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 Le vol c'est pas du pâté.

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Ichel Calwin
Ichel Calwin

La Brute Marchombre
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MessageSujet: Le vol c'est pas du pâté.   Le vol c'est pas du pâté. Icon_minitimeLun 7 Déc 2015 - 22:45

Un tableau. Ce matin, la routine, Ichel s'était levée dans la brume, endormie, manquant de s'étaler sur le sol à cause d'un drap qui trainait sur le sol près de son lit. Elle hurla un bon coup pour demander à qui appartenait ce tueur impassible. Une main se leva suivie d'un ricanement, la marchombre sourit et balança le drap dans la direction de la fautive, ses cheveux à peine brossés et coiffés subissant le courroux du drap. Après un “ranges mieux tes affaires, chérie“, la kaelem se dirigea vers la salle des eaux, prit une douche rapide, ses boucles se lissant au fil de l'eau. Une tresse grossière, ses vêtements de cuir enfilés, elle fila, rapide, vers le grand hall. Là, elle découvrit ce que chacun identifia comme étant un tableau. Sans doute mis en place en fin de soirée ou en début de matinée, aucune explication n'avait encore été donnée. La kaelem ne se donna cependant pas la peine d'approcher, trop de monde agglutiné devant ce mystère encore monté par leur Jehan bien-aimé.

Direction la grande salle, elle prit un bon petit-déjeuner assise à côté de Halina, Einar, Tihn, Liho et d'autres élèves. La team quoi, les vieux de la vieille, ceux qu'elle avait toujours connu et qu'elle considérait comme sa famille depuis quelques années déjà. Les visages neufs étaient timides, mais les anciens elle les reconnaissait bien. Tous les visages. Tous ceux qu'elle avait vu des centaines de fois entre les couloirs. Même ceux à qui elle avait très peu adressé la parole voir jamais.
Bref, elle prit un petit-déjeuner copieux, riant avec ses amis et embêtant comme à son habitude Liho, une proie bien facile à ses blagues. Il s'y adonnait bien évidemment, conscient qu'elle se moquait de lui. Après tout, il le faisait tout aussi bien en retour, pourquoi alors s'en priver ? D'autant plus que ça avait l'avantage de faire rire les autres. Même si parfois ils prenaient la décision de les ignorer, ils continuaient donc ainsi seuls, tous deux. Et ils se marraient bien.

Et, surprise, au milieu d'un petit pain à la confiture de framboises, l'Intendant se leva pour faire une annonce. Il expliqua enfin en quoi consistait ce mystérieux tableau apparut d'un jour à l'autre.
Des missions. Nommées avec élégance, Missions du Poll, par Jehan. Des demandes faites par les habitants du Poll à l'Académie, devant être remplies par les habitants de celle-ci. Elèves, professeurs ou résidents. Le sauvetage de Jehan à Al-Jeit et le voile levé sur le Conseil de la Rose par les académiciens leur avaient donné une réputation. Cette dernière les avait mené à ça ? Remplir des missions pour les habitants des environs ?

Malgré tout, Ichel était curieuse. Ce fut pour cette raison qu'elle ne put s'empêcher de se diriger vers le fameux tableau à la sortie de la grande salle pour voir réellement de quoi il s'agissait. Et étonnement, elle fut davantage intriguée par ce qu'il recélait. Des tonnes de papiers y étaient accrochés, on pouvait s'en emparer pour aller demander l'autorisation à l'Intendant ou à un Primat de remplir cette mission.

Ichel avouait qu'elle était tentée de s'amuser un peu... Mais avec qui ? Halina était occupée à étudier avec Tihn, Liho avait des corvées à faire, Einar avait un cours cet après-midi...
Du coin de l'oeil, elle vit quelques mots qui lui donnèrent l'eau à la bouche. Elle se fraya un passage parmi les quelques élèves s'agglutinant devant la nouvelle attraction du hall, arracha la mission du tableau. Elle se retourna, cherchant une tête connue avec qui elle...
Trouvé.
Se dirigeant vers sa victime, sa future compagne de mission, elle lui offrit un large sourire. Espiègle, attirant, amical. Elle avait envie de s'entendre avec cette fille, elle l'aimait bien. Malgré les appréhensions qu'elle avait eu à leur première rencontre. Elle paraissait froide et distante, mais Ichel savait qu'elles pouvaient s'entendre. Elle l'aborda d'un grand geste de la main.


- Hey ! Désolée pour ce matin, j'ai failli envoyer le drap d'Ahna sur ta tête, heureusement que je sais un minimum viser.

Une légère distorsion apparut sur le visage de l'autre kaelem. Etait-ce le début d'un sourire ?

- Dis-moi, t'as envie qu'on s'fasse des réductions à vie à l'auberge Aux Sifflants Mets ? J'suis sûre qu'on arrive à régler cette affaire pile à temps pour l'heure du déjeuner.

Silence.

- Après, si t'as mieux à faire, je comprendrais, j'irais demander à... Jahl, tiens ! Ou Laïki ! J'suis certaine qu'on va bien s'marrer !

Dylan sourit à Ichel. Elle savait pertinemment que c'était bien les deux dernières personnes avec qui la brune allait faire ami-ami. La marchombre savait qu'elle ne pouvait refuser.




