Etrange rencontre... (RP terminé)

Al-vor...cité marchande aux étals divers et colorés, cité vivante aux milles visages....moins belle que son aînée Al-Jeit, ses ruelles sombres ou déambulent quelques âmes silencieuses peuvent en un instant se changer en coupe-gorge fatal pour le voyageur imprudent .

Le soleil éclairait timidement les plus hauts toits de la ville, caché parfois par quelques frêles nuages épars . Des cris, des rires et des imprécations montaient de la cité en éveil . Des chiens faméliques, des enfants en bas âge couraient entre les présentoirs des commerçants vantant à tue-tête la qualité de leur marchandise .
Bref, une journée tout à fait banale à Al-Vor, du moins autant que peux l'être une journée en Gwendalavir .

La foule était particulièrement dense en ce jour radieux à peine agité de temps en temps par un souffle de vent . Des gens, du soleil, du bruit...pas le genre d'endroit ou Alasa avait l'habitude de traîner . Seulement, la fin justifie les moyens comme on dit et bien que les expressions et autres subtilités de la langue échappent totalement à la jeune fille, le sens de cette phrase s'appliquait parfaitement au but de son passage en ville .

Cachée derrière ses longs cheveux sombres, main crispée sur son poignard dissimulé dans les replis de son vêtement, la jeune corbac s'efforçait avec énormément de difficultés de retenir son arme qui tremblait "comme par magie" à l'approche d'un passant .
Sa mysanthropie avait déjà failli lui coûter cher dans le dernier bourg ou ses pas l'avaient menée ; un marchand trop insistant s'était fait taillader le visage par une jeune sauvageonne déguenillée qui avait échappé de justesse aux justiciers du moment .
Elle ne devait plus commettre pareille erreur .
Voilà bientôt une semaine qu'elle traquait sa proie, poussée par une haine froide et implacable . Une semaine qu'elle avait quitté l'académie . Cette escapade survenue à l'improviste lui avait fait un bien fou . Ses sens s'étaient de nouveau aiguisés, ses capacités au combat avaient augmenté, son corps avait gagné en souplesse et en rapidité en redécouvrant de vieux réflexes .
A tel point qu'elle en était presque venue à envisager sérieusement de quitter cette...académie...
Mais elle ne pouvait pas .

Elle refit une fois encore le tour de la place . Il était dans le coin, elle l'avait simplement perdu de vue . Il fallait qu'elle le retrouve .
La femme qui accompagnait depuis peu sa "cible"avait les yeux vifs et la démarche souple . Une guerrière, ou même une marchombre . Pas quelqu'un qu'elle pourrait éliminer . Elle devait les suivre à distance, sans se faire repérer de la jeune femme ou c'en était fini d'elle .
Mais il suffisait d'un infime instant d'inattention de leur part..

Il devait se croire à l'abri, en ville . Et il n'avait pas vraiment tort : dans un milieu comme celui-là, la jeune fille ne tiendrait pas deux minutes face à une attaque....
Ou était-il passé ?


Je me suis fait avoir, pensa t'elle amèrement, il a profité de la foule pour me semer . Qui sait maintenant dans quelle direction ils ont filé....

Alasa refit le tour de l'esplanade, réprimant une furieuse envie de s'enfuir en courant . Tant de visages, tant de coeurs battants, à portée de poignard....si elle levait ce poignard...le plantait dans ces chairs tendres..il suffisait de....
Non . Pas maintenant .

Alors que ses pas se faisaient plus rapides et ses dents plus serrées, un mouvement dans la foule attira son attention . Un humain comme un autre, rien de plus . Comme un autre..? Pas sûr .
Ses mouvements rapides, parfaitement contrôlés, son regard à l'affût, tout en lui respirait le danger et une habileté hors du commun . Sous son apparente banalité se cachait assurément un être étrange .
Parmi le peu de choses qu'Alasa savait, reconnaître un chasseur quand elle en voyait un était le plus "primaire" de ses instincts .
Cet homme n'était pas ce qu'il paraissait . C'était une véritable machine à tuer.....un marchombre ?
Elle s'aperçut un peu tard que, comme hypnotisée, elle l'avait inconsciemment pris en filature .
Il fallait qu'elle s'arrête immédiatemment ; peut-être avait-il déjà vu qu'on le suivait .

