Explique moi ton absence, je ne te mangerais pas. [Terminé]

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Le sourire qu'elle avait eu durant cette heure disparut aussitôt qu'elle franchit le seuil des appartements de Duncan. Ils parlaient de choses et d'autres, faisant sans cesse attention à ne pas aborder le sujet difficile du Dessin, et cela lui faisait du bien. Elle appréciait l'humour de son ami, elle se sentait un peu mieux lorsqu'elle l'écoutait lui exposer ses théories. Elle ne pensait plus à ses problèmes. Mais une fois dehors, toutes ces pensées lui revenaient tel un boomerang. Sans ménagement. Elles la submergeaient de pars et d'autres sans même attendre un certain temps. Son visage se refermait dès qu'elle quittait les appartements de son ami et le thé qu'elle affectionnait tant. Ah, le thé de Duncan ! Aucune autre tisane ne lui arrivait à la cheville, il était tout simplement divin. Elle pourrait en boire toute la journée si elle le pouvait, mais ce thé, elle ne le dégustait qu'avec lui. Tous les deux, essayant de se distraire l'un et l'autre. Elle appréciait se qu'il faisait pour elle.
Myra descendait les escaliers afin de rejoindre ses appartements personnels. Elle n'avait pas de cours cet après-midi, elle pouvait donc aller se reposer en paix. Elle arriva vite devant la grande porte qui la séparait de ses rideaux rouge, de son lit blanc et de ses baies vitrées qu'elle affectionnait tant. Pénétrant dans ses appartements, elle laissa choir son manteau sur une chaise avant de s'affairer devant sa coiffeuse. Depuis quelques jours, elle arrivait à se regarder dans ce miroir qu'elle avait tant fuit. Depuis quelques jours, elle ne se trouvait plus aussi pathétique. La dessinatrice ne pouvait toujours pas se regarder avec plaisir ; ses cernes ne disparaissaient toujours pas, sa peau était toujours aussi pâle et ses yeux encore éteints. Elle était toujours aussi défraichie. Mais son coeur était allégé. Ses pensées ne convergeaient plus vers un seul point. Elle avait trouvé deux amis avec lesquels elle partageait des moments bien différents.

La primat se releva après avoir reposé un voile sur le miroir et se dirigea vers une des fenêtres de ses appartements. Elle l'ouvrit et le vent entra avec violence et faillit renverser tous les documents qui trônaient sur son bureau. Cela faisait depuis plusieurs semaines qu'ils étaient là, à attendre que quelqu'un veuille bien venir les lire. Myra hésitait à les ouvrir ; elle était sûre de ne pas y trouver se qu'elle cherchait. Et se qu'elle voulait à tout prix n'existait sans doute pas dans ces vieux ouvrages ; elle ne trouverait pas les réponses qu'elle désirait depuis des mois. Des réponses qu'elle ne savait plus où chercher et si ça en valait la peine.
Elle se détourna de la fenêtre afin de faire face à son bureau. Il était temps qu'elle les rende à la bibliothécaire ; même si cette dernière savait qu'elle pouvait faire confiance à la dessinatrice, elle devait sans doute se demander se qu'elle faisait avec ces ouvrages aussi longtemps.
Elle s'approcha de la table et commença à ramasser les livres et parchemins lorsqu'un papier en particulier attira son attention. Usé, terni par le temps, le titre et la reliure l'enjoignait à la lecture. Elle le posa de côté en prévision d'une nuit blanche prochaine.
Prenant le gros atlas sous son bras, l'autre grand ouvrage entre ses mains et le reste empilé à la va vite par dessus, elle tenta une démarche mal assurée. Les livres pouvaient tomber à n'importe quel moment ; la seule chose qu'elle espérait était qu'elle ne croiserait personne dans les couloirs ou en tout cas aucun amas d'élèves au sortir d'un quelconque cours. Elle réussit à ouvrir la porte par un miracle dont elle n'avait elle-même pas connaissance et sortit enfin de ses appartements.
Les couloirs paraissaient déserts ; la chance était avec elle au moins pour cette journée. Elle se dépêcha vers a bibliothèque en faisant tout de même attention à ne pas renverser la pile de livres anciens et précieux qu'elle transportait. Les grandes portes de la bibliothèque s'imposèrent soudain à son regard ; ouverte comme d'habitude à cette heure de la journée, elle n'avait pas de portes à pousser. Un léger sourire apparut sur son visage, mais il disparut bien rapidement. Elle ne souriait plus depuis plusieurs mois et cela lui valait bien des questions.

Myra ne savait plus où ranger les ouvrages qu'elle avait emprunté, elle devait donc trouver la bibliothécaire qui ne devait sans doute pas être loin. Elle tourna entre les étagères durant presque dix minutes avant de trouver l’assistant de la femme. Un certain Pyhro. Elle s'approcha du jeune homme qui l'avait vu débarquer les bras pleins. Sans attendre ne serait-ce qu'une parole de la primat, il l'aida à se débarrasser du poids qui pesait dans ses bras. Lorsqu'elle fut enfin libre de tout mouvements, elle le salua.

- Merci beaucoup pour ton aide. Dis à Khelia que j'attend avec impatience l'ouvrage que je lui ai demandé et qu'elle me prévienne immédiatement lorsqu'il arrivera.

Après quelques phrases habituelles, Myra repartit d'où elle était venue. Sa sieste, elle y tenait. Elle avait besoin de se reposer et à présent qu'elle n'avait plus la tentation des recherches, elle pouvait le faire en paix.
Elle fut vite dans ses appartements et souffla un bon coup. Elle était tranquille, seule. Elle pourrait se détendre même si certaines pensées l'assaillaient encore.
Elle s'apprêtait à s'allonger lorsque plusieurs coups discrets résonnèrent contre sa porte. Qui cela pouvait-il bien être à cette heure-ci ? Elle se dirigea à contre coeur vers sa porte et l'ouvrit à la volée. Devant elle, une jeune fille ; son visage ne lui était pas inconnu, elle la connaissait. Elle ne l'avait pas vue depuis bien longtemps. La dessinatrice avait beau avoir un nombre certain d'élèves, elle se souvenait parfaitement de leur prénom respectif et de leur personnalité. Loeva Kaïga. Une jeune dessinatrice prometteuse qui avait disparue sans même venir lui dire un adieu.
La primat esquissa un sourire à la teylus.

