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 Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]

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Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeMer 23 Jan 2013 - 17:41

La silhouette d'Enelyë venait à peine de disparaître avec Owenn que le vent commençait à se lever. Le dessinateur n'allait pas tarder à réapparaître, ce qui empêcherait Myra de replonger dans sa détresse permanente. De se replonger dans cette contemplation du vide, du gouffre qui s'ouvrait derrière elle. En elle.
Dans cette clairière, en plein milieu des montagnes. La professeur avait choisi cet endroit pour une seule et unique raison. Loin de tout.
Le calme et le silence les entouraient, créant une atmosphère adéquate pour les passages. Pour la concentration des élèves déjà éreintés de leur nuit. Mais ce gouffre derrière elle, ce gouffre si profond. Pourquoi l'avait-elle choisi ? Elle n'en savait strictement rien. Les montagnes regorgeaient d'endroits calmes et sereins, mais elle avait sélectionné celui-ci. Peut-être était-ce son subconscient qui était à l'origine de ce choix.
Elle repensa quelques instants aux pensées qui l'avaient submergées avant que la kaelem ne fasse son apparition. Des pensées qui la hantaient encore. Jour et nuit. Et Owenn qui ne revenait pas. Elle avait le temps. Le temps de sauter dans ce vide sans fond pour oublier. Définitivement. A jamais. Laisser cette vie misérable derrière elle, cette existence qui ne pouvait plus rien pour elle. Qui n'avait plus rien à lui offrir. Rien excepté un retour inopiné qui ne semblait pas venir. Jamais il ne viendrait.
La primat s'approcha du bord. Il ressemblait tant à celui qui la constituait, à celui qu'elle avait en elle. Ils étaient tous deux identiques. Deux gouffres sans fond et sans but. Noir intense. Perturbant de solitude. Effrayant d'obscurité. La femme aurait voulu faire ce pas qui la séparait une nouvelle fois de ce trou béant. Et ce n'était pas l'alcool qui la guidait. Rien que son esprit affolé. Son esprit détraqué. Epuisé.
Un pas, rien qu'un seul. Un petit pas et ce serait enfin terminé. Pour toujours.

Une silhouette apparut soudain à l'angle de son regard. Encore. Seconde fois qu'on l'empêche de conclure ce saut décisif. Enelyë avant lui, Owenn venait de lui sauver la vie sans le savoir. La dessinatrice ne savait que penser de cette apparition inopinée. Elle voulait en finir, mais sa conscience la retenait. Pourquoi le destin s'acharnait-il sur elle ?
Le dessinateur s'approcha alors de sa collègue. Il savait ce qui se passait en elle. Enfin... il avait connaissance d'un demi-mensonge. Elle lui avait avoué l'absence de son don, mais il croyait que ce n'était que passager. Elle avait assuré qu'elle n'allait pas tarder à le récupérer. Elle ne voulait surtout pas avouer sa faiblesse. Simple alavirienne. Plus jamais dessinatrice. Non, elle ne l'avouerait à personne. Jamais.
Il prit soudain la parole.


- Tout va bien Myra ?

Il voyait qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme, mais ignorait tout de la nature de ses émotions. La professeur de dessin se força et lui offrit un large sourire.

- Bien sûr, tout va bien. Un peu fatiguée à cause de cette nuit blanche, mais tout va bien.

Il sembla la croire et n'insista pas plus. Deux ombres sortirent soudain des fourrés et apparurent à la lumière du soleil au centre de la clairière. Gwëll et le palefrenier. Myra s'approcha alors que l'aequor descendait de sa monture. La primat sourit à son élève avant de se diriger vers le jeune homme.

- Merci beaucoup, ce sera tout.

Il s'en retourna alors et disparut bien vite dans la forêt. Myra se retourna vers Gwëll alors qu'Owenn tendit un verre à la jeune fille. Le même breuvage qu'elle avait offert à Enelyë quelques heures plus tôt.

- Du Kla. Bois, tu verras, tu te sentiras bien mieux.

L'aequor but son verre avec précaution, le contenu étant brûlant. Rendant le verre après quelques minutes, elle se retourna vers son professeur qui prit bien vite la parole d'un ton solennel. Le moment était opportun pour ce genre de ton.

- Bienvenue Gwëll. Te voici enfin au passage d'Etincelle. Bientôt, tu deviendras peut-être Flamme.

Heureusement qu'elle n'avait pas vingt passages à effectuer. La fatigue et la colère l'habitaient déjà bien assez. Fatigue de devoir voir ces élèves dessiner, colère de savoir qu'elle ne pouvait plus atteindre cette incroyable dimension. Elle venait d'observer Enelyë dessiner durant plus d'une heure et elle devrait supporter les dessins de Gwëll. La dessinatrice se força à sourire. C'était bien la seule chose qu'elle était encore capable de faire.

- Tu as progressé sur la voie des Spires à une vitesse phénoménale et j'en suis fière. Ta première année m'a montré ce dont tu es capable, mais je sais que tu peux aller bien plus loin. C'est bien pour cela qu'il te reste deux ans. Aujourd'hui, tu passeras trois épreuves aussi dures qu'à ton niveau. Owenn Sil'Hilden ici présent va te les faire passer. Je ne serai que simple spectatrice, le juge de ta performance. Je ne ferai que t'observer et te donner les consignes.

La jeune fille ne disait mot, comme Enelyë avant elle. Myra se recula de plusieurs mètres et se mit face à son élève qui se trouvait à présent au beau milieu de la clairière. Il était temps de commencer la première épreuve.
Créativité.


