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 Halu' mignone. [Inachevé]

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Miaelle Campbelle
Miaelle Campbelle

Assistante du Maître guérisseur
Messages : 85
Inscription le : 17/08/2009
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MessageSujet: Halu' mignone. [Inachevé]   Halu' mignone. [Inachevé] Icon_minitimeMer 3 Avr 2013 - 20:01

La fenêtre était gluante de pluie. Et son reflet en onde coulées, qui lui renvoyait un visage couvert de cicatrices liquides. La fenêtre était très grande, et son cadre en bois clair était doux sous les doigts, poli à la perfection. Miaelle laissait ses mains glisser le long des bordures, le regard perdu vers le jardin gorgé de pluie, en imaginant faiblement l’arbre qu’avait pu être cette essence rare, la terre dans laquelle ses racines avaient sinuer, et la couleur du ciel réverbéré sur ses feuilles tendues. Elle visualisait l’arbre, découpé sur fond noir, parce que le paysage ne voulait pas se dessiner dans son imagination. Son esprit dériva petit à petit, pour finalement s’éteindre. L’étincelle soufflée par le gris de la pluie.

Un long soupire dévala sa gorge, gonfla ses poumons, mais ça ne lui fit aucun bien. Juste le fait de se sentir vivante, avec de l’air dans le ventre, du sang dans les veines, du froid dans le cœur. Alors que sa tête cotonneuse ne souhaitait que l’obscurité du sommeil, la délivrance d’un coma sans rêve. Non pas qu’elle souffre franchement, non. La douleur n’était pas vive. Ce n’était pas un mal insupportable, ni la souffrance d’une plaie vive, de piqure d’ortie ou d’un caillou planté dans le talon. C’était beaucoup plus insidieux que ça, doucereux presque. Et c’était directement du à sa capacité de se verrouiller la tête pour ne pas laisser entrer le calvaire de l’abandon. Ça la laissait juste dans un état léthargique. Largement préférable, croyait-elle. Mais le résultat était là, plus adulte que jamais : elle déprimait pathologiquement.

Déjà maigre, elle ne mangeait plus que très peu, et sa peau se tendait sur ses os. Déjà 1 mois, ou peut-être un peu plus, qu’elle était devenue partie intégrante de la luxueuse maison, comme un meuble bancal doué de pattes. Les gens étaient gentils avec elle, pour le peu qu’elle croisait. Quoique depuis quelques temps, elle avait le droit de se balader un peu plus, et avait l’occasion d’observer de nouveaux visages. Elle repensa à Dienne. Etrangement, cependant, et ce malgré sa mémoire impressionnante pour son âge, elle ne parvenait à l’évoquer autrement qu’en terme de prénom. Son visage, elle savait qu’il n’était pas laid, qu’il n’était pas particulièrement beau non plus, qu’elle se maquillait comme toutes les femmes, qu’elle était de taille moyenne, et gentille aussi. Mais il refusait de s’offrir à sa mémoire. Malgré le soin qu’elle prenait d’elle, la douceur avec laquelle elle tentait de l’approcher.

Miaelle entendit un bruit derrière elle, quelque chose du frottement d’une porte qu’on ouvre. Elle ne tourna pas la tête, le menton dans une main, le regard toujours perdu dehors. Les nuages étaient moins gris à l’horizon. Le vent soufflait vers elle. Il ne pleuvrait bientôt plus.


-    Miaelle ?

La voix était douce, un peu inquiète aussi, et agréable à l’oreille. Tout le monde prenait soin d’elle ici, de manière automatique, parce que la maîtresse de maison, Dienne … se comportait avec elle de la même manière. Quelque part, Miaelle était touchée de cette douceur, cette facilité avec laquelle la dame passait une main sur sa joue, lui démêlait les cheveux le matin et le soir, lui faisait la discussion malgré son silence déroutant. Elle n’avait jamais eu de mère, Miaelle. Ne concevait que la figure masculine en termes de tendresse, en dehors de Marlyn qu’elle considérait comme une grande sœur plutôt que comme une parente. Cette conduite était nouvelle pour elle. Et dans tout autre contexte, probablement qu’elle aurait été la plus heureuse des petites filles d’être considérée comme l’enfant propre de cette femme étonnante. Elle en avait tellement rêvé, de douceur et d’amour, de tendresse et de protection. Pourquoi ne pouvait-elle pas se satisfaire de cette situation ? C’était tout ce que son petit cœur demandait, une affection inconditionnelle, sans l’avoir forcément méritée, des contacts, des câlins, de la complicité physique. Et pourtant, elle n’y parvenait pas. Il y avait trop d’ombre dans son cœur, trop de rancœur refoulée, trop de colère minée de tristesse. Elle ne supportait pas d’être en colère. Alors elle déprimait, s’enlisait en elle-même.


