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 Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]

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Shawna Djee
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MessageSujet: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 16:56

Transe.

Elle était en transe. Rien d’autre pour décrire le bonheur de souffler à cette vitesse dans l’instrument, ses doigts dansant sur les clés à un rythme déjanté, son pied soulevant de la poussière en tapant le sol alors que sa tête se baladait au gré des notes. Accompagnée d’une flûte, de deux luths, et d’instruments typiques de Gwendalavir, elle nageait en pur bonheur. Ils étaient six, se connaissaient depuis à peine une semaine, s’étant simplement attirées par leurs mélodies respectives avant de se rejoindre pour pouvoir jouer ensemble les chansons les plus traditionnelles d’Al Poll devant le Dragon Vert. Des chansons joyeuses, des chansons qui donnaient envie de bouger, danser, de s’arrêter écouter, de sourire aussi. Un homme, une femme et leur fille, bohémiens qui jouaient à l’intérieur de la taverne quand Shawna les avait interpellés pour proposer de les rejoindre, d’abord. Puis un luthiste solitaire s’était joint à eux, et la routine s’était installée. Ils jouaient tous les jours en fin d’après-midi, faisaient une pause pour le repas, puis retournaient jouer dans un autre quartier pour ne pas gêner les couche-tôt de l’auberge. Elle croisa le regard du blond en face d’elle dans leur petit demi-cercle, dernier joueur de leur petit groupe, et leurs yeux rirent en cœur avant qu’ils ne reprennent la mélodie à un rythme encore plus rapide. Elle ne lui avait jamais parlé, ne connaissait pas son nom, sa vie, ses peines et ses joies, mais leur passion partagée et cet instant de symbiose musicale les unissait plus fermement que la plus profonde des conversations.

Mais tout instant a une fin, et celui-ci s’arrêta alors qu’ils sifflaient ou pinçaient la dernière note, en cœur, laissant place au silence pendant une seconde qui s’étirait dans cette fin d’après-midi, avant d’être avalée par une foule d’applaudissement. Shawna voulait que cette vie ne finisse jamais. Elle ne serait pas combattante, elle serait musicienne. Tenir le cluejan entre ses doigts était l’une des sensations les plus palpitantes qui existent, et sûrement mille fois plus profonde que celle qu'elle pourrait avoir un jour en tenant une épée. Enfin, oui, elle voulait apprendre à se battre, mais elle n'abandonnerait jamais la musique pour cela. Les étranges clés de métal se refermant sur le bois, et le son clair mais presque pincé qui s’échappait du tuyau dès qu’elle soufflait dedans l’emportaient dans un univers sonore qui donnait un sens à tout ce qui l’entourait. Son rire emplit l’air alors que les mains continuaient à se joindre bruyamment, bientôt rejoint par ce qu’elle considérait déjà comme sa troupe. Le bohémien retira son chapeau et fit une révérence exagéré, et quelques passants qui s’étaient arrêtés écouter un peu laissèrent tomber quelques piécettes dans un gobelet placé devant eux à cet effet. Les étoiles dans les yeux de tout le monde valaient toutes les piécettes du monde. Ils ne restaient plus qu’une ou deux chansons avant leur pause, et Shawna profita du temps entre les deux chansons pour aller boire un coup et se rafraîchir.

- C’est magique, tu ne trouves pas ?
- Yep.

Elle sourit au blond, puis ils rejoignirent à nouveau les autres, se plaçant différemment cette fois. Ils aimaient bouger, ne pas toujours jouer au même endroit. Shawna regardait celle qui jouait du luth, maintenant, et les visages expressifs qu’elle faisait, grimaçant, souriant, et faisant les gros yeux d’un air purement heureux, faillirent lui faire perdre le fil de la mélodie. Elle simplifia sa part, sautant quelques notes pour souffler moins souvent le temps de se reprendre, ne jouant que les notes de la mesure au lieu de suivre les croches entre chacune, jusqu’à ce qu’elle puisse se remettre à souffler sans avoir envie de sourire stupidement. La femme lui revaudrait ça, et elle le vit parfaitement au visage de Shawna, prenant soudain un air horrifié avant de rebaisser les yeux sur son instrument. Shawna la quitta des yeux, laissant son regard parcourir leur audience. Ils passèrent d’abord sur la foule sans s’arrêter, puis revinrent soudain en arrière, croyant reconnaître quelqu’un. Mais non, elle ne connaissait pas cette brune… Ah, si. Ce n’était pas celle qu’elle avait croisé à l’Académie de Merwyn ?

Shawna joua alors plus fort, prise d’un regain de motivation qui partit du creux de son ventre pour sauter dans ses doigts qui fourmillaient. Alors elle était venue, finalement. A moins qu’elle ne soit seulement venue se promener dans Al Poll et était là par hasard. Tout ce qui importait, c’est qu’elle l’écoutait, maintenant. Peut-être ses yeux aveugles n’étaient-ils même pas capables de discerner que c’était Shawna qui jouait ici, et qu’elle ne savait pas quel instrument elle jouait. Après tout, l’apprentie ne l’avait entendue jouer que de la flûte de pan, et aucun des musiciens n’avait choisi cet instrument ce soir. La chanson mourut, puis l’homme de la bande annonça la fin du spectacle – il était grand temps de passer à table ! – et la réponse fusa nette. Des murmures déçus, mais où la bonne humeur perçait tout de même, et puis des encore, encore. L’homme fit semblant de rechigner, avant d’accepter comme à regret sous les cris de joie des passants. Le dernier morceau était court, et un peu moins entraînant, parfait pour fermer le spectacle, et lorsqu’ils eurent terminés, les passants s’éparpillèrent enfin en papotant joyeusement. Les musiciens rangèrent leurs instruments, et l’homme murmura à l’intention de toute la troupe :

- Vous êtes tous invités à manger à notre table, les amis.

La luthiste s’empressa d’accepter, et le blond avec elle. Shawna leur fit un signe rapide de la main.

- Commencez sans moi, je vous rejoins plus tard. Au pire, on se retrouve là-bas.

De ses yeux, elle chercha la brune, et en effet, elle était toujours là, hésitante, comme si elle ne savait pas dans quelle direction partir. Les musiciens lui firent savoir qu’ils espéraient qu’elle les rejoindrait bientôt, et après quelques autres gestes affectueux, ils entrèrent dans l’auberge et la laissèrent vagabonder à son aise. Shawna partit droit sur la lotra et attrapa son bras avant qu’elle ne puisse prendre une décision.

- Alors, on profite du spectacle et on part sans dire bonjour ?

Une petite pique sans aucune agression derrière, la joie de la musique vibrant encore dans sa voix, un sourire éclatant barrant son visage.

- J’suis contente que tu sois venue.

Elle n’avait pas fait exprès de le dire, c’était venu tout seul. Elle n’avait pas l’habitude de dire des choses de ce genre, mais son après-midi l’avait mise dans un état second dont elle ne pouvait pas sortir aussi facilement. Après réflexion, elle remarqua même que ce qu’elle venait de dire était vrai… Elle n’avait pas aimé la jeune fille, l’avait insultée, mais elle ne lui en voulait plus, ni pour l’armoire, ni pour ses paroles pathétiques. Elles n’étaient plus à l’Académie, dans ce lieu que Shawna détestait tant, mais dans les rues d’Al Poll sous les rayons chaleureux du soleil paresseux qui ne pensait pas encore à se coucher. Alors oui, si elle avait pu offrir un peu de musique entraînante à l’adolescente au visage si triste, elle était contente qu’elle soit venue.

- Tu veux manger quelque chose ?

Elle savait que l’Académie de Merwyn avait un couvre-feu, mais celui-ci ne serait pas avant quelques heures. Si elle souhaitait rester, elle le pouvait. Et si elle ne voulait pas, Shawna était certaine qu’elle trouverait bien une excuse pour refuser poliment…

Lohan Gayana
Lohan Gayana

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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeMar 22 Juin 2010 - 21:26

Des heures déjà qu’ils marchaient dans les rues d’Al-Pol, recherchant la prochaine robe de Galyn.

« Le tissus ne coûte pas trop cher à Al-Pol, ces temps-ci. A Al-Far par contre, un unique tisserand à le monopole de la ville. Les dernière petites échopes ont fermés la semaine dernière…Il en profite, bien sûr et ma sœur à besoin d’une robe pour le mois prochain » leur avait-elle déclaré.

Lohan avait rencontré Galyn, trois semaines auparavant, alors que la nouvelle cherchait désespérément le dortoir de Lotra. Tout de suite, elle lui avait plu avec son sourire omniprésent, et cette gentillesse naturelle. Elle avait toujours quelque chose à dire, à faire partager et même en étant une incorrigible bavarde elle n’était pas égocentrique ni orgueilleuse, ayant beaucoup d’attention pour les autre. Elles se ressemblaient beaucoup malgré tout, dans leur désir de ne pas blesser leur entourage. Jamais Galyn ne proférait une insulte, ni une pique qui aurait fait mal. Elle semblait distinguer parfaitement la limite et ne s’aventurait jamais sur des terrains vaseux. Pawn ne les avaient rejoins que récemment. Il connaissait Lohan de loin mais ne lui avait jamais addresser vraiment la parole. L’admiration voir l’amour qu’il avait pour Galyn l’avait poussé à se rapprocher des deux filles et il constituait le troisième membtre de leur petit groupe nouvellement formé.

Ainsi, naturellement, Lohan avait accepté d’accompagner son amie . Et Pawn, après un long soupir et des regards suppliant de Galyn, avait accepté de les suivre dans leurs emplette. Pendant plus de deux heures, ils avaient marchés dans la ville, arpentant les nombreux magasins d’Al-Pol, sous la houlette de Galyn qui n’avait finalement jamais trouvé sa robe.Lohan n’avait pas été d’une grande aide dans cette recherche esthétique mais Galyn avait cette qualité de toujours chercher à lui faire partager la conversation. Ils s’étaient accordés une pause sur les bord d’une fontaine de la ville. Pawn ronchonnait, Galyn levait les yeux aux ciel, prenant Lohan à témoin. La lotra souriait. Puis, la conversation s’était arrêtée. petit moment de vague, breve pause. Non pas synonyme de gêne ni de froid entre eux, depuis qu’il se connaissait, il ne s’était jamais vraiment disputé. Non. Simplement un silence du type reprise de respiration. Lohan tendait l’oreille, essayant de capter la musique des troubadours qui jouaient au loin, Pawn jouait distraitement avec deux cailloux, tintant sur les bord du bassin quans il n’arrivait pas à les rattrapper. Ce fut Galyn qui brisa le silence. La voix était plus lente que d’habitude, basse et rauque, lourde de sens. D’une gravité extrème pour qui s’appellait Galyn Hedorienn.

« Je…je dois vous annoncer quelque chose »

Pawn n’avait pas les même capacité que Lohan quand il s’agissait de saisir le sens de la voix mais il ne pouvait ignorer que quelque chose n’allait pas.

« Je m’en vais » avait-elle soufflait.

Puis s’en était suivit les pourquoi de Pawn les silences de Lohan les explication de Galyn. Elle avait parlé de l’académie. « Je n’aime pas cet environnement, je ne peux pas y vivre. Pour moi, quitter ma famille et.. » « Et nous, et nous!? » Avait clamé Pawn, porte parole des pensées de Lohan. Galyn était finalement partie, n’avait demandé que personne ne vienne la rechercher. Pawn après quelque haussement d’épaules avait fini par la suivre. Lohan ne les avaient pas suivi. Elle parlerait ce soir, dans le dortoir avec Galyn. Pawn avait visiblement des choses à lui dire, pour l’instant…Et il était surement placé des deux pour la convaincre de rester.