J'ai..peur?

Non ! Tu n'as pas le droit . Tu n'es plus la proie, rappelle-toi !

Entre prudence et inconscience, il y a un grand pas à faire que je ne franchirais pas....

Et là ? Que fais-tu ?

Elle ne pouvait désormais plus s'empêcher d'avancer à sa suite ; oubliant la ville, elle adapta son pas à la traque silencieuse, les yeux fixés sur un point légèrement éloigné de l'homme dont les cheveux clairs luisaient faiblement sous le pâle soleil .

Crois-tu vraiment pouvoir faire cela longtemps ?

Ce jour là avait lieu la foire d'Al-Vor... La foule, très dense, se pressait autour des petis étals, pour la plus grande joie des marchands...
Ceux-ci tentaient d'embobiner les passants les plus richement vêtu, usant de compliments mielleux, de révérences caricaturales et d'une persévérence digne d'être applaudie.
Dans les rues anexes, de vrais petits coupe-gorge pour tout voyageurs inattentifs,se terraient les enfants des rues, les malfrats, et quelques autres passant qui quittaient la foire et ses cotillons à regret, et retournaient vers leur taudis putride et par là même, la platitude morne de leurs existences.

Dolohov n'était pas de ceux-la, bien au contraire... Ce noble prétencieux au regard totalement inexpressif guettait de loin les demoiselles qu'un marchant de pierrerie tentait d'âpater.L'homme était grand avait de longs cheveux blonds et semblait s'amuser d'une plaisanterie qu'il était seul à connaître.

Il finit par quitter son post d'observation, lassé par les hurlments du marchand et se fondit dans la foule... Esquivant avec agilité les gueux et les pickpockets, toujours en affichant son sourire neutre... Il se savait banal, et avait choisi de porter des tuniques riches, certe, après tout, pour quelqu'un comme lui le paraître était essentiel, mais discrètes. Ainsi, l'homme allait sans se faire repérer des marchands.

Ses pas semblaient le mener au hasard, ce qui n'était qu'une illusion, ça va de soi. Un mentaï ne laisse jamais rien au hasard, sa vie et l'acomplissement de ses ambitions en dépendaient trop.

Alors qu'il passait avançait, il fut pris d'une désagréable et persistante sensation... Comme lorsqu'un moustique vole près de l'oreille d'un pauvre dormeur plusieurs fois d'afilée. Il tourna la tête faisant mine d'écouer le discours d'un marchand et la vit.

Un visage fin, en partie dissimulé par de longs cheveux sombres, desyeux noirs, qui étaient posé sur lui... Et une expression entre interrogation, malaise et... fascination?
Faisant glisser sa manche dans un mouvement aussi discret que souple, le mentaï rendit son poignard accessible, sa poursuiveuse avait l'air jeune, mais Dolohov avait pris l'habitude de ne jamais se fier aux apparences.
Il avança, de façon à faire sentant toujours son regard sur lui... la dirigeant vers un coin un peu moins exposé aux regards...

Il s'adossa à un mur relativement propre, croisant volontairement le regard de la jeune fille... Etait-ce une folle? Une inconsciente? Ou simplement une jeune fille qui avait suivi sa route par hasard et retournait chez elle...
Le Mentaï n'y croyait pas lui même, aussi il l'apostropha, de sa voix "de couverture", aux accents prétencieux et légèrement trop aigüe.
-Damoiselle, pardonnez mon impertinence mais... Aurais-je en ma possession quelque chose qui justifierait votre présence dans mon dos?

Et s'il s'avérait qu'elle était vraiment dangereuse... il aviserait.[

[désoléé c'est vraiment pas terrible, j'aurais plus d'inspi la prochaine fois ]

Si elle avait fréquenté plus d'humains, Alasa aurait compris qu'en s'éloignant de la foule le danger ne faisait que s'accroître .
Ne raisonnant pas de cette manière elle n'arriva évidemment pas à cette conclusion et n'abandonna pas la "poursuite" .

Elle ne vit tout d'abord pas que c'était à elle que l'inconnu s'adressait, plus à cause de la voix qui ne collait pas à son profil qu'à l'emploi du "damoiselle" .

