halina, bien plus que tu ne t’imagines au premier abord. Le plus évident, c’est bien sûr des réponses à mes questions.

En détournant sa silhouette de la jeune Felixia aux cheveux noirs, Marlyn se dirigea vers un des couloirs adjacents ; Varsgorn n’y apparaissait toujours pas. Soit cet incompétent n’avait pas osé revenir, soit surveiller les prisonniers était devenu la passion de sa vie et il s’y attelait avec un tel zèle qu’il en oubliait de faire son rapport. Dans ces cachots sombres et puants, le Don de la jeune femme était aveugle, elle n’accédait à aucune partie de son Imagination, et ça la frustrait. Ces derniers temps, elle avait privilégié cet accès secret à son esprit et n’aimait pas en être coupée. Ce n’était pas dangereux. Juste agaçant. Tout en allumant des torches supplémentaires manuellement, elle posa ses questions d’une voix d’où ne transparaissait plus aucune violence ni menace, maintenant qu’Halina décidait de coopérer :

- Quels sont les noms de ceux qui étaient avec toi et se sont enfuis et combien étiez-vous ? Qui vous a donné les ordres et les indications pour cette mission ? Qu’avez-vous découvert ?

Bien entendu, elle ne pouvait compter sur la vérité des propos d’Halina. Et pour tout dire, elle s’en moquait. La résistance n’était pas une trop grande menace, et les réponses à ses questions pourraient lui apprendre l’étendue de celle-ci, mais pas les moyens de la contrecarrer. Et ça commençait à la lasser. L’Académie ne pouvait être tenue éternellement, et les Mercenaires du Chaos étaient de la plus déplaisante compagnie, comparés à son Maître. Qu’elle soit reprise demain ou dans trois mois était une question qui n’avait aucune importance. Mais elle devait tenir son rôle jusqu’au bout, qu’on ne l’accuse pas d’incompétence.
Alors que le silence s’installait entre elle, Marlyn choisit d’avilir l’Académie aux yeux d’Halina. Sans mensonges aucuns, mais par la pure vérité qu’elle avait elle-même connue. Même si elle devait être enjolivée un peu.

- Tu te bats avec une telle conviction pour cette Académie dont tu ne connais même pas la noirceur ? Sais-tu où nous sommes ? Cet endroit, avant d’abriter des otages de l’Académie, était un lieu de torture. Les Magisters n’en devoilaient pas l’existence, bien entendu, sans quoi leurs petits élèves auraient fui. Mais le sang et les cris ont retenti, provoqués par tes propres Maîtres. Je l’ai vu de mes propres yeux, quand ils étaient encore sains. Regarde-moi. Regarde si je mens quand je te dis que la cruauté de l’Académie est bien pire que la nôtre.

Cela faisait plusieurs minutes que Varsgorn avait terminé son inspection des cellules des otages. S'il avait obéit à l'ordre de Marlyn sans réchigner, c'était pour ne pas attirer la colère de la mercenaire. Un tel boulot, ce n'était pas pour lui, c'était un boulot d'apprenti. Il était un mercenaire d'expérience. Marlyn était encore une gentille petite fille quand il avait rejoint les rangs du Chaos. Elle n'avait pas le droit de l'envoyer faire ses tâches de bas niveau. Il n'avait pas fait d'erreur, ce n'était pas lui qui avait laissé passer les élèves. Pourtant, il n'avait rien dit. Quand Marlyn était de relativement "bonne humeur", elle était déjà dangereuse, alors quand elle était en colère, il ne fallait mieux pas se trouver devant elle. Si Varsgorn avait attiré les foudres de la mercenaire, c'est la Felixia qui aurait payé les pots cassés et le trésorier n'aurait pas donné cher de sa peau après sa rencontre avec Marlyn.

Depuis son retour, Varsgorn s'était dissimulé dans l'ombre, non loin de la mercenaire et de sa "victime" de la journée. Il surveillait les agissements de Marlyn. Il ne voulait pas que la jeune Felixia qui s'était sacrifiée pour ses amis devienne le nouveau serviteur du Chaos, fraichement embauché par Marlyn Til'Asnil. Varsgorn espionnait et le discours de la mercenaire le replongea dans de noirs souvenirs. 15 ans qu'ils étaient enfouis en lui.