Lohan se leva. Commença à marcher au grès du bruit. Les couleurs des sons devenaient plus discret, l’après midi s’étiolait, laissant place à une soirée plus fraiche. Lohan soupira .Galyn s’en irait alors. Dommage. Elle ne la connaissait pas depuis longtemps pourtant, elle avait la certitude qui lui restait des choses à vivre avec elle. Elle se comprenait et pendant les cours de Tarus, nottament, il leur arrivait de savoir penser la même chose que l’autre. Preuve qu’elles commençait à se connaïtre. Dommage se répétait Lohan…Dommage. Dommage? Doux euphémisme, mais elle ne devait pas en rajouter. La perte de Galyn lui faisait mal, le pire était qu’elle n’avait même pas perçu son malaise. Elle savait que les soucis financier de ses parents l’inquiée, elle la savait aussi très attachée à sa famille. Mais delà de quitter l’académie?

Une musique vint s’introduire dans ses pensées avant qu’elle ne remarque qu’elle était réelle. Musique de rue, qui chantait un air entrainant, un morceau d‘ici, qu‘elle connaissait. La foule qui s’était arrêtait faisait masse autour du groupe de musicien. Pour cause, ils jouaient bien. La vitesse surtout. Si la mélodie restait assez simple, comme celle de toute les rangaines populaires, on avait peine à suivre les flutistes aux notes aigus qui s’envolaient au dessus des passant, musique qu’elle avait déjà saisi dans le cours de l’après midi. Dans le fond, deux luths accompagnait les arpèges des vents, adoucissant le son rauque du cluejan, Tempérant les montée affolante des flutes. Deux tambours xaélen marquaient la cadence, donnant un coté dansant à la mélodie. Elle resta longtemps ainsi, immobile. Les yeux fermé, à écouter les instruments. Elle se prit même à sourire de leur mélodie, tellement le jeu de question réponse des deux flutes semblait humain. Le Cluejan tranchait, semblait départager, Les luths tempéraient et les tambours solanisaient. Lohan savait suivre la ligne mélodique d’un instrument, et les nombreuses reprisess, facilitaient sa mémorisation. Quand elle croyait avoir saisit, enregistré la mélodie, elle rajoutait un instrument en gardant l’autre en tête. Suivre les 6 instruments s’avérait plus que difficile quand ils jouaient des mélodies différentes. Mais certaines fois, alors que les flutes jouaient en cœur et que les luths faisaient de même, elle semblait avoir une vague idée de ce qu’ils allaient jouait ensuite. L’impression s’estompait vite, l’exercice étant trop compliqué, et ternissant la joie de se laisser surprendre.

Lohan avait completement oublié Galyn, oublié aussi , l’endroit ou elle se tenait. Une pause. Une dernière chanson. Le cluejan prends l’ascendance sur les autre, éclipse un peu le flute, par la trame plus complexe de sa puissance de son . Et la musique s’arrete enfin derrière les applaudissements enthousiaste des passants. Lohan sourit, reprend doucement pied à la réalité . Identifie tranquillement les obstacles grace aux rire et soupir des passants. Un endroit désert de son, ou personne ne se place, qui n’est pas intégré aux mouvements de foule est dotté de l’appélation obstacle. Grace à ses vides. A sa mémoire. Lohan réalise. Sait ou elle se trouve. L’odeur des fumets mélangés aux premières bués d’alcool, aux rire un peu gras. Dragon vert. Le souvenir, rapporte à un autre, sa mémoire s’éclaircit, les fils se démèle pour qu’elle en trouve bout et arriver ainsi à la réalité. Kou. Elle était là, en train de jouer . De la flute, comme la dernière fois? Ou avait-elle troquer sa flute de pan contre un Luth ou un cluejan? Elle n’était peut-être pas là, tout simplement. Il y avait toujours des saltimbanques qui jouaient à Al-Poll, serait-elle mélée à ce groupe là, particulièrement? Elle lui avait dit la Taverne du Dragon vert. Lohan n’avait pas envie de revoir la musicienne aux grandes tyrades. Mais pourtant elle ne put s’empécher de tenter de saisir son odeur au milieu des multitudes de senteurs humaines qui se dégageait de la place. Plus celles des animaux. Plus celles de la chaleur sur le sable, des minéraux. L’homme sentait forts aux narines de Lohan. Plus que n’importe quel animal. Depuis longtemps elle avait appris à faire la différence, allant même jusqu’à se souvenir de l’odeur corporelle de chaque être humain qu’elle avait croisé un peu longuement alors qu’elle ne savait pas faire la différence entre deux odeurs de rats encore moins pour les insectes. Pourtant, là. Inutile d’espérer saisir l’odeur de Kou dans cette cacophonie d’éffluves, approximatives, incertaines. Les plus loins masquées par les plus proche. Elle fronça imperspectiblement le nez et inspira goulument l’air des alentours. Elle ne sentait rien.

Et la main de Kou sur son bras fut trop peste pour qu’elle la repère avant. Dès que la saltimbanque l’eu touché de sa poigne légère mais ferme, La Lotra su que c’était elle. Et son hypothèse se confirma puisque l’itinérante commença à gazouiller, sans ommetre sa petite pique caractéristique. Lohan fut étonné de la voir d’aussi bonne humeur en sa présence. Elle faillit lui renchérir qu’elle avait completement oublié sa présence ici, et qu’elle n’était en aucun cas venu l’écouter,elle. Mais sa surprise monta crescendo quand L’itinérante lui déclara avec un grand sourire qu’elle était heureuse de la voir ici .Incrédule, et un peu dubitative, Lohan ne répondit pas tout de suite, et oublia du même coup la réponse qu’elle avait péparé intérieurement.

Quand elle lui proposa de manger quelque chose Lohan bascula dans la méfiance. Qu’avait-elle fait avec cette pauvre nourriture? Empoisonner certains morceaux surement par vengeance pour lui avoir fait basculer une armoire sous le pied. Avoir eu deux fois. Une fois avec le placard, une autre avec la flute, l’ascendance sur la grande et magnifique kou. Mais non. La notion de rancœur semblait indifférente à l’itinérante, elle ne semblait même pas en avoir conscience. Vraiment…La vengeance est un plat qui se mange froid disait on…Et la veuve gayana ajoutait « Méfie toi Lohan, Quand le loup sourit, regarde ses crocs ». Lohan avança sa main et sentit le corps de l’autre, simplement pour s’assurer que Kou était bien devant elle et qu’elle n’était pas en train de réver. Son odorat ne trompait jamais pourtant.

«Kou? C’est toi. »

Après son bref examen, elle adopta une attitude suspicieuse envers la musicienne et s’écarta un peu d’elle.

« Je ne comprend pas. Que veux tu ? Tu as besoin de moi? Demanda -t-elle doucement et prudemment »

En gros, cela voulait dire. Tu veux te servir de moi pour un acte vil? Tu me donne quelque chose pour que je te soit redevable ensuite? Elle savait au fond que cette attitude exaspérerait l’autre mais elle voulait s’assurer de..Oh et puis de toute façon même si Kou avait un plan derrière la tête, ce n’était pas le genre de fille qui lui révélerait.

« Oublie ce que j’ai dit. Oui manger. Si tu veux. »

Elle aurait voulu voir, pour démasquer son regard. Riait-elle derrière cet air altruiste et sympatique? Il n’y avait rien, dans son odeur, rien dans ses mouvement, dans son souffle qui lui permettait de douter de sa sincérité mais…

« La musique était belle. »
Simplement.

[enfin =)]
 
 

Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeVen 25 Juin 2010 - 21:35

- Non, c’est pas… Ah. Oui, ben oui, qui veux-tu que ce soit d’autre ?

Shawna avait immédiatement ouvert le bec en entendant la fille la prendre pour une autre, avant de se souvenir que c’était bien elle, Kou. Quelle idée, aussi, de ne pas donner son vrai nom… Mais il y avait eu une raison pour son mensonge, même si elle ne se souvenait plus exactement laquelle, alors pour ne pas être trop imprudente, elle ne dénoua pas son erreur. Même si le fait qu’elle ne se souvenait pas du pourquoi de ce faux nom était déjà une preuve assez grande du peu d’importance qu’elle y attachait… Oh, et puis c’était trop tard. Ce soir, elle s’appellerait Kou, et demain, elle changerait de nom de scène.

A la méfiance de la jeune fille, elle leva les yeux au ciel, mais ce n’était pas l’exaspération qui perçait dans ses gestes, contrairement à l’habitude qu’avait pris son corps. Elle n’avait pas lâché son sourire volé dans quelques notes égrenées, et la joie qui perçait dans ses mouvements démentait l’expression qu’elle faisait semblant de prendre. La jeune fille ne la verrait pas, de toute manière, et serait incapable de déceler sa fausse frustration, brisée qu’elle était déjà derrière la joie qui la motivait. L’aveugle se méfiait, s’attendait au pire de sa part, mais ce soir, cela la faisait rire. Elle avait peur de tout, était incapable de baisser sa garde un seul instant ; comme si la peur vivait avec elle sous son crâne, et que chaque son pouvait camoufler celui d’une arme, chaque odeur celle d’un Raï camouflé dans les broussailles. Shawna avait l’habitude de vivre avec des gens qui disaient tout haut ce que d’autres pensaient tout bas, qui n’hésitaient pas à tourner le dos à l’ennemi puisqu’ils savaient qu’un autre protégeait leurs arrières et qui ne réfléchissaient pas deux fois lorsqu’on leur proposait un bon repas chaud. Les itinérants formaient une grande famille, mais une famille loyale, sans peur. Shawna leur aurait confié sa vie sans aucune hésitation. Et c’était pareil pour la troupe d’Al Poll à laquelle elle s’était momentanément joint ; les saltimbanques aussi étaient des itinérants, même s’ils ne vendaient rien, et si Shawna ne connaissait pas leur nom, elle savait n’avoir aucune raison de ressentir de la crainte envers eux. Etrange, pour elle, de pouvoir faire confiance à de simples inconnus, de les reconnaître comme famille lointaine, frères et sœurs de musique, alors qu’elle ne les connaissait pas, alors qu’elle était plus que méfiante envers tous les autres… Tenant toujours fermement le bras de la lotra, elle ignora ses protestations méfiantes et l’attira vers la taverne.

- Il n’y a rien à comprendre. J’ai faim, c’est l’heure de manger, et le Dragon Vert fait des gigots de siffleurs absolument succulents, donc tu viens avec moi et tu manges. Laisse ta méfiance à la porte, la peur n’a vraiment aucune place à table, Merustis serre des plats vraiment trop savoureux pour être gâchés par tes arrière-pensées. En plus, je n’ai besoin de personne, jamais, encore moins de toi, alors ne te fais pas des idées en pensant que j’ai quelque chose à te demander. Je t’ai nourri les oreilles, maintenant, c’est le tour de tes papilles, c’est tout.

Puis, se penchant vers son oreille, elle finit d’un air malicieux :

- Et la musique est belle. Pas était. Est. Toujours.

