Enfance... (RP privé) (RP inachevé)

Kyla marchait, l’impressionnant félin à ses côtés. Il avait enfin atteint sa taille adulte. Il était temps ! Il arrivait à la hauteur de l’épaule de la Corbac. Et encore heureux que ce n’était qu’un tigre du Nord qui n’a pas été sevré par sa mère! Les premières lueurs du jour filtrait à travers les ramures des arbres sous lesquels ils se promenaient. La chaleur de cette matinée du moi de mai était déjà élevé et étouffante. Kirua s’allongea par terre pour profiter de la fraîcheur de la terre; il avait trop chaud. La marchombre s’assit à ses côtés.
Un léger vent frais se leva, balayant le parc d’une douce brise qui vint caresser le doux visage de la corbac. Les branches sinueuses du chêne étala sur les amis réunis une ombre reposante, les mettant à l’abri des coup de soleil. Les mains de Kyla caressaient doucement le tigre, elles s’enfonçaient dans l’épaisse fourrure soyeuse de Kirua.
Elle n’avait que lui, et en fait, elle n’acceptait que sa présence. Ils se complétaient à merveille.
Elle donnerait sa vie pour lui, pour le protéger.


Une enfant au pied d’un arbre. Un bébé serai plus exact. Elle pleure, une faim tiraille son pauvre petit ventre qui n’a pas reçu de repas depuis déjà un jour ou deux. Sa plainte raisonne dans la forêt, alertant les animaux sauvages y habitant. Elle n’a pour vêtement qu’une couverture bleu. Dessus, on peut voir une broderie formant ce prénom: Shauni. Avertis par les cris du nourrisson, les loups et les félins de la forêt s’approchèrent, curieux. Quel était donc cet étrangeté ? Qui était-elle pour oser rompre le silence reposant de cet environnement ? Une…humaine ?! Que faisait cet enfant ici ? Seule en plus! Les loups et les félins s’attendrirent devant ce bébé, ce spectacle extraordinaire. Une louve, qui était une récente mère de quatre louveteaux l’allaita de son mieux. Petit à petit, ils apprirent à comprendre la petite humaine.
Cet enfant grandi, ses cheveux bleutés poussèrent. Elle développa une agilité surprenante, appris à parler le langage des félins et des loups.
Elle s’adaptait fort bien à cet environnement hostile, découvrant le monde la plupart du temps à quatre pattes, le reste debout.
Sa vue devint perçante et elle apprit à déjouer les pièges de la forêt.
Du haut de ses quatre ans, les guerriers Thüls l’enlevèrent de ce milieu qui était le sien.
Ils l’arrachèrent, sa déracinèrent, et sa, elle le vécu très mal, on lui avait enlevé se qu’elle considérait comme sa famille.
Une femme ne pouvant avoir d’enfant l’éleva comme sa propre fille, l’aimant très fort.
Elle apprit le maniement des armes dès qu’elle put en tenir une dans ses mains.
Elle avait été adopté par ces guerriers, les étonnant par sa vivacité et ses capacités développés.
On lui donna le prénom de Kyla, qu’elle décida de garder après, en remerciement.
A 14 ans, elle partit, seule. On lui donna une jument, Naeryane de robe sombre. Rapide et légère, elle était la monture idéale la marchombre.
Elle se lança à l’aventure, les cheveux au vents, le cœur gonflé d’ambition. Un bruit attira son attention.
Cri plaintif d’un animal traqué. Pas n’importe quel animal, ce cri…ce langage…elle le comprenait ! C’était un félin!
Sa mémoire était dans un brouillard, elle ne se souvenait plus de ce langage qui remontait à sa plus tendre enfance.
Elle chercha dans sa mémoire. Le hurlement repris, déchirant. Déchirant, c’était le mot, il brisa le cœur de Kyla.
Elle fit pivoter sa jument et se lança bride abattue dans la forêt, se guidant au son.
Elle aperçu le tigre. Un bébé, deux braconniers autour de la pauvre bête.
Le félin était recroquevillé au milieu d’un sentier, la queue entre les pattes, les oreilles baissés en signe de soumission.
Lorsqu’elle le vit, elle se souvint. Elle se souvint du langage des félins! Le pauvre hurlait au secours. Il…pleurait.
Kyla descendit de Naeryane, prit deux dagues, se mit entre les deux hommes et le félin, le protégeant de sa fine silhouette. Elle défia les hommes du regard, un regard froid. Quel gens méprisables que de se prendre à cet bête sans défense. Elle vit les corps de deux félins du Nord derrière eux. Et le bébé tigre qui murmurait doucement « papa…maman…sauvez moi…pourquoi vous bougez plus ? »
Ces mots, cet instant, resta gravé en Kyla. Elle avait pitié pour le félin et voulait le protégeait.
Les hommes se jetèrent sur elle, elle se défendais, para les attaques, reçut des blessures, aux hanche, sur la joue, tout en protégeant le petit fauve, pour empêcher les braconniers de le prendre lui aussi. Elle réussit néanmoins à leurs mettre des blessures assez graves, ils prirent la fuite.
Ils partirent. Kyla s’affaissa par terre, couverte de sang, fatiguée, à bout.
Elle gémit, d’atroces blessures. Elle se pansa, lança à manger au bébé tigre qui ne voulait pas se laisser approcher, il avait peur, plus même! Il était terrifié.
Elle s’allongea, ferma un œil, gardant le deuxième discrètement sur le tigre.
Le tigre la regardait, curieux, et le charme opéra. Il se rapprocha doucement, s’arrêta, avança de quelques pas puis stop. Il rampa doucement, renifla l’odeur de Kyla. La jugeant digne de confiance, il se rapprocha de nouveau et vint se blottir contre elle, s’enroula, posa sa tête sur le bras de la marchombre et ferma les yeux. Elle murmura « Kirua » et s’endormit paisiblement, sereine.
Depuis, ils ne se quittaient plus.

