Solitude (RP terminé)

Ambre avait besoin d'évacuer le stress depuis trop longtemps accumulé.
Elle se dirigea vers la cascade, lasse à l'avance de ce que l'avenir lui annonçait.
La voie des marchombre... Ou l'inaccessible idéal.
La nausée la reprit. Ce qu'elle avait lu dans les livres était bien loin de la réalité et des faits. Le ciel gris reflétait bien son humeur:
Maussade.
Terne.

Ses pas la menèrent près de la cacade, et ses grands yeux mauves tombèrent sur la silhouette solitaire d'un élève qu'elle ne connaissait que de nom et de réputation.
On le disait démoniaque, ou possédé... Actuellement, il avait juste l'air seul et désespéré. Il se retourna vers elle, plus surpris qu'elle ne l'aurait cru. Elle recula légèrement. Elle ne savait pas à qui elle avait réellement à faire...

-Je viens en paix, déclara t'elle légèrement ironique. Je ne cherchais qu'un peu de solitude.. Je ne te dérangerai pas.

Le stress de Yaemgo se dissipa quand il vit une jeune fille, membre de l'Académie.
De Corbac, apparemment.
Chantelame, peut-être. Ou bien Marchombre.
Il la détailla.
Elle eut un léger mouvement de recul.
Normal.
Pas grand-monde ne savait qu'il n'était plus habité par Lindörm...

-Je viens en paix, lança-t-elle Je ne cherchais qu'un peu de solitude.. Je ne te dérangerai pas.

Yaemgo haussa les épaules.

- T'inquiète, le démon est parti. Tu risques rien, lâcha-t-il doucement.

Pas sûr qu'elle allait le croire.
Mais enfin, c'était son problème, si elle avait envie de déguerpir en courant...
Il s'éloigna un peu, autant pour laisser de la place à la nouvelle venue que pour qu'elle comprenne qu'il ne lui voulait aucun mal.
De toute façon, il n'aurait pas pu lui faire grand-chose.
Vu son état...
Il soupira légèrement et remarqua que la jeune fille avait elle aussi des yeux mauves.

Sa réponse pourtant douce tomba comme un rocher dans le lac...
Peut-être avait-il raison, mieux valait dire les choses aussi clairement que possible... Il s'éloigna ensuite légèrement. Elle replaça une mêche brune derrière son oreille. Le tact n'avait jamais été son fort, mais à ce point... Ca devenait désespérant... Au diable sa méfiance et le noeud qui lui serrait le ventre.

-Pardonne mon indélicatesse, je... ne suis pas habile des mots. Encore moins avec ceux que je ne connais que de vue...

Elle baissa les yeux une fraction de seconde avant de les relever et regarder la cascade. C'était beau... ça ne la touchait pas plus que ça.

-On m'a dit... Que souvent les âmes perturbées venaient ici pour oublier leurs soucis. D'ordinaire, je ne crois pas à ces choses là mais.. Enfin on s'en fout, pourquoi je parle de ça?!

Elle ferma les yeux, la nausée et le mal de tête la reprenaient.

-Quoiqu'il en soit, tu es arrivé le premie, je suppose que ce n'était pas pour voir du monde que tu es ici... Je ne veux pas m'imposer plus longtemps.

*J'ai dajà fait assez de stupidités comme ça*

Elle esquissa un petit sourire, légèrement plus pâle que d'ordinaire, prête à s'éclipser.

Les yeux de la jeune fille se ternirent, ce qui ne fit ni chaud ni froid à Yaemgo. Elle s'excusa longuement.
Le jeune homme ne comprit pas.

- On m'a dit... Que souvent les âmes perturbées venaient ici pour oublier leurs soucis. D'ordinaire, je ne crois pas à ces choses là mais.. Enfin on s'en fout, pourquoi je parle de ça?!

Yaemgo la regarda bizarrement.
Mais comment faisaient-ils tous ?
Personne ne pouvait laisser ses problèmes tranquilles ?
Il préféra ne pas réagir.
Elle ferma les yeux comme si elle était malade.

-Quoiqu'il en soit, tu es arrivé le premier je suppose que ce n'était pas pour voir du monde que tu es ici... Je ne veux pas m'imposer plus longtemps.

La jeune fille esquissa un sourire léger, et s'apprêta à partir.
Yaemgo lui lança un regard interrogateur.

-Tu sais, tu déranges personne ici, c'est pas ma cascade. Mais je comprendrais si tu ne voulais pas rester, je suis pas très recommandable...

Il haussa les épaules.
C'était elle qui voyait ce qu'elle faisait de toute façon.

Elle le considéra un instant, d'abord avec surprise, puis avec un petit sourire ironique. Ils ne se connaissaient pas, et pourtant, la jeune fille se sentait relativement à l'aise avec lui. Enfin quelqu'un qui doutait.. Etait-ce propre à ceux qui avaient les yeux mauves?
Son malaise diminua quelques peu... D'un geste naturel, elle détacha le poignard qu'elle avait à la ceinture et le lança contre le tronc d'un hêtre relativement proche.

-Recommandable? Je ne pense pas avoir cette réputation non plus, tu sais... Je n'éprouve pas de peur pour toi, pas plus que toi pour moi, je crois... Et si ça ne t'ennuie pas que je reste... Au fait. Je m'appelle Ambre.