- Que me vaut cette visite jeune fille ?

Elle l'invita à entrer.

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Loeva commençait tout doucement, à reprendre gout à la vie. A reprendre gout à autre chose qu’au Dessin. Elle comprenait peu à peu qu’elle ne pourrait pas rester éternellement, pas survivre éternellement dans cette solitude qui lui broyait l’âme. Qu’un jour, qui semblait terriblement proche, elle n’en pourrait plus, elle deviendrait folle, ou pire encore si cela était possible. Et puis elle était agréable cette petite lumière qui éclairait sa vieille et familière pente sombre. Un peu de chaleur au fond de son âtre, ce n’est pas très dérangeant, au contraire. C’était étrange comme sensation. C’était étrange de pouvoir respirer librement sans se sentir oppresser. Sans étouffer à cause d’un trop plein de solitude. Elle pouvait enfin cesser de frôler les murs. De descendre cette pente qui lui faisait si peur.~~Elle faisait une coupure avec son brother complex :arrow :~~ Mais y arriverait-il réellement ? Cette conversation avec la Kaelem l’avait sauvée en quelque sorte. Cette dernière ne se rendait sans doute pas compte de l’importance de son geste. Elle avait encore beaucoup de travail si elle voulait revivre un jour.

Elle devait renouer avec la vie. Elle devait respecter les règles de l’Académie. Elle devait cesser de fuir. Elle devait avoir une discussion avec Myra Ril’Otrin, et le plus tôt serait le mieux. Et, sans qu’elle ne s’en rende compte, ses pas l’emmenaient vers l’appartement du Maître du Dessin. Elle n’y était jamais allée, n’en avait jamais eu l’occasion, ou plutôt, elle avait toujours reculé ce moment où elle devrait s’expliquer. C’était si dur de parler, si dur de s’expliquer. Mais elle devrait bien, à un moment ou à un autre, se justifier non ? Au fond, encore une fois, elle avait peur, tellement peur. Et si reparler de ce qu’elle avait vécu la replongeait dans ce à quoi elle venait d’échapper ?

Elle avait passé la matinée à la Vigie, comme chaque fois qu’elle le pouvait depuis qu’elle était revenue de la Confrérie. Elle avait passé la matinée à réfléchir, à peser le pour et le contre. Allait-elle rentrer chez elle, renoncer à son apprentissage pour retrouver le doux confort de son petit chez soi, et la honte d’être revenue ainsi ? Elle ne pourrait plus jamais lever les yeux vers son frère. Allait-elle rester ici, suivre son apprentissage, assumer ses erreurs et remonter peu à peu la pente ? Quitte à encaisser des coups difficiles parfois. Choix difficile qui ne l’était pas. Elle ne rentrerait pas chez elle. Chez elle, désormais, elle y était déjà, c’était l’Académie. Et elle devrait se faire à cette idée un jour ou l’autre. Le plus tôt serait le mieux. Elle n’abandonnerait pas le dessin, elle ne ferait plus honte à personne. Elle ne voulait pas risquer de revoir des larmes perler aux yeux d’Enelÿe. Une fois, c’était largement suffisant.

Se laissant diriger par ses pas, elle avançait lentement vers les appartements de Myra. Elle ne l’avait pas vu depuis longtemps. La reconnaitrait-elle ? Se reconnaîtraient-elles ? Se souviendrait-elle d’elle ? Accepterait-elle de lui refaire des cours ? Elle ne demandait pas d’elle qu’elle lui donne des cours particulier, ou quoi que ce soit du genre, non, juste qu’elle puisse suivre les cours de nouveau, comme avant, comme s’il ne s’était pas passé quelques mois depuis leur dernière rencontre. Comme si cette blessure ne s’était pas rouverte peut-être ? C’était impossible d’oublier tout cela, elle le savait. Mais peut-être, qu’au moins, l’illusion fonctionnerait. Sur cette pensait, elle frappa de léger coups à la porte. Attendant patiemment que Myra vienne lui ouvrir, si toutefois elle était là. Elle n’eut guère à attendre, la porte s’ouvrit rapidement, dévoilant le Maître Dessinateur comme la Teylus s’en rappelait, mais avec un petit quelque chose dans le regard qu’elle n’y avait jamais vu. Elle entra et répondit à sa question.

- Je vous dois des excuses. Et des explications.

Et sans attendre, ne voulant pas déranger trop longtemps, elle enchaina.

- Lors de l’attaque de l’Académie, je me suis prise un coup d’épée sur une vieille cicatrice, qui s’est rouverte, me rappelant de vieux souvenirs désagréables. J’ai passé ces quelques mois d’absence, en convalescence à la Confrérie. J’aimerais, si possible, reprendre mon apprentissage. Je sais qu'il me faudra sans doute beaucoup de travail pour rattraper tout ce retard que j'ai pris, mais j'aimerais que vous sachiez que durant ces quelques mois, je n 'ai pas cessé de dessiner.

Accepte, s’il te plait.