Pourquoi elle se remémorait les souvenirs, ses souvenirs en ce moment ?
Elle se leva, le félin ouvrit les yeux et se leva. Il s’étira et bailla, ses crocs étaient impressionnants. Elle se mit en marche, en silence, encore pensive sur le sujet de ses rêves, la raison de se rappeler son enfance.
Elle vit l’analyste de l’Aca, elle se dirigea vers elle pour la saluer et elle entendit.
Elle entendit….
« Ma pauvre petite…ma pauvre Shauni… »
Choc, stupeur, elle resta béat, impossible pour elle de réagir. Est-il possible ? Nooon, mais pourtant, ce prénom n’était pas très répandu… Elle resta immobile comme une statue de marbre, silencieuse, les yeux ouvertes comme des soucoupes, choquée.
Ce prénom remonte à si loin….il touchait sa vie d’avant, avant même la forêt, avant tout…Était-il possible que …?

Shauni, comment cela pouvait être possible ?
Et pourtant…cela l’étonnerait encore plus si on lui disait qu’ils étaient des centaines à porter ce nom.
Non, ce nom était rarissime, presque unique.
Elle ferma les yeux à un moment, elle revoyait ce nom brodé sur sa couverture, seul bien de son passé antérieur à sa vie de sauvageonne.
Kirua était à ses côtés, immobile et inquiet de l’inactivité de sa jeune amie qui débordait normalement de vie.
Serait ce possible que…?
Des émotions la submergèrent, cette femme, si elle était bien sa mère, l’avait abandonné !
Lâchement, égoïste.

Une rage sans nom la dévorait pourtant elle la garda enfoui, ne laissant rien paraître. Cette femme devait avoir ses raisons. Kyla plongea son regard interrogateur dans les yeux d’ambres de son félin.
Cette femme…sa mère. L’idée lui parut inimaginable, et à ce moment là, la jeune Corbac se mit à détailler le corps de la jeune femme avec attention.
Bizarrement, jamais il ne lui était arriver d’essayer de mettre un visage sur sa mère. Jamais elle n’avait essayé de s’imaginer à quoi elle pouvait ressembler. Elle remarqua qu’elles avaient la même forme de visage, les même yeux, par contre la femme avait les cheveux blonds, ce qui n’était pas le cas de Kyla qui les avait bleus.

