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 Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge

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Valen Til' Lleldoryn
Valen Til' Lleldoryn

Messages : 1460
Inscription le : 25/04/2007

MessageSujet: Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge   Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge Icon_minitimeLun 8 Oct 2007 - 18:49

Histoire du Moyen âge

Par Alain Dierkens, professeur à l'Université Libre de Bruxelles


Introduction

A) Qu’est-ce que le Moyen âge?

1. Mythes

A notre époque, le Moyen âge est une période dont on parle abondamment. L’imaginaire des gens a souvent été frappé par la chevalerie, les superbes châteaux forts, la “ liberté exceptionnelle “ de la femme, …
Tout cela se retrouve de plus en plus dans les bandes dessinées, les romans historiques, et autres.
Sans oublier que, de nos jours, il n’est pas rare que de grands héros médiévaux comme Godefroy de Bouillon, Charlemagne, Jeanne d’Arc, et encore bien d’autres aient leur propre statue et fassent l’objet d’une récupération de la part des politiques et compagnie afin d’en retirer de quelconques avantages publicitaires.

De même qu’il fait l’objet de clichés positifs, le Moyen âge est aussi un sujet de clichés négatifs de tous genres : le droit de cuissage, la fainéantise proverbiale des rois mérovingiens, les pillages omniprésents des Vikings, …
Tous ces clichés font que l’on parle généralement du Moyen âge en mal et que l’on considère cette période comme étant noire et obscure, état de fait qui remonte loin dans le temps.
Déjà à la Renaissance, des savants florentins ont ensemencé les germes de ces préjugés en valorisant l’Antiquité ainsi que leur propre époque parce qu’ils accomplissaient leur retour aux idées des auteurs gréco-latins.

Selon ces savants florentins, l’Empire romain entama une période de décadence avant de s’écrouler pour laisser place à un âge obscur (the Dark Age) qui dura 1000 ans avant que la civilisation ne “ renaisse “, ce qui constitua des préjugés historiographiques. Selon d’autres, le Moyen âge aurait été une période de lumière en raison de la florescence chrétienne.
Mais ces idées historiographiques sont totalement fausses.

Enfin, on retrouve également à cette époque l’origine du concept des périodes historiques qui s’avèrent être complètement vides de sens parce qu’il est impossible de définir un début et une fin pour le Moyen âge comme pour les autres périodes; ce ne sont que des limites arbitraires posées par simple commodité.


2. Concept

A quand remonte le début du Moyen âge? Conventionnellement, le début est fixé au Veme siècle, mais les historiens ne parviennent guère à s’accorder pour trouver une date précise.

Parmi les diverses propositions d’historien, on retrouve celles-ci qui sont quelques dates parmi d’autres et pas des moins argumentées :

- Le troisième siècle PCN : Rome est en pleine crise politique et les formidables légions romaines ne sont plus composées exclusivement de citoyens romains comme c’était le cas auparavant; les mercenaires font leur apparition au sein des légionnaires.

- 330 PCN : l’empereur Constantin fonde la ville de Constantinople en Orient et a favorisé le christianisme au point que ce dernier devienne finalement une religion officielle au détriment du Panthéon romain.

- 395 PCN : l’Empire romain se divise en deux pour des raisons administratives. Désormais, Rome sera la capitale de l’Empire romain d’Occident et, Constantinople, celle de l’Empire romain d’Orient.

- 406 PCN : les « terribles » invasions barbares tant défrayées par la chronique dévastent l’Empire romain d’Occident.

- 476 PCN : Romulus Augustule, dernier empereur de l’Empire romain d’Occident est déposé par Odoacre, roi des Hérules.


Et plus tardivement encore, d’après la théorie défendue par le grand historien belge Henri Pirenne, en 700, commencerait le Moyen âge. En effet, le bassin méditerranéen, aux mains des Européens depuis longtemps, a été en partie conquis par les musulmans (ce qui déplace en Europe du Nord les centres de commerces en vigueur depuis l’Antiquité romaine) et marque une frontière entre ces derniers et les chrétiens.

Quant à la fin du Moyen âge, on admet généralement qu’elle débute en 1453 avec la chute de Constantinople ou encore en 1492 avec la découverte des Amériques par Christophe Colomb.


En conclusion, malgré une convention généralement admise pour commodité éducative (Veme siècle PCN – XVeme siècle PCN), on peut affirmer que le Moyen âge n’a jamais existé.


B) Caractéristiques générales

1. Rural

En ce qui concerne l’Occident, le monde médiéval est surtout un monde rural: la plupart des gens vivent à la campagne et les villes sont assez peu peuplées, malgré leur rôle politique important.

Seulement un problème de taille se pose pour l’historien, le recensement de la population était en grande partie inexistant et il est donc impossible de quantifier la population de manière précise.
Heureusement, plus on avancera dans le Moyen âge, plus le recensement commencera à se répandre, ce qui rend les chiffres de moins en moins aléatoires et nous a permis de déterminer que les villes les plus peuplées vers la fin du Moyen âge étaient Paris, Londres, Florence, Milan, et Venise.


2. Chrétien

En Occident, le Moyen âge est une période d’unicité en ce qui concerne la religion. En effet, le christianisme est une religion d’Etat et aucunes autres croyances ne seront tolérées, exception faites des juifs qui seront à la fois tolérés et massacrés selon un ordre alternatif dépendant du bon vouloir des nobles.

Non seulement clergé d’une religion officielle et unique, l’Eglise est également une structure à part entière de l’Etat et, jusqu’à l’avènement de la papauté au XIeme siècle, l’Eglise était sous le contrôle absolu des monarques européens. En tant que tel, ses principales attributions seront les services et sphères publiques: l’enseignement, les oeuvres caritatives, les soins, et autres seront dispensés par les prêtres.

Par ailleurs, la population médiévale se définissait par rapport à sa paroisse car cette dernière était omniprésente dans la vie de tous les jours et les « opposants » à l’Eglise seront rapidement exécutés au lieu d’être exilés comme cela se faisait tout d’abord.


3. L’environnement

Contrairement à nos jours, la nature était omniprésente au Moyen âge et l’homme ne cherchait guère à la domestiquer. Le paysage occidental était généralement constitué de forêts énormes et de cours d’eau sauvages qui soit étaient à sec soit débordaient de tous côtés. Ce monde était évidemment plus vulnérable aux catastrophes naturelles.

En ce qui concerne les mers et cours d’eau, nous savons que la montée et la descente du niveau des eaux a redessiné les littoraux occidentaux au fil du temps. Par exemple, par l’ensablement du Zwuin, Bruges est successivement passé du statut de grand port du nord au statut de ville et Dam est passé de port à ville fossilisée.
Tous ces changements littoraux sont dus aux glaciations et aux réchauffements que connut la Terre à cette époque (par exemple, lorsque les Vikings découvrirent le Groenland en l’an mille, ce dernier était entièrement vert).