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La jeune fille commença par lui dire qu'elle lui devait des excuses. Depuis quand elle lui devait quelque chose à part la reconnaissance du savoir partagé ? Myra n'était pas sa mère, elle n'avait pas à avoir des excuses de sa part. La jeune fille ne lui avait pas fait de mal, pourquoi s'excuser alors.
Des explications, peut-être. Loeva était partie durant quelques temps sans en dire mot à personne, la dessinatrice ne savait pas pourquoi et avait dans l'idée que personne ne savait exactement. Et même pour les explications, la femme pensait que c'était à la jeune teylus de choisir si elle voulait les lui donner ou pas. Elle ne les lui devait pas. Mais elle commença tout de même à les lui offrir.
Elle lui parla de l'attaque de l'Académie, un événement que la dessinatrice n'avait pas vécu, n'enseignant alors pas encore le Dessin dans ces lieux. Un événement auquel elle aurait assisté pour rien au monde. Toutes les personnes présentes avaient soufferts, elles s'étaient toutes retrouvées dans des situations complexes. Tous ne voulaient plus jamais y penser, mais c'était bien trop tard. La prise de l'Académie avait bien eu lieu et les esprits en étaient marqués à tout jamais. Comme pour la reprise. Des événements bien trop douloureux pour de jeunes gens comme ses élèves. Elle comprenait que Loeva soit partie. A cause d'une vieille cicatrice rouverte durant la bataille, rappelant des vieux souvenirs.
Ainsi donc, elle se trouvait à la Confrérie. Myra n'y avait jamais mis les pieds, elle n'avait même jamais rencontré le maître rêveur qui s'en occupait. Si elle s'y était rendue, elle aurait pu croiser sa jeune élève disparue et la convaincre de revenir, mais le sort en avait fait autrement. Elle était restée ici, dans cette Académie, à essayer de comprendre se qui pouvait bien se passer. Avec un succès qui dépassa ses espérances.

Loeva lui avoua qu'elle espérait reprendre son apprentissage où elle l'avait laissé. Myra haussa les sourcils. Du travail ? Bien sûr qu'il lui faudrait du travail, beaucoup de travail. Durant le temps de son absence, les élèves qui apprenaient à ses côtés s'étaient améliorés, ils avaient travaillés plus que d'habitude. Ils voulaient être plus fort, connaître tout des spires, être intimes avec l'Imagination. Peut-être en prévision d'une nouvelle catastrophe, qui sait. Dans tous les cas, elle n'avait sans doute plus le même niveau que ses camarades. Oui, elle avait pris du retard, au moins elle en était consciente. Cela faisait déjà un bon point.
Elle s'était entraînée ? Elle n'avait pas cessé de dessiner ?
Peut-être qu'elle disait vrai, mais Myra n'était pas sûre que son élève sache qu'il ne suffit pas que de créer des objets pour apprendre. Il fallait observer, savoir ouvrir ses sens aux spires, libérer son esprit afin de connaître. Il ne suffisait pas que de dessiner.
Myra qui était alors face à la jeune fille, se retourna et se dirigea vers son bureau. En silence. Comment devait-elle prendre cette situation ? Cet imprévu chamboulait ses plans de la journée et accessoirement ses cours à venir. Une nouvelle élève – même ancienne – n'était jamais quelque chose de mauvais, bien au contraire. Mais là, la dessinatrice ne savait pas quoi faire. Devait-elle remettre Loeva en étincelle ou la laisser chez les flammes ? Dans tous les cas, elle ne pouvait pas la faire passer au niveau supérieur. Pas tout de suite en tout cas. La jeune fille avait manqué des cours et même si d'après ses dires elle s'était entraînée, elle l'avait fait seule. Et sans doute avait-elle manqué beaucoup plus que ce qu'elle ne pensait.
Dos à la teylus, la primat réfléchissait à une solution. Le premier point de sa réflexion était évident : voir où elle en était par rapport au Dessin. Quelques minutes s'étaient écoulées après les paroles de la jeune fille, mais assez pour donner une appréhension à la concernée.

- Tu dis n'avoir pas arrêté de dessiner ?

La dessinatrice ne fit aucun commentaire sur les aveux de Loeva, elle n'en fera d'ailleurs jamais. Elle avait compris et savait qu'elle ne se devait pas de remuer le couteau dans la plaie. Si la teylus voulait se confesser, elle le ferait d'elle-même. Si elle voulait en parler à la professeur plus précisément, elle le ferait, mais seule. Myra n'aimait pas forcer la main.
Se retournant d'un seul coup, la femme jeta son regard flamme directement dans celui de son élève.

- Alors dessine. Montre moi de quoi tu es capable.

Sa voix était froide, distante. Son ordre était sans appel. Il fallait que la jeune fille se rende compte qu'il ne suffisait pas de travailler de son côté, il lui fallait l'aide de quelqu'un qui soit sûr de ses gestes dans les spires. Il lui fallait un maître, quelque chose dont elle avait manqué durant ces mois d'absence. Certaines personnes étaient capable d'apprendre seuls, mais une chose était sûre : certains aspects restaient inconnus si l'on n'apprenait pas aux côtés d'un maître. Cela valait pour toutes guildes confondues. Que ce soit guerriers, rêveurs, dessinateurs ou encore marchombres. On n'apprenait pas correctement sans professeur, voir pas du tout.

Quelques secondes à peine s'étaient écoulées et Loeva fit basculer quelque chose dans la réalité. Une flamme. Grande, imposante, rougeoyante, débordante de vie ; une flamme magnifique. Parfaite.
Et pourtant, Myra n'était pas satisfaite. Elle était même déçue.

- C'est tout ?

Elle s'approcha de la flamme, la touchant presque du bout de ses doigts.

- Dans tout se qui s'offrait à toi, tu as choisi de me dessiner une flamme, un dessin de débutant ? Un des premiers exercices que je vous ai montré. Tu as dit que tu t'étais entraînée, montre-moi le fruit de ce travail.

Elle voulait la pousser à se surpasser, la pousser à lui montrer se qu'elle valait réellement. Elle ne voulait pas qu'elle lui montre qu'elle s'était améliorée dans les exercices que la dessinatrice proposait, elle voulait la voir à l'oeuvre. Qu'elle utilise les trois cercles ; pouvoir, créativité et volonté. Qu'elle utilise tout son potentiel, qu'elle ne rabâche pas les cours que Myra lui avait donné. Qu'elle innove. Qu'elle dessine, simplement.

- Dessine.