[ Cadeau pour toi, ma belle I love you ]

Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

Apprentie Marchombre
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MessageSujet: Re: Le vol c'est pas du pâté.   Le vol c'est pas du pâté. Icon_minitimeVen 8 Jan 2016 - 19:01

Chaque jour, Dylan était davantage étonnée des changements provoqués par le retour de Jehan – ou, plutôt, ce qui apparaissait à ses yeux comme l'arrivée à l'Académie d'un nouvel Intendant. Dès son inscription en ces lieux, elle avait connu la rigueur et la sévérité d'Aziel, sa distance glaciale avec les élèves, son intolérance envers tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un manquement au règlement, ses brèves apparitions sèches et cerclées de rouge. La jeune fille avait rapidement appris à se faire assez discrète pour ne pas se faire trop remarquer tout en s'autorisant parfois quelques légers ajustements avec l'autorité de l'Intendant, comme sortir après le couvre-feu, emporter son sabre avec elle ou ne pas toujours se vêtir de l'uniforme de sa maison lorsque les circonstances le permettaient. Certes, elle entendait bien les élèves chuchoter entre eux, les autres, les anciens, ceux qui étaient là depuis déjà plusieurs années, au sujet d'un autre homme mystérieusement disparu à Al-Jeit, mais elle n'avait jamais vraiment prêté attention à ces rumeurs. Pour elle, cette situation, malgré son inconfort et ses inconvénients, était dans l'ordre des choses. Il ne lui serait pas le moins du monde venu à l'idée d'en changer.

Et puis, il y avait eu Jehan. Si tout le monde s'était réjoui de son retour, elle-même n'avait pas vraiment su quoi en penser. Crime, renversement, trahison, exécution, complot... Tout cela lui avait tout d'abord paru presque trop incroyable pour être réel. Puis les murmures s'étaient précisés, affinés. Elle avait même reçu un supplément d'informations dans une lettre de ses parents, la Citadelle ayant dû envoyer quelques hommes à Al-Jeit – dont son père faisait partie – afin d'aider au retour au calme. Les élèves de l'Académie ayant permis le rétablissement de l'ordre étaient ensuite revenus à Al-Poll, assaillis par les questions et les témoignages d'admiration dès leur arrivée, la fête de l'Hiver avait été organisée en l'honneur de Jehan, et la vie semblait avoir repris son cours normal.

Du moins en apparence. Car, dans les premiers temps, Dylan n'avait pas manqué de s'étonner de ce nouvel Intendant. Plus de Code Merwynien, plus d'uniforme, plus de couvre-feu. La liberté qu'il leur laissait lui paraissait presque trop totale. En contre-partie, les semaines qui avaient suivi son retour avaient ressemblé à des moments de fête, comme si l'Académie se réveillait enfin après une longue année d'hibernation. Et, même à présent que l'allégresse de départ s'était légèrement essoufflée, l'atmosphère demeurait différente – comme si tout avait soudain acquis plus de bruit, plus d'enthousiasme, plus de lumière. Lors des repas, la grande salle bruissait comme une ruche de nouveau en activité, des éclats de rire se faisaient entendre au détour des couloirs, la salle commune de Kaelem se remplissait parfois de Teylus ou d'Aequors et, lorsque l'on marchait dans le parc, il n'était plus possible de distinguer les élèves appartenant aux différentes maisons dès le premier coup d'œil.

Une autre facette surprenante de Jehan était l'amour manifeste qu'il portait à l'Académie, et le souci permanent qu'il lui témoignait. S'il avait essentiellement occupé les première semaines de son arrivée à se reposer, il s'était ensuite montré aux étudiants plus régulièrement, étonnamment accessible en comparaison de son prédécesseur, et apportant toujours une touche de fantaisie ou d'excentricité à la vie de l'établissement. La jeune femme avait rapidement compris les raisons pour lesquelles il était aimé à ce point. Malgré sa fatigue, il avait toujours un mot gentil pour une personne qu'il croisait au sortir de son bureau – elle était d'ailleurs surprise de sa capacité à retenir les noms des élèves –, un sourire. Elle l'avait déjà vu discuter longuement avec des professeurs ; un jour qu'elle s'occupait de Flocon de Soie, elle l'avait même aperçu entrer dans l'écurie, pour elle ne savait trop quelle obscure raison – et elle n'avait pu s'empêcher d'imaginer Aziel marchant parmi la paille et les crotins avec un sourire ironique.

Et, ce matin-là, il avait de toute évidence concocté une nouvelle surprise à l'intention de l'Académie. Elle remarqua le tableau en passant dans le grand hall pour aller petit-déjeuner. Le monde qui se pressait déjà autour la dissuada d'aller y jeter un coup d'œil, et elle ne sut ce qu'il signifiait qu'à l'instant où leur Intendant se leva pour prendre la parole. En entendant le mot « missions », elle redressa la tête de son bol de lait avec un regard intéressé. Cela lui faisait un peu penser aux défis auxquels étaient parfois confrontés les Frontaliers, des tâches qu'ils devaient remplir aux environs de la Chaîne du Poll pour l'Empire ou la Citadelle. Cependant, ils étaient toujours en groupes. Or, avec qui elle-même aurait-elle pu se joindre ? Lorsque le petit-déjeuner s'acheva et que tous les élèves se précipitèrent en direction du tableau, elle décida de leur emboîter le pas, un peu en retrait mais curieuse, malgré tout, de connaître les problèmes que devaient affronter les habitants d'Al-Poll. Ce fut alors qu'un visage, doté d'un immense sourire, se tourna dans sa direction.