Comment cela pouvait être possible ? Dès sa naissance elles avaient été séparées, et les voilà qu’elle étaient face à face, chacune consciente que le destin les avaient enfin réunies en ce même lieux.
Kyla sentait au fond d’elle que c’était sa mère en face d’elle à ce moment même.
Comment décrire cette sensation qui part du cœur et se répand avec tranquillité dans chaque fibre de son corps ? Comment mettre des mots sur cette évidence ?
Comment tout bonnement pouvait-elle affirmer avec certitude l’identité de cette femme alors qu’elle n’avait jamais vu, jamais entendu parler de sa mère.

Sa mère….
Pour elle, elle était qu’une orpheline sauvageonne, élevée par les loups et les félins de la forêt.
Animaux sauvages à première vue qui avaient pris soin d’elle, une petite humaine fragile et ignorante de ce qui lui arriver.
Comment réagir face à cette claque qui réveiller en elle une douleur dont elle ignorait l’existence jusqu’à présent ?
Elle ne savait réagir, et c’est à ce moment là précisément que la femme se retourna et la vit.
Oui, elle sentait au fond d’elle que c’était elle, sa mère.

-Shauni…?

Silence, frisson. Kyla avança d’un pas et dit d’une voix totalement dépourvu de sensations:

-Ce fut en effet mon prénom, jadis.

Elle ne souriait pas, avait une apparence plutôt froide, mais comment faire autrement ?
Elle s’approcha lentement, son grand tigre la suivait à la trace. Elle dit doucement:

-Ma…Maman ?

Son regard était chargé de questions, son cœur battait la chamade, et si elle se trompait ? Si cette femme faisait une erreur ?
Elle attendait sa réaction, méfiante. Elle se tenait immobile face à cette femme qu’elle avait croisé dans les couloirs peut être deux fois depuis son arrivée.
Elle ignorait tout d’elle, même son prénom, son nom. Et au fait, qu’Est-ce qu’il lui prouvait que c’était bien elle ?

Une main sur son épaule, promesse de présence future ? Des questions silencieuse, une absence de réaction de Kyla, sous le choc et l’ignorance du comportement à prendre dans cette situation.
La femme se rapprocha, mais qui était cette femme à ses yeux ? Sa mère ? Elle n’était pas sûre de la considérer comme telle…sa viendra peut être qui sait.
Sa mère la prit dans ses bras, Kyla resta immobile, le visage impassible et le regard perdu.
La repousser ? La prendre dans ses bras également ? Que de décisions contradictoires, mais il fallait choisir…
Kirua décida pour elle, il se mit à grogner et à montrer les crocs, comme à chaque fois que quelqu’un s’approchait de trop près de son amie. La Corbac repoussa sa mère, pas violement, doucement, pour lui faire comprendre qu’elle n’était pas le genre de fille qu’on prend dans les bras pendant des heures, le genre de filles à faire des bisous tout le temps. Elle était à moitié sauvage, et c’est en partie par sa faute qu’elle était comme ça.

"-Ton tigre n'a pas l'air de m'apprécier. Ma petite Shauni, si tu savais comme j'ai espéré, j'ai tant espéré, pendant toutes ces années, que tu ne soit pas morte...Ma petite, si tu savais comme je m'en veut...Est-ce que tu trouveras un jour la force de me pardonner ce geste?"

Elle se tut un moment, elle évita le regard de la femme. Les événements se bousculaient, et cette rencontre chamboulait tout son passé, son avenir, et avait un impact important sur le présent. Elle ne put répondre à la question d’Amaraï, elle fixait Kirua du regard, il n’aimait pas que quelqu’un l’approche de trop, il la protégeait, et elle lui en était reconnaissante, bien que quelque fois cela pouvait être embarrassant…Elle dit, toujours en regardant le tigre:

Pourquoi m’as-tu abandonnée dans une forêt réputée dangereuse, me laisser pour morte au milieux des animaux sauvages…

Elle trouvait cela trop facile, elles se retrouvaient, et elle devait pardonner ? Pardonner sans savoir, pardonner aveuglement pour une personne qui l’avait abandonnée en toute connaissance de cause, sans chercher à la protéger, à la retrouver. Kirua continuer à montrer les crocs et il se rapprocha de la marchombre.
Kirua…la seule personne de son entourage proche.

Toi…Est-ce que tu pourrait pardonner ?