Elle se raprocha un peu, avant de s'asseoir dans l'herbe. Elle préféra ne pas voir l'expression de son visage, peut-être par peur du rejet? Peut-être simplement à cause de sa timidité?
Le silence s'installa... Et Ambre le savoura les yeux fermés, des images du passé plein la tête, principalement des images de ses parents, des convois...
Ces petits bonheurs stupides mais qui lui rendaient le sourire... Qu'elle rêvait de revivre à l'infini.
Dire que les marchombres étaient cencés se détacher de leur passé pour être aussi libre que la vie le permettait...
Dire qu'elle avait cru pouvoir devenir l'un de ces chevaucheurs de brume..
Elle rouvrit les yeux, et retraça le profil de l'étrange jeune homme de loin.
A quoi pensait-il? Quelle était sa voie? Pourquoi s'en préocupait-elle, au fond?

Yaemgo observa la jeune fille.
Elle semblait être plus à l'aise.
Rapidement, elle détacha son poignard et le lança avec agilité sur un tronc d'arbre non loin.
Le jeune homme fronça les sourcils.

- Recommandable? Je ne pense pas avoir cette réputation non plus, tu sais... Je n'éprouve pas de peur pour toi, pas plus que toi pour moi, je crois... Et si ça ne t'ennuie pas que je reste... Au fait. Je m'appelle Ambre.
"Pas la peine de faire du mal à ce pauvre arbre... Il n'a rien fait", songea-t-il.

Il soupira discrètement.
Elle se rapprocha un peu et s'assit dans l'herbe, sans le regarder.
Il dégagea une mèche de son visage et regarda la jeune fille.

-Je m'appelle Yaemgo, lâcha-t-il simplement.

Puis le silence, de nouveau, s'installa...
Yaemgo regarda la jeune fille, qui, les yeux fermés et le sourire aux lèvres, semblait aimer la vie.
Le coin de sa lèvre remonta pendant un instant en un tic.
Elle rouvrit les yeux et le détailla.
Yaemgo se sentit aml. Il n'aimait pas vraiment qu'on le dévisage.
Afin de se changer les idées, il observa la cascade, et les environ aux alentours.
Trop de souvenirs...
Tssk.

Le silence devint pesant... Comme à chaque fois lorsque les souvenirs étaient trop présents pour être ignorés, et trop absent pour griser ceux qui les possédaient. La jeune fille détourna les yeux, avant de chercher son poignard du regard...
Qu'avait dit Slynn? Que rares étaient les dessins éternels, et qu'on disait même qu'ils étaient inexistants. Quand est-ce qu'il disparaîtrait, celui-la? En plein combat...?
Ou le jour où sa mère décèderait?
Ou... Le jour où elle cesserait de penser à sa fille que- de toutes façon- elle ne reverrait probablement jamais?
Et de toute façon, quelle importance?

-Yaemgo? Tu crois aux sirènes?

Elle ne parla pas de la légende qu'on luiu comptait avant, au coin du feu...
Pour la jeune fille, passer pour quelqu'un de futil n'avait aucune importance. Et mieux valait être futile lorsqu'on était mal. Relativiser faisait oublier... un peu.

Ambre garda les yeux posés sur la casade. La voix du jeune homme semblait s'être nouée... Et il n'y avait que deux raisons possibles à cela:
Un chat dans la gorge ou.. un trop plein de sentiments.
La jeune fille ne bougea pas, les ittinérants étaient des gens fiers. Regarder une personne pleurer, sans la connaître ou être de sa famille l'aurait mis mal à l'aise. D'ailleurs, peut-être ne pleurait-il pas. Il pouvait être en colère ou bien penser à des moments heureux...
De toutes façons, ça ne la regardait pas.
L'eau ruisselait contre la roche grise... Elle devait être limpide. Turquoise les jours où le soleil brillait.
La voix de Yaemgo rompit le nouveau silence. Elle?

-Moi? J'aurais aimé y croire plus longtemps, lâcha-t'elle.

Un sourire étira ses lèvres. Sourire triste et mélancolique.
Le silence revint, et la jeune fille le rompit pour seconde fois.

-Pourquoi tu n'y crois plus?

[désolée pour l'attente ><" je n'ai aucune excuses...]

Il n'était pas difficile de deviner que la "sirène" en question n'avait jamais dû vivre dans le lac... La jeune fille regarda l'eau couler sur les murs de roches... L'amour? Elle ne croyait pas qu'il existe ailleurs que dans les légendes contées au coin du feu. Pas plus que les femmes poissons, en fait. Et lui... Il semblait qu'il s'était brûlé les ailes à y croire trop fort.


-Je... suis désolée.

Phrase qui ne servait vraiment à rien, mais c'était la seule qui lui venait en ce moment. Comment parler de quelqu'un chose qu'on craignait ou qu'on avait jamais éprouvé, seulement à l'égard des personnes de son sang? Son sourire disparu lentement.

- Il n'y a aucune chance que tu la retrouves... ?

Il y avait peu de chances... Mais allez savoir pourquoi, l'être humain cherchait toujours à se mentir en parlant d'espoir...
Depuis toujours, les Hommes visaient l'inaccessible, Ambre voulait perdre son Don plus que tout au monde, et lui... il avait la voix enrouée lorsqu'il parlait d'elle. La désillusion entraînait forcément la tristesse, et la tristesse la solitude. Quoique... Après tout, ils étaient deux, cet après midi là, à fixer la cascade.

- Je... suis désolée.

Yaemgo leva la tête, reconnaissant.
Elle semblait se dire que cette phrase était relativement utile, ce qui était plus ou moins vrai.
Il lui en était tout de même reconnaissant.

