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Maya-non, Neela, elle devait commencer à penser comme celle qu’elle serait à partir de maintenant- galopait depuis plusieurs heures, son cheval pie aux larges taches noires et blanches lancé au galop. Avec cet animal de petite taille et au pelage si particulier, ses cheveux blancs qui volaient dans son dos, le chat noir dont la tête dépassait d’un panier accroché à la selle et la pierre verte qui brillait sur son front, elle ne pouvait pas passer inaperçue. C’est pourquoi elle avait choisi les étroits chemins délaissés pour arriver à sa destination, et non traverser Al-Poll et les autres villes. Une jeune femme en fugue éviterait de croiser du monde… Son étalon n’en pouvait plus ; son manque de bagages et les vêtements peu pratiques pour l’équitation que Maya -Neela !- avait choisis feraient penser à n’importe qui qu’elle était partie à l’improviste, sans avoir le temps de rien préparer. Elle aurait pu faire un pas sur le côté et arriver en un instant. Mais elle avait choisi d’arriver ainsi, pour que son histoire tienne debout. Elle était Neela, noble demoiselle en fuite de son logis, et qui cherchait refuge dans l’Académie de Merwyn. Fatiguée, elle laissa un soupir lui échapper, en caressant doucement la crinière de l’étalon entre ses doigts.

- Nous y sommes presque, mon ami, encore un effort…

Mon ami. Seules les oreilles de son cheval l’avaient déjà entendue souffler ce mot, et seulement lorsqu’il n’y avait personne à des lieux à la ronde. Le début de leur évasion s’était passée à merveille ; elle avait sourit à la face du vent, heureuse de ne faire qu’une avec la vitesse, et d’oublier, un instant, qu’elle était Dame Eclipsiste en route pour une mission qui la mènerait à sa perte si elle échouait. Mais l’après-midi touchait à sa fin, et sous les rayons timides du soleil qui s’effaçait au loin, elle avait vu son étalon peiner de plus en plus. Pourtant, elle ne s’était pas arrêtée. Elle l’avait laissé aller au trot, comme n’importe quel cavalier avec un grain de bon sens l’aurait fait, mais n’avait pas fait de pause. Elle n’avait pas mangé, non plus, et son estomac gargouillait en permanence, à sa grande exaspération.
Mais l’Académie de Merwyn se tenait devant eux à présent. Et sur ses traits, un soulagement non feint se discernait. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas laissé ses émotions sortirent d’elles-mêmes. D’habitude, si elle ne se cachait pas sous un masque impassible, elle se choisissait une réaction, ne montrant jamais ce qu’elle pensait vraiment… Et elle continuerait à l’intérieur des murs, bien sûr. Mais pour le moment, ce qu’elle voulait qu’on voit concordant parfaitement avec ce qu’elle ressentait, elle ne prit pas la peine de se cacher. Elle ralentit devant le garde, qui la laissa passer et lui montra le chemin des écuries, lorsqu’elle lui lança un regard perdu et caressa son cheval épuisé. Pas un mot n’avait été nécessaire. Laissant l’étalon boire lentement et lui posant une couverture dessus, elle lui caressa le front.

- C’est bien, noble Fender, tu vas pouvoir te reposer maintenant…

Elle resta quelques instants à ses côtés ; puis elle s’apprêta à se lever pour entrer dans l’Académie et trouver l’Intendant. Jehan Hil’ Jildwin, un homme mystérieux… elle força les informations qu'elle possedait hors de son esprit. Myra n’existait plus. Le château de la vie de Neela l’entourait. Myra reviendrait plus tard, lorsqu’il faudrait analyser les informations que l’innocente Neela découvrirait… L’innocente Neela qui, si elle parlait rarement d’elle-même, semblait toujours intéressée par les autres. Mais elle n’eut pas le temps de partir et de dire adieu à l’animal épuisé. Parce que quelqu’un approchait, et vu le raffut qu’il faisait, elle ne doutait pas que c’était l’Intendant en question… L’avait-il vu arriver ?

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Il y était presque..

La langue entre les dents pour se concentrer davantage sur sa tâche, le front suant, la poitrine qui se soulevait en un rythme profond et lascif pour ne pas être dérangé par de simples bruits de respiration.. Les yeux fixés sur l’ouvrage comme un prédateur fixe sa proie avant de l’attaquer, les pupilles brillantes et immobiles, les paupières légèrement plissées pour ne pas être gêné par le rayon de soleil qui filtrait de la fenêtre, et venait taper de son rai d’éternité la tasse de tisane vermeil qui trônait sur un coin de bureau..