Elle ne savait même pas pourquoi elle invitait la méfiante à joindre leur table, n’étant habituellement pas des personnes les plus généreuses qui peuplaient Gwendalavir. Elle ne la connaissait pas, n’appréciait même pas sa présence. Elle était trop effacée, trop peureuse, trop méfiante, trop réservée. Toujours à regarder derrière elle pour savoir si elle n’allait pas se faire écraser. Shawna ne le comprenait pas, elle qui ne regardait même pas où elle mettait les pieds. Mais ce soir, elle avait joué comme elle n’avait jamais joué, et la musique qui vibrait le long de ses nerfs et de ses synapses en dérive la rendait un tant soit peu tolérante. C’est lorsque l’on retrouve quelque chose de perdu que l’on prend conscience d’à quel point la chose en question nous avait manqué… Shawna n’avait pas joué sur sa flûte de pan depuis des mois, obstinée qu’elle était à ne pas laisser son père gagner, et ce n’était qu’en se remettant à faire vibrer le bois pendant une semaine entière, à chaque heure du jour, qu’elle était devenue consciente d’à quel point l’absence de mélodie l’avait rendue renfrognée et cassante. Elle voulait jouer toujours, pour être toujours heureuse. Quoique, non. Si elle jouait toujours, elle ne pourrait plus manger, et danser, et dormir, et parler, et courir, et faire des ricochets, et toutes ses autres choses qui lui manqueraient aussi si elle les perdait à leur tour. Shawna se jeta sur l’un des tabourets, posant la main de son invitée sur celui à côté d’elle pour qu’elle sache où s’assoir, avant de lancer à la cantonade :

- Les amis, j’espère qu’une personne de plus à notre table ne vous dérangera pas. Je vous présente…

Shawna s’arrêta, cherchant le nom de la jeune fille dans un souvenir qui n’existait pas. Si l’aveugle lui avait donné son nom, elle ne s’en rappelait pas. Son visage figé se fendit d’un sourire amusé, avant qu’elle ne continue :

- ...En fait, je ne vous présente pas, ne connaissant ni son nom ni les vôtres.

Les musiciens ne se firent pas priés bien longtemps pour remédier à cette lacune, après avoir bien rit de la situation, Shawna avec eux. Elle apprit ainsi que le luthiste se nommait Morwen, sa femme Glen, sa fille Leni. La luthiste solitaire répondait au doux nom de Talia, et le flûtiste blond à celui de Lee. Une fois les présentations faites, Shawna héla l’aubergiste.

- Eh, Merustis ! Ton meilleur gigot de siffleur, s’te plait ! Avec la sauce aux champignons, là, celle qui est marron, et les pommes de terre. Une miche de pain aussi, bien sûr.
- Tout de suite, la miss, j’arrive dès que ces messieurs seront servis.
- Tout de suite, mais bien sûr. Faut toujours attendre, avec toi.

Le tavernier ne prit même pas la peine de répondre, se contentant de reservir de la bière à la table d’à côté. Elle avait eu le temps de devenir plus familière avec lui, depuis son arrivée à Al Poll… Lorsqu’elle était entrée dans l’auberge, demandant une chambre, il avait blêmit en reconnaissant la jeune noire qui était entrée comme un ouragan avant de l’insulter pour pouvoir voir son ami guerrier et la jeune femme qu’il accompagnait quelques mois auparavant, et il s’était attendu au pire. Mais une fois qu’elle lui avait rappelé n’avoir rien cassé la dernière fois et ne pas lui avoir causé d’ennui, elle avait promis n’avoir aucun monstre à ses trousses et il avait fini par la laisser entrer. Depuis, elle avait aidé une ou deux fois dans la cuisine, lors des soirées où elle s’ennuyait, n’osant pas encore aller chercher sa flûte à l’Académie, n’étant pas encore assez à l’aise avec la ville pour se promener tard dans ses rues tortueuses. Merustis était un homme bon, intègre, qui savait garder les secrets de ses clients, et il avait fini par s’habituer au ton dérisoire de la jeune fille et à ses piques acides. Le fait qu’elle prenait chacun de ses repas dans son auberge depuis son arrivée, aidait de temps en temps et payait chacune de ses nuits – sur les matelas dont elle ne perdait pas une occasion de pointer l’inconfort – n’y était sûrement pas pour rien… Elle était à l’aise, ici, comme si elle était chez elle. Mais Shawna agissait toujours comme si elle était chez elle, où qu’elle soit…

- Goûte.

Shawna n’attendit pas que l’aveugle obéisse pour remplir son assiette et se jeter voracement sur la nourriture. Elle savourait, un morceau de pomme de terre chaude sur la langue, la sauce coulant sur ses lèvres avant qu’elle ne l’essuie d’un coup de langue habitué. Rien que pour les odeurs alléchantes, il fallait venir manger ici. Shawna prit une grande inspiration, avant de se concentrer à nouveau sur son repas, laissant le soin aux bohémiens de tenir la conversation ; Shawna étant inhabituellement silencieuse, celle-ci tournait de l’autre côté de la table, les deux luthistes étant partis dans un débat sur les avantages des légendes chantées ou des légendes contées, Morwen défendant les premières et Talia les deuxièmes ; Glen, Leni et Lee lâchaient parfois une opinion, qui était rapidement happée par l’un ou l’autre des luthistes acharnés, sous les éclats de rire des trois médiateurs. Shawna relâcha un instant son attention de sur son assiette, le temps de lever le nez vers la brune, et de remarquer au passage que le blond lui jetait de fréquents coups d’œil – à la brune, pas à elle, hein même si elle était brune aussi. La bouche encore à moitié pleine, elle pointa vers les deux luthistes du bout de sa fourchette, effleura le poignet de la fille pour qu’elle sache qu’elle s’adressait à elle et mâchouiller fièrement :

- Bienvenue dans mon monde.

Un monde où de parfaits inconnus peuvent très bien s’amuser ensemble pendant une soirée, un monde où les chants sont joyeux et entraînants, un monde où la peur et l’infériorité n’existent pas, un monde où les batailles ne sont que des épopées héroïques et lointaines, un monde où les gens sont loyaux et où l’on se sent toujours chez soi…

Lohan Gayana
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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeVen 6 Aoû 2010 - 16:10

Pourquoi avait-elle suivit Shawna dans cette auberge? Elle aurait du rentrer à l’académie, on ne l’attendrais pas pour le couvre feu. Mais Personne ne l’attendais là bas. Galyn allait partir…Dans quelques jours, personne ne l’attendrais plus. Comme avant. Elle ne s’en souciait pas vraiment, en fait , quand elle pénétra dans la salle. Il y avait trop d’odeur, de viande, de pomme de terre, de galette de niam. Cette odeur chaude qui vous prenait au ventre et qui vous couvrait la gorge. Elle aimait. Même si tout cela semblait un peu confus à travers les dizaines de plats différents servis dans les assiètes à coté d ‘elle. Lohan sentait les odeurs rebondir contre ses papilles comme si elle était elle-même en train de manger les plats d Méphisto. Le bruit aussi. Plus dense, mais plus concentré qu’au grand air. Le bruit des couverts de métal qui claquait sur les assiètes en grais . Le bruits humains des rires, des plaisanterie, de la dégustation savoureuse, du mastiquement irrégulier des mâchoires. Plus ou moins rapides, distinguant le glouton de celui qui savoure. L’avaleur de celui qui sait se servir d’autres sens que sa vue. Lohan suivait kou en silence. Elles arrivèrent toutes les deux à une table ou se tenait à vue d’oreille 5 ou 6 personnes. La lotra mit un temps à comprendre que c’était les musicien qui se tenaient ici. Shawna lui prit la main pour lui indiquer le tabouret. Elle faillit se dégager sèchement de son étreinte pour lui prouver qu’elle non plus elle n’avait besoin de personne. Comment se débrouillerait elle dans la vie? Comment pourrait elle faire une carrière de combattante, comme elle le désirait si elle n’était même pas capable de trouver un tabouret seule. Mais elle se tu, comme à son habitude. Inutile d’irriter Kou. Elle paraissait de bonne humeur. Et à tout prix. Lohan voulait éviter un affrontement inutile. Elle essaya d’identifier les quelques personnes autour d’elle, une remarque de la roturière la stupéfia. Kou ne connaissait pas leur nom. Ils avaient joué un après midi entier ensemble, surement plus. Comment se faisait-il, qu’elle ne connaisse pas leur simple nom? Et le sien….Oh elle n’avait pas l’air de lui accorder beaucoup d’importance l’itinérante, elle s’était tellement vite jeté sur son ragout, dévorant à pleine dents cette vie qui s’écoulait de la viande, et enfournait la douceur de ses pommes de terre. Son boneur semblait s’exprimer dans ses coups de dents. Plus mesurée , la lotra piqua une lamelle de champignon au bout de sa fourchette et la macha longuement. Oui .C’était bon. Même si le gout restait dans le domaine des repas d’auberges, c’est-à-dire, gras et passe partout, il y avait dans ce champignon, dans cette lamelle une saveur de… souvenirs? Auberge…Son auberge. L’auberge de la veuve Gayana. La halte perdue…Elle revoyait encore ses mains dans l’eau glacées de la vaisselle, les soirs d’hiver, les verres qui se brisaient quand elle trébucher sur un objet qui n’était pas à sa place habituelle. Sa mère et Hakku…Leurs soirées devant le grand feu ou la veuve essayait désespérément de lui apprendre à coudre, quand elle se piquait les doigts. Hakku qui riait doucement, et qui lui faisait des points en douce quand Aïzia gayana ne regardait pas. La chaleur du feu. Les histoires des voyageurs qui leurs parlaient d’Al-Jeit, de la ville en décrivant les mille merveilles qu’ils y avaient vu…Il y avait tellement de chose dans ce petit bout de champignon.

*Ce monde, kou. Il m’est familier. Nous avons ça en commun, au moins*

A cette pensée, elle sourit. Elle écouta le débat sur les légendes qui s’éternisait. Alors que Morwenn achevait une tirade pour laisser la place à Talia. Danc cette interstice de reprise de respiration, elle laissa une phrase couler à l’intention de ses hotes.

« La musique a toujours rajouté un peu de magie aux récits, quoi de mieux pour des légendes. » fit elle de sa voix fragile qui arriva tout de même jusqu’aux oreilles de Morwenn.

Si elle avait pu se servir de ses yeux, Lohan aurait surement pu voir un sourire fendre la face du bohémien. Mais même ainsi, se l’imaginer suffisait amplement.

« Tu as bon gout gamine. Toi aussi tu aime la musique, on dirait bien. Tu vois Talia, si même une personne extérieure le confirme…»

Le dialogue repris et Lohan tenta d’identifier les personnes mélée à la conversation. Quel prénom pour quel personnage de la petite assemblée? Elle sourit un peu, histoire de faire bonne impression. Elle écouta Shawna. Elle se sentait bien. Il y avait dans l’auberge une atmosphère bonne enfant . Rugueuse et grasse en surface mais emplie d’une douceur qui semblait réunir des amis de longues dates. Comme s’il se connaissait depuis toujours. Intriguant. Puis son esprit revint sur la jeune fille qui se trouvait à ses coté. Vivait-elle seule dans la grande ville d’Al-Poll? Elle imaginait bien Kou parti à l’aventure avec sa flute de pan, loin de la caravane de sa famille . La maradause avait réussit cela dit. Elle semblait avoir de vrai amis, un gagne pain qui enchantait les passants. Elle jouait sa passion. Que demander de plus? Lohan se sentait intriguait par la fille qui avait faillit finir aplati sous une armoire. Elle commençait à se montrer digne d’interet car sous des aspect irrespectueux à l’extrème, c’était la même itinérante qui lui avait proposé une assiète, un place à coté d’elle pour cette soirée. Avait-elle l’intention de lui louper le couvre-feu, d’attirer sur elle le courroux Jehanien?

«Alors Shawna, ce ragout de sifleur était-il à ton gout? » Tonna la voix de Merustis.

« Shawna » souffla Lohan en écho.