Un frisson .
Ce type avait le regard d'un serpent à la langue suintante d'un doux venin . Ou d'une de ces panthères qui s'approchent lentement de leur proie pétrifiée...

Tu n'es plus la proie .

Pourtant c'est à cela qu'elle devait ressembler à cet instant . Une malheureuse bête prise au piège du regard hypnotique d'un prédateur .


Tu n'es plus la proie !
Hum...

Elle se rappela qu'elle devait répondre . Pourquoi, d'abord ? Il suffisait de se détourner en silence, de laisser ces mystères tranquilles et de sauver sa vie tant qu'il était encore temps .
Mais elle venait de voir en cet humain d'apparence banale une possibilité de réaliser une promesse qu'elle avait enfouie en elle depuis des années . L'occasion peut-être même de rassasier un tant soit peu sa haine à vif...

Mais pour cela il lui aurait fallu abandonner au moins une partie d'une chose qu'elle défendait plus chèrement que n'importe quoi d'autre sur cette terre...exploit quasiment impossible .

Il lui fallait tout d'abord en savoir plus .
Pour cela, rien de plus simple : il suffisait de survivre au-delà de sa réponse obligatoiremment à venir...
Hum .

La jeune fille lui jeta un regard entre suspicion et fascination ; il fallait vraiment qu'elle en sache plus .
Restait juste à prendre en compte qu'il paraissait maître dans l'art de manier les mots, au total opposé d'elle-même .
Jamais elle n'aurait pu penser que mentir pouvait se révéler vital .

Vite, vite, trouver une réponse .

Peut-être que...
Un souvenir lui revint en mémoire : une fille qui parlait elle aussi le langage du corps, un soir, près d'un lac... (mais nooon pas ce langage-là, pervers !! )
Peut-être que...
Etait-ce jouable ? Pouvait-elle risquer sa vie sur de simples suppositions ?
Des visages, des cris par milliers ....
Un tiraillement familier quelque part dans le ventre .
Oui .

Son corps adopta une attitude humble, elle le regarda par en bas d'un coup d'oeil qui faisait passer sa propre insignifiance . Des yeux qui hissaient le drapeau blanc, qui lui disaient qu'elle n'écoutait pas ses paroles, qu'elle voulait entendre autre chose . Il comprendrait peut-être qu'elle ne dirait rien, qu'elle n'était pas dangereuse...
Sur ce dernier point il n'avait sûrement aucune inquiétude .

Elle baissa donc la tête sans prêter attention au faux sens de la phrase du grand blond et murmura :

- Qui... es-tu ?

Seul le poignard dissimulé à quelques centimètres de sa main aurait pu ficher en l'air son attitude soumise à moitié sincère .
Un dernier recours bien dérisoire .
Au cas ou .

L'attitude de la jeune fille semblait avoir changé. De discrète, elle semblait à présent soumise. Il constata que dans ses yeux sombres brillait toujours cette lueur farouche, d'animal longtemps traqué et rebel. Le sourire neutre du mentaï retrouva sa place sur ses lèvres.Sa jeune interlocutrice avait compris qu'un danger la guettait... Ce qui était étonnant.

Mais plus que son attitude, c'était la nature de sa question qui surprit le mentaï. Ce "qui es-tu" n'étais pas une invitation à se présenter, comme on aurait pu le croire, non... C'était une inquisition, un signe que son si magnifique mensonge était perçable, un pied de nez à cette grisante sensation de toute-puissance qu'il resentait chaque fois qu'il manipulait un esprit... Car à n'en pas douter la plus grande force d'un homme ne résidait pas dans ses poings ou son poignard, mais dans sa capacité à manier les mots pour les retourner contre les gens...

Et pour ceux qui, comme lui, l'avaient compris, le pouvoir était à portée de main. Celui que la foule adule est le plus puissant des rois, pour preuve, il suffisait d'entrer dans le palais de l'empreur, de constater la précarité de sa situation, admirer sa façon de déjouer les conspirations, qui pourtant pullulaient, de ne pas tomber sous le charme de ces nobles qui ne désiraient, au fond, que l'assassiner pour prendre sa place... Il fallait être franc, nombreuses femmes étaient plus puissantes que les hommes qu'elles tenaient par les bras. C'était probablement pour ça que le mentaï ne fréquentait les femmes que la nuit, et fuyait leurs conversations le jour...