L'apprentie marchombre aimait bien Ichel. Tout compte fait, elles avaient passé un agréable moment sur les toits, durant lequel elle s'était amusée comme il ne lui avait pas été donné de le faire depuis un certain temps. Si d'autres occasions de ce type ne s'étaient pas représentées, elles continuaient à échanger quelques paroles quand elles se voyaient, et Dylan lui avait été reconnaissante de ne pas la juger en dépit de son amitié avec Halina. Certes, elle parlait beaucoup. Mais c'était parfois bien pratique pour combler ses propres silences.

La Kaelem ne put s'empêcher d'esquisser un sourire au souvenir de son réveil mouvementé, du visage dépité d'Ichel quand elle avait failli tomber de son lit et de l'expression encore plus déconfite de la Ahna en question après que le drap lui avait atterri sur la tête. Puis la jeune femme en vint à sa proposition, et le sourire de Dylan s'élargit.

- En fait, pour être franche, je n'aime que très moyennement le pâté de termite, surtout quand il est épicé... Et puis, je m'en voudrais de te priver de passer un moment avec Laïki... Je sais que, au fond, tu adores lui taper dessus.

Le sourire se transforma en léger rire devant l'expression de la marchombre.

- Bon, très bien, je t'accompagne. Mais c'est bien parce que tu me le demandes si gentiment.

Nouveau sourire. Réciproque, cette fois.

*

Les deux jeunes filles étaient d'abord allées rapidement se préparer dans leur dortoir, puis étaient parties à la recherche de leur Primat. Elles avaient trouvé Myra au moment où cette dernière s'apprêtait à pénétrer dans une salle de classe, et Dylan avait laissé à sa coéquipière le soin de lui demander l'autorisation de remplir cette mission. Le regard que la Dessinatrice avait posé sur elles ne lui avait pas échappé – un mélange de circonspection et d'amusement, un peu comme si elle se demandait ce qui allait bien pouvoir résulter de ce duo. Cependant, son accord n'avait pas été compliqué à obtenir, et toutes deux avaient ensuite pris le chemin d'Al-Poll.

C'était à l'entrée de la cité qu'elles se trouvaient à présent. Ichel avait fourré le papier dans sa poche, ayant assuré qu'elle n'avait pas besoin de son aide pour trouver la taverne de Silan Wouwoume. De son côté, Dylan se rendait assez peu en ville, préférant passer son temps libre dans la forêt, la montagne ou les salles d'entraînement. Il ne leur fallut guère plus de quelques minutes pour parvenir Aux Sifflants Mets, dans lequel elles s'engouffrèrent l'une après l'autre. À cette heure de la journée, la taverne était encore vide, et il ne leur fut pas difficile d'identifier le propriétaire des lieux. Ce fut Dylan qui l'aperçut en premier, à l'instant où il sortait d'une porte dérobée menant sans doute aux cuisines, et elle s'avança vers lui afin de l'accoster.


- Vous êtes bien Silan Wouwoume ? Comme il hochait la tête, elle continua : Nous sommes deux élèves de l'Académie de Merwyn, et nous avons pris connaissance du vol de votre réserve de nourriture. Si vous le désirez, nous sommes donc là pour vous aider à récupérer vos...

Cependant, l'homme ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase. À présent qu'il s'était rapproché, elle pouvait distinguer son air à la fois tendu et catastrophé, malgré l'étincelle de gratitude qui apparut brièvement au fond de ses yeux.

- Ah, oui, oui, vous êtes là, c'est bien, parfait, merci beaucoup. Il parlait vite, en avalant des syllabes, et sa nervosité était palpable – comme s'il hésitait sur la meilleure attitude à adopter, entre l'abattement et l'agacement. Visiblement, il se décida pour cette dernière car, quand il reprit la parole, son ton était à la fois plus cassant et plus assuré : Bon, eh bien, venez avec moi, que je vous montre la salle où tout cela était entreposé. C'est au sous-sol, vous comprenez, faites bien attention où vous posez les pieds, les marches sont parfois glissantes. C'était aussi ce que j'avais dit au garde qui était venu inspecter les lieux, quand j'étais allé le chercher dès que je m'étais rendu compte du vol, mais cet idiot a quand même réussi à finir la descente sur les fesses. Et après, on s'étonne que l'Empire ait des problèmes... Finalement, il vaut peut-être mieux pour moi qu'ils aient refusé de s'occuper de cette histoire, vous serez sans doute bien plus efficaces que ces ramassis d'imbéciles.

Elles avaient emboîté le pas à l'aubergiste, et Dylan se retourna pour échanger un regard avec Ichel, qui paraissait aussi amusée qu'elle-même. La matinée s'annonçait bien.


[I love you  Bonne année et une semaine, ma flûtiiiiiiiste hug ]

Ichel Calwin
Ichel Calwin

La Brute Marchombre
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MessageSujet: Re: Le vol c'est pas du pâté.   Le vol c'est pas du pâté. Icon_minitimeMar 23 Fév 2016 - 19:23

La marchombre fourra le papier indiquant l'adresse dans sa poche, affirmant à Dylan qu'elle saurait retrouver le chemin sans aucun problème. S'étant arrêtée si souvent à l'Auberge de Silan Wouwoume avec son maître, elle en connaissait la route sur le bout des doigts. Ses pieds la menaient presque seuls vers la bonne rue. Et puis, il fallait dire que la kaelem s'était rendue beaucoup trop de fois en ville sans aucune autorisation. Après tout... C'est Ichel.
Les deux jeunes femmes vagabondaient donc dans la cité d'Al-Poll, en direction de l'auberge Aux Sifflants Mets, prêtes à résoudre une énigme de choix.
Et elle y arrivèrent enfin.