Elle lui avait mentit, sur son identité cette fois. Ça ne l’ étonnait pas vraiment de l’itinérante et ça renforçait les premières impressions qu’elle avait eut de cette…Shawna. Voleurse, maraudeuse, menteuse. Avec un peu de malchance, elle était réellement venu espionner l’académie quand elle avait pris pour pretexte la recherche de sa flute de pan. Et la Lotra l’avait laissé repartir…Naïvement…

« Comment pourrais-je te faire confiance fit elle avec une mauvaise humeur non dissimulée, tu mens comme tu respires. Quelle sorte de fille es tu pour m’inviter à partager ton repas et continuer encore et toujours à me tromper par derrière. Ça t’amuses, mon ignorance? Je ne trouve pas ça drole .Qu’as-tu encore maquiller ou oublier de me dire? Que tu avais parfumer ma viande avec une potion qui changerait ma chevelure de couleur ?Que tu comptais me vendre en esclave à une bande de rai en recherche de jeune humaine? Que tu comptais t’associer à moi pour un traffic de bague volée Que veux tu à la fin, Kou? Tu te dis désinteressé mais à quoi sert-il de me mentir sur des choses aussi insignifiante que ton identité? »

Elle ne criait pas. La moitié de la table n’avait pas entendu, ou du moins ne semblait pas avoir entendu leurs conversation et le débat entre Talia et Morwenn continuait. Lohan s’attendait à une réponse désinvolte et narquoise, spécialité de Shawna . Pour montrer à quel point l’itinérante lui était indifférante, lohan mordit dan une patate chaude et se mit à macher, sans daigner lever les yeux sur l’endroit ou était sensé se trouver Shawna.
 

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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeVen 6 Aoû 2010 - 17:56

Shawna sourit, montrant à tous ses dents d’ivoire sous ses lèvres asymétriques, profondément heureuse. La fille s’était mise à participer au débat, et commençait visiblement à se sentir à l’aise avec eux. En même temps, qui n’aimait pas les plats de Merustis, et une bonne discussion avec des gens accueillants et chaleureux ? Shawna se lança sans mal dans la conversation, la bouche encore à moitié pleine une fois sur deux.

- Ma sœur est conteuse, et je peux vous assurer que la musique n’est pas toujours nécessaire pour envoûter les esprits. Talia a raison sur ce point là, au moins. Les chansons, ça a un rythme, des rimes, souvent, et on ne peut pas s’en éloigner ; le conteur qui n’est pas accompagné des instruments peut davantage improviser selon les réactions et les intérêts de son audience, plutôt que de suivre une mélodie qu’il pourra difficilement modifier si un môme demande soudain « pourquoi ? » au milieu de la ballade parce qu’il n’a pas compris quelque chose. Sans les instruments, tu peux broder, répondre à la question en découvrant tout un nouveau pan de l’histoire.
- J’aimerais bien entendre ta sœur, moi, elle vit dans le coin ?
- Nope, va vous falloir traverser Gwendalavir pour rencontrer la célèbre conteuse. Si vous vous arrêtez à Al Jeit, vous l’entendrez sûrement, il lui arrive de conter des histoires près de la Place des Itinérants, au coucher du soleil.
- On y pensera.
- En fait, ça dépend si tu es meilleur conteur ou meilleur musicien. Si tu joues et chantes bien, ou si tu es doué pour mettre des ambiances en paroles.
- Et quand on est doué en aucun des deux, comme toi, on fait quoi ?

Rires.

- On fait ça, petite poltronne !

Et Morwen lâcha sa fourchette pour se mettre à chatouiller sa fille et la punir de cette o-dieu-se insulte, avant de lui ébouriffer les cheveux, un grand sourire sur le visage, et de lui dire qu’elle avait hérité de ses dons, en plus. C’est ce moment que choisit Merustis pour prendre des nouvelles de son ragoût, et Shawna lança à la cantonade :

-
Comme toujours, Merustis, l’attente vaut bien le coup !

Il repartit vers d’autres clients, mais Shawna, ayant entendu son nom répété par la jeune fille à ses côtés, tourna la tête vers elle, prenant soudain conscience de ce qui venait de se passer. Et visiblement, la jeune fille y mettait de l’importance. Agacée par ce petit nuage gris qui venait assombrir sa soirée si bien commencée, elle laissa échapper entre deux bouchées :

- Qu’est-ce que tu peux être susceptible, alors.

Elle prit le temps de mâcher correctement, cette fois, avant de tenter de répondre. La jeune fille la forçait à réfléchir, alors qu’elle n’en avait pas du tout envie, mais fronçant les sourcils, elle tenta de se remémorer leur première rencontre. Pourquoi avait-elle dit s’appeler Kou ? Mais elle avait beau essayer de se souvenir, la réponse lui évadait, ce qui n’était pas très pratique pour répondre à l’aveugle. Il fallait bien lui expliquer, pourtant, si elle ne voulait pas que la jeune fille garde le nez dans son assiette et fasse la tête pour le reste de la soirée.

- Shawna, Kou, qu’est-ce que ça peut faire ? J’aurais pu m’appeler Kou, aussi. Ou Leni, ou Talia. Je n’y porte pas grande importance, ni à mon nom ni à celui des autres, et toi non plus, visiblement, vu que tu ne t’es même pas présentée quand tout le reste de la table l’a fait. Tu te plains parce que je ne t’ai pas fait confiance, en te donnant un faux nom l’autre jour, mais toi non plus, tu ne m’as pas donné le tien. C’est pas important, un nom. Si tu avais été sourde au lieu d’aveugle, tu n’aurais jamais entendu le mien, et ça n’aurait franchement rien changé à ce que tu sais de moi.

Elle s’essuya la bouche avec sa serviette, faisant ainsi une petite pause avant de continuer, pensive, cherchant ses mots pour expliquer ce qu’elle ressentait, et dire la vérité, pour une fois.

- Je ne porte pas beaucoup d’importance aux noms, ne cherche pas souvent à les connaître, parce qu’ils ne veulent rien dire. Pour moi… les actions parlent plus que mille mots. Alors oui, je mens, je dis aux autres ce que je veux qu’ils pensent, et je ricane en pensant à tout ce en quoi ils croient dur comme fer alors que tous leurs rêves ne sont que ça, des rêves, qui s’effondrent au moindre coup de vent. Les gens vivent de fausses certitudes et de vrais incertitudes, et ça me fait rire, je n’y peux rien, c’est comme ça. Dis à quelqu’un que tu es son ami, puis casse lui un bras sans raison, et il te trouvera quand même des excuses, parce qu’il croira davantage tes mots d’amitié que tes actes de violence. C’est incroyable. Moi, je ne crois pas les mots. Ils blessent alors qu’ils ne sont rien, ils réconfortent alors qu’ils sont vides. J’crois plutôt en l’assiette qu’on pose devant moi quand j’ai faim, ou au manteau qu’on me prête quand j’ai froid.

Shawna regarda l’aveugle de biais ; elle ne savait pas pourquoi, à chaque fois qu’elles se voyaient, elle mettait ainsi à nue toutes ses pensées, lui expliquant des choses qu’elle n’expliquait pas à ceux dont elle se moquait habituellement. Peut-être parce qu’elle se moquait bien de ce que la jeune fille pouvait bien penser d’elle, et qu’elle savait déjà qu’elle ne l’aimait pas, et qu’elle n’avait donc rien à y gagner. Ou peut-être parce qu’elle l’estimait, à sa façon, plus que d’autres à qui elle ne prenait pas le temps d’expliquer quoi que ce soit. Elle ne lui avait pas mentie pour s’amuser de son ignorance, à elle…

- Pas que je t’ai mentie juste pour mentir, je suis sûre qu’il y avait une raison, sur le coup. ‘Fin, tu m’avais quand même piqué ma flûte, quoi. J’allais pas te sauter au cou et te raconter ma vie.

Que cela soit clair ; il lui arrivait de mentir sans raison, mais elle ne l’avait pas fait, avec l’académicienne.

- Et là, tout ce que je voulais, c’était passé une bonne soirée, avec un bon repas, et des gens avec qui discuter. Je ne sais pas pourquoi tu es aussi méfiante, tu donnes de l’importance à ce qui n’en a pas pour moi, et tu omets tout ce qui me parait essentiel, c’est hallucinant… Mais soit, si tu veux en savoir davantage sur moi, que tu ne seras pas convaincue que je ne te veux aucun mal tant que tu ne connaîtras mes moindres petits secrets, allons-y. Demande-moi ce que tu veux savoir, et je te promets que, au moins ce soir, je ne te répondrais qu’avec la vérité. Et non, je ne pourrais pas te prouver que c’est bien ce que je fais, alors c’est toi qui vois si tu veux me croire ou si tu comptes toujours rester sur tes gardes. Mais tu as ma parole, et je ne la donne pas à la légère.

Et là, une seule chose convient pour décrire le visage de Shawna alors qu’elle prononçait ces derniers mots : Rolling Eyes

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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeLun 30 Aoû 2010 - 16:38

Suceptible, elle? C’était la confrérie qui s’foutait de la charité. Fallait-il rappeler qui était l’excitée qui se mettait à débiter une longue tirade à chaque reproche ou remarque. Si ce n’était pas de suceptibilité ça ?! Son visage assez innexpressif se tourna vers shawna en une petite moue qui mélangeait l’éffarement et le doute. L’impression d’ensemble devait être bizarre. Ces deux gros yeux vides qui s’équarquillaient et qui tentaient de communiquer de l’émotion . Mais l’autre ne semblait pas y préter attention elle continua. Argument sur argument. Tirade sur tirade. Pourquoi parlait-elle ainsi? Autant. Se justifier encore? Ou simplement histoire de partager. Elle était généreuse Shawna et aimer transmettre sa vision du bien . Le problème c’est qu’elle n’acceptait pas d’autres visions. Du moins en apparence. Lohan voyait difficilement Shawna changer d’avis et reconnaitre à voir eut tort. Mais peut-être qu’interieurement …L’itinérante semblait toujours avoir beaucoup réfléchi à ce qu’elle avançait. Comme s’il lui fallait absolument se positionner sur tout pour vivre.

« Je ne suis pas d’accord. Les mots seuls ne sont pas tout . Mais ils s’accordent avec le reste. Un mot c’est aussi une intonation, un regard, je pense. Un ressenti. L’important n’est pas toujours le contenu, plutôt la façon de le dire. L’amour que les gens mettent dans leur phrase se ressent. La colère, la mesquinerie, la jalousie. Peu sont ceux qui cachent vraiment leur sentiments pour un observateur attentifs. Et les actions aident, en contrepartie, à analyser ces phrases. Savoir si l’autre est franc de nature, ou plutôt menteur…Leurs mots prennent tout de suite un autres sens. Et Les quelques rares qui savent exprimer avec leurs corps, leur visage ou leur voix le contraire de ce qu’ils pensent ,peuvent aussi camoufler leurs actions. Qui sait si on ne te nourrira pas par calcul -oui je sais tu me la déjà dit, je vois le calcul partout-…Un noble qui aurait besoin de donner de la nourriture aux plus pauvres pour marquer une image de bontée gratifiante auprès de son entourage *Valmont powaa * . Simplement quelqu’un qui veut te demander quelque chose en retour. Ou encore parce qu’il ne veut avoir la mauvaise conscience de t’avoir laissé crever de faim. Je n’en sais rien moi…Les actions peuvent être aussi traitresse que les mots. Ce qui prime. C’est l’intuition. Malgré tout ce qu’on peut en dire elle trompe rarement… »

Ouaouh. Le paragraphe . Elle ne se reconnaissait plus. Pourquoi elle partait comme ça dans un débat dont elle n’avait pas grand-chose à faire et qui d’ailleurs s’éloignait assez du sujet originaire. Elle devenait comme l’autre. A défendre des opinions, qu’elle réfuterait un jour. Surement .