Il considéra la jeune fille de haut en bas, profondément vexé... Son expression devint plus dédaigneuse. Il ne fallait jamais oublier de faire passer ses petits mensonges avant sa curiosité, au cas où une oreille connue parcourrait la foire.

-Amusant. Il ne me semblait pas vous connaître, Damoiselle. Aussi, je me surprends de cette familiartié que vous semblez éprouver à mon égard. Je vous serai gré de faire preuve d'un peu plus de coutoisie... Et de vous présenter en premier, comme l'exige la coutume.

Cette adolescente si sombre, si... étrange semblait deviner sa chère supercherie... S'ils n'avaient été en public, il n'aurait pas hésité à jouer de sa dague pour l'en punir... Une personne trop perspicace était plus dangereuse que tout au monde, pour un mentaï, même puissant. Malheureusement pour lui, la foule s'aglutinait toujours autour des étals, et quelques regards se posaient sur lui. Il fallait donc éloigner au plus vite cette fille, avant qu'elle ne comprenne, si elle en était capable...

Mais si tel était le cas... La détruire serait gâcher un outil redoutable. Ne vaudrait-il pas mieux la séduire par les mots ou les gestes si elle était capabl de percer un mensonge aussi parfaitement utilisé?
Au fond, il suffisait d'un test. D'un rejet, d'une insulte pour voir de quoi était faite cette fille sauvagonne et assez intéligente pour prendre la posture de l'animal soumis. Surtout, il ne fallait pas baisser la garde.

-Je pense de toute façon que tu es étrangère aux nobles, et que mon nom ne t'apporterait rien.

Il sentit un frisson naitre au creux de son échine. Quelle étrange situation. Comment avait-il attiré son attention? Ses cheveux devenaient-ils trop longs? Sa démarche trop calculée? Ses yeux trop neutres? Qu'était ce grain de sable qui avait amené la jeune fille à douter de sa couverture? Comment l'en déloger?

C'était toujours lui qui avait trouvé ses élèves, qui les avait séduit et converti. C'était lui qui décidait qui ou non sauraient... Que cette adolescente ait compris était comme une victoire essuyée face à un marchombre: terriblement humiliante.

En plus, il était attendu... Il ne pourrait pas décemment pas analyser son interlocutrice en profondeur avec seulement une heure devant lui! Il fallait des jours pour cerner les gens.. Et encore, certainns détails pouvaient échapper aux yeux du meilleur espion... Comme ce lien familial qui unisssait sa treizième disciple et une autre élève, et qui l'empêchait d'exercer pleinement son influence sur celle-ci... Quoique... Cette situation de crise, le Mentaï estimait vraiment l'avoir gérée au mieux...

Dolohov s'intéressait de plus en plus à cette petite jeune fille qui semblait avoir pleinement conscience du danger qu'il représentait, et s'en jouait.
Leurs yeux se croisèrent, le temps d'un murmure ampli de colère...

Ainsi, cette fille se moquait des us et coutumes? Mieux, elle avait de la colère en elle... Une double qualité. Dolohov l'étudia davantage. Des muscles fins, elle avait dû se battre et savait probablement manier le poignard et/ou l'épée... Un visage qu'elle dissimulait volontairement derrière ses cheveux. Petit détail inintéressant, mais le noble endetté avauit appris que souvent, rien n'était laissé au hasard dans l'aparence de ses interlocuteurs. Ainsi, peut-être que son interlocutrice dissimulait son identité en même temps que ses traits. Etait-elle recherchée par le gouvernement? Il en doutait fortement... Ou alors, elle était aussi mercenaire que lui.

Non, ça c'était improbable. Un mercenaire joue avec les mots et dissimule tous ses sentiments. Il est capable de dissimuler cet éclair de pure haine qu'il avait entr' apperçu dans ses yeux.

Soumise dans son attitude, coupante par ses paroles, il ne s'était pas trompé, ce n'était pas son nom qu'elle voulait, c'était la vérité sur son compte... le regard de l'homme resta inexpressif. Il y avait du doute et de l'hésitation dans les mots de cette jeune fille.