************************************************ flashback ***********************************************

Souffrance. Blessé dans sa chair et dans son âme. Varsgorn avait vu arriver des cavaliers alors qu'il rampait sur le sol. L'espoir était revenu alors qu'il se sentait condamné. Il a vécu plusieurs jours de galère. On l'avait envoyé dans une mission suicide. Tous ses compagnons étaient tombés. Mais pas lui. Il vivait encore. Difficilement mais il lui restait encore de la vie dans son corps. Il était salement amoché. Perdant son sang et sa vie qui s'échappaient de ses blessures. Pourtant, on l'avait retrouvé. Quelques cavaliers. On l'avait amené dans une étrange bâtisse et on l'avait soigné. Non pas avec le rêve. Aucun rêveur n'était intervenu sur ses blessures alors qu'il avait frolé la mort. La confrérie la plus proche était-elle si éloignée de l'endroit où il se trouvait? Sa question trouva rapidement une réponse. Aucun rêveur ne pouvait venir, il avait été sauvé par des mercenaires. C'était le Chaos qui l'avait trouvé au milieu des cadavres.

Depuis qu'on l'avait soigné, Varsgorn était enfermé dans une petite cellule. Peu de visite. Quelques unes pour apporter son repas et d'autres pour tenter de le corrompre. Les mercenaires voulaient une nouvelle recrue. Varsgorn résistait. Il était marchombre. Jamais il n'irait vers le Chaos. Jamais.

Un jour, un mercenaire vint le trouver. Celui-là, il était jamais venu le voir. Il ne reconnaissait pas son visage.

- Je vois que tu vas mieux. Tant mieux. Je n'aurais pas aimé que tu meures avant que je te parle. On m'a dit que tu résistais à toutes nos demandes. Pourquoi tu refuses tant d'intégrer le Chaos? Nous avons tant à t'offrir.

- Jamais je ne suivrais la route des fils du Chaos. Je suis marchombre. Seule l'Harmonie compte pour moi. J'aurais préféré mourir comme mes compagnons plutôt que de devenir mercenaire.

- Tu es marchombre alors? Je comprends mieux pourquoi tu réagis si mal face à moi. Tu as tord. Le Chaos t'offriras une grande puissance. Une puissance qu'un marchombre n'ose imaginer en rêve. L'Harmonie que tu aimes tant te mens. Tout ce que tu sais du Chaos, c'est les marchombres qui te l'ont appris. Ils nous détestent. Nous ne sommes pas aussi horribles qu'ils le disent. Jamais nous n'aurions abandonner un fils du Chaos au milieu d'un tas de cadavres. Les marchombres t'ont envoyé devant la mort sans se soucier du fait que tu aurais pu survivre. Nous t'avons sauver alors qu'ils t'ont laissé tomber. L'harmonie et ses alliés te mentent. Il y a des secrets qui sont cachés aux apprentis et aux nouveaux Maîtres marchombres. L'académie de Merwyn dissimule d'immenses secrets dans ses sous-sols, des secrets encore plus noirs que ce que les marchombres te disent sur le Chaos. Oublies tout ce que tu as appris sur les mercenaires et rejoins-nous, tu ne seras pas déçu.

**********************************************************************************************************

Le mercenaire était partit ensuite. Il était revenu plusieurs fois avec le même discours et Varsgorn avait cédé. Il avait rejoint les rangs du Chaos malgré son allégeance à l'Harmonie. Le mercenaire avait eu raison. Pendant 15 ans, il n'avait pas regretté mais désormais, il le regrettait amèrement. Il ne voulait surtout pas que la Felixia suive le même parcours que lui. Elle tiendrait peut-être à ce que lui dirait Marlyn mais Varsgorn n'était sûr de rien. Il sortit de l'ombre et il se tourna vers Marlyn.

- Rien à signaler. Les prisonniers sont toujours dans leur cellules. Au moins, les abrutis qui se sont fait débordés ont eu de la chance.

