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 Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]

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Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

Flamme
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MessageSujet: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeSam 18 Mai 2013 - 23:56

Son uniforme était impeccable.
Il sentait bon le savon parce qu'elle l'avait lavé et elle avait frotté super longtemps, pour ça, et puis, il était raccommodé aux genoux et aux coudes, là où elle tombait souvent et où il avait un trou, à force. Elle y avait passé une bonne partie de la matinée et elle était pas allée lire à la bibliothèque, du coup, mais elle devait avouer qu'elle était fière.
Elle posa un dernier pansement et elle rangea l'aiguille dans la petite boite en ivoire. Heureusement qu'elle devait pas coudre souvent parce que sinon, elle aurait eu les doigts plus troués que du fromage. Après, bien sûr, il y avait le dé à coudre, mais elle avait beau essayer, elle le mettait jamais au bon endroit. Enfin, à chaque fois qu'elle le mettait à un doigt, c'était un des autres qu'elle piquait. Souvent le pouce, aussi, mais il rentrait pas dans le mini gobelet en métal.

Elle coupa les fils et elle rangea les ciseaux avec l'aiguille, le fil et le dé.
Elle se releva et défroissa l'uniforme recousu. Franchement, c'était du beau travail. Elle enleva sa robe et enfila la chemise tout en frissonnant à cause d'un vilain courant d'air qui s'était faufilé entre ses omoplates. Puis elle glissa ses jambes dans le pantalon.
Vraiment, il y avait pas à dire, la réparation était super, du dessus, on pouvait voir les fils nulle part  et puis, ça avait l'air de tenir, donc elle aurait plus à se trouer les doigts de sitôt. Elle lissa le tissus du pantalon et remarqua une bosse au niveau de sa poche. Qu'avait elle donc oublié d'enlever ? Elle rentra ses doigts et il touchèrent du tissus, elle tira dessus.
C'était un mouchoir, tout bête, blanc avec un liseré bleu océan, il était roulé en boule, froissé par le lavage et le séchage qu'il avait subi. Elle s'assit sur son lit et le porta au niveau de ses yeux. Elle ignorait totalement d'où il provenait et comment il s'était retrouvé là, mais elle n'avait qu'une seule certitude, il n'était pas à elle. Beaucoup trop régulier dans sa couture, bien trop carré. Les siens étaient plus artisanaux, cousus à sa main, quand elle apprenait.

Elle tourna le tissu dans ses mains et entre ses paumes.
Et puis ça revint doucement. C'était cette fois où elle avait rencontré Gareth, après qu'elle soit tombée de cheval à cause d'un puma. Il lui avait donné, ce mouchoir, parce qu'elle avait eu mal à cause de l'oiseau qui avait pris son bras pour un ennemi.
Elle se leva, plia la robe en deux et la posa sur le lit. Puis elle sortit en serrant bien le mouchoir dans sa main.

Elle dévala les marches du parvis de l'entrée principale et contourna le bâtiment vers la tour de pierre qui surplombait les toits. Paraissait il qu'il y avait un passage vers la volière depuis l'aile est, mais elle avait jamais réussi à l'identifier alors, à chaque fois qu'elle allait à la volière, ce qui était relativement rare, quand même, elle faisait tout le tour et elle montait toutes les marches depuis le plancher des siffleurs.
Arrivée au second étage, elle s'arrêta sur le bord du colimaçon, en proie à un terrible point de coté. Dame qu'elle pouvait ne pas avoir d'endurance, c'était complètement fou. Elle se plia en deux et souffla très fort jusqu'à ce que ça passe. Puis elle reprit doucement sa route. Pas trop vite pour arriver à la volière dans un état correct, quand même.

La porte de bois était tirée et Gwëll hésita à la pousser. Elle n'aimait pas déranger les gens dans leur intimité. Elle toqua doucement, mais personne ne lui répondit. Elle hésita, encore. N'avait il pas entendu ou n'était il pas là ? Elle posa la main à plat sur le bois.
Il n'y avait pas un seul bruit, qui filtrait de l'intérieur. Elle poussa doucement et la porte grinça un peu. À part les oiseaux, il n'y avait personne. Elle referma doucement la porte, un peu déçue. Elle aurait bien aimé le voir, pour lui rendre son mouchoir, certes, mais aussi parce qu'elle ne l'avait pas vu depuis longtemps et qu'il lui manquait un peu.
Elle se retourna et descendit les marches une à une tout en s'appliquant bien parce que la pente était abrupte et qu'elle voulait pas glisser. Une main sur la rampe, l'autre devant elle, elle fixait les marches des yeux, les unes après les autres.

Une ombre apparut dans un coin de son champ de vision.
Elle releva brusquement les yeux. Manqua la marche. Elle sentit cette étrange impression qu'elle avait, parfois, au réveil, de tomber dans un vide sans fin et son estomac restait en haut et son corps allait en bas.
Elle heurta violemment le torse du fauconnier qui remontait gentiment les marches.


Gareth Wilth
Gareth Wilth

Maître fauconnier
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeDim 16 Juin 2013 - 13:37

Une Académie tout ce qu'il y avait de plus normal. Des élèves tout ce qu'il y avait de plus commun. Des cours tout ce qu'il y avait de plus journalier. Le calme relatif ne semblait pas se détériorer, la tranquillité habitait les lieux. Ce n'était certes que le matin, mais il fallait avouer que le brouhaha n'arpentait pas les couloirs même l'après-midi. L'Académie avait changé de main, les codes étaient respectés à la lettre, bien trop à la lettre. Le silence et l'ordre régnaient dans la région d'Al-Poll. Aucun incident, rien qui ne pouvait venir troubler la vie paisible des habitants des lieux.
Tout avait changé. Non, à vrai dire, tout avait changé pour ceux qui vivaient à proprement parlé entre ces murs. Gareth y vivait certes, mais était tellement reculé dans ses affaires que personne ne faisait attention à sa présence. Les quelques personnes qu'il croisait étaient rares. Il faisait en sorte de ne croiser personne hormis les quelques amis qu'il possédait. Et encore. Il n'était pas très fusionnel. A vrai dire, ce n'était pas qu'il n'aimait pas la compagnie des gens, simplement qu'il redoutait de les blesser. Comme ça, de front, on pouvait penser que ce n'était qu'un fauconnier doux et discret. Chacun possède sa part d'ombre et malgré ses allures, il en possédait une. Nous ne sommes en revanche pas ici pour parler de cet Esprit fauve qui l'habitait et le renversait parfois.

Non, nous sommes ici, au beau milieu des jardins de l'Académie. Un Gareth perché sur une branche, les bras tendus en direction d'une autre branche. Mais pas une quelconque branche, non. Elle abritait un trésor que le fauconnier ne laisserait tomber pour rien au monde. Mieux se casser un bras que de laisser ces oeufs s'écraser sur le sol. Ces oeufs et ce petit oiseau mort de faim.
Cela faisait depuis plus de trois semaines qu'il avait découvert ce nid, plus de trois semaines qu'il le surveillait. Il connaissait les élèves et savait que certains grimpaient dans les arbres sans observer ce qu'il y avait entre leurs branches. Mieux avait valu de surveiller le nid. Les allées et venues de la mère, le nombre d'oeufs, faire fuir les chats et encore d'autres. Protéger les oeufs. Voilà le seul but. Ces petits êtres encore endormi, en attente du monde.
Ce n'était que tôt cette matinée-là qu'il avait découvert la femelle coincée entre la gueule d'un chat de l'Académie. Sans doute celui d'une des filles. Elles étaient folles de ces petites bêtes, aller savoir pourquoi. Parce que c'est tellement classe un gros matou /o/
Il s'était donc dirigé en hâte vers les jardins et, grimpant à l'arbre, tenta de récupérer les trois oeufs de la femelle. Personne ne s'en occuperait si ce n'était lui. Mais lorsqu'il arriva à la hauteur du nid, quelle ne fut pas sa surprise de ne découvrir que des débris de coquilles. Fronçant les sourcils, il balaya les alentours de son regard perçant avant d'entendre de faibles piaillements. Ils étaient là. Les trois oisillons se trouvaient une branche plus bas. Ils avaient dû tomber de leur nid. Heureusement pour eux, la branche était assez grande pour qu'ils ne continuent pas leur descente mortelle. Il les prit dans un bras avec douceur et redescendit pour se retrouver sur la terre ferme. Il cala les oisillons nouveaux nés entre ses bras pour ne pas les laisser tomber et partit en direction de la volière.