- Il n'y a aucune chance que tu la retrouves... ?

Il soupira imperceptiblement et dévisagea la jeune fille.

- Je ne sais pas encore faire revivre les morts. Et quand bien même... Cela ne changerait pas grand-chose.

Il se sentit tout à fait ridicule.
Il détourna la tête, cherchant comment fuir la conversation.

- Toi non plus, tu n'as pas l'air d'aller fort, dit-il en dévisageant Ambre.

La question était implicite.

[Désolé, j'avais... oublié ^^]

[Pas de problèmes ça arrive ]

Ambre ferma les yeux. Y avait il moyen de manquer plus de tact qu'elle?

La jeune fille avait croisé la mort, de loin... Un convoi déserté où coulait le sang d'ittinérants inconnus... Un cochon dont la tête roulait sur le sol pendant une bataille. Un membre d'expédition qui s'éffondrait, ça s'arrêtait là. Pas le temps d'y resonger, la nostalgie quittait les gens des routes, qui n'avaient jamais eu d'autres attaches que celles de leur famille. Et la vie n'était jamais simple, des morts parmi les membres d'un camp, il y en avait toujours. Voilà pourquoi on se parlait peu, entre ittinérants, surtout de choses importantes, on se liait supperficiellement, par la bourse et les profits, et on se méfiait de tous ceux qui n'avaient pas le même sang.
Alors l'amour, Ambre n'y comprenait pas grande chose...
Elle savait simplement qu'à la seule idé de perdre des gens importants, comme sa soeur d'arme ou ses parents, elle deviendrait folle.
Aussi, lorsque Yaemgo chercha à détourner la conversation, elle choisit de ne pas insister.

-Mes problèmes sont biens futils comparés aux tiens...

elle bascula la tête en arrière, prenant appui sur la pierre froide, et regarda le ciel. Pourquoi se livrer à un parfait inconnu?
Et pourquoi pas?

-Je...

Elle se mordilla les lèvres, les yeux perdus dans les nuages. Il était si loin, le ciel...

-Je ne suis simplement pas douée pour le bonheur, lâcha t'elle platement. Je sais que ça à l'air stupide, mais c'est exactement ce que je ressens. Je pensais avoir trouvé ma voie, et maintenant, je ne sais plus. Je pensais pouvoir me débarasser de.. quelque chose, mais c'est impossible. Je pensais que mon passé serait oublié une fois dans les murs de cette académie, et il n'en est rien. Je ne suis pas à ma place, je crois...

Ambre ferma les yeux, et sentit la nausée la reprendre, plus violente encore qu'auparavent. Il parlait de la voix du juste et de l'assuré, il parlait en mettant les choses en constat, sans la moindre trace même de réflexion. Il prenait son temps, puis formulait sa pensée, la laissant brutte et claire.
Au moins aussi claire que son âme depuis "que le démon était parti".

-Je parie que tu es apprenti marchombre, murmura t'elle, plus pour elle que pour lui.

Elle se mordit les lèvres plus violement, et ses bras entourèrent son ventre, tâchant de lui éviter de vomir en public... Aussi attentionné fut le public.
Ses pensées allaient de plus en plus vite derrière ses paupières clauses. Etait-elle donc la seule apprentie Marchombre qui doutait? Comme elle était la seule à avoir un Don indéniable? Pourquoi par la Dame n'y avait-il personne avec qui parler de cette situation aussi...
Gluante qu'une fiante de Ts'Liche, aurait dit son père.

-Non. Les choses ne sont pas aussi simples que ça, continua-t'elle, en gardant les yeux fermés. Pour toi peut-être... Tu vas me trouver immonde, mais je t'envie.
Tu as un but. Tu as des envies, un destin. Tu as trouvé les bonnes personne, puisqu'il t'a quitté. Et je parirais ma main droite que tôt ou tard tu partiras à Sa recherche pour l'anéantir... Après avoir terminé ta formation. Tu as de la chance d'avoir des ennemis concrets et personnifiés. Ca fait de toi.. Quelqu'un.

Elle tourna vers lui son visage rendu pâle par la jalousie mêlée de crampes et l'interrompit avant qu'il ait pu lui répondre. Ouvrit les yeux, affrontant les siens.

-Sois franc. As-tu déjà douté de ton destin? As-tu déjà jalousé quelqu'un au point de te réveiller la nuit? As-tu déjà regretté ce que tu as laissé derrière toi au point... de refuser ce que l'avenir, les gens et les évènements ont à t'offrir?

La voix de la jeune fille s'éteint ses lèvres tremblèrent davantage. Ce n'était pas le moment de laisser couler ses larmes... Elle avait sa fierté, quand même. Qu'importait la suite des évènements... Il ne pouvait pas comprendre. Ni lui, ni sa soeur d'arme, ni...
Non, la seule chose qui se passait, c'est qu'elle s'ouvrait à un parfait inconnu, et qu'elle passait pour quelqu'un de stupide. Une fois de plus.

La jeune fille sembla en proie à son esprit, et ferma les yeux.

- Je parie que tu es apprenti marchombre...

Yaemgo fut surpris par sa perspicacité. Dorénavant, il devrait mieux le cacher... Pas besoin de mots pour répondre que c'était vrai.
Elle se recroquevilla. Yaemgo résista à l'envie de la consoler, de s'approcher d'elle. Ce n'était pas son genre.
Il se maudissait même de pouvoir avoir des pensées pareilles...
Elle prenait la parole.