La salle était presque vide, rien d'étonnant quand à cette heure de la journée. Ichel chercha quelques instants le visage familier du propriétaire des lieux, mais fut devancée par Dylan. Comment diable l'avait-elle vu avant elle ? Un peu vexée, elle se rapprocha de l'autre kaelem qui parlait déjà avec Wouwoume. L'homme ne la remarqua pas immédiatement, sans doute trop perturbé par le vol qu'il avait subi. Il fallait avouer qu'il y tenait, à son pâté de siffleur. Vieille recette ancestrale de famille.
Dylan n'eut pas même le temps de finir sa présentation que l'homme corpulent lui coupa la parole pour déclamer un long monologue en un seul souffle. Il sembla, l'éclair d'une seconde, soulagé de l'arrivée des académiciennes, avant que son air catastrophé ne reprenne bien vite le dessus.
Il posa ses yeux quelques secondes sur Ichel, la reconnut, mais ne pensa pas à perdre du temps en formalités. Saluer une habituée n'était pas à l'ordre du jour, pour l'instant, il voulait retrouver le coupable. Peut-être la saluerait-il plus tard.
Wouwoume mena presque immédiatement ses deux enquêtrices du jour dans le sous-sol, l'endroit même où avait eu lieu le vol. Ou crime. Pour lui, c'était sans aucun doute un crime. Impardonnable, qui plus est. Pour Ichel, simplement l'occasion de pouvoir manger à volonté dans une bonne taverne. Et faire semblant d'offrir les repas à son maître...

L'homme en premier, ils descendirent. Tout semblait s'être écroulé sous le choc d'un tremblement de terre. Etonnée en premier lieu, Ichel fronça les sourcils. Ca ne pouvait pas être naturellement comme ceci. Sa bouche émit des sons naturellement alors que son esprit détaillait la salle.


- Vous avez déplacé quelque chose ? Ou était-ce exactement comme cela après le vol ?

Vif, presque trop, il répondit.

- Oui oui, enfin, c'était comme ça après le vol. Vous savez, avec toute cette histoire, je n'ai pas eu le temps de ranger tout ça, c'est abominable ! On a dû se réapprovisionner en vitesse et la Dame sait comme c'est difficile d'obtenir la meilleure viande de siffleur dans cette ville du Nord ! Ah du temps de...

La marchombre fit bien vite abstraction du long monologue de l'homme. Dylan et elle-même faisaient un tour global des lieux, inspectant les recoins alors qu'elles s'étaient mises d'accord du coin de l'oeil. Ichel sourit. Après tout, peut-être fonctionnaient-elles de la même façon ? N'étaient-elles pas si différentes que cela ? Peut-être qu'elle pourrait décoincer Dylan... Quelle merveilleuse idée ! Le sourire de la marchombre s'élargit plus encore.
La brute kaelem savait montrer le côté palpitant des bêtises et du danger.

Le sous-sol était grand. Grand, mais occupé par plus d'une vingtaine d'étagères, sans doute toutes remplies en temps normal. Sauf qu'elles étaient presque toutes vierges, certains bocaux écrasés sur le sol, d'autres tout simplement volatilisés. Les voleurs n'y étaient pas allés de main morte. Tout ici dévoilait la précipitation et un certain dédain quand à la discrétion.
La kaelem vit Dylan inspecter les objets et le sol, elle décida alors de faire un tour plus global de la pièce. Parfois, observer de loin donnait une autre perspective aux choses. Peut-être que cela fonctionnerait. Avec un peu de chance.
Elle se planta au centre de la pièce, tourna sur elle-même.

Les escaliers. Possibilité de se planquer dessous, un renfoncement pouvait cacher une à deux personnes. A côté, ce qui ressemblait à un ancien amas de caisses à vin. Etrangement déplacées vers la droite, laissant un espace de moins d'un mètre entre le mur et les-dites caisses. Gardant ceci en tête, elle continua son tour. Tout était sombre, il était facile de se cacher quelque part. Bien évidemment, elle ignorait comment cette pièce était rangée avant ce massacre culinaire. Connaissant la personnalité de Wouwoume, elle ne pouvait que le penser maniaque. Tout devait être parfaitement à sa place et facilement accessible. Ce désordre pouvait être le résultat de deux options. Soit des voleurs pressés soit une distraction pour réussir à s'enfuir alors que l'homme était occupé à s'arracher les cheveux. Les deux options étaient abordables, compte tenu du fait qu'elle n'avait pas encore repéré de deuxième sortie. Sur cette pensée, elle alla inspecter les caisses à vin, ou plus précisément, ce qui se trouvait derrière elles.
Quelle ne fut pas sa surprise. Rien. Fronçant les sourcils, elle bougea plusieurs caisses, dans l'espoir de trouver quelque chose dessous, mais rien. Une deuxième cachette éventuellement ? Ou...

Ichel se retourna vers la silhouette de l'homme, toujours dans son monologue, persuadé qu'on l'écoutait et que ses paroles servaient à l'enquête.


- ... et puis dans tout ça, je ne sais même plus si...

- Avez-vous des ennemis ?

A un mètre de lui, la marchombre venait de lui couper la parole de façon plutôt abrupte. Elle vit du coin de l'oeil Dylan qui se rapprochait, intéressée elle aussi de l'information demandée.

Aucune autre sortie. Des caisses déplacées alors qu'il n'y en avait pas l'intérêt. Silan Wouwoume cachait-il quelque chose ?





