Les leçons privées de Sha Kestal (RP terminé)

( vielle cabane, puis arbre du fauconnier (selon comment s'est terminé le rp avec Daith)

Sha avait quitté la vieille cabane, et se dirigea vers son arbre, quand elle trouva une lettre posé sur les racines. C'était une convocation du maitre d'arme. Elle grimpa à l'échelle, après avoir déposé l'oiseau blessé sur une des racines du grand chêne. Une fois dans son ekele, elle avait rejoint sa pièce-chambre pour se changer, enlevant sa large ceinture de cuir, et laissant glisser le drap de ses épaules. Il dévoila nombre de cicatrices dans le dos et sur les épaules, signes de son apprentissages de fauconnières, elles n'étaient pas vraiment voyantes, justes présentes. Puis chercha une tenue plus adapté à l'entrainement, même si elle sentait que ce moment serait long et orageux. La jeune fille finit par remettre la main sur sa tenue de cuir et de tissus et s'habilla. Chaussa ses longues bottes et remit ses gants de cuir.

Attrapa une pomme en passant, et redescendit l'échelle en grimacant quand elle dut se laisser pendre sur son poignet blessé. La jeune fauconnière alla s'asseoir sur une racine en tailleur puis fit le vide dans sa tête pour se préparer à l'enfermement qui suivrait. Le maître d'arme attendrait, elle n'en avait cure. Elle se demanda si cet homme n'allait pas finir par devenir son ennemi ou du moins à classer dans les indésirables.

Quand elle estima être a peu près calme, elle pénétra dans l'aile ouest de l'académie comme le stipulait le message, puis pénétra dans la salle d'arme, et constata avec un sourire amère que la fenetre avait été réparé. Sha se sentait seule sans au moins l'un de ces oiseaux près d'elle, ou volant dans la ciel. Elle salua l'homme et attendit de mauvaise grâce.

Voyant Sha arriver; Valen la salua à son tour avant de plonger son regard perçant dans celui de la jeune fauconnière. Il y lisait une certaine contrariété... cela ne l'enchantait guère, mais il n'en tint pas compte. Elle devrait apprendre... pour sa sécurité, comme pour celle des élèves.

- Maître Kestal, commença-t-il sur son habituel ton ironique, il apparait que vous n'avez reçu aucune formation dans les arts guerriers, exact? Dans ce cas, je veillerai personnellement à combler cette lacune. Vous avez fait le choix de résider à l'Académie, ce dont je me réjouis. Cependant, en venant y habiter, vous êtes devenue la cible des ennemis de l'Académie et il est donc nécessaire que vous sachiez vous battre... autant pour votre sécurité que pour assurer celle des élèves dont nous sommes responsables jusqu'à ce qu'ils soient formés. Avez-vous des remarques à faire avant que nous ne commencions?

Sha regarda le maître d'arme sans baisser les yeux. Il ne l'effrayait pas. Elle l'écouta parler, sans daigner lui répondre, le laissant s'imaginer ce qu'il voulait. Elle ne souhaitait pas particulièrement apprendre les arts guerriers, mais elle doutait qu'il en tienne compte, donc attendit en silence la suite des evenements, se doutant que ses lecons n'allait pas lui plaire.

Il aimait s'écouter parler, et elle n'était pas d'humeur a lui servir de miroir, qu'il parle donc dans le vide, si cela lui plaisait. Peut-être simuler un accident, la dispenserait-elle provisoirement de ces séances, mais avec son poignet blessé, même pas forcement besoin de simuler.

Devant le silence de Sha, Valen s'inclina et lui fit signe que le cours allait commencer. Le silence de la fauconnière ne l'avait pas désarçonné, pas davantage que son regard noir et maussade. Le demi-Faël ne laisserait pas des morts arriver par la seule volonté d'une fauconnière ignorante et insouciante. Tant de morts... alors qu'ils étaient des élèves prometteurs qui annonçaient un grand avenir en perspective.

Serein et détaché, il commença donc son cours. Peu importe s'il faisait passer de mauvais moments à Sha Kestal : ils avaient des responsabilités et le demi-Faël comptait bien les lui faire assumer.

- Contrairement à ce que l'on pense, la notion d'attaque et de défense n'entrent pas en compte dans un combat, pour la simple raison qu'il est nécessaire d'attaquer pour se défendre, sinon... c'est la mort, si douée puissiez-vous être.

Percevant le regard que Sha porta à son poignet blessé, Valen eut un sourire sarcastique et poursuivit sur une note encore plus ironique que de normale :

- N'espérez même pas que votre poignet blessé vous dispensera de ces leçons, fauconnière Kestal. S'arrêter à la seule douleur, revient également à mourir.

Sur une note plus sombre, plus triste, mais aussi plus déterminée, il poursuivit :

- Notre Académie a été attaquée de nombreuses fois par les mercenaires du Chaos, car elle est le refuge de leurs ennemis les plus acharnés, et elle le sera encore au cours des mois à venir. J'ai vu des élèves tomber pour sauver des professeurs, et des professeurs mourir pour leurs élèves. Nous avons toujours été une épine dans le pied des mercenaires du Chaos et nous continuerons de l'être. Sans quoi, ils oeuvreront à leur guise et tout ce qui a été construit sera détruit. Que vous ne vous souciez que de vos faucons, c'est votre seul problème! Mais je ne vous laisserai pas fuir les combats sous prétexte que vous ne savez pas vous battre pendant que des élèves inexpérimentés se battent à votre place! Alors, montrez-vous digne de leur sacrifice et soyez prêt à vous sacrifier pour eux! Ils sont l'avenir, nous ne sommes que le présent. Si seule la vie de vos oiseaux vous importe, autant que vous quittiez l'Académie. Nous nous battons pour la vie de tous, et pas seulement pour celle de ceux que nous chérissons...