Colère, doute, crainte, jeunesse...

Cette fille semblait corespondre en tous point à l'idée qu'il se faisait d'une élève potentielle... D'ailleurs, à n'en pas doutr, il la reverrait surement lors de ses rodages à l'académie. En attendant, il fallait impérativement qu'il trouves une parade...

-Si c'est ma bourse que tu en veux, bougresse, viens donc la chercher... Je sais me battre, crach t'il, en relevant les poings en une garde dérisoire...

Se faire passer pour quelqu'un de stupide était bien pluis compliqué qu'il n'y paraissait, surtout quand on avait l'intelligence du Mentaï... Mais dans ce cas, c'était l'unique solution. Il ne fallait oublier qu'il était attendu...
Qu'il avait déjà une disciple. Mais surtout, qu'il était visible par un énorme public, bruyant et bourdonnant, certes, mais il fallait toujours se méfier de la masse, cette fille devant lui en était la preuve.
Néanmoins, il était habitué à avoir plusieurs élèves à la fois, aussi laissa t'il traîner une petite phrase à double sens, histoire de si vraiment le potentiel qu'il décelait en elle pouvait être utilisable.

- Allé, approche, si tu ne crains ni la mort ni la douleur... Les voleurs et les traitres sont de la voi du chaos, je ne les crains point!

[Pas tapr, c'est court et j'ai été longue, je sais... Je me repends devant maître hibou!]

[xDD pour la peine, tu réciteras cinq "au nom du troll, du cdm et de la poule de charme" et neuf "amen maître hibou" ]

Alasa dût encore une fois faire un réel effort pour rester humble .
Ce jeu de pensées déguisées l'énervait au plus au point, surtout parce qu'elle n'en était pas la meneuse .
Que faire, maintenant ? C'était finalement évident que quoi qu'il pense d'elle, jamais il ne se dévoilerait .
Une bien stupide impasse que celle des mots...plus simple que n'importe quel obstacle, tellement plus difficile à franchir...

En tout cas, le personnage que cet homme incarnait était merveilleusement réussi ; ces atours ridicules, ce faux manque d'intelligence flagrant, cette niaiserie pompeuse...à tel point que la jeune fille se demanda à nouveau s'il n'était pas réellement ce qu'il paraissait être .

Cela pouvait très bien être le cas, en fait . Tout cela n'aurait été qu'un effet de son imagination paranoïaque , ce jeune homme n'était qu'un petit noble de bas étage persuadé d'être attaqué par une jeune folle déguenillée .
Explication plausible .
Qui avait le défaut gênant de ficher en l'air ses projets .

La jeune fille avait l'habitude de ne pas prendre ses désirs pour des réalités . Mais là, c'était vraiment frustrant ; chercher pendant des années sans le savoir vraiment une occasion d'apprendre des choses qu'aucune de ses "fréquentations" habituelles n'aurait jamais pu lui enseigner, le comprendre un jour et croire l'entrapercevoir pour finalement découvrir que cela n'avait été qu'une illusion, une projection d'un espoir enfoui qui n'avait de toute façon pas grande chance d'exister .

Elle laissa tomber sa posture soumise pour jeter un regard méprisant au jeune noble ; elle s'était trompée, pourquoi perdre son temps en décryptage et subtilités futiles et inutiles .
Sa déception prit l'ampleur de la colère, colère contre elle-même, colère contre l'idiot qui lui faisait face et colère contre le monde en général .
L'envie de sortir son poignard la démangea de nouveau .
Lacérer ce visage insignifiant à grands coups de lame...sentir la peau s'ouvrir sous ses coups...la chair se déchirer....les artères s'ouvrir....les organes vitaux exploser....sentir la sensation se répandre le long du poignard, à travers son bras, dans tout son corps...goûter à l'odeur du sang, à l'ultime frisson de la vie qui s'envole...
La jeune fille secoua la tête, se reprochant de telles pensées : pas par culpabilité bien évidemment, plutôt par conscience de leur inutilité .
Au milieu d'une foule comme celle-là.....
Il y avait des manières plus plaisantes de se suicider .

