Cours Marchombre [Groupe Ena Nel'Atan] (RP terminé)

La jeune femme attendait. La neige recouvrait totalement le sol gelé. Elle se tenait assise sur une pierre froide, bizzarement zebrée de gris et brun. Elle regardait alentour. Sa tête était totalement vide, aucune présence, aucune pensée ne venait la troubler. Enfin. Elle savait déja ce qu'elle allait imposer aux élèves, et imaginait déja les réactions de certains d'entre eux. Elle eut une pensée pour Elera, et son coeur se serra. La jeune fille aurait du passer l'Ahn-Ju...Elle la chassa de ses pensées et revint aux deux bouleaux maigrelet, défeuillés, qui se trouvaient sur sa droite, étrangement décharné, en opposition à l'image joufflue que leur donnait l'automne. Elle attendit. Patiemment. Autour de sa pierre, aucune trace de pas. Elle avait prit soin d'attacher ses cheveux, était couverte de cuir, ne pouvant rien laisser sur son passage. Allaient-ils là trouver? Et comment? Elle ne faisait aucun bruit, ne bougeait pas. Une seule chose se trouvait hors de son controle...Le remarqueraient-ils?

Khelia marcha dans la neige qui crissait sous ses pieds, elle n'avait reçu aucune consigne particulière concernant les cours, elle avait d'abord regarder si Ena se tenait là bas, mais elle ne la trouva nul part dans les alentours, elle avait vérifier si il n'y avait pas des trace de pas ou des marques distinctive, mais elle dut finalement se rendre à l'évidence, c'était une nouvelle épreuve de la marchombre, la trouver.

Elle commença par apaisser son souffle, quand elle était petite elle était très forte en partie de cache cache, qu'il s'agissait de se cacher ou non, mais elle s'avait que la partit serait plus ardu qu'une partit de jeu avec des gosses. Elle essaya d'abord de repérer si elle bougeait, n'y arrivant pas elle du se résigner que non, ensuite elle essaya de voir si il y avait des chevaux mais aucun souffle ne troublait là quietude environante. Elle laissa donc son instic la porter, elle savora ensuite la solitude dans la forêt en regardant les sapins en neiges et le bleu pale du ciel. Un hiver typique comme elle les aimait et accompagner de la bonne odeur de la foret.

*Forêt entièrement, pas sûr*

Elle venait de capter une odeur différente qu'accompagnait la forêt, une odeur caché à ceux qui ne s'abandonnait pas la nature, mais humaine. Elle se dirigea vers le parfum et au bout de 3 minutes, elle se trouva devant une pierre étrange ou se trouvait Ena, elle s'assit à coté en adressant un sourire à Ena, les cours reprenait sa place dans son esprit, mais elle était suffisament contente pour ne pas se formaliser du test qu'elle venait de faire. Elle s'assit en tailleur et attendit que les autres arrive en calcant sa respiration sur celle d'Ena et en fermant les yeux.

Khelia avait utilisé ce qu'elle avait laissé derrière elle, immobilisé par l'air froid de l'hiver. Elle s'était approchée sans hésitation, et lui sourit. La jeune femme hocha la tête doucement. Il ne manquait plus que deux élèves...Non, une. Elle eut une pensée pour Elhya. La jeune marchombre, qui la secondait à l'Académie, contre sa propre volonté, simplement parcequ'elle était une amie d'enfance. Longtemps, Ena avait refusé de s'avouer le sacrifice que cela représentait. Elhya n'était pas marchombre comme Ena. Elle était libre de tout attache. Elle était fille du vent, elle vivait de peau et de senteurs. Elle était ce qu'elle se sentait être. Pas Ena. Ena était attachée par cette enfant, par cette trahison trop jeune. Elle était enchainée par Isaï.

La pensée qu'elle venait d'avoir lui arracha un hoquet invisible. Comment pouvait-elle s'autoriser à avoir des idées pareilles? Elle balaya l'idée, dégoutée par ses propres pensées. Elle sortit doucement de sa torpeur, et sentit doucement le froid ancré dans ses os et la chaleur de son sang battant dans ses veines. Aux alentours, les mêmes arbres décharnés, des épouvantails soudains moins rigolards, et des pousses maigrelettes, transies de froid, priant pour vivre jusqu'au printemps. Elle élargit ses sensations, et sentit la présence de Khelia, immobile. Puis du froid, de l'air figé, des arbres...Puis une autre présence. Fine, légère.