Elle la regarda droit dans les yeux, cherchant des réponses à des questions qu’elle avait refoulé dès sa naissance, faute de pouvoir résoudre ses mystères qui entouraient son début de vie comme un voile opaque qui brouillait sa vue. Elle ignorait d’où elle venait. L’ignorance…parfois à du bon, mais maintenant qu’elle était heurté à son passé, il lui fallait des réponses claires et sincères.
Alors seulement elle pourrait songer à pardonner à cette inconnue qui était pourtant la femme qui lui avait donné la vie, avant de la rejeter.
Elles se regardaient en silence, leurs yeux noisettes cerchant des réponses dans les yeux de l'autre en face d'elles.
Pourraient-elle un jour s'aimer ? Comme une mère et sa fille ?
Trop de temps les avaient séparés...mais le lien du sang et peut être plus fort que le temps...alors, le futur leurs réserve bien des surprises.

Kyla ne savait comment réagir. Aussi bien dans la forêt que chez les Thüls, les larmes étaient cachées, c’était une marque de faiblesse, et ils n’acceptaient pas la faiblesse. Les gens faibles mourraient, se faisaient tuer, seuls restaient les forts.
La marchombre ignorait ce qu’était cette pluie provenant des yeux de la femme en face d’elle. Intriguée, elle s’approcha et cueillit au bout d’un doigt une perle d’eau qui coulait sur la joue d’Amaraï, la porta à ses lèvres et eu un sursaut, cette eau était salée, comme la mer!
Elle eut un mouvement de recul, effrayée par ce curieux dessin qui faisait jaillir la mer des yeux de la femme qui l’avait mise au monde. Elle balbutia, Kirua en échange émit un grognement à peine perceptible:

-Qu’Est-ce que cela ? La mer qui sort de tes yeux…

Elle en avait oublié de réagir à propos des lourdes et douloureuses révélations de l’analyste. Son attention était focalisé sur les joues et les yeux qui se noyaient dans de l’eau salée.
Elle aurait du s’émouvoir, pardonner directement à sa mère qui était pourtant fautive de son passé de sauvageonne.
Mais devait elle lui vraiment lui en vouloir ? Elle ne s’estimait pas malheureuse, même plutôt privilégiée. Et après tout, pouvait elle juger sa mère ? En avait elle simplement le droit ?

-Comment…cela…s’appelle ?

Elle désigna les larmes. Cela semblait étrange qu’elle ignore ce qu’était ces gouttes d’eau salée mais quand on y réfléchissait, cela était normal. Entre loups, félins et Thüls, qui aurait pu lui expliquer que ce phénomène était naturel ? Que les larmes étaient dues à la tristesse, ou alors à une profonde joie ?
La Corbac glissa sa main dans l’épaisse fourrure soyeuse du tigre qui lui arrivait à la poitrine. Son regard chercha du soutien dans celui, ambré de la magnifique et puissante bête qu’elle avait comme compagnon depuis des années de cela…

Regard d’ambre lumineux,
Messages échangés silencieusement,
Compassion féline.

Comment pouvait elle en vouloir à sa mère ? Peut être que le sacrifice qu’elle a fait était inhumain mais c’était également grâce à cela que Kyla en était arrivée là, grâce à cela qu’elle parlait aux félins, aux loups, qu’elle connaissait les secrets de la forêt mieux que personne, qu’elle avait développé son agilité, sa soif de liberté.
Grâce à cela qu’elle avait connu Kirua…
Une vague de sérénité s’empara d’elle lorsque son ami lui souffla tendrement sur ses cheveux.
Elle ferma les yeux doucement et murmura, juste assez fort pour qu’Amaraï l’entende:

-Merci…

Ce remerciement incluait le pardon que la marchombre lui offrait, le cœur serein. Une part d’elle-même s’était comblé, l’harmonie tant désiré des marchombres régnait désormais dans chaque fibre de son être. L’harmonie avait vaincu le chaos, l’envie de se venger de cette mère indigne et irresponsable.
Maintenant, elle pourra s’ouvrir au monde extérieur avec plus d’aisance et d’ardeur, de désir. Sa mère venait de l’aider à découvrir une chose…
Il faut d’abord se sentir complet pour s’ouvrir aux autres…
Le remerciement s’adressait aussi bien au félin qu’à la femme en face d’elle. Une autre partie de son passé restait néanmoins dans l’ombre:

-Qui…est mon …père ?