Son regard ne quittait presque jamais les petits êtres qu'il tenait. Si fragiles, ignorants du monde, ne demandant qu'à le parcourir. Les couloirs se succédaient, les escaliers montaient. Il entama la montée vers la volière. Il devait s'occuper des petits, ils devaient avoir faim. Et leur mère n'était plus là pour s'occuper d'eux. Dévorée par ce chat à l'heure qu'il était.
Soudain, il aperçut la jeune fille au cheval dans l'angle des escaliers. Mais elle, l'avait-elle vu ? Non. Elle heurta violemment le fauconnier qui, déséquilibré, débuta une chute. Il l'arrêta sur le champ. Passant les oisillons dans un seul bras, il libéra l'autre pour rattraper la rambarde. Il réussit par il-ne-savait-quel-exploit à rattraper Gwëll par le col avant qu'elle ne fasse une grosse chute dans les escaliers. Le corps du fauconnier se retrouvait tiré de tous côtés, désarticulé. Il avait réussi à sauver les petits et l'aequor. Cette dernière qui ne semblait pas se rendre compte que l'homme tremblait tant son propre poids ajouté à celui de la jeune fille était dur à garder dans les escaliers, d'une seule main accrochée à la rambarde.


- Gwëll, si tu pouvais te relever, je t'en remercierai.

Toute paniquée, elle se remit sur ses deux pieds et se tourna en vitesse vers le fauconnier qui se remettait lui-même debout. Il vérifia que les oisillons allaient tous trois bien et enjoignit à Gwëll de le suivre dans la volière si elle le désirait.
Sans attendre de réponse, il s'engouffra entre les battants de la porte en bois, puis se dirigea vers son bureau. Il déposa délicatement les nouveaux nés dans une petite caisse pleine de pailles afin qu'ils ne tombent pas de la table. Il ne se préoccupait pas de la jeune fille, bien trop occupé à sauver ces orphelins. Il fouilla dans ses affaires et trouva de la nourriture qu'il leur donna tel une femelle rouge-gorge. Car oui, c'étaient bien des rouge-gorges. De magnifiques oiseaux.
Gareth pouvait sentir le regard intéressé de Gwëll, presque voir ses yeux briller devant les petits oiseaux. Le fauconnier se retourna, un sourire aux lèvres.


- Alors, qu'est-ce qui t'amène ici ? Tu voulais envoyer une lettre ou me demander quelque chose ?

La jeune fille n'arrivait pas à ôter son regard des oisillons, étant comme hypnotisée par leurs plumes.

Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeVen 26 Juil 2013 - 18:34

La vision de la volière vide l'avait frustrée, il fallait dire.
Parce qu'en fait, même si elle n'y avait pas mis les formes, elle était très enthousiaste à l'idée de revoir le fauconnier et elle avait plein de choses à lui raconter, de questions à lui poster. Pas trop sur les oiseaux, parce qu'ils lui faisaient peur, toujours, depuis l'incident du faucon, mais un peu sur tout et puis sur lui, surtout.
Mais il n'était décidément pas là et elle avait beau espérer à la moindre ombre, son regard n'accrochait pas le moindre jeune homme. Désespérément ailleurs, elle avait fait demi tour.

Elle descendait les marches une à une, en traînant les pieds. Elle avait son mouchoir dans les mains et même si ce n'était pas réellement la cause de son trouble, elle aurait voulu pouvoir lui rendre.
Elle ignorait parfaitement l'endroit où il pouvait bien se trouver parce qu'il était emprunt de liberté et pas du genre à suivre un quelconque emploi du temps et pas plus une routine bien réglée. Il pouvait tout aussi bien être perdu dans la montagne, entre deux bouts de rochers blancs, que dans le parc, perdu dans les herbes hautes, ou bien même en train de baigner dans les eaux froides du lac. Certainement que c'était ça, la vraie liberté, mais il fallait croire que toute chose était contraignante, même les libertés puisqu'elle ne pouvait pas décemment le déranger dans son œuvre.

Il y eut une ombre dans son chant de vision et quand elle releva les yeux, il était trop tard. Son crâne avait tout bêtement heurté les pectoraux du jeune homme et lui il avait réussi par un miracle divin à se rattraper et la rattraper en même temps. Et puis une autre chose, aussi qu'elle n'avait pas eu le temps de voir. Le tout avec seulement deux bras.
Il n'y avait vraiment pas à dire, il était vraiment très fort.
Pendue par le col de son uniforme, elle souriait béatement. Parfois, le destin voulait pas venir et parfois, il vous tombait sur le coin de la figure, comme ça, sans prévenir. Mais le destin, elle, elle l'aimait bien, quand il lui tombait dessus comme ça.


Bien sûr, désolée, je pensais à toute autre chose...

Elle reprit position sur ses jambes et rougit en voyant la grimace sur son visage. Il aurait tout bêtement pu la laisser tomber, mais il avait pris sur lui pour la retenir gentiment et cela malgré le fait qu'il y avait ces espèces de petites choses roses dans ses bras qui faisaient des petits bruits bizarres.
D'ailleurs, quand elle se pencha un peu plus vers l'identité des-dites choses en question, elle cessa quasi instantanément de rougir. À vrai dire, c'était pas hyper facile de distinguer précisément à une telle distance et puis avec aussi peu de connaissances qu'elle en avait, mais sans l'ombre d'un doute, elle pouvait dire que c'était une nichée d'oisillons. Mais pas plus.

Il lui fit signe de le suivre et elle s'exécuta de bonne grâce. Après tout, c'était ce qu'elle attendait depuis qu'elle avait gravi ces marches, de pouvoir lui parler. Par rapport aux escaliers, la volière paraissait sombre et il lui fallut quelques secondes pour y voir clair. Lui était habitué aux lieux et il n'avait pas eu besoin d'attendre pour se délacer jusqu'à son bureau où il s'était installé sans lui jeter un regard de plus.
Au début, elle n'osait pas trop bouger alors elle piétinait un peu, sottement, en regardant autour d'elle avec des grands yeux, mais en évitant de croiser les regards des oiseaux de la volière, ce qui en soi était relativement impossible vu la concentration en volatiles de la pièce. Et puis, tout de même, elle s'était approchée de lui. Ses gestes étaient lents et précis et l'habitude s'y lisait. Si on ne le connaissait pas, on aurait pu croire qu'il avait fait cela toute sa vie.
Mais quand on le connaissait, on savait qu'il avait fait cela tout sa vie.

Dans le panier sur son établi, il y avait trois petits oisillons minuscules qui ouvraient grand le bec à chaque fois qu'il approchait la pince de bois. Gwëll songea un instant que Gareth était une bien drôle de maman et cette même réflexion fit remonter une question existentielle.


Pourquoi leur maman est pas là ?

Elle n'avait pas réellement de motivation, à la réflexion, en montant dans la volière, elle n'en avait donc pas plus désormais. Elle s'agenouilla devant le bureau et posa les coudes dessus. À cette hauteur, elle avait les bébés juste devant les yeux et elle voyait la moindre de leurs plumes minuscules.
Elle tendit un doigts vers leurs toutes petites têtes, juste pour voir si ils ouvraient aussi le bec en grand, mais elle remarqua à mi course la boule de tissu dans son poing.


Oh, je venais te rendre ton mouchoir, au fait.

Elle le déplia et lui tendit gentiment.

Ne t'inquiètes pas, je l'ai lavé, depuis.

Et son sourire était plein de fossettes. Il avait les mains un peu occupées, encore, alors elle posa le mouchoir sur le bord du bureau.

Dis, ce sont des bébé quoi ? Ils font pas trop peur, ceux là.

En effet, c'était pas comme ces autres là, qui la regardaient avec les grands yeux tous jaunes et qui faisaient peur. Elle concentra son attention sur les oisillons pour ne plus penser aux autres.
Pour ne plus penser à ces paires d'yeux fixées sur elle et qui lui donnaient l'impression qu'elle était un livre ouvert.
À vrai dire, elle avait un peu envie de fuir, pour la peine.


Gareth Wilth
Gareth Wilth

Maître fauconnier
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 18:34

Gwëll semblait avoir perdu tout contact avec la réalité. Observant la volière avec de grands yeux, on aurait dit une enfant découvrant un nouveau monde. Il fallait avouer que le spectacle qu'offrait la volière ne se présentait pas tous les jours, à part pour le fauconnier qui lui le vivait jours et nuits. Le regard de la jeune fille mêlait deux émotions. La peur et l'admiration. Gareth se rappelait leur rencontre, il se souvenait de l'incident avec Hook. Il était gros, imposant. Il se souvenait du regard de l'aequor lorsque le poids de l'animal l'avait écrasée. Et il le revoyait à l'instant même. Les gros rapaces l'effrayaient. Aucun doute possible.
La peur était irrationnelle, on ne la contrôlait pas. Et elle avait peur. Pourquoi était-elle venue dans ce cas-là ? Pourquoi venir dans l'antre de ce que l'on craignait ? Elle montrait un acharnement certain à le suivre... Mais pourquoi ? Là était tout le mystère que le métamorphe n'arrivait à élucider.
La peur faisait faire des choses irrationnelles, il en savait un rayon. Tout comme la volonté d'arriver à son but. Gwëll voulait être l'amie du fauconnier, elle n'en démordrait pas. Et ce dernier en était touché, mais cela, elle ne le saurait sans doute jamais. Autant fuir que de donner des proie à cette bête en lui. Pas d'attaches, pas de liens, rien. Et pourtant... Il en avait malgré lui.
Pourquoi la nature était-elle ainsi ? Pourquoi l'être humain avait-il forcément des liens, des intimes ? Même les plus cruels de ce bas monde en possédaient. Un amour, un ami, quelqu'un, n'importe qui. Pourquoi la nature était ainsi faite ? Pourquoi ne pas laisser les solitaires seuls, comme la définition le veut ? Bien des questions qui resteraient en suspens dans l'esprit du fauconnier.
Dans tous les cas, la jeune fille ne le lâcherait pas. Une part de lui-même lui en était reconnaissant. Elle ne le laissait pas seul. Tous, ils ne le laissaient pas seul. Mais la pensée de savoir qu'ils ne le connaissaient que de moitié ne s'éloignait que très peu. Aurait-ce été pareil s'ils savaient ? Evidemment que non. Personne ne se liait à un monstre. Personne.