[ Je n'ai absolument aucune idée du coupable, j'improvise total, alors fais-toi plaisir aussi pour improviser à fond sur l'histoire du vol Naif ]

Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

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MessageSujet: Re: Le vol c'est pas du pâté.   Le vol c'est pas du pâté. Icon_minitimeJeu 3 Mar 2016 - 11:39

Tout cela était de plus en plus étrange. Une cave qui paraissait avoir essuyé un tremblement de terre, une pièce presque totalement hermétique, qui semblait n'offrir que de rares cachettes aux voleurs, des bocaux disparus ou écrasés au sol... Oui, c'était vraiment bizarre.

Et cela plaisait à Dylan.

Tandis qu'Ichel, après avoir interrogé le propriétaire des lieux, restait au centre du sous-sol, elle-même se rapprocha des débris. Les objets qui en faisaient partie paraissaient avoir été jetés à terre sans aucune logique, mêlant aliments et ustensiles de cuisine. Seules de rares étagères étaient encore pratiquement intactes, mais cela lui sembla plus aléatoire qu'autre chose. Un peu comme si le ou les voleurs avaient fait tomber des provisions complètement au hasard, avant de se saisir du pâté et de s'enfuir sans se retourner. La jeune fille allait continuer sa recherche lorsque son amie posa une autre question à l'aubergiste. Des ennemis ? Elle se rapprocha d'eux, intriguée. Quelle découverte pouvait-elle bien avoir fait ?

Silan Wouwoume répondit aussitôt, encore plus rapidement que précédemment. Trop pour être sincère, estima Dylan.


- Des ennemis, moi ? Mais enfin, qui pourrait bien en vouloir à un simple aubergiste ? Évidemment, il y a toujours quelques jaloux, des patrons de tavernes ou de restaurants un peu envieux de mes recettes et de mon succès... Mais de là à parler d'ennemis, il me semble que vous allez un peu loin !

S'il semblait avoir déclamé le tout sans la moindre hésitation, la Kaelem remarqua qu'il avait légèrement pâli – à moins que ce ne fût l'ombre de la cave qui lui jouât des tours ? En tout cas, sa respiration s'était nettement accélérée, et elle soupçonna que cela ne résultait pas uniquement du discours qu'il venait de leur offrir sans reprendre haleine.

Décidément, il y avait quelque chose de louche là-dessous. Cependant, l'apprentie préféra dévier le sujet. Au moins pour quelque temps – histoire que leur unique témoin ne s'effarouche pas trop vite.


- Excusez-moi, mais est-ce que vous pourriez nous montrer les étagères qui accueillaient vos réserves de pâté ?


L'homme ne se fit pas prier, et cela confirma les soupçons de Dylan. Si sur certaines étagères avaient été rangées diverses sortes de bocaux, d'autres étaient spécifiquement dévolues à la viande de siffleur. Or, même celles qui n'en contenaient pas avaient vu leur contenu écrasé à terre. Les voleurs n'avaient pas voulu œuvrer dans la rapidité et la discrétion, mais faire le plus de dégâts possibles. Pourquoi ?


- Tout ça a dû faire pas mal de bruit, remarqua-t-elle tout en continuant à inspecter les étagères, sourcils froncés. À moins que ça ne se soit passé pendant la nuit, raison pour laquelle vous n'auriez rien entendu ?

Silan Wouwoume poussa un profond soupir.

- Oh, détrompez-vous, la cave est extrêmement bien isolée. Je garantis que vous pourriez crier, personne là-haut ne vous entendrait. Pour tout dire, le vol a bel et bien été commis en pleine journée. C'était assez tôt le matin, il n'y avait pas encore de clients, j'étais seul avec mon dernier apprenti, Robin... C'est d'ailleurs lui qui l'a découvert. Je lui avais demandé d'aller chercher je ne sais plus quel ingrédient – j'étais aux cuisines, vous comprenez. Et soudain, je le vois revenir complètement affolé, en courant presque, pour m'apprendre la nouvelle ! Alors qu'il y a quelques heures à peine, à l'ouverture, j'étais allé moi-même vérifier le sous-sol, et que tout était normal ! Et nous n'avons vu entrer personne, vous comprenez ! Personne ! C'est à rien n'y comprendre...

La marchombre se mordit la lèvre tandis qu'une idée commençait à germer dans son esprit. Lentement, les pièces du puzzle se mettaient en place.


- Est-ce que vous seriez capable de nous dire combien de temps il est resté dans la cave, avant de remonter vous avertir ? Un certain moment, ou bien il est revenu tout de suite ?

Son interlocuteur plissa le front, pensif.


- Eh bien, comme je vous l'ai dit, j'étais occupé aux cuisines, je dois avouer que je n'y ai pas prêté beaucoup d'attention...

- Et lorsqu'il vous a prévenu, quelle a été votre réaction ? enchaîna la jeune femme.
- Je suis aussitôt descendu à sa suite, et quand j'ai vu le bazar et la disparition des bocaux de pâté, je... Il pinça les lèvres, une lueur de colère éclatant brièvement au fond de son regard. J'ai décidé d'aller sur le champ avertir ces incapables de gardes d'Al-Poll. Évidemment, j'aurais parfaitement pu m'en dispenser, mais sur le coup j'ai pensé que...

Il était reparti, mais Dylan ne lui prêtait plus la moindre attention. Si elle avait bien compris, personne n'avait pu s'introduire ici au moment du vol. Personne sauf...

- Dites-moi, avez-vous confiance dans votre apprenti ?

Cela eut le mérite d'interrompre net son monologue. Il écarquilla les yeux, comme s'il n'avait pas bien compris la question.