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Elle craignait sa réponse. Elle avait peur de se faire rejeter, une fois encore. Et si elle ne pouvait pas reprendre son apprentissage ? Que ferait-elle, que deviendrait-elle ? Le Dessin, c’était tout ce qu’elle avait. Elle ne pouvait plus continuer en autodidacte, sans cours, elle n’irait pas bien loin. Le Dessin, c’était tout ce qu’elle aimait. Sans aide, elle n’avancerait pas, ne sortirait pas de ce calvaire. Elle avait peur, donc. Avec la solitude, c’était la peur qui l’habitait, qui lui tenait compagnie. Elle savait qu’elle avait de grande chance que Myra décide de la tester. Là, tout de suite, sans qu’elle n’ait le temps de s’y préparer. Et elle appréhendait ses paroles. Car de ces quelques mots dépendaient son avenir. Elle lui tournait le dos, elle ne pouvait même pas tenter de déchiffrer les signes de son visage. Le stress montait, montait. Et enfin, elle parla. D’un ton sec, froid, sans appel. La fixant de son regard de flamme, elle lui ordonna de dessiner.

Flamme. Ses yeux l’avaient guidés, l’avaient forcé à dessiner ce qu’elle voyait. Une flamme, grande, rougeoyante, sublime. Une flamme parfaite. Immense. Un petit dessin de débutant. Elle fut déçue d’elle-même, elle n’avait pas pu contourner le regard du maître dessinateur, elle n’avait représenté que ce qu’elle avait vu. Une parfaite imitation. Totalement inutile.

Ce ne fut pas la seule à être déçue, Myra s’approcha, son regard flamme trahissant ses pensées avant qu’elle ne parle. Elle ne pouvait se permettre de la décevoir plus encore. Elle obéit. Se lança dans les Spires. Réfléchit cette fois. Très rapidement. Elle savait ce qu’elle allait faire.

Elle avait créé son petit monde, son propre royaume. Et elle, elle était la princesse endormie qui attendait patiemment qu’un baiser de son prince charmant vienne la réveiller. Des mois durant, elle avait cru cela, persuadée que seule, elle n’y arriverait pas. Des années durant, elle avait cru que, plutôt qu’un baiser, c’était un regard de son frère qui la réveillerait, qui la ferait vivre. Elle n’avait jamais pensé à vivre pour elle-même, à se réveiller seule. A s’aimer d’abord, pour qu’une autre personne puisse peut-être, un jour l’aimer. Elle avait créé son petit monde parfait, de petite princesse illusoire. D’abord uniquement dans sa tête, et au fil des mois derniers, en utilisant son don pour le dessiner, pour l’idéaliser. Elle pouvait faire apparaître ainsi, un monde miniature, une cité parfaite. Elle pouvait ouvrir la porte de son monde en le basculant dans la réalité. Mais aurait-elle le courage de s’exposer ainsi ? De sortir de sa tour ?

Elle leva la tête, cherchant un signe d’approbation dans les yeux de Myra, n’y lut aucun refus, se lança. Refusant d’utiliser ce moyen trop facile de communication qu’était la parole, elle la contacta par les Spires. Comme elle l’avait fait si souvent avec cette rêveuse, sans vraiment le comprendre, trop engloutie par les Spires qu’elle était.

*Non, ce n’est pas tout.*

La flamme grandit davantage, devint bleu, et s’ouvrit. Sur ce petit monde qu’elle avait créé au fil des mois. Sur une cité miniature étonnement précise. Sur son petit monde, tout droit sorti d’un conte de fée. Des minuscules bâtisses représentant à la perfection ce que l'on pouvait voir dans toutes les cités étaient présentes un peu partout. Mais la ville était déserte, comme morte. Un château trônait sur une colline, et dans l’une de ces tours, la petite princesse dormait. Un élément à modifier. Elle n’attendrait plus qu’aucun prince charmant, aucun frère jaloux, ne vienne l’aider. Elle détruit le sommet de la tour, révélant un minuscule lit à baldaquin défait, où plus aucune personne miniature ne dormait. Un petit personnage à la longue crinière blonde marchait vers l'extrémité de la cité, vers les flammes. Vers la vie. Maintenant son dessin, elle continua :

*Bienvenue dans mon monde.*

Pouvoir, créativité, volonté. Les trois étaient-ils présents ? Etait-ce tout ce dont elle était capable ? Et surtout… Qu’allait en penser Myra ?

Elle ne la quitta pas des yeux.

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La jeune fille se replongea bien vite dans les spires, mais une autre expression barrait son visage ; l'assurance. Elle savait se qu'elle allait faire, elle savait qu'elle allait le faire. Elle était déterminée et voulait à tout prix montrer à Myra se dont elle était capable. La dessinatrice n'attendait que cela et son élève allait s’exécuter.
Elle leva soudain la tête et chercha un signe de la part de la primat. Un signe qui lui dirait qu'elle pouvait y aller, qu'elle était la seule à pouvoir commencer l'exercice. Myra attendait seulement, son regard vide. Il fallait qu'elle soit froide, il fallait qu'elle soit sèche afin que Loeva donne toutes ses tripes pour impressionner son professeur. Si elle lui avait ouvert les bras immédiatement, elle n'aurait sans doute pas su à quel point elle s'était entraînée de son côté.
Myra entendit soudain la voix de la jeune fille dans son esprit ; elle la contactait par les spires. Bien, déjà un bon point, elle savait utiliser l'Imagination comme moyen de communication. Une simple phrase qui voulait pourtant tout dire. Ce n'était pas fini. La primat retint un sourire et observait l'espace au moindre signe d'un dessin apparent.
La flamme grandit soudain et se mua en un bleu océan profond avant de s'ouvrir sur une cité miniature à vous couper le souffle tant les détails étaient précis. De minuscules maisons constituaient la plupart des coins de cette petite ville et les détails fulgurants impressionnaient la femme. Jamais elle n'avait cru la jeune Loeva capable d'un tel exploit.
Une chose pourtant la chiffonnait : la cité était déserte, pas âme qui vive. Etait-ce fait exprès où dessinait-elle de petits personnages en ce moment même ?