-    Miaelle, il est l’heure de manger, je souhaite que tu viennes avec moi.


La voix s’était faite un tantinet plus ferme. La petite fille tourna des prunelles vides vers la femme qu’elle reconnut comme étant Dienne. Son visage lui était familier. Mais au moment où elle baissa les yeux sur ses pieds, elle l’oublia à nouveau, avec une affligeante habitude. Quelque part, aussi, elle avait énormément de remords. Enormément de remords à ne pas pouvoir profiter de sa situation, de ne pas savoir comment signifier à cette femme qu’elle lui était infiniment reconnaissante pour faire ce qu’elle faisait pour elle. Ca ne conditionnait absolument pas son bonheur, mais elle se sentait tout de même intensément redevable de la charité de cette maman de substitution.

Elle fit un effort immense pour se mettre sur ses jambes, et entrouvrir les lèvres pour répondre d’une voix vide :


-    Oui Madame. Je vous suis Madame.
-    Je te l’ai déjà dit, tu peux m’appeler Dienne.
-    Oui, Madame Dienne.

Dienne secoua la tête, feignant l’impatience. Mais elle attendit que la petite fille passe devant elle pour la suivre, refermant soigneusement la porte de la chambre immense. Puis elle posa une main légère sur son épaule, la guidant à travers le dédale des couloirs.

La tristesse de cette petite était immense. Elle n’avait jamais vu d’enfant déprimer comme elle, comme un adulte. Pourtant, sa bonne volonté continuait sa lutte farouche avec l’envie de simplement s’allonger pour ne plus se réveiller. Elle l’avait veillé, les premières nuits, parce qu’elle était tombée soudainement très malade. Aux rudes frissons avait succédé une fièvre hallucinatoire inquiétante. Dienne avait spontanément refusé de quêter un guérisseur, de par le caractère anonyme de la petite, et les injonctions de Dolohov à la garder au secret. Tout était allé trop vite, et peut-être qu’elle n’avait pas pris la bonne décision. Mais après 3 jours de maladie, celle-ci avait disparu aussi rapidement qu’elle était apparue, ne laissant derrière elle que le petit corps malmené de la petite fille.

Elle avait d’abord cru que la léthargie de Miaelle était due à la fatigue et à sa récente guérison. Mais après plusieurs jours, elle dû se rendre à l’évidence : Miaelle n’avait tout simplement plus envie de vivre. C’était tellement dérangeant de la part d’une gamine… Elle ne savait pas vraiment comment réagir à cette étonnante tristesse. Mais la tendresse que Miaelle provoquait autour d’elle dissipait la gêne d’avoir une gamine inconnue dans l’enceinte de sa maison. Finalement, même si elle ne connaissait pas les tenants et aboutissements de cette détresse, elle parvenait néanmoins à lui tirer quelques sourires lorsqu’elle prenait personnellement soin d’elle. Peut-être qu’en la cajolant, inconsciemment, elle se permettait de se rapprocher de Dolohov, ou peut-être simplement qu’elle était touchée par l’apparente fragilité de ce petit être perdu. Qu’importe : ce soir elle lui avait préparé une surprise.

Arrivée devant la grande porte menant à la salle à manger, Miaelle tourna une mine interrogative derrière elle, quêtant l’approbation de la dame. Dienne lui fit un petit signe de tête, lui signifiant qu’elle pouvait entrer. Les gonds pivotèrent dans un chuintement discret, parfaitement huilés.

Les prunelles de Mia s’écarquillèrent.

Au milieu de l’immense table de bois vernis, trônait un plat recouvert d’une pyramide immense… de pommes. Plus précisément, d’énormes pommes rouges sang, dégoulinantes d’un miel pâteux mordoré qui mit immédiatement l’eau à la bouche de Miaelle.

