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 Des lettres et des images. [Terminé]

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Juliet
Juliet

Petit ange
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MessageSujet: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeDim 27 Nov 2011 - 1:01


    Il avait suivi sa fée.***La jeune femme blonde avait fait apparaître toutes sortes de choses, ce qu'elle appelait "dessiner", et Juliet, avec son coeur d'enfant, en avait conclu qu'elle était une véritable fée. Il n'y avait que les fées et les sorcières qui pouvaient faire apparaître des choses, qui venaient de nulle part. Elle ne pouvait pas être une sorcière, étant trop gentille et trop jolie, et elle était donc devenue sa fée. Alors il l'avait escorté jusqu'à sa demeure, accomplissant ce qu'il considérait comme un acte de prince. Du moins, c'est ce qu'il avait pensé, avec son esprit d'enfant. Mais est-ce que ça n'avait pas été le contraire, finalement ? Est-ce que ce n'était pas sa fée qui l'avait protégé des dangers qu'ils auraient pu rencontrer ? Armé de sa petite épée de bois, il aurait même eu du mal à frapper un autre enfant. Ce n'était pas une question de force, non plus d'agilité ou de temps de réaction. C'était une question de caractère. Le petit garçon ne pouvait tout simplement pas faire de mal à une mouche. Mais cela lui semblait tellement futile ... Pourtant, les princes faisaient du mal. Bref, il avait suivi sa fée.***Dès que la lourde porte avait été ouverte, il avait filé à toute vitesse à l'intérieur de l'imposant bâtiment, laissant tomber la jeune femme qui l'avait accompagné jusque là. Mais si c'était sa maison, elle n'avait pas besoin de lui, elle connaissait les chemins. Il avait grimpé des escaliers, en avait descendu, avait traversé de longs couloirs, plongé dans d'étroits interstices entre des murs qui se terminaient bien souvent en cul-de-sac, visité chaque recoin. Il reprit son chemin en sens inverse, puis, lorsqu'il fut retourné au hall, il recommença. Sauf que cette fois-ci, il ouvrit des portes. La première qu'il croisa menait aux cuisines. Son ventre gronda, aussi décida-t-il d'aller se nourrir. Juliet n'avait pas conscience de ce que les autres pouvaient appeler "vol". Pour lui, tout ce qui existait appartenait à tout le monde. Quand l'une des aides cuisinières le vit prendre une jolie pomme rouge, elle l'attrapa par le bras et le fit sortir de la cuisine en lui disant que ce n'était pas bien. Alors elle, déjà c'était pas une princesse. Puis il avait passé des portes et avait fièrement grimpé les marches de l'escalier au bout du couloir. Dans le couloir de cet étage, une porte s'ouvrait sur une immense bibliothèque.Il n'avait pas résisté et était entré, discrètement, en retenant son souffle devant l'immensité du nombre d'ouvrages qui se trouvaient réunis ici. Il y en avait des épais, des plus fins, des qui avaient des couvertures rouges, d'autres qui en avait des bleues, des vertes, des marrons ... Et il y avait une autre différence, majeure celle-ci : il y avait les livres où il y avait des dessins, et ceux où il n'y en avait pas.Juliet en attrapa un où il y avait de jolies enluminures, certain de trouver des images dans ce livre. Et en effet, de beaux dessins ornaient les pages. Assis en tailleur au milieu de l'allée, il observait les dessins, tentait de les décrypter, passait ses doigts salis sur les reliefs de la feuille ... Puis, finalement, il posa le livre, un peu au hasard car il ne se souvenait plus où il était rangé avant. Il sortit de la bibliothèque aussi discrètement qu'il y était entré.Le garçon avançait encore, un peu au hasard maintenant. Il grimpa l'escalier, s'arrêtant à chaque marche pour découvrir un nouveau détail sur le sol ou sur le mur.Juliet s'arrêta devant la première porte. Allait-il l'ouvrir ? Il colla son oreille à la porte, entendant alors des voix. Alors non, il n'entrerait pas. Il alla donc ouvrir la deuxième. Il se retrouva dans une pièce pas très lumineuse, où il trouva encore des livres. Il passa entre les pupitres distraitement, effleurant le bois du bout des doigts, le regard fixé sur le tableau accroché à un mur. Cette oeuvre ne montrait rien de réaliste, c'était quelque chose d'assez bizarre. Des traits colorés partaient en tous sens, certains se reliaient sur des losanges ... Il resta devant le tableau pendant un long moment.La porte s'ouvrit, et il se tourna. Quelqu'un venait d'entrer.- T'es qui ?La petite voix de Juliet venait de percer le silence, et il se désintéressa totalement du tableau.


Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeMer 30 Nov 2011 - 20:14

C’était certain.
Il ne pouvait en être autrement. C’était la seule solution. Et il fallait qu’il y remédie. Il était le seul à en avoir le pouvoir, il était le seul à disposer des informations nécessaires pour mener cette opération à bien. Après tout, il était le seul à l’avoir vu. Et le seul à pouvoir le combattre.
Les autres ne pourraient pas le vaincre ; il était l’élu. Et le monde retenait son souffle sans le savoir dans l’attente de l’acte héroïque qui ne manquerait pas d’arriver. Il était certes tout seul dans son opération et personne ne semblait faire attention au poids qui pesait sur ses frêles épaules. Mais bientôt, les lauriers viendraient ceindre son front, et les pétales de fleur frôler ses joues, tandis que des hourras retentiraient dans la cour de la Fontaine. Bientôt, il serait un héros. Comme Bomon.

Mais pour cela, il fallait qu’il le retrouve. Et les indices étaient très minces. Il avait logiquement commencé dans le parc, et avait passé la majorité de la journée à plat ventre dans l’herbe rase, à soulever chaque brin d’herbe, à étudier chaque trace qui pourrait le mener à son objectif. Einar Soham avait trouvé de nombreux objets menus dans l’herbe et conservé précieusement ces preuves potentielles dans les poches de ses pantalons, faute de mieux. Il s’y trouvait après plusieurs heures de recherche trois glands grignotés, un morceau de métal non-identifié, quelques fibres de tissus issus d’un uniforme déchiré, un bâton de sourcier et un caillou aux jolies nervures.

Nul doute qu’avec de pareilles preuves, le coupable ne pourrait pas éviter la peine capitale. Fier de ses recherches et des résultats qui s’en étaient ensuivis, le détective en herbe et futur dragonslayer s’était dirigé à l’intérieur des murs de l’Académie, autant parce qu’il avait terminé son enquête dans le parc que parce qu’il commençait à faire un peu froid dehors. Scrupuleusement, il avait suivi des rumeurs et des ombres, posé des questions autour de lui sans avoir l’air d’y toucher ; il s’agissait de ne pas créer de panique. C’est pourquoi il ne parla pas directement de ce qu’il cherchait et dont il devait sauver l’Académie, pour sauver le moral des gens. Et puis, s’il devait en mourir bravement, il ne voulait pas inquiéter ses amis, et se retint à grand-peine de leur faire des adieux plus qu’émouvants.
Mais il n’avait rien à craindre, n’est-ce pas ? Il avait Bomon avec lui. Et avec Bomon à son côté, rien ne pourrait jamais lui arriver. Et il était l’apprenti chantelame de Tifen Layan. Ca, c’était un autre argument en sa faveur : il gagnerait ce dur combat. Il sortirait vainqueur de cet affrontement dantesque, blessé mais fier.

Ses pas l’avaient donc dirigé dans les étages, et vers des couloirs qu’il connaissait un peu moins faute d’avoir été particulièrement assidu en cours. Le mur était humide à un endroit. C’était un signe. IL était passé par là. Le Teylus ploya les genoux et dégaina Bomon son sabre. Le reflet du soleil éblouit un instant le couloir, une langue de feu en jaillit ; le sabre chantait. L’affrontement était proche !
Sa main tremblante d’anticipation se posa sur la poignée de la porte du scriptorium, où son instinct lui criait que se trouvait son objectif. Elle ploya dans un bruit grinçant, et la porte s’ouvrit comme s’ouvrent le portail du Paradis. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, Einar se donnait du courage en serrant le pommeau de Bomon plus que de raison dans sa paume. Il pouvait le faire. Et après, plus rien ne l’arrêterait. Il prit une grande goulée d’air ; ouvrit la porte en grand ; brandit son sabre :

- En garde, Régis ! Bats-toi comme un vrai minotaure, et meurs avec dignité !

