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 SLP 32

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Ereïne Louvil
Ereïne Louvil

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MessageSujet: SLP 32   SLP 32 Icon_minitimeSam 27 Mar 2010 - 17:18

Un jour j'ai voulu écrire. Et moi, j'ai pondu...

ça


Je m’appelle Jasuba 41572. JA/SU/BA. JA correspond à mon jour de naissance, SU au mois, BA à l’année. 41572, c’est le numéro de la maternité où je suis née. Et j’ai toujours été différente des autres. Pour que vous puissiez comprendre en quoi, je vais vous raconter mon histoire.

Ou plutôt l’histoire de quelqu’un de différent au milieu d’humains tous semblables.

Le monde dans lequel j’ai ouvert les yeux est l’humanité d’aujourd’hui, une société de robots avec à sa tête un homme nommé Lekiho. Cet homme a instauré un système très sécurisé sur l’ensemble de la planète. Du coup, le taux de criminalité a baissé, oui, mais l’humanité a dû en payer le prix.

Le jour on se levait, on enfilait des chaussures spéciales qui enregistraient le trajet qu’on effectuait chaque jour, le nombre de kilomètres, et élaboraient un menu équilibré contenant pile le bon nombre de Kilojoules pour qu’on reste mince, en forme, sans avoir faim. L’émetteur dans la semelle, envoyait un compte-rendu de chacun de nos déplacements à un grand ordinateur qui gérait toute notre vie, de la naissance à la mort, parfois même à l’avance. Cette machine, c’était le Security Life People, numéro 32. SLP 32. Je haïssais cette machine. Elle savait tout de nous : ce qu’on était, ce qu’on buvait, ce qu’on mangeait, et même la quantité d’air que nous respirions !

Les autres humains la trouvaient génial. En fait, même pas. Ils ne réfléchissaient même plus, puisque tout était réfléchi à notre place.

Même les vêtements qu’on devait porter. En fonction de la météo dans notre région, SLP 32 choisissait dans notre penderie robotisée ce qu’on devait mettre. Elle savait même, grâce à l’implant d’une puce dans notre tête, quels goûts on avait en matière de vêtements. Et ce critère rentrait aussi dans ses calculs.

A l’origine cette puce, implantée par intraveineuse à notre naissance et guidée jusqu’à notre tête par intelligence artificielle, servait à recueillir les souvenirs des défunts, pour que leur mémoire ne se perde pas et qu’il reste quelque chose des morts. Je me rappelle lorsque ma grand-mère est morte, la puce s’est extraite toute seule de sa tête à ce qu’on m’a dit, toujours guidée par intelligence artificielle. J’étais la seule à pleurer la mort de Grand-mère, tandis que les hommes de Lekiho emportaient avec eux la puce pour décider des souvenirs que nous devions garder et de ceux qui devaient être effacés. On ne l’a jamais récupérée.

La puce servait toujours à ça mais aussi, à présent, à savoir et à influencer ce qu’on aimait, ce qu’on détestait, ce qu’on savait et ce qu’on ignorait. Il y avait souvent des téléchargements qui se faisaient depuis SLP 32 jusqu’à nos puces.

La seule chose pouvant être sue mais non influencée était notre caractère et notre état mental. Ce dernier était évalué en fonction de nos rêves. Si on était jugé fou selon les critères de Lekiho, la puce nous tuait dans notre sommeil.

On ne parlait plus, de nos jours. SLP 32, en fonction de nos rêves, de ce qu’on avait dit la veille, avait la possibilité de savoir quasi exactement quelles questions nous allions poser dans la journée, les réponses qu’on allait donner, tout ce qu’on allait dire. En se connectant aux autres puces, implantées dans la tête des gens qu’on pouvait rencontrer dans la journée, SLP nous donnait à l’avance les textes de la journée. Comme si la vie avait un script, n’était qu’un film dont on connaissait à l’avance tous les rebondissements.

Et comme tous ceux équipés de puces ont les mêmes textes, on n’avait plus besoin de parler.

Grand-mère parlait. Comme ses parents lui parlaient avant, comme ses grands-parents maternels parlaient à ses parents, et ainsi de génération en génération du côté de ma grand-mère maternelle. Grand-mère me parlait des oiseaux qui volaient dans le ciel avant qu’ils ne soient presque tous décimés par la pollution, elle me parlait des papillons aux couleurs vives, des fleurs aux senteurs délicates, de la forêt majestueuse, des arbres qui s’élançaient comme des flèches vers le ciel, avant qu’il ne soit tant envahi de fumée que le soleil ne brille plus. Elle me parlait de l’océan, qui bougeait sans arrêt. Elle déclamait des poèmes du temps où les hommes laissaient parler leur cœur. Et surtout, elle me parlait de la liberté.