Elle regarda Elera sans vraiment la voir. Hésita un long instant. Se ravisa. Les explications, paroles et sentences viendraient...Plus tard. Elle se leva, quittant son rocher, et regarda tour à tour la Lotra et la Felixia. Elle nota sans le vouloir le visage très changé de la jeune fille aux cheveux rouges, puis s'avança de quelques pas. Tira une lame de quelques centimètres et tira. Elle se rencontra la pierre et crissa avant de tomber dans la neige. Aucune des deux apprenties n'avait tressaillit. Plus lentement, de façon à ce que chacun de ses gestes puisse être suivi. Elle tira de sa poche gauche une cordelette souple, un alliage de plusieurs filins. Extra-solides. Elle entoura le poignet droit de Khelia, noua la corde en un noeud très sérré, qui se limita à une petite boule sur le fil, puis saisit le poignet gauche d'Elera et refit la même chose. Une dizaine de centimètres séparaient maintenant les deux bras des jeunes filles. Elle s'approcha, passant sa tête entre les deux, puis chuchota:

-Vous avez 7 secondes. Faites en sorte que je ne puisse vous attrapper.

Elle se détourna, se mit dos aux jeunes filles, et attendit. Une seule empreinte dans la neige, et elles étaient perdues...

Khelia s'attendait à cette entrée en la matière, un lancer de dague était une sorte de "signée" Ena avec un 0% en marge d'erreur. Elle fut sacrément surprise quand Ena lui attacha le poignet avec une cordelette simple mais résistante, et quand elle attacha l'autre extrémité à Elera.

*Qu''est ce qu'elle veut qu'on fasse, un entrainement d'assouplissement à deux? Ou qu'on grimpe sur un arbre?*

Sa question trouva une réponse quand Ena expliqua.

-Vous avez 7 secondes. Faites en sorte que je ne puisse vous attrapper.

*Oh la la la!!*

Elle secoua Elera qui était encore un peu abasourdi et elles avançèrent le plus vite possible que l'on peut faire, en 7 seconde, avec 10 centimètres de mou qui sépare les deux filles et en ne faisant aucune trace.

Khelia la mena près d'un arbre, elle essaya de grimper tout en donnant une certaine marche de mouvement à Elera et tout en essayant d'aller le plus vite possible, tache quasiment impossible mais possible tout de même. Elle leva un sourcil étonner quand Elera décrocha une pomme de pin.

*C'est pas le moment de faire la ceuillette, qu'est ce qu'elle veut faire?*

Elle n'eu pas besoin de se poser une réponse que le mouvement que fit Elera en jetant la pomme de pin la désarçonna presque. Elera lui lança un regard plein d'excuse mais elle lui fit signe du pouce que c'était très bien car elles gagnaient du temps. Elera déçida ensuite de défaire les liens, mais même en mordant, serrant, bref par tout les moyen possible et imaginable en haut d'un arbre, elle n'y arriva pas. Elera un peu dépiter elle proposa l'arbre en face, Khelia asquiesca d'un signe de tête, et elle poursuivit son assencion périlleuse, arriver dans l'autre arbre, elle trouva une ruse assez subtille pour gagner un peu de temps.

Elle prit des pommes de pin et lança des pommes de pin un peu partout, mais en forme de cercle et à intervalle irrégulier. Elle savait qu'Ena ne s'y prendrait pas mais elle fit tomber une pomme de pin au pied de l'arbre de sorte qu'Ena exclue la zone ou elles étaient de leur recherche en pensant que la zone certral du cercle était là ou elle se cachait. A son grand soulagement, Ena mordit à l'hameçon ( ) profitant de ce cour répit, Khelia dirigea Elera un endroit quelqu'onque et à force d'habilité artistique, réussit à créer des mini trace de leur passage, invisible à l'oeil nu mais répérable pour Ena, ensuite elle fit signe à Elera qu'elles allaient repartir dans le sens inverse et qu'il fallait qu'elles ne touche à rien. Quand cela fut fait, elle sourit, Ena allait, avec un peu de chance, suivre la piste qu'elle avait créer de toute pièce tandis qu'elles seraient de l'autre coté.
Elle emmena ensuite sa camarade dans l'arbre ou elle avait discuter avec Alunia des semaines plus tôt, l'arbre était toujours aussi grand et vu que c'était un sapin, son feuillage n'était pas entièrement tombé.