Il jeta un regard noir aux deux gardes qui n'en menait pas large. Le trésorier resta silencieux. Il attendait la réaction de la Felixia pour agir. S'il sentait qu'elle faiblissait, il agirait. Mais pas avant. Il ne devait pas trahir son éloignement du Chaos. Non seulement Marlyn lui ferait payer sa trahison mais Enelye pourrait en subir les conséquences aussi. Varsgorn était certain que, malgré ses cours secrets, le Chaos était au courant qu'il avait une élève.

Maintenant, elle n’osait même plus regarder la femme dans les yeux. Celle-ci avait les lèvres pincées et coupées par une cicatrice blanchâtre qui venait mourir dans un masque de cuir qui lui cachait un œil inutile. Sa détermination et sa froideur glaçait Halina dans ses membres, comme si la Mentaï avait jeté un sort d’engourdissement à tout ses muscles et même à son cerveau. Elle sentait un brouillard s’élever dans son esprit, masquant son horizon et l’empêchant de réfléchir. La brume se fit apaisante et semblait vouloir la retenir de créer des mensonges inventifs ou des semi vérités insolentes. Coopérer. Ce mot seul revenait en boucle dans sa tête. Rien qu’imaginer trahir ses amis la faisait frissonner mais elle devait songer à sa survie. C’est à travers le brouillard qu’elle entendit la femme parler une première fois. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien apporter à cette mercenaire à part sa trahison ? La preuve de sa lâcheté ? La confirmation de l’infériorité de sa cause ?


Elle faillit soupirer de dépit. Et puis, elle sentait la fatigue s’installer en elle, se mêlant à la brume pour rendre ses muscles de plus en plus inertes. Elle observa la femme sans vraiment avoir conscience de la regarder. Celle-ci attendait le rapport du mercenaire avec impatience et rallumait des torches se qui pétrifia un peu plus la Félixia. La voix se fit neutre et elle comprit de nouveau que le martèlement dans sa tête avait raison, elle devait coopérer.


Elle réfléchissait en silence, tentant de percer la muraille de brume et de fatigue. Alors qu’Halina pensait qu’elle devait répondre, la femme reprit la parole, lui déclarant de but en blanc les vices de l’Académie. Ces lieux avaient donc servis à torturer ou tuer des gens. Ceux qui se disaient droits étaient donc capables de cruauté… Elle regarda la Mentaï et ne vit que la vérité. Elle douta. Elle entra dans son jeu, dans son piège. Pouvait-elle faire confiance et protéger une Académie qui par le passé avait sacrifié ses habitants ? Allait-elle être sacrifiée pour permettre à la Résistance de reprendre le contrôle ?


L’arrivée du mercenaire rompit l’engourdissement de son corps et elle reprit confiance en elle. Etait-ce la colère d’avoir été battu par cet homme ou la résignation de leur supériorité qui la réveilla ? Elle n’en savait rien et n’était pas sûre de vouloir le savoir. L’homme qui semblait être un larbin de la Mentaï se moquait ouvertement des deux gardes. Les mercenaires prenaient donc les gens pour des chiens. Cette constatation l’amena à être plus distante de leur cause. Elle ne pouvait plus reculer face à ces quatre mercenaires et déclara d’un ton neutre et résigné :


- Je ne suis qu’une membre de la Résistance, je ne connais pas les leaders du mouvements et les noms que je vais vous donner n’auront que peu d’utilité car mes compagnons ont sûrement quittés l’Académie. Ichel Calwin, Lorek Dontjenemesouviensplusdunom et Xzar m’accompagnaient. Mes ordres venaient de papiers glissés dans mes affaires après un cours ou pendant mon sommeil. Quand à nos découvertes, elles sont bien inférieures aux risques que nous avons côtoyés. Nous savons que plusieurs personnes patrouillent jour et nuit autour des cachots, qu’ils sont le lieux de tortures et de multiples emprisonnements.