Quelque part dans les marécages de ses pensées, une petite voix se demanda comment Madame Dienne avait pu deviner son péché mignon. Ca rallumait une petite étincelle, c’était indubitable. Elle adorait les pommes au miel. Parce que le Cagoulé en préparait spécialement pour elle. Et que c’était le premier cadeau de Dolohov, au marché, même s’il était sans doute trop drogué pour s’en rappeler. A l’évocation de ces fragiles souvenirs, Une larme perla. Mais elle avait sans doute déjà trop pleuré pour qu’elle soit salée. Sa voix était cassée :


-   Je… Merci Madame. Dienne. Madame Dienne. Mais vous savez…

Elle s’avança vers la table, en chaloupant légèrement, comme devant un mirage.

-    Je crois que je ne pourrai jamais manger tout ça.

***


Le bruit du dé tourbillonnant sur le plateau en bois ne résonna pas contre les murs couverts de lourdes tentures. Le tissu polyvalent étouffait les sons, donnait à la pièce une chaleur et un confort étonnant.

-   17 !

-   Bien. Maintenant, ton petit chat peut soit sauter au-dessus de la barrière car tu as fait un nombre impair, soit continuer tout droit. Dans ce cas, ce sera plus long, mais tu pourras choisir la catégorie de question. En outre, 1 + 7 donne 8. Sur une échelle de 9 (puisque le dé possède 18 faces) c’est donc une difficulté de question importante à laquelle tu auras droit. Choisis bien ta stratégie, en sachant cela. N’oublie pas également que ton choix de catégorie est limitée : tu ne peux choisir qu’une des 8 en rapport direct avec la case sur laquelle ton chat sera arrêté.

Miaelle n’hésita que très peu :

-   Je ne veux pas que mon chat saute la barrière.

Dienne sourit intérieurement, peu étonnée. Au jeu, Miaelle était certainement moins intéressante à observer qu’un autre enfant. Là où le jeune âge se laissait aller à l’enthousiasme débridé, parfois aux gags de l’excès de combativité, Miaelle restait réfléchie, ne prenait pas de risque, mais avançait implacablement vers la victoire. Elle n’était pas étonnante, car elle suivait la même ligne de jeu tout au long de la partie, mais Dienne était patiente, et le but du jeu, c’était son amusement à elle, pas celui d’un observateur.

Les petits doigts poussèrent le minuscule chat en bronze sur le plateau ouvragé, et Miaelle s’arrangea pour qu’une des cases en rapport soit celle de la catégorie des plantes.


-    Je choisis les plantes.

Dienne avait déjà une carte de cette catégorie en main. Son regard suivit la liste de neuf questions, de la plus facile à la plus difficile. Elle énonça celle portant le petit numéro 8 d’une voix clair :

-    Quel est le risque le plus important, pour un humain, lié à la présence d’une tige de méaule à proximité d’une source chaude dans un lieu clos type maison ?

Miaelle répondit avec facilité, d’une voix un peu mécanique :

-   Il y a un risque pour que le patient subisse des blessures superficielles par chutes, due à l’effet narcotique de cette plante, qui ne déclenchera ses effets qu’à un seuil précis de chaleur, et ce de manière maximale d’entrée, ce qui ne permet pas de s’y préparer.

Dienne hocha la tête. Miaelle sourit, mais son regard restait toujours un peu vide. Elle baissa les yeux sur le plateau, son sourire disparaissant doucement de ses lèvres. Un ange passa, et cet ange avait la blondeur bouclée de Dolohov, et les yeux violets de son Papa.

Un bruit fit sursauter la petite fille. Quelqu’un toquait à la porte à l’aide du la lourde tête de lion ferrée qui pendait sur le panneau. Elle tourna la tête vers la fenêtre, soudain fiévreuse. Dienne se leva et quitta la pièce après de rapides excuses bienséantes. Elle referma bien la porte derrière elle.

Miaelle resta immobile, l’écoutant marcher à travers le couloir, ses pas étouffés par la distance et le doux tapis qui recouvrait les dalles bien taillées. Soudain, elle se leva, et se précipita vers la fenêtre. Elle n’avait pas le droit d’écarter les rideaux des ouvertures de cette partie de la maison, car on pouvait l’apercevoir, et elle tenait à obéir précautionement à Madame Dienne. Malgré tout, elle approcha son visage du tissu du plus qu’elle osa, cherchant à voir à travers les mailles serrées, sans le faire bouger toutefois. Mais le résultat n’était pas très concluant. Elle s’agita, de plus en plus frustrée. Le dehors lui manquait tellement.