Mais juste comme elle allait tourner les talons avec une dernière grimace de dégoût à l'égard du jeune homme, celui-ci ajouta quelque chose, d'apparence tout aussi vain et vide que le reste .
Quoique...
Cela méritait réflexion .
Quelque chose de différent, une impression instinctive...comme si la phrase recelait un double sens .
Mais lequel, ce n'était plus dans les cordes d'Alasa .

Ce ne fut pas l'étrangeté de la phrase qui lui mit la puce à l'oreille .
De son point de vue, le dialecte en général de ses niés semblables était sous tout ses aspects bizarre et ridicule .
Non, ce fut plutôt une impression provenant d'un sans doute infime changement dans la voix, l'expression ou même l'odeur de son interlocuteur .
Comme certains animaux, Alasa avait, à force de vie quasi-sauvage la capacité de déceler chez celui qui lui faisait face les subtils changements d'attitude .
Etant malheureusement humaine, elle la possédait évidemment beaucoup moins qu'un "pur"être sauvage, l'appelait instinct et l'utilisait inconsciemment .
Mais comme cette "attitude" requiérait trop de sensibilité pour l'espèce humaine, si le mentaï n'avait pas voulu la mettre sur la piste elle n'aurait rien perçu et se serait éclipsée sans plus tarder, la haine au coeur et la déception palpable .

Il lui fallait bien ça pour compenser son ignorance de l'art des mots .

Encore une fois elle s'en voulut : dire qu'elle s'était bêtement fait prendre au piège de l'apparente niaiserie de cet étrange humain !
A bouillir de rage...d'ailleurs, pouvait-elle être sûre que la phrase recelait un indice subtilement caché, ou s'était-elle vraiment trompée sur toute la ligne ?
Il la faisait de nouveau douter....il était donc ce qu'elle avait soupçonné depuis le début .
Parfait .
Maintenant, il serait bien de s'en tenir à cette présemption .

Que répondre...
Toute trace de colère disparut des yeux sombres de la brune quand elle croisa de nouveau le regard du jeune noble, remplacée par de l'étonnement et une légère appréhension .
Peut-être l'avait-elle sous-estimé ?

Un regard interrogateur, un peu perdu....
Que devait-elle répondre ?

Elle devait vraiment en savoir plus, tout en sachant qu'il ne dirait rien...qu'il ne...
Une subite inspiration .
Une voix moyennement assurée tandis qu'elle essayait, tant bien que mal, de créer une phrase à double sens...

-Ou se trouve...la voie du chaos ?

[*regarde la longueur* fiu chui inspirée x_x désolée ]

L'expression de sa jeune interlocutrice se modifia...
Ainsi, il l'avait finalement bernée... Et sous cette apparence de stupidité inoffencive, la jeune fille ne voyait en lui que ce petit noble prétencieux et innofencif...

Dolohov sourit mentalement, rassuré par ses capacités de menteurs et de manipulateur... Il était et restait le maître de ce jeu de faux semblant, et tous ces gens qui composaient cette foule bruyante étaient et resteraient encore longtemps les instuments de son ascenssion au pouvoir...
L'espace d'n instant, la jeune fille baissa sa garde, se montrant telle qu'elle était vraiment... Il lut en elle une sorte de sauvagerie à peine contenue, traduite par l'éclat étrange de ses yeux, par le mouvement presque indétectable de cette main, qui tenait, dans la logique des choses, une arme. Il savoura sa façon de secouer sa crinière sombre, comme pour démentir physiquement ce qu'elle avait pu penser du mentaï...

Son pouvoir était-il donc sans limites? Avait-il vraiment dépassé ce mentaï qui lui avait servi de maître et qui était le seigneur suprême du chaos? Pourrait-il parvenir, lui, le comédien, à accéder à ce pouvoir que tous les mercenaires ambitionnaient? Aucun doute à ce propos... En revanche, y parviendrait-il seul? Tromper une petite fille instinctive n'était quand même pas un exploit si signifiant que ça... Non, ce n'était pas encore tout à fait à la hauteur de ses ambitions.