(A toi de prendre la suite Elera!)

La jeune marchombre suivit à pas lents les fausses pistes tracée par les deux jeunes filles. Elle avisa la pomme de pin au pied de l'arbre, et s'appliqua à l'éviter. Elle eut un sourire.

Elle les vit, en pleine course, et leur cible apparut clairement: Le terrier. Elle s'élança, vira, glissa un peu. Elles continuèrent à courrir vers leur cible. De nouveau évitée, elle se redressa. Oubliant le sol sous ses pieds, elle se lança. Alors que les deux jeunes filles éaient arrivée à l'entrée du trou, elle déplia ses doigts, et les trois lames, chauffées à blanc, apparurent. Les deux apprenties ne les voyaient pas. Elle eut juste le temps de caresser la cordelette, la coupant nette, en trois morceaux, brûlés à leur extrémité. Leur équilibre ainsi modifié, les deux jeunes filles basculèrent en avant. Ena attrappa leurs deux bras, les tirant en arrière sans aucune douceur. Deux lames trouvèrent leur place dans ses mains, qu'elle plaça sous la gorge des deux apprenties. Elle attendit deux secondes, puis baissa ses armes. La tension disparut avec ce geste. Les deux jeunes filles restèrent immobile, et Ena les regarda, avant de parler d'une voix froide et mesurée:

-Vous étiez à peu près aussi discrète que deux corbeau criards, et je crois que vos ruses n'auraient pas trompé un bandit de petit chemin, idiot et simplet, plus que moi...

Elle attendit un instant.

-Par contre, vous avez compris que vous pouviez exploiter la faiblesse que constituait ma taille, et c'était nettement plus intelligent...

Elle se tut de nouveau, puis les invita à s'asseoir au sol, avant de les imiter. Elle regarda un moment les deux morceaux de cordes pendant encore à leur poignet, et le troisième, beaucoup plus petit, dans sa main. Elle releva alors les yeux, et adopta une question:

-Votre faiblesse était cette corde. Elle vous empêchait de sentir tous les mouvements de l'autre, entravait les votres, modifiait votre équilibre -ce qui vous a perdu-, pourquoi ne pas avoir, par exemple, pris la main de votre pertenaire, supprimant le lien entravant, au profit d'un lien vous rapprochant nettement du corps de l'autre et de ses pensées?

Elle s'arrêtta, attendant une réponse qui ne viendrait pas. Après une courte minutes, elle balaya la question, puis demanda, rigolarde derrière un quart de sourire:

-Vos impressions?

Khelia laissa Elera la mener, elle était à bout d'idée et sentait qu'Elera pouvait prendre les chose au moins pour un petit moment pour trouver une solution radicale. Elle sourit quand elle vit un terrier, Elera connaissait vraiment la forêt et cela allait peut être leur sauvée la mise, mais elle arrêta de sourire quand elle vit Ena au loin, Elera sauta et elle juste après, un petit décalage qui leur permis de se tordre le poignet. Les deux filles se précipitèrent vers le terrier qui n'était plus très loin, Elera la poussa en avant et elle fit de même peut de temps après, elle s'échappère comme ça pendant quelque petite seconde avant de perdre l'équilibre.

*Oups!*

Elle sentit ensuite une main la tirer sans ménagement vers l'arrière et une fine lame se positionner sous sa gorge.
Aprés qu'Ena les libéra de l'emprise mortelle du poignard, Khelia s'assit, calamant son coeur qui battait à tout rompre. Ena fit une petite suggestion au niveau de la corde, ce qui laissa Khelia complètement béta.

*J'y avait vraiment pas penser!*

Elle n'osa même pas parler à la dernière question tellement qu'elle était vidée de son énergie mais elle se contint et dit d'une voix qu'elle aurait voulu plus assurés.