Quant aux forêts médiévales, la palynologie (étude des pollens fossiles) nous a livré des éléments qui ont permis aux historiens de caractériser ces dernières. Les forêts occidentales étaient principalement constituées de feuillus comme des hêtres, des charmes, des chênes, voire même pour des milieux acides, d’aulnes ou de noisetiers. Au niveau des plantes, le maïs, les pommes de terre, les tomates, les haricots, le café, le thé, le cacao, et le tabac étaient inconnus des occidentaux au Moyen âge et leur alimentation se composait principalement de céréales.

De même pour les animaux, les populations médiévales ne connaissaient pas tous les animaux que nous connaissons aujourd’hui. Leurs contrées étaient principalement peuplées de lynx, de loups, d’ours, de sangliers, de bisons européens (qu’on trouva encore en Pologne jusqu’au XVIeme siècle), et d’aurochs (dont la mort du dernier eut lieu en 1627). Leurs chevaux étaient de véritables percherons, leurs vaches étaient plus petites, le cochon médiéval était féroce et glouton au point de manger les madriers des maisons (un prince de sang royal fut d’ailleurs tué par un de ces cochons), les chiens étaient beaucoup moins diversifiés, et les chats étaient rares. Quant au lapin, il fit son apparition en Europe au Xeme siècle après une longue migration et fut importé au XIIeme siècle en Angleterre par les Normands.


4. Conscience du temps

Au Moyen âge, le calendrier et la mesure du temps étaient différents des nôtres. Tout d’abord, ils avaient un système de jours composé avec une journée de douze heures, soit la période allant du lever au coucher du soleil, et une nuit de douze heures également, soit la période allant du coucher au lever du soleil.
Seulement, ce système avait le désavantage de poser un problème dû aux saisons. En effet, les journées d’allongent en été et se raccourcissent en hiver.

A cette époque, on calculait les heures avec des sabliers, des clepsydres, des cadrans solaires, voire même avec des chandelles dont la durée de combustion était connue. Mais le problème qui se posait avec ces instruments de mesure, c’est qu’il fallait en permanence calculer les heures et les adapter au jour le jour. De plus, le problème des saisons se pose encore en raison de la différence des heures entre l’été et l’hiver.
En hiver, les heures étaient de 40 minutes, et en été, de 92 minutes.

Par ailleurs, seul l’Eglise catholique maîtrisait le temps à cette époque: les cloches religieuses qui sonnaient les offices rythmaient la vie de tous les jours et ces offices avaient lieu toutes les trois heures. Le temps avait une grande importance pour les ecclésiastiques et faisait l’objet de toute leur attention.
Au sein de chaque monastère ou église, des clercs avaient pour unique préoccupation de mesurer le temps afin de sonner les différents offices.

Les différents offices religieux :

- Prime : 06h00

- Tierce : 09h00

- Sixte : 12h00

- None : 15h00

- Vêpres : 18h00 (ce qui correspond au coucher du soleil pour l’époque)

- Complies : 21h00

- Mâtines : 00h00

- Laudes : 03h00


Au début du Moyen âge, le calendrier romain fut conservé et gardé d’application. Ce calendrier comptait douze mois et utilisait le système des Kalendes, Nones, et Ides pour calculer le jour où l’on se trouvait. Pour se faire, sachant que les Kalendes, Nones, et Ides désignent un jour particulier au sein du mois, on comptait le nombre de jours qu’il restait avant de parvenir au suivant de ces jours particuliers (c’était le compte à rebours romain).

Les jours dans le calendrier romain :

- Les Kalendes : désignaient le premier jour du mois.

- Les Nones : désignaient le cinquième jour du mois, sauf en mars, mai, juillet, et octobre où elles désignaient le septième jour.

- Les Ides : désignaient le treizième jour du mois, sauf en mars, mai, juillet, et octobre où elles désignaient le quinzième jour du mois.


Ensuite, sous l’influence du christianisme, le système des semaines de sept jours sera créé, tirant sa source de la Genèse-même et le dimanche sera le premier jour de la semaine parce que c’est “ le jour du Seigneur “. Ils remplaceront d’ailleurs les Kalendes, Nones, et Ides, qui étaient les jours de référence dans le système romain, pour laisser place au culte des Saints et aux fêtes de ces derniers qui deviendront les références pour le calcul des jours.
En ce qui concerne les années, on reprendra une fois de plus le système romain qui calculait les années d’après l’année de la fondation de Rome (Ab Urbe Condita) avant de chercher à l’adapter à l’ère chrétienne.

Dès lors, les érudits chercheront à calculer les années qui se sont écoulées depuis la naissance du Christ (en 754 A.U.C) en utilisant la chronologie romaine.

Finalement, en 730 PCN, un moine anglo-saxon nommé Bède reprend les calculs et les tentatives de Denis le Petit, un moine d’Alexandrie, et parvient à calculer le nombre d’années qui s’est écoulé depuis la naissance du Christ. Pourtant, en dépit de sa réalisation, le calendrier chrétien n’est que peu à peu utilisé et ce n’est que vers 1150 PCN qu’il est instauré au détriment du calendrier romain.
Seulement, avec ce nouveau calendrier chrétien, un nouveau problème se soulèvera; quel jour choisir pour marquer le changement d’année?

Plusieurs dates de fêtes chrétiennes importantes seront proposées pour ce choix :

- Le 25 décembre, jour de la naissance du Christ.

- Le 31 décembre, jour de la circoncision du Christ.

- Le 25 mars, jour de l’Annonciation.

- La fête de Pâques.


Finalement, la plupart du temps, la fête de Pâques sera choisie, ce qui entraînera une série de calculs liturgiques des plus complexes pour déterminer chaque changement de millésime. Par ailleurs, il faut remarquer que toutes les nations chrétiennes ne choisirent pas la même date pour marquer le changement de l’an, ce qui amena une série de complications supplémentaires.

Mais, plus on avance dans le Moyen âge, plus le pouvoir royal, les villes, et autres marchands vont progressivement s’émanciper de l’influence de l’Eglise. Vers la fin du Moyen âge, les marchands et les artisans vont créer leur propre système de calculs des heures afin de pouvoir bénéficier d’un temps plus régulier et plus absolu, ce sera le temps des marchands.
Pour calculer ce temps, il faut des instruments précis et mécaniques, ce qui entraîna la création des premières horloges au XIIIeme siècle. A cette époque, on assiste à une rivalité entre le temps des marchands et celui de l’Eglise, ce qui a pour conséquence que les peuples occidentaux seront régis avec deux temps et qui entraîne encore une complexification dans la conscience du temps.