« En étant bavarde comme tu l’es, petit moulin à parole comment peux tu défendre l’insignifiance des mots? »

C’était le monde à l’envers . Lohan. La silencieuse -enfin en théorie, parce que depuis qu’elle avait rencontré Shawna, elle s’était senti obligée de répondre- défendait l’importance des mots alors que l’impétueuse itinérante les négligeaient. Ou alors Peut-être était-ce pour ça que Shawna parlait trop. Elle ne se rendait pas compte de l’importance des mots? Suppositions hasardeuses. Aucunes preuves à l’appuis. Elle aurait bien continuer à jouer son apprenti shawna pourtant les regards curieux qui lui frôlait la peau la dissuada. Les conversations de bout de table avait continué. Mais à coté d’elle . Les voix s’étaient tues . Elle décida de ne pas aller plus loin. Elle était comme ça lohan. Pleine d’hésitations quand il s’agissait de prendre parti ou d’exprimer ses opinions. Son but était de n’offenser personne. Même pas Shawna, même si l’itinérante l’exaspérée. Mais elle se sentait redevable. Un peu . l’itinérante qui l’avait invité à partager son repas n’était pas mauvaise en somme. Et elle lui proposait de lui raconter un peu d’elle ce qui était loin de déplaire à la Lotra. En espérant qu’elle tienne sa parole. Malgré la légereté dont faisait preuve la musicienne, Lohan était prête à la croire quand elle disait ne pas donner sa parole à la légère. Et même si elle en avait douté au plus profond d’elle-même, les histoire de Shawna servirait à vérifier la cohérence de ses dires, déterminer ainsi si elle était intrinsèquement une menteuse. La Lotra se radoucit pour savourer sa première question.

« Bien, D’abord pourquoi ta flute de pan était dans le bureau de notre intendant? » commença-t-elle

Et comme qui comprenait l’histoire, avait plus de chance de comprendre l’homme-ou la femme- . Elle se risqua à une autre question.

« Tu vis toute seule ici? Tu as l‘air de bien connaitre le tavernier.C‘est ton oncle? Quelqu‘un de ta famille?»

Bon ce n’était pas très délicat comme question. Avec un peu de malchance, Shawna était orpheline, l’évocations de la mort de ses parents la mettait dans une colère éffroyable -toussa. Ça ne l’étonnerait pas de la part de l’itinérante qui était si réactive qu’une Felixia qu’on insulte ou un rai qu’on traite de porc, à choisir. Elle plongea sa cuiller dans le ragout et captura habilement une pomme de terre pour la macher précautionneusement. Une voix la fit sortir de sa dégustation et elle avala le féculent tout rond .

«Moi de la famille de Shawna, merci bien, jeune fille Oo. Tu te rend compte de ce qui te dis? Moi supporter depuis sa naissance cette délicieuse enfant qui rale plus que la totalité de mes clients le jour de la foire D’Al’Poll? Il ne manquerait plus que ça … Tiens tu n’aimes pas ce que je fais, petite? C’est vrai que le siffleur à un gout spécial que tout le monde n’apprécie pas . Mais attends de voir le dessert, amie de Shawna.Tu me vexera si tu me dis que tu n’aime pas.C’est ma petite fierté. »

Et Lohan n’eut même pas le temps de lui répliquer -et Shawna non plus notez-que non elle aimait beaucoup ce ragout et que simplement, elle savourait le noble produit du terroir. Le tavernier était déjà partit servir les nombreux clients de l’auberge. L’assiette de Shawna devait être déjà finie, d’où la méprise du cuistot. Comme elle ne voulait parraitre impolie La Lotra enfourna une deuxième cuiller. C’était quand même bien meilleur que le refectoire de l’académie. Le premier jour on trouvait ça bon, une semaine plus tard on s’appercevait que les plats se ressemblait tous. Enfin, le principal était quand même qu’ils soient nourri tout les jours cette chance n’était pas offerte à tous elle en avait conscience. Et que le buffet soit à volonté, mais ça c’était plutôt le critère des gros pleins de muscles qui mangeait comme des ogres après un entrainement physique. Ils mangaient beaucoup certes, mais eux excellaient en cours de combat . Peut -etre qu’elle devrait alors se goinfrer de ragout en tout genre, elle aurait donc des muscles, et elle deviendrait Miss Combattante. Malheureusement ce n’était pas dans ce sens là que ça marchait. L’absence de voix Shanesque la sortit de ces digressions constantes et de son rêve de gloire. Elle décida d’interrompre ce silence anormal par une petite interjection. Discrète, timide, de quoi, espérait-elle, ne pas la faire sortir de ses gonds et esperer quand même une réponse.

-Donc?


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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeMer 1 Sep 2010 - 0:37

après-demain. Et plains-toi à Alasa, c'est elle qui m'a dit de poster. [color=red]Mais non, je calomnie. - Alasa, quand on ne sait pas utiliser les codes, on n'édite pas les posts des autres. 7 PC :na: ]

- Je ne sais pas pourquoi tu argumentes, alors que tu es d’accord avec moi, petiote. Les mots exacts, les noms, les tournures de phrase, on s’en fout. Je n’aime pas pinailler sur le choix des mots, tant qu’on comprend l’essentiel, le fond des choses, l’intuition, comme tu dis, ça suffit bien. Enfin, sauf quand ça m’arrange.

En général, elle parlait sans réfléchir. Mais si elle pouvait tourner les phrases des autres contre eux grâce à un vocabulaire mal choisi, dans l’un de ses débats dont elle avait le secret, elle n’hésitait pas… Son sens de la contradiction, sans doute. Elle ne disait pas que les mots étaient insignifiants, loin de là, en fait ; simplement, elle ne les sacralisait pas comme semblait le faire l’aveugle, et ne mettait pas beaucoup d’importance en un simple nom. D’ailleurs, elle ne connaissait toujours pas celui de la fille ; et bien, elle l’apprendrait avant la fin de la soirée, c’était décidé. Pas que le nom en lui-même lui importe, elle avait bien expliqué ce qu’il en était, et l’aurait sûrement oublié dans trois jours… mais simplement parce que la jeune fille mettait de l’importance à l’acte de se nommer pour un autre, et que Shawna voyait bien que, lorsqu’elle le ferait, cela voudrait dire que Shawna aurait gagné sa confiance – en partie. Si l’aveugle prenait toute cette notion d’amitié à cœur, la musicienne, elle, ne prenait ça que comme un jeu qu’elle avait hâte de gagner.

- Les mots sont utiles, je ne dis pas le contraire. Tout ce que je dis, c’est qu’ils ne sont pas toujours vrais, que les gens ne disent pas toujours ce qu’ils pensent, alors autant ne pas y attacher une trop grande valeur sentimentale. Tu t’offusques au moindre mensonge, tu t’attaches trop à des phrases qui sont simplement dites en l’air, que j’ai prononcé sans toujours faire attention. J’fais pas partie de ceux qui pèsent chacun de leurs mots pour dire exaactement ce qu’ils veulent dire, alors bon, si tu veux tout prendre au premier degré avec les autres, fais donc, mais avec moi, ça va juste te mener droit dans le mur.

La jeune fille en fasse d’elle pensait trop, analysait trop, et se compliquait trop l’existence. Elle voulait classer chacune des personnes qu’elle croisait entre les égoïstes manipulateurs et les généreux altruistes. Et elle-même, ou se classait-elle, elle qui passait son temps à se demander si les autres étaient amis ou ennemis ? Si Shawna devait analyser les raisons qui dictaient le moindre fait et geste de son entourage à partir de ses paroles et de ses actions, elle était mal barrée. Imaginer que tout le monde avait une raison dissimulée pour tous leurs actes, essayer de comprendre qui agissait spontanément et qui cherchait un avantage quelconque à travers ses discours altruistes, c’était… vertigineux. Elle ne voulait même pas y penser.

- Par contre, la personne peut bien avoir les motifs qu’elle veut, moi, j’aurais quand même une assiette bien remplie devant moi et ça me va très bien. Tant que ça ne me fait pas de mal, pourquoi se priver des actions des autres, hypocrites ou non, mm ? Il les a aidé quand même, les gens, ce cher vicomte. Et Lee, soit tu dis ce que tu penses soit tu t’occupes de ton assiette, au lieu de laisser traîner tes oreilles et de la bouffer du regard, elle est peut-être aveugle mais moi non et ça commence à être agaçant.

Le blond baissa les yeux et rougit en étant pris sur le fait, marmonna quelque chose sur le fait qu’elle était une ignare qui ne comprenait pas la beauté des mots bien trouvés, que si elle avait été poète elle n’aurait jamais dit un tel ramassis d’âneries, puis sa voix traînante fit un joli decrescendo avant de se taire, noyée dans une cuillère de ragoût. Les voix de l’autre côté de la table s’étaient tues un moment elles aussi pendant les explications de l’aveugle, mais Talia avait bien compris que cette discussion ne les regardait pas et Morwen avait rapidement vu son trouble à ce soudain silence ; après un rapide commentaire pour garder une ambiance détendue, il reprit le débat sans prendre grande attention à elles, louant les talents de poète de Lee et l’importance du langage, à présent. Shawna fit un geste discret vers Morwen accompagné d’un sourire pour le remercier de son tact, et il hocha la tête à son intention, l’air de dire que ce n’était rien. Elle aurait bien voulu rejoindre la conversation, faire remarquer à Lee qu’elle parlait des mots dans les conversations en général et que l’art était une catégorie toute à part, mais la brune avait des questions pour elle, et elle était à présent bloquée dans un interrogatoire qui promettait d’être interminable. Heureusement, Shawna aimait parler, on l’aura remarqué.

La première question, pourtant, était loin de lui plaire, et elle se renferma dans un silence renfrogné. Elle avait promis de répondre avec la vérité, d’accord, mais là, c’était carrément humiliant. Elle pourrait tout aussi bien dire « C’est ma môman qui a donné ma flûte à l’Intendant pour me puniir, » ce serait tout aussi dégradant pour son égo démesuré. Ruminant intérieurement, il lui fallu un certain temps de réaction avant de prendre conscience de ce que disait le tavernier à son sujet, et elle sourit avec un temps de retard, sans avoir l’occasion de lui répliquer qu’il aurait bien aimé l’avoir dans ses pattes depuis sa naissance, et qu’il se plaignait pour trois fois rien. C’était bien beau, tout ça, mais ça ne lui disait pas comment elle allait pouvoir raconter la scène sans avoir l’air de l’idiote qui s’était laissée manipuler comme un siffleur nouveau né, et en attendant, la jeune fille s’impatientait. Bon, elle commencerait par la deuxième question, c’était plus simple et il y avait beaucoup à dire…

- J’ai fait la connaissance de Merustis l’hiver dernier, la première fois que j’ai mis les pieds à Al Poll, avec la caravane de mon oncle. Alors quand je suis revenue ce printemps, j’ai décidé de m’installer dans son auberge, et bon, on a fait plus ample connaissance. Je vis pas ici, j’suis d’Al Jeit, à la base. La famille de ma mère est une famille d’itinérants depuis plusieurs générations, alors je voyage pas mal avec eux. Mais là je suis toute seule à Al Poll, oui. C’est.. compliqué. Tu sais que tu t’es quand même débrouillé pour pauser la seule question qui me complique l’existence ? Enfin en même temps, ça m’étonne pas. Tiens, j’espère que ça ne te dérange pas, mais là, je meurs d’envie de…

Elle ne finit pas sa phrase, et piqua sa fourchette dans la pomme de terre qu’elle fixait dans l’assiette de l’aveugle depuis un moment déjà. Mm. Elle allait lui manquer, la cuisine de Merustis, quand elle repartirait.