Au moment où sa main effleurait le tissu, Dienne ouvrit à nouveau la porte.

Miaelle se stoppa. Un air affreusement coupable peint sur le visage. Immobile, Dienne l’observait, le visage impénétrable. Le malaise prit forme, et la petite gigota sur sa chaise, ne sachant que faire. Finalement, elle ouvrit la bouche pour s’excuser, sentant que quelque chose n’allait pas et qu’elle en était la cause, sans savoir réellement de quoi il retournait. Peut-être que la visite était un homme posant des questions sur une petite fille qu’il aurait aperçu derrière les rideaux ? Elle n’eut pas le temps de dire un mot, Dienne parla avant elle :


-    Dis-moi, Miaelle, ça te dirait de découvrir un peu Al Jeit ?

***

Dienne ne pouvait pas sortir avec elle, elle ne devait pas apparaître en sa compagnie car elle était trop connue. En revanche, Miaelle était accompagnée d’une aide cuisinière de confiance, très douce et très blonde, avec des yeux tous clairs comme un ciel brumeux de chaleur. Elle était très gentille avec Miaelle, bien que discrète. Elle devait avoir reçu des ordres stricts, car elle ne lâchait pas la main de la petite, et regardait souvent autour d’elle comme pour prévenir tout incident.

Miaelle écarquillait les yeux.

Cette farandole de couleur, et puis ces cailloux, ces passerelles d’argent, et ces tours immenses, effilées comme des cimes de sapin, tous ces gens étonnants, ces visages si différents, tout semblait précieux à Al Jeit. Elle avait l’impression d’évoluer à travers un palais à ciel ouvert, tant cette frénésie de luxe et de beauté lui semblait irréelle, féérique. Après plus de deux mois enfermée dans une maison, certes très belle, mais aux murs vraiment épais, l’air frais lui redonnait au cœur l’éclat pur du ciel au-dessus de sa tête. Pour la petite fille des chemins qu’elle était, l’enfermement était quelque chose de profondément insidieux, oppressant. Sa dépression, un temps, fut catapultée à coup de pieds aux fesses en dehors de sa tête. De nouvelles étincelles dans les yeux, elle suivit Margareyt dans la foule, attentive à tout ce qui l’entourait.

Tout était terriblement nouveau, et ça excitait son petit esprit scientifique, et surtout son émerveillement tenace de petite fille. Malgré toute la tristesse qui pointait dans son cœur, malgré les visages des personnes chères qui dansaient à la lisière de sa mémoire, malgré la colère, l’égoïsme, la solitude et tous ces sentiments néfastes qu’elle ne s’autorisait pas à ressentir pleinement, elle restait immanquablement enfantine, innocente au-delà des épreuves et des difficultés.

Elles avaient quitté le quartier rupin dans laquelle trônait la maison de Dienne, pour arriver en carrosse au plus près du centre, où s’étendait pour la journée le grand marché d’Al Jeit. Margareyt et Miaelle se faufilaient à présent entre la foule de plus en plus dense. Contrairement à d’autres marchés qu’elle avait déjà fait par le passé, celui d’Al Jeit était… Et bien moins marché qu’exposition, finalement. La foule était peut-être dense, mais il n’y avait pas de bousculade, de cris assourdissants, d’insultes lancées à la volée, d’interpellation de marchants. Oh, il y avait du bruit, des discussions, des marchandages, mais rien d’aussi rustre, d’aussi brutal qu’un marché de province. La cause aux nombreux gardes qui sillonnaient la place, imposant de leur simple uniforme le respect dû à leur caste ? Même si ce n’était probablement que la partie immergée de l’iceberg, Miaelle ressentait un profond étonnement à voir ces gens sembler cohabiter avec tant de facilité sans violence et sans insultes.