-C'était dur, il fallait trouver un endroit ou se cacher, alors que je ne connais pas toute la fôret, et vraiment à part gagner du temps pour trouver un endroit, je ne savait vraiment pas quoi faire.

Elle s'arrêta espérant avoir trouver les bon mots car ses pensée étaient vraiment trop mélanger pour déméler les pinceaux, elle n'en retenait que quelque un. Peur, soulagement, déçue, heureuse, des sentiments totalement oposée dans un sens.

La jeune femme ignora, tenta d'ignorer, le regard de son élève. Elle écouta la question de Khelia. Si la jeune fille avançait, elle restait technique et concentrée. Trop axés sur ce qui se voit, en dehors de réflexion. A elle de lui apprendre. Elle hocha la tête doucement. Quand elle croisa de nouveau le regard d'Elera, son coeur fit une embardé. Il y avait quelquechose, là, fugace, au fond, ancré...Un sentiment qu'elle ne connaissait que trop bien...Elle balaya l'impression, et ne vit plus que la décéption. Voilée. Son regard se fit bien trop concentré, et elle le savait. La phrase d'Elera, pourtant, sembla sourire à son oreille. Elle l'écouta résonner dans sa tête, de longues secondes. Puis, en passant les doigts dans la buée qu'elle faisait en respirant, elle lui répondit, comme une confidence:

- On a toujours beaucoup à apprendre...

Puis elle se redressa, et la phrase qu'elle venait de prononcer sembla s'effaçer instantanément. Pourtant, le sentiment d'amertume, alié à l'image d'Anael persista encore, vestige de ces paroles. Elle jeta un regard à ses deux élèves, puis posa une nouvelle question:

- Ici, nous ne sommes pas chez nous...Si vous devez laisser la neige vierge, sans trace de votre passage...Donnez-moi trois mots auxquels vous penseriez...

Trois mots pour qualifier les pas? Pour définir la marche? Pour décrire la démarche? Peu importe...Trois mots pour guider quelques pas sur l'étendue glaçée...

Khelia écouta la suite, Elera ne répondit pas vraiment à la question d4ena, mais cela ne semblait pas contrariés la personne concernée. Khelia était cependant troublée par un petit quelque chose qu'elle n'avait, ce qui était surement vrai, elle n'était pas parfaite, comme disait si bien Elera il restait encore beaucoup de chose à apprendre avant d'être une véritable marchombre. Elle surpris néamoins le regard d'Ena, elle aurait pu dire qu'il était surpris, mais celui d'Elera n'était pas mieux, voilée, comme si elle boudait de l'intérieur, elle comprenait un peut Elera.

*Mais bon, c'est souvent par les échec qu'on apprend le mieux.*

Ici, nous ne sommes pas chez nous...Si vous devez laisser la neige vierge, sans trace de votre passage...Donnez-moi trois mots auxquels vous penseriez...

Les mots sortirent de sa bouche après ceux d'Elera, ils étaient semblablent mais un peu différent.

- Légèreté, Harmonie, Invisible

(dsl pas vraiment d'idée!!)

Légèreté, Abscence, Harmonie...

L'écho des quelques mots s'éternisa dans l'air immobile et froid de
l'hiver. Alors qu'un jeune noisetier, frêle, s'était délicatement
couvert de givre, il sembla remuer doucement, dans la vagues des mots.

Légèreté, Harmonie, Invisible

Un oiseau chanta. La neige sembla sourire, les nuages se firent plus blanc. Deux ormes, mesurant chacun plus d'une vingtaines de mètres, parurent se pencher en avant, toisant les hommes, le dos courbé.

Légèreté, Caresses, Quiétude

La jeune marchombre regarda tour à tour ses deux élèves. Elles avaient choisi ce qui venait. Leur esprit, doucement, se libérait de chaines depuis trop longtemps maintenues, désormais rouillées, et des noeuds souqués, autrefois impossibles à défaire.

Patience, Délicatesse, Grâce

- Ressentez-les...

Après un murmure, elle se fit plume. Elle imagina l'aile à laquelle elle appartenait, puis l'oiseau, puis le ciel, puis les nuages...Elle se fit plume, et ses mots retentirent dans son esprit. Elle effleura la neige, l'envola, la sentit. Elle s'était faite vent, elle s'était faite neige...
Là, juste à coté du noisetier, à moins de 10 mètres des deux jeunes filles, elle attendit. Derrière elle, aucun crissement, aucune trace.