Les mots avaient du mal à franchir le seuil de ses lèvres tant cette notion de parents biologiques était nouvelle pour elle.
Une question plutôt anodine, mais Kyla ne savait pas à ce moment là que cette question soulevait innocemment bien des douleurs dans le cœur et même l’âme de la belle analyste. Une main chatouillait inconsciemment l’oreille du tigre qui émit une sorte de ronronnement chaleureux, peu commun pour son espèce sauvage, mais Kyla y arrivait, mi femme mi félin.
Elle ne s’était jamais vraiment préoccupée de savoir qui étaient ses parents biologiques mais s’était plusieurs fois surprise à en imaginer les traits, déceler un visage flou devant la surface lisse d’un lac quelconque. Elle regardait son visage fixement, tenta de deviner de qui elle avait hérité ses cheveux bleutés, ses yeux noisettes en forme d’amande, l’ovale de son visage, ses lèvres finement ourlées. Une fois recueillie chez les Thüls, elle aimait à penser que son père leur ressemblait, un homme grand fort et courageux. Bref, le stéréotype du père selon les critères enfantins.
Elle imaginait également son père maladroit sentimentalement. Un homme doux qui cache ses sentiments, faute de savoir comment les montrer. Un homme aussi adroit aux armes qu’il était maladroit en amour. Un combattant solitaire en esprit, mais ayant un grand cœur. Kyla s’assit sur le sol, entre les grosses pattes avant du félin qui suivait la scène attentivement, une lueur d’intelligence pure dans ses yeux d’ambres. La marchombre caressa les brins d’herbes fougueuses autour d’elle.
Elle et sa mère avaient des choses à se dire, des années d’ignorance à combler, alors autant être installée confortablement. Le contraste entre l’analyste et sa fille était saisissant. Une génération, un passé, un monde les séparaient. Qui aurait cru que ces deux femmes étaient en réalité liées au plus profond de leurs êtres ? Le lien indéniable du sang qui coulait dans leurs veines…

Amaraï pleurait. Les larmes, salées, piquantes sur sa peau, y laissant comme des sillons de feu, coulaient à flots réguliers. Devenue aveugle, les yeux débordant de perles de mer, elle n’avait plus conscience de ce qui l’entourait. Elle perdit pied avec la réalité, se plongeant au plus profond de sa peine. Non, elle ne lui pardonnerait probablement pas de si tôt son geste. Le pire, pour l’analyste, était qu’elle avait pleinement conscience qu’elle ne pourrait pas lui en vouloir. Elle même n’aurait pas pardonné.
C’est lorsque Kyla cueillit l’une de ses larmes que la jeune femme reprit pied sur terre. Etonnée , elle la regarda porté la goutte à sa bouche. Elle ne compris pas tout de suite ce pourquoi sa fille avait un mouvement de recul. Pendant un instant elle crut que c’était parce qu’elle se rendait compte de l’abomination de ce qu’elle avait fait. Pourtant, quand la question de la Corbac atteint les oreille de l’analyste, elle ne pu s’empêcher d’être à la fois choquée et surprise. Mais, comment se pouvait-il qu’elle ne connaisse pas les larmes ? Qui donc pouvait bien ne pas les connaître ? C’était…étrange…
Trop stupéfaite pour réagir, elle ne répondit pas. Une deuxième demande fit échos à la première, et se perdit dans le silence quasiment complet du parc.
Alors, le félin s’approcha de sa "maîtresse". Qui plaça sa main sur sa tête dans un geste probablement répété des milliers de fois, un geste d’amitié indéfectible. Amaraï ne savait que faire, se sentant trop gênée, quand un son, faible, presque inaudible, lui parvint.