La France de la fin du XIVeme siècle marquera un tournant décisif pour le temps des marchands avec des horloges qui régissent l’heure dans tout le pays. Cet exemple sera repris progressivement par les autres pays européens et, à la fin du XVeme siècle, le temps de l’Eglise sombrera dans l’oubli en faveur du temps des marchands.
Ensuite, vers la fin du XVIeme siècle, des astronomes reprennent les calculs du calendrier chrétien et s’aperçoivent d’une lacune par rapport au cycle astral: il y a un décalage de dix jours.

Dès lors, en 1582 sous l’initiative du pape Grégoire XIII, le calendrier est remanié et décalé de dix jours, ce qui fait que l’on passe du 4 octobre 1582 au 15 octobre de la même année en une seule nuit.
C’est l’avènement du calendrier grégorien.

Tout de suite, ce calendrier grégorien sera adopté par la France, mais il faudra attendre la Révolution française pour que le calendrier débute le premier janvier. Seulement, les nations protestantes mettront du temps à adopter le calendrier grégorien: citons par exemple l’Angleterre qui l’adopta en 1752 et la Russie qui ne l’adopta pas avant 1918.

Valen Til' Lleldoryn
Valen Til' Lleldoryn

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MessageSujet: Re: Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge   Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge Icon_minitimeLun 8 Oct 2007 - 19:21

5. Nombres et mesures

Au début du Moyen âge, le système des chiffres romains est utilisé pour compter à l’aide d’abaques, de bouliers, d’échiquiers mais c’est un système assez peu pratique. D’autant plus que les chiffres romains ne seront plus écrits en majuscules, comme ce fut le cas dans l’Antiquité, mais bien en minuscules, ce qui rendait le déchiffrage moins aisé encore.

Au XIIIeme siècle, les chiffres arabes feront progressivement leur apparition, mais ils ne seront que timidement utilisés, ce n’est qu’à partir du XVeme siècle que leur utilisation sera répandue. L’avantage de ces chiffres reposait sur le chiffre 0 qui n’était pas utilisé dans les chiffres romains.
En ce qui concerne les unités de mesures, on aborde une fois de plus un problème épineux: chaque région à sa propre manière de calculer les mesures, ce qui rend plus difficile un achat sur un marché en raison de la conversation à effectuer.
Ce qui explique que chaque village avait un tableau de conversions affiché sur son hôtel de ville. De plus, certaines mesures de quantité, comme le muid, changent selon la nature de l’objet mesuré. Par ailleurs, comme le muid était mesuré dans un récipient, il existait deux types de mesure: la mesure rase et la mesure plane, ce qui complexifiait encore un peu plus les choses.
Ces mesures relatives seront d’applications durant tout le Moyen âge et ce n’est qu’à la Révolution française qu’on passera au mètre, au gramme, au litre, …

En ce qui concerne la monnaie médiévale, elle était tout d’abord une frappe d’Etat. Mais, au fil du temps, ce pouvoir fut délégué aux nobles et aux hauts ecclésiastiques comme les évêques. Contrairement à notre époque, la monnaie n’était pas vraiment uniformisée et sa valeur dépendait de son poids et de son aloi. Les monnaies étant frappée en argent, une monnaie de bon aloi était une monnaie constituée de 95% d’argent: l’aloi représente donc la pureté du métal.

En raison de ce système de valeur monétaire complexe, il n’est pas rare que des divergences apparaissent entre deux partis, ce qui amènera l’apparition de changeurs sur les marchés vers les XII-XIIeme siècles. Généralement, ces changeurs étaient des gens fortunés et étaient le plus souvent d’origine lombarde en raison de leur tradition banquière. À cette époque, la monnaie de base était le denier et ce dernier définissait la valeur de toutes les autres monnaies. Par exemple, l’obole valait un demi denier, le sou, une monnaie de compte, en valait douze, et la livre, une autre monnaie de compte, en valait 240. Ce que l’on appelle monnaie de compte est en réalité une monnaie qui n’est pas frappée (qui n’existe donc pas physiquement) et qui servait uniquement à simplifier les calculs monétaires.

Au fil du temps, on cherchera davantage à uniformiser la monnaie petit à petit, ce qui amènera finalement à une monnaie uniformisée avec la Révolution française.

6. Vie et mort

Dans cette époque médiévale très catholique, l’homme n’existait que s’il est baptisé. Par ailleurs, les enfants ne recevaient de noms que le jour du baptême et tout non-baptisé était destiné à l’Enfer.

Comme nous l’avons déjà dit, il n’existait pas de recensements ni de registres civils au Moyen âge, ce qui nous a amené à devoir nous contenter d’estimations approximatives, notamment en ce qui concerne l’espérance de vie.
Mais, grâce à des études anthropologiques, à des biographies de gens du Moyen âge, et à d’autres sources, nous avons pu estimer que l’homme médiéval pouvait atteindre l’âge avancé de 60, 70, 80, voire même 90 ans en dépit d’une espérance de vie qui s’élève à 30 ans.

Pourquoi un tel paradoxe dans les chiffres? C’est tout simplement parce que l’importante mortalité infantile a été prise en compte dans le calcul de l’espérance de vie. En réalité, un quart des enfants mourraient vers l’âge d’un an, et un autre quart mourrait avant l’âge de dix ans, mais, passé l’âge de dix, un homme pouvait espérer vivre jusqu’à un âge avancé.

En ce qui concerne les maladies, il n’est pas toujours simple pour l’historien de pouvoir les identifier parce que les termes employés pour désigner la maladie étaient les mêmes: à savoir pestis et morbus. Cependant, nous savons que la maladie médiévale par excellence était la peste noire qui causa bien des ravages, notamment en 1348 où l’Angleterre perdit un tiers de sa population qui comptait à peu près trois millions de personnes. Florence ne fut pas épargnée elle non plus et perdit presque la moitié de sa population.

Statistiquement, la peste noire tuait entre un homme sur deux et un homme sur trois et il y avait deux types de peste noire :

- La peste bubonique : celle-ci s’attrape par des piqûres de puces provenant de rats noirs. Dès lors que l’on est piqué, le bacille est aussitôt inoculé et l’individu devient fiévreux. Ensuite, une série de bubons se mettent à apparaître en certains endroits du corps avant d’éclater. La mort se déclare entre 24 et 36 heures après l’incubation.

- La peste pneumonique : cette dernière se transmet par le biais de la respiration. Le bacille s’introduit par le nez et pénètre jusque dans les poumons. La mort par asphyxie survient trois jours après l’incubation.