- Divinités de l'Imagination et êtres supérieurs. Le Dragon et la Dame. Les Cieux et les Océans. L'eau et l'air. L'eau et la terre, l'air et le feu. La Dame et son Héros sont complémentaires, ils possèdent à eux deux les quatre éléments. Ils sont ce monde, la base de tout. Comme les éléments. Première épreuve. Dessine-moi ton monde. Ta créativité est ta palette. Utilise-la.

Je crois en toi, montres-moi de quoi tu es capable. Impressionne-moi, je sais que tu le peux. Que tu le feras.

Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

Flamme
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MessageSujet: Re: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeJeu 7 Fév 2013 - 16:16

Gwëll flottait, comme entre deux mondes, à la limite même des deux, mais ni dans l'un, ni dans l'autre. Il y avait, d'un coté, celui où elle pouvait dormir, un monde tout plat et blanc comme un ciel sans nuage et sans soleil, sans couleurs et sans texture, et puis l'autre, où elle pleurait. Celui là, était un monde plus brut, comme mal taillé, aux angles saillants, d'où lui venait une impression persistante de mal de crâne et de remords.

Elle sentit un contact sur sa main et elle ouvrit un peu davantage les yeux dans le monde froid. Face à elle, un visage. Marqué, yeux fatigués, peau sale, sourire de guingois. Il lui manquait cette force et cette vivacité qui lui aurait permis de le reconnaître. Là, ce n'était plus qu'un visage inconnu et à demi rassurant.
Mais contre le froid de l'air, il y avait la chaleur des paroles et même si la voix était érodée, la lutte était gagnée d'avance. Gwëll reprit un peu de contenance et le monde sembla se solidifier encore un peu plus.

Puis le visage s'éclaira un peu et il parut moins sale, moins abîmé. Et il s'en alla.
Elle compta les brins d'herbe devant son nez. Il n'y avait pas beaucoup mieux à faire, à vrai dire et elle ne se sentait pas la force de se relever. Elle avait envie d'apprécier encore un peu le moelleux de l'herbe sous ses genoux.
Elle aurait tant aimé, fallait il dire, être ce géant, qui, dès qu'il touchait terre reprenait ses forces et pouvait se relever. Mais elle ne l'était pas et ne le serait jamais. Elle n'était pas faite de terre et quand bien même, ç'aurait été de porcelaine.

Et puis, elle laissa le torrent de paroles couler sur elle. Rien ne la concernait vraiment, à vrai dire, et même si ça avait été le cas elle aurait bien été incapable de le saisir. Elle comptait les brins d'herbe et peu importe dans quel ordre, peu importe même, si elle comptait plusieurs fois les mêmes, elle se calmait. Elle calmait ces frissons qui la parcouraient, ces frissons de froid, mais aussi de fatigue et de peur.

Elle saisit juste quelques mots, à la volée, comme un enfant attrape des papillons dans son filet. Et elle comprit qu'Einar s'en sortirait, puisqu'il était chez les rêveurs et que les rêveurs savaient tout guérir. Et elle comprit que Ciléa ne lui en voulait pas. Et au delà des mots, elle sentit le regret perler dans cette voix haut placée. Les gens avaient tendance à oublier le cœur des nobles. Et pourtant. Et pourtant, il est bien là, dans leur poitrine, au bout de leurs doigts, dans les détours de leurs mots. Mais caché, dans une cage, en or. Un noble ne peut s'ouvrir trop facilement, elle en avait souvenir, de ses cours d'éducation.

Et puis le flot repris, Ciléa happée par l'avancée des choses.
L'herbe ploya sous les pas de quelques assurés et il ne resta plus qu'elle et Enelyë. Elle n'avait pas vu le geste d'Halina envers elle, ni les regards des autres, quand ils étaient tous partis. Mais là, elles n'étaient plus que deux et son regard se leva vers la Kaelem. Elle lui sourit faiblement, lui adressa un petit geste de la main.

Elle était seule et l'herbe lui fit signe de se lever.
Alors, avec une rafale de vent, elle se redressa et se traîna jusqu'aux écuries. Ses jambes n'étaient pas assurées, mais elle avait un peu récupéré et sa démarche paraissait presque normale.
Le palefrenier l'attendait et il tenait un cheval en bride. Ce n'était pas le sien, mais un de ceux de l'académie. Il l'aida à grimper sur son dos et elle laissa les rênes pendre le long de son encolure. Elle préférait le laisser faire, c'était un brave animal et il suivrait son camarade. Vidée, elle ne bougeait presque plus, se laissait bercer par le pas rythmé de l'équidé, allant même jusqu'à fermer les yeux.

Au bout d'un temps un peu long, mais qui était passé relativement rapidement, ils arrivèrent en vue d'un gouffre long d'un coté à l'autre de l'horizon, qui semblait découper le monde en deux. Au bord, deux silhouettes immobiles.
Gwëll mit pied à terre, frotta ses doigts engourdis et tendit les rênes au monsieur. Myra le remercia et il s'en alla avec les deux chevaux.