Mais elle... Gareth s'occupait des oisillons, mais observait la grande blonde du coin de l'oeil. Elle... Tellement naïve, tellement naturelle, tellement... elle. Non. Même elle, elle le verrait tel le monstre qu'il était. La bête difforme, l'erreur de la nature. La blague du Dragon, l'ironie de la Dame.
Gwëll semblait avoir perdu tout contact avec la réalité et sans doute ne le reprendrait-elle jamais en présence du fauconnier. La réalité, jamais personne ne la découvrirait plus. Une, cela suffisait amplement. Une de trop.
Le fauconnier avait fini de s'occuper des oisillons, un nid douillet maintenant rien qu'à eux. Les douces lumières des boules de feu crées par les dessinateurs maintenant au-dessus de leurs têtes rosées. Il observait la jeune fille.
Gwëll avait perdu tout contact avec la réalité.
Elle ne répondit pas à la question de l'homme, mais en posa une autre. La réponse était bien difficile à formuler face à la jeune fille. Comment lui dire qu'un chat avait fait de la mère de ces petits son repas ? Pas de cette manière-là, dans tous les cas. Le tact, il ne l'avait plus utilisé depuis bien longtemps. Depuis qu'il avait quitté ses frères et soeurs à vrai dire. Le retrouverait-il ? C'était peu probable, mais fallait-il encore essayer.

- Elle s'est envolée plus loin que le ciel.

Il trouvait sa réponse pas si mal, après tout. Sauf que l'aequor ne semblait prêter aucune attention à la réponse, à présent penchée au-dessus des trois oisillons. Fascinée par ces petits êtres. Peut-être qu'après tout, sa peur n'était pas irréparable. N'était-ce peut-être qu'elle n'était pas faite pour les rapaces. Elle n'était pas faite pour les rapaces. Jeune fille, elle était la finesse, l'enfance, l'ignorance, la joie. Un petit oiseau agile, malin. Comme les oisillons devant elle. Un peu jeune, simplement. Elle n'avait pas peur d'eux, elle était fascinée.
Soudain, elle se rappela la raison de sa venue. Elle voulait tout simplement lui rendre son mouchoir. Elle l'avait lavé. Un sourire élargit son visage. Il avait reprit son travail, elle déposa donc le mouchoir sur le bureau.

- Merci.

Il lui offrit un sourire et se concentra à nouveau sur les petites bêtes qu'il examinait. Il fallait être sûr qu'ils n'avaient rien. Aucune infection, aucune maladie. Mais il semblait que chacun d'entre eux soient en forme.
Une question éclata encore. Il savait que sa fascination pour les petits allait bientôt éclatée et qu'une question allait sortir de ses lèvres. Il savait qu'elle avait peur des autres volatiles. Des rapaces. Mais pas des trois oisillons.
Il tendit la pince en bois à la jeune fille, un sourire aux lèvres. Cette dernière le rejoignit bien vite. Il lui montra le bol empli de vers, elle comprit. Il la laissa en donner trois derniers alors qu'il lui tournait le dos afin de rabattre le rideau qu'il avait installé afin d'isoler son bureau de la chambrée des bruyants volatiles. Mais cette fois-ci ce n'était ni pour travailler ni pour se reposer, mais pour tranquilliser l'aequor. Les regards des rapaces ne pouvaient plus parvenir jusqu'à eux à présent. Elle serait tranquille.

- Eh bien, tu ne m'avais pas dit que tu étais faite pour t'occuper des oisillons. Ils t'adorent, ça se sent.


Les petits piaillaient de joie, ignorant la disparition de leur mère. Et si la grande blonde continuait à s'en occuper comme elle le faisait à l'instant, peut-être l'ignoreraient-ils toujours.

- Ce sont des rouges-gorges. Ils ne font pas peur, adultes ils sont bien plus petits que les rapaces. Des petits oiseaux sans danger, quoi.

Gareth lui offrit un sourire et disparut derrière le rideau, laissant Gwëll avec les trois oisillons.
Le vacarme ne diminuait pas dans la volière, ses habitants semblaient ne pas vouloir baisser le volume. Le fauconnier s'était fait à cette mélodie, mais pour une oreille inhabituée, cela pouvait bien devenir insupportable. Pour l'homme, ces piaillements étaient tout ce qu'il avait ici. Un repère, une attache. S'il ne pouvait plus les entendre, ce serait un drame sans nom. Une tragédie. L'hécatombe. Sans ces cris, il ne saurait où aller, son phare disparu. Ces cris n'étaient pas assourdissants pour lui comme ils étaient pour les autres, ils étaient repères.

Le fauconnier traversa la volière pour atteindre la partie réservée aux oiseaux autres que rapaces. Il se dirigea vers un perchoir en particulier et sourit lorsqu'il vit deux pairs d'yeux le fixer avec intensité. Les deux oiseaux s'envolèrent dès que l'homme tendit la main. Leurs ailes battaient si vite que les apercevoir tenait du prodige, on pouvait en revanche voir leur col rouge-orangé sillonner le plafond.
Gareth tendit ses deux mains et, sans un appel, les deux rouges-gorges vinrent se poser entre son pouce et son index, un sur chaque main. Il leur souffla sur la tête, sourit et revint sur ses pas. Lorsqu'il réapparut derrière le rideau, l'aequor se retourna d'un coup, tel une fautive. Il releva un sourcils, les deux oiseaux encore perchés sur ses mains. Il passa outre, ne cherchant pas à comprendre, et s'avança. Les trois oisillons s'agitaient encore dans leur petite boite aménagée.
Il fit s'envoler un des deux rouges-gorges et garda l'autre. Le petit oiseau alla se poser sur une poutre dans les hauteurs de la volière. Gareth tendit la main pour que Gwëll admire l'oiseau qui était resté sur sa main gauche.

- C'est un rouge-gorge adulte, il est petit, mais coriace. Faut pas se fier à la taille, c'est quelque chose que tu apprends vite quand tu es fauconnier. Celui-là s'appelle Rumeur.

Le regard de la jeune fille brillait de milles feux et le sourire de Gareth – éteint depuis plusieurs jours – restait bien longtemps sur ses lèvres.

- Tu veux le tenir ? Il ne fait pas mal et est léger comme une plume. Tends la main, comme ça...

Elle ne paraissait pas rassurée, mais semblait tout de même vouloir essayer. Lorsqu'elle fut enfin prête, il recula et fit s'envoler l'oiseau qui alla se poser en douceur entre le pouce et l'index de l'aequor, sous le charme.





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Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeVen 6 Sep 2013 - 22:35

Il y avait dans ces mains, l'expérience des années et à la fois, on aurait dit que c'était comme une première fois, avec cette angoisse de mal faire, d'être trop brusque. C'était ce mélange d'assurance et à la fois de retenue qui était stupéfiant. Sans nul doute elle n'avait jamais vu autant de savoir et d'humilité en une seule personne.
Alors ses yeux ne lâchaient rien, c'était à peine si ils osaient cligner, de peur de manquer l'instant, le geste essentiel. Car il y avait là toute une technique qu'elle n'acquerrait certainement pas par la simple observation mais qu'elle voulait pouvoir toucher du doigt, au moins pouvoir dire qu'elle avait essayé.

La pince allait vite, entre le bec et la boite, puis entre la boite et le bec et puis elle ralentissait quasiment jusqu'à s'arrêter en vol stationnaire au dessus des gosiers entrouverts. Il déployait alors toute la délicatesse du monde en un geste lent et mesuré. Ainsi, il aurait presque pu faire passer la méthode au rang de science.
Le ver tombait précisément à l'endroit désiré, un minuscule piaillement s'en suivait et puis la pince reprenait sa route. En soi, le mouvement pouvait s'apparenter à une sorte de huit allongé, tel le symbole de l'infini et en vrai, c'était presque un peu ça. Ce même geste, répété des fois et des fois et ce jusqu'à satiété.

