Elle forçait.
Faisant tout pour se libérer de l'emprise.
Tout pour se réveiller, pour rassurer Kushumaï et Arro qu'elle entendait à ses côtés, mais à qui elle était incapable de répondre.
Hélas, cela lui était impossible. Elle sombrait de plus en plus à chaque fois. Se laissant entraîner vers le rêve... ou plutôt le cauchemar.
Elle revivait...
Les moments de torture, l'arrivée du Ts'Lich. Le liquide de feu qui la brulait, le sentiment de noyade.
La peur...
Le rêve continuait. **
Elle venait de sortir de la salle Noire et de se faire jeter sans ménagement dans une minuscule pièce sombre. Comprenant uniquement un lit, une table et une chaise en bois incofortable. De la nourriture l'attendait patiemment, elle n'y toucha pas.
Elle s'allongea sur le lit et attendit, trop effrayée pour pleurer.
Des minutes passèrent, des heures... Peut-être même des jours.
Soudain, la porte s'ouvrit à la volée sur le Mentaï de la salle Noire.
Il s'approcha d'une démarche féline et... effrayante ?
Il murmurait des mots, comme une chanson envoûtante. Ses yeux plongés dans ceux de Galadriel, la figeant sur place.
Il continuait d'avancer.
Reprenant ses esprits rapidement, la jeune fille commença à reculer, encore...
Mais bientôt, le mur de pierres froides lui ôta tout échapatoir.
Il la prit par la taille. Elle se débatait comme une furie, griffant, mordant. Mais le regard du Mentaï la calme d'un coup.
Envoûtée, comme droguée, elle le regarda s'avanger avec lenteur. Bientôt, leur tête n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre.
Galadriel était fermement retenue contre le mur par les mains puissantes posées dans son dos, qui descendaient lentement...
Elle avait beau se débattre, elle ne pouvait rien faire. Si ce n'est se laisser abuser... mais elle ne voulait pas.
Elle n'avait que 11ans.
Alors qu'elle s'abandonnait au désespoir, que ses forces la quittaient petit à petit, l'homme l'embrassait dans le cou, remontant doucement ses lèvres jusqu'à les poser sur celles de la jeune fille.
Lui ôtant par ce geste toute l'innocence et l'insouciance de l'enfance.
Ce geste dura, longtemps. Il l'abandonna, endormie sur le lit.
Ce soir n'était qu'un baiser. Mais après...
Pendant les jours qui suivirent, la torture continuait. Les Ts'Lichs voulaient des renseignements, mais une jeune fille de 11 ans n'était pas capable de les leurs donner.
Et, tous les soirs, Galadriel perdait un peu de son innocence.
Il revenait, pour continuer son acte...
Jusqu'au soir où Galadriel sentit que son enfance allait la quitter.
Il passa ses mains sous sa tunique et commença à la déboutonner.
Elle voulut crier, s'enfuir. Mais il la maintenait par le cou tandis que sa tunique tombait au sol.
Il jeta la jeune fille sur le lit sans douceur et s'allongea sur elle pour l'empêcher de partir.
Galadriel était en larmes alors que l'homme se déshabillait tout en la déshabillant.
Elle ne comprenait pas ce qu'il faisait, ni pourquoi il le faisait.
La nuit passa. La jeune fille pleurait en silence alors que l'Homme continuait de briser son innocence.
Cette torture absolue se reproduisit, toutes les nuits. Jusqu'au jour où son Don lui apparut, comme une délivrance.
Dans la salle Noire, elle disparut. Sous les yeux des monstres. Apparaissant dans les Plateaux d'Astariul.
Ce fameux jour où les Ts'Liches, pour se protéger, effacèrent toute une période de sa vie de sa mémoire...
**
La sueur et les larmes innondaient son visage. Une paleur et une maigreur cadavérique avait remplacé son habituel teint hâlé.
Elle ouvrit les yeux, comme un fantôme, elle se leva.
Les yeux dans le vague, le regard absent. Elle prit une feuille et un crayon.
Elle écrivit, ses mains comme guidées par une force inconnue : "Pardonnez moi.
Mais je ne peux vivre avec ce qu'ils m'ont fait subir.
Je voudrais vous demander une chose, une dernière chose.
Vengez moi.
Tuez tous les mentaïs de ce monde.
Arro, tu as été comme un frère pour moi, jamais je ne te remercierais comme je l'aurais voulu.
Pardon...
Kushu, tu es ma meilleure amie, et je sais que tu accompliras ton devoir.
Tu es droite et courageuse.
Tu réussiras..."
Elle tendit le bout de papier à Arro et, pendant que celui ci la regardait d'un air abasourdi, elle tendit la main vers son carquois et saisit une flèche.
Puis, sans une seule hésitation, elle leva la main et enfonça l'arme dans son coeur...