Autre maladie importante du Moyen âge, l’ergotisme est pourtant moins fréquent, sauf en cas de famine. Il s’agit en réalité d’un champignon qui pousse sur le seigle: lorsqu’il fait beau et que les blés sont mûrs, ce champignon noircit et tombe sur le sol, ce qui ne constitue aucun danger. Mais, lorsque le temps est mauvais ou que les blés ne sont pas arrivés au terme de leur maturation, le champignon ne noircit pas et reste en place, ce qui le rend invisible à l’oeil nu lors de la récolte du blé et qu’on le mange sans s’en apercevoir.

Après l’ingestion du champignon, les effets de l’ergotisme se manifestent de deux manières différentes :

- L’ergotisme gangréneux : après incubation, une gangrène sèche des membres se déclare, ces derniers noircissent, et finissent par se détacher du corps.

- L’ergotisme convulsif : peu de temps après l’incubation, l’individu est soudainement pris de convulsions et cette crise dure jusque mort s’ensuive.


Contre ces maladies, les hommes du Moyen âge n’ont qu’un seule remède : prier pour faire appel à Dieu parce que la médecine est totalement inefficace. En ce qui concerne la mort, cette dernière était publique au point d’en devenir banalisée. Par exemple, lorsqu’une personne mourrait, tout le village assistait à ses funérailles. En contraste avec le Moyen âge, le monde gréco-romain antique repoussait cette banalité. Le défunt devait être incinéré ou enterré à l’écart de la communauté, le plus souvent le long d’une route, comme ce fut le cas avec la Via Appia.

A partir du VIeme- VIIeme siècle, les gens ne veulent plus éloigner les morts de la communauté et ils les enterrent au sein même de leur ville ou village, à côté d’une église. A cette époque, le fidèle côtoyait donc les morts en se rendant à l’église. Si les cimetières étaient des lieux saints placés sous l’autorité et la protection de l’Eglise, c’étaient également des lieux où l’on organisait des réjouissances afin de rester proche des morts.

Le problème des cimetières, c’est que leur emplacement situé au coeur même de la communauté réduisait l’espace disponible, ce qui fait que la terre était sans cesse remuée pour enterrer de nouveaux morts en compagnie des anciens qui s’y entassaient déjà. Autrement dit, il n’était pas rare d’y retrouver un crâne déterré au cours de réjouissances. Par ailleurs, seuls les pauvres étaient enterrés à même la terre dans ces cimetières, les plus riches, eux, avaient des cérémonies dans l’église avant d’être enterrés dans une crypte.
Toutes ces coutumes funéraires perdureront jusqu’au XVIIIeme siècle où finalement Joseph II et Louis XV décrèteront que les cimetières doivent se trouver en dehors des villes.

Au Moyen âge, était répandue l’idée selon laquelle, si le sort de l’homme se jouait peut-être sur Terre, il se joue surtout au Jugement Dernier lors de la résurrection des corps. Au VIeme siècle, on pensait qu’il n’y avait pas d’étapes intermédiaires entre la mort et le Jugement Dernier, mais peu à peu, l’idée du purgatoire est introduite et elle sera finalement explicitée vers le XIIeme- XIIIeme siècle.
Le purgatoire est un premier lot d’épreuves que doit subir l’âme pécheresse avant le Jugement Dernier auquel on pourra être assisté d’un avocat: un Saint. Personne exceptionnelle de la religion catholique, le Saint est un homme ou une femme qui a vécu sur Terre et qui s’est directement rendu au Paradis après avoir mené une vie exceptionnelle sur le plan chrétien.

Ainsi, apparaîtront les reliques, objets chargés de la vertu du Saint. La cause en est que les gens croyaient qu’en touchant ou en possédant une relique, on pouvait tenter de convaincre le Saint de prendre sa défense. Les reliques étaient donc des objets disparates comme des parties du corps du Saint, des objets qu’il avait possédés de son vivant.

Mais, il était également admis qu’une seule relique n’était suffisamment pas chargée de la vertu du Saint, aussi cherchait-on à posséder plusieurs reliques de ce dernier, ou même mieux, toucher son corps. Dès lors, soit on faisait l’acquisition de reliques, soit on partait en pèlerinage. L’acquisition d’une relique se faisait de plusieurs manières: on pouvait les acheter, on pouvait en faire cadeau, voire même en voler une, dans lequel cas, la réussite du larcin était considérée comme un signe favorable du Saint. En cas d’échec, la croyance veut que le voleur soit foudroyé par la colère du Saint.

Quant aux pèlerinages, soit on les accomplissait dans le pays même où l’on allait dans des églises ou des monastères se recueillir sur la tombe d’un Saint régional, soit on partait à l’étranger afin d’aller se recueillir sur la tombe de Saints puissants comme St Pierre ou St Pol. Les plus grands lieux de pèlerinages sont, pour les plus connus, Jérusalem, terre du Christ, et Rome où reposent St Pierre et St Pol.

En ce qui concerne le culte des Saints, on différenciait les Saints majeurs et les Saints mineurs :

- Les Saints majeurs : ils sont les plus connus et les plus puissants de tous. Parmi eux, on retrouve des figures de légende comme St Pierre, St Pol, Notre Dame, et encore bien d’autres.

- Les Saints mineurs : ils sont généralement plus méconnus et moins puissants que les Saints majeurs, mais contrairement à ces derniers, leurs pouvoirs sont attachés à un domaine en particulier. Parmi eux, on retrouve St Hubert, patron des chasseurs, St Rita, patronne des causes désespérées, et encore bien d’autres.


Et enfin, soulignons que les églises, après l’adoption du culte des Saints, se servaient souvent de leurs cryptes pour recueillir les reliques d’un Saint et qu’elles organisaient des visites de ces reliques pour les pèlerins. Quant aux Saints, outre leurs fonctions d’avocats, ils étaient aussi souvent priés par des familles de gens malades afin d’accomplir un miracle et les sauver de la sorte par le biais de leurs liens privilégiés avec Dieu.


7. Structures traditionnelles, etc…

Au Moyen âge, en plus de sa fonction usuelle, le vêtement remplissait également un rôle social: chaque couleur avait été codifiée pour correspondre à un rang social et nul ne pouvait porter une couleur qui lui était interdite, sous peine de finir au bûcher s’il était découvert. A titre d’exemple, citons que Jeanne d’Arc fût condamnée au bûcher entre autres pour cette raison, ses geôliers l’ayant forcée à revêtir des habits d’homme afin de la faire condamner.
Ce code des couleurs avait pour but de permettre de distinguer le rang social d’une personne de loin, et ainsi, d’éviter tout mélange.