Mais quand Einar rouvrit les yeux, il ne trouva pas Régis. Pas même une seule petite corne. Il baissa les yeux : vit de nouveau un corps ; brandit son sabre plus haut. Mais il lui fallait quand même avouer qu’il était un peu petit pour être Régis. Et un peu frêle. Et un peu pâle. Il avait pas un très gros muffle non plus, et il avait même l’air plutôt inoffensif. C’était pas normal. Einar n’aurait pas du avoir à baisser les yeux pour trouver Régis. Pourtant, tous les indices pointaient vers cette salle ! Les morsures sur le flanc des glands étaient formelles, la courbure du bâton, et ces déchirures caractéristiques sur les fibres de tissu… Il ne pouvait pas se tromper.
Il devait s’agir d’une ruse. Mais il ne tomberait pas dans le panneau, non non non. Il ne baisserait pas son sabre. Régis s’était échappé du Labyrinthe, il en était intrinsèquement convaincu. Et voilà qu’apparaissait devant lui un espèce de mini-gnoms inconnu à l’air absolument innocent : c’était trop beau pour être une coïncidence. D’un air suspicieux, il s’avança, Bomon en avant. Prit la parole d’un ton non moins suspicieux :

- … ‘Te manque une corne. Tu l’as planquée où ? C’est quoi ton nom ? Où étais-tu ce matin, trois heures après l’aube ? Y’a quoi marqué au dessus de la Grande Porte ?

C’était son épreuve ultime. Les minotaures ne savaient pas lire, ou alors, toute sa vie d’étude sur les minotaures était complètement fallacieuse ; mais il en doutait fortement, les histoires de Dytar étaient toujours vraies. Si le mini-minotaure ne pouvait pas répondre, c’était qu’il était vraiment un mini-minotaure.
Il le tenait.
Hinhin.


Juliet
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Petit ange
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Déc 2011 - 19:19

    La porte s'ouvrit violemment, révélant dans l'encadrement de la porte un grand jeune homme. Juliet, qui regardait un tableau représentant quelque chose d'abstrait, s'en désintéressa complètement pour observer l'inconnu. Il lui demanda qui il était, de sa petite voix, mais sa question fut couverte par les cris de l'inconnu. Régis ? Quoi, un minotaure ? Où ça ? Juliet fit un bond en avant, tentant de s'éloigner du monstre. Il n'avait même pas sa petite épée de bois, il ne pouvait pas se battre ! Le jeune homme, en revanche, avait une épée. Oh ! Alors c'était un chevalier ! En attendant, le petit prince se sentait tout intimidé en dessous de l'arme que brandissait l'inconnu. Qui ouvrit les yeux, puis baissa la tête vers lui. Il sembla surpris, le chevalier. Le doute marqua son visage, pendant que Juliet haussait un sourcil perplexe.

    Il se mit alors à lui poser plein de questions. C'était peut-être pas un chevalier alors. Peut-être un espion, ou pire, un soldat ! Et si jamais il voulait le tuer, pour l'empêcher de se battre contre le monstre qui hantait les lieux ? Et si il essayait de sauver la princesse de ce château avant lui ? Ce serait terrible. En tout cas, il avait parlé de corne, lui avait demandé son nom, avait parlé d'aube, lui avait demandé de lire. Le petit garçon hésita, se demandant si il devait dire la vérité à cet espion qui voulait sa fin. C'est donc avec un panache princier qu'il ... ne répondit pas. Il fixait juste l'autre, les sourcils froncés, tenant dans ses mains enfantines sa petite épée de bois, qu'il venait de récupérer dans le sac à ses pieds. Et il pensait que le soldat était aux ordres du minotaure.

    - J'ai pas de corne, sale espion ! Et puis c'est qui Régis ? Un ami à toi ? C'est méchant les minotaures, j'suis sûr que t'es avec eux ! Et d'abord j'sais pas lire. Tu veux m'empêcher de tuer le monstre et d'sauver la princesse, c'est ça ? Mais t'y arriveras pas !

    Juliet, dans un réflexe tout enfantin, lui tira la langue, à ce "sale espion". Il était sûr qu'il était uniquement là pour l'empêcher de progresser dans sa quête. Il grogna, pour intimider le méchant. C'était comme ça que faisaient les loups, dans les légendes. Ils commençaient par essayer de faire peur à leurs ennemis, pour éviter des batailles inutiles. Mais si ils étaient trop bêtes pour comprendre et qu'ils se jetaient quand même dans la bataille, ils se faisaient battre par le gentil. Et actuellement, c'était lui le gentil, donc, ce serait lui qui gagnerait. Après tout, il était un prince, et tant qu'il n'aurait pas battu de dragon autre que l'araignée dans la chambre de sa grand-mère et qu'il n'aurait pas sauvé de jolie princesse autre que sa tante, l'histoire ne pouvait pas se terminer.

    - Tu m'fais pas peur en plus ! Moi, je les extrémine les méchants !

    Oui oui, extréminer. Bon, Juliet n'avait jamais trop compris ce mot. Mais en gros, ça voulait dire que ce serait lui le vainqueur, et que lui là, en face, il avait qu'à bien se tenir. Il laisserait pas un pauvre soldat de minotaure se mettre en travers de sa route. Finalement, il avait bien fait de visiter le château de sa fée. Si il n'avait pas trouvé le monstre, elle se serait peut-être fait attaquer pendant son sommeil ! Ou alors il l'aurait emprisonnée pour qu'elle le rende fort, beau et puissant ! Ou alors il l'aurait emprisonnée, volé sa nourriture et son trésor, et serait reparti, tout content, son butin sous le bras. Mais Juliet était là, en tant que prince, pour sauver la fée et assurer sa sécurité.

    Il grogna une nouvelle fois, attendant que l'autre se décide à attaquer.


Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeJeu 12 Jan 2012 - 20:41

AHA !
Il ne savait pas lire !
C’était la preuve ultime ! Objection, votre honneur !
Il le tenait. Il le tenait comme l’arbre tenait ses feuilles pour les empêcher de s’envoler, ou comme Tante Mo tenait ses aiguilles de tricot pour pas les laisser tomber. Il le tenait et maintenant le mini-minotaure ne pourrait plus lui échapper, il exhiberait sa tête comme trophée à toute l’Académie, et on l’acclamerait pour avoir débarassé la Terre du Milieu d’un tel fléau, et il irait jeter la tête dans les feux dévorants du Mont du Destin pour être sûr qu’elle était vraiment morte, et ensuite, il irait dire à ses parents qu’il était un héros et qu’il avait sauvé le monde.

Et ils lui feraient un chocolat.
Un chocolat chaud maison, avec du lait tiré de Popette, la vache qu’ils avaient dans l’arrière-cour, tout plein d’épices et beaucoup de cannelle, et fumant quand il prendrait le bol, et…

*Grouïïïklkl*

La ferme, ventre. Tu vas me trahir dans ma mission secrète. Einar plissa des yeux dans une mimique de concentration, pour tater le terrain. Enfin, le tater visuellement quoi. Enfin faire de la reconnaissance visuelle quoi, vous m’énervez ! Il tenait la porte de sortie. Il y avait une autre porte au fond de la pièce mais elle menait à l’arrière-salle qui servait de rangement et qui était donc sans issue. Deux fenêtres à croisées dans la pièce, mais comme on est pas au XXIe siècle, on ne peut pas ouvrir les fenêtres vu qu’elles n’ont pas de poignée, donc pas possible pour le mini-minotaure de s’enfuir de ce côté-là. Et puis ils étaient au quarante-troisième étage, alors bon, c’était un peu risqué….

Et entre les deux protagonistes de cette geste héroïques, des tables, des pupitres, des étagères, des chaises, des rouleaux de parchemin, un tableau noir plein de craies, un bureau de chêne, et beaucoup beaucoup de particules d’oxygène. Trop pour être négligeable.
Einar s’apprêtait à se jeter sur son adversaire après que celui-ci l’eut proprement invectivé de paroles peu amènes, mais un coup d’œil le retint juste à temps.

L’autre avait une épée en bois.
La loose.

Alors qu’Einar avait un véritable sabre chantelame, tranchant et mortel comme le dragon des glaces… et qu’en plus, il savait s’en servir. Le combat n’était pas équitable. Et puis tuer un mini-minotaure, à la réflexion, c’était pas super glorieux.

Et d’où il parlait de princesse, en plus ? Les minotaures n’avaient pas de princesse minotauresses, encore moins des princesses en détresse… Si ça se trouve, Einar avait tout faux. C’était pas un minotaure, même miniature. C’était même pas un serviteur des minotaures, parce qu’il portait pas de pagnes. Et puis à la réflexion c’est vrai qu’il avait pas de cornes. Et y’avait bien des abrutis pour ne pas savoir lire et n’avoir MËME PAS l’excuse d’être un minotaure…
Que faire, que faire…

A vrai dire, Einar venait de retourner dans le monde réel, et l’atterrissage était un peu brutal. Il ne parvenait plus à visualiser devant lui un minotaure, rien d’autre qu’un espèce de gamin bravache qui racontait plein de sornettes, et qui lui rappelait un peu son petit frère Peklar quand il jouait à l’aventurier dans le verger…
Einar cligna des yeux. La réalité venait de détruire le minotaure, et ça le rendait très triste.

- T’as tué Régis, sale gosse.