- Qui, Robin ? J'avoue qu'il n'est pas là depuis très longtemps, mais il m'a l'air d'un garçon plutôt honnête... Ceci dit, il est vrai que je ne le connais pas encore très bien. C'est dommage que ce soit sa journée de repos, sinon je vous l'aurais présenté, vous auriez pu l'interroger lui aussi... Mais pourquoi cette question ?

La jeune fille inspira profondément avant de lui faire face.

- Vous m'avez bien dit que tout était normal à l'heure de l'ouverture et que personne n'était entré dans l'auberge depuis, n'est-ce pas ? Dans ce cas, supposons que, lorsque vous lui demandez de descendre à la cave, votre apprenti renverse les bocaux rangés sur les étagères, les jette au sol – fasse tout ce qu'il peut pour faire le plus de dégâts possibles. Ensuite, il se saisit des réserves de pâté et...
- Enfin, c'est absurde, l'interrompit Silan Wouwoume. Je l'aurais vu s'il les avait montées hors du sous-sol, et il aurait forcément dû faire plusieurs trajets pour tout prendre.
- Dans ce cas, il a peut-être commencé par les cacher ici même...

Du coin de l'œil, Dylan vit alors le visage d'Ichel s'illuminer. Quand leurs regards se croisèrent, celle-ci esquissa un sourire avant de lui désigner du menton un amas de caisses à vin, situé à quelques pas de l'escalier. La Kaelem s'en approcha, suivie de l'aubergiste. Derrière, rien. Une cachette idéale, en somme, à condition de ne pas trop fouiner.

- … Comme derrière ces caisses, par exemple.

Silan Wouwoume les observa longuement, totalement silencieux pour une fois, tandis que la marchombre reprenait la parole.

- Ensuite il court vous prévenir, l'air paniqué, vous entraîne à la cave où, impressionné par le bazar, vous décidez d'aller immédiatement chercher un garde... Il n'a plus qu'à profiter de votre absence pour se dépêcher de faire vraiment sortir le pâté de siffleur du sous-sol et de l'auberge, seul ou avec des complices, s'il en avait.

Ce qui lui semblait plutôt probable car, comme l'avait souligné l'aubergiste, les bocaux devaient être trop nombreux pour être transportés par une seule personne. Dylan se tut un instant avant de consulter du regard les deux personnes qui lui faisaient face, s'attardant sur Ichel.

- Alors, qu'est-ce que vous en pensez ?


[Je t'avoue que je n'avais pas trop d'idées concernant les secrets de Silan Wouwoume, donc je te laisse voir si tu veux continuer sur ça ! En tout cas toute cette histoire me plaît bien, si besoin j'édite sans souci Pelle ]

Ichel Calwin
Ichel Calwin

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MessageSujet: Re: Le vol c'est pas du pâté.   Le vol c'est pas du pâté. Icon_minitimeVen 22 Avr 2016 - 18:10

Silan Wouwoume se précipita à nouveau dans sa réponse. Une toute autre forme d'empressement. De celui qui cache un secret gardé depuis longtemps déjà. Les marchombres se jetèrent un regard, tombèrent d'accord sur ce fait. Et Dylan reprit l'interrogatoire. A ce rythme-là, leur discussion y ressemblait fortement. L'homme était essoufflé, transpirait, son souffle était presque rauque. Il cachait quelque chose, c'était une certitude. A elles de savoir si c'était lié ou non au vol.
L'homme les mena jusqu'à l'étagère consacrée au précieux pâté de siffleur, une des nombreuses à être vide. Saccagée. Ce n'était pas la seule, mais le pâté uniquement manquait au compte. Les sourcils de la marchombres se froncèrent plus encore.
Mise en scène. Dégâts volontaires. Pour quelles raisons ?
Dylan se prenait au jeu des questions, Ichel se contentait d'observer les réactions de l'homme.
La cave est isolée. Personne ne pouvait entendre ne serait-ce qu'un cri ? Pourquoi isoler une simple cave à un point tel ? L'utilité n'en était que superflue. Des bocaux ne crient pas...

Le vol avait réellement été commis en journée. Très tôt le matin. L'homme se trouvait seul avec son apprenti, celui qui découvrit le massacre. Personne n'était entré, l'apprenti descendu dans la cave, seul. C'est à n'y rien comprendre. Wouwoume ne pouvait dire combien de temps l'apprenti était resté au sous-sol. Le garçon avait “l'air“ d'être honnête. Cette information n'était pas claire, il leur fallait parler à ce Robin. Sauf qu'il était de repos. Cela dit, ce n'est pas ce détail qui arrêterait les deux apprenties. Et Ichel sentait qu'il était important dans toute cette histoire, ce garçon. Un instinct.

Dylan exposa soudain une théorie qui résonna dans l'esprit de la marchombre. Le garçon aurait pu cacher les bocaux. Instantanément, Ichel croisa le regard de l'autre kaelem, elle lui désigna les caisses d'un simple mouvement du menton. Cette dernière s'approcha alors de la cachette, suivie de l'aubergiste. Et confirma l'hypothèse muette d'Ichel.

Silan Wouwoume observa alors les deux jeunes femmes, perplexe. Le silence s'éternisant dans la pièce. La théorie de Dylan tenait la route, rien ne pouvait contredire son idée. Rien hormis le manque de preuve et la négation certaine de l'apprenti de l'homme.
Et elle demanda leur avis. Silan Wouwoume s'élança le premier.