Myra haïssait ne pas savoir se que ses élèves faisaient dans les spires, elle se sentait désemparée. Elle ne pouvait pas surveiller leur travail et voir quels chemins ils empruntaient. Car le plus intéressant était bien sûr de les suivre dans les spires afin de voir comment ils se débrouillaient entre leurs bras. Car les dessins apparaissaient oui, mais elle aimait par dessus tout voir leur progression et c'était celle-ci qui importait lorsqu'ils dessinaient. Le résultat était en somme pas réellement important. Il était gratifiant, mais la chose qui comptait était le parcours effectué. Un parcours qu'elle observait jadis avec minutie. A présent, elle ne le pouvait plus et était vouée à ne voir que le résultat d'un travail fourni. D'une ascension dont elle ne verrait jamais les couleurs.

La dessinatrice remarqua soudain un château surplombant la ville, dessiné avec précision. Chaque tour, chaque fenêtre, chaque pierre. Dans l'une de ces tours dormait une jeune fille, blonde. Elle semblait paisible, comme en attente d'un événement quelconque. Comme à l'attente du baiser d'un prince. De son prince.
Le sommet de la tour fut soudain détruit et un lit à baldaquin apparut aux yeux de Myra. Elle était ébahi à chaque seconde, impressionnée par la finesse dont faisait preuve son élève. Elle avait travaillé, cela se voyait.
Le lit était défait, il n'y avait plus de princesse endormie. La primat mis quelques seconde avant de trouver où la fille miniature était passée. Loin du château, la toute petite blonde disparaissait vers les flammes au loin.
La voix de Loeva résonna à nouveau dans sa tête. Dans son monde. Elle était la petite princesse, la petite blonde.
Les yeux de la jeune dessinatrice restaient plantés sur son maître qui était toujours inébranlable. Toujours aussi neutre. Elle observait encore la cité entourée de flammes en se demandant comment elle avait fait pour progresser autant sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle était fière. Bien plus que cela, elle aimait voir la réussite sur le visage de ses élèves et là, elle l'avait en face d'elle.
Créativité, pouvoir et volonté.
Tout était là. Elle avait exploré les recoins de son Don et en avait sorti le meilleur, elle s'était donné à fond pour un but auquel elle aspirait plus que tout. Redevenir élève dessinateur. Revenir apprendre aux côtés de son ancien maître.
Un sourire illumina le visage de Myra.

- Eh bien voilà ! Je savais que tu étais capable de bien mieux.

La dessinatrice serra Loeva dans ses bras avant de lui jeter un regard perçant, mais tout de même amical.

- La prochaine fois que tu as un soucis, viens me voir et on en parlera. Je ne mors pas et je suis là pour t'aider, dans n'importe quelle situation. Je suis là pour le Dessin autant que pour tes problèmes personnels. Viens me parler quand tu veux.

La dessinatrice se détourna, s'assit dans un grand fauteuil orange sombre et invita la jeune teylus à s'assoir en face d'elle.

- Tu t'es améliorée, ton dessin était extraordinaire. Volonté, créativité et pouvoir. Les trois cercles. Tu as su tous les dosés à la perfection et me montrer grâce à eux un spectacle des plus remarquable. Je t'en remercie.

Elle souriait encore. Cela faisait depuis bien longtemps qu'elle n'avait pas sourit, mais ces temps-ci, tout allait de mieux en mieux. A part durant ses cours, elle ne pensait plus à l'Imagination et aux choses qu'elle avait perdu. Elle avait d'autres préoccupations et des aides pour le moins extraordinaires. Ils arrivaient à lui faire oublier ses pensées funèbres et elle recommençait à vivre.

- Bien, à présent, je vais te proposer quelque chose.

Silence.

- Cela fait depuis bien longtemps que tu n'as pas participé à un cours et je pense que tu ne devrais pas immédiatement t'y jeter tête baissée. Il faut que tu te réhabitue à mes cours, à mes exercices. Les autres élèves ont compris le nouveau fonctionnement que j'utilise et y sont habitués. Pas toi. Dans ce cas-là, je te propose des cours privés. Simplement nous deux et l'Imagination.

La jeune fille répondit par la positive. Comment dire non à une telle proposition ; Myra lui donnait du temps pour elle seule.

- Donc voilà, réjouis-toi, on va bien s'amuser. Mais ne crois pas que je vais te ménager, je te ferais travailler encore et encore.

Myra avait oublié son programme de la journée et, bien assise dans son fauteuil, était prête à accorder une bonne partie de sa journée à la teylus.

- Pourrais-tu simplement me rappeler où en es-tu par rapport à l'art du Dessin ? Que sais-tu faire, qu'est-ce qui t'es encore inconnu ?

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Elle n'avait pas cessé de la fixer. Tentant de discerner un sentiment, une réaction quelconque dans ses yeux de flamme. Tentant de savoir si elle s'était lamentablement trompée, si elle avait échoué à l'exercice demandé. Ou si, au contraire, Dame Ril'Otrin s'en estimait contente. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle ferait si elle avait échouée, si elle refusait de l'accepter de nouveau dans son cours. Elle irait tenter sa chance à l'Académie d'Al-Jeit peut-être ? Ou elle tenterait de se réorienté, de devenir apprentie archère pour être l'assistante du Maître Archer ? Tiens, c'était une chose qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps ça aussi. Tirer à l'arc. Elle espérait de tout cœur qu'elle n'aurait pas à se poser cette question. Elle tenait véritablement à son Don, elle voulait vraiment apprendre. Et elle s'y plaisait finalement à l'Académie de Merwyn. Et puis, elle ne supporterait pas un autre changement.