Leur mère s'était envolée plus loin que le ciel.
Une part d'elle même, celle qui était la plus omniprésente, lui soufflait que c'était tout bonnement impossible et le peu de rationalité qu'elle possédait lui disait qu'au dessus du ciel, il n'y avait plus rien, que du vide, puisque le ciel s'étendait jusqu'à perte de vue et que ce qui n'était pas visible ne pouvait pas exister. Et d'un autre coté, il y avait cette voix douce qui essayait de lui expliquer que si, il y avait quelque chose, au delà des nuages, mais qu'on n'en revenait pas et qu'elle connaissait des gens qui y étaient allés et qu'elle avait jamais plus revus.
Mais il y avait une sorte de quelque chose, dans son inconscient qui faisait que cette voix ne parvenait pas jusqu'à ses oreilles et c'était certainement cette chose qui faisait d'elle ce qu'elle était et en particulier, cette innocence qui la caractérisait.
Il restait donc de cette formulation une image pure et lumineuse d'une maman rouge gorge volant fièrement entre les blanches volutes des nuages, haut, plus haut que le bleu éclatant de l'azur.

Il accepta le mouchoir en un remerciement discret.
Elle le sentait préoccupé. Probablement était ce de la concentration, mais elle ne pouvait en être certaine. D'ailleurs, elle ne pouvait jamais être certaine de rien. Et elle n'en était jamais certaine.
Il se tourna vers elle à sa remarque et sourit doucement. Lui aussi devait se souvenir de cet instant où l'oiseau avait enfoncé ses serres dans son bras. Cet instant où elle avait senti son cœur cesser de battre et imaginé, une seconde, ses poumons s'arrêter. Certainement qu'elle n'oublierait jamais tant elle avait eu peur.
Il lui désigna la pince d'un geste du menton et elle contourna le bureau. Il lui tendit avec bienveillance et elle l'attrapa. Elle hésitait un peu sur la marche à suivre. À vrai dire, elle l'avait observé, mais ça ne faisait pas tout, il n'y aurait certainement pas dans ses gestes la prestance des siens à lui.

La pince entre les doigts, elle chercha l'aide dans son regard, mais elle y trouva de la confiance et il lui tourna le dos. Elle jeta un œil au bol devant elle. Trois vers. Ils gigotaient encore et son geste fut tremblant -elle craignait tant de les blesser, sans songer un instant qu'après, ce serait bien pire.
Et puis elle approcha l'ustensile des becs béants et elle déposa la bête au beau milieu d'un des gouffres. Il se ferma d'un coup sec et puis quand il se rouvrit, il n'y eut plus que du noir, comme si le ver avait disparu par magie. Après tout, il fallait croire que la vie tenait à ça, des fois, un peu de magie et c'était tout. Elle fit de même avec les deux derniers vers qui disparurent à l'identique au fond des autres gosiers.
Quand elle se retourna, il était là, juste derrière son épaule, observant ses gestes. Elle rougit.


Je n'ai pas fait d'erreurs ? J'ai essayé de faire comme tu faisais, mais c'était la première fois...

Son sourire s'étira haut sur son visage et il la complimenta. Certainement qu'elle avait eu de la chance, pensa-t-elle, mais il avait l'air de croire en ses capacités alors elle se permit de croire aussi.

Ils auront des plumes rouges, sur leur gorge, alors ?

Il sourit encore et passa derrière le rideau. Seule dans la pièce, elle en fit rapidement le tour, du regard. Elle était sobrement meublée, avec le strict minimum vital, une table, une chaise, et une couchette aménagée dans un recoin sombre. Elle s'agenouilla face à la table, de manière à se retrouver avec les oisillons au niveau des yeux.
Ils s'agitaient doucement, leurs petits becs tendus, encore, vers le ciel. Ils avaient de toutes petites ailes toutes ridicules et encore dépourvues de plumes. À vrai dire, elle ne parvenait pas à s'imaginer qu'ils puissent un jour voler avec de pareils membres. Elle osa un doigts vers un de ces petits ventres roses et s'étonna de le trouver chaud. Probablement, elle n'avait pas songé que ces formes qui s'agitaient là, sous ses yeux étaient toutes aussi vivantes qu'elle même.

Il y eut des pas dans son dos et elle se retourna vivement. Elle ne savait pas si elle avait le droit de toucher les bébés et, maintenant, elle n'osait pas demander à Gareth, parce que ça aurait été avouer qu'elle avait fait une bêtise si tant était qu'elle n'avait pas le droit.
Il portait sur chaque main un petit oiseau vif. Les deux animaux s'agitaient frénétiquement, tournant la tête brusquement d'un coté et de l'autre. Les pieds de Gwëll, empreints de vies propres glissèrent silencieusement sur le sol, comme attirés par les petites formes de vie. Gareth leva l'un de ses bras et l'oiseau s'envola prestement en une nuée de battements d'ailes. Il approcha son autre main vers elle.
Sur son majeur, posé sur ses petites pattes, la regardait, curieux, le petit animal. Il ne cessait de bouger comme si l'immobilité le figerait à jamais, il frémissait, se dandinait, claquait du bec, piaillait sans discontinuer.


Adulte ? Mais il est minuscule...

Elle remarqua la trace rouge à la base de son cou et songea qu'elle avait eu du flair.
Et puis elle repensa  aux petits tous roses dans leur boite et se demanda de quelle étrange manière ils pourraient bien réussir à devenir comme celui là. À vrai dire, ils étaient tellement différents, physiquement, que la ressemblance, même après réflexion restait bien tenue. Si le fauconnier ne lui avait pas dit qu'ils étaient de la même race, d'ailleurs, elle ne l'aurait probablement jamais su.
Il lui proposa de tenir l'oiseau et soudainement, l'air ne passa plus dans ses poumons. La dernière fois... La dernière fois qu'on lui avait proposé quelque chose d'identique, le résultat avait été pour le moins catastrophique et elle craignait -à juste titre, certainement- que ça ne se reproduise à l'identique. Aussi, elle eut un mouvement de recul. L'oiseau capta son geste et pencha la tête avec intérêt.

D'... D'accord. Mais tu le surveilles, hein ?

Elle avala sa salive. Malgré cela, bien au fond d'elle même, il y avait cet intérêt, cette curiosité, cette partie d'elle même qui la poussait à aller de l'avant, à tenter le tout pour le tout. Avait elle seulement encore quelque chose à craindre ? Fallait croire que, de toutes manières, ça ne pouvait pas être pire.
Il y avait juste cette peur, cette peur à vaincre, mais ce n'était qu'on obstacle et il tenait à elle de passer au dessus.


…Tu sais, j'ai encore un peu peur.

Lui même semblait confiant alors elle ferma les yeux et tendit la main doucement devant elle. Au début, elle ne sentit rien, et puis elle se détendit doucement et osa ouvrir l'oeil. Ses grands yeux noirs étaient fixés dans les siens et même s'il n'en avait pas à proprement parler, elle devinait l'esquisse d'un sourire dans son expression faciale.
Il sautilla sur place et elle sourit.


Pourquoi est ce que ceux ci ne se comportent pas comme les autres ?

Pourquoi est ce que les pumas mangent de la viande et les hérissons des limaces ? Dis moi, raconte moi, je veux savoir la vie.


[I love you]

Gareth Wilth
Gareth Wilth

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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeMer 9 Oct 2013 - 22:55

La peur se lisait dans son regard noisette. Jamais plus elle n'aurait confiance en ces bêtes-là, c'était certain. Sauf si quelque chose ou quelqu'un faisait en sorte du contraire. La réconcilier avec ces êtres du ciel.
Elle l'avoua enfin à voix haute. Avouer était le premier pas vers la sortie. Et Gareth comptait bien lui montrer la beauté des oiseaux. Un tel défi lancé qu'il ne se permettrait pas de perdre. Il était vrai que pour lui c'était facile de dire que la peur n'avait pas sa place lorsque l'on était en face de ces plumés, il avait toujours vécu avec eux et les admirait bien au-delà de la simple pensée. Ils avaient cet incroyable don que lui-même ne posséderait jamais, pour son plus grand malheur.
Voler. Battre des ailes, sentir les courants glisser sous son plumage, suivre les nombreux mouvements des vents, aimer l'air jusqu'à n'en plus pouvoir, ne faire plus qu'un avec le ciel, se fondre dans les nuages, regarder le soleil dans le blanc de ses yeux, chuchoter des mots doux à l'oreille de la lune, jouer au-delà des cimes des grands arbres, planer contre les flancs des montagnes. Être libre de ses mouvements. Tout simplement. Voler.
Il était facile pour lui d'aimer ces êtres aux plumes colorées. Il comprenait leur envie de liberté, son instinct animal en était empli. Ce sentiment de ne faire plus qu'un avec le monde, de n'obéir à aucune règle sauf celle de la nature. Oui, ce sentiment-ci. Unique et si exaltant.
C'était mentir que de dire qu'il ne l'avait jamais ressenti, il savait exactement ce que cela procurait. Son autre nature lui offrait cette liberté tant désirée. Comment ? Cette question est si futile. La réponse est évidente.
Sentir le sol défiler à une vitesse inimaginable sous ses pattes de velours, humecter les vents la truffe tournée vers le ciel, sentir cette allégresse sur son pelage d'un beige éclatant, presque planer au-dessus des herbes fraiches de la rosée matinale, les oreilles frétillant au moindre son alentours, faire corps avec la terre. Courir, être félin, libre. Il le ressentait à chaque transformation et les sensations étaient si grisantes. Sentir son instinct animal ainsi titillé, c'en était presque effrayant.
Le métamorphe savait ce que pouvaient ressentir ses amis, il les comprenait mieux que quiconque. Gwëll ne saurait jamais, elle ne percevrait jamais ces étincelles d'intense et pur bonheur. Cette joie indéfinissable qui l'irradiait lorsqu'il galopait librement dans les montagnes.