- C'est complètement absurde ! Pourquoi Robin me volerait-il ? Il travaille ici, il n'a pas besoin de ce pâté de siffleur, ce vol aurait été stupide de sa part, étant donné qu'il peut simplement se cacher dans les cuisines pour m'observer créer mon pâté ! Pas besoin de le voler, simplement de regarder en cachette ! Je vois pas pourquoi il serait le voleur, il n'a aucun motif, il aurait pu me demander ou me regarder, je... non, c'est absurde, jamais personne ne s'était avancé pour connaître mon secret au coeur de ma maison, aucun de mes apprentis n'a jamais essayé de le connaître... Ils savent que c'est un secret familial, sacré !

Ichel s'avança vers l'homme, posa sa main sur son bras gauche. Sans même qu'il ne s'en rende compte, il venait de commencer à les agiter fermement devant lui tout au long de son monologue.

- Calmez-vous, mon amie n'est pas en train de l'accuser, elle essaye de poser des théories. Et il est tout à fait légitime qu'on le suspecte, étant donné qu'il est celui qui a découvert le vol. Personne ne se trouvait avec lui lorsqu'il est descendu, la Dame seule sait réellement ce qu'il a fait lorsqu'il était dans les sous-sols.

Elle retira sa main, l'homme visiblement légèrement calmé.

- Et nous n'accuserons personne à moins d'obtenir des preuves ou même des aveux.

L'aubergiste sembla rassuré, mais son front perlait toujours de sueur et son souffle rauque ne diminuait pas pour autant. La marchombre lui offrit un sourire et l'invita à remonter, lui expliquant qu'elles allaient rester quelques minutes encore, seules. Lorsqu'enfin ses pieds disparurent de l'escalier, la marchombre se tourna vers Dylan.

- Ca m'a l'air beaucoup trop facile. Ce type, Robin, il fait un coupable trop évident. Tu n'trouves pas ? Il nous faut plus de preuves, à commencer par une petite visite chez ce cher apprenti Wouwoume.

Elle fit une pause. Reprit.

- Cela étant, je pense qu'il y a plus qu'un simple vol de pâté de siffleur et je sais que tu le penses aussi. Tout ce bordel, toute cette casse pour du pâté, sérieusement ? C'est pas logique. Et ces caisses poussées de manière à dissimuler quelque chose ou quelqu'un.

Un regard vers les escaliers, elle se tourna à nouveau vers l'autre kaelem. Chuchota, discrète.

- Et entre toi et moi, je trouve son histoire de sous-sol insonorisé vraiment louche. Depuis quand est-ce nécessaire pour un simple garde-manger ?

Elles finirent par remonter et allèrent prévenir l'aubergiste qu'elles reviendraient dans quelques heures, le temps de rassembler plusieurs informations. Elles lui demandèrent également une liste précise de tous ses employés, leur fonction spécifiée, et une liste de potentiels rivaux dans le quartier.
Une fois dehors, la kaelem jeta un regard vers Dylan.


- Bon, maintenant, trouver ce Robin. Vers la place des Grottes, c'est ce qu'a dit Wouwoume, hein ?




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Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

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MessageSujet: Re: Le vol c'est pas du pâté.   Le vol c'est pas du pâté. Icon_minitimeVen 17 Juin 2016 - 12:16

Bon. Visiblement, l'aubergiste était très moyennement emballé par sa théorie – et encore, c'était peu de le dire. Laissant à Ichel le soin de le calmer, Dylan se contenta de l'observer en fronçant les sourcils. Dès leur arrivée, l'homme leur avait paru expansif mais, là, ça commençait à virer carrément à la crise de nerfs. Et elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela de plus en plus étrange. Certes, elle comprenait que la perspective d'un vol commis par l'un de ses propres apprentis ait de quoi le déstabiliser. Mais, après tout, ce Robin restait un suspect et il était légitime qu'elles cherchent à l'interroger. Or, pourquoi Silan Wouwoume était-il à ce point catégorique vis-à-vis de l'innocence d'un garçon qui avait potentiellement participé au vol de sa réserve et qu'il disait ne connaître qu'à peine ? Avait-il à ce point confiance dans ses employés qu'il était prêt à se porter garant de chacun d'entre eux... ou cherchait-il à le couvrir, pour une raison qu'il leur restait encore à découvrir ?

Son amie finit par réussir à convaincre l'aubergiste de remonter afin de les laisser seules un instant. Dylan hocha la tête à ses affirmations.


- Je suis d'accord avec toi, il nous faut continuer à chercher, à commencer chez Robin. Et Wouwoume a l'air d'être bien sur ses gardes pour une simple victime.

Les deux jeunes filles quittèrent à leur tour la cave pour expliquer à l'homme, qui les attendait en haut des marches, ce qu'elles comptaient faire, et celui-ci leur donna les noms et les adresses des personnes qui travaillaient Aux Sifflants Mets de bonne grâce. Un bon point.

- C'est bien ça, acquiesça Dylan à la question d'Ichel une fois que toutes deux furent sorties de l'auberge. Puis, avec un sourire : Vu que tu sembles bien connaître la ville je te laisse nous conduire !

*

Le trajet jusqu'à la place des Grottes n'avait pas été très long. Non seulement Ichel n'avait pas eu à demander son chemin une seule fois, mais elle leur avait fait en plus emprunter une petite ruelle de traverse qui leur avait fait gagner une bonne dizaine de minutes. Lorsqu'elles arrivèrent sur la place, Dylan ne put s'empêcher de cligner des yeux, un peu étonnée en découvrant les hautes maisons bourgeoises qui l'entouraient. Elle ne se serait pas attendue à ce qu'un simple garçon d'auberge habitât dans un quartier aussi luxueux.