Margareyt tira légèrement sur sa main, lui signifiant de la suivre. Miaelle, arrêtée à un stand présentant de magnifiques papillons d’or ouvragés, la suivit, déçue de s’arracher à sa contemplation, mais rapidement captivée par une autre étrangeté, comme ces étonnants petits animaux dans leur cage d’argent ouvragée. Juste à côté, L’allée des fruits et légumes commençait, et Margareyt s’arrêta au stand adjacent, ce qui permit à Miaelle d’observer les petites bêtes. Elle se mit sur la pointe des pieds, et parvint à lire la petite étiquette les définissant :



«  Foeun »
«  Le foeun vous ravira par son exotisme et son étonnante capacité à émettre une douce musique par ses branchies poilues de chaque côté de la gorge. Son aspect de félin reste élégant en toute circonstance, et donnera un cachet avantageux à tout espace dans lequel vous souhaiterez le conserver. Veillez toutefois à investir dans notre tout nouveau système de protection en tissu, permettant d’éviter tout ennuis consécutif aux mouvements de son appendice caudal particulièrement développé et puissant, lui ayant servi dans son habitat naturel à bondir d’arbre en arbre avec une redoutable agilité. Sa queue immobilisée rendra votre animal soumis et enclin à partager l’espace intérieur de votre maison sans effets secondaires. »
«  Prix à débattre »
Miaelle leva la tête vers les cages suspendues. De la taille d’un gros chaton, les petits étaient situés le plus en hauteur. Les adultes pouvaient atteindre la taille d’un gros chien, mais rarement. Ils semblaient généralement plus petits. Tous avaient une petite poche liée à l’arrière train, semblant contenir la queue en question. Tous les animaux semblaient léthargiques, leurs grands yeux bistrés éteint et à demi fermés. Ils n’étaient pas entassés dans les cages, mais ne pouvaient guère bouger pour se dégourdir leurs grandes pattes qu’ils gardaient pour l’heure repliées sous leur ventre. Un mouvement de foule fit légèrement trembler une cage, la plus proche de Miaelle. Le Foeun ouvrit un œil apathique, croisant celui curieux de la petite fille. Une stridulation étonnante trissa de sa gorge, doucement reprise pendant quelques secondes par tous les animaux encagés.

Miaelle en fut bouleversée. Parce que le mouvement seulement de la cage avait provoqué la mélodie, sans qu’elle ne sente, instinctivement, un quelconque pouvoir chez ce petit être poilu. Ces foeun étaient des créatures d’air et d’arbre, et Miaelle ne devait pas être la seule à constater qu’elles ne semblaient vraiment pas heureuses ainsi prisonnières. Un instant, elle retrouva dans ces prunelles froides quelque chose de sa prison dorée, celle de son cerveau, de cette dépression née de sa tristesse, de son envie de ne plus jamais ouvrir les yeux pour observer le soleil. Ces animaux n’avaient pas le choix, c’était de l’instinct, quelque chose d’irrépressible, que ce chant, ce bruit primitif. Ils n’étaient rien de moins que des esclaves. Spontanément elle tendit la main, voulant toucher la fourrure si soyeuse, irisée d’éclats étonnamment bleus vif, comme de petits morceaux de ciels prisonniers des poils tourbes.


-    Hé, petite, on touche avec les yeux !

Un soufflet écarta sa main sans trop de brutalité, mais la surprise vouta les épaules de Miaelle de peur. Elle baissa les yeux en marmonnant un « pardon » inaudible, le haut de la tête brûlée par le regard du marchant.

Soudain, tout se passa très vite.

Margareyt du lâcher sa main pour payer les légumes dont elle avait besoin. Un bruit, au loin, comme un coup de feu, qui se répercuta contre les tours de cristal. Et personne qui ne s’inquiète, après tout, des bruits ils y en avaient toujours en ville. Ce qui était moins habituel, en revanche, c’était l’accélération progressive d’un « cataclop » plutôt inquiétant, suivit d’une espèce de roulement de tonnerre qui se rapprochait. Miaelle n’eut pas le temps de s’accrocher à Margareyt. Soudain, La foule se fendit devant elle, vomissant une paire de chevaux enragés suivis d’un carrosse prit de folie. Qui venait droit sur elle.

Tétanisée, elle n’eut que le temps de cligner des paupières, qu’une masse indistincte l’attrapa par le col, l’étranglant à demi, la mettant à l’abri. Abris provisoire, s’entend, puisqu’une seconde plus tard, une des roues du carrosse percuta avec une violence tourbillonnante la base de l’étal, envoyant valser draps, cages, babioles et Foeuns abasourdis. Miaelle cria, mais sa voix ne parvint même pas à ses oreilles dans le vacarme assourdissant.