Contrairement à nos croyances populaires actuelles, l’homme du Moyen âge n’était pas un individu d’aussi petite taille qu’on se plaît à le dire : la taille moyenne de l’époque correspondait à celle d’avant-guerre, autrement dit, environ un mètre 78. Pourquoi pense-t-on que l’homme médiéval était petit dans ce cas? A cause de la taille de leurs portes, leurs lits, leurs armures, et autres. Seulement, si leurs portes étaient plus petites, c’était par soucis d’économiser la chaleur et parce que baisser la tête ne les dérangeait pas; leurs lits étaient moins longs que les nôtres parce qu’ils avaient pour habitude de dormir en position presque assise; quant à leurs amures (qui datent en réalité du XVIeme siècle), si elles paraissent si petites quand on les assemble, c’est parce qu’elles n’ont pas la couche de cuir d’un bon centimètre d’épaisseur qui était fixée sur la face interne de l’armure pour la rendre plus confortable. De même, les combattants revêtaient toujours des vêtements épais dans le même souci pratique.

En ce qui concerne les villes médiévales, on a toujours tendance à penser qu’il n’y régnait aucune hygiène, mais en réalité, elles n’étaient pas aussi sales qu’on le croit. A l’époque, les gens se débarrassaient de leurs déchets soit en les jetant par la fenêtre, soit en les entreposant dans des terrains vagues. Pour ce qui était “ des objets recyclables “ (objets de récupérations et excréments), il y avait des éboueurs professionnels qui les récupéraient en journée. Pour le reste, on attendait le couvre-feu (lequel ne pouvait être enfreint sous peine de sérieux ennuis) pour lâcher les porcs dans la ville qui dévoraient tout ce qui pouvait l’être, et le matin venu, on récupérait les bêtes avant que l’activité de la ville ne reprenne.
Par ailleurs, chaque ville possédait un égout, si imparfait était-il, et presque chaque ville avait ses propres bains publics parce que la mixité ne dérangeait pas.

Quant au commun des mortels en voyages, il était habituel qu’ils soient plusieurs à partager un même lit dans une même chambre lorsqu’ils logeaient dans une auberge (soulignons également que, au Moyen âge, les gens dormaient généralement nus), exception faite des plus riches et des seigneurs qui avaient leur chambre privée.

Et enfin, au niveau de la nourriture, le Moyen âge passe du système antique (pain, vin, et huile) au système germanique (bière, beurre, et viande). En raison de question de potabilité de l’eau, les hommes médiévaux buvaient rarement de l’eau, ils buvaient généralement de la bière, voire même du vin. L’alimentation du commun des mortels se composait principalement de céréales et de viandes mijotées provenant d’élevages, tandis que les nobles avaient des repas beaucoup plus raffinés concoctés par des cuisiniers qu’ils se prêtaient les uns aux autres et composés avec les produits de la chasse qui était leur passe-temps favori.

Le problème au Moyen âge n’était pas que les gens ne mangeaient pas assez, c’est surtout qu’ils ne mangeaient pas très équilibré.

A l’époque, il existait deux types de céréales :

- Les céréales d’hiver : comme le blé, le froment, le seigle, qui sont plantées en automne pour être récoltées en été. Ces céréales servaient généralement à faire de pain : pain blanc pour les nobles et pain gris pour le peuple.

- Les céréales d’été : comme l’orge, l’avoine, qui sont plantées au printemps pour être récoltées en été. Ces céréales servaient généralement à la fabrication de la bière et à nourrir le bétail.

Valen Til' Lleldoryn
Valen Til' Lleldoryn

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MessageSujet: Re: Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge   Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge Icon_minitimeLun 8 Oct 2007 - 19:21

8. Le droit

Contrairement à notre époque où le droit est égalitaire, le droit médiéval ne l’était pas: c’était un droit complexe où beaucoup de facteurs entraient en ligne de compte pour le jugement. Tout d’abord, l’homme médiéval est jugé selon le droit de son pays d’origine s’il vit à l’étranger, il est également jugé sur sa qualité sociale, ainsi que la nature du délit, bien entendu.

En ce qui concerne la qualité sociale, il est à remarquer que les prêtres ne peuvent être jugés que par l’Eglise selon le Droit canonique et que les nobles ne peuvent être jugés que par leurs pairs de la noblesse. Il s’agit donc d’un droit très nuancé et diversifié où se marque le rapport d’homme à homme, la femme n’ayant aucun statut juridique.

C) Les sources

L’historien est très dépendant de ses sources, lesquelles sont des sources écrites pour la plupart. Ces sources peuvent être des originaux d’époque, des copies issues soit d’une tradition directe (texte recopié par des scribes) soit d’une tradition indirecte (mentions d’ouvrages par un auteur). Le problème des copies pour un historien est de parvenir à remonter à l’original tout en détectant les erreurs, voire même la falsification de ces copies.

Il faut donc établir la critique d’un tel document pour en établir sa crédibilité et pouvoir l’utiliser correctement.


1. Les sources narratives

Parmi ces sources, on retrouve de nombreux genres :

- Les chroniques (« gesta ») : sont des récits écrits par des individus ou des institutions afin de transmettre leur histoire à la postérité.

- Les annales : sont des livres où l’on recense les faits qui se sont déroulés dans un lieu géographique précis année par année. Les annales ne font pas leur apparition avant le VIIIeme siècle après Jésus Christ.

- Les récits de voyage : ces récits, souvent écrits par des évêques en déplacement ou des pèlerins, font part des voyages ou pèlerinages de ces derniers.

- La généalogie : les arbres généalogiques sont l’une des sources les plus difficiles à traiter en raison des nombreuses falsifications qui y ont été apportées car, de tout temps, les gens ont voulu arranger l’histoire de leur famille afin de pouvoir se dire les descendants d’illustres personnages.

- Les sources hagiographiques : sont des récits de la vie de Saints et se révèlent être des sources intéressantes pour le médiéviste.


2. Les sources littéraires

Parmi ces sources, on retrouve les gestes, les histoires épiques, les romans, ainsi que les pièces de théâtre.


3. Les sources techniques

Parmi ces sources, on retrouve des types bien définis comme :

- Les sources juridiques : sont sans doute l’une des sources les plus représentées. Cette source est principalement composée d’écrits où sont couchés des coutumes et des lois, d’écrits de pratique juridique comme les testaments, les donations, les héritages, et autres…, ainsi que des chartes. Bien que les chartes puissent être conservées en original dans un chartrier, on travaille le plus souvent sur des copies de chartes regroupées en cartulaire.
Il était déjà de pratique courante de travailler sur des copies de chartes durant le Moyen âge et il est donc d’usage de servir de la diplomatique, discipline qui permet d’authentifier les actes juridiques, afin de vérifier la véracité de ces copies de chartes.

- Les sources administratives : sont principalement des documents de gestion, des documents comptables, voire même des documents de description de domaine. Parmi ces documents, on retrouve les polyptiques qui sont des documents carolingiens décrivant en détail les droits et les possessions d’un domaine, les censiers qui sont des documents où sont recensés les impôts qui ont été payés, et les pouillés, documents réservés aux institutions religieuses, qui sont des recueils où sont répertoriés les descriptions, les droits, les dépenses, et toutes autres choses relatives aux domaines possédés par l’Eglise.