- Bref. Mon père voulait que j’vienne à l’Académie de Merwyn, je voulais pas, alors ils ont donné ma flûte de pan à votre fichu Intendant. Il devait me la rendre si je restais apprendre, mais mon père peut toujours courir, c’est ma flûte et je déteste cet endroit. Limite si je ne préfère pas l’Académie d’Al Jeit avec tous ses nobles prétentieux et pompeux, c’est pour dire. Alors non, je ne suis pas une voleuse, j’ai juste repris ce qui était à moi. Ils ont pas le droit de me forcer à apprendre si je n’ai pas envie, si ? De toute façon, je n’aurais fait que causer des ennuis et Hil’ Jidwyl m’aurait renvoyé dans les trois jours, comme tous les intendants de toutes les académies de cet empire de dingues, alors c’est pas la peine.

Tout le long, elle avait été sur la défensive, certaine que l’aveugle ne serait pas d’accord avec elle et allait lui sortir le même refrain que les adultes, comme quoi elle devrait écouter ses parents, qu’ils savaient mieux qu’elle et blablabla. Souhaitant désamorcer la leçon de savoir vivre à laquelle elle s’attendait avant qu’elle ne commence, Shawna feinta, tentant de dévier le sujet en repartant sur un autre que l’aveugle déviait elle aussi depuis pas mal de temps déjà :

- Pourquoi tu ne veux pas me dire ton nom ?

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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeDim 5 Sep 2010 - 16:48

Qu‘Est-ce qu‘elle avait à prendre les gens de haut comme ça, Shawna qui parle vite et fort? Si Lee avait envie de suivre la conversion, et ben qu‘il la suive. Personne n‘éprouvait l‘immeeense besoin de lui arracher quelques paroles. Sauf une évidement. Cette fille avait le chic pour mal chosir ses mots. Lohan s‘imaginais déj le teint écarlate- quoiqu‘elle ne sache pas exactement le sens du terme écarlate- du garçon. Elle-même avait, disons. Une légère rougeure. Très légère hein. Parce qu‘on ne la regardait pas beaucoup Lohan . Elle était assez insignifiante pour beaucoup -particulièrement pour se beau prototype de la gloutenerie en puissance. Aussi parcequ‘elle n‘avait jamais vraiment cherché à être signifiante. C’était compliqué dêtre signifiante, ça voulait dire beaucoup de responsabilités, beaucoup de regards qui piquent ou d‘oreilles attentives.

Elle n’avait pas beaucoup d’expérience de couple non plus. Les garçons étaient pour la plupart des camarades de classe, combattants comme elle. Ils échangeaient des techniques de combats, parlaient un peu des profs. Ça n’allait souvent pas plus loin. Pour les autres..Elles s‘en méfiait pour ce qu‘elle ne connaissait pas d‘eux. Pour ce qu’on lui avait dit, dans son ignorance des expériences amoureuses. Oh il y avait bien eu Wender, quelques…5 ans auparavant? A 11 ans. Mais c’était pour voir. Pour sentir et pour comprendre. Elle n’avait d’ailleurs pas eu l‘impression de comprendre quoique ce soit au mot avec un grand A . Mais bref parenthèse refermée. Elle tourna irrésistiblement la tête vers Lee pour tenter d‘intégrer une infime partie de son parfum . Le répérer parmis les autres, cet être qui avait l‘étrange idée de l‘observer. Puis, la question de Shawna se rappella à elle, et la Lotra pu répondre avant d’avoir était interrompue par le raclement de gorge caractéristique.


« Parce qu’il ne veulent rien dire? De toute façon tu ne cherche pas à les connaitres. Railla t-elle Moins noyé sous un flots de paroles inutiles , peut-être parce que tu l’a pas demandé. »

Une petite exposition? Je m’appelle Lohan ce qui veut dire petite lune en patois du sud. Oh que c’est joli, que c’est mignon. Sous le signe de la lune . Gayana parce que c’est le nom de la femme qu’à bien voulu de moi. Parce que tu sais Shawna qui parle vite et fort. J’ai été adopté. Et oui -comme la moitié des élèves dans l’aca. Ça devait être suite à un accident prémidité, petit feu de la st-jean avant l’heure, les charpentes d’une batisse aidant ou quelques assassins et couteaux bien placés. Ça vous fait vite orphelin. J’ai jamais eu de père. Voilà . Lohan Gayana . Pour vous servir mademoiselle la pique assiette. -D’ailleurs rends moi ma patate. J’en ai besoin. Allez, vomi. Bref-. Tout ça était bien inutile à expliquer à Shawna qui se contrefichait bien finalelement de tout ce qui ne la convernait pas. Par contre ce qu’avait dit Shawna était bien plus interressant. Lohan ne put empécher un vague sourire de floter sur sa machoire. Juste Vengeance. Alors la terrible Shawna était sous le joug de ses parents. Elle devait les craindre pour ne pas avoir pu empécher la flute d’attérir chez Jehan. A enfin. Un point faible.

« Ton père te fais du chantage..Et ça marche? Humm…J’y penserais une prochaine fois alors… »

Elle changea vite de sujet. Innutile de s’éterniser sur un point délicat de la Shawna’s suceptibilité.

« Pas que je veuille absolument te supporter à l’académie . Mais quand même, c’est mon école, un peu de fiérté que diable. Mais Jehan n’est pas trop exigeant. Un peu exentrique, c’est sur. L’ambiance est plutôt bonne..Fin en se moment y a une baisse de moral mais c’est du à l’hiver surement. Et puis les nobles sont vites remis à leurs places quand ils mordent la poussière…En plus, souvent, c’est le dessin qu’ils étudient. Ça évite qu’ils soient mixer avec nous pendant les cours…Mais bon, si tu arrives à gagner ta vie grace à la musique. C‘est aussi bien..»

Même mieux? Non. Elle aimait se battre, sentir le corps de l’autre arqué, bondissant. Les pas qui reculaient ou avançaient . Elle aimait cette anticipation dont elle devait faire preuve à chaque seconde. Elle aimait la fin d’un combat. Quand elle se savait sure de l’emporter, et même quand l’autre la tenait à sa merci. Il y avait cette sensation rassuante …De fin. De bonne fin. Comme si le combat s’était déroulé simplement pour que l’un des deux individus l’emporte. Elle n’aimait pas tuer. Quelques années auparavent elle éprouver une sensation de jubilation en enfonçant sa lame dans la cuirrasse dun rai, trouvant le cœur. Elle avait changé. Les attaques l’avait rendu plus peureuse. Elle tuait par dégout, par peur surtout et rarement, sauf quand la colère prenait le dessus-ce qui demeurait rare- par plaisir

.Sa courte expérience à l’académie lui avait appris qu’on meurt en un souffle. Un bout de féraille, un dessinateur malavisé . Et on meurt. Trop facile. Mine de rien , Lohan y tenait à sa petite vie . Elle avait envie d’en faire quelque chose. Finir son apprentissage à l’académie, rentrée triomphante chez elle pour aller fêter ça ave Hakku. Sa mère ouvrirait son auberge à tous. Il viendrait la féliciter. Ensuiite, ensuite…On verrait. Pour gagner de quoi subsister elle savait qu’il lui faudrait s’enroler dans l’armée. Mais l’idée lui répugner. Professeur? C’était une alternative possible…Certains village payé pour avoir un professeur capable de leur enseigner les techncchniques de bases. Ou ici même. A l’académie? Pourquoi pas. En temps qu’assistante, entrainait les initiés…Mais il fallait déjà qu’elle finnisse ces études. Et si elle continuait comme ça, elle risquait de rater son épreuve de passage. Condamnée à rester novice une année de plus. Pas de démoralisation attive avec un peu de chance l’épreuve serait facile, le professeur conciliant. Beaucoup de chance. Ce n’était pas dans les habitudes de Tarus d’être conciliant. Trêves de pensées négatives, à ce moment présent, elle mangeait avec des musicien. Quelque chose de fichtrement meilleure que ce qu’il y avait au refectoire. Elle n’allait pas se plaindre. Elle aurait même du être heureuse et rigoler avec les autres .


« Je m’appelle Lohan Gayana. Je suis l’enseignement des combattants à l’académie »

Déclinez votre nom, votre orientation. Elle commençait à avoir l’habitude maintenant.





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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeSam 18 Sep 2010 - 20:38

Shawna regarda la combattante de travers en entendant sa réponse. Elle ne le lui avait pas demandé ? Ca devait bien faire trois fois qu’elle lui sollicitait implicitement son nom. Il fallait qu’elle s’abaisse à sortir l’habituel et risible « comment tu t’appelles ? » mot pour mot, en plus, pour se faire comprendre ? Elle n’était pas l’une de ses filles creuses incapable de sortir une seule phrase intelligente, derrière leurs masques miroitants, et qui ne faisaient que répéter des discours imprimés dans leur crâne sans qu’elles ne sachent ni s’éloigner de ce modèle ni comprendre ce qu’elles émettaient mécaniquement. Quand elle avait accusé la jeune fille aux yeux de pierre [ : heart : ] de tout prendre au premier degré, elle n’avait pas pensé que son manque de subtilité allait jusque là. Elle l’avait invitée à se présenter lorsqu’un nom avait été attribué à chaque personne de la tablée, quand elle lui avait fait remarqué qu’elle ne lui avait toujours pas dit son nom, et à nouveau maintenant, en lui demandant ce qu’elle attendait pour le faire. Et elle, elle lui ressortait le peu d’importance qu’elle faisait de sa demande… Oui, elle se moquait bien de savoir si la gamine s’appelait Peryne, Amy ou Zimbawala. Mais pour quelqu’un qui mettait tant d’importance dans les mots, c’était quand même assez hypocrite de lui ressortir que c’était la raison pour laquelle elle ne se présentait pas… Quoique. Pourquoi donner son nom à quelqu’un qui ne le retiendra pas, ou n’y met aucune importance ?

Tant pis pour Shawna. Elle s’était attendue à un échange en bonne et due forme – je te donne, tu reçois, tu me donnes, je reçois. Mais soit ; la brune était de celles qui prenaient sans rendre. De toute façon, Shawna partait du principe que tout le monde faisait parti de cette catégorie et ne donnait que ce qu’elle voulait bien donner, pour ne jamais être déçue. Elle notait, pour la suite, et ne comptait rien quémander. Elle n’allait pas retourner sur ses paroles et lui dire à présent que c’était important pour elle, ni la supplier de prononcer trois syllabes pour pouvoir accoler un mot à son visage, c’était hors de question. Elle ne réclamerait plus à la connaître – même si elle n’abandonnait pas l’idée de l’apprendre un jour, juste pour marquer un point. De toute façon, c’était l’aveugle, la grande perdante de l’affaire ; elle était à présent destinée irrémédiablement aux impitoyables petiote, lapinou et autres surnoms ridicules jusqu’à la fin de leurs courts échanges. Verra bien qui craquera la première.

A la remarque suivante, Shawna serra poings, lèvres, dents et toute autre partie du corps contractile sous le coup de la colère, c'est-à-dire à peu près tout sauf ses cheveux. Même les orteils, ça se crispe, et les yeux, ça sort des orbites. Comment ça, elle tenterait le chantage, la prochaine fois ? Pour qui elle se prenait, à vouloir l’utiliser comme une vulgaire.. marionnette, comme un pion ou un enfant à qui l’on donne des ordres et qu’on menace d’un gros « sinon… » ? Elle se disait gentille, et après, elle cherchait des moyens de nuire à Shawna alors que celle-ci ne lui avait rien fait, à part dire tout haut ce qu’elle pensait ? Son père, lui faire du chantage ! Mais de quoi elle se mêlait ? Son père ne lui faisait pas de chantage ! Elle ne le connaissait pas, n’avait aucune idée de la situation, ne savait pas du tout quelle était leur relation, et elle n’avait aucun droit de faire des jugements pareils, de l’insulter en disant qu’elle s’était fait avoir bêtement, ou d’insulter son père en… en… en le faisant apparaître comme une figure vile et manipulatrice ! Bon, d’accord, il avait un peu abusé dernièrement, mais… C’était quand même son père. Elle…

…Continuait à parler sur un sujet qui n’avait rien à voir avec tout ça, comme si de rien n’était, comme si elle ne mettait pas la moindre importance dans sa menace cachée, et ses jugements de valeurs. Shawna bouillonnait. Et les conseils amicaux de l’apprentie ne réussirent que vaguement à la calmer, ou plutôt, à retarder l’explosion ; comme un couvercle sur une casserole, qui serait incapable d’empêcher le lait en ébullition de déborder, le retardant simplement de quelques instants. Et puis, cette arrogance ! Comme si les Dessinateurs étaient tous bons pour faire la poussière, et qu’elle, la chétive petite aveugle incapable de trouver son chemin toute seule, faisait partie de l’élite guerrière !