-Non. Les choses ne sont pas aussi simples que ça, continua-t'elle, en gardant les yeux fermés. Pour toi peut-être... Tu vas me trouver immonde, mais je t'envie.
Tu as un but. Tu as des envies, un destin. Tu as trouvé les bonnes personne, puisqu'il t'a quitté. Et je parirais ma main droite que tôt ou tard tu partiras à Sa recherche pour l'anéantir... Après avoir terminé ta formation. Tu as de la chance d'avoir des ennemis concrets et personnifiés. Ca fait de toi.. Quelqu'un.

Il était sur le point de répondre, quand elle continua, la voix tremblante et le visage blanchâtre.

- Sois franc. As-tu déjà douté de ton destin? As-tu déjà jalousé quelqu'un au point de te réveiller la nuit? As-tu déjà regretté ce que tu as laissé derrière toi au point... de refuser ce que l'avenir, les gens et les évènements ont à t'offrir?

Le jeune homme la dévisagea, le regard dur.


- Tu veux que je sois franc ? Oui.

Une réponse simple, mais claire et prononcée d'une voix terriblement cassante et dure.

- Oui. Il vaut mieux ne pas trouver que perdre. Il vaut mieux être seul que d'avoir des ennemis mortels. C'est bien beau de se croire héroïne d'un mélodrame, mais tu dois savoir que tu n'es pas la seule dans ton cas. Pas la seule à ne pas dormir, de jalousie. Pas la seule à te dire que ta vie est insipide. Tu as des centaines de choses à faire et à dire, à voi et à entendre. C'est tellement facile de te dire que tu es maudite, que tu ne trouveras jamais ta voie, que tu resteras seule pour le restant de tes jours. Bas-toi, cherche ton chemin ! Ca ne sert à rien de rester toute seule en se disant que de toute façon ta vie ne changera jamais !

Sa voix montait de plus en plus, de plus en plus forte, de plus en plus dure, de plus en plus froide.

- Tu n'es pas personne. Tu es Ambre Naeëlios, et tu vas trouver ta route.

Il lui répondit, avec ce ton froid et furieux à la fois, qu'on employait pour les petits enfants colériques, ou égoïstes....
Après tout, le fond était de ce type-là: elle avait tort, lui aussi était à plaindre.
Et chaque mot, prononcé avec un peu plus de force et de conviction au fur et à mesure que la tiirade avançait, lui retournait le coeur encore davantage.
C'était prévisible: il n'avait pas compris.
Elle ne s'était pas attendue à mieux, ni à pire... Elle savait que pour lui ce qu'elle avait sur le coeur ne serait rien d'autres qu'un caprice d'enfant top chouchouté par la vie, ou d'une adolescente aveuglée par son nombril...
Une paranoïaque qui cherchait désespérément un moyen de sortir de la norme qu'elle avait créée de toutes pièces.

Ca faisait mal... Et le vide en elle semblait s'intensifier encore davantage. Que restait-il... Sinon l'ironie pour répondre à ce... marchombre dont la gentillesse et a naïveté devenaient écoeurante?

Elle fixa ses grands yeux mauves, durs et froid... et un sourire étira ses lèvres. S'étirer encore jusqu'à ce qu'elle éclate d'un rire méprisante et désabusé... Un rire qui blessait autant celui qui l'entendait que celle qui le laissait échapper.

Elle le calma, retrouvant son regard.

-Quelle.. Majestueuse tirade. Poétique... Motivante... J'aplaudis tes talents d'orateur à deux mains. Mais tu as raison, c'est de ma faute! Comment ais-je pu ne pas me rendre compte de la chanche que j'avais d'être moi! D'être... épargnée par le destin, de n'être en fait qu'un nom dans une foule de merdeux prompts à mourir?

Un autre éclat de rire, plus contenu lui échappa, et sans quitter son regard, elle continua.

-Je ne suis pas maudite, je suis réaliste. Toi en revanche... Je te le demande, à quoi ça sert de parler, si c'est pour ne pas être entendu? A quoi ça sert de chercher le bonheur? Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent.


Elle se redressa, vacillante comme jamais. Partagée entre l'envie de lui planter un poignard dans le coeur et celle de partir en courrant. Pourquoi lui avait-elle parlé?
Pour se comparer à lui, l'apprenti marchombre dont on parlait parmi les élèves et les professeurs, avec un mélange de respect et de crainte, suivant les gens.
Peut-être pour l'étudier, pour savoir ce qui le rendait si... spécial.
Peut-être pour savoir ce que ça ferait, d'entrer dans le monde des gens comme lui? Peut-être par hasard, simplement menée par ses pas? Pour vivre son quart d'heure d'attention? Pour se persuader que même ceux qui possédaient une voie et des certitudes ne valaient rien, et que leur naïveté les rendait plus stupide qu'elle ne le serait jamais.
Peut-être pas. Après tout, ça n'avat aucune importance.

- Je voyais les gens uniques moins... crédules. Je ne suis pas une paysanne en détresse qui attend d'être sauvé, preux chevalier Marchombre. Je te souhaite... Un bon resourcement, en paix avec ta solitude et tes certitudes, Yaemgo. Que la voie ne quitte pas tes pas. Qu'une fée remplace un jour la sirène que tu as perdu.

Elle se releva, et s'inclina outrageusement. Tant de colère qu'elle ne parvenait pas à exprimer... Qui se transformait en ce vide impossible à combler.
Elle se retourna, et s'éloigna en direction de la dague plantée dans un peuplier proche. Rester ne servait à rien, elle ne parviendrait pas à comprendre le pourquoi de sa solitude et lui... ne ferait pas mieux.
A moins que...?