~~C’est là que Jehan prit la résolution d’arrêter de fumer la moquette.~~

Ressortant fièrement de son aventure indicible et unique, multiple et indivisible, l’Intendant se redressa sur son bureau, contemplant enfin ce qu’il avait devant lui, avec le profond sentiment du devoir accompli, la poitrine bombée, le menton haut et la pupille fière.
Devant lui trônait un magnifique bateau de papier.
Aussitôt convaincu d’avoir rendu un fier service à la société en construisant ce radeau de la Méduse que dis-je ! Ce pic, ce cap, cette péninsule de papier ! Jehan Hil’ Jildwin bondit hors de son bureau – qui était dans un capharnaüm indescriptible, d’ailleurs, son objet d’art sous le bras. Non pas qu’il eut spécialement besoin de caser son Black Pearl sous les bras tant il était lourd, mais l’homme avait cette paranoïa tout à fait justifiée que quelqu’un – qui s’appelerait Barbossa, d’ailleurs. – allait tenter de prendre possession de son navire.
C’est ainsi que le fier Capitaine Jack Sparrow traversa toute l’Académie en courant volant grimpant sur les murs et esquivant les récifs et les Kraken, pour finalement déboucher sur..
Tortuga..
Qui s’appelait aussi, de son petit nom, la cour de la Fontaine. Après tout, c’est là que se trouvait la mer, non ? Cette étendue d’eau que Calypso leur avait ravie, cette flaque myrifique dans le petit bassin, qui accueillerait son écumeur des mers avec condescendance et DavyJonesmence.
Mais alors, un rêve apparut dans la tête un peu fatiguée de notre Intendant chéri. Prendre la mer, naviguer par delà les océans, trouver le coffre maudit de Cortez.. la vie éternelle.. Il en avait les yeux brillants. Aussi fila-t-il directement en direction des écuries, il voulait tout plaquer, plaquer sa vie, plaquer l’Académie, plaquer la Compagnie des Indes et devenir le Pirate le plus redouté de tous les temps !
Lorsqu’il arriva les joues rosies, le cheveux dans le vent, devant les écuries, le futur pirate maudit au cœur arraché pour sa belle stoppa net. Il y avait quelqu’un.
Alors qu’il reconnut une silhouette féminine aux cheveux blancs, il lança sans vraiment réfléchir :

- Elizabeth ? Mais que faites-vous là ? scratch

Quelles sont les raisons qui vous amènent à Port Royal de si bonne heure ?

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C’était bien l’Intendant. Et il était encore plus bizarre que ce à quoi elle s’attendait, après ses observations. Elle observa d’un air étonné le bateau en papier froissé qu’il tenait comme si c’était une perle noire à la valeur inestimable, puis hésita une seconde. Qui était Elizabeth ? Devait-elle prétendre d’être celle pour qui il la prenait, ou donner sa véritable identité qui n’était pas véritable puisque c’était un mensonge mais qui semblerait véritable à tout le monde sauf elle puisqu’elle connaitrait la vérité et qu’ils penseraient que le mensonge était vérité ? Elle n’eut pas le temps de répondre ; le vent souffla d’un coup, viiiiip ! Et le bateau s’envola. Sûrement vers une étoile, là où se cachait un pays imaginaire… et à l’Intendant de bondir après son bateau, qui bien sûr finit dans la boxe d’un cheval qui s’empressa de le piétiner sous ses sabots. Adieu, mes rêves de gloire…

- Je suis venue vous demandez votre aide, oh capitaine. Mais sans bateau, comment le pourrez-vous…

L’air fatiguée, mais moqueuse, elle entra dans le boxe de la Tempête qui avait osé faire chavirer le navire de l’intendant, et le sauva rapidement de la noyade. Comment, un bateau si précieux, devenir une épave oublié aux grands fonds des abîmes ? Le morceau de papier ne ressemblait plus à grand-chose, mais elle le tendit avec toute sa grâce à Jehan Hil’ Jildwin.

- M’accepterez-vous sur votre navire, Capitaine Jack Sparrow ?