Puis l'homme qui se tenait à coté de sa professeur lui tendit un verre qu'elle prit poliment sans trop savoir ce qu'elle devait en faire. Le récipient, en contact avec les paumes de ses mains diffusait une chaleur douce. Elle mit son nez au dessus pour le réchauffer aussi et, sur l'ordre de Myra, elle le but, mais pas trop vite, pour en garder encore un peu contre sa peau.
Et quand il fut vide, elle le rendit au monsieur qui le lui avait donné. Elle écouta la Dame Ril'Otrin parler quasi religieusement et elle s'imprégna de ses paroles comme elle s'était imprégnée du liquide qu'elle avait bu dans la tasse.

Enfin, cela commença.
La professeur se recula et Gwëll se sentit seule, comme au milieu d'un gouffre plus grand que celui d'à coté. Elle était seule, cette fois ci, et elle marchait sans filet, sur un fil mince. Solide, mais mince.
Elle écouta l'intitulé de son épreuve, fermant les yeux pour tout bien comprendre.

Et elle se lança.
Doucement, d'abord. Elle entra dans l'imagination comme on rentre dans un lac. Délicatement, sans faire de vagues. Et puis, elle erra.


Son monde.
Son monde à elle, était de spontanéité, de douceur. Un monde de coton, de nuages. Son monde à elle, c'était les couleurs, c'était la vie. Un monde palette, un monde d'encres et de pinceaux. Son monde à elle, c'était la joie, c'était le sourire. Un monde d'étoiles et de milles soleils qui brillaient tous. Son monde à elle, c'était les histoires, l'enfance. Un monde de contes et d'illustrations.
Son monde, c'était tout ça et bien plus encore.


Doucement, elle sourit et elle se baissa.
À genoux, elle posa les mains sur le sol. Bien à plat. Et elle dessina.
Elle dessina cette pousse maladroite qui sortit du sol en se s'enroulant délicatement sur elle même. Elle dessina ce bouton qui s'ouvrit doucement en une fleur pastel. Elle dessina ces pétales qui scintillèrent un instant et qui prirent leur envol en une nuée de papillons multicolores.
Puis elle se releva et, de ses mains créatrices, joua avec les insectes. Elle leur fit dessiner dans l'air opalin une arabesque silencieuse puis, d'un souffle léger, les envoya voler plus haut.
Loin, vers le ciel et vers le soleil.

Puis, elle planta ses yeux dans ceux de la femme et elle sourit.


Voici mon monde, j'espère qu'il vous a plu, car mon monde est éphémère...

Elle laissa son regard papillonner vers ces ailes légères.
La fatigue l'avait laissée. Il n'était plus temps d'être fatiguée.


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2013 - 15:26

La petite se lança dans les spires, plus sûre d'elle que jamais. Myra pouvait deviner sa détermination. Elle n'avait pas l'air aux premiers abords, mais la jeune Gwëll était quelqu'un de fort. Elle allait s'en sortir, Myra lui faisait confiance pour cela. Elle était simplement déçue – peut-être un peu en colère – de ne pouvoir observer les progrès de son élève directement dans l'Imagination. Elle était reléguée au rang de spectateur externe. C'était Owen qui observait les mouvements spirituels de l'aequor. Pas elle. La dessinatrice devait attendre, rien d'autre. Attendre un résultat auquel elle ne pourrait mettre une progression. Owen était là pour ça justement.
Son ami avait suivit la jeune fille dans les spires et notait chacun de ses mouvements, chacune de ses tentatives. Tout. Il ferait un compte rendu exact à Myra lorsque l'examen serait terminé.

Owen la suivit donc. Progression mesurée, douce. Gwëll calculait bien sa démarche, elle réfléchissait. Elle ne fit aucune vague, ses pensées divaguaient pour trouver une idée. Pour trouver son monde.
Myra put voir son élève se baisser et poser ses mains à plat sur le sol. Elle avait trouvé. Son monde se dessinait dans son esprit, elle allait le montrer à sa professeur.
Et ce fut magique. Son monde n'avait aucun égal. Il était à elle, il était elle. Rien à voir avec celui des autres. Le sien. Incroyable. Myra n'aurait pas cru qu'elle sortirait autant le grand jeu.
Une petite pousse d'abord, sortant du sol pour s'enrouler encore et encore sur elle-même. Délicat entrelacement d'une plante d'un vert éternel. Un bouton soudain, couleur pâle presque lumineuse, irréelle, devint bien vite une fleur de la même beauté. Peut-être plus. Les pétales scintillèrent, puis s'envolèrent dans un ballet digne de la perfection. Un ballet multicolore qui valait toutes les richesses du monde. Les yeux de Myra se mirent à briller en écho aux ailes de ces papillons arc-en-ciel. Elle en oubliait son handicap. Elle ne voyait plus que la beauté qu'elle aimait tant. Cette splendeur qu'elle avait petit à petit oublié. Gwëll la lui rappelait.
L'aequor se releva alors et joua avec les insectes. Ses mains étaient ses outils, elle savait s'en servir. La primat voyait le fruit de son travail, elle voyait combien la petite avait progressé. Et ils en étaient qu'à la première épreuve.
Les papillons dessinèrent une dernière arabesque. Splendeur et légèreté. Puis, ils disparurent vers le ciel, vers le soleil. Au loin. Dans les nuages.
Ces simples gestes, ces simples dessins. Ils avaient trouvé leur cible. La simplicité était souvent synonyme d'efficacité.