- ...un instant, puis libérez-les...Soyez eux.

Khelia n'y croyait pas ses yeux, là ou Ena avait marcher, il n'y avait aucune trace comme si elle n'avait pas exister, elle regarda Ena, encore surprise, elle ne doutait avant pas de le voir qu'Ena était capable de le faire, mais le voir en vrai c'était autre chose. Elle se mit au travail, au début elle se concentra sur les mots, immobile, elle les laissa s'ouvrit doucement. Invisible s'ouvrit en premier, absence; vide; fondre dans le tout; voir tout et ne pas se faire voir. Légèreté, voler; ne rien laisser; s'envoler lentement. Harmonie, accord; accord avec le tout; accord avec soi; laisser la nature s'imprégner. Aprés une longue minute les yeux fermés ou les mots s'imprègnaient petit à petit, elle essaya. Le résultat ne fut pas celui attendut.

*On ne peut pas réussir dè le premier essais.*

Les marques bien que de moins en moins visible restait toujours là, figées. Elle essaya a plusieur reprise, en essayant de faire le tout, et le vide. Avec une idée folle, elle posa sa main dans la neige, comme cela elle sentait les cristaux de neige sous sa main, elle la releva, aucune trace. Elle réessaya en appuyant, toujours rien, elle essaya encore plus fort, elle sentit les cristaux opposée une légère résistance avant de céder. Elle releva la main, une légère trace de contour était présente.

*N'y pense même pas ma vieille, tu ne va pas attraper une méningite à cause de ça.*

Elle se déchaussa, mais comparer au froid auqu' elle s'attendait, elle trouva la neige délicieusement froide, du moins tant qu'elle restait pas 1 minute au même endroit. Elle traversa pour se retrouver auprès d'Ena, elle sentait les cristaux résister, même si au début elle ne savait pas à quel moment elle devait bouger pour ne rien casser, elle trouva le rythme au bout de trois longueur. Dès qu'elle sentait les cridtaux de neige sur le point de se rompre elle avançait, c'était une progression rapide et lente en même temps. Après elle enfila ses bottes et regarda le résultat, elle sourit malgrés elle, bien que ses traces était nettement visible au début, elle s'effaçait néamoins progressivement au bout de quelque pas.

Essais. Ratés. Persevérance.

Elera sembla soudain vide. Comme si son âme avait quitté son corps et qu'il ne restait plus qu'une enveloppe charnelle, inutile, vide de sens. Puis le corps sembla de nouveau habité. Mais pas seulement par Elera. Par trois mots qu'elle avait prononcé quelques instants plus tôt. Elle se fit oiseau, et l'oiseau se fit air. Les pieds nus, la peau pâle, elle avança. La neige crissa. Puis se tut. Muette.

Khelia sentit la neige. Toujours plus technique. Les cristaux de neige se ressérèrent sous la pression de ses doigts. De nouveau, elle essaya. A l'instant ultime, elle otait la pression sur les cristaux. Rapide et patiente, calme et posée. Aucune précipitation. Attente, action, détente...

La jeune femme esquissa un sourire.

- Soyez eux...Ils seront vous...

Elle détentit ses cheville à nouveau, dansa sur la neige amusée, effleura l'eau gelée, se fit souffle d'air et fondit dans le vent, retourna à son point de départ.

- Retournez à vos occupations...Sans abandonner votre marque derrière vous...

Elle désigna du regard les traces de pas des deux jeunes filles. Elle s'obligea à ne pas regarder Elera. Elle avait prit une décision. La laisser avancer, la rejoindre plus tard. Mais si Khelia se concentra de nouveau et se dirigea vers le loin, Elera ne frémit pas.