C’était peut-être maudit, une femme sur un bateau. Mais ca pouvait être pire de la laisser à terre. En tout cas, Neela espérait désespérément qu’il accepterait. Elle devait entrer dans l’Académie, coûte que coûte… pour le moment, elle ne relèverait pas le ‘Elizabeth’. Ca lui allait parfaitement, de s’appeler Elizabeth. Après tout, l’homme qu’elle avait en face d’elle n’avait rien du célèbre pirate… à moins que.

- Vous devriez vous trouver un chapeau à la foire d’Al-Vor, je suis sûre que vous en trouverez un à votre goût.

Sourire mystérieux, mais toujours fatigué. Après tout, elle avait traversé l’ouragan, bravé les tempêtes, tourbillonné entre eau et vent pour arriver enfin sur cette île salvatrice…

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Reprenant vite son navire de peur qu’un félon barbu vînt le lui dérober une seconde fois, le Capitaine Jehan Sparrow –puisque c’est comme cela qu’il s’appelait désormais !- écouta attentivement les paroles d’Elizabeth, se demandant pourquoi elle n’était pas en robe de mariée. Après tout, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle devait se marier avec le forgeron eunuque ? o.o Etonnant, il en était pourtant sûr..

Quoi ?! Elle avait perdu le collier ?! Le bijou n’était pas à son cou. Le Médaillon.. Oh mon dieu oh mon Dieu. Il devait déjà être entre les mains de Barbossa.. Et il allait se libérer de la malédiction, l’homme ! Et il allait pouvoir sévir sur les océans, sans cette malédiction que Bootstrap avait réussi à déclencher en volant la dernière pièce.. Et maintenant voilà que la demoiselle avait perdu le seul moyen de garder les pirates dans le monde des morts-vivants !
Jack prit la mouche, mais tenta de se calmer. Malheureusement, le singe n’était pas à portée de vue, il ne pouvait pas lui tirer dedans comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’il était énervé. Aussi reprit-il tranquillement sa respiration et reprit :

- Une femme sur mon navire, morbleu ! N’est-ce pas accepter Calypso elle-même ! Soit, je vous accepte, demoiselle, mais tâchez de ne pas ramener Will, c’est fou comme son bouc m’énerve !

D’un clin d’œil, le pirate accepta le compliment, et tira alors de sa poche LE chapeau. Celui qu’il tenait de Ivan Derkan, alors que tous les deux trinquaient un coup dans les cuisines. Le seul et unique chapeau du Capitaine.. Jack Sparrow ! L’homme le posa délicatement sur sa tête, à la manière du plus grand pirates des mers.

- Mais voyons, un seul chapeau peut aller à ma tête. Et un capitaine sans chapeau n’est plus un capitaine. Par ailleurs, Elizabeth, où est parti le Médaillon ? Où est la pièce de Cortez ? Si j’apprenais que ce bougre de Barbossa s’en était emparé, je mangerais du Kraken par les tentacules ! Mais il ne m’aura pas, le forban.. Et le jour où nous nous retrouverons, il se souviendra du jour où il a failli capturer le Cap--

Et puis il gesticula un peu, et cria subitement : pour cause, le cheval venait de l’envoyer ruer dans une botte de foin, d’un puissant coup dans l’arrière-train. Fulminant, Jehan en ressortit de guingois, se massa l’assise, et reprit, un peu désillusionné sur son avenir de pirate :

- Puis-je faire quelque chose pour vous, demoiselle ? La raison de votre venue ?

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- Ne vous inquiétez pas, je n’ai aucune envie de ramener qui que ce soit avec moi, au contraire…

Rapide regard vers ailleurs ; celui de Neela la fugitive, qui n’était pas en robe de mariée tout simplement parce qu’elle n’avait aucune envie de marier un forgeron qu’elle connaissait à peine, finalement. Pas assez aventureux.

- …le Médaillon ?

Mais de quoi parlait-il donc ? Pourquoi avait-il peur qu’un pirate lui pique un simple collier, alors qu’il pouvait trouver des coffres et des coffres de merveilles, découvrir Atlantis et vider les Archipels Alines ? Ses agents ne lui avaient pas dit que l’Intendant, en plus d’être toujours en mouvement, avait pour habitude de dévorer des champignons hallucinogènes. Merwyn devait déteindre sur lui avec ses salades. Elle continua tout de même à jouer le jeu, sortant un collier invisible jusqu’alors car elle l’avait glissé sous ses vêtements. Une chaîne d’or, une pièce du même métal au bout, ornée de quelques signes abstraits, achete dans un marche quelconque il y avait deja longtemps… ce n’était sûrement pas du tout ce dont parlait l’Intendant, mais elle lui tendit le ‘Médaillon’ en question.