[... J'aimais mieu la verision précédente, mais l'ordi a beugué... :S Fin bon, j'espère que ça t'ira quand même]

Yaemgo observa la jeune fille en face de lui, qui semblait absolument retournée par ce qu'il venait de dire.
Comme si elle ne savait pas comment réagir.
Finalement, elle se leva, et lança vers lui un regard hautain.
Elle se lança alors dans une longue tirade, remplie d'ironie blessante. Chaque mot était comme une flèche se plantant dans le coeur de Yaemgo, trouvant automatiquement son chemin.
Mais sitôt arrivées, elle se bloquait face à un mur de pierre.
Un coeur de pierre qui renfermait un petit tas de chair sanguinolente.
Le visage du jeune apprenti marchombre n'exprima pas le moindre petit sentiment. Juste une sorte de mélange de tristesse et de fatalisme.
Quand elle eut fini, elle se retourna brusquement et s'éloigna. Mais soudain, elle ralentit quelque peu, ce qui arracha un petit sourire au jeune homme qui attaqua.

- Tu n'es qu'une petite gamine ingrate et prétentieuse. Tu ne te rends pas compte de ce qu'est ta vie, tu restes sur tes seuls problèmes sans chercher à les résoudre, tu te mures dans ta tristesse. C'est tellement plus facile... Mais tu es faible. Ce ne sont que les faibles qui n'essaient même pas de redresser le niveau de leur vie.

Une flamme froide brillait dans ses yeux violets, étrangement plus ternes que d'habitude. Un à un, il démontait tout les arguments ironiques d'Ambre.
Il haussa un sourcil.

- Tu es en train de me dire que je suis de ceux qui cherche à tout prix le bonheur. Tu ne peux pas t'adresser à plus mauvaise personne sur ce point. Tu n'es même pas capable de savoir qui se trouve en face de toi.

Il reprit légèrement sa respiration.

- Preux chevalier marchombre ? Preux chevalier marchombre ? Comment peux-tu te prétendre apprentie marchombre si tu ne vois en eux que des preux chevaliers ? C'est absolument le contraire. Tu n'as rien compris. Pire. Tu ne cherches pas à comprendre, comme tu ne cherches pas à vivre.

Le jeune homme n'aurait su dire comment il savait qu'elle était apprentie marchombre. Pour l'avoir aperçue une ou deux fois aux cours ? Pour sa façon de marcher, de parler ?

- Quant à une soi-disante fée...

Il marqua un temps.

- Si jamais elle arrivait vers moi, je la repousserais sans aucune hésitation, comme je repousse quiconque allant dans ma direction.

Yaemgo lança un regard vers cette jeune fille qu'il jugeait n'avoir rien compris au monde qui l'entourait, à ce qu'elle vivait et qui ne pensait qu'à son petit malheur tremblant sans essayer de... de vivre, simplement.
A cette jeune fille faible.

A nouveau, la voix de Yaemgo retentit. A nouveau, les mots l'ateignirent plus qu'elle ne l'aurait voulu.
Pas vraiment au départ. Elle ne s'attendait pas à être traitée comme une princesse, elle n'en avait ni la classe, ni le langage encore moins le mérite. Elle était très certainement tout ce qu'il disait là.
Mais...
Cet prétencieux venait de la traiter de faible. Elle pouvait être gamine, orgueilleuse et égoïste, autant qu'il pouvait le penser. Mais pas faible.
Ca, aucun marchomre et encore moins un itinérant ne l'aurait accepté. Les lèvres de la jeune fille se serrèrent, et elle s'arrêta. Chercha de la main droite sa dague, avant de réaliser qu'elle était plantée dans ce fichu arbre.

Et les mots volaient, marquant toujours plus cette distance glaciale qu'Ambre avait placé entre eux. Parce que tout était évidemment de sa faute. Il le disait lui même, elle n'était pas capable du moindre jugement. Pas capable de la moindre pensée cohérente.

*Une vraie roturière, hein, Ambre?*

La jeune fille cilla, tâchant de repousser ses pensées aussi loin d'elle que possible... Mais évidemment, c'était bien illusoire. Dire que pour lui prouver qu'elle ne le craignait pas ell s'était débarassée de son arme... Dire que cet espèce de...

Apprentie marchombre.
Il l'avait appelée apprentie marchombre. Il aurait compris...? Elle aurait, finalement, un minimum d'attitude pour prétendre pouvoir reprendre les cours de..
Les cours.
Il n'avait rien deviné. C'était surement à cause des cours. Des listes. Voilà ce qu'elle devait être pour lui: un nom sur une liste de cours.
Qui devrait être rayé, d'ailleurs, puisque selon lui, même la plus élémentaire philosophie marchombre avait été mal perçue...
Elle était trop stupide, sans doutes, trop faible...

*Tu sais, chère, ta voie, c'est peut-être de servir dans les bars d'une ville quelconque. Te trouver un chevalier, et vivre sur sa fortune... Même lui, que tu juges toi même naïve a perçu toutes tes failles... Même lui a vu que tu ne pouvais être marchombre... Tu l'as entendu? Il dit même que tu te voiles la face très chère... Que tu te mens, comme les autres, mais dans l'autre sens. Tu vas te le laisser dire?*
Elle baissa la tête, sentant son poul s'accélérer et la nausée disparaître.. Dans son esprit se bousculaient d'avances les pires jurons qu'elle avait pu entendre et prononcer. Parce que non seulement, ce... Cet innomable être était parvenu à l'insulter jusqu'au plus profond d'elle même, mais en plus... Elle tourna son visage vers lui, sans plus penser au poignard, ni aux convenences, ni à quoi que ce fut de ce type...