*T’es pas meilleure que les autres, poupée, loin de là. Il y a autant de misérables Dessinateurs que de guerriers pathétiques, les premiers avec leur prétention portée en bandoulière, les deuxièmes avec leur arrogance dans leurs baluchons… Tu vaux pas mieux que les autres, et t’as aucune fierté à avoir à faire partie du groupe des roturiers, comme les Dessinateurs ne devraient avoir aucune fierté à être nobles. On s’en fout, des classes, on est tous dans la crasse. Et j’la déteste, ton académie, je la déteste pour tous ces jugements, pour toute cette insolence, cette ambition, cette fierté mal placée. Vous êtes comme des larves qui se prennent pour les maîtres du monde, simplement parce qu’il n’y a aucun oiseau pour vous bouffer sous terre.*

Si ses yeux blancs avaient pu croiser le regard tueur de Shawna, elle aurait sûrement reculé d’un pas, détourné la tête, baissé les yeux, tremblée, peut-être, face à ces braises de feu qui la fixaient intensément sans ciller. Et pourtant, Shawna ne formula aucune de ses reproches, laissant la fille dériver le long de ses pensées, inconsciente du danger ; Lee, en face d’elle, lui jetait quelques regards nerveux, et Shawna finit par décontracter sa mâchoire en le remarquant, et même à lui sourire de manière rassurante – vaguement. Ce n’était pas envers lui qu’elle en avait. Leni la regardait d’un air inquiet, elle aussi, et Shawna lui fit un léger signe de main, pour lui montrer que ça irait. Il faut dire que la troupe avait l’habitude d’une Shawna enjouée, bavarde, toujours prête à jouer de la musique ou à danser aux sons de leurs instruments, et qu’ils ne l’avaient jamais vu en colère ou de mauvaise humeur ; ils savaient pertinemment que chacune de ses railleries étaient prononcées en toute amitié, tout comme Merustis, et les prenaient toujours à la rigolade. Contrairement à… Lohan. Lohan Gayana.

C’en était trop ; le ton laconique, la présentation mécanique, vide de sens, un nom, un prénom, une orientation, comme pouvait le cracher le premier passant dans la rue. Je m’appelle Shawna Kwen, musicienne. Une phrase qui ne voulait rien dire - Shawna n’était qu’un nom, Kwen n’expliquait rien de la complexité de sa famille, musicienne ne permettait même pas d’entrevoir les nombreux conflits d’orientation qui déchirait sa relation avec son père, ses vœux, ses dégoûts, la vie future qu’elle voulait se créer, où même son amour pour la musique – n’importe qui ayant touché un instrument une fois dans sa vie se targuait d’être musicien, de nos jours. Lohan avait fini par se présenter, comme on se présente à quelqu’un qui n’est là que pour écrire les trois mots sur un papier, avant de les oublier. Comme on se présente à un Intendant, à un Analyste, à un employeur. Comme on se présente, devant quelqu’un pour qui on n’a pas le moindre respect. Hypocrite, profiteuse, rabat-joie, limace, parasite. Les insultes ne manquaient pas. Elle se retint. Resta polie. Ne hurla pas.

- Tu sais, je crois que tu es la première à me faire regretter d’avoir invité quelqu’un à partager mon repas, et pourtant, j’en ai invité, du monde. Félicitations, Lohan Gayana, vous avez réussi à atteindre le but que vous vous étiez fixée en ce jour.

Elle était fière d’elle, sur ce coup là. Pas de poing frappant les tables, pas de départ précipité, pas de chaise renversée, pas de cris… Un ton enjoué, amusé, comme si elle parlait de la pluie et du beau temps et ne ressentait pas une once de colère, même. La présence des musiciens et son amitié envers Merustis, dont elle ne tenait pas à ternir la réputation de l’établissement, ne devaient pas y être pour rien. Sans compter qu’exploser à présent prouverait que tout ceci l’affectait – et elle ne voulait pas que ce soit le cas. Rester laconique. Intouchée. Calme, si elle y arrivait. Continuant tant bien que mal à se maîtriser, elle ne tarda pas ouvrir à nouveau la bouche – trahie par sa langue, déjà ?

- Mon père est un homme bon, intègre, et tu ne lui arriveras jamais à la cheville. Fais-moi du chantage, si ça t’amuse tant que ça de m’enfoncer ; mais je te défends de faire la moindre suggestion déplacée sur ma famille, alors que tu ne la connais pas. Mon père savait très bien que je n’irais jamais voir ton académie si je n’avais pas une raison de le faire, il l’a très bien compris, et il a fait en sorte que je puisse choisir, au lieu de rejeter un enseignement sans connaissance de cause. Tout ce qu’il fait, il le fait pour mon bien, et ma mère avait très bien conscience que je ne resterais pas si je ne voulais pas rester, que je pouvais très bien repartir avec ma flûte immédiatement.

C’était… étrange. De prononcer des mots qu’elle avait refusé en bloc pendant six mois, et être aussi certaine de leur vérité. De défendre la décision de ses parents, alors qu’elle les avait maudits sur tous les toits, et n’avait pas arrêté de se prouver que leur action avait été lâche et méprisable. D’avoir ressassé le problème de récupération de flûte sans passer par la case inscription pendant des mois, alors que sa mère avait peut-être entièrement omis de faire part à l’Intendant qu’elle devait s’inscrire, se contentant de lui dire qu’une jeune fille viendrait chercher sa flûte ici, l’Académie étant sur son chemin. Elle n’aurait jamais avoué son respect pour son père en la présence de celui-ci, ne lui aurait jamais fait part de sa reconnaissance, aurait préféré mourir plutôt que de le laisser entendre qu’elle venait de lui donner raison, elle qui n’avouait que rarement avoir génuinement tort ; mais là, maintenant, elle le défendait, de toute son âme, malgré toutes les méchancetés qu’elle avait pu dire et penser sur lui depuis sa pseudo-trahison. Elle fut coupée dans sa tirade par l’arrivée de Merustis, un plateau de chouquettes en équilibre sur son bras.

- Et voilà le dessert tant attendu, tu m’en donneras des nouvelles, amie de Shawna ! Shawna, je sais bien que tu es capable de me dévorer ça en un rien de temps, mais essaie de calmer un peu ton appétit de Thül et de ne pas trop en piquer dans le plateau, quand même, j’aimerais autant que tes compagnons puissent en profiter aussi !

Sourire. Shawna savait changer d’humeur rapidement, et ne pas laisser un seul petit événement la torturer bien longtemps ; mieux encore, elle n’était pas du genre qui, en voulant à une personne, se mettent en colère contre tout leur entourage, et savait cibler ses émotions. Aussi, elle ne laissa pas son agacement envers Lohan ternir ses réponses envers Merustis. Ils se raillaient l’un l’autre, mais c’était un jeu, et elle en avait bien besoin, maintenant, pour se détendre. Arrêter de penser à cette « amie » qu’elle avait invitée sans se douter de sa capacité à pourrir l’ambiance.

- Tu sais ce qu’il te dit, mon appétit de Thül ?
- Qu’il aime les chouquettes ?
- …Qu’elles sont tellement bonnes qu’on pourrait en manger sans fin.
- Mais c’est meilleur quand on a faim, quand même.

Shawna rit de bon cœur, et Merustis s’éloigna vers une autre tablée, satisfait de sa petite blague. Elle ne reprit pas une mine sérieuse à sa disparition ; au contraire, elle laissa échapper un petit son de satisfaction en respirant à fond l’odeur des chouquettes.

- Tu en veux, Lee ? Sers-toi. Tu peux en faire passer aux autres, aussi, il y en a bien pour tout le monde.

Ignorant totalement Lohan.

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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeVen 29 Oct 2010 - 22:45

[avoue que tu es impressonné par ma vitesse de rp Cool Avant Alasa, note. bon se fut laborieux et je n'en suis pas fière. Fichue fatigue. Edition à volonté biensur]

Elle n’aurait jamais du suivre Shawna . Cette fille était définitivement d’un caractère incompatible au sien . Des mots qui jaissaient plus vite qu’elle ne pouvait parler, un plaisir manifeste à se donner en spectacle, à porter au publique toute émotion. Comme si elle se sentait assez puissante et importante pour étaler sa science et interesser la taverne entière. Elle était tombé sur le spécimen le plus désagréable de Gwendalavir. Une gamine qui s’offençait quand on lui disait le moindre mot qui ne lui allait pas. Sa famille, Lohan n’en avait que faire.Elle n’avait eu dailleurs aucune intention de l’insulter et serait plutôt compatissante et admirative du père de Shawna d’avoir réussit à obliger cette tête de mule à éxecuter son bon vouloir.

« Tes affaires de familles et la morale de ton père n’interessent personne ici si ce n’est que moi qui t’es posé la question. Baisse d’un ton s’il te plait et arrête de te vexer pour un rien…Je me demande comment tu as survécu jusqu’à maintenant avec une langue aussi pendue" fit Lohan tranquillement »

Pas aussi tranquille que ça, en réalité. Elle n’aimait pas être le centre des attentions et ces regards sur son visage la mettait plutôt mal à l’aise. Elle n’avait plus qu’une seule envie: regagner son dortoir, aller consoler Galyn . Accessoirement détruire le petit cœur qui tentait de la mettre en charpie avec des mots. Couds tes lèvre avec du plomb si tu ne veux pas mourir trop vite. Aujourd’hui tu t’attaques à moi, qu’en sera til de demain? Quand tu insulteras l’élite armée, celle qui a assez d’argent pour payer l’armure et le titre? Fais attention à toi qui crie sur tout les toits ce que tout le monde sait mais ne dit pas. Shawna n’avait pas crier en réaliter, mais le ton menaçant et sa voix contenue laisser tout le loisir à la mémoire de Lohan de déformer le souvenir pour laisser l’idée d’une voix explosive. Le ton lourd de reproche même pas sous entendu avait quelque chose d’assez agaçant venant du joyeux luron qui était rentré par infraction dans son école et qui sous un masque d’honneur et de bon sentiment n’avait surement aucun scrupules.

Lee fit resonner le plat sur la table, pour attirer l’attention de Lohan visiblement. La Lotra en fut étonnée. Elle ne l’aurait jamais cru capable de défier l’autorité de Shawna, risquant ainsi de provoquer l’éruption du volcan. Elle fut tenter de planté là Shawna, les chouquettes et tout ce beau petit monde. Mais la politesse envers Mephisto, la gentillesse de Lee, et puis aussi l’odeur sucrée des chouquettes la convainc de rester à table auprès de la délicieuse enfant. Aussi elle choisi de mordre dans une chouquette-en se concentrant sur les petit bouts de sucre pour éviter de dévier vers l’objet de sa rancœur. La douceur du beurre l’appaisa pendant la mastication. Shawna l’ignorait ostensiblement


« T’inquiète pas chuchota Lee Tu l’as énervée mais elle oublie vite. Tu ne devrais pas la provoquer ainsi… »

« Je provoque, moi? Mais c’est elle qui s’ennerve, elle qui veut absolument toujours être en conflit. Murmura-t-elle. Je n’ai jamais voulu ça. »

Lee haussa les épaules, surement résigné de ne pas réussir à faire coéxister le chien et le loup et soupira.