Gwëll était plantée là, à quelques mètres, ses yeux marron intense plantés dans ceux de la professeur de dessin. Quelques paroles prononcées, mais aucune en retour. Son monde, éphémère. Myra avait bien d'autres adjectifs en réserve. Magique, léger, enfantin, splendide, aérien. Le monde de Gwëll était l'incroyable, l'irréel. La magie.
Tout le contraire du sien.
Son monde, la déchéance. Elle ne croyait plus en rien, la vie, elle n'en avait plus rien à faire. Elle avait pris sa vie en haine. Tout n'était que noir, tristesse et horreur. Plus rien ne la faisait sourire. Elle se sentait vide. Si son monde avait été un dessin, celui-ci aurait sans doute été un trou noir d'une grandeur impensable. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, son monde s'était écroulé. Il ne restait plus rien. Le néant.

Le silence la ramena à la réalité. Gwëll attendait, devant elle, sourire aux lèvres. Myra avait beau haïr la Dame pour le destin qu'elle lui avait donné, elle avait beau haïr tous ceux qui pouvaient encore jouir des plaisirs de l'Imagination, elle ne pouvait en vouloir à ses élèves. Elle ne pouvait en vouloir à Gwëll. Elle lui adressa un sourire. Le premier de la journée. Sans doute le seul.


- Ton monde, l'éphémère... Merci Gwëll... Merci de l'avoir partagé avec moi. Il est magnifique.

Myra était troublée. Après tout, pourquoi se comporter ainsi ? Pourquoi haïr les autres alors que ce n'était pas leur faute ? Lorsqu'elle voyait une telle candeur, une telle fraicheur transparaitre des spires et les arpenter, elle ne pouvait ressentir de tels sentiments. Elle n'en savait rien. C'était naturel. Elle n'y pouvait rien. Mais Gwëll venait de la troubler. La primat se posait à présent des questions.
Ce n'était pas le moment. Elle releva la tête bien haute et parla à nouveau.


- Bien. Deuxième épreuve. La puissance et la créativité ne sont que deux aspects du Don. Elles vont en trio, avec la volonté. Celle-ci te poussera toujours plus haut, toujours plus loin. Combinée à la puissance, le dessinateur devient indestructible. Dessiner à la chaîne lors d'une bataille ou autre demande une concentration maximale et le duo puissance-volonté.

Elle fit un signe de tête à Owen qui se jeta dans les spires. Quelques secondes plus tard, un mouton en verre blanc d'environ trente centimètres bascula dans la réalité aux pieds de la jeune fille.

- Tu as cinq minutes à partir de maintenant pour composer un troupeau entier. Volonté et puissance sont tes alliés.




Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

Flamme
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MessageSujet: Re: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeLun 1 Avr 2013 - 0:11

Peut être qu'elle était nulle ?
Ou alors à bout de force ?
Il lui fallait du repos, c'était certain.
Simplement se reposer.
Simplement ça.
Ou même dormir.
Ne plus penser, ni voir, ni sentir.

D'abord, elle ferma les yeux.
Après, elle ferma les spires.
Vient alors le tour de son esprit tout entier.
Restait juste le corps.
Il s'affaissa, mollit, tomba.
La fin, la déchéance.


Les dernières bribes du dessin s'envolaient légèrement vers le bleu du ciel.
En son for intérieur, Gwëll pulsait, au rythme de son cœur, au rythme de ses spires, elles pulsait et, à chaque battement, l'adrénaline se répandait dans ses veines. Elle était action et elle était dessin, elle avait envie de courir et de crier, elle avait envie de bouger et d'agir, mais elle restait là et elle restait elle. Un être de pensée.

Myra souriait et ce geste, ce cadeau qu'elle lui faisait revêtait une valeur symbolique, à ses yeux. Elle ne savait pourquoi, mais elle se sentait privilégiée à le recevoir. En réalité, elle n'avait pas vraiment remarqué le déclin de son professeur, de toutes manières, elle ne remarquait que ce qui lui plaisait.
Et quelqu'un dans un tel état n'était pas pour lui plaire. Alors elle ne voyait que les sourires, les instants de mieux, fugaces.

Elle voyait aussi, dans ces yeux roux, ces yeux de feu, au couleur du tempérament, une étincelle, et cette étincelle venait réchauffer son petit cœur d'enfant. La fierté était certainement le plus beau sentiment du monde.
Toute cette émotion fit tanguer un instant ses sentiments et si elle n'avait été en évaluation, certainement qu'elle aurait fondu en larmes. Elle était sensible et la nuit l'avait épuisée à un point tel que la moindre défaillance de sa part pouvait lui faire franchir l'infime limite, la laisser tomber dans les larmes. Mais elle se voulait forte, elle avait déjà craqué une fois et cela lui semblait amplement suffisant.

Myra reprit la parole et l'étincelle avait disparu, soudainement.
La fierté, ça se méritait. Gwëll se reconcentra. Seconde épreuve. La volonté. Gwëll grimaça. Ce n'était pas son fort. Non qu'elle soit velléitaire, mais elle n'était pas de ceux qui allaient au devant des choses, qui prenaient des décisions, elle n'avait aucun sang froid.
La volonté, ce n'était pas elle, mais aujourd'hui, il fallait qu'elle soit ce qu'on lui demandait.

Un bruit cristallin à ses pieds lui fit baisser les yeux. Un mouton. En verre.
Cinq minutes. Elle avait cinq minutes pour en faire un troupeau. Mais combien cela faisait il, un troupeau ? Deux, dix, beaucoup ? Gwëll était perdue et le décompte avait déjà commencé, le sablier de verre à coté de la professeur l'attestait.
La panique venait peu à peu en elle, vers elle, sur elle, l'envahissait et sa respiration se hachait. Ses mains se mirent à trembler. Doucement, d'abord, puis de plus en plus violemment. Chancelant, son regard chercha celui de Myra. Elle le savait, elle devait savoir se débrouiller seule, mais elle ne se sentait pas encore prête, ses ailes n'étaient pas assez grandes, elle avait peur du vide, elle ne pouvait pas s'envoler.