4. Les sources religieuses

- Les sources liturgiques : qui sont principalement des livres de messe ou de chants qui sont le plus souvent enluminés, ce qui constitue une source appréciable pour l’histoire de l’art.

- Les sources nécrologiques : sont des sources plus intéressantes pour l’historien car, dans ces écrits, sont répertoriées l’identité des défunts, leur date de décès, ainsi que les raisons pour lesquelles ils sont commémorés. Parmi ces documents, on retrouve également « les rouleaux des morts » qui sont des écrits narrant la mort d’une personne qui circulent de village en village afin de faire circuler la nouvelle et d’y laisser une dédicace, ce qui constitue une mine d’informations précieuses pour l’historien.


5. Les sources matérielles

On différencie deux grands types de disciplines pour étudier les sources matérielles :

- Les disciplines du ressort des sciences : parmi elles, l’archéologie, l’anthropologie qui étudie les ossements humains, l’archéozoologie qui étudie les ossements d’animaux, ainsi que l’archéobotanique et ses disciplines propres comme la palynologie ou la dendrochronologie.

- Les disciplines qui ne ressortent pas des sciences : parmi elle, on retrouve la sigillographie, discipline faisant partie de la diplomatique, qui étudie les sceaux, la numismatique qui étudie les monnaies, et l’héraldique qui étudie les blasons et armoiries. En ce qui concerne la sigillographie, il est utile de remarquer qu’il existait des sceaux en cire, ce qui était habituel, mais qu’il existait également des sceaux plus luxueux appelés bulles, lesquels étaient en bronze, voire même en plomb comme la bulle papale. Par ailleurs, les cachets postaux sont repris comme des sceaux.

Valen Til' Lleldoryn
Valen Til' Lleldoryn

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MessageSujet: Re: Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge   Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge Icon_minitimeMar 9 Oct 2007 - 12:46

Chapitre I : Romains et Germains au Veme siècle

A) Rome au « Bas-Empire »

1. Institutions

L’Empire romain du Bas-Empire était immense et centré sur la Méditerranée, ses frontières sont très bien délimitées depuis que ce dernier a arrêté son expansion, et il était doté d’une administration complexe très structurée et hiérarchisée.

Vers le IIIeme siècle PCN, l’Empire romain cesse sa politique de conquête et fortifie ses frontières avec des légions et des fortifications de tous genres. Cette époque correspond aussi à l’une des plus grandes crises économiques, politiques, et monétaire que connaît cet empire. Vers la fin de ce siècle, les empereurs qui se succèdent instituent une série de réformes afin de mieux gérer cet immense empire de manière plus efficace.

Sous Dioclétien (mort en 307), l’empire connaît de nouvelles divisions administratives afin d’alléger la lourde tâche que représente sa gestion et apparaît alors une tétrarchie pour le diriger. Malgré cette division administrative entre la partie occidentale et orientale de l’Empire romain, le peuple perçoit toujours l’empire comme unique sous Constantin (mort en 337). A la mort de Théodose en 395, l’Empire romain est divisé de manière définitive en deux empires: l’Empire romain d’Occident, sur lequel règne Honorius à Rome, et l’Empire romain d’Orient, sur lequel règne Arcadius à Constantinople.
L’idée que l’Empire romain reste unique malgré deux empires perdure et l’empereur garde les prérogatives qui étaient siennes auparavant: il reste le chef de l’administration, de l’armée, et de la religion.

Pour gérer efficacement un empire aussi vaste, il fallait une administration très organisée. Tout était donc consigné sur des papyrus, lesquels papyrus se conservent très mal dans un climat humide et pourrissent rapidement, ce qui fait que nous avons retrouvé très peu de documents originaux, sauf en Egypte.
Par ailleurs, les Romains s’étaient également dotés d’un immense réseau routier qui permettait l’acheminement rapide des informations et des troupes.
Comme le pouvoir romain était un pouvoir central, l’empereur était entouré d’une cour (ou d’un palais) afin de l’assister dans sa tâche. Parmi ces conseillers et hauts fonctionnaires, on retrouvait le maître de la chancellerie (Premier ministre), le compte des hautes largesses (ministre des finances), ainsi qu’une série de secrétaires.

Pour faire le lien entre le pouvoir central et local, il existait une série de fonctionnaires qui relevaient de la hiérarchie suivante: l’empereur, les préfets, les sous-préfets, les gouverneurs, les défenseurs de la cité.

Les fonctionnaires et leur division administrative :

- Le préfet, qui exerçait dans la préfecture (d’Afrique, des Gaules, d’Italie, d’Orient)

- Le sous-préfet, qui exerçait dans le diocèse

- Le gouverneur, qui exerçait dans la province

- Le défenseur de la cité, qui exerçait dans la cité


Notons par ailleurs que ce système de cités/ provinces restera en place jusque Philippe II (en 1559), à la différence près que les évêques s’occuperont des cités, et les archevêques, des provinces.
En ce qui concerne nos régions, elles étaient divisées en deux provinces et avaient pour chef-lieu des grandes villes de l’époque. Ainsi, en Belgique, il y avait la province de Belgique I (Trèves) et la province de Belgique II (Reims). De même en Germanie, il y avait la province de Germanie I (Mayence) et la province de Germanie II (Cologne).


2. Justice

C’est dans ce cadre qu’évolue la justice. Le droit romain est un droit codifié écrit, dont la base est le code théodosien (promulgué en 438), qui est sans cesse actualisé comme l’est notre droit.
De même, le droit romain présentait l’avantage de pouvoir faire appel et l’accusé était présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit démontrée.


3. Armée

Pour défendre un empire aussi vaste, il faut une armée puissante et très organisée, capable de faire face à toutes les invasions. L’armée romaine était donc un corps à part entière avec ses propres lois et coutumes qui était sous le contrôle absolu de l’empereur qui déléguait ses pouvoirs militaires au généralissime.

Les légions romaines étaient réparties en deux groupes :

- L’armée de frontière (limitanei) : qui était une armée fixe dirigée par un dux et qui avait pour tâche de protéger les frontières de l’empire (limes).

- L’armée de mouvement (comitantes) : qui était une armée mobile et qui devait se déplacer à grande vitesse au sein de l’empire.


Par ailleurs, plus on progresse chronologiquement dans l’empire, moins les légions romaines sont composées de citoyens, comme c’était le cas auparavant. Désormais, les légionnaires sont des étrangers (germains, berbères, et autres…) qui s’enrôlent pour un service militaire allant de 20 à 30 ans. Si l’armée constituait un lieu d’intégration important, elle constituait un lieu d’ascension tout aussi important : en effet, il n’était pas rare qu’un généralissime des armées romaines ne fut pas d’origine romaine.