Les deux marchombres s'avancèrent jusqu'à la porte de la bâtisse qui portait le numéro 13, celui que leur avait indiqué Silan Wouwoume. Après un moment d'hésitation, Dylan se décida finalement à se saisir du heurtoir doré afin de frapper contre le linteau de bois – deux coups. Ichel était restée un peu en retrait, et elle la sentait détailler les environs tandis qu'elle-même reculait un peu pour éviter de se faire assommer par la porte si quelqu'un venait à ouvrir.

Pendant quelques longues secondes, rien ne se passa, et la Kaelem allait frapper de nouveau quand un bruit se fit entendre de l'autre côté du battant de bois – de celui que l'on fait en introduisant puis en tournant une clef dans une serrure. Enfin, la porte s’entrebâilla, laissant apparaître la silhouette menue d'une vieille femme en robe noire.


- Oui ? C'est pour quoi ?


Étant donné qu'elle avait le regard fixé sur elle, ce fut Dylan qui prit la parole. Elle se sentait étrangement petite devant cette imposante demeure et sa propriétaire, qui l'observait avec des yeux perçants malgré les rides qui striaient son visage.

- Bonjour madame, excusez-nous de vous déranger, mais on nous a dit que Robin...
Prise d'un doute, elle jeta un coup d'œil au papier que l'aubergiste leur avait donné. Robin Mangil habitait ici.
- Robin ? Son interlocutrice plissa les paupières, comme si elle se demandait si elle pouvait leur faire confiance, avant d'acquiescer d'un hochement de tête. C'est vrai, oui. Il loue une chambre au dernier étage. Mais, se hâta-t-elle de rajouter en voyant la jeune fille ouvrir la bouche, si vous le cherchez, il n'est pour le moment pas ici. Il est parti ce matin, je n'ai pas la moindre idée de quand il rentrera.

Ichel avait profité de leur conversation pour se rapprocher, et Dylan devina qu'une déception identique venait de s'abattre sur elles.

- Bon, eh bien, tant pis, merci quand même. Nous...
- Attendez, l'interrompit la vieille femme en voyant qu'elle s'apprêtait à tourner les talons. Si je peux me permettre, pourquoi le recherchez-vous ?

Les deux amies échangèrent un regard. Cependant, l'apprentie marchombre ne pouvait décemment pas mentir à leur interlocutrice si elle attendait en retour sa plus absolue sincérité.

- Rien de grave, ne vous inquiétez pas. L'auberge dans laquelle il travaille, Aux Sifflants Mets, a simplement connu un vol il y a quelques jours et, comme les gardes d'Al-Poll ont refusé de s'en occuper, le propriétaire a fait appel aux services de l'Académie de Merwyn, dont nous faisons partie. Nous aurions simplement aimé interroger Robin pour savoir s'il pouvait nous aider dans cette enquête.
- Vraiment ? La vieille femme avait froncé les sourcils. C'est curieux, je l'ignorais. Pourtant, mon fils est justement dans la garde de la ville, et d'ordinaire il me tient au courant des affaires qui leur sont soumises. En particulier si cela concerne Aux Sifflants Mets, il sait que je raffole du pâté de siffleur qu'ils servent dans cette auberge... Mais enfin, je suppose qu'il s'agit d'un oubli. Après tout, personne n'est infaillible, n'est-ce pas ? Pour la première fois depuis qu'elle leur avait ouvert, elle esquissa un sourire et sa robe noire ne parut soudain plus si austère. En tout cas, je dirai à Robin que vous êtes venues. Passez une bonne journée.

Ce fut sur ces paroles que la porte se referma. Lentement, Dylan se tourna vers Ichel, et elle lut dans son regard que toutes les deux se posaient les mêmes questions. Pourquoi diable Silan Wouwoume leur avait-il fait croire qu'il s'était d'abord adressé aux gardes d'Al-Poll alors que ce n'était pas le cas ? Quel intérêt aurait-il eu à les empêcher de fouiller dans ses affaires et à leur préférer des élèves inexpérimentés de l'Académie de Merwyn ? Elle se souvint de son bavardage incessant au moment où il les avait accueillies à leur arrivée à l'auberge, à la manière dont il avait insisté sur l'incapacité des gardes auxquels il prétendait avoir fait inspecter les lieux. « Quand j'étais allé les chercher dès que je m'étais rendu compte du vol »... Il parlait trop, c'était une évidence. Restait à comprendre pourquoi il leur avait caché cela. Et, surtout, ce qu'il cachait exactement.

- Qu'est-ce que tu penses de tout ça, toi ? C'est vraiment bizarre, non ?


Elles s'éloignaient à présent de la maison, un peu dépitées. Dylan consultait machinalement le papier froissé sur lequel s'étalaient les noms et adresses du personnel de l'auberge. À côté d'elle, Ichel semblait s'apprêter à lui répondre, quand elle s'immobilisa tout à coup. La jeune fille s'arrêta à son tour, avec quelques secondes de retard, et leva la tête afin de voir ce qui avait stoppé la Kaelem.

Un garçon était en train de traverser la place, d'une démarche légèrement traînante. Il devait avoir à peu près leur âge, peut-être quelques années de plus, et avait les cheveux ébouriffés comme s'il venait  à peine de sortir du lit. Mais, surtout – même si, avec la distance, Dylan n'aurait pu en jurer – il paraissait se diriger vers la maison qu'elles venaient de quitter.

Cela se pouvait-il ?...


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Le vol c'est pas du pâté.
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