Mais les yeux de Myra disaient le contraire. Il y avait cette lueur, cette lueur qui la poussait hors du nid, qui la poussait à aller plus loin et à y aller plus sereinement. Et cette lueur, Gwëll le comprit, c'était sa volonté. Sa volonté, elle la trouvait chez les autres.

Ses tremblements avaient cessé et sa respiration s'était calmée. Elle rangea ses cheveux derrière ses oreilles et elle ferma les yeux. Inspira. Plongea.
Elle s'était lancée dans les spires avec rapidité. Elle ne cherchait plus, ne se baladait plus. Elle savait ce qu'elle voulait et elle savait qu'elle le voulait. Ne lui restait plus qu'à le faire.

Le premier mouton foudroya son précurseur du regard. Il était sûr de lui et paraissait fâché, concentré.
Plus que quatre minutes, elle avait perdu du temps, il fallait augmenter le rythme.
Un second mouton sonna à ses pieds qui était pressé et tirait la langue de concentration. Puis un troisième qui courrait pour rattraper le temps perdu. Et un quatrième, à bout de souffle.

Elle ouvrit les yeux, inspira. Plus que trois minutes, le troupeau n'était pas assez grand, pas assez de moutons, encore accélérer. Elle expira, ferma les yeux, courut à l'imagination.

Une paire d'agneaux frisés se mêlèrent au tas et leur mère les suivit de très près. Cinq, six, sept. Un bélier avec de grandes cornes enroulées arriva pour surveiller sa progéniture. Huit. Puis deux brebis broutant. Neuf et dix.

Elle rouvrit les yeux. Plus que deux minutes. Inspira. Expira. Replongea.

Une triplette de moutons regarda passivement les dix autres. Onze, douze et treize. Et puis encore une brebis, encore un agneau, deux béliers en duel, une agnelle de l'année, la toison noir d'un vilain petit canard. Quatorze, quinze, seize et dix-sept, dix-huit et dix-neuf.

Elle ouvrit les yeux. Sa respiration était courte et son regard manifestait une certaine réticence à se poser sur la sablier. Moins d'une minute. Elle avait mal jugé, ralenti.

Un vieux bélier mal tondu. Vingt.

Gwëll tomba à genoux sous les yeux du troupeau alors que Myra signalait la fin de l'exercice. Elle serra ses bras autour de sa poitrine et elle s'affaissa.


Les moutons épuisent le berger à courir en tous sens, il lui faudrait...

Elle glissa doucement dans les spires, encore une fois.
Un chien d'ambre s'assit en bordure du troupeau. Gwëll rouvrit les yeux et regarda son professeur. Bien entendu, ce n'était pas la consigne, mais elle l'avait senti, elle en avait eu besoin.
Myra la regarda et dans ces yeux, cette fois ci, c'était plutôt de l'inquiétude. Inquiétude de l'épuisement. Gwëll s'était négligée, elle n'avait pensé qu'à l'instant présent et oublié que c'était non pas deux mais trois épreuves qu'elle devait passer.
Ne pas compter les moutons, résister. Une épreuve, plus qu'une seule épreuve.


Avez vous déjà vu des moutons qui organisent un pique nique ?


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeMer 17 Avr 2013 - 21:29

L'Imagination était ouverte, la jeune fille s'y engouffra avec une facilité sans nom. Myra ne put retenir un soupir de haine. Pourquoi elle... Pourquoi maintenant... Non, elle ne devait plus y penser, se focaliser sur le passage de son élève. Ne plus penser à elle, mais à la jeune fille. C'était bien plus facile à dire qu'à faire. Et pourtant, elle le devait.
La dessinatrice croisa le regard de son élève, paniquée. Laissant ses humeurs de côté, elle se concentra sur le passage. Ses yeux sourirent à la jeune fille, l'encourageant dans son exercice. Les tremblements de la jeune fille cessèrent soudain, comme si le regard de la professeur l’apaisa sur le champ. Comme si elle venait de trouver une force dans ce regard encourageant et confiant.
Gwëll ferma les yeux, se concentra enfin. Elle avait trouvé sa volonté. Son esprit se détacha de son corps, s'élançant dans les spires. Myra resta au port, attendant le moindre signe d'un quelconque dessin. Owenn suivit la jeune fille. Le visage de cette dernière montrait une assurance qu'elle ne possédait pas en début de passage. Elle savait ce qu'elle devait faire, elle était sûre d'elle. Plus que jamais.