Un sourire parut sur le visage de la jeune fille. Rien n'était perdu, finalement. Peut-être apprendra-t-elle à aimer ces petits êtres à nouveau, car après tout, les deuxièmes chances existaient bel et bien. Pourquoi ne pas en donner une à Gwëll et aux oiseaux qui semblaient si effrayants à ses yeux.
Et pour une deuxième chance, le fauconnier trouvait cela très réussi. La jeune fille observait le rouge-gorge avec des yeux ébahis, comme si elle découvrait ce petit oiseau pour la première fois. Toute trace de peur s'était évaporée, peut-être une légère étincelle brillait-elle encore dans ses yeux. Mais le principal était déjà bien loin.

Je te ferai découvrir leurs ailes, leur liberté. Tu n'auras plus peur d'eux. Je t'en fais la promesse.

Le fauconnier esquissa un sourire à la question de Gwëll. Pourquoi est-ce que ceux-ci ne se comportaient pas comme les autres ? Pas comme Hook et Noisette ? Simplement parce qu'ils n'étaient pas pareils. Aucun oiseau n'était identique. Ils étaient des animaux, des êtres vivants, non des clones. Aucun d'eux ne se ressemblaient, aucun d'eux ne réagissait de la même manière face aux êtres humains. Oui, les rapaces possédaient certains mêmes réflexes. Oui, ils réagissaient parfois tous de la même manière. Ils restaient cependant des êtres à part entière et dotés chacun d'une conscience unique.
Noisette était le plus fidèle de toute la volière, Sharo ne supportait pas que l'on touche aux plumes de son cou, Rumeur était du genre à s'attacher rapidement aux autres, Humus aimait les caresses plus que n'importe quel autre, Glue était arrogant lorsqu'il s'agissait de son plumages aux couleur chatoyantes.
Rumeur ne se comportait pas comme les autres, car il n'était pas les autres. Il était lui et avait sa propre conception des choses. Les plus scientifiques diraient que le fauconnier est fou jusque dans les moindres particules de son corps, mais il le ressentait comme cela. Ces oiseaux étaient comme les êtres humains. A quelques exceptions près.

- Tu sais, ce n'est parce qu'une personne est mauvaise que toutes le sont. C'est pareil pour eux.
Gareth caressa d'un doigt le plumage de Rumeur encore juché sur la main de l'aequor. Le rouge-gorge était d'un calme presque déstabilisant. Tournant frénétiquement sa tête de tous côtés, il fixait souvent la jeune fille qui ne le quittait presque pas du regard. Elle jetait parfois des coups d'oeil en direction du fauconnier.

- L'oiseau que tu as porté la dernière fois, Noisette. C'est un rapace, une buse de Harris. Elle a des serres et est taillée pour la chasse. C'est un oiseau bien imposant comparé à Rumeur qui lui n'a pas de serres. De simples petites griffes inoffensives.
Grenat descendit soudain de son perchoir, survola les trois oisillons et se posa à leurs côtés. Gestes saccadés, il observait les nouveaux venus avec une moue dubitative. Voir l'adulte aux côtés des petits, Rumeur aussi calme perché sur la main à l'aequor, tout ceci lui donna soudain une idée.
Gwëll allait se réconcilier avec les êtres à plumes, si elle le voulait bien. Un pas et peut-être n'aurait-elle plus aussi peur des oiseaux.
Il lui sourit, elle était absorbée par Rumeur.

- Les oiseaux sont de très bons amis, fidèles. Ils savent écouter.
Silence. Le regard de la jeune fille n'avait pas quitté les prunelles de l'oiseau.

- Tu aimerais en avoir un à toi ?


Gwëll Yil'Sleil
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeSam 30 Nov 2013 - 22:24

Peut être que si elle avait eu des plumes, peut être que si elle avait eu des ailes elle les aurait compris.
Mais elle n'en avait pas. Elle n'en avait pas et elle n'en aurait jamais. Jamais elle ne pouvait planer le long des versants arborés, jamais elle ne pourrait brasser les courants iodés.
Non, elle était destinée à rester sur terre, les deux pieds solidement ancrés dans le sol. À ne croire toucher le ciel qu'en montant dans une tour, à n'avoir l'impression de filer qu'en profitant du galop de son cheval. Elle était humaine et la moindre de ses cellules était destinée à cette fonction. Elle était humaine et elle ne pourrait seulement jamais être autre chose.

L'oiseau eut un mouvement d'ailes, furtif. Il la regardait bien en face et ses yeux semblaient vouloir délivrer un message. Un message qu'elle ne pourrait cependant jamais comprendre. Il y avait un monde, entre eux et un monde ne se comblait pas en un regard.

Elle releva les yeux vers Gareth et elle sentit sa nuque lui tirer.
À vrai dire, l'oiseau lui semblait si léger et si fragile qu'elle craignait bêtement de le faire tomber. Alors elle était figée. Dans son intégralité, jusqu'à ses doigts de pieds qu'elle n'osait pas décrisper. Même son expression était figée et c'était à peine si elle osait respirer.
La fauconnier avait un air songeur et il paraissait perdu dans ses pensées. Il voulait croire, et il croyait que les gens étaient comme les oiseaux et les oiseaux comme des personnes. Que le monde n'était pas complètement gentil ou complètement méchant et qu'il y avait des nuances. Elle voulait y croire aussi, mais par moments, il lui semblait que c'était quasi impossible à déterminer. Enfin, qu'elle même était incapable de voir, ni au premier abord ni à aucun autre, si une personne était bonne ou mauvaise.

Le jeune homme caressa le rouge-gorge et l'espace d'une seconde, Gwëll eut l'impression que la petite bête tendait la tête vers le doigt de son propriétaire. Mais probablement n'était ce qu'un illusion, on lui avait dit que les animaux étaient incapables de tout sentiment et que ce qu'ils éprouvaient n'était que purement sensitif et jamais affectif.
Mais tout de même...


Tu veux dire que Noisette ...tue des animaux ?

Elle se sentit pâlir, bien vite, et un frisson lui parcourut le corps. Elle avait porté un animal qui en avait tué d'autres, un meurtrier, un carnassier. Soudainement, malgré tout le temps et toute l'eau qui s'étaient écoulés, son bras lui semblait sale, souillé. Elle eut un regard de biais, mais sans oser toutefois le bouger, toujours pour ce petit être sur son doigt.
Et puis l'autre, celui qui était caché dans les hauteurs de la volière descendit en planant. Il fit un tour et puis se posa sur la table, juste à coté des oisillons. Et puis il se pencha vers eux, doucement, avec des gestes mesurés et elle se surprit à retenir sa respiration. Bien sûr, elle savait qu'il ne leur ferait rien, mais malgré tout, avec cette histoire d'oiseau prédateur, elle voyait le mal partout, désormais.

Rumeur sautilla et fit demi tour sur lui même phénomène de flipping, moins d'une fois par mois et par cellule/PAN. Non, elle ne pouvait pas croire que tous les oiseaux étaient mauvais, bien sûr, celui là en était la preuve vivante, du haut de ses deux petits pattes, mais son appréhension qui s'était beaucoup résorbée était revenue brutalement, à son paroxysme.

Gareth semblait convaincu du bien fondé de ses oiseaux et on ne pouvait pas l'en blâmer. Probablement que les années avaient effacé les signes de monstruosité dans leur comportement à ses yeux. Mais elle, elle avec ses yeux tout neufs, elle les voyait, ces barbarismes, ces cruautés. Et elle ne pouvait que s'en indigner.
Il parlait d'amitié, de fidélité, d'écoute, mais elle, elle ne voyait que la soif de sang, l'avidité de viande fraîche, cette étincelle, au moment de refermer leurs serres sur les cous fragiles de leurs proies. Oui, les oiseaux étaient violence, derrière leurs grands airs de légèreté.

Non, jamais.

Les mots étaient sortis d'eux même et probablement le pensait elle, tout au fond. Elle ne pouvait tolérer autant de violence, de haine.
Et à coté de ça, elle regardait ces grands yeux noirs, sans iris, de Rumeur. Et c'était comme un puits, comme un aimant qui l'attirait toujours plus profond. Là dedans, elle avait l'impression de regarder le ciel un soir dégagé, sans étoiles, juste un infini attirant, affolant.