Il rengaina son sabre précautionneusement dans le fourreau en cuir qui lui ceignait les hanches. Il lui en voulait beaucoup à l’autre, d’avoir parlé de princesses et de pas être un mini-minotaure.

- T’façon y’a pas de méchants, ici. Y’a juste toi, et t’es clairement pas méchant, t’as même pas de vraie épée.

Il prit son ton le plus misérabiliste pour continuer :

- Tu sers à rien en fait, t’es qu’un humain normal…

Puis, alors que l’autre le regardait avec des yeux grands comme des soucoupes, Einar bondit sur ses pieds et se jeta mains en avant sur le petit gamin à l’autre bout de la pièce, en faisant quand même attention à pas s’embrocher sur l’épée en bois. Il avait lui-même rengainé, et se prit quelques coups de latte dans la figure pendant qu’il cherchait les côtes de son adversaire à chatouiller.
Ils roulèrent tous les deux sur le sol dans un fouillis de bras et de jambes et de cris et de grognement pour le moins complètement immatures. A un moment, Einar prit le dessus et en profita pour japper :


- Dis-moi où tu as emprisonné la princesse, maraud, ou je te fouaille les tripailles avec mon espadon si fait !


Juliet
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Petit ange
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeMar 14 Fév 2012 - 23:30

Juliet lui tira la langue, lui envoyant tout un tas de mots au visage. C'était un réflexe purement enfantin. L'espion regarda son arme, sa belle épée de bois qui le transpercerait s'il s'approchait trop près, puis ... cligna des yeux, avant de dire qu'il avait tué Régis. ... mais qui était Régis ? C'était peut-être le minotaure ? Ou alors c'était autre chose ... Il vérifia qu'il n'avait pas écrasé de petit insecte, et ne voyant rien, il se demanda ce que l'autre avait dans la tête. Ou alors, c'était une diversion. Juliet se remit à le fixer aussitôt, pour ne rien rater de l'action, et se rendit compte que le jeune homme rangeait son épée. Ben, pourquoi il faisait ça ? Le petit prince baissa sa garde, un air interrogateur peint sur le visage. Y avait pas de méchants ? Mais alors, c'était qui lui ? Juliet le regarda, dépité. Lui qui avait voulu battre ce grand garçon, il allait devoir remettre ça à plus tard. Il posa donc son arme de vaillant chevalier sur une des tables de bois à côté de lui.

Mais ce que l'inconnu dit ensuite le laissa tout étonné. D'où il le traitait d' «humain normal» ? Il était tout, sauf un humain normal d'abord ! Le petit Prince faillit se rejetter sur son épée de bois, tout à fait exaspéré que l'on puisse le prendre pour un de ces autres qui n'avait pas le destin d'une princesse entre les mains, mais il fut interrompu dans son geste par le plaquage de l'autre. Comme il était trop fort malgré tout, Juliet réussi à récupérer son arme et, sous le coup de la panique, il fit tomber quelques coups sur le grand garçon. Ah non ! L'attaque ultime ! Nooon ! Juliet se mit à rire. Rire comme le petit fou qu'il était, un peu. Il grognait entre deux fous rires, pour demander l'arrêt des chatouilles. Ce qui semblait totalement inutiles, puisque cette attaque INHUMAINE continuait. Et, un moment où Juliet se retrouva coincé contre le pied tremblant d'un pupitre, il fut questionné à nouveau. Comme si il savait où elle était, la princesse !

Il se donna une impulsion, partant du talon et réussit à renverser, un peu, l'autre de côté. Il eut même le temps de dire quelques paroles, avant de se retrouver à nouveau par terre.

- Je sais pas où elle est ! Mais on peut faire équipe !

Le petit garçon le regardait avec de grands yeux, comme si de la décision de l'autre dépendait sa survie ou sa mort. Ce fut au tour de l'autre d'être surpris, cependant. Sentant une accalmie au niveau de ses côtes, l'air entrant à nouveau dans ses poumons, Juliet lâcha toute pose défensive, et se releva doucement. Il tendit sa main à l'autre, persuadé à présent qu'il ne pouvait être qu'un chevalier puisqu'il cherchait également la princesse mais qu'il pouvait pas être un prince. Vous comprenez, la place est déjà prise. Mais de toutes façons, il l'avait vu tout de suite qu'il était sympathique. Après tout, en tant que Prince, il savait tout de suite si les gens étaient gentils ou non, c'était aussi ça son rôle ! Comment ça des fois les Princes se font avoir ? Pas Juliet en tout cas.

- Je m'appelle Juliet, et j'ai besoin de compagnons dans ma quête. Je suis à la recherche d'une princesse. J'ai déjà rencontré une fée qui habite ici. Elle s'appelle Gwëll. Tu sais qu'elle sait faire apparaître des trucs ? Mais peut-être que tu la connais, si t'habites ici aussi ?

Juliet le regarda, de grandes étoiles dans les yeux rien qu'à l'évocation de sa fée. Il se rappelait des flûtes, mais encore plus du gâteau au chocolat. En tout cas, il se mit à attendre patiemment -ou pas- la réponse du chevalier en retournant à l'autre bout de la salle où était accroché le tableau bizarre. Maintenant, il comprenait. Le losange bleu, là, c'était lui. Le grooos carré rouge, en face, c'était un méchant. Le petit rond rose, derrière le carré, c'était la princesse. Le trait jaune était sans doute sa fée. Et le petit triangle vert était donc son ami, celui qui allait l'aider à réaliser son objectif !

Mais bon, à bien l'y regarder, il lui semblait pas très fort. Bon, ok, il avait été mis à terre et torturé de longues minutes. Mais est-ce qu'il saurait se battre contre un Marcheur, hein ? Ou pire, un ours-élastique ou encore un tigre ?! Rien n'était moins sûr. Lui, bien sûr qu'il le pouvait. Et de toutes façons, il ne pouvait pas mourir avant la fin de l'histoire, n'est-ce pas ?

Einar Soham
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeSam 18 Fév 2012 - 18:45

- Jamais je ferais équipe avec un mini-minotaure qui sert à rien et qui n’est même pas un minotaure de toute manière !

Einar, tout à l’assaut des côtes de son adversaire qu’il était, ne se rendit pas compte tout de suite de l’inutilité et de l’illogisme complet de sa phrase ; la Dame voulut d’ailleurs qu’il ne s’en rendit jamais compte et qu’ainsi son honneur et son innocence en furent préservées pour encore quelques minutes.
Le bruit des raclements des chaises qu’ils bousculaient et des tables qu’ils renversaient se rapprochait de celui du tonnerre qui roule pendant des batailles sanguinaires, et pendant un moment, le jeune garçon s’imagina en preux chantelame, sous une pluie de feu battante, mettant à terre son ennemi de toujours qui avait juré de détruire le monde –comme tout ennemi de toujours qui se respecte.
Et puis il intégra enfin la phrase de son ennemi-de-toujours, parce que c’est pas qu’il l’avait pas vraiment écoutée, mais il ne l’avait pas vraiment écoutée. On peut le comprendre, aussi, un preux chantelame n’écoute jamais les propositions insidieuses de son ennemi de toujours, il attend toujours que sa tirade dramatico-méchante soit finie pour lancer sa réplique de dramatico-gentil et qui ne sert à rien non plus.

Et puis, donc, il intégra la phrase de son ennemi-de-toujours. Surtout le mot équipe. Et les grands yeux mouillants plein d’étoiles et de cupcakes. D’où il avait réussi à faire apparaître des cupcakes dans ses yeux d’ennemi-de-toujours, lui d’ailleurs ? Enfin voilà dans tout ça Einar avait oublié qu’il était en train de l’attaquer, et l’autre en profita pour se relever et lui tendre la main.
C’était forcément un piège. Quand un ennemi vous serre la main dans un conte, c’est forcément pour vous tendre un piège. Aussi, le jeune Chantelame que rien ne pouvait tromper se releva aussi mais refusa de serrer la main du petit tant qu’il n’aurait pas expliqué en quoi consistait son piège.

Ce qu’il fit d’ailleurs sur le champ.

Ah ben, il cherchait une princesse. Et il avait besoin de compagnons. Et il parlait à des fées. Ca avait plutôt l’air d’être le héros de l’histoire que l’ennemi de toujours. Mais ça voulait dire qu’Einar était quoi dans tout ça ? Un compagnon de quête, un personnage non joueur ou l’ennemi-de-toujours ?
Ouais, être l’ennemi de toujours ça pouvait être fun. Et puis il possédait une épée magique qui chantait et tout, alors bon, il était forcément quelqu’un d’important dans l’histoire. Voilà, il ferait le compagnon de quête qui a pas l’air super fort et qui semble être en quête d’un minotaure, et quand l’autre trouverait la princesse, bah il la piquerait avant lui.

- Elle ressemble à quoi ta princesse ? Elle est gentille, elle sait faire la cuisine, comme ta fée ?