Tout son sang s'était agité quand elle avait remarqué qu'Elera ne bougeait pas. Elle se tint aux aguets. Quand la jeune fille parla, elle ne bougea pas d'un cil, et seul ses yeux tournèrent vers elle. Mais son coeur se crispa. Ignorer le regard surpris au début du cours, empli d'un sentiment fort et irréversible? L'attente entre les quatres premiers mots et les suivant furent insoutenables. Elle crut un instant qu'elle ne pourrait pas tenir. Elle ouvrit les doigts tout doucement, ne s'étant pas rendu compte qu'elle avait serré les poings. Elera non plus, tant mieux. Elle respira doucement, et finit d'écouter les paroles de la jeune Lotra. Tout son corps semblait en alerte, totalement discordant dans le paysage paisible et silencieux, profond et froid du matin d'hiver. Quand les derniers mots claquèrent, elle faillit sursauter. Se retint. Recomposa son masque impassible en quelques millièmes de seconde. Attendit.

Un Geai piailla. Elle ne le voyait pas, mais il devait être plutôt jeune, à sa voix. Etrange...Un jeune Geai en plein hiver? Quand elle revint à Elera, forcée, elle était plus calme. Des erreurs, elle en avait fait tant d'autre...Elle hésita à se demander comment elle l'avait apprit. Peu importait. Quand elle répondit, elle paraissait presque sereine.

-Tu parles de ce geste comme s'il avait été commis seul. Sans aucune circonstance notable...Ce n'est pas le cas, je crois...

Elle s'arretta. Remettre les choses à leur place. Tranquillement. L'image lui revint à l'esprit, fulgurante. La salle, le cachot depuis longtemps oublié. La porte blindée. La jeune fille déja marquée jusqu'à l'âme...Et puis ce qu'elle avait ressentit. Et puis sa peur. Immense. Sa peur. Sa faiblesse à jamais. L'image de Shéya succeda à celle de Marlyn. Tu étais ma faiblesse, Petite Soeur...Son corps convulsé, sa bouche pleine de sang, et ses derniers mots...Et la dernière image fut celle d'Anael. A la limite de l'autisme, par la faute de sa mère, et son hébétude, son incapacité à agir. Tu es ma seconde faiblesse, Anael...

-J'ai fait une erreur.

Comment expliquer tout cela...Elera devait ignorer l'existence d'Anael, qu'elle avait caché avant son départ...Comment lui expliquer, la rage, la peur, l'angoisse de chaque jour, la responsabilité...Elle respira une nouvelle fois.

- J'ai reporté sur elle une haine qui me venait de loin. C'est une haine venue de la peur...J'ai une fille, Elera...

Premier pas. Et après? Expliquer de qui, elle avait eut cette fille? Comment?

-Il s'agit de la fille d'un Mentaï. Qui voulait en faire une Grande fille du Chaos. Il est mort, désormais. Mais son ancien apprenti veut se venger, c'est une certitude...Ma fille n'a pas les capacité qu'ils attendaient, comme il ne peut m'atteindre, il s'en prendra à elle.

Explication générale. Elle n'avait jamais autant parlé, à la suite, en choissant ses mots, en construisant ses phrases. Elle se souvenait trop bien des nuits qui avaient suivi. De l'angoisse. De la peur. Du dégout. Et dire qu'elle avait failli ... Shh!

- Connais-tu la peur de tous les instants? L'Angoisse interminable de chaque jour, de chaque heure, toujours plus forte, toujours plus dure...C'est autre chose que la peur que tu ressens lorsqu'une lame se pose sur ta gorge. C'est bien plus cruel...Profond, ça te mord les entrailles, ça te bois ton sang, ça te broie le coeur...

De nouveau un arrêt. Mais quoi? Avait-elle pensé trouver les bons mots? Quelle naïveté...N'y tenant plus, elle baissa rapidement les yeux avant de se redresser. Qu'elle était idiote...Trop humaine, au fond...Elle détourna les yeux d'Elera et fixa le ciel, à travers les arbres clairsemant le Parc.

- J'ai ressenti ça depuis le moment ou Nathaël m'a ramené Anael. J'ai été séparée d'elle durant 4 ans...Chaque matin, au réveil, bien avant l'aurore, la peur arrive. J'avais besoin d'un nom. Je devais savoir s'il était là. Marlyn m'a fourni le nom sans même savoir que c'était celui-là que j'attendais. Mais elle s'est battue encore...

Elle s'arretta. Reposa ses yeux sur Elera, et se força à continuer.