- Il sera à l’abri en votre possession, n’est-ce pas ?

Puis elle étouffa un rire alors que Fender se moquait de Jehan- qu’elle arrêta immédiatement. Il sonnait bien faux… elle avait passé bien trop de temps à rester impassible quoi qu’il arrive, il était tant qu’elle s’entraîne à remontrer de faux sentiments. Ce soir, elle ferait une compétition de grimaces avec le singe de Barbossa, tiens.

- Je suis venue, comme je vous l’ai dit, vous demandez votre aide. Contre l’asile que m’offrira votre bateau, je suis prête à mettre mon Don à votre service.

Elle ne savait pas encore ce qu’il lui proposerait, entre surveiller les Spires comme Slynn Ar’ Kriss ou aider les élèves à maîtriser leur Don en leur donnant des cours, mais elle l’apprendrait bientôt. Tirant les rênes de Fender, elle apporta son ‘bateau’ à bon port et ferma la porte de la boxe derrière elle. La tête du cheval apparut bientôt juste au dessus, et lorsque Jehan passa pour suivre Elizabeth, ses dents se refermèrent sur le bras de l’Intendant. Grimaçant d’abord, Neela ferma les yeux l'espace d'un instant.

Décidément, Fender n’aimait pas Sir Hil’ Jildwin…

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Gnap ! Foutu canasson ! Jehan Hil' Jildwin se massa cérémonieusement le bras lorsque bourrique-sur-pattes le lui mordit sauvagement. Si on ne pouvait plus rêver d'une vie meilleuse, maintenant ! Tout se démantelait avec la force de Valen ôtant son manteau un soir de pluie orageuse et de mauvaise humeur intense. Et il reprit conscience. Bien sûr, il savait parfaitement ce qui venait de se produire, mais qu'importait. Son estime n'avait pas besoin de cela pour être entâchée, et de toute manière, il avait la lessive CillitBang pour l'aider contre les tâches ! Alors il reporta ce mince incident diplomatiquo-délire au fond de sa tête, s'éclaircit vaguement la gorge pour reprendre contenance, et s'écarta prudemment du bourricot qui le prenait pour un os en corde avec lequel se faire les dents.

- Je vois je vois..

Mais en fait, il ne voyait pas absolument pas. D'un parce qu'il n'avait pas vraiment écouté ce qui se passait dans leur discussion, puis parce que les deux neurones de son cerveau avaient du mal à faire *clic*. Heureusement qu'il avait bonne mémoire auditive et qu'il sut réarranger les sons entre eux pour pouvoir redécoder ce que la demoiselle en face de lui venait de dire..

- Si j'ai bien compris, vous souhaitez un poste dans notre Académie ? En temps que professeur Dessinateur, c'est bien cela ?

Sans même attendre de réponse, il chercha quelque chose dans sa poche, et sortir finalement un morceau de papier froissé qu'il conservait envers et contre tout, à l'abri dans son habit. Le dit-papier s'avérait être une liste des professeurs et des postes vacants au sein de l'établissement, et Jehan souleva légèrement le sourcil, en ajoutant :

- Certes, nous avons déjà un professeur de Dessin, mais il semblerait que Dame Ril' Lake, ayant des problèmes, disons de "santé", ne puisse assurer convenablement et entièrement ses cours. Cela vous dérangerait-il de les reprendre à sa place afin que nos élèves aient de quoi s'occuper ?

[ Je sais, j'ai beaucoup de retard, et la réponse est courte,concise et manque d'humour, mais faut faire bouger un peu les choses. ]

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- Absolument pas, ce serait un honneur. Merci beaucoup, monsieur… ?