Enfin... Je crois que je suis pas prête à être guérie.

Elle se mit à trembler, nerveusement, doucement. Sur son index, le petit rouge gorge pencha la tête sur le coté. En même temps, il lui semblait qu'elle lui en voulait, de l'avoir su, pour Noisette, et à la fois, ce n'était pas sa faute, cela devait lui sembler si naturel.
Une larme nerveuse roula sur sa joue et elle se mordit la lèvre. Elle ferma les yeux, bascula la tête en avant, comme si elle voulait se cacher du ciel, de ce ciel si traître qui voyait voler les chasseurs mais ne les empêchait pas.
Sur sa joue, les larmes dessinaient un ruisseau sinueux et laissaient sur leur passage une peau à l'odeur marine. La première larme, en éclaireur, quitta son visage. Elle roula le long des courants d'air mais n'atteignit jamais le sol, cueillie en chemin par un bec minuscule.

Gwëll ouvrit un œil et son regard humide se porta sur le petit être, à ses pieds, qui jouait à attraper la pluie. Dans son dos, elle sentit le regard intimidé du fauconnier. Il semblait désemparé et gêné, de la voir, ainsi, à nu dans ses émotions, une fois encore. Bien sûr, elle avait la larme facile, mais pas une n'était versée pour une cause sans intérêt et même si elle ne les comptait pas, elle avait mis en place une sorte d'économie qui faisait qu'elle les réservait pour les choses qui la touchaient réellement.


Je suis désolée... Mais j'y ai cru. C'est que... C'est à cause de... Tu sais.

Peut être qu'il ne savait pas, mais elle ne voulait pas le dire. En parler, encore une fois, c'était l'accepter et il était intolérable d'accepter pareille chose.

On peut apprendre à lutter contre sa nature ?

Dit ainsi, ça lui  semblait tellement improbable. Mais un oui, même un oui minuscule aurait suffit à l'apaiser. Elle doutait. Elle doutait trop, trop facilement, c'était dans sa nature et, pour l'instant, elle ignorait encore si elle pouvait lutter contre.

Tu crois que si ils se rendaient compte, ils pourraient changer ?

C'était toujours la question, avec de si, on aurait pu mettre Gwendalavir en bouteille.

Tu crois qu'ils voudraient ?


Gareth Wilth
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeJeu 2 Jan 2014 - 19:25

Certaines personnes étaient bien plus émotives que d'autres, plus sensibles. Gwëll faisait parti de ces personnes, à première vue. D'autres ne prenaient en compte leurs sentiments, n'écoutant que leur raison. Gareth ne faisait parti d'aucune de ces deux catégories. Comme une bête, il suivait ses pulsions. Comme un homme, il ressentait des choses qu'il était incapable de déterminer. Le bien, le mal, il ne le concevait pas de la même manière que bien des personnes. Pour lui, tout était constitué de ces deux matières. Harmonie. Chaos. L'un n'existerait pas sans l'autre, comme l'homme et la femme. Le blanc et le noir. Le jour et la nuit. La Dame et le Dragon. Tout était fait comme une pièce. A double tranchant. Le fauconnier était certain que tout sur cette terre possédait ces deux faces. Parfois l'une plus imposante que l'autre, mais toujours un duo. Le métamorphe était un exemple étonnant de sa pensée. Deux forces se poussaient en lui, deux forces égales. Lui, la bonté. L'Autre, la rage. Tout était fait de ces deux essences. L'harmonie et le chaos. Rien n'y échappait. Pas même les oiseaux. Pas même l'aequor, même si elle ne s'en rendait sans doute pas compte.

Gwëll répondit du tac au tac. Non. Cela ne blessait en rien le fauconnier, il voulait simplement l'aider à surmonter sa peur, rien de plus. L'aequor sembla soudain trembler, une larme perla sur sa joue. Baissant la tête, elle fuyait tous les autres regards. Ou fuyait-elle autre chose ? Les larmes continuèrent à affluer, un torrent déferlait contre sa peau si fine. Grenat, maintenant à ses pieds, jouait frénétiquement avec les gouttes qui pleuvaient sur le sol.
Gareth ne savait pas quoi faire, il était bien gêné face à cette situation. Que faire ? Il n'était pas doué pour consoler. Il ne l'était plus. Il avait oublié comment faire, comment trouver les mots exacts pour stopper cette pluie incessante. Ces mots, il les avait perdu depuis plusieurs années. Il ne les retrouverait jamais plus et cela le désolait. Il aurait voulu la réconforter, lui dire que tout allait bien, mais il en était incapable.

Le métamorphe avait eu peur qu'elle ne parle plus, mais sa voix résonna dans la volière, tremblotante. Sa phrase, presque inintelligible, était dénuée de sens. Bien sûr, les mots allaient entre eux, mais le fauconnier ne comprenait pas où elle voulait en venir.
Oh... oui. Elle avait cru pouvoir guérir. Gareth voyait très bien ce qu'elle allait faire. Abandonner. Expert dans cet art, il voyait lorsque quelqu'un tentait d'échapper à sa peur. Les expressions ne trompaient jamais. Et Gwëll était sur le point d'abandonner. Il était bien placé pour savoir que ce n'était pas la bonne solution, même s'il continuait à l'employer. Fuir ne résolvait rien. Renoncer à se battre... Abandonner tout espoir... Se rendre à l'évidence, ne plus affronter ses démons. Tout ceci faisait son quotidien.

Elle parla encore. Sa question résonnait en lui comme un écho. Pouvait-on apprendre à lutter contre sa nature... Certainement, Gwëll le pouvait. Elle n'aurait pas trop de peine à affronter cette nature qu'elle désirait changer en elle. Au contraire du métamorphe... Ce qu'il tentait en vain de vaincre faisait partie intégrante de lui. La moitié de son être. Quelqu'un comme lui ne pouvait lutter contre sa nature, il devait l'accepter. Ce qu'il ne faisait pas, provoquant les désastres qui accompagnaient sa vie. Quelqu'un de normal pouvait lutter avec un minimum de volonté.
Qui aurait cru que cette petite visite tournerait ainsi ? Qui aurait pu prévoir que les questions de la jeune fille provoqueraient de tels tourments dans l'esprit de l'homme, qui, pour une fois, s'était levé du bon pied ?
Gareth reprit contenance en offrant un tabouret à l'aequor afin qu'elle puisse s'assoir un moment, puis il lui tendit le mouchoir qu'elle était venue lui rendre. Il s'assit également. L'un en face de l'autre, deux autres questions fusèrent de la bouche de la jeune fille.


- Ils ? Tu veux parler des rapaces ?

Elle hocha de la tête.

- Eh bien, les rapaces sont des carnivores, ils mangent de la viande comme d'autres oiseaux mangent des fruits. Je ne pense pas qu'ils pourraient changer leur mode d'alimentation, même s'ils le voulaient. Ce sont des animaux, tout de même. L'instinct est plus fort chez eux, il guide leurs décisions. Mais tu sais, nous sommes exactement comme lui, voir même pires. Oui, Noisette tue des petits animaux pour se nourrir, mais il tue uniquement ce dont il a besoin, jamais plus. Les hommes tuent pour tuer... Les rapaces sont différents des hommes sur ce point.

Il prononça ses dernières paroles en un seul souffle. Combien de fois avait-il croisé des cadavres de siffleurs abandonnés dans les montagnes, des flèches plantées dans leurs flancs. Et pas uniquement des siffleurs. L'homme était barbare...
Gwëll ne semblait toujours pas convaincue par les paroles du fauconnier. Peut-être devait-il le lui montrer ? Non. C'était une mauvaise idée, elle avait déjà bien assez pleuré. Bien assez peur.


- Tu sais, je vais te dire quelque chose.

Grenat prit alors son envol et se posa sur les genoux de l'homme. Se mettant en boule, il ferma ses petits yeux noirs profonds et s'endormit. Un sourire triste se fraya un passage sur le visage de Gareth alors qu'il caressait la petite tête du rouge-gorge du bout des doigts.

- Tout ce que tu vois dehors obéit aux lois d'un équilibre délicat. Tu ne peux changer la nature d'un animal, pas plus que tu ne peux modifier la position du Pollimage.

Peut-être verrait-elle où il veut en venir, peut-être pas. Mais il comptait bien lui montrer les merveilles de la nature avec tout ce qu'elle comporte de bien et de mal.

- Quand nous mourrons, nos corps se transforment en herbe et le chuchoteur mange l'herbe, puis le rapace mange le chuchoteur. C'est comme les maillons d'une chaine dans le grand cycle de la vie. On ne peut aller contre. Oui, ils mangent, comme nous, de la viande. Mais ils ne sont pas pour autant plus des meurtriers que les hommes. Tu n'as pas à avoir peur d'eux, ils ne chassent pas les grosses bêtes et surtout, ils chassent uniquement selon leurs besoins.