Soudain, un dessin. Petit. De la même taille que celui de l'homme, le mouton observait son compatriote avec fougue. Quatre minutes. Elle avait bien trop perdu de temps à réfléchir, à hésiter. On pouvait sentir la pression régner aux abords des montagnes. Le temps s'écoulait, l'aequor dessinait dans le stress de ce dernier.
Deuxième dessin. Ceux-ci ressemblaient de plus en plus à l'état d'esprit dans lequel la jeune dessinatrice se trouvait. Concentrée, courant après le temps, à bout de souffle. Un troisième, un quatrième. Elle ouvrit les yeux, observa le sol. Trois minutes restantes. Myra s'inquiétait. Le temps s'écoulait et le troupeau n'était toujours pas complet. Y arriverait-elle ? Ne s'était-elle pas trompée en jugeant Gwëll capable d'un exploit pareil pour son niveau ? Peut-être que oui, peut-être que non. L'aequor plongea à nouveau dans l'Imagination. Pleine d'assurance.
Deux autres agneaux apparurent, frisés. Une mère bientôt à leurs côtés. Le troupeau se retrouva vite au nombre de dix, un bélier nouveau et deux brebis en plus. Le bélier était particulièrement magnifique. La courbe parfaite de ses cornes brillaient dans l'astre du jour, éclairant son troupeau d'une lumière bienveillante.
Deux minutes.
Des triplés basculèrent dans la réalité, regardant les autres, neutres. Treize moutons. Une brebis, un agneau, deux autres béliers se battant en duel, une agnelle, un mouton noir. Dix-neuf moutons. Son troupeau était presque parfait, une touche manquait. Myra n'aurait su dire laquelle, mais elle attendait. Il restait moins d'une minute. Bien assez pour faire basculer un dernier mouton dans la réalité. Ce qu'elle fit. Un vieux bélier courbé par les âges. Cela en faisait vingt.
Gwëll semblait à bout de souffle. C'était fini. Myra observait le sablier, plus que quelques secondes. Prenant son souffle, elle mit fin à l'épreuve. La jeune fille s'écroula et serra sa poitrine. Elle était exténuée. La primat s'apprêtait à rejoindre son élève, inquiète. Elle n'eut le temps de parvenir à elle.
La jeune fille articula une phrase qu'elle eut de la peine à percevoir avant de se plonger à nouveau dans les spires. Myra sentit les prémices d'un dessin qui commençait à basculer. Elle n'avait pas tord. Bien vite, l'air vibra, se troubla et un objet apparut. D'ambre brillant. Un chien gardant son troupeau avec l'oeil vigilant du gardien exigeant.
Vingt moutons et leur gardien. Ce qu'il manquait. Le protecteur.

La jeune fille releva son regard et le planta dans celui de son professeur. Les yeux de la femme souriaient pour répondre à ceux, brillants, de son élève. Mais l'inquiétude l'habitait bien plus que la fierté. Malgré que tous deux soient présents. Gwëll s'était surmenée afin de mener son épreuve à terme, sans penser à la dernière qui l'attendait. Elle s'était montrée imprudente. Myra se baissa, le regard sévère, mais inquiet.


- Gwëll, que n'ai-je pas arrêté de répéter depuis le début de ta formation ?

La jeune fille répondit à son professeur entre deux souffles.

- Exactement. Et ce n'est pas ce que tu as fait. Tu as foncé dans le tas sans te préoccuper de la suite. Oui, tu es encore debout ou presque, tu possède encore assez d'énergie pour cette dernière épreuve. Mais veille à te ménager, tu n'es pas sans limites.

La dessinatrice attendit quelques minutes que Gwëll se remette de ses émotions avant de l'aider à se relever.
Deuxième épreuve accomplie.
La professeur se plaça à nouveau, mais de côté cette fois-ci. Ce fut Owenn qui se mit face à la jeune fille. Le regard de cette dernière se tourna, interloquée vers la femme.


- Je te l'ai dit, je ne fais qu'observer pour mieux t'évaluer.

Elle sembla se contenter de cette explication et attendit les instruction pour cette dernière et ultime épreuve.

- Troisième épreuve. Duel. Owenn Sil'Hilden sera ton adversaire. Volonté, créativité et pouvoir seront tes armes. Utilises-les, mais ne te surmène pas. Gagne.

Gagner, mais pas forcément ton duel. Ton passage, surtout.




Gwëll Yil'Sleil
Gwëll Yil'Sleil

Flamme
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MessageSujet: Re: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeMer 8 Mai 2013 - 22:52

Elle ferma les yeux et il lui sembla qu'il n'y avait dans ce monde plus que le bruit de sa respiration, et le bruit seulement. Car, privée de la vue, elle ne sentait plus sa poitrine s'élever, ni l'air pénétrer dans ses poumons.
Myra la sermonna et elle avait raison, parce que c'était vrai qu'on le lui avait tout le temps répété, de ne pas s'épuiser à la tâche, de penser à la suite et pas juste à l'instant présent, mais elle n'y parvenait pas. À vrai dire, elle vivait dans le présent et non dans le futur, que ce soit pour le dessin ou même dans la vie réelle. Non, et puis là, pour sa défense, elle avait pensé -ou du moins, elle y pensait maintenant, mais mieux vaut tard que jamais- que quand bien même elle échouerait à l'épreuve suivante, on ne pourrait pas la blâmer, puisqu'elle avait mis ses chances de son coté. En effet, si jamais elle n'avait pas tout donné dans l'épreuve précédente, certainement qu'elle n'aurait pas pu accéder à celle là et alors, certes il lui serait resté de l'énergie, mais ça aurait été en vain puisqu'elle n'aurait même plus pu l'utiliser pour en faire démonstration.
C'était un mal pour un bien. De toutes manières, tout se jouait maintenant et c'était comme il elle recommençait du début.