- J'ai fait une erreur. Toute ma peur, tout ce que j'avais emmagasiné depuis de longs mois, je l'ai rejeté sur Marlyn. Parce qu'elle est une Enfant du Chaos. Parce qu'elle est de son rang...Parce qu'elle a tué de sang-froid, parce qu'elle y a prit du plaisir...Je ne suis pas une Déesse, et de toute mes erreurs, celle-là est une des pires. Ne me pardonne pas comme tu as dû excuser Valen, Elera. Je ne suis pas pardonnable et je n'en ai pas besoin...

Elle ne put empêcher ses yeux de se baisser. La dernière fois qu'elle avait parlé autant, c'était avec son Maître...L'image de l'Enfant du Chaos revint. Plus violente, plus dure. Nette. Tous les contours y étaient. Le dos lacérés, les bords de la griffures Nets. brûlés. L'Oeil. L'Oeil...Elle fit un pas en avant, incapable de se retenir. Sa main tremblait légèrement, elle se força à la stopper. Elle avait vécu avec toutes ses erreurs...Pourquoi pas celle-là? ... A cause d'Elera? Les yeux fixés au sol, elle murmura:

- Parce que je suis trop humaine...

Et l'image revint, comme les jours ayant suivi le carnage. Palpitante, envoutante, blessante.

La jeune femme regarda longuement son apprentie. Le froid était saisissant mais ni l'une ni l'autre ne semblait en tenir compte. Avait-elle comprit qu'elle était l'unique élève a qui elle pouvait confier cette réponse? Etait-elle consciente que n'importe quel autre aurait reçu une réponse brève et froide, l'interdisant de continuer sur ce chemin? Peu importait, au fond, qu'elle le sache ou non. Elle se serait presque étonnée de la réponse de la jeune fille. De sa réaction. La question qui suivit lui tira un sourire. Elle croisa les yeux de son apprentie et répondit:

- Même si c'en avait été un, quelle aurait été la différence?

Aurait-elle obéit à l'ordre? Lui obéirait-elle? La question tournoya dans son esprit. Elle ajouta quelques mots.

- Ca ne changerait rien pour moi, une erreur reste une erreur, mis à part pour toi et moi...A toi donc de faire le choix...

Elle laissa ses mots s'envoler, et regarda les arbres. Le givres recouvrait délicatement les arbres, comme soucieux de ne pas les abîmer, créant autour de l'écorce une carapace fine. La neige s'était un peu durcie avec le froid, et avait perdu sa belle texture poudreuse. Elle restait néamoins blanche et lisse, sauf là ou elles avaient marché.
Six mois. Six mois qu'elle était partie, et elle était de retour aujourd'hui...
Six mois...Sur trois ans.
La marchombre, ayant éliminé toute trace d' l'échange précédent pour les minutes à venir se plaça devant Elera, le visage impassible, le regard froid.

- Maintenant Elera...Crois-tu avoir le droit de quitter la voie, comme si tout t'étais acquis?

Un éclair passa dans ses yeux. Pas besoin de réponse.

[Pas obligé de faire une réponse longue, Elera n'est pas vraiment obligée de répondre...]

La jeune femme fixait son élève, mais quand celle-ci répondit, à sa question presque rhétorique, elle ne réagit pas. Quand elle reprit la parole, elle ne tint pas compte de la réponse de la jeune fille, formulant par elle-même un réponse.

- Non, tu n'en as pas le droit, Elera...Tu as quitté la voie 6 mois durant...Jeune marchombre, 3 ans de ta vie...As-tu déja oublié? Sâche respecter ce qui t'entoure, pour être enfin ce que tu veux être...

Elle laissa là son image, et, vive, invisible aux yeux du temps, laissa glisser les trois lames brûlantes de sa main droite, glissa derrière Elera, effleurant son bras, détendu le long de son corps, et traça, avec délicatesse et presque légèreté, une croix, à la base du cou, dans la nuque. Pas très profonde, mais tracée pour les années à venir. Les lames se rétractèrent en silence, et la marchombre, vent et plume, revint à sa place. Une goutte de sang perla de la blessure aux abords brûlés.

- Une fois Elera, Une seule...

Si elle avait décidé d'enfoncer sa lames jusqu'à sa propre peau dans la peau pâle d'Elera, rien n'aurait pu la ramener à la vie...

-La voie sera toi, si tu es la voie...

Murmure silencieux.