Pause. Il ne savait pas si son discours allait la rassurer, mais il l'espérait de tout son coeur.

- Et puis, Rumeur et Grenat sont de petits oiseaux adorables, ils ne feraient pas de mal à une mouche. Ne pleure plus, avec les deux petits qui sont là, tu ne crains rien. Avec moi, tu ne crains rien.

Toujours caressant Grenat, il ne regardait pas le visage de la jeune fille, trop gêné par ses larmes. Il ne savait même pas si elles s'étaient stoppées.

N'aies pas peur, n'aies plus peur. Tu ressemble bien plus à ce petit rouge-gorge sur tes genoux que tu ne le pense.




[ Si soucis, mp, et édition :3 ]

Gwëll Yil'Sleil
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeDim 13 Avr 2014 - 16:14

Il lui avait tendu un tabouret et elle s'était laissée tomber dessus comme un chiffon détrempé, un éponge.
Il lui avait donné un mouchoir et s'était assis en face d'elle pour parler. Elle avait les yeux baissés sur ses pieds et elle ne le regardait pas. Mais elle ne sentait pas non plus son regard sur elle. Il semblait pudique, probablement que l'effusion devait le gêner.

Il parla un certain temps et elle fit peu attention à ce qu'il disait. Tout son être était concentré sur le ton. Beaucoup d'animaux réagissaient ainsi. Peu importe le contenu, l'important, c'était la manière. Il aurait pu lui parler de ce qu'il voulait, ça n'avait absolument aucune importance. Tant qu'il posait sa voix ainsi.
Le reste -le sens-, c'était à elle de le choisir. De mettre des idées sur les sons, de réinventer le langage. Parce qu'en son sens, il n'y avait aucune raison pour que les mots n'aient qu'une seule signification, il ne tenait qu'aux gens de leur en trouver d'autres.

Elle rêvait qu'il lui parlait du ciel et du vol des oiseaux, des brises et de leurs plumes. De tous ces instants de vie qu'ils volaient depuis là haut. Ces images que personne n'était destiné à voir, ces pages d'existences qui prenaient une autre dimension. De ce qu'il pouvaient en penser.
Oublier la nature même de l'animal, se concentrer uniquement sur son enveloppe. Sur ces ailes qui faisaient que c'était un oiseau et pas autre chose. Revenir à la définition même de l'espèce. Mettez des ailes à un siffleur, vous en faites un oiseau. Des écailles à un homme, c'est un poisson. Elle ferma les yeux et se rêva des ailes.

Si elle n'avait pas le choix, tuerait elle pour manger ? Probablement pas. Mais peut être que si, si il n'y avait pas d'autres solutions. Car c'était tuer pour ne pas mourir. Elle se laissa planer sous un courant et se demanda si elle pourrait faire autrement. Manger quelque chose qui ne soit pas vivant. Pas de conscience, pas de sentiments. Pouvait on se nourrir de choses qui ne respirent pas ?
Elle crut entendre que la vie était un cycle. Les gens finissaient par mourir. Funeste destin, elle même quitterait la vie. Tuée ou dépérissant à petit feu. Était il pire de servir à quelque chose, après la toute fin ?


Et si je ne voulait pas mourir ?

Il la regarda étrangement, elle répondait à coté.

Tu as dit que c'était un cycle, que je deviendrais de l'herbe, puis du chuchotteur et du rapace. Je ne suis donc pas que moi ? Si je suis ce que je mange, pourquoi je ne change pas à chaque fois ?

Elle se demanda ce qu'on devait ressentir en se transformant, en passant du soi au non-soi qui devenait nous. Mais alors, l'intégrité était perdue, gardait on al conscience ? Y avait il cette impression de fragmentation ? Sentir tous les sois dans tous les autres à la fois. Dans un même temps, les bonheurs, les douleurs, les peurs. Tout, tout, jusqu'à en exploser, jusqu'à vouloir mourir et se fragmenter alors encore plus.

Comment je suis devenue ce que je suis née ?

Il fronça les sourcils, elle devait être dure à suivre.

Je veux dire, si les choses naissent d'une mort, quelque chose est mort à l'intérieur de ma mère quand je suis née ?

Tout ça faisaient beaucoup de choses qu'elle avait jamais prises en compte. Les larmes s'étaient taries, maintenant, elle pleurait des interrogations.

Tu crois qu'on pourrait se transformer ?

Son esprit fantasque avait quitté les chemins de la raison. Maintenant, devant ses yeux, s'ouvraient tous les possibles, les réalisables et les peu probables. Les rêves et les chimères. Plus encore que le ciel, c'était un monde immense que personne ne pourrait jamais explorer en totalité.
Son monde.


[Si ya un problème, dis moi touuuut o/]

Gareth Wilth
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeMar 30 Sep 2014 - 23:24

Et si je ne voulais pas mourir...

Personne ne voulait réellement mourir. La mort faisait peur, elle effrayait tous les humains. Celui qui niait cette évidence mentait pour oublier cette peur. Mais chacun en avait peur. Même le fauconnier. Il avait beau y avoir pensé à plusieurs reprises à cause... de Lui... il en avait peur. La mort lui faisait peur comme chacun. Après tous ces meurtres qu'il avait commis sous le pouvoir de l'Esprit, à chaque fois, il avait pensé à la mort. S'il décidait de mourir, la Bête disparaîtrait avec lui. Libérant le monde d'un danger qu'il ignorait. Il y avait pensé... Beaucoup. Mais à chaque fois, cette peur l'en avait empêché. Cette même peur qu'il voyait dans le regard de la jeune fille. Cette détresse...

Pourquoi ne puis-je me taire ? Je n'aurais pas dû lui parler... J'aurais dû lui dire que j'avais des choses à faire...

Mais il n'avait pu. Il l'avait invitée à entrer, il avait essayé de lui montrer la beauté des oiseaux malgré sa peur. Et il la faisait pleurer de ses propres mots.
Quel imbécile...
Gwëll se posait beaucoup de questions, elle ne comprenait pas encore la vie. Une enfant. Sa question le fit sourire. Pourquoi ne devenait-elle pas ce qu'elle mangeait ?


- Parce que tu es humaine. Tu n'es pas un monstre qui se transforme en autre chose, tu n'es qu'humaine. Heureusement pour toi.

Sa gorge se serra...

Tu n'es pas comme moi.

Lui, il changeait. Son corps se muait en deux apparences, il devenait autre. Il était un monstre qui ne savait choisir entre l'homme et le félin. Pourquoi ? Question ultime à laquelle le métamorphe avait essayé de répondre durant toutes ces années. Le pire était cet Esprit dans sa tête, il le sentait, là, tout près. Toujours. Sa présence, même masquée, il la ressentait. Il savait qu'Il était là, non loin de son propre esprit. Un corps, deux formes, deux esprits. Un monstre.
Aurait-elle peur si elle savait ? Le fuirait-elle ? Sans doute... Elle était si fragile. Elle aurait peur, sans aucun doute possible.

La réflexion de Gwëll devenait dure à suivre pour Gareth. D'une part parce qu'elle le faisait réfléchir à ce qu'il était, et d'une autre parce que les pensées de la jeune fille étaient complètement désordonnées.
Si quelque chose était mort chez sa mère lorsqu'elle était née... Gareth n'eut pas le temps ne serait-ce que de réfléchir à la question que l'aequor posa une nouvelle question. Cette dernière acheva le fauconnier. Depuis quelques minutes qu'elle faisait des allusions sur la nature de l'homme sans s'en rendre compte, elle venait d'atteindre le problème ultime.

Pourrait-on se transformer...

La réponse s'imposa à lui. Il était le mieux placé pour le savoir. Oui. Il ne pouvait seulement la lui donner. Il n'en avait ni le droit ni l'envie. La lui offrir était s'exposer plus encore à l'extérieur, au monde, mais également à la mettre en danger. Il ne pouvait lui répondre.
Se transformer... On le pouvait. Enfin, certains en étaient capables. A sa connaissance, il n'y avait que sa soeur et lui. Et une inconnue qu'une psychopathe à l'oeil bleu profond cherchait dans les collines de Taj. Il ignorait si d'autres bêtes comme lui existaient, il ignorait s'ils étaient les seuls. Peut-être étaient-ils une race ? Peut-être possédaient-ils un nom ? Il ignorait pour l'instant tout de sa propre nature... Et cela l'effrayait. L'inconnu était bien plus angoissant que la peur.


- Peut-être...

Pourquoi avait-il répondu cela ? Par tous les dieux, pourquoi ??? Répondre “non“ aurait été si simple !... Mais il ne pouvait mentir à Gwëll. Il ne pouvait que lui dissimuler la vérité, passer par d'autres chemins. Il n'avait pu lui dire non. Mentir.