Elle me parlait à moi, et aussi à ma grande sœur et à mon meilleur ami. Ma sœur se prénommait Shanee. Mon ami, c’était Valyen. Et tous les quatre, avec ma grand-mère, nous étions fascinés par la liberté.

On avait tous une puce implantée dans notre cerveau, qui avait la possibilité de nous tuer. Le désir de liberté était un de ceux qui peut déclencher notre mort. Valyen, au moyen d’ondes électromagnétiques, a cependant trouvé un moyen de désactiver la fonction « tuer » de nos puces. Il n’a pas eu le temps de contrer les récents téléchargements qui font que nos souvenirs peuvent désormais être effacés à distance.

Un jour on a arrêté Valyen. Et puis on l’a tué, parce que Lekiho savait qu’il avait trafiqué les puces. Le cadavre de mon meilleur ami a été jeté de l’autre côté du Mur.

Le Mur. Un autre aspect du monde dans lequel je vivais. De l’autre côté étaient isolés les gens atteints de maladie mortelle, ou bien les pauvres ne pouvant se payer leur place dans mon monde. On appelait cette zone le Carnier. On y mettait aussi les cadavres.

En allant au collège, un jour, j’ai vu quelque chose de blanc accroché aux barbelés, en haut du Mur. Je m’y suis hissée et j’ai failli vomir en découvrant le cadavre d’une femme morte depuis peu, les mains en sang, les cheveux en bataille. Morte en tentant de rejoindre mon monde de robots. Je n’ai jamais compris que l’on puisse désirer mon monde, même si les habitants du Carnier vivaient dans une véritable et effroyable décharge, où s’entassaient et pourrissaient les dépouilles humaines.

On mettait aussi dans le Carnier tous ceux qui gênent Lekiho. Un jour Shanee y a été, révoltée par les conditions de vie de l’autre côté du Mur. Elle en est revenue traumatisée. C’était encore pire que ce qu’elle croyait. Elle n’a répété que ça à longueur de journée, pendant des mois. Les parents n’ont même pas réagi. Après, elle est sortie de ses habitudes, écœurée par la société, et a tenté d’appeler les humains à la rébellion. Personne ne l’a écouté. Un soir, peu de temps après cette tentative d’émeute, elle n’est pas revenue de son boulot. J’étais seule à m’inquiéter pour ma sœur. Et au matin, on a retrouvé son corps sans vie flottant dans le simulacre de mer au bord de la ville, non loin de chez moi. Mon père et ma mère n’ont pas plus réagi que ça lorsqu’elle a été expédiée dans le Carnier.

Deux semaines après, ce fut au tour de ma grand-mère qui eut la chance, elle, de mourir de vieillesse. J’étais seule à lui allumer un cierge, à l’église. Mes parents ne croyant pas à l’idée onirique de ma grand-mère sur la liberté, je restai seule à ne pas être d’accord avec les idées politiques de Lekiho. Mais les décès successifs de ceux que j’avais aimés et qui s’étaient opposés au régime actuel me faisaient trop peur pour que j’ose réagir.

J’avais un refuge, dans toute cette horreur : les livres. J’aimais l’odeur du vieux papier, le toucher des pages jaunies, le son produit par ces dernières lorsqu’on les tourne, et les histoires racontées dans les ouvrages. Tous très vieux et craquelés de partout, car aujourd’hui plus personne n’écrit, mais que je respectais beaucoup. Parce que comme Grand-mère, ils me faisaient rêver.

Et puis ils ont commencé à numériser les livres pour tous les contenir dans un grand ordinateur, et à les détruire ensuite pour qu’on soit obligés de consulter cet ordinateur. Cette machine reliée à SLP 32, le gouvernement savait aussi tous ce qu’on lisait.

« JASUBA 41572 a lu … de … le … »

Désormais, nous étaient livrés chaque jour par la poste des dossiers sur chaque membre de sa famille, expliquant tout ce qu’ils avaient fait dans la journée précédente. La vie devenait de plus en plus intolérable. J’avais l’impression que chacun devenait mots, données…

Un jour, au collège, un garçon nommé Jehity m’arrêta dans le couloir. Il m’a dit qu’il m’aimait. Mais sa voix était vide de toute émotion. Je lui ai demandé ce qu’était l’amour, pour lui. Il n’a pas su répondre et m’a dit qu’il m’avait dit ça comme ça. Ça m’a fait peur.