Sa mère à lui c’était une super princesse de la cuisine. Nombre de fois, Einar avait cru que sa mère possédait des pouvoirs magiques, parce qu’avec plein de trucs bizarres, elle arrivait à faire des trucs trop bons. C’était peut-être sa mère que le petit héros cherchait, d’ailleurs, non ? Mais elle était loin d’ici, et puis ça ferait une trotte à pied d’aller à Al-Far, surtout que le petit il avait sûrement pas de cheval non plus. Et puis il était pas trop dans la direction d’Al-Far, quoi, l’aile principale était orientée pas dans la direction d’Al-Far.

- Je la connais en plus la fée, je lui ai déjà parlé et tout, mais elle a jamais fait apparaître de trucs devant moi. Et ça te sert à quoi de savoir que j’habite ici aussi ? Bon ok ça prouve que je peux pas être le méchant de l’histoire parce que j’habite pas dans un espèce de château super moche avec des corbeaux partout…

Au fond de lui, Einar trouvait choupi que Gwëll soit qualifiée de fée. Il la connaissait un peu de loin et elle avait effectivement toujours un regard rêveur et des phrases un peu bizarres. Et puis elle était dessinatrice, et ça, c’était quand même le top du top. Bon, sauf quand on essayait de s’infiltrer dans la tête des gens méchamment pour leur voler leurs souvenirs comme l’avait fait Lev, mais lui il était tellement méchant que même le méchant de l’histoire il paraissait gentil à côté. A moins que…

- J’ai été torturé par le méchant, un jour. Il est entré dans ma tête et il m’a montré tous les trucs horribles qu’il avait fait. J’l’ai frappé mais il est pas mort. Tu crois que c’est lui qui a enlevé la princesse ?

Il mit un genou à terre. Si le méchant c’était Lev, alors il aiderait le petit avec un nom de fille.

- M’acceptez-vous comme compagnon de quête ? je sais faire apparaître des trucs, moi aussi, et j’ai une jolie épée.

Bon, faire apparaitre des trucs, c’était seulement tous les trois mois et sans faire exprès, après beaucoup de concentration, en sacrifiant trois chèvres pendant que quelqu’un jouait de la trompette et qu’on autre gesticulait comme Jack Sparrow. Pourvu que l’autre lui demande pas de faire apparaître des trucs maintenant et qu’il le traite pas de fée…

- Adoubez-moi chevalier et je promets de vous aider à trouver votre princesse et à tuer le méchant.


Juliet
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeVen 23 Mar 2012 - 22:51

A quoi ressemblait sa princesse ? Euh ben en fait, c'est-à-dire que ... Juliet ne pouvait pas lui raconter l'histoire de l'arbre qui lui avait parlé et l'avait envoyé à l'aventure sans rien lui dire. Ça allait pas à un Prince, parce que les princes ils parlent même pas aux arbres. Encore, les animaux de la forêt, okay, mais les plantes, ça faisait pas trop sérieux ... Il allait devoir inventer une histoire, plus romanesque - Juliet n'avait jamais vraiment compris ce mot, mais en gros ça voulait dire que c'était plus mieux ( ou moins pire ). Il fixa le chevalier, s'apprêtant à ouvrir la bouche pour lui raconter l'objectif de sa quête, comment il en était arrivé là, etc. mais l'autre se remit à parler avant qu'il ne lâche une parole.

Haaaan, il connaissait Gwëll ! Alors là, il était forcément gentil. Parce que les méchants ils sont pas amis avec des fées. Des sorcières, ouais, mais pas des fées, la raison étant déjà expliquée dans un autre rp. Et en plus, Juliet était fier parce que sa fée avait pas montré qu'elle avait des pouvoirs magiques, ça veut dire qu'elle lui faisait confiance et ça c'était cool. Et après il dit qu'il pouvait pas être le méchant de l'histoire. Mais ça le petit garçon l'avait compris depuis longtemps ! Et pendant que Juliet s'imaginait un château avec des corbeaux partout, tout pleins de ténébres, avec un orage au-dessus, le chevalier lui parla à nouveau. Il pouvait pas le laisser imaginer en paix ?

- Pour de vrai ? Mais il est très très méchant ! 'faut le mettre hors d'état ! Et oui, c'est sûr que c'est lui qui a enlevé la princesse. 'faut le retrouver et le torturer parce qu'il est méchant. Mais si je fais ça, je deviendrai un méchant aussi ... Comment ils font les princes déjà ? C'est un méchant, pas un dragon ...

Hors d'état. Juliet avait tendance à oublier le "de nuire" mais on fait comme si on lui en voulait pas, hein. Et pendant qu'il réfléchissait, le grand garçon mettait un genou à terre, lui demandant s'il voulait bien l'accepter en tant que compagnon de quêtre. Juliet hésita un instant. Si ça se trouvait, c'était une ruse pour lui faire croire qu'il était gentil alors qu'en fait non. Mais il savait faire apparaître des trucs et surtout, SURTOUT, il avait une belle épée. Et c'était vrai en plus, il l'avait vu et elle était vraiment jolie.

- J'accepte parce que ton épée elle est cool. Mais t'as pas le droit de faire apparaître des trucs, tu peux pas être une fée ! Un mage, à la limite, mais les mages ils sont vieux et toi t'es pas vieux, enfin t'as pas une grande barbe blanche et t'es pas habillé comme il faut.

CQFD. Juliet avait des opinions très cadrées sur le rôle des gens et l'apparence qu'il devait avoir. Et lui c'était un chevalier, et c'était comme ça d'abord.

- Pour que je t'adoube, faut que je connaisse ton nom. Je vais pas t'appeller Chevalier à la Belle Épée quand même ! Quoique ...

Une lueur passa dans ses yeux. Parce que si, il pouvait l'appeler comme ça. Dans certaines histoires que sa tante lui avait raconté, les chevaliers ils avaient des surnoms par rapport à comment ils étaient. Y en avait même un c'était "Le Chevalier au Siffleur". Il savait plus trop comment il s'appellait ... Hyvän, un truc comme ça. Mais le Siffleur c'était même pas classe, c'était juste bon. Surtout avec des herbes du jardin. Mais bon, c'était pas le moment de penser à la nourriture !

- En fait si, je vais t'appeler Chevalier à la Belle Épée, c'est un super nom de chevalier.

Juliet alla chercher sa petite épée de bois, puis fit les gestes rituels de l'adoubement. Il savait comment on faisait parce qu'il avait des images. On posait le plat de l'épée sur l'épaule gauche et sur l'épaule droite après. Sauf qu'il connaissait pas trop bien sa droite et sa gauche, mais on fait comme si c'était pas grave. Et puis on finissait par la poser sur la tête, non ? Il savait plus, dans le doute, il ne le fit pas, mais c'est pas grave, c'était juste symbolique d'abord !

- Voilà, tu es un Chevalier maintenant. Alors il est où, le méchant ?

Juliet trépignait d'impatience. Il allait enfin rencontrer un vrai méchant ! Et il verrait donc, enfin, une princesse !


Einar Soham
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeLun 26 Mar 2012 - 17:47

Chevalier à la Belle Epée.
C’était pas mal, comme nom, Chevalier à la Belle Epée. C’était pas aussi bien que Thalos le Geant au poing d’Airain ou Elisif le Somptueux, mais c’était déjà un bon début.
Et puis, à petit roi, petit nom de chevalier. Restons aux bonnes hauteurs.

Einar s’était agenouillé apprenti chantelame, et s’était relevé patrouilleur de la Garde de Nuit Chevalier à la Belle Epée, et se sentait empli d’une fierté sans nom, quand bien même tout cela n’avait aucun sens ni aucune valeur. Mais c’est pour ça qu’il adorait les gosses, dont il faisait encore partie de manière inavouée :
Il suffisait de le vouloir pour être chevalier.
Et ça, ça n’avait pas de prix.

Et pour tout le reste, il y a Herrokard Mas’Terkard.

- Sire mon Roi, c’est trop précipité pour aller attaquer le méchant, il vous faut un plan, tous les héros ont un plan avant d’aller tuer le méchant, sinon le méchant, qui a toujours un plan, lui, lui tendra un piège avec son plan, et le héros sera enchaîné pour la fin des temps dans les cachots du méchant qui avait un plan et pas lui.

Ca lui donnait surtout le temps de réfléchir. Lev était devenu le méchant de l’histoire, sans le savoir et probablement qu’il ne le saurait jamais, et vu la bouille de Juliet, ce dernier ne serait pas satisfait de mensonges ou de simagrées, le jeu était un univers dans lequel il n’était pas possible de mentir sans finir avec la tête tranchée.
Ne pas avoir à utiliser de sa « magie » arrangeait parfaitement Einar . c’est pas comme s’il savait encore accéder aux Spires de toute manière, ou comme s’il savait se servir des Spires si par accident il les déclenchait dans sa tête. Et utiliser la magie du méchant, bizarrement, le répugnait plus qu’il n’osait se l’avouer, même si ça n’avait aucun sens.