Et puis, elle crut déceler un changement dans son regard. Sans pouvoir mettre de mot sur ce qu'elle y lisait. Le stress montait. Et tout s'évapora, parti en fumée, dès qu'un sourire éclaira le visage du Maître Dessinateur. Suivie de quelques paroles. Amicales. Fières ? Et sans qu'elle n'eut le temps de réagir, elle se retrouva dans les bras de Myra. Elle explosa intérieurement de joie. Elle avait donc réussi ? Elle se contint tout de même. Ne sachant pas encore ce que Dame Ril'Otrin allait décider exactement. Cette dernière se reprit, lui disant qu'elle pouvait venir la voir si elle avait des soucis, s'il y avait le moindre problème. Qu'elle n'était pas là que pour le Dessin. La jeune dessinatrice lui adressa un regard reconnaissant. Notant l'information, espérant que cette situation n'aurait pas à se représenter.

Et puis elle s'assit, et l'invita à s’asseoir. Ce qu'elle fit. Devinant que la conversation risquait d'être plutôt importante pour son avenir. Mais, et ceci l'étonna, elle commença par un compliment. Ainsi son dessin était extraordinaire ? Elle n'avait pas eu tant de mal à le réaliser, mais cela était peut-être du au fait qu'elle l'avait créé au fur et à mesure de ces mois d'absences, de ces mois de convalescence. Un remerciement pour l'instant. Elle ne comprenait pas réellement pourquoi, elle n'avait fait que ce qu'elle lui demandait finalement. Et pourtant, ça lui faisait plaisir. Un sourire, un compliment, un merci. Ça lui mettait du baume au cœur dans son petit moi intérieur. Ça devrait plutôt être à elle de remercier Dame Ril'Otrin. Mais qu'importe. Un sourire illumina son visage. L'un de ces sourires dont elle avait le secret et qui étaient si rares dernièrement.

Merci à vous.

Et puis, elles passaient aux choses sérieuses maintenant. A savoir ce qu'elle allait devenir. Ce que Myra pourrait bien lui proposer pour réintégrer son cours. Car il paraissait évident, que, bien qu'étant, ou ayant été peut-être, douée, elle avait pris un retard considérable, et elle aurait du mal à se réhabituer à des cours qui lui avaient finalement tant manqué. Alors que faire ? Aucune idée ne lui venait à l'esprit. Mais finalement, elle n'avait pas besoin de l'avoir cette idée. Puisque Myra la proposa. Des cours particuliers. Bien sur ! Comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle accepta de suite. Sans prendre le temps d'y réfléchir. C'était sûrement la meilleure possibilité qu'elle aurait de réintégrer les cours de Dessin.

Mais pour cela, comme lui fit remarquer la femme au regard de flamme, il fallait qu'elle lui dise où elle en était exactement. Mais pour cela, elle devait le savoir. Elle réfléchit. Elle se savait capable de de contacter une personne via les Spires. Elle ignorait comment faire un pas sur le côté. Elle savait modifier un dessin qu'elle avait déjà basculé dans la réalité, mais n'avait jamais vraiment essayer de s'approprier le dessin d'un autre. Elle savait désormais qu'elle pouvait faire disparaître un objet qu'elle avait dessiné, puisque qu'elle avait vu Enelÿe le faire à la Vigie, et curieuse, avait tenté, et réussi. Mais elle ignorait ce que Myra avait enseigné à ses élèves depuis son départ. Et donc ce qu'elle devait ou non savoir, et quel était son niveau vis à vis des autres. Elle prit la parole.

- A vrai dire... Je ne sais pas trop. Je me sais capable de contacter une personne via les Spires, de modifier ou faire disparaître un dessin que j'ai fait basculer dans la réalité auparavant. Mais j'ignore, par exemple, comment faire un pas sur le coté – ni si c'est de mon niveau ou pas – si je suis capable de m'approprier le dessin d'un autre. Mais je serais incapable de décrire avec précision où j'en suis par rapport au Dessin.

A moins que je ne l'ai déjà fait.

Voilà, c'était parti. Elle réintégrait réellement l'Académie cette fois. Elle ne faisait pas que se promener dans les couloirs en repoussant le moment où elle devrait aller voir Myra.

[J'fais pas trop avancer le RP, mais je ne savais pas quoi dire d'autre.]

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Loeva semblait hésitante, pensante. Un demi-silence s'installa et Myra sentait que la jeune fille prenait son temps. La professeur attendrait le temps qu'il faudrait, elle avait oublié toutes les activités de sa journée et était heureuse de voir la teylus de retour. Cette dernière prit soudain la parole.
Elle ne savait pas réellement de quoi elle était capable ; et bien ça ne lui était pas très utile. Comment pouvait-elle savoir ce qu'elle devait et pouvait lui enseigner ? Ah non, elle donna quelques exemples. Elle savait prendre contact grâce aux spires, modifier ou faire disparaître un dessin qu'elle avait fait apparaître et bien sûr accéder à des spires plus élevées que celles utilisées par les Etincelles. Le pas sur le côté, elle avait raison, ce n'était pas encore de son niveau. Bien, un cours en perspective donc.
Elle se trouvait incapable de préciser ce qu'elle savait faire, pourtant c'était déjà un bon début. Même si Myra n'était pas plus avancée qu'avant, elle avait quelques leçons qui étaient venues de leur plein gré. Au moins elle savait à quoi s'en tenir. Et quoi faire à présent.

- Bien, ce n'est pas grave si tu n'arrives pas à mettre des mots sur ton savoir, ce que tu viens de me dire m'est pour l'instant suffisant. Je m'en contenterais.