Les hommes ne savaient plus ce qu’est aimer.

Le lendemain, la déclaration de Jehity était consignée dans mon dossier. Ce dossier n’était pas moi ! JE N’ETAIS PAS DES DONNEES !

J’ai pris mon dossier et je suis sortie de la maison en courant, claquant la porte derrière moi. Je me suis enfuie vers la plage. Qui n’était pas au bord de l’océan, qui évoquait pour moi la liberté. Ce n’était qu’un simulacre de mer, aux courants générés par des machines. Des machines, toujours et encore. Il y en avait désormais plus que d’hommes.

Des hommes qui ne savent plus aimer.

J’ai jetées dans la mer les feuilles de mon dossier, qui se sont éparpillées à la surface de l’eau et ont coulées après quelques instants. Je me suis agenouillée et ait tracé dans le sable ces mots :
S.O.S
HUMANITE EN PERIL


Je me suis relevée et suis retournée chez moi. Je suis passée devant la télévision. Dans le poste se trouvait une caméra, soi-disant pour savoir quels programmes ont le meilleur taux d’audience. Et tout était retraduit en données.

Je haïssais la télévision. Nous n’étions pas des données.

Je suis montée me coucher. J’ai retirées ces chaussures atroces, qui ont ronronnée en faisant leurs calculs. Données. Encore et toujours. Et puis je me suis mise à pleurer.

Au milieu de la nuit, sans être parvenue à trouver le sommeil, je me suis levée et suis sortie dans la rue, pieds nus, refusant de mettre les chaussures, que je détestais, et ne songeant même pas à m’habiller. J’ai marché longtemps au hasard, et puis je suis tombée sur un panneau publicitaire. Ce panneau affichait une publicité pour un nouveau dispositif électronique permettant de définir le physique des bébés avant même qu’ils ne naissent. Définis avant même de naître. C’était horrible. NOUS N’ETIONS PAS DES DONNEES A CHANGER !

J’ai hurlé et me suis mise à courir vers un immeuble. Je suis montée en haut, tout en haut. Debout sur le toit, en chemise de nuit, j’étais entourée des lumières de la ville robotisée. Ville de robot. De données. Non. Je n’étais pas des données. J’étais Jasuba.

Jasuba. JA/SU/BA. Ma naissance. Données.

J’ai crié de toutes mes forces et suis montée sur le parapet, écartant les bras comme pour enserrer cette ville, cette humanité que je haïssais. Je voulais être libre. Et la seule manière d’être libre, c’était de mourir. Et je ne voulais pas me noyer dans le simulacre de mer.

En bas, passaient des voitures. Le vent soufflait dans mes cheveux, séchant les larmes qui coulaient de mes yeux.

- Grand-mère ! Valyen ! Shanee ! Attendez-moi, attendez-moi, je viens, j’arrive ! Au revoir Père, au revoir Mère, adieu ! Adieu ! Je voudrais pouvoir dire que je vous aime, comme ces héros dans ces livres que j’aimais tant, mais je ne sais même pas ce que ça veut dire ! Adieu, monde, adieu, adieu !

Je basculais en avant, bras tendus comme si je voulais m’envoler, comme un oiseau. Un oiseau libre. Le vent sifflait à mes oreilles, comme s’il voulait me porter.

La mort m’accueillit. Ma conscience s’effaça, comme une chandelle qu’on souffle dans une église froide, comme un SOS submergé par les vagues sur une plage déserte, comme un « je t’aime » vide de tout sens dans une mémoire de robot.
CLIC.
Fin des souvenirs.
Jugés dangereux pour Lekiho.
Effacement en cours…
EFFACEMENT TERMINE AVEC SUCCES.




La manœuvre s’était effectuée avec succès. Lekiho avait prévu à l’avance que JASUBA 41572 n’accepterait pas la situation. Seulement, VALYEN 41630 avait trafiqué les puces pour rendre impossible les exécutions basiques. Alors, SLP 32 avait utilisé le système des puces pour influencer les réactions de JASUBA 41572 en faisant agir JEHITY 41642 et les parents de JASUBA 41572.

Ce n’était pas un suicide. C’était juste une exécution comme une autre dans un monde de robots.



Le soleil se levait sur le corps sans vie d’une adolescente gisant au pied d’un immeuble, face contre terre, le vent jouant dans ses cheveux. Une adolescente qui, voulant trouver la liberté, n’avait trouvé de repos que dans la mort.
COPYRIGHT MOI, dirait mon père

 
SLP 32
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