Elle inspira et accepta la main qu'on lui tendait. Sa vision se brouilla quelques secondes comme si il y avait de la neige dans son champ de vision et puis elle devint noire avant de repasser brusquement à des nuances quasi normales.
Un petit vertige la prit et son estomac se serra. Elle était sur une colonne au milieu du vide. Devant il y avait la flamme de la progression et derrière, la froide étincelle dont elle essayait de tirer une lueur. Était elle capable de sauter le pas. Elle en doutait tout en se souvenant de ce que tout le monde répétait sans cesse. Le doute est le pire des poids pour avancer. Et elle se voyait sauter et, entraînée par ces poids monumentaux tomber dans le vide entre les deux corniches.
Cette épreuve était une mise à l'épreuve et elle se devait de réussir [ce mot ne me plaît pas alors je te le donne en mille, voilà ceux que j'aime mieux : lograr (en espagnol), succeed et archieve (en anglais)].

Myra s'écarta doucement et elle sa plaça à son coté. Alors, l'homme qui l'avait saluée juste avant, lui fit face et elle prit la pleine mesure de son regard. Il avait des grands yeux calmes et quand on plongeait à l'intérieur, on devinait des spires infinies. Comme si cet homme là était le plus grand dessinateur qu'elle aie jamais vu.
Immédiatement, elle songea à un duel. Et l'idée n'était pas pour lui plaire. Elle n'aimait pas se battre. De manière générale et sous toutes les formes. Certes elle en était capable, ce n'était pas un exploit que l'on lui demandait, mais tout de même, il y avait ce soucis de l'adversaire qu'elle ne connaissait pas et dont elle pourrait difficilement anticiper les réactions.
La professeur confirma ses doutes. Gwëll eut du mal à avaler sa salive et puis elle se résolut et se concentra. Elle jaugea le monsieur et il lui semblait jeune et dynamique, pas du genre à lui faciliter le travail. En plus, il l'observait depuis le début donc il avait pu voir comment elle se débrouillait alors qu'elle n'avait jamais eut vent de ses exploits à lui.

Gwëll serra les poings et elle se glissa doucement dans les spires. Son premier dessin serait certainement le signal de départ. Elle papillonna quelques instants dans les spires. Elle ne parvenait pas encore à se concentrer et elle avait peur de mal commencer. Car le tout premier dessin serait le plus important. Ce serait engager le duel et se donner les moyens de réussir ou non.
Une quantité quasi innombrable de solutions s'offrait à elle et elle était indécise. À chaque fois, elle se posait la question de la réponse de son adversaire. Devait elle aller directement à l'offensive ou jouer la sécurité et la défense ? Elle pesait le pour et le contre et elle sentait, pour la première fois, la présence discrète à ses cotés. Elle se savait surveillée et il notait ses moindres hésitations, appréciait ses idées. Le duel se gagnerait ainsi. Ce n'était pas tant sa rapidité ni sa violence qui la sauveraient, cet homme là, c'était un homme de pensée et pas d'action, de stratégie et pas d'attaque. Ce n'était pas un homme de terrain qu'on envoie en première ligne, mais un cerveau que l'on garde à l'arrière pour superviser.

Le temps s'écoulait inexorablement et elle manquait d'inspiration. Ce n'était pas son genre, de commencer, elle laissait les autres y aller et elle réagissait, plutôt. Mais cette fois ci, il fallait innover.
Une pluie glacée lui déferla sur la figure et elle capta les regards éberlués des adultes en présence. Certes l'homme avait pu voir son choix mais en aucun cas il n'avait pu prévoir sa réaction. D'ailleurs, à en voir les étranges reflets irisés qui l'entouraient, il avait pris soin de se défendre.
Gwëll eut un sourire. Le froid qui l'avait submergée avait réveillé son esprit et, si maintenant elle frissonnait, c'était déjà qu'elle bougeait. Elle secoua sa tête et ses cheveux s'essorèrent d'eux même. Pour le reste, elle verrait plus tard, là, elle n'avait pas le temps.
Elle analysa rapidement la situation. Son intervention inattendue n'avait eu pour effet que son réveil et ses tremblements et l'eau avait maintenant coulé et s'était répandue tout autour d'elle jusqu'au bord de la falaise où elle gouttait dans le vide. Elle replongea dans les spires et elle dessina une fine pluie de neige au dessus du terrain de duel.
Encore une fois, son adversaire sembla ne pas comprendre la raison de son choix et en son fort intérieur, elle songea que c'était tant mieux et que ça n'en marcherait que mieux. Il riposta par une gerbe de feu qui fit fondre instantanément les flocons alentour. Elle se jeta à terre et l'esquiva sans chercher à réagir par l'imagination. Non, elle préférait bien compter sur l'effet indirect pour économiser au mieux ses forces. À sa droite et donc à la gauche du monsieur, elle dessina un grand mur qui courait le long de la falaise. Encore une fois, il sembla interpellé, mais il se contenta d'attaquer simplement d'une volée de flèches en bois. Gwëll dessina brièvement un écran pour se protéger.

Tout était en place. Phase offensive.
Gwëll dessina un pot de terre qu'elle envoya avec une vitesse impressionnante vers l'homme et, comme escompté, il esquiva en faisant un pas vers la gauche. Gwëll eut le temps d'apercevoir son regard et ces yeux la remplirent de joie. Il glissa. Une seconde ses pieds tentèrent de rattraper la chute, mais c'était trop tard, il pédalait dans le vide. Il s'étala de tout son long et sa tête heurta le sol gelé.