La dessinatrice ne se souvenait pas d'où la teylus en était restée, quels cours elle avait réussi à suivre. Il fallait dire aussi qu'elle n'avait pas eu énormément de cours avec la femme, vu qu'elle était à peine arrivée lorsque la jeune fille partait. Tant pis, elle ferait avec ; elle n'avait pas le choix.
Et maintenant, que faisaient-elles ?
Les deux dessinatrices étaient toujours l'une en face de l'autre, assises dans les canapés. Leur regard l'un dans l'autre, le silence qui s'installait encore. Aucun mal à l'aise, juste le temps de s'habituer à la présence de l'autre. La femme n'avait jamais fait entrer un élève dans ses appartements, il était normal qu'elle soit un peu déroutée.
Les trois seules personnes à être entrées dans ses appartements jusqu'à ce jour étaient toutes arrivées ici par accident. Même Loeva, elle ne l'avait pas invitée.
Trois hommes. Le premier, un chantelame. Il avait gravi les murs de l'Académie, avait cru les appartements vides et s'était retrouvé nez à nez avec une dessinatrice en nuisette. C'était encore le temps où les mercenaires régnaient sur l'Académie de Merwyn. Le second, Duncan. Un ami, une aide. Celui qui était là dans les moments difficiles comme les meilleurs. Elle l'adorait, elle ne pouvait plus se passer de sa présence rassurante. Le troisième, le trésorier. Varsgorn. La nuit de leur rencontre inattendue. Elle avait bu, elle l'avait agressé alors qu'il voulait simplement l'aider, mais l'homme l'avait tout de même raccompagner jusque dans ses appartements. Quelqu'un qui l'avait surprise par sa gentillesse, étrange lorsque l'on connaissait son passé.
Aucun de ces hommes n'avaient étés invités dans ses appartements. Ils étaient venus de leur propre chef. Elle n'aimait pas particulièrement montrer au monde son intimité, elle préférait rester discrète. C'était sans doute pour cela qu'elle restait réticente à continuer cette discussion dans ses appartements.

Les yeux bleus de Loeva la ramenèrent soudain à la réalité et une idée germa dans son esprit. Myra posa ses mains sur les accoudoirs du grand fauteuil rouge et se leva bien vite avant de se reculer de quelques pas. Elle invita la teylus à se placer quelques mètres face à elle.

- Tu ne sais pas de quoi tu es capable ? Tentons plusieurs exercices dans ce cas-là.

La dessinatrice réfléchit plusieurs minutes, laissant le temps filer, ce qui n'était pas dans ses habitudes lors d'un cours. Cependant, ce moment était particulier. Ce n'était pas un cours comme les autres, c'était un tête à tête. Elle appréciait ces instants plus que n'importe quel cours, mais plus aussi intensément qu'autrefois. Avant, elle réservait ces entrevues pour les duels au Dessin, les exercices qui requéraient deux dessinateurs dont un plus avancé. La plupart du temps, c'était elle. Elle appréciait par dessus tout dessiner avec ses élèves, se battre avec eux, les pousser dans leurs retranchements. Ce qu'un autre élève ne ferait pas par peur de se perdre, par peur de faire mal à l'ami qui nous faisait face. Ils ne possédaient pas cette peur face à elle, ils savaient qu'elle pouvait arrêter leurs dessins avec facilité. Là, elle ne pouvait plus le faire, elle allait devoir improviser.
Sans autres explications, elle lança l'exercice qu'elle décida d'inventer au fur et à mesure.

- Dessine une sphère...

Beaucoup trop simple pour elle, c'était un dessin de débutant. En quelques secondes, une sphère bien ronde apparut entre les deux dessinatrices.

- ... une spirale, un carré,... un triangle, un parallélogramme, une sphère incurvée...

Ce n'était pas plus complexe qu'une sphère, elle ne prendrait pas plus de temps que pour le premier dessin. Simplement dessiner des formes, rien de plus. Aucune matière spécifique, aucune couleur spécifique. C'était à Loeva de choisir. Les formes apparurent devant la primat.

- ... Change la couleur du carré, transforme le triangle en rectangle, rempli la sphère incurvée avec de l'eau bleutée...

L'exercice commençait à se corser, même si les demandes de Myra restaient simples.
Le plus dur restait à venir ; elle comptait bien pousser la teylus jusque dans ses retranchements, même sans son propre Don.
C'était bon, la partie pouvait démarrer.

Loeva, prépare-toi à me montrer ton Don !

[ Je te laisse utiliser Myra comme bon te semble pour les demandes suivante, comme ça tu peux inventer le cours aussi. Et fais-toi plaisir surtout, impressionne moi cheers

]

Messages : 139 Inscription le : 09/08/2009 Age IRL : 29

Elle était toujours un peu hésitante la Loeva, parce qu’elle ne savait pas trop si elle avait bien répondu à la question que lui avait posé Dame Ril’Otrin, parce qu’elle savait jamais trop en fait. Alors elle fut rassurer quand elle lui dit que ce n’était pas grave si elle ne savait pas trop où elle en était, si elle n’arrivait pas trop à lui expliquer tout ça. Comme quoi pour l’instant, c’était suffisant. Elle s’en contenterait. Et à ces mots la Teylus se sentit un peu gêné, parce qu’elle aurait bien aimé en dire plus, l’aider un peu plus. Mais elle ne savait vraiment pas comment, alors elle avait pas pu dire plus. Peut-être que si elle était restée à parler plus longtemps à Enelyë l’autre jour, à la Vigie, à lui demander ce qu’ils avaient fait quand elle était pas là, elle aurait pu lui répondre de façon un peu plus précise là. Mais c’était trop tard maintenant. Elle aurait dû y penser avant.

Mais le silence s’installait, et Loeva commençait vraiment à s’en vouloir, d’être partie comme ça, d’être revenue comme ça. S’en jamais prévenir personne. En se pointant à l’improviste. Où étaient donc passées les bonnes manières que lui avaient apprises sa mère quand elle était toute gosse ? Où était passé tout ça ? Avant elle ne serait jamais partie comme ça, sans un mot. Et elle aurait prévenu avant de venir frapper à la porte de Dame Ril’Otrin. Elle changeait, et pour ça, c’était pas forcément une bonne chose.