Et qu'importait s'il recommençais à montrer de la faiblesse et si ça voit s'éteignanait en parlant d'amour. A se mentir en prétendant la rejeter...
Jusqu'à penser qu'elle avait saisi une subtilité...

- C'est touchant... Pourquoi cherches-tu donc à me faire dire que je suis une incapable abrutie et totalement dénuée du moindre discernement? Tu cherches encore à me sauver? Je pensais que tu voulais éviter les gens et les contacts, c'est ce que dit ta voix quand tu parles de filles, potentiellement à venir ou passées! Tu me traites de faible? Qui est faible, ici? Qui fuit le monde pour être sûr de ne plus souffrir? Qui craint l'absence de nous deux?
Elle avançait dans sa direction, sans savoir si elle se ridiculisait encore. Espérant que non, de toutes façon, il ne le montrerait pas.

-Pourtant, tu ne m'as pas repoussée, moi? Peut-être que toi non plus, tu ne me juges pas à ton niveau? Peut-être que tu te sens plus fort, en me rappelant que le mien est faible. Que je ne suis qu'une idiote bornée, incapable de vivre... Je ne te connais effectivement pas, Yaemgo. Je ne le souhaite pas. Mais je crois que tu es comme moi. La seule différence, c'est que toi, avec ton.. destin, tu as le choix, et tu choisis d'être amorphe pour ne plus souffrir.

Jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de son visage, les yeux dans les yeux, pleine de cette rage qu'elle ne parvenait pas à exprimer. Prête à le démolir à coup de poing s'il osait même imaginer ou insinuer qu'elle valait moins que lui.

-En fait... Tu me rassures. Je suis peut-être bien sur la voie des bons marchombres. La voie des lâches idiots et faibles, qui craignent les liens et s'inventent des libertés, en s'imaginant philosophe... Soit ça, soit... On se plante tous les deux, mon gars, et tu te trompes de chemin aussi. Peut-être qu' être marchombre -te persuader que l'idéal existait et était à ta portée- ça t'était possible seulement quand le démon était en toi. Par soif de le repousser. Par soif de te dire que tu valais quelque chose, comme les autres- les cons-comme moi, le pensaient. Merci. maintenant je suis convaincue: c'est pas moi qui me voile la face, c'est tous les autres.

Les mots prononcés par Yaemgo semblèrent atteindre la jeune fille en plein coeur. Elle se retourna et le fixa des yeux.
Ambre semblait avoir sérieusement envie de lui planter une dague dans le ventre, et ses pensées étaient largement visibles dans ses yeux.
"Si tu prétends que je vaux moins que toi, je t'éclate la face."
Voilà ce qu'on pouvait lire, en gros, sur le visage d'Ambre. Ou ce qu'il croyait voir.
Le jeune homme plissa les yeux.
Elle se définissait comme une pauvre malheureuse, et pourtant elle ne supportait pas qu'on la dénigre.
Etrange.
Ou alors c'était lui qui avait une logique totalement foireuse.
Elle s'avançait vers lui, pas à pas, lui lançant à la figure des phrases brulantes, bouillonantes, empoisonnées.
Chacun de ses mots semblait venir du plus profond de son esprit meurtri.
Bientôt, elle ne fut plus qu'à quelques centimètres de lui, et Yaemgo eut la claire impression qu'elle avait franchement envie de le bourrer de coups de poings.
Ce qui était parfaitement compréhensible.
Aucun des mots d'Ambre n'avait atteint son coeur.
La pierre, même si elle fait mal, protège des attaques.
Il la regarda quelques secondes. Son regard plein de rage, et pourtant tant de problèmes au fond de ses prunelles mauves...
Iris mauves contre iris violets.
Ils luttèrent du regard pendant quelques secondes qui semblèrent une éternité.
Enfin, apparemment à la grande surprise d'Ambre, Yaemgo baissa la tête, ses cheveux violets retombant devant ses yeux et cachant son visage.

- T'as gagné. Tu as raison et j'ai tort.

Ces quelques mots peuvent destabiliser à peu près n'importe qui... Mais le jeune apprenti marchombre savait qu'elle ne se laisserait pas faire aussi facilement. Un sourire s'esquissa sous le rideau de cheveux, puis il releva le visage.

- Cependant tu n'as pas bien compris apparemment tout ce que je t'ai dit. Je te dis que tu es faible pour t'inciter à faire quelque chose de ta vie. Je te dis que tu es indigne d'être apprentie marchombre pour t'expliquer que tu sors des chemins tout préparés.

Le sens cachés de ses phrases, depuis le début...
Peut-être était-il tordu.
Peut-être.

- Ce serait trop bête de gâcher ta vie. Tu es capable de grandes choses, mais tu n'essaies pas. Alors, moi, tout ce que je trouve à faire, tout ce que je peux faire, c'est de me débrouiller pour que tu te rendes compte. Je suis sûr que si on t'explique ça comme ça, ça signifie rien pour toi. C'est pour ça que je parle par sens "cachés". Enfin, je te dis tout ça, mais ça veut rien dire, sûrement...