« Tiens. »

Lohan tendit la main et Lee y déposa délicatement une deuxième petite chouquette, nappée de chocolat cette fois-ci. Lohan eu la désagréable impression d’être un lapin à qui l’on donne une carotte pour l’apaiser. Elle se contenta de hausser les épaules puis finit par lacher un merci, un peu troublée de cette attention, si on dépasser le stade du simple appatement de l’animal.

« Hé Lee ! Envoie le plateau, Evite de laisser ça près de Shawna veux tu! Et ne la prends pas comme excuse pour tout manger avant qu’il n’ai fait le tour de la table. Je suis sure que tu peux rivaliser avec la fille de cœur de Merustis » tonna une voix masculine à l’autre bout de la table."

Le jeune homme fit précipitament passer le plat heurtant au passage sa coupe qui alla se renverser sur la table. Provoquant des raclements de chaises et des protestations vers lendroit ou se trouvait Shawna.

« Quel Gachis mon garçon, Ainsi fini le meilleur vin de pousse d’Argentua de tout Al-Pol. Tu aurais du me le dire si tu n’avais plus soif, je l’aurais fini avec plaisir » continua la même voix .

« Je je vais chercher un chiffon…marmonna le garçon..Désolé Shawna pour ta tunique. Je te rembourserai au tiers de mes gains sur la journée de demain. »

Nouveau raclement de chaise. Le jeune homme se leva et son odeur s’évapora dans le brouhaha de la taverne. Lohan finit de machonner sa chouquette au chocolat. Il devenait urgent qu’elle parte. Elle n’avait aucune idée de l’heure mais les gardes étaient devenu particulièrement sévère sur le couvre feu en cette période de trouble et il était hors de questions d’être en retard. Attendre Lee pour lui dire au revoir, féliciter Merustis pour ses merveilleuses patisseries lui semblait être la moindre des politesses et elle apprécier ces deux personnes contrairement à Shawna. Elle avait éprouver un bref sentiment de vengence malsain à savoir la tunique tachée, un regret pour Lee qui allait devoir partager avec l’être detestable. Le silence lourd de Shawna ne laissait rien passer et Lohan maudissait sa cécité dans ses moments non sonores ou l’univers devenait incompréhensible. Même si après tout elle se fichait bien de ce que pensait Shawna…n’est-ce pas? Ah mais qu’il était increvable et imbécile ce silence. Et rien dans l’atmosphère des conversations ne laisser le moindre indice concernant l’itinérante

Je vais y aller murmura-t-elle mais personne ne sembla l’entendre.

Elle se leva donc, et mis la veste qu’elle avait posé à son arrivée.

« Tu t’en vas déjà jeune fille. J’espère te recompter dans nos spectateur avant la fin de la saison » lui lança une voix douce et féminine.

Lohan hocha doucement la tête, sachant pertinemment qu’elle éviterait Shawna par tout les moyens.

« Lohan…on s’reverra? » Hasarda Lee qui revenait.

« Je sais pas Lee…Je repasserais pt’être. Tu peux passer me voir à l’académie si tu veux, on s’entraine près du lac le vendredi soir, souvent. »

Elle était persuadé qu’il ne viendrait pas . Un itinérant, ça en rencontrait du monde, et il ne se souviendrait pas d’elle. Elle qui n’avait aucune intention De revenir près de cette taverne. Même pour Lee . Elle se planta enfin vers l’emplacement probable de Shawna. Sortie quelques pièces de son manteau qu’elle fit teinter sur la table.

« Je t’ai gacher le repas, laisse moi donc le payer. En espérant ne jamais te revoir. » fit-elle calmement .

Elle n’était pas riche et ses piécettes représentaient les économies de ses derniers mois qu’elle avait ammasser en rendant service à l’intendant ou à diverse tache ménagère dans l’académie pendant ses heures de repos. Elle avait fermement renvoyer tout ce qui lui venait de sa famille, prétextant qu’elle n’avait besoin de rien . Pourtant, elle ne laisserait jamais Shawna lui offrir quoique ce soit.


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MessageSujet: Re: Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]   Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé] Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 20:11

[Un peu de lecture, pour me faire pardonner de mon absence hug ]

Ce n’était pas bien difficile, de survivre avec une langue. Plus facile que de survivre sans. Parler n’avait jamais blessé grand monde, il n’y avait que les égos qui pliaient sous les coups d’hélices des moulins à paroles. C’était plutôt à elle, de demander à la princesse aux yeux de pierre comment elle réussissait à survivre en ne prononçant que des mensonges, en camouflant ses envies pour se plier aux ordres et aux désirs éphémères des nobles qui refusaient de fouler du pied le monde dans lequel elle vivait, en scellant ses lèvres d’un sceau fondu portant les armoiries de la peur et de la servilité. Lohan ne vivait pas pour elle ; elle tentait de rétrécir son existence pour ne pas gêner celle des autres. Elle se penchait lorsque les autres voulaient regarder devant eux, se blottissait dans les trous de souris lorsqu’ils ne voulaient pas la voir, se collait aux murs lorsqu’ils souhaitaient passer et courbait le dos lorsqu’ils voulaient paraître plus grands à côté de son insignifiance. Ne savait-elle pas ce que signifiait vivre ?

Et si elle ne voulait pas connaître l’histoire de sa famille, elle n’avait qu’à ne pas poser de questions, et ne pas l’insulter. Mais puisque ce n’avait visiblement pas été son but, Shawna voulait bien l’oublier. Les chuchotements entre elle et Lee, qu’elle n’entendit pas à cause du bruit dans la taverne, lui fit plisser les yeux et regarder Lee d’un air suspect mais sans le visage bleu qui va avec. Sûrement était-il en train de compatir avec la morveuse. Shawna regarda ailleurs, vers Talia et Morwen, bien décidée à ne pas montrer ce qu’elle pensait de ses petits coups bas. Qu’il parle à Lohan, pour ce qu’elle en avait à faire, il en crevait visiblement d’envie depuis qu’il avait posé les yeux sur elle. Sûrement était-il en train de lui glisser de doux mensonges à l’oreille pour gagner sa sympathie, et puis…

Shawna sursauta, laissant échappé un vague son de surprise.

La tâche de vin imbibait sa tunique, humidifiant sa peau et assombrissant petit à petit le tissu, le bordeaux gagnant inexorablement du terrain sur le terrain aride du désert. Lee s’excusa prestement, puis s’enfuit avec tout autant de célérité à la recherche du torchon magique. Shawna ne pu donc rien lui dire, se contentant de fermer sa bouche restée ouverte et de piquer une énième chouquette dans le plateau avant de le passer vers l’autre côté de la table. Rien d’autre à faire, de toute façon, gigoter ne rendrait pas sa tunique moins mouillée. Quoique. En plus, le vin, ça ne partait pas facilement. Elle allait en avoir pour un moment, à faire la lessive… bon. Lohan se leva dans l’intention de partir, et Shawna ne réagit pas – qu’elle reste, qu’elle parte, cela lui était complètement égal, à présent. Les lapins de garenne étaient meilleurs sur la table qu’invités à la partager. Les autres avaient visiblement été heureux de la rencontrer, par contre, surtout Lee. Shawna brisa enfin son silence lorsque Lee lui demanda s’ils se reverraient, en voyant le visage déçu sur son visage à l’idée qu’elle parte déjà - d'un ricanement, bref mais sans équivoque. Elle parierait presque qu’il passerait le vendredi après-midi au lac juste pour être sûr de ne pas la rater… Et puis peut-être pas, en fait. Il n'avait peut-être pas envie de perdre son temps pour une fille coincée... Elle, en tout cas, trouvait que ça ne valait pas la peine, et ne comptait pas obliger Lohan à rester en sa présence une minute de plus, maintenant que le repas était terminé.

Mais ce sont les piécettes posées sur la table qui la sortirent entièrement de sa pseudo-torpeur, de sa lassitude de cette fin de repas tellement différente de ce qu’elle avait escompté. Elle se leva, faisant crisser sa chaise, attrapa les pièces, puis de l’autre main enserra le poignet de Lohan. Fort. Mettant de force les pièces qu’elle venait de laisser dans sa main. Ses yeux brûlaient ; mais c’était ses doigts longs enserrés autour du poignet de Lohan, fermement sans qu’il n’y ait de mauvaise intention derrière le geste, qui devraient donner un indice à la jeune femme des sentiments de Shawna. Qui ne tarda pas à les lui faire savoir à voix haute.

- Tu tiens vraiment à m’insulter par tous les moyens possibles et imaginables, hein ? J’sais pas si tu le fais exprès… Si t’as parfaitement compris qui j’étais, et que tu fais exprès de presser les bons boutons pour m’irriter, ou si t’essaies vraiment de bien faire en échouant pitoyablement à chaque fois. J’t’ai dit que je t’invitais à manger. Alors ouais, t’es p’t’être une parano qui pense que j’ai des raisons de psychopathe et que j’vais te demander quelque chose en échange, genre pacte avec le grand Raï sur son volcan avec la petite danse qui va avec avant que je ne te jette dans le feu en sacrifice ou je sais pas quoi… T’es p’t’être incapable de comprendre la futilité de mes mensonges et ce qui a vraiment de l’importance pour moi, tu te permets p’t’être de faire des commentaires déplacés sur ma famille et tu crois p’t’être que parce que t’es guerrière et roturière t’es plus forte que les autres, mais j’t’ai invitée à manger, merde, et c’est moi qui paie. J’le ferais plus, sois rassurée, mais quand j’ai dis que je faisais quelque chose, je le fais, et tu peux me croire quand je te dis que ces pièces finiront plutôt au fond d’un caniveau que dans ma poche.

Elle serra son poignet plus fort, très brièvement, avant de la lâcher, et de continuer sur sa lancée en se tournant vers Lee :

- Et toi, tu gardes tes sous aussi, tu me prends pour qui ? J’te signale que les bassines d’eau et le savon, ça existe et ça coûte pas grand-chose, hein. J’demanderais à Merustis, ce sera propre ce soir et sec demain. Par contre je veux bien que tu me passes ton chiffon, histoire que je dégouline moins.

Un peu gêné, il lui passa la serviette, et en s’essuyant, elle s’adressa aux autres :

- Bon, j’vous rejoins plus tard pour la suite de la musique, le temps de me changer et de laver ça. Vous n’aurez qu’à commencer avec l’Ode au printemps sans moi, vu que de toute façon on est deux avec la même voix sur celle-là, et puis Lee joue mieux que moi au cluejan. Je devrais être de retour pour la suite…

Posant de manière ostensible mais façon oreille – à savoir, bruyamment – le prix pour payer son repas et celui de Lohan sur la table, de manière à ce que cette dernière entende bien le son des pièces et sache que si elle reposait les siennes, le repas serait payé deux fois, elle fit le tour de la table, passa négligemment la main dans les cheveux de Lee comme on pourrait le faire à un petit frère, puis slaloma négligemment entre les tables. Pas dit au revoir – ou plutôt, adieu, à présent à jamais pour toujours ( 8 ) – à Lohan. Elle n’avait qu’à se les inventer, ses formules de politesse, si elle y tenait tellement. Ou faire sans, parce que le contraire risquait d’être assez difficile.

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Pour ses yeux sourds, quelques arpèges [Terminé]
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