Elle se força à l'écouter parler, il ne se faisait que l'écho de ce qu'elle avait autrefois apprit. Ou commencer à apprendre. Elle garda le silence, par respect pour lui et parce qu'elle n'avait rien à ajouter de plus. Puis il lui parla des mercenaires du chaos, elle en avait été entendue parler, mais n'en avait jamais croisé aucun. Elle s'en méfiait comme le reste de Gwendalavir. Au fur et à mesure de son discours, elle crispa les poings dans ses gants, puis quand il se tut, finit par s'approcher à grand pas de lui, et lui mettre une gifle retentissante.

"Quel âge croyez-vous que j'ai ?"

Elle resta planté devant lui, qu'il la frappe s'il le voulait, elle ne lui céderait en rien le terrain.

"Je suis a peine plus âge que vos élèves"

Elle avait marqué la distinctions, ce ne serait pas les siens, seulement les leurs, à lui et aux autres professeurs de cette école.

"Mais cela ne veut pas dire que je les laisserais mourir pour moi, pour protéger ma fuite, comme vous l'avez sous-entendue"

Jamais elle n'avait fuit devant le danger, elle était toujours retourné se battre avec ses propres moyens, et sans se servir d'une arme parce qu'il n'existait pas que cela dans la vie, elle se retint de lui en coller une deuxième pour le principe.

"S'il faut me battre, je me battrais"

Elle s'écarta et s'en alla vers la fenetre pour l'ouvrir, elle n'attraperait pas froid, et le guerrier devait aussi être habitué aux rigueurs de l'hiver.

- Parfait! Je vous préfère dans cette disposition d'esprit, Sha Kestal!

Valen eut un sourire en coin. La fauconnière avait de la répartie et avait répondu dignement au discours provocateur du demi-Faël. Avec un ton ironique marqué, il poursuivit :

- Cependant, je vous serai gré d'éviter les claques la prochaine fois...

Lui lançant un regard appuyé au passage, il prit à présent une expression plus sérieuse et plus concentrée. Il commençait son enseignement :

- Pour se défendre à mains nues, il existe d'innombrables techniques qui ont chacune leurs particularités. Les différents arts martiaux existant en Gwendalavir se sont développés sur des principes propres, lesquels reposent uniquement sur des principes physiques. Pour frapper fort, il n'est pas nécessaire d'être une montagne de muscles, il suffit simplement de faire appel à la force du corps toute entière, et pas seulement à la force des bras. Vous le découvrirez rapidement, le meilleur moyen de tuer un adversaire, c'est de retourner sa force contre lui ou de le déséquilibrer. Frapper certains points sensibles peut s'avérer utile, mais les combattants expérimentés veilleront à ne pas commettre l'erreur de s'exposer inutilement.

- Commençons par l'équilibre! Quelle que soit la position dans laquelle vous êtes, il y aura toujours deux points d'équilibres et deux points de déséquilibre. Certaines gardes de combat permettent d'armer plus facilement des coups de pieds, d'autres déstabilisent l'adversaire par leur étrangeté, et d'autres permettent une plus grande mobilité dans n'importe quelle direction tout en effaçant une partie de son corps. C'est cette dernière garde qui nous intéressera...

Valen se mit alors en garde. Pied droit en avant, pied gauche en arrière et presque perpendiculaire, effaçant une partie de son torse.

- Bien, voyez cette garde, Sha. Observez-la bien et dites-moi ce que vous en pensez dans une optique martiale.

La jeune femme écoutait, ou du moins se forçait à le faire, sans que cela bien sur ne puisse se lire sur son visage. Pour qui ne la connaissait pas bien, donc personne dans cette salle. Oui le maitre d'arme aimait vraiment s'écouter parler, comme quoi certaines personnes étaient faites pour enseigner et d'autres pour vivre libre. D'ailleurs l'enfermement et son inquiétude pour ses deux oiseaux lui pesaient et l'empêchaient d'être présente autrement que physiquement au cours.

Il prit une position de combat et lui demanda son avis. Elle prit son temps pour l'observer, en cherchant quoi lui répondre, mais ne trouvait rien. Elle pensait juste que peut-être il encaisserait mieux les éventuels coups, mais ce ne devait pas être la réponse. Trop évidente.

La jeune femme cherchait autre chose, mais plus le temps passait, plus elle avait l'impression d'être enfermé. Elle jeta un regard à la fenêtre, puis à la porte, se demandant laquelle des issues la ramenerait la plus vite dehors sous le ciel. A un autre moment, elle aurait choisi la fenêtre sans hésiter, mais avec son poignet blessé, c'était le meilleur moyen de s'abimer encore plus voir de se blesser.

Elle observa le maître d'arme, toujours dans sa posture et attendant une réponse qui ne viendrait pas, avant de se précipiter vers la porte, l'ouvrir juste au moment, où lui tentait de la reclaquer, et s'échapper dans les couloirs. Elle sortit sans s'arrêter et rejoignit rapidement son arbre, sans utiliser l'échelle, grimpa vers la cîme, et s'y arrêta, surveillant l'arrivée éventuelle du maître d'arme.