La syntaxe de ses phrases était aproximative. Il n'arrivait pas à dire.
C'était simple pourtant.
Une personne comme Ambre, il y avait tout à parier qu'en lui conseillant de vivre sa vie, on n'aboutirait à rien.
Alors, infliger un stimuli pouvait peut-être marcher mieux, pour lui expliquer qu'elle est capable de faire quelque chose de sa vie...
Il leva encore plus la tête, se tenant droit face à la jeune fille.
Yaemgo sortit Omega de son fourreau et la présenta à Ambre.

- Tu peux me rendre cette dague ou bien la mettre dans mon ventre. Au choix.

Sa voix n'était plus du tout aggressive.
Juste dénuée de sentiments, neutre, vidée.

Les yeux dans les yeux, colère contre indifférence, parme contre violet... Juste quelques secondes, le temps de se défier.
Comment faisait-il pour avoir l'air doux, même en ces circonstances? Comment faisait-il, après toutes les horreurs qu'elle venait de lui cracher au visage, pour rester parfaitement maître de lui? Pour ne pas saisir ces poignards accrochés à sa ceinture?
Ses lèvres se séparèrent, laissant échapper quelques mots tous simples, qui eurent pour seul effet de déstabiliser totalement la jeune fille.

Elle avait gagné...?

Il avait baissé les yeux, cachant son visage derrière de longues mèches ocillant entre le blanc et le violet...
Mais pourquoi par le Chevalier avait-il dit ça?! Pourquoi faisait-il retomber sa colère alors qu'il aurait dû la trancher en deux pour avoir été aussi directe et vicieuse dans ses paroles?
Elle voulait être en colère... Se sentir vivante, capable de réagir, juste quelques secondes de plus. Pourquoi par la morve de tous les Ts'liches, n'avait-il pas répondu sur le même ton? Elle y avait été trop fort? Se sentait-il vraiment "perçé à jour"?
Non. Dans ces cas là aucun humain n'aurait été capable d'afficher de l'indifférence. Elle s'était donc plantée. Et là... Pour une raison obscure, il cherchait à lui faire croire le contraire.

*Pourtant, ce n'est pas si compliqué à comprendre, Ambre. A sa façon, il fait preuve de galanterie... A sa façon, il veut te rendre une certaine confiance en toi, te prouver que tu sais encore vaincre tes adversaires...
Ou alors, c'est très clairement une chiffe molle.*

Il releva le visage. Il allait encore parler, c'était une certitude. Bien, ça signifiait un "mais" autremen dit, elle avait gagné "mais" l'affront suivant serait plus violent. Mais il allait lui rendre la monnaie de sa pièce. Ou pas.

La suite n'aurait pas pu être prévue, surtout pas par une personne aveuglée par la colère. Il parla, d'une voix toujours calme, comme s'il expliquait quelque chose de secret à un petit enfant. Marqua une pause, sous les yeux de l'itinérante qui n'étaient plus que troublé.
Alors, elle s'était laissée manipuler, depuis le début, depuis ce fameux "Et toi?" qui avait lancé le débat...
Et plus l'explication avançait, plus l'apprenti marchombre semblait s'embrouiller. Plus la colère faisait place à autre chose, un mélange entre vexation, étonnement et dépit...
Il releva la tête d'avantage, semblant lui offrir son coup, et dégaina son poignard.

*Il va faire de toi de la chair à saucisse... Et tu l'auras bien cherché.*

Mais contrairement à ce qu'elle croyait, il la lui présenta, la mettant face à un bien curieux ultimatum, d'une voix dénuée de tous sentiments et de toute humanité.
La jeune fille n'hésita qu'une seconde avant de prendre la dague, et de l'appuyer sur le cou du jeune homme, rivant à nouveau son regard dans le sien.

-Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tiens-tu à m'aider? Je ne suis personne, pour toi. Et tu ne me repousses pas. Tu me donnes l'occasion de te tuer après m'avoir mise en colère. Cherches-tu la mort? Tu as pourtant l'air de tenir à la vie. Pourquoi?

Sourcils froncés, Ambre appuya la pointe de la lame sur la carotide où battait le sang... sans la percer. Elle avait déjà trop de questions sans réponse en elle pour le tuer ainsi. Et probablement pas assez de sang froid.

*C'est ça, cherche encore des excuses à ta lacheté... Tu sais pertinnement que tu ne pourrais pas le tuer*

Yaemgo dévisagea la jeune fille en face de lui, qui avait posé sa dague sur son cou.
Il sourit faiblement.

- Tu vois, tu as des capacités. T'as touché la carotide du premier coup.

Elle avait juste posé l'arme. L'acier tranchant ne s'enfonçait pas dans ses chairs, la lame ne faisait pas gicler le sang, ce qui fit hausser un sourcil à Yaemgo.
Il sentait juste son artère battre contre l'argent de la dague.
Le jeune apprenti marchombre déglutit, et fixa la jeune fille qui prenait la parole.

- Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tiens-tu à m'aider? Je ne suis personne, pour toi. Et tu ne me repousses pas. Tu me donnes l'occasion de te tuer après m'avoir mise en colère. Cherches-tu la mort? Tu as pourtant l'air de tenir à la vie. Pourquoi?

Il réfléchit un petit moment à ses paroles.
Ce n'était pas faux.
Pourquoi tenait-il à l'aider ? Pourquoi voulait-il lui rendre sa confiance en elle ? Pourquoi voulait-il lui démontrer qu'elle n'était pas "personne" ?
Etait-il suicidaire au point de pousser quelqu'un de désarmé à bout, puis de lui donner sa propre arme ?
Une expression étrange passa sur son visage.