- Si vous le torturez, Sire mon roi, c’est vous qui deviendrez le méchant, vous n’avez jamais entendu parler de la légende qui se passe dans un monde très lointain, où le héros, parce qu’il a voulu tuer des gens, a basculé du côté obscur de la Force et est devenu le vrai méchant ? Son fils avait du le tuer finalement, parce qu’il était devenu le méchant. Voulez-vous devenir le méchant ? Vous valez bien mieux que ça, sire mon roi.

Il se redressa dans toute sa stature d’adolescent de seize ans et toisa son sire son Roi de tous ses centimètres, et lui ébouriffa les cheveux.

- La princesse elle voudra pas de vous, si vous devenez méchant, et moi, je devrai tout tuer, après, rappelez-vous que j’ai une Belle Epée, car je suis le Chevalier à la Belle Epée, et elle tuera tous les cœurs noirs du royaume.

Jouer le jeu de Juliet inspirait à Einar une joie sans bornes, il lui semblait avoir de nouveau dix ans lui-même, et se sentir vraiment chevalier, et avoir vrai un beau sabre chantelame. Mais ça c’était vrai, il avait vraiment un très beau sabre Chantelame, et il s’appelait Bomon, et pas Belle Epée, mais ça c’était pas trop trop grave.

- Les princes tuent les méchants, mais gentiment. C’est le jugement du Bien, sire mon Roi, car vous lui permettez de trouver sa rédem.. répemd… sa salvature dans la mort, parce que vous êtes un bon prince et ça vous fait de la peine de le tuer. Mais tuez-le quand même, hein, ça mord ces bêtes-là.

Julliet, trépignant comme tous les gosses, ne l’écoutait sûrement plus vraiment et répétait à intervalles réguliers « Il est où le méchant il est où le méchant ? » . Einar cherchait une idée à tout à l’heure, mais la Dame allait lui en fournir une qu’il n’avait pas particulièrement souhaitée.
La porte s’ouvrit en grand, et la lumière des vitraux du couloir découpa dans l’embrasure l’ombre déformée d’un être répugnant. Einar manqua de s’enfuir en courant, par réflexe de survie, car il savait de qui il s’agissait. Et c’était la personne qu’il avait le moins envie de voir au monde.

- Voilà le méchant, sire mon Prince.

Lev, que fais-tu là, drapé d’ombre et de mal ? Es-tu là pour nous tuer vraiment, tuer deux enfants comme tu as déjà tué ta famille ?


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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeMar 27 Mar 2012 - 20:54

Drapé dans ses vêtements amples flottant derrière lui, comme si c’eut été une cape royale, Lev s’engouffra d’un bon pas dans les couloirs, enfilant les corridors à la puissance de ses pas nonchalants. Parvenu devant une lourde porte entrebâillée, il n’hésita pas et poussa le battant bras tendus. Ses longues jambes, d’abord, puis son buste droit, et pour finir sa tête auréolée d’or noir, il entra dans le scriptorium, dévoilant sa silhouette majestueuse et dégingandé à la foule qui le regardait bouche bée. Foule composée d’un petit garçon aux yeux grands comme des soucoupes… Et d’un Einar non moins terrifié de son apparition.

Lev stoppa dans l’embrasure, droit comme un i, ployant sous le regard conjugué de haine, de peur et d’étonnement des deux garçons. Lui revenait en mémoire les souvenirs de la famille du chantelamme, et son incursion bien inconsidérée dans ses pensées. Il grimaça intérieurement, terrifié encore par le pouvoir que possédait le jeune homme aux yeux tourbes : celui de le dénoncer. Et pourtant… Pourtant Lev aurait bien aimé revenir dans le temps, remonter en arrière, et lui prouver qu’il n’avait pas pensé à mal lorsqu’il était rentré dans sa tête. Lui montrer qu’il l’avait fait justement pour le sauver. Mais pour ça il devait revenir sur l’assassinat de ses parents et de sa petite sœur adoptive, ce qui n’était pas envisageable. Pas dans le sens des conventions sociétales qu’Einar semblait tant apprécier.

Et puis il y avait cette phrase bizarre qu'Einar avait sortit à son arrivée. Prince ? Grand méchant ? Il ne savait pas quel était le tripe de ces deux drôles, mais cela ne le concernait pas. Einar avait été ingrat. Il ne pouvait donc pas être un prince. Et si il devait avoir un roi, ce devait être Lev. Cette loi était immuable dans les univers, et toute dérogation serait traitée avec mépris. Il hésita un instant, alors que le silence devenait pesant, et se dirigea droit sur le duo aux épées, et retint un sourire lorsque le chantelamme s’écarta précipitamment de sa trajectoire… Sans qu’il ne leur accorda un seul regard. Le petit garçon était gênant. Le dessinateur ne pouvait pas parler à Einar comme il le voulait s’il était à côté à les épier. Et de toute manière, Lev n’aimait pas particulièrement les enfants. Bon, il ne les détestait pas non plus, mais voilà quoi, ça braille, ça chahute et ça court dans tous les sens. Et c’est pas dragable un enfant.

Un rire sarcastique et léger s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il s'éloignait d'eux, sans un mot.

Il traversa donc l’antique salle d’écriture et se positionna face à la fenêtre vitraillée, son ombre projetée derrière lui par les éclats incandescents des fragments colorés. Sa main voleta sur la table, survolant les écrits, avant de poser son révolu sur l’une d’elle, dont la calligraphie lui plaisait. Il y était question d’un dragon, et d’un prince, et aussi, dessin particulièrement réussit, d’un minotaure aux cornes monstrueuses. Un petit rire moquer sortit de sa gorge, sans qu’il ne s’occupe plus des deux zigotos à présent dans l’ombre de son dos.

[ Pas très long, sorry Arrow ^^]


Juliet
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeMer 25 Avr 2012 - 23:45

Juliet sautillait sur place, impatient de rencontrer le méchant. Mais le Chevalier à la Belle Épée trouvait que c'était « trop précipité » et qu'il fallait « un plan ». Et en plus, ses explications sonnaient beaucoup trop vraies pour que ce ne soit que des histoires. Et le petit Prince ne voulait pas, mais alors vraiment pas, finir dans les cachots parce que le méchant avait un plan et pas lui. Et il revint sur ce que l'enfant avait dit quelques minutes plus tôt, à savoir, « mettre hors d'état » le méchant. Mais le chevalier il disait des choses que Juliet savait déjà, que si il torturait le méchant, ce serait lui qui deviendrait le méchant, et ça c'était pas très très bien. Par contre, il connaissait pas trop trop la légende mais elle avait l'air pas très cool, et lui, il voulait pas devenir méchant, parce que ça voudrait dire … ben, qu'il était méchant, déjà, et puis qu'il aurait pas de princesse, parce que les princesses elles aiment que les gentils.

- Nan, j'veux pas devenir méchant. Il nous faut un plan alors !

Même que le Chevalier à la Belle Épée, il s'était relevé, et il était vachement grand. En vrai si ça se trouve c'était un géant mais il le savait pas ? Quoique … Non, il y avait des gens plus grand que lui. C'était juste Juliet qui était encore petit. Petit de taille, grand en courage, bien sûr. Il se fit ébouriffer les cheveux et grimaça. Il aimait pas qu'on touche ses cheveux d'abord, mais cette fois c'était pas très grave. Et en plus il dit encore quelque chose qu'il savait : si il devenait méchant, bah la princesse voudrait pas de lui. Par contre, il avait pas très bien saisi que le fait qu'il devienne méchant conduirait son associé à le tuer. En plus c'était vrai, maintenant qu'il y pensait.

- Oui, si je deviens méchant, 'faudra pas hésiter.

Juliet savait bien tout ça. De toutes façons, les méchants payaient toujours ! Même quand ils sont gentils au début de l'histoire. « Les princes tuent les méchants, mais gentiment. » Parce que ça rend les Princes tristes. Mais c'était normal. Personne aime tuer les gens comme ça, même quand ils sont méchants et que c'est pour le bien de la communauté. Mais bon, maintenant, il en avait un peu marre d'attendre, et il recommença à sauter sur place, demandant où était le méchant alors qu'il n'avait toujours pas de plan. Mais ça c'était pas grave, ils pourraient toujours le trouver après. En chemin.

C'est alors que la porte s'ouvrit. Dévoilant dans l'encadrement une autre personne. Il était encore plus grand que le chevalier, et même si il n'avait pas entendu ce qu'il avait dit, il en avait déduit, de son aura glaciale et de sa démarche fière, qu'il était le méchant. Et il faisait froid dans le dos. Le petit Prince avait les yeux écarquillés, comme s'il essayait de prendre compte de l'ampleur de la terreur qui soudain régna dans la pièce. Il n'était pas le seul à avoir peur. Il sentait presque son Chevalier trembler à côté. Il attrapa sa petite épée de bois dans les mains, comme pour se protéger. Son cœur battait à 100 à l'heure dans sa poitrine, tant la peur était intense, et tant le silence devenait pesant. C'était un face-à-face. Mais ils n'étaient pas prêts. Lorsque le méchant fonça sur eux, Juliet eut juste le réflexe de se cacher derrière son épée et de fermer les yeux, tandis que le Chevalier à la Belle Épée se décalait. Le méchant passa entre eux, sans les regarder.