Et puis finalement, la professeure de Dessin se leva, l’invitant à faire de même, à s’exercer pour savoir un peu plus où elle en était par rapport au Dessin. Lui disant de dessiner ceci, puis cela, puis encore autre chose. L’exercice, plutôt simple au départ, commença à se corser, mais restait dans les cordes de Loeva, dans ses compétences, dans ce qu’elle avait déjà essayé, ce qu’elle connaissait déjà. Même si l’enchainement de dessin, de modification de dessins, puisaient dans son énergie, sans trop qu’elle s’en rende compte au début. Il fallait qu’elle apprenne à doser l’énergie qu’elle dépensait lorsqu’elle empruntait les Spires. Qu’elle maitrise cela, ou elle n’arriverait pas à tenir très longtemps. Ne pas dépenser trop d’énergie. Ne pas trop se dépenser. Pas trop vite du moins. Plus simple à dire qu’à faire.

Et faire devenir l’eau bleutée violette, et la transporter dans le cube préalablement évidé, et garder les dessins dans la réalité, faire en sorte qu’ils ne rebasculent pas dans les Spires. Faire exploser la sphère incurvée. Faire quoi ? Elle ne savait pas faire, ça ! Un petit moment de panique, presque imperceptible. Qui ne dura pas longtemps, guidée comme elle était par la volonté de réussir cet exercice, de ne pas faiblir. La sphère incurvée explosa. De façon précise, sans en mettre partout. Ramasser tous les éclats, les plonger dans l’eau devenue violette. Qu’ils se diluent. Et puis faire s’évaporer l’eau. En créant un air chaud, ça marche ? Parce que j’ignore comment faire sinon. Et puis mettre toutes les formes ensemble, les faire se transformer en une sculpture humaine taille un huitième. Taille un huitième de qui ? Par rapport à qui ? La moyenne d’elles-deux, ça marchaient ?

Elle commençait à fatiguer un peu, finalement. A atteindre ses limites en guise de suite de dessin plus ou moins simple. Sa sculpture avait forme humaine, mais avec quelques défauts notables. Des doigts un peu trop courts, des proportions plus ou moins respectées dans l’ensemble. Lui faire faire un pas sur le côté. Si elle faisait disparaître la sculpture dans les Spires puis la faisait réapparaître un peu plus loin, ça marchait ? Il y avait comme un manque dans les Spires. Elles étaient comme d’habitude, comme à la Confrérie. Et pas comme aux cours qu’elle avait quelques temps plus tôt. Où il y avait d’autres présences. Elle n’en sentait aucune, de présence là. Elle était seule. Et fatiguée…

Messages : 238 Inscription le : 17/07/2009 Age IRL : 29

Loeva suivait à la perfection les consignes données par la maître dessinatrice. Ordres après ordres, les dessins se succédaient à une vitesse convenable. Au départ rapide, puis se ralentissant de plus en plus. La fatigue du dessin pesait sur tous ses adeptes, même les meilleurs. A de diverses intensités, certes. Mais sur tout le monde.
La teylus arrivait à trouver des solutions à chaque demande même si certaines semblaient parfois lui poser problème. Comme faire exploser la sphère. Elle se reprenait toujours rapidement et plus l'exercice avançait, plus les hésitations disparaissaient.
Myra devait se rendre à l'évidence ; sa jeune apprentie avait avancé à sa manière sur la voie des spires. Lentement, mais sûrement. Elle était fatiguée et cela se faisait ressentir dans ses dessins. Sa figurine n'était pas très bien proportionnée, mais Myra voulait voir une dernière chose.

- Fais-lui faire un pas sur le côté.

Elle savait qu'elle ne pouvait pas l'emmener plus loin que la pièce et elle avait raison. La figurine ne fit que quelques pas. Ce n'était pas grand chose, mais c'était déjà cela.
La primat remarqua un air étrange sur le visage de Loeva. Quelque chose la perturbait, mais quoi ? Elle ne pouvait même pas savoir si cela avait un rapport avec les spires. Foutu Don...
Elle éloigna vite ces pensées de son esprit et se concentra à nouveau sur ce qui l'occupait en ce moment même. Elle lui demanda au final de faire disparaître toute trace de dessin dans la réalité, ce qu'elle fit avec un peu de mal. La fatigue pesait bien trop sur elle. Sans doute cela faisait-il depuis longtemps qu'elle n'avait pas dessiné autant à la chaîne.

- Pas mal. Pas mal du tout même.

Malgré ce qu'elle venait de voir, Myra ne savait pas vraiment dans quel degré placer la teylus.
Etincelle ? Non, elle était bien trop avancée pour se retrouver dans la classe des débutants. Ses connaissances étaient bien plus foisonnantes que ses élèves de première année. Elle les dépasserait bien vite en capacité et la primat se verrait bien vite obligée de la monter de niveau.
Brasier ? Ce dernier niveau convenait aux élèves les plus expérimentés, à ceux qui ne pouvaient que apprendre d'avantage de techniques ardues. Un niveau bien difficile pour quelqu'un qui revenait à peine de plusieurs mois d'absence.
Flamme alors ? Elle entrait dans cette catégorie-là, mais Myra sentait qu'elle en savait un peu plus. Déjà le pas sur le côté, un exploit difficile à réussir. Certes, elle venait d'en faire un petit à une simple figurine. Mais c'était déjà cela, elle en connaissait au moins le principe. Et puis, elle l'avait fait alors qu'elle venait d'enchaîner plusieurs dessins d'affilé.
La dessinatrice plongea son regard dans celui de Loeva.

- Je me rend compte que tu n'as pas perdu les leçons que tu as acquises ici, tu t'es même améliorée.

Elle se tut, laissant le silence s'accumuler autour d'elles.

- Bienvenue à nouveau dans la classe des Flammes, Loeva. Ton premier cours est dans deux jours. Reposes-toi bien et sois à l'heure !

La femme raccompagna la jeune dessinatrice vers sa porte et l'observa s'éloigner en lui faisant un signe de la main. Lorsqu'enfin elle disparut derrière l'angle du couloir, la primat referma la porte.

Toi, tu as encore ton Don. Profites-en du moment que tu le peux encore.

[ Fin du Rp. Tu peux encore faire un post si tu veux Naif

]

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