- Peut-être parce qu'on se ressemble. Peut-être parce que j'étais, suis et serais comme toi ? Peut-être parce que tu ne mérites pas que tu te rabaisses comme ça. Peut-être parce que ça me fait mal au coeur de voir quelqu'un dans cet état.

Le jeune homme la fixa, cligna des yeux.
Il devait avoir l'air passablemment stupide à faire des beaux discours comme ça...

[Super Gnome, mais j'manque d'idée aujourdh'ui...]

Un moment, il y eut le silence, et la jeune fille crut que l'apprenti marchombre ne lui répondrait pas. Perspective qui la tétanisa.
Parce que pour la première fois depuis un moment qui ressemblait à l'éternité, elle ressentait une petite pointe de quelque chose. De la curiosité. Peut-être un petit espoir, certes bien ténu.... Mais espoir quand même.

Jusqu'à ce qu'une expression différente transforme les traits de Yaemgo, jusqu'à entendre les mots...
Beaucoup de peut-être dans sa réponse... probablement parce qu'il n'avait pas envie de lui donner ses vraies raisons. Ou qu'elles la blesserait. Peut-être qu'effectivement, elle était pitoyable à simplement essayer de voir clair sur elle... Peut-être que c'était réellement ça, la vraie raison. Personne n'aurait dit clairement à un aversaire en position de force qu'il lui faisait pitié, mieux valait utiliser des nuances, et passer pour un être compatissant...

*Embroche le, qu'on en finisse! Il se moque de toi, et tu as l'air de plus en plus ridicule! Regarde-toi, tu n'es même plus capable d'enfoncer une lame dans un coup. Et bien quoi? Ou est passée la fille d'itinérants qui a grandit entre les villes et les raïds de Raïs? Tu t'encroutes...*

Elle cilla à son tour, puis lui rendit son regard, les traits à nouveau calmes et dénués de toutes émotions. L'espoir était mort. Ce n'était que pitié. La colère était morte, le vide revenait... Aucun des deux êtres ne trouverait aujourd'hui quelqu'un pour partager la solitude qui étreignait son âme.

-Toi et moi n'avons en commun qu'une voie qui n'existe pas. Des yeux étranges, peut-être... Une certaine forme d'animosité et probablement un côté associal. Ca ne fait pas de toi quelqu'un comme moi, et l'inverse est tout aussi vrai. Tant pis.
Si jamais le Destin -probablement le tien- fait que nous nous recroisons... Et bien, soit...

Elle stoppa la pression excercée contre son cou, et lui rendit son poignard, dans un sourire sans joie, avant de reculer d'un pas, puis d'un autre...

*Limace. Pourquoi tu ne m'écoutes jamais? Je suis sûre qu'avec moi ta vie pourrait être intéressante... Je dirais même, tu pourrais devenir quelqu'un. L'opposé des gens comme lui.. Tu pourrais quitter cette académie, et les routes, les traditions... Tu pourais te choisir un nom qui imposerait le respect! Tu fuirais sur l'océan, la mer t'accorderait l'oubli. Qu'importe si elle t'apporte la mort? Tu préfères cette vie-ci?Molusque*

Un pas de plus vers l'arrière. Dommage que ce enre de comportement ne permette pas de retour dans le temps... Jusqu'à se retourner, et courir vers l'arbre où était planté son poignard. Le détacher.
Puis partir -si seulement elle le pouvait- aussi loin que possible d'elle-même et des autres, jusqu'à l'océan, les sorciers de ces contrée encore à découvrir qui la guériraient de son Don.. Parce que ça existait surement. Quoi que puisse en dire la dame Ar Kriss.

Ambre le regarda quelques secondes, et le jeune homme se dit qu'elle sermblait en proie à un vif conflit intérieur... Une chose qu'il connaissait parfaitement, pour avoir enduré les remarques sarcastiques de Lindörm pendant des années...
Des années qui lui avait pourri le coeur, des années qui lui avait terni l'esprit, des années qui l'avait refermé sur lui-même...
Des années qu'il ne pourrait jamais rattraper.
De plus, elle ne semblait pas croire à ce qu'il disait, comme si elle pensait qu'il se fichait d'elle sous le coup de la peur de mourir... Si elle savait à quel point il se fichait de sa vie. Quelle importance, elle n'avait aucun intérêt !
Les yeux de la jeune fille se ternirent de nouveau, et ses paroles étaient dénuées de sentiments.
Dans un sourire sans joie, elle relâcha la pression contre son cou et lui rendit sa dague, Omega, qu'il ne rangea pas immédiatement dans son fourreau.
Elle recula d'un pas.
Puis d'un autre.
Il la regarda intensément.

- Tu ne me crois pas. Tu ne crois pas en mes paroles. Tu ne crois pas en toi.

Ce n'était pas une question, ni une exclamation, juste une constation morne et neutre de la situation présente.
Son regard se fit perçant, et ses pupilles se fendirent légèrement, puis que son regard fut dénué d'aggressivité, simplement et juste totalement assentimental.

- Pourquoi tu ne m'as pas tué ? Je t'ai aggressé verbalement, je t'ai insultée, je t'ai donné l'occasion de te débarasser de moi. Pourquoi tu ne l'as pas fait ?

Il avait légèrement penché la tête sur le côté, imperceptiblement, et une méche de cheveux cachait son oeil droit. Sans la quitter des yeux, il remit sa dague à sa ceinture d'armes qu'il déposa par terre. Il n'avait plus besoin d'armes.
Ambre avait prouvé qu'elle était sensée et intelligente.