Le gamin se tourna, abandonnant toute posture défensive, tandis que le méchant allait au fond de la salle. Il émit un rire effrayant qui poussa presque Juliet à se précipiter hors de la salle. Mais il était un prince. Il était courageux, et il n'avait pas le droit de fuir devant le danger. La lumière semblait passer sur lui, alors qu'il se tenait devant les vitraux, et former une ombre démesurément grande. Et il rit à nouveau, moqueur.

Juliet vint à côté du chevalier et tira sa manche. Ce fut dans un murmure, peut-être parfaitement audible pour le méchant, qu'il dit :

- On a pas de plan. Qu'est-ce qu'on doit faire ?

Et peut-être pour la première fois, le petit prince trouva que finalement, la vie d'un héros, c'était pas si facile.


Einar Soham
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeLun 7 Mai 2012 - 0:43

La terreur le disputait à la rage dans l’estomac d’Einar. L’arrivée si impromptue de Lev, si opportune pourtant dans les plans qu’il avait dressés avec son Roi… Cet être répugnant, qui avait volé tous ses souvenirs, et qui l’avait menacé à plusieurs reprises uniquement par jeu, et qui..qui..
Juliet était à peine plus âgé que la silhouette qu’il avait aperçue auréolée de sang dans les souvenirs de Lev. Et pourtant, c’est en reculant qu’Einar se décala, car le jeune homme était plus grand et plus vieux que lui, et malgré tous ses airs de chevalier, le petit chantelame n’arrivait pas à ne pas craindre Lev Mil’ Sha.

Tout chez lui était terrifiant.
Jusqu’à son rire.
Et le dos qu’il leur offrait, un dos d’où saillait chacune des vertèbres, et les deux omoplates comme deux débuts d’ailes noires. Einar n’aurait pas été étonné que le méchant de l’histoire ne projette pas d’ombre par terre, par vilainie pure, mais son ombre au contraire était démesurée. Colorisée de mille feux par les vitraux qui donnaient à la pièce des reflets d’incendie.
Il ne semblait pas leur accorder d’importance.

Instinctivement, Einar se plaça entre Lev et Juliet. Il avait beau avoir autant de maturité que le petit, du moins savait-il une chose que son Roi ne savait pas : le méchant avait déjà véritablement tué des gens, et il n’hésiterait pas à recommencer si l’occasion lui permettait. Et ça, ça ne rassurait pas Einar le moins du monde. La dernière fois qu’il s’était retrouvé face à Lev, il avait fini par fuir en courant en le plantant là. Mais dans cette situation, il ne pouvait le faire.
Et puis, un Chevalier à la Belle-Epée ne pouvait fuir devant le méchant qui menaçait la vie de son Roi. Il était extraordinairement rassurant de se réfugier dans le jeu…

Puis Juliet lui tira sur la manche, et Einar manqua de sursauter en le prenant pour un ennemi de Lev qui lui happait la moitié du bras. Quand il vit que ce n’était que son petit Roi, il garda un œil suspicieux sur Lev, qui était à l’autre bout de la pièce et leur tournait ostensiblement le dos, et se pencha vers son seigneur pour écouter ce qu’il avait à dire.
Un plan. Il devait reconnaître qu’ils n’avaient pas de plans. Einar lui murmura en retour, certain qu’il serait entendu par Lev et que celui-ci tendait l’oreille :

- N’ayez crainte, mon Roi, nous n’avons certes pas de plan, mais nous avons le courage. N’est-ce pas que nous avons le courage ?
répéta-t-il en tapotant sur le torse de Juliet pour le redresser un peu et lui donner une allure plus.. royale.

Il se redressa ensuite, et son sabre chuinta quand il se mit en position de garde offensive, son arme dressée comme une menace vers Lev. Il avait le plus beau sabre du monde, et Lev ne saurait se défendre contre ça.

- Regarde-nous dans les yeux, Roi du Mal Lev, qui est venu menacer la vie de mon seigneur et maître.. à moins que, méchant comme tu es, tu ne possèdes pas une once de courage ?

Il croisa le regard de Lev qui le jaugeait par-dessus son épaule à ce moment-là, et crut y interpréter une narquoiserie suprême. Fous-toi de ma tête, ça tout le monde le fait et c’est pas trop grave. Einar espérait à tout prix qu’il jouerait le jeu. C’était la seule manière qu’il voyait pour se sortir de cette situation, et il espérait de tout cœur que Lev arriverait à déchiffrer son regard mi inquiet mi espérant.
Einar avança d’un pas franchement, son arme toujours tenue devant lui. La première et dernière fois qu’il avait croisé Lev, il était désarmé. Mais sentir sous ses doigts la gaine de cuir de la garde de Bomon le rassurait. Il savait tout de même se battre. Et il n’hésiterait pas, si jamais l’autre.. le meurtrier.. le fou..

- Tu devras me passer sur le corps pour attenter à la vie du petit.. je veux dire de mon Roi, Sire Lev.

Il tourna son regard vers Juliet et lui dit tout bas :

- Protégez-vous, Majesté, je le retiendrai autant que possible, vous devez vous préparer à l’affronter, il sera affaibli par mon sacrifice…

Que de beaux mots qui sonnaient bien ensemble quand on les lisait dans les contes. Mais dans la réalité, ils lui faisaient un peu peur.
Surtout qu’à ce moment-là, la table grinça.
Lev se leva et se tourna vers eux.


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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeDim 22 Juil 2012 - 23:16

Oh Einar, que tu es agaçant ! L’envie de rire se disputait à l’irritation du dessinateur, et sa gorge se contractait de ne savoir quel phonème exprimer. D’une part parce que Einar, le chantelame, le guerrier né au courage intrépide se campait fièrement en face de lui, d’autre part parce que cette image ne correspondait absolument pas avec son dos secoué de sanglot qu’il avait vu s’éloigner de lui à la fin de leur première rencontre. C’était d’un ridicule… Un ridicule pathétique entaché de sa lâcheté qu’il tentait de réprimer en pointant son épée devant lui, comme un ultime rempart à son esprit faible.

Lev Avait risqué sa vie pour lui, dans les limbes de l’Imagination. Et Einar était un ingrat de penser que c’était lui le méchant. Certes, il avait tué sa famille. Certes il aimait torturer des petits animaux et jouer avec le cœur des gens. Certes, il avait un peu « chahuté » le petit Einar dans la bibliothèque. Certes. Mais il avait demandé pardon. Pour la bibliothèque. Et il avait voulu bien faire en voulant lui faire découvrir les hautes spires. Etait-ce sa faute s’il ne maitrisait pas encore le contact des esprits ? Einar avait fui. Comme un vulgaire paysan devant la botte crottée d’un soldait venu le protéger. Et il souhaitait devenir chantelame ? Et, surtout, il était prince de ce petit bout qui le regardait de sous ses grands yeux naïf et apeurés ? Lev aurait ri à gorge déployée s’il n’avait pas été aussi amer de sa conduite et de celle d’Einar. On ne le reprendrait plus à s’étaler en sentimentalités déplacée, à vouloir rendre service et bien faire, ça non. On ne l’y reprendrait plus.

Lev se leva donc, après avoir jeté un dernier regard au stylisé minotaure. Désabusé, au son de la voix du chantelame, il se tourna vers lui, avec la mimique sur le visage d’un adulte dérangé par deux enfants bruyants. Il écouta néanmoins avec attention les mises en garde d’Einar, notant avec une pointe de cynisme le bout de l’épée qui tremblait légèrement, de plus en plus semblait-il, ainsi que les trémolos camouflés mais bien présents dans sa voix encore juvénile. Pas de poils au menton et tu souhaites tout de même me planter ça dans le cou ? Mais tu ignores encore de quoi je suis capable, chantelame.

Lorsqu’il planta ses yeux dans ceux d’Einar, il y lu ce qu’il souhaitait y voir.

Alors que le silence reprenait ses droits dans la pièce – sombre et glacé, le silence – il fit trois pas en avant, jusqu’à ce que le sommet de l’épée pointe directement son cœur. De pierre, le cœur. Ne jamais sous-estimer un Lev frustré.