"Merci…"

Ce mot, si simple, que l’on prononce et entend presque tous les jours. Cette fois, ce mot sonnait différemment aux oreilles de la jeune femme. C’était pour elle un pardon, un "repentir". Elle se sentait enfin libérée de ce qu’elle avait fait, ou presque. Une bouffée d’air nouveau entra en elle, emplissant ses poumons. Puis, comme si ces cinq lettres avaient colmaté les trous de son âme, les larmes cessèrent de couler. Enfin, une partie de la jeune femme trouvait un peu de paix. Merci de quoi ? Elle ne savait pas. Ne voulait pour l’instant pas savoir. Tout ce qui lui importait en ce moment était le pardon de sa fille. Une joie pure, calme et sérieuse l’envahit.
Joie qui fut rapidement obscurcie par les nuages orageux du passé. Ce fut d’abord le ronronnement du tigre qui lui parvint, puis la question pris forme dans son esprit. Amaraï s’assit en face de sa fille, réprimant un soupir de tristesse. Après tout, elle devait bien quelques explications à Shauni, après toutes ces années. Alors, même si ce n’était pas de gaîté de cœur, elle entreprit de répondre.

"Ton père est…en réalité…"

Début très difficile. Elle ne savait comment s’y prendre. Mentir ? Louer cet homme qui avait fichu sa vie en l’air ? Non, elle devait l’honnêteté à sa fille. Lui mentir alors qu’elles venaient à peine de se retrouver n’était pas une bonne idée. Surtout si elle tenait à rattraper le temps perdu. Non elle ne pouvait vraiment pas mentir à sa fille. C'était au-dessus de ses forces. Comment pourrait-elle lui mentir après toutes ces années? Alors qu'elle venait de lui pardonner? C'était décidé, elle devait se lancer.

"Même si ce que tu vas entendre ne va pas te ravir, je ne compte pas te mentir. Je ne sais pas ce que tu as vécu, ni qui t’a élevée, mais je ne suis pas assez sotte pour ne pas savoir que tu idéalises beaucoup ton père. Comme chaque enfant probablement. Quel "orphelin" n’a jamais imaginé son père en preux chevalier au grand cœur, plein de courage et de bonté ? Tu vas être très déçue. Ton père, je le considérais avant tout comme un frère. Il me faisait découvrir les coins de la forêt que je ne connaissais pas. J’étais jeune et insouciante, innocente, assez jolie à son goût visiblement. C’est ce qui m’a perdue, si je peux présenter les choses comme ça. Un jour, il a utilisé des plantes soporifiques pour m’endormir et m’a violée. Voilà qui était ton père. Un homme qui profitait des petites filles trop jeunes pour comprendre. Oh ! Certes, il était beau, mais c’était également -excuses moi le terme- un véritable fils de Raïs puant qui a traîné plusieurs mois dans des fosses. Si je le croisait dans les rues, je crois que je lui tordrait volontiers le cou pour ce qu’il m’a fait subir.Et, posant un regard maternel sur Kyla. La seule chose pour laquelle je ne lui tiens pas rigueur, c’est que j’ai eut un magnifique petit bébé maintenant devenu jolie jeune fille.
J’espère ne pas t’avoir trop déçue de par le portrait de ton père, mais je te dois la vérité, après tant d’années et surtout après ce que je t’ai fait. Si tu veux plus de précision, tu peux me demander, je répondrais. Si tu veux un dessin, je t'en ferais un, même.
Mais, et toi ? Qu’as-tu fais pendant tout ce temps ? Comment as-tu survécu ? Enfin…si cela e te gêne pas d’en parler. Je pourrais très bien comprendre que tu préfères le garder pour toi."

Des années à combler, en effet. Assise face à sa fille, Amaraï arracha un brin d’herbe qu’elle commença à réduire en de tous petits, petits, petits bouts. Assise face à sa fille, elle mourait d’envie de la prendre dans ses bras. Elle avait tant besoin de sentir qu’elle était bien là, en chair et en os, qu’elle ne rêvait pas. Elle voulait tellement sentir ce corps autrefois si petit et frêle contre son cœur. Mais elle ne pouvait se le permettre. Elle n’en avait pas le droit, ce n’était pas à elle de décider, mais plutôt à sa fille. Elle devrait être patiente. Et elle le serait ! Tout ce qu’elle voulait, avant tout, c’était rattraper le temps perdu. Le plus important était de faire connaissance avec Shauni, de connaître ses goûts, son caractère. Tout. Elle voulait tout savoir. Une curiosité insatiable l’envahit. Un besoin de savoir. Comme un enfant qui naît ressent le besoin de tout savoir de ce qui l’entoure, elle voulait tout savoir de sa fille enfin retrouvée.

[Désolée, petit post à coté du tiens, mais pas beaucoup d'inspi ><]