Enfin, soulignons que cet afflux d’étrangers permettait la diffusion de la culture romaine : en effet, ces étrangers finissaient par adopter le mode de vie romain durant leur service militaire et, quand ils étaient relevés de leur service, ils rentraient chez eux et partageaient leur expérience romaine avec leur entourage.


4. L’aspect socio-économique

Avant tout autre chose, l’Empire romain était un régime esclavagiste avec des classes sociales bien définies dont la base était l’esclave. La société romaine était une société très statique et l’ascension sociale y était exceptionnelle, tout cela par facilité administrative, notamment avec la réactualisation du cadastre (tous les 7 ans).
Autre exemple, si une terre était vendue, toutes les personnes, qui y vivaient, sont vendues avec.

De même pour les hautes fonctions, seul un aristocrate romain de haute noblesse pouvait espérer y accéder. Par ailleurs, cette aristocratie sénatoriale, composée en grande partie de familles de vieille noblesse romaine, disposaient de privilèges héréditaires: ils étaient exemptés d’impôts, avaient des privilèges fiscaux, pouvaient siéger au Sénat, et pouvaient lever des milices privées.
En plus d’être largement privilégiée, la noblesse romaine possédait des grandes richesses autant matérielles qu’intellectuelles.

L’Empire romain était très uniformisé afin de faciliter la vie des Romains: il y avait une monnaie uniforme et de valeur égale en tous lieux, les tarifs commerciaux étaient également les mêmes partout.
Le système monétaire romain était composé du sou d’or, du silique d’argent, et du nummus (ou follis) de bronze. L’avantage de système était de pouvoir diffuser aisément des marchandises de tous types dans tout l’empire, lesquelles étaient taxées à tout niveau de commerce, ce qui permettait à l’état d’utiliser les revenus générés par ces taxes pour financer une politique de grands travaux.


5. La religion

A partir du IVeme siècle PCN, on assiste progressivement à la montée du christianisme qui se diffuse dans tout l’empire et qui est finalement reconnue comme religion officielle sous le règne de Constantin.

Vers 380, l’empereur Théodose fait du christianisme une religion d’Etat et proscrit toutes les autres religions qui existaient au sein de l’empire. A partir de cette époque, tous les empereurs romains seront chrétiens, exception faite de Julien l’Apostat et ils conserveront leur rôle de chef de la religion (Pontifex Maximus).
Dès lors, les citoyens romains se convertissent au christianisme et tous les fidèles des cultes païens sont impitoyablement pourchassés et mis à mort. Etant donné que le christianisme était principalement une religion de ville, les cultes païens survivants sont principalement honorés par des paysans (paganus), ce qui donnera plus tard le terme « paganisme » pour désigner les cultes païens.

Très rapidement, le christianisme se répand dans les structures administratives de l’état: des évêques sont nommés par l’empereur à la tête des cités et des archevêques (ou évêques métropolites) à la tête des provinces. Par ailleurs, plusieurs évêques se démarqueront du clergé de manière symbolique: les évêques de Rome, de Constantinople, de Jérusalem, de Carthage, et d’Alexandrie.
Grâce au rôle que joue l’empereur, la religion chrétienne est financée par l’Etat, elle réaménage les anciens lieux de cultes et temples pour son compte, et obtient quelques privilèges tels que le fait que l’Eglise est exemptée d’impôts et que nul ne peut reprendre les terres qu’il a données à l’Eglise, pas même l’Etat.

C’est dans ce cadre qu’apparaîtra la distinction progressive entre les deux types de clergés :

- Le clergé séculier ; était le clergé originel, celui des prêtres qui officient dans le monde pour et avec les fidèles. Parmi eux, on retrouve notamment les évêques.

- Le clergé régulier : apparu plus tard au IVeme siècle, ce clergé est celui des religieux qui ont choisi de consacrer leur vie uniquement à Dieu et qui s’isolent du monde extérieur afin de mieux le servir.


Une fois qu’il est établi dans l’empire, le christianisme va débuter ses grands débats théologiques (principalement durant les IIIeme, IVeme, et Veme siècles) afin de mieux définir le catholicisme. C’est avec ces débats qu’apparaîtra pour la première fois le concept d’hérésie en raison des affrontements entre les différentes tendances qui chercheront chacun à imposer leur point de vue jusqu’à ce que l’empereur tranche.

Lorsqu’ils cherchèrent à définir la trinité, les religieux se divisèrent selon deux grandes tendances :

- Le nicéisme (qui donnera naissance au catholicisme) : ce courant est celui qui résulta du concile de Nicée en 325. Selon ce courant, le Père, le Fils, et le Saint Esprit sont égaux.

- L’arianisme : fondé par Arius, évêque de Constantinople, ce courant affirmait qu’il y avait une hiérarchisation dans la trinité et que le Père était supérieur au Fils et au Saint Esprit.


Finalement, le courant nicéen s’imposa et les ariens furent considérés comme des hérétiques. Seulement, les empereurs, qui avaient succédé au concile de Nicée, avaient envoyé des prêtres convertir les populations de Germanie au christianisme et ces prêtres étaient ariens de convictions.
Parmi eux, l’évêque Wulfila qui enseigna et qui traduisit la Bible en langue vernaculaire (autrement dit, en gotique), ce qui marqua les prémices de la littérature germanique.

Un autre courant hérétique fut le nestorianisme : Nestorius, son fondateur, croyait que Jésus était né homme et que sa nature divine ne lui venait pas de la Vierge Marie, mais bien du père de Jésus. Une fois encore, ce courant fut déclaré hérétique lors d’un concile ou l’arbitrage de l’empereur fut demandé.
Tous ces débats relèvent en réalité du processus de création d’une religion.


B) Les mondes germaniques

Le problème qui se pose à l’historien lorsque l’on traite des Germains, c’est la difficulté d’utilisation des sources traitant du sujet.

En effet, les Germains ont gardé pendant longtemps un savoir transmis par tradition orale et ce n’est que fort tardivement (vers le Veme siècle) qu’ils ont songé à coucher leur savoir par écrit et, qui plus est, ils ont rédigé leur histoire en latin, ce qui soulève les problèmes de correspondance linguistique entre le gotique et le latin.
Même chez les Romains, les ouvrages traitant ce sujet sont rares et le traité le plus connu sur les Germains est le “ De Germania “ de Tacite. L’ennui de ce traité, c’est qu’il déforme la réalité germaine en raison de la différence culturelle qu’il existe entre Romains et Germains, et en plus, Tacite lui-même est reconnu pour être un moralisateur fini.