Son regard glissa sur le petit être qui se planquait derrière Einar. Lev, il sait manipuler. Vraiment bien. Il imprime à son visage des torsions magnifiques, ondoyantes, des sources même de gentillesse, de douceur, de tristesse, de séduction. Il a les fossettes, les sourcils, et les dents blanches pour faire fondre le cœur même des plus rudes conquêtes. Parviendrait-il, cette fois, à séduire le protégé de son ingrat de chantelame ? Un sourire doux, teinté d’une tristesse sous-jacente, poignante, fit briller ses yeux d’un feu intérieur. Il s’accroupit pour se mettre à hauteur du petit garçon, plongeant ses yeux dans les siens, atypiques et asynchrones. Sa voix se para de trémolos étonnant, évoquant une détresse latente, recouverte d’une patine de respect et de délicatesse.


- Je sollicite, Roi, une audience extraordinaire pour plaider ma cause de méchant afin que votre illustre grandeur ait en main toutes les cartes d’un jeu que votre soi-disant chevalier se fait fort de manipuler à sa guise.

Pan, Einar, dans les dents. La stupéfaction fit béer sa bouche, et grossir les yeux du garçon. Lev fouilla doucement dans une de ses poches, y fit apparaitre un mouchoir impeccablement blanc, le tendit au-dessus de sa tête avec son autre main paume ouverte et toute son attitude évoquait le plus gentil des grands frères.

- Je sors le drapeau blanc et ne peut, par les lois de la chevalerie, attenter à votre vie, de même que vous ne pouvez attenter à la mienne tant que la pureté du blanc préserve cette salle de la violence des affrontements. Et j’ajoute qu’en tant qu’accusé, il m’est du de me défendre.

Son regard se fit un brin plus persuasif.

- Surtout que le coupable n’est, présentement, pas celui que vous croyez, sire.

A la probable grande horreur d’Einar, il semblait que le « roi » décide que le dessinateur n’avait, au fond, pas tort. Il s’avança timidement en essayant de relever le menton, sans doute pour paraitre plus « royal » que sa chétivité ne le laissait paraitre, et s’arrêta à un pas d’un Lev affichant le sourire le plus gentil du monde. Il lui sembla que le petit garçon lui laissait sa chance. Une chance qui ne serait probablement pas à l’avantage d’Einar.

- Sire, Votre chevalier est un lâche doublé d’un traître. Je lui ai sauvé la vie et il s’est enfui, m’abandonnant, gisant, sur le pavé rude et glacé de sa félonie. Il n’est pas digne de portée cette épée… Ou peut-être que si, finalement.

Sans laissé aux protagonistes le temps de répliquer, il continua, se remémorant l’image du monstre sur les parchemins :


- Connaissez-vous la légende du minotaure ? Ce monstre assoiffé du sang des princesses pour étancher sa furieuse envie de violence ? Il est le symbole des traitres et des fous, et ceux-ci peuvent se cacher sous les traits du plus inoffensifs des hommes.

Il tourna son regard vers Einar, et une peur véritable s’y lisait, une peur bariolée d’une colère juste et naïve, du courage aussi, celui de dire la vérité même si elle devait lui couter la vie.

- Regardez donc son épée, sire, à sa base et de côté : il faut de bon yeux pour trouver le symbole de ce monstre perfide. Une paire de corne entour un museau bovin d’où goutte une perle de sang sous l’anneau qui lui perfore la narine. Un véritable chevalier arborerait-il un tel symbole immonde ?

Et évidemment, le dessin y était bel et bien. Lev se remit debout et rangea dans sa poche le foulard blanc avant qu’il ne disparaisse.

- Vous pouvez vérifier, sire, mais prenez garde, cet être et fourbe, il aurait certes pu vous tuer à tout moment, mais la ruse est le propre des traitres et des lâches : ils préfèrent semer la zizanie dans la tête des héros, et les regarder devenir méchant sans qu’ils ne s’en rendent compte.

Il recula d’un pas, et courba l’échine.


- Je m’en remets à présent à votre jugement, sire mon roi.

Einar s’en remettrait-il, lui ?

Juliet
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeSam 11 Aoû 2012 - 4:19

Il tirait nerveusement la manche du chevalier. Ils n'avaient aucun plan, et il était pas très très sûr que c'était une bonne idée. En plus, le méchant faisait vraiment très très peur. Si il avait trouvé ça drôlement amusant de vouloir chercher le pas beau de l'histoire, il ne pensait pas se retrouver en face si vite et à vrai dire, ça perdait tout son charme. Pas que ce soit forcément charmant de chercher l'ennemi, mais du coup, il n'y avait pas eu d'épopée … épique dans le château, où il aurait été perdu mais le Chevalier connaissait le chemin, et du coup il passerait pas par les passages secrets et tout – parce que dans les châteaux, il y a TOUJOURS des passages secrets, et même que c'était sa grand-mère qui lui avait dit et que ça pouvait pas être un mensonge. Le chevalier lui assura que ce n'était pas grave s'ils n'avaient pas de plan : car ils avaient le courage.

- Oui … oui, on a le courage.

Juliet dû lâcher la manche du Chevalier à la Belle Épée lorsque celui-ci s'interposa entre le Prince et le Méchant. Il aimait pas trop beaucoup ça. Il attrapa son épée de bois et fixa le méchant d'un air brave, avant de se dire qu'il pouvait peut-être le laisser cette fois et l'exterminer plus tard quand ils auraient un plan. Mais son coéquipier avait l'air de vouloir en finir tout de suite, vu la façon dont il brandissait son arme magique. Et en plus l'autre était carrément le Roi du Mal. Non mais euh … c'était pas un peu dangereux de se battre contre lui ? Ok c'était leur rôle mais quand même … C'était un sacré titre, Roi du Mal, hein. C'était l'équivalent maléfique de Roi tout court, et en plus les Rois ils sont trop puissants. Et en plus sa vie était en jeu. Qui a dit qu'on avait le courage, déjà ?

Le méchant de l'histoire tourna légèrement la tête de côté, pour voir le Chevalier à la Belle Épée. Enfin, d'après Juliet en tout cas. Il avait l'impression de déceler un sourire moqueur sur le visage à peine éclairé du Roi du Mal. Parce que de toutes façons, les méchants ont toujours un sourire moqueur, ou alors ils sourient pas.
Le Chevalier fit un pas mais Juliet resta prudemment derrière, là où il restait depuis que l'ennemi s'était approché de la fenêtre. Il était un peu rassuré de savoir que si Lev attaquait, il commencerait par lui. Peut-être qu'il aurait le temps de s'échapper, de mûrir un plan et de revenir plus tard. Mais ce serait un comportement lâche, de laisser son compagnon de quête ici sans essayer de l'aider. Et tandis qu'il écoutait le Chevalier, une table grinça, sinistrement.

Le silence reprit tout à coup sa place dans la pièce. Et à vrai dire, ça le mettait mal à l'aise, le Petit Prince. Mais c'était normal : les méchants font tout pour mettre les héros mal à l'aise. C'est pas leur faute, c'est naturel chez eux. Genre, ils laissent des grands silences s'installer, sans répondre aux gentils qui viennent de faire leurs grandes répliques de gentils. Et alors que Juliet réfléchissait à un plan, quelque chose qu'il n'avait absolument pas prévu se passa. Le méchant pouvait se téléporter. Enfin, il avait déduit ça du fait que, un instant avant il était en face de son chevalier et que la seconde d'après il était là, devant lui, qui gardait son épée de bois dans ses mains, baissée vers le sol.

Bon, le Roi du Mal il parlait bien en tout cas. Il avait pas vraiment une voix de méchant. En plus Juliet il croyait que les ennemis ils savaient que grogner. Ah ! Mais lui il n'était pas banal ; il ne fallait pas oublier qu'il était Roi. Le Prince le fixa de ses grands yeux. Il attendait patiemment qu'il ait fini de parlementer avant de lui trancher la tête. Parce que c'est pas poli d'interrompre les gens. Le méchant, qui ne paraissait plus trop méchant en fin de compte, sortit LE drapeau blanc. Du coup, il pourrait pas lui trancher la tête. Zut.

Lorsque le Roi du Mal évoqua la possibilité d'un coupable autre que celui qui était censé être le coupable, c'est-à-dire lui-même, le cerveau de Juliet fut mis à mal. Il s'avança fièrement, prêt à accepter les arguments de l'ennemi qui apparemment n'était pas l'ennemi. De toutes façons il tenait le drapeau blanc, alors il avait pas le droit de le toucher. Le Roi du Mal avait un sourire gentil sur le visage, le même qu'avait celui du Chevalier quand il venait d'être adoubé. C'était pas un sourire de méchant, ça. Et du coup, ça remettait en cause tout ce que le Chevalier lui avait dit. Ça devenait sérieusement compliqué.

Un petit bug se casa dans la tête de Juliet qui avait cru entendre que le Roi du Mal avait sauvé la vie du Chevalier. C'était juste pas possible pour un méchant, ça. Parce que les méchants, ils achèvent les gentils, ils les sauvent pas. Et surtout, les gentils abandonnent pas les autres, même quand ils sont méchants et qu'ils ont des ailes noires qui piquent dans le dos. Le jeune homme aux cheveux noirs – le garçon n'osant plus intérieurement le traiter d'ennemi – continua son discours, lui parlant du minotaure. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec ce minotaure aujourd'hui ? C'était la mode ou quoi ? Apparemment oui, à en juger par la garde de l'épée de son « Chevalier ». Bon, Juliet savait pas trop ce que voulait dire « perfide », mais c'était pas grave : le mot « monstre » lui suffisait pour comprendre à peu près.