Elle laissa ses mots se graver dans le silence, laissa les mercenaires savourer la victoire de sa trahison. Elle pria pour que ses amis aient fui loin d’ici. Halina ne doutait plus, le passé était le passé et il s’agissait maintenant du présent, de son présent. Elle ne voulait pas rester enfermée longtemps et savait qu’Ichel ferait tout pour la sortir de sa prison. Elle devait leur faire confiance et vivre. Elle ne savait pas ce que la femme avait vécu pour en arriver là et comprenait qu’un évènement horrible puisse la faire déraper mais refusait de s’identifier à elle : leur ressemblance s’arrêtait à leur physique. Sans aucune trace d’insolence ou d’ironie, elle déclara à la mercenaire :


- Vous me dites que je ne connais pas la noirceur de ces lieux et vous avez raison. Je suis une ignorante qui croit en la bonté naturelle des gens. Mais je sais parfaitement qu’en chacun de nous réside la cruauté. Nous ne sommes ni tout blanc ni tout noir. Mon opinion personnelle ne vous intéresse sûrement pas donc je ne vais pas m’étendre sur le sujet. Je vous ai parlé en toute franchise et vous savez bien pourquoi mais ne justifiez, s’il vous plait, pas vos idéaux auprès de moi.


Elle ne voulait plus qu’une chose, être tranquille. Dormir était sa nouvelle motivation et elle ne voulait plus entendre des discours qui pouvaient la faire douter. La brume revenait sur elle et elle n’avait même plus l’envie de lutter.


[ Edition possible bien sûr ^^ ]

Mais quelle idiote! Elle donnait sans aucune résistance le nom de ses compagnons? Mais où était passé celle qui avait voulu se sacrifier pour protéger ses amis? Elle avait disparu, c'était évident. Ce n'était plus qu'une chiffe molle qu'il avait devant les yeux. Varsgorn aussi s'était montré faible par le passé mais pas autant qu'elle. Il avait résisté quelques jours avant de devenir apprentit mercenaire. Comment avait-elle osé trahir ainsi ses amis? Varsgorn lui aurait bien donner des coups pour lui insufler le courage. Devant son sacrifice, il l'avait trouvé courageuse mais maintenant, il la voyait telle qu'elle était: une pauvre élève apeurée avec un courage de façade. Dès que le vrai danger arrivait, sa véritable personnalité reprenait le dessus et elle se montrait faible et peureuse.

Marlyn lui demanda s'il connaissait les noms. Tiens, elle le vouvoyait maintenant? Etrange, d'habitude, elle utilisait le tutoyement pour montrer qu'elle était la patronne. Varsgorn pensa d'abord mentir sur ce qu'il savait. Il connaissait certains noms et il n'était pas sûr d'avoir envie de dévoiler ce qu'il savait. Non, finalement, il pouvait très bien dire la vérité, ses informations n'avanceraient pas plus les mercenaires. Après tout, avec le nom et le prénom, il n'y avait qu'à chercher dans les listes d'élèves pour trouver chacun des élèves que la Felixia venait de citer.

- Je connais deux de ces personnes. Ichel Calwin en particulier. C'est une Felixia et une marchombre. C'est elle qui a sacagé le mur du hall avec de la poésie issue de l'Harmonie. Je l'ai conduite devant Bei....... Dame Ar'Kriss et elle l'a envoyé faire un peu de ménager à Eoliane. Apparemment, nettoyer ne lui à pas appris à suivre l'autorité de l'académie.

Il avait faillit cité Beitiris avant de se rappeler que ce n'était pas elle qui était supposé au pouvoir. Il s'était rattrapé à temps.

- Le deuxième que je connais, c'est ce Lorek. Il est marchombre lui aussi mais chez les Lotras. J'ai eu une altercation avec celle qui le guide sur la Voie. Elle se nomme Anaiel. Il s'est interposé. Encore un jeune qui ne sait pas se taire devant la puissance. Pour le troisième, par contre, je ne le connais pas. Je pourrais faire des recherches dans les listes d'élèves si vous le désirez.

Il se tut par la suite. Attends une réaction éventuelle de la Felixia. Et pourtant, elle ne bougea pas. Idiote! Bon, comme l'avait dit Marlyn, il fallait la conduire dans sa nouvelle demeure. Varsgorn fit signe aux deux gardes qu'il allait s'en charger et il aggripa Halina sans douceur. Il la conduisit vers une cellule déjà occupée.

- Petite idiote, reste ici ça te poussera à réfléchir un peu.

Il la poussa sans ménagement à l'intérieur et il claqua la porte avec force. Il était temps de retourner dans son bureau.