Soudain, aussi vivement que ça avait commencé, le bruit s’estompa, puis disparut tout à fait. Lorsque Miaelle eut le courage d’ouvrir les yeux, elle n’y vit pas mieux que paupière fermées. Apeurée, elle gigota dans tous les sens et retrouva la vue lorsqu’elle parvint à se dépêtrer du drap immense qui l’enveloppait comme un saucisson. Elle leva la tête sur un champ de bataille. Toute l’allée, auparavant noire de monde, était jonchée d’objets cassés, de planches de bois éventrées, sillonnée de deux grandes balafres sur toute la longueur de l’espace : les 4 roues ferrées du carrosse avaient fait des ravages. Certaines personnes à terre se faisaient aider par d’autre pour se relever, certains avec quelques bosses et égratignures, mais à priori il n’y avait pas de blessés graves. Les étals étaient complètements détruits.

De manière inattendue, elle ressentit une grosse douleur au mollet. Elle poussa un petit cri en baissant les yeux, et aperçut un jeune foeun complètement terrorisé, toutes griffes dehors, agrippé comme un forcené à sa jambe. Elle la secoua faiblement pour le faire lâcher prise, les larmes aux yeux, mais celui-ci, les yeux écarquillés, ne semblaient capable que de striduler durement sa peur panique.

Consciente du problème, elle respira profondément, tentant de juguler la douleur, et surtout son envie d’arracher l’intrus de sa peau. Elle s’assit précautionement pour éviter de le brusquer plus, et s’aperçut qu’ainsi, elle avait moins mal. La surprise passée, c’était supportable, et ça ne valait surement pas n’importe quelle violence sur le petit être effrayé. Le foeun dû sentir que le danger principal était passé. Les stridulations désagréables cessèrent, mais il ne desserra pas sa prise, sa queue immense enroulée tout autour du mollet de la petite fille. Sa force était proprement étonnante. Sans précipitation, elle tendit la main, pour voir. Le foeun cracha, alors elle n’alla pas plus loin. Elle croisa son étrange regard bistré. Ce n’’était vraiment plus le même que quelques minutes plus tôt. Effrayé mais libre, il scintillait durement comme deux pierres précieuses, et semblait voir jusque derrière sa tête. Prise d’une intuition, elle farfouilla dans sa sacoche qu’elle ne quittait jamais, et en sortit un morceau de viande séchée. Elle la tendit à l’animal, qui ne sembla même pas la voir. Mais elle vit son petit nez remuer, alors elle la tint devant lui, malgré son absence de réaction. Quelques minutes passèrent. Le foeun avait tourné la tête et fixait maintenant la friandise. Avec une lenteur exaspérante, il décrocha une griffe, puis une deuxième. Il fit une pause, observant suspicieusement la petite fille qui ressemblait tant au prédateur qui l’avait arraché à son habitat naturel. Puis, une troisième, et enfin une quatrième. Au moment où sa patte fut libre, il attrapa le morceau avec une vivacité inouïe, et dans une pirouette, disparut au milieu des décombres.

Miaelle souffla de soulagement, mais grimaça en constatant les balafres de sa jambe. Elle releva soudain la tête, constatant que Margareyt n’était nulle part. Une peur panique lui hérissa les vertèbres. Elle se remit debout d’une poussée, et envoya balader ses chaussures à présent insupportables. Tournant la tête de tous côtés, elle n’eut pas le courage de crier, se contenta de murmurer le nom de la cuisinière, comme pour l’invoquer. Elle eut alors le comportement le plus puérile du monde : elle se mit à courir dans tous les sens, s’éloignant inexorablement de la zone dans laquelle elle aurait dû rester pour retrouver Margareyt.

Paniquée au-delà du raisonnable, elle tourna à l’angle d’un mur… Et percuta violemment une masse pourtant pas très imposante. Sa tête rebondit, et elle vacilla, avant de tomber sur les fesses. De grosses larmes perlèrent. Elle voulut s’excuser, mais une boule de détresse lui obstruait la gorge.



[Beaucoup de texte pour pas beaucoup de matière, finalement. Si besoin j'édite o/]

 
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