Lev rangea le drapeau blanc. Mais Juliet n'avait plus dans l'idée de lui trancher la tête. De toutes façons il s'était relevé et il était un peu trop grand pour lui. Il s'en remettait à son jugement, hein ? Le problème c'est que Juliet, là, n'avait aucune idée du jugement qu'il devait rendre. En fait, il voulait bien croire que le Roi du Mal n'était pas un vrai méchant. Mais il ne pouvait pas croire du tout que son Chevalier à la Belle Épée l'était, parce qu'il connaissait sa fée. Ou alors il lui mentait et …

- Vous êtes ensemble en vrai, hein ?

Maintenant qu'il y pensait, c'était ÉVIDENT. Comment avait-il pu ne pas y penser avant ! Pourtant maintenant, la vérité lui éclatait en plein visage : il n'y avait pas deux gentils. Il avait en face de lui deux méchants ! Et peut-être que les objets dans la salle était méchants aussi ! Il résista à l'envie de parler à une table – lui dire quelque chose dans le genre : « Et toi, espèce de table qui nous regarde depuis tout à l'heure sans rien dire, t'es de mèche avec eux c'est ça ?! Ha tu gardes le silence hein ! Mais je vois clair en toi! Jure par tes nœuds de bois que tu ne me veux pas de mal, ou je fais une rayure ! » [Copyright Marlyn] – puis reporta son regard sur le duo d'ennemis.

- M'approchez pas, hein, ou je vous embroche sur mon épée !

Il avait peur, maintenant. Il était fait comme un rat. Mais heureusement, il avait la porte derrière lui, qui lui permettait de fuir. Et à cet instant, ça lui semblait une sacrée bonne idée.


Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Des lettres et des images. [Terminé]   Des lettres et des images. [Terminé] Icon_minitimeSam 22 Sep 2012 - 17:28


Plus Einar s’offusquait, plus il rougissait.
Plus Einar s’énervait, plus il rougissait.
Plus Einar paniquait, plus il blanchissait.

Ses joues oscillaient donc entre les nuances de pourpre et les nuances de blanc cassé, ce qui donnait une vieille mouture rose pâle, des lèvres pincées très blanches et des oreilles rouges de colère.

Ah le vil !
Ah le fiel !
Ah le pas beau !
Comment osait-il ?! A chacune des phrases de Lev, Einar s’offusquait d’autant plus qu’il était incapable d’y répondre autrement que par un regard offusqué. Ca le laissait proprement sans voix. Que Lev soit si proche de Juliet, qu’il ose lui mentir, mentir à un gosse et calomnier un autre élève, alors qu’il aurait tout aussi bien pu lui prendre son sabre et lui trancher la tête, ça l’aurait fait souffrir moins longtemps.
Mais ce qu’Einar supportait le moins, c’était le dessin. Les dessins, il considérait ça comme de la triche, un espèce de pouvoir pour orgueilleux psychopathes. Et que Lev, avec ses spires souillées de dangereux criminel, ose modifier Bomon…
Il manqua de hurler quand il vit son sabre déformé. N’y connaissant rien au dessin, il n’avait aucun moyen de savoir que c’était que temporaire, surtout qu’il avait encore jamais osé mettre les pieds dans les cours de Madame Otrin, et qu’il oserait sûrement jamais. Le truc, c’est que Lev avait touché à Bomon. Et qu’il croyait qu’il avait touché à Bomon pour la fin des temps, et que Bomon arborerait cet emblême barbare pour toujours.

Là, Einar manqua de lui couper la tête, genre, sérieusement.
Les joues roses et tout.

Mais il osait pas. Il tremblait de colère, mais il avait aucune idée d’arguments intelligents pour répondre à Lev. Parce que Lev avait triché, et qu’Einar, à part découper Lev en morceaux, il savait pas tricher.

Et la réaction de Juliet lui brisait le cœur. L’enfant le regardait avec un regard lourd de reproches, sans aucune confiance et aucun mérite, et ça attristait profondément Einar. Le petit roi ne le considérait plus comme son chevalier servant alors qu’Einar n’avait absolument rien fait pour perdre sa confiance. Tout ça, c’était toujours de la faute de Lev. Lev qui l’appelait à présent « Sire mon Roi » comme s’il en avait le droit.
Einar en aurait hurlé, s’il avait pu. C’était injuste. Il s’entendait super bien avec Juliet, il était fier, il avait gagné sa confiance, et l’autre venait tout ruiner et répandre son venin dans l’esprit de l’enfant. Et maintenant, Einar ne pouvait plus le protéger, parce que Juliet le considérait aussi comme un ennemi.


Il en avait envie de pleurer. Mais il pouvait pas. Fallait qu’il soit fort. Fallait qu’il protège Juliet, de lui-même s’il le fallait, et qu’il empêche Lev de lui faire du mal, de le corrompre ou de le tuer comme il avait.. comme il avait vu dans sa tête.

Ensemble.
Il les croyait ensemble.
Il croyait Einar associé au Lev-iathan. Einar avait super mal au cœur. Il serait jamais, jamais, JAMAIS comme Lev. Il pourrait jamais faire de mal aux gens. Bon, il avait envie de trancher la tête à Lev, mais Lev, ça comptait pas. Lev était pas humain. Lev était capable d’ensorceler des enfants pour les tuer. Il avait aussi farci la tête de sa famille d’histoire et des tricheries pareilles, avant de… avant de faire ce qu’il avait vu dans sa tête ?

Le bras d’Einar tremblait, mais il le releva. Et cette fois, comme Lev était proche, il posa la pointe de son sabre sur le sternum de Lev. Comme ça, au moindre mouvement qu’il faisait, il était prêt à l’embrocher. Il était sérieux. Il le ferait.
Il sentit les yeux ronds comme des soucoupes de Juliet posés sur lui – et à l’instant d’après, une douleur fulgurante dans le genou. Juliet venait de lui foutre un énorme coup de latte en bois dans le genou, et Einar glapit, sautillant sur place.
Il entendit ensuite un bruit de course, une porte qui claque, et des pas précipités qui allaient en s’évanouissant dans le couloir. Il risqua un coup d’œil derrière lui : Juliet n’était plus là.
Après lui avoir mis un énorme coup de latte dans le genou, il avait pris les jambes à son cou, et avait fui à l’autre bout de l’Académie.

Même s’il avait les larmes aux yeux à cause de la douleur, Einar était soulagé. Au moins, Juliet serait en sécurité, et il pouvait retarder Lev suffisamment pour qu’il ne puisse pas retrouver Sire son Roi.

- T’- t’approches pas
.. lança-t-il en direction de Lev. Maintenant que Juliet avait fui, tout son courage de chevalier avait disparu. Il était désormais plus que le petit Einar, que Lev-iathan avait attaqué et à qui il avait montré des images horribles, sûrement en prévision de ce qu’il comptait lui faire.
Et il était piégé dans la salle avec Lev. Mais il avait la porte derrière lui aussi. Il pouvait fuir.
Fuir comme l’enfant qu’il était, encore. Il avait déjà fui devant Lev, il avait déjà fui devant plein de monde. Il pouvait encore fuir. Il avait pas d’honneur de toute manière.

- Enlève ce que t’as fait à mon sabre. Tout de suite. Sinon j’te tue.

Sa voix tremblait, et ça enlevait toute la crédibilité de sa menace. Mais il avait toujours son sabre aiguisé dardé en direction du dessinateur. Lev se contentait de le regarder d’un air narquois, en louchant un peu sur son sabre pour s’en tenir à une distance raisonnable.

- Je plaisante pas. J’vais te tuer.

Il avait un œil fixé sur Lev, l’autre sur la garde de son sabre, où tronait encore l’horrible faciès de Régis. Et puis tout d’un coup, l’image se dissipa, il crut même entendre un petit plop.
Bomon était de nouveau comme neuf. Sauf qu’il avait failli y avoir du sang de Lev pour tâcher la lame qu’il nettoyait tous les matins.
Sans plus attendre, Einar recula. Il avait aucune envie de parler à Lev. Il voulait juste l’éviter, l’éviter jusqu’à la fin des temps. Lev fit un pas brusque, comme pour le narguer. Sans se poser la moindre question, Einar ouvrit la porte et s’enfuit dans le couloir.

Un jour, il serait un chevalier courageux.
Mais pas demain.
Demain, il voyait encore dans sa tête Lev torturer sa petite sœur et tuer ses parents.

[J'clos le RP, parce qu'il date de plus d'un an, et perso j'commence à plus trop trop avoir d'idées ^^" ]

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