Gwëll eut un sursaut affolé et elle courut-dérapa vers l'homme. Sonné mais conscient, il lui sourit doucement. Elle se retourna vers Myra et elle capta son regard. Toutefois, elle ne put le décrypter de sorte qu'elle ne sut pas ce que la professeur pensait de sa prestation.
Elle dessina une petite flamme qui fit fondre la plaque de glace à ses pieds et elle tendit une main au monsieur pour l'aider à se relever.


Le mur, c'était pour pas tomber dans le précipice, c'est pour ça...


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Re: Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé]   Il vit en toi | Passage Flamme Gwëll [Terminé] Icon_minitimeDim 19 Mai 2013 - 1:53

Myra savait pertinemment que de tous ses élèves, Gwëll était celle qui aimait le moins les duels. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. L'aequor n'avait jamais réellement su cacher ce qu'elle pensait. La dessinatrice espérait que son élève surpasse ses pensées et affronte Owenn.
La tension montait, aucun des deux adversaire ne faisait le premier pas. La primat avait demandé à Owenn de laisser les élèves attaquer les premiers. Il respectait chaque règle érigée par son amie, chaque petit détail. Elle avait tout pensé, tout calculé. Jusqu'au moindre détail. Rien n'avait été laissé en compte.
L'atmosphère parut se brouiller, quelque chose s'était modifié. L'aequor était dans les spires, tout comme le dessinateur. Ces spires... Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles rien ne bougea. Les cris des oiseaux même s'étaient évaporés. Rien. Gwëll allait effectuer son premier dessin, le plus important. Le dessin décisif. Celui qui déciderait à l'avance de l'issue du combat. Elle ne devait pas se tromper.
Soudain, une pluie diluvienne. Une pluie ? Pourquoi donc ? Myra ne comprenait pas sa démarche. Peut-être y avait-il une raison à ce dessin, peut-être avait-elle quelque chose derrière la tête. Owenn avait bien vite réagi, formant une bulle autour de lui. Gwëll souriait. La seule chose qu'elle avait réussi à faire était de les tremper jusqu'aux os, mais elle souriait. Sa bonne humeur n'était pas altérée, c'était déjà cela.
Les cheveux de Myra commençaient à coller contre son visage, mais ce n'était pas fini. Une pluie de neige s'abattit soudain sur le terrain du duel. Pourquoi ce changement de temps, pourquoi la pluie et la neige ? La professeur était perdue, elle ne suivait plus le raisonnement de son élève. Jusqu'alors, Gwëll était logique dans ses agissement. Mais pas cette matinée-ci. Pas dans ses deux derniers dessins.

Ce sourire... Elle avait forcément une idée derrière la tête, il ne pouvait en être autrement. Sauf que cela n'empêchait pas que ses gestes étaient tout sauf logiques. Après tout, les Spires étaient imprévisibles, pourquoi ses arpenteurs le seraient ?
Le duel commença véritablement. Une gerbe de feu, aucune riposte. Elle gardait sans doute ses forces, écoutant la remarque précédente de son professeur. Un grand mur apparut le long de la falaise, une volée de flèches en bois, un écran, un pot de terre en plein visage, esquive, l'homme glissa et s'étala de tout son long sur le sol gelé. Quelques minutes avaient suffit à la jeune dessinatrice pour le mettre à terre.
Elle avait véritablement un plan, elle avait tout prévu. De la première pluie au dernier souffle. Du mur à la neige. Tout était calculé. Elle l'impressionnait.
Gwëll courut soudain rapidement vers l'homme pour voir comment il allait. Owenn était toujours conscient bien que sonné par la chute qu'il venait de subir. L'élève se tourna alors vers son professeur et planta son regard dans le sien. Elle aida le dessinateur à se relever et lui donna une petite explication pour le mur. Gwëll était sans doute l'une de celles qui pensait le plus aux autres. Elle ne voulait faire de mal à personne, elle détestait cela.
Owenn debout à plusieurs mètres de Myra, l'aequor se dirigea vers la primat et se stoppa devant elle, attendant son verdict.

Myra se souvenait bien de la grande blonde qui était apparue dans sa classe à son premier jour. La grande Gwëll était encore une enfant. Elle l'était encore un peu dans sa tête, mais elle avait grandit malgré tout. Elle avait changé. Appris aussi. Beaucoup. Ce n'était plus la grande blonde maladroite qu'elle avait rencontré ce jour-là dans la salle de dessin, elle était devenue une dessinatrice prometteuse. Bien que encore bien enfant.
La primat ne parlait pas, ne souriait pas. Rien ne transparaissait dans son regard, sur son visage. Soudain, un sourire. Une phrase.


- Toutes mes félicitations, te voilà promue au rang de Flamme.

Son sourire ne s'atténuait en rien. Elle était fière de son élève, fière de ce qu'elle avait accompli pour en arriver là. Que ressentirait-elle lorsque le grand jour du passage final arriverait ? Dernier passage de Brasier à Dessinateur accompli. Myra en serait sans doute bouleversée. Il n'en faisait aucun doute.
Elle fit un clin d'oeil à son élève.


- Je crois que tu as dépensé bien trop d'énergie pour aujourd'hui, rentre te reposer. Owenn va te raccompagner.

Le dessinateur s'approcha de Gwëll et ils disparurent tous deux dans un Pas sur le côté, laissant Myra au beau milieu des arbres. Seule. Avec ses sombres pensées et cette fierté qui brillait au fond d'elle.

Tu as gagné ce duel, mais tu as gagné bien plus. Une bataille pour ta confiance en toi. Une bataille pour les Spires.






[ PASSAGE TERMINE ET REUSSI ]

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