Elle allait se retourner lorsqu'il lui lança cette petite phrase pleine de sous entendu...
L'espace d'un instant un nuage obscurcit le ciel bleu, jetant sur la foire des zones d'ombres... Comme si évoquer le chaos le rendait déjà plus proche, plus accessible...
Et son expression changea au tout au tout. Comme si l'espoir revenait, que la colère s'intensifiait encore avant de se muer en ce vide plein de question et d'apréhension qu'il ne connaissait que trop, par ses élèves.
Elle était prête, il le sentait au plus profond de lui-même. Cette fille étaite faite pour être mercenaire, tellement faite qu'elle avait décelé en lui la voie du chaos...
Leur regard se croisèrent, et celui de Dolohov devint plus doucereux, en restant froid et distant malgré tout... Juste assez pour l'encourrager à parler, à se livrer totalement, à lui offrir cette âme déjà bien sombre...
Les mots franchirent ses lèvres, devenant ambigüs à leur tour..
Un sourire étrange apparut sur les lèvres du mentaï, qui s'avança vers elle, dans un e posture qui à la foule paraitra menaçante, et à elle protectrice...

-Tu sais pertinnement où elle se trouve..., susura t'il. Et je le sais aussi.

Il avançait toujours comblant la distance qui les séparait avec un naturel déconcertant. Aujourd'hui il ne pourrait s'occuper d'elle, n'oublions pas qu'un esprit l'attendait... Esprit que d'ailleurs, il ferait mieux de ne pas fâcher. Une alliance était en vue et le chaos prendrait en force... Il ne pouvait gâcher le potentiel d'un pacte d'une telle importance pour une élève... Aussi perspicace et intuitive soit-elle.

Il ralentitson allure, et la regarda. Lui fixer un rendez-vous? Non... Elle le lui demanderait, parce que le chaos l'attirait. Elle chercherait à le revoir, pas l'inverse, et son armée diabolique enflerait encore...
Le pouvoir serait bientôt leur.
Qu'elle parle à présent, il ne restait plus beaucoup de pas avant qu'il ne la dépasse...

Les choses prenaient une route encore plus étrange, plus affolante que ce qu'elle avait prévu .
Il y a quelques instants, elle essayait de s'approprier le cours des événements .
Ils lui échappaient maintenant totalement .

La jeune fille voulut gommer de ses yeux toute trace d'hésitation, peine perdue . Son regard resta le même et prit en plus l'expression apeurée d'une proie traquée .
Tout venait de s'enchaîner si vite...
Le nobliaud prétentieux qui se trouvait devant elle il y a quelques secondes encore n'était plus, remplacé par un homme semblant plus dangereux encore que tout ce qu'elle avait imaginé .

Il combla rapidement la distance qui les séparait, un sourire doucereux aux lèvres .
C'est à ce moment-là qu'Alasa prit presque pleinement conscience de ce qu'elle avait défié .
Trop tard .
Déjà l'ultime phrase qu'il avait laconiquement laissée traînée l'envahit, déjà le doute s'insinua en elle .
Cette fois, elle s'en était prise à trop puissant .
Et elle ne pouvait plus reculer .

Un frisson d'hébétude la secoua alors qu'il la dépassait vivement ; il ne pouvait pas la laisser comme ça, il lui devait des explications, elle...
Pour la première fois de sa vie, la jeune fille se sentit incertaine, abandonnée .
Le regard fixé sur la chevelure blonde de l'homme qui se fondait déjà parmi la foule, désorientée, prise par surprise, la sauvageonne frissonna de nouveau tandis qu'insidieusement la toile tissée par le mentaï se refermait sur elle .
Elle se jeta tête baissée dans le piège béant .

-A...attends !! dit-elle en élevant légèrement la voix, fendant la foule pour rattraper l'homme, je...je...

Elle s'interrompit . Sa voix était si fragile, si hésitante...
Perdue pour perdue, elle reprit dans un murmure, sans croiser les yeux sombres de celui qui l'avait mise dans cet état :

-L'académie de Merwyn est loin, mais le lac y est magnifique...

Puis, sans un coup d'oeil pour le mentaï, elle se glissa en sens inverse parmi la vague humaine qui l'emporta bientôt, s'éloignant le plus vite possible de cette rencontre troublante .
Il lui restait une chasse à mener .
Pour le reste, elle verrait bien le moment venu .