Par ailleurs, l’idée de confronter “ ces deux mondes “ est totalement absurde, pour la simple raison qu’ils se sont entremêlés avec le temps et qu’ils ne sont pas totalement uniformes.
L’exemple par excellence est l’édit de Caracalla promulgué en 212 qui considère que toutes les personnes libres vivant sur le territoire romain sont des citoyens romains.

De plus, les peuplades germaines ne nous sont connues que par les noms que leur donnaient les Romains, mais le problème qui se pose est qu’il existe deux types bien définis de peuplades germaniques :

- Tout d’abord, il y a les peuples composés d’individus provenant de tous horizons qui s’unissent autour d’un chef militaire fort pour diverses raisons. Le problème qui se pose avec ces peuplades, c’est qu’elles se dispersent à la première défaite ou avec la mort du chef pour se recomposer autour d’un autre chef, ce qui fait que les Romains ont pensé qu’il s’agissait de nouvelles tribus et les ont baptisé à nouveau (exemple avec les Francs, les Alamans, et autres).

- Ensuite, il y a les peuples connus depuis des temps immémoriaux et qui sont restés unis autour d’une lignée ancienne de sang royal qui se revendique d’origine divine. Dans ces peuples, la qualité du sang prime toujours et les plus connus d’entre eux sont les Burgondes et les Vandales.


Si les Romains et les Germains avaient une structure sociale semblable avec une vieille noblesse et des esclaves, ils différaient par contre au niveau juridique et religieux. Contrairement aux Romains, les Germains n’avaient pas de droit codifié et actualisé en permanence: pour rendre justice, ils s’appuyaient sur leur tradition orale et le tribunal était en fait une assemblée d’hommes libres, le Mall (ou le Thing pour les Scandinaves), qui prenaient les décisions de justice.
Contrairement au droit romain, il n’y avait pas d’appel possible et l’accusé était présumé coupable.

Un autre problème qui se posait entre les deux nations était de point de vue religieux: en effet, alors que les Romains avaient opté pour le nicéisme suite au concile de Nicée, les Germains avaient été convertis au christianisme par des prêtres ariens qui étaient considérés comme hérétiques.

Valen Til' Lleldoryn
Valen Til' Lleldoryn

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MessageSujet: Re: Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge   Encyclopédie : Cours général sur l'Histoire du Moyen âge Icon_minitimeMar 9 Oct 2007 - 12:48

C) Les relations entre Romains et Germains

Depuis fort longtemps, il existe des contacts commerciaux et culturels entre Romains et Germains. Mais, s’ils voulaient être intégrés dans l’empire, le choix le plus raisonnable qui s’offrait aux Germains était de jurer allégeance et de s’engager dans l’armée romaine.

Pour se faire, il y avait deux façons d’y parvenir :

- Les lètes (leti) : dans le cas des lètes, le Germain s’engage tout simplement dans la légion romaine pour un service militaire, généralement d’une durée de 20 à 30 ans. A la fin de service, il était relevé de ses obligations militaires et l’Etat lui offrait un petit lopin de terre pour le remercier des services rendus.

- Les fédérés (foederati) : dans ce cas, suite à un traité passé entre l’empereur et le roi d’un peuple barbare, ces derniers gagnaient le droit de s’installer dans un territoire qui leur est attribué au sein de l’empire et d’y jouir d’une grande autonomie, à condition de payer un impôt aux Romains, de faire fructifier les terres, et d’être redevables du service militaire.


Au tout début de son apparition, le système des fédérés fonctionna à merveille et ce fut ainsi que des tribus barbares s’installèrent dans l’empire: les Francs s’installèrent dans nos régions; les Burgondes, en Bourgogne et dans la vallée du Rhône; les Alamans, en Alsace; les Ostrogoths, en Italie; les Wisigoths, en Espagne et dans le sud-ouest de la France; et les Vandales, en Afrique du Nord.

En ce qui concerne la Grande-Bretagne, le schéma est quelque peu différent: vers le IVeme siècle, les légions de Grande-Bretagne sont rappelées sur le continent et il ne reste plus de légionnaires pour défendre les possessions romaines. Comme les Angles et les Saxons voudront s’installer en Angleterre, les populations celtes et romaines locales seront forcées de se défendre avec leurs propres moyens et plusieurs chefs locaux, comme Arthur, deviendront des légendes grâce à leurs faits d’armes héroïques, mais les Anglo-saxons finiront par l’emporter et des fuyards celtes viendront se réfugier dans la Bretagne française (Armorique).

Enfin, survient le grand problème pour l’empire: en 476, l’empereur romain Romulus Augustule, qui était encore un enfant, se fait déposer et le trône impérial reste vacant en raison du manque de successeurs parce que c’est une magistrature dangereuse avec le temps.
Dès lors, les insignes impériaux sont envoyés à l’empereur d’Orient à Constantinople, mais ce dernier refuse de cumuler les deux magistratures et il envoie donc les insignes impériaux à l’homme qui lui semble le plus apte à occuper le trône d’Occident, Théodoric le Goth.

Le problème qui va se poser, c’est que, si Théodoric le Goth juge qu’il dirige assez bien sa province en Italie, il se juge incapable de régner sur l’Empire romain d’Occident. Dès lors, faute de successeurs, le trône impérial restera vacant de longues années et l’administration tenta de fonctionner avec les problèmes qu’occasionnera l’absence d’un empereur.

Au fil des années, comme le pouvoir central est incapable de fonctionner efficacement sans empereur, on assiste à une régionalisation de l’administration dans l’empire. C’est à cette époque que les rois fédérés et les nobles étendront leur pouvoir sans plus aucun contrôle impérial pour préserver le bon fonctionnement de l’empire.
Si certains aspects de l’empire, comme la langue officielle, la noblesse sénatoriale, et une religion catholique unique, restent incontestés, d’autres, comme le droit, posent des problèmes de taille.

En raison de la décentralisation du pouvoir, le droit romain est codifié en code théodosien abrégé et les peuples fédérés devront coucher leurs lois par écrit. Mais cette multitude de droits pose problème, aussi s’efforce-t-on d’éviter les mariages entre romains et fédérés parce que chacun est jugé en fonction de son origine et de son système juridique. Seulement, avec l’apparition des mariages mixtes et la défaillance du système romain, le droit deviendra petit à petit un droit personnalisé et le droit romain finira par tomber dans l’oubli face à l’émergence des royaumes germaniques.

Enfin, soulignons qu’il existait chez les peuples fédérés les plus romanisés deux types de droit: un droit germain et un droit germain romanisé. Par exemple, les Wisigoths avaient le code d’Euric (droit wisigoth) et le bréviaire d’Alaric (droit germain romanisé), lequel bréviaire sera également utilisé par les Francs en plus de leur code de droit salique (droit germain).

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