[9°]

Gwëll Yil'Sleil
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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeSam 11 Oct 2014 - 19:11

Elle poussa le tabouret contre le mur et s'adossa. En remontant ses genoux contre sa poitrine, elle avait tout juste de quoi poser et ses fesses et ses talons sur l'assise, mais c'était ainsi qu'elle se sentait le mieux.
Elle posa son menton sur ses genoux et fixa le fauconnier dans les yeux. Il s'empourprait au fur et à mesure de ses explications. S'embourbait peut être. Et pourtant, il ne s'agissait réellement pas de questions intimes ou même subjectives, il n'y avait absolument rien à cacher derrière ça.

N'être qu'humain. Pouvait on seulement être quelque chose autre ? N'être qu'humain, c'était déjà être humain, auraient fait remarquer quelques personnes bien avisées. Mais n'être qu'humain, c'était aussi rester cloué les pieds sur le sol, les yeux vers le ciel. Gareth devait probablement rêver de l'azur, car ses yeux étaient nuageux.
Et son esprit de débiter des questions incessantes. En vrai, elle pensait que les mystères de l'existence la poursuivraient toute sa vie. De toutes manières, on ne pourrait jamais réellement tout savoir. Au moins sans se mentir. C'était même pas son but. Tout savoir était bien trop présomptueux, elle elle voulait juste avoir pensé à tout, réfléchi à tous les possibles, envisagé toutes les issues, toutes les raisons. Avoir touché des doigts l'infinité des vérités.

Le fauconnier admettait qu'on pouvait peut être se transformer, changer son être, au plus profond. Certes, tous se transformaient, en une vie, personne ne restait le bébé qui était né, mais en soi, c'était peut être comme de couper ses cheveux, la question était de savoir si les être qu'ils étaient étaient fondamentalement différents de ceux qu'ils avaient étés.
Certains disaient que c'étaient les choix qui faisaient les gens. Enfin, plus que les choix les décisions. Se définir par ce qu'on avait fait. Mais serait elle différente si elle n'avait pas choisi d'aller à Al-Poll ? Probablement que tout n'avait pas le même impact, mais peut être qu'en réalité, ils ne choisissaient pas réellement, c'était comme un destin, une histoire écrite à l'avance qui disait ce qu'on ferait et par quels moyens. Une suite de lancés de dés pipés.

Un drôle de silence s'était installé où Gareth regardait le bout de ses pieds. Et elle, elle avait subitement plus de questions pour lui faire relever les yeux. Elle inspira une grande bouffée d'air, ce qui était complexe puisque sa cage thoracique était comprimée par ses jambes, mais il ne bougea pas, comme perdu dans de lointaines pensées.

Tu crois, au destin ?

Il secoua un peu la tête et sortit lentement de sa léthargie. Elle même se savait pas trop bien ce qu'elle en pensait, la chose dépendant des jours. Mais à chaque fois qu'elle y réfléchissait, elle trouvait l'idée d'avoir une vie guidée par une grande histoire préécrite était assez effrayante. En fait, c'était plutôt l'idée de ne pas faire vraiment ses choix librement qui lui faisait peur, l'idée d'être un pantin et de ne même pas savoir qui tire les ficelles.
Mais à la foi, ça signifiait qu'il y avait un après, qu'on ne pouvait pas faire de mauvais choix qu'on restait soi même dans tout ce qu'on faisait, dans tout ce qu'on décidait.

Elle joua un rythme du bout des doigts sur son mollet tout en écoutant la réponse du jeune homme. Ses mots étaient peu assuré et il semblait gêné par quelque chose. Il pesait chacun de ses mots et on aurait dit qu'il cachait quelque chose.

Est ce qu'on peut aller consciemment contre ce que la vie a prévu pour nous ? Je veux dire, est ce qu'on peut lutter contre soi même ?

Gareth semblait de plus en plus mal au fur et à mesure que la discussion avançait et elle commençait à s'inquiéter. À vrai dire, ses derniers mots avaient provoqué une perte de quelques nuances sur le visage du jeune homme et la question était de savoir si il lui restait encore du sang dans les joues.

Tu es sûr que tu vas bien ? Je te trouve très pâle... peut être que tu préfères que je parte ?


Gareth Wilth
Gareth Wilth

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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitimeLun 20 Oct 2014 - 21:52

Mentir, il avait toujours su le faire. Et là, il n'avait pu. Il n'avait pu mentir à la jeune fille qui se tenait assise devant elle. A présent, il regardait le sol sans réellement y porter attention, cette dernière s'étant évadée ailleurs. Et le silence s'installa. Un silence lourd et monotone. Il ne parlerait pas, bien trop perdu dans ses pensées pour le faire. Sa vie avait pris un drôle de tournant dès le moment où il avait mis les pieds dans cette Académie, à Al-Poll. Drôle... C'était le cas de le dire. Toutes ses habitudes, ses réflexes, sa survie, tout commençait à se muer en une toute autre chose. Quoi donc ? Lui-même n'en avait aucune idée. Un attachement ? Plusieurs ? Peut-être à cause d'eux... Tous ses réflexes changeaient... Il n'avait pu lui mentir.

Et soudain, Gwëll parla. Le fauconnier secoua la tête comme pour se réveiller, comme pour revenir dans la réalité. Sortir de ses pensées. Croyait-il au destin ? La question s'était transformée dans son esprit...
Etait-ce son destin que d'être un monstre ? Une bête assoiffée de sang ? Etait-ce son destin que d'être à jamais éloigné du monde pour protéger ce dernier ? Pour protéger ceux qu'il aimait ?
Le destin était une drôle de chose, si par hasard il existait. Un joyeux luron qui n'en faisait qu'à sa tête, épuisant chacun de ses mauvais tours pour tourmenter les pauvres âmes qui espéraient tant de leur avenir. S'il existait, ce destin, son seul plaisir aurait été de torturer Gareth depuis sa tendre enfance. Depuis ce jour maudit... Depuis cette rencontre... Ce puma illuminé d'une clarté blanche... Croisé dans une forêt aline, en compagnie de sa jumelle...
Si le destin existait, le fauconnier aurait quelques petites choses à lui dire...


- Le destin ? Très bonne question... Je n'me suis jamais prononcé sur la question. Mais si tu me demandes si l'on mérite ce qui nous arrive, si c'est comme ça et pas autrement... J'imagine que ça pourrait être vrai pour certaines personnes. Je sais pas...

Il n'avait pas les mêmes dieux que les alaviriens, la Dame et le Dragon. Peut-être que leurs deux divinités traçaient leur destin, mais pas celui des alines. L'Océan était leur seul dieu.

- Je ne suis qu'un homme, je n'ai aucune idée de la vérité du destin ou non.

Et un monstre...

Il pensait que le questionnaire de la jeune fille sur la vie était enfin terminé, mais il se trompait. Elle continua. Ce n'était pas sa faute, à la petite, non. Mais celle de Gareth. Sa vie, son passé, faisait qu'il était allergique aux questions. Il ne les supportait plus, comme une allergie.


- Je n'en sais rien, Gwëll...

Si l'on pouvait aller consciemment contre le destin, il aurait déjà vaincu ce monstre en lui. Mais ce n'était pas le cas. Existait-il alors réellement ou n'était-ce qu'une invention de l'être humain pour se trouver quelqu'un à accuser en cas de catastrophes dans une vie ?
Gareth n'aimait pas ce genre de comportement. Mettre la faute sur un innocent ou sur une idée. Le destin n'était qu'une idée dans la tête des gens. Une excuse. Rien de plus.


- Après tout... Oui. Peut-être que l'on peut se dresser contre notre “destin“. Il suffit d'en avoir la force et le courage, sans doute...

Sans doute...

Mais s'il suffisait de force et de courage pour échapper à son destin, pour le changer, pourquoi n'arrivait-il pas à le faire ? Il avait beau essayer de toutes ses forces, l'Esprit restait là, dans sa tête. Cela signifiait-il qu'il manquait de force ? De courage ? Il n'avait jamais été très courageux... Ou dans tous les cas, il ne se considérait pas ainsi. Non, il se considérait tout sauf courageux.
La question suivante le surpris. Le sortit une nouvelle fois de ses sombres pensées.


- Euh... Oui, oui, je vais bien, ne t'inquiète pas, ce n'est rien.

S'il voulait qu'elle parte ? Non. Il appréciait sa compagnie malgré ses tendances solitaires. Il appréciait sa compagnie... Depuis quand laissait-il des gens entrer dans sa vie ? Depuis quand s'attardait-il sur les relations ?...

- Non, ne pars pas. J'apprécie nos discussions.

Et ils continuèrent à parler, encore et encore. Et elle continua à lui poser des questions, encore et encore. Toujours curieuse. Et il continua à répondre du mieux qu'il pouvait, encore et encore. Ils continuèrent à construire ce lien qui germait entre eux.






( Je t'aime parce que I love you )

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MessageSujet: Re: Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé]   Enfant de l'Homme, regarde au ciel :cuicui: [Terminé] Icon_minitime



 
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