Professeur de Dessin. C’était parfait. Elle pourrait discuter avec les professeurs tout en cernant les élèves et ayant accès presque partout… Un sourire de joie intense apparut sur son visage. Joie de comédienne, et en rien un véritable plaisir… tout marchait comme elle le souhaitait, mais elle ne s’était pas attendue à avoir un problème dès le début. Neela était heureuse, ayant trouvé son refuge loin de la famille qu’elle évitait ; Maya n’était que satisfaite que son plan marche à merveille. Elle demanda finalement le nom de l’intendant, remarquant que le jeu était fini. Elle n’était plus Elizabeth, il n’était plus Sparrow. Son cheval venait de briser le sort… Quel dommage. Qui sait où aurait pu les mener leurs aventures ! Mais les bateaux retournaient au port, l’intendant à ses papiers, et Neela à ses cours. Elle demanda, un peu perdue :

- Où dois-je m’installer ?

Les autres questions elle réservait à Vivyan Ril’ Lake. Ainsi, le Dessin que Merwyn gardait en vie avait des problèmes de santé… Disparaitrait-elle malgré les efforts du grand Dessinateur ? Maya sentait une tempête de joie chaotique hurler en elle lorsque l’idée lui vint à l’esprit. Ainsi la légende n’était pas invincible… bien fait. En croisant les yeux de l’intendant, elle reprit son calme, calmant l’eau bouillante qui éclatait en grosses bulles (pop !). Elle ajouta une dernière chose.

- Je m’appelle Neela…

Une seconde d’hésitation que l’Intendant ne pourrait rater.

- …Neela Selyan.

Une culpabilité sur ses traits alors qu’elle soufflait le dernier mot qu’elle prononcerait. Il saurait qu’elle mentait. Elle était habillée en noble, son visage était un livre ouvert. Il saurait que son nom de famille était mensonge… Mais peut-être en avait-il l’habitude, avec tous ceux qui venaient chercher refuge ici. Et il comprendrait sûrement, puisque plus tôt elle avait avoué venir ici pour être à l’abri…Il saurait que si elle était ennemie, elle aurait mieux caché ce mensonge, et donc que qui qu’elle soit, elle était inoffensive…

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Jehan Hil' Jildwin haussa légèrement un sourcil. Elle avait l'air de mal coller à son personnage.. Mais après tout, ce n'était pas ses affaires. Elle avait le droit d'entrer à l'Académie, d'autant que les cours de Dessin laissaient un peu à désirer ces derniers temps. Et puis, ce n'était pas la première fois que des jeunes gens arrivaient en tentant de mentir pour ne pas être renvoyés chez eux ou chez les précepteurs qu'ils venaient de fuir, et même si cela nuisait un peu à la réputation de l'établissement, ils avaient le droit d'entrer. En quoi celle-ci changeait-elle ? Peut-être son air plus sérieux, plus mature, plus intelligent que la plupart des gourgandines qui lui donnaient un faux nom.. Un air un peu moins niais, peut-être ? Plus.. chaotique. Mais là, c'était l'imagination fertile de l'Intendant qui jouait et non pas son esprit rationnel. Aussi ne releva-t-il rien.

- Très bien, mademoiselle Neela Selyan. Je suis Jehan Hil' Jildwin, Intendant à l'Académie de Merwyn, et présentement celui qui peut vous accepter entre ces murs !

Blacksad rangea alors la liste fripée dans la poche fourre-tout de son habit, et jeta un regard noir et profondément haineux au cheval qui venait de lui froisser le bras, il y aurait sûrement un énoooooorme bleu dans quelques heures ! C'était inadmissible, mais en même temps, que pouvait-il mettre des heures de retenue à un canasson ?

- Dans ce cas, je vous ferai apprêter des appartements, j'espère que vous saurez vous entendre avec Dame Ril' Lake pour vous occuper des cours qui vous semblent être dans vos tâches. Je ne puis vous dire encore où seront situés vos appartements, ça dépendra de là où il y a de la place..

Il lui adressa un petit sourire, essayant toujours de comprendre dans son regard pourquoi elle lui mentait. C'était un peu embêtant pour un professeur, mais qu'importait. Il lui désignait le chemin de la sortie des écuries d'une main, et reprit une dernière fois :

- En espérant vous recroiser dans les couloirs.. Et si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir me voir, je suis -presque- toujours disponible dans mon bureau ou dans les couloirs de l'Académie !

Et il sortit, songeant à tout ce qu'il avait laissé en vrac sur son bureau et qui attendait d'être rangé